Le marasme économique mondial a-t-il supprimé la fibre écologique des Canadiens ? À l’approche des élections législatives anticipées ce lundi 28 avril, provoquées par la démission du Premier ministre libéral Justin Trudeau début janvier, les problématiques climatiques semblent avoir été en bonne partie éclipsées. D’après un dernier sondage réalisé par Politico et Focaldata cette semaine, la prise en compte de la protection de l’environnement et du réchauffement climatique dans les programmes électoraux est en chute libre. Ce thème est considéré comme “un des plus importants enjeux” par seulement 13 % des interrogés. Loin derrière le pouvoir d’achat, l’accès au logement ou le système de santé, par exemple.Il se trouve qu’un autre sujet parasite la campagne : les futures relations du Canada avec Donald Trump. Selon la même étude, 39 % des répondants estiment que la construction de la relation d’Ottawa avec son voisin américain est un des enjeux déterminants des futures élections. Une tendance dessinée depuis des mois par les menaces répétées du locataire de la Maison-Blanche envers le Canada, dont il martèle vouloir en faire un “51ᵉ État” américain. La guerre commerciale lancée par le milliardaire a encore renforcé cette atmosphère de défiance. Les droits de douane imposés par Washington sur l’acier, l’aluminium ou encore le secteur automobile inquiètent de nombreux habitants du pays. D’autant que le président américain a annoncé mercredi 23 avril que les surtaxes sur les voitures pourraient “encore augmenter”…Contre Donald Trump, l’économie avant l’écologieFace à de telles perspectives, les deux principaux candidats, Mark Carney, actuel Premier ministre et chef du Parti libéral, et Pierre Poilievre, représentant du Parti conservateur, ont concentré leur campagne sur l’économie. Cette stratégie a porté ses fruits pour le premier, sur lequel peu auraient parié après la démission de son prédécesseur Justin Trudeau. Cet ex-banquier se trouve aujourd’hui au coude-à-coude dans les études d’opinion avec son concurrent conservateur, initialement grand favori. La crise ouverte avec les Etats-Unis, marquée par la grande imprévisibilité de Donald Trump, pourrait aussi jouer en sa faveur si les Canadiens décidaient d’opter pour une certaine stabilité politique au pouvoir.Quoi qu’il en soit, le contexte n’est pas favorable à l’émergence dans le débat de mesures liées au climat. Au contraire : dans un moment d’incertitude économique exacerbée, les deux candidats semblent acter un ralentissement des politiques environnementales dans le pays. Durant ses dix années passées au pouvoir, Justin Trudeau avait alterné entre autorisations de projets polluants, notamment liés au gaz de schiste, et mesures ambitieuses pour réduire les émissions à effet de serre, comme avec l’instauration d’une taxe carbone à la pompe. Ce prélèvement sur le carburant, très impopulaire, a été supprimé par Mark Carney dès son arrivée en tant que Premier ministre… coupant à l’occasion l’herbe sous le pied de Pierre Poilievre, qui avait focalisé une partie de sa campagne autour de cette suppression.Mark Carney se défend de ne pas vouloir lutter contre le changement climatique. “La taxe sur les consommateurs […] ne fonctionne pas, elle divise trop. Je vais l’éliminer et la remplacer par des incitations pour encourager les gens à faire des choix plus verts”, avait ainsi justifié le dirigeant libéral en annonçant sa décision. Une manière, aussi, de ménager le porte-monnaie des foyers canadiens, déjà échaudés par l’inflation et la crainte de voir ce phénomène s’aggraver sous l’effet de nouvelles offensives commerciales américaines.Suppression de la taxe carbone sur le carburantLa même volonté de rassurer sur le plan économique – quitte à passer outre les enjeux environnementaux – a été constatée lors d’un des débats télévisés opposant les deux candidats. Mark Carney et Pierre Poilievre ont tous deux affirmé qu’il fallait produire davantage de pétrole qu’aujourd’hui au Canada dans les prochaines années. Les positions des deux hommes sur la future politique énergétique d’Ottawa ne sont à vrai dire pas si éloignées. Là où Pierre Poilievre propose de fournir “en pétrole canadien et en gaz naturel vert […] l’Inde et d’autres pays asiatiques” pour leur éviter d’utiliser “leur charbon sale”, Mark Carney imagine pour sa part faire du Canada “une superpuissance à la fois de l’énergie conventionnelle et de l’énergie verte”.Un principal désaccord témoigne tout de même de leurs différences sur le plan écologique : la question de la suppression d’une taxe verte sur les émissions de carbone des grandes entreprises. Le libéral entend maintenir cet impôt, dont l’utilité environnementale a été appuyée par des recherches de l’Institut climatique du Canada. Son rival conservateur est pour sa part bien décidé à mettre un terme à ce dispositif. Là encore, l’ombre de Donald Trump plane sur ce dossier. “Ça coûte cher et ça nous rend moins compétitifs face aux Américains, qui n’ont pas de taxe carbone”, argumente Pierre Poilievre. Il met également en avant que cette suppression permettrait “d’éliminer les désavantages qui existent déjà” pour l’industrie canadienne, “même avant les tarifs” douaniers imposés par Washington.Un des pires pays au monde en matière de gaz à effet de serreLes objectifs de réduction de gaz à effet de serre fixés par la trajectoire environnementale du pays font aussi l’objet de divergences. Dans le cadre de l’accord de Paris, signé en 2015, le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de dioxyde de carbone et à atteindre zéro émission nette d’ici à 2050. Ex-envoyé spécial pour le financement de l’action climatique aux Nations Unies, Mark Carney entend conserver les ambitions entérinées à l’issue du sommet de la COP21. Pierre Poilievre, lui, se fait beaucoup plus discret à leur sujet, refusant de dire clairement s’il voudrait revenir sur ces échéances, et se contentant de décrire cyniquement son adversaire comme un membre du “mouvement radical pour un bilan carbone nul”. De façon plus générale, durant ses meetings, le conservateur a d’ailleurs pris soin de rester vague sur les problématiques climatiques, ne les abordant que très rarement.Bien qu’éloignés du climatoscepticisme ouvertement affiché par Donald Trump aux Etats-Unis, les deux prétendants au pouvoir canadien demeurent donc très prudents quant à leur potentielle politique de lutte contre le dérèglement climatique. Pourtant, Ottawa a parfois été perçue comme précurseure dans sa volonté de mettre en place des mesures écologiques. Depuis 1990, dix plans environnementaux ont été appliqués par les autorités canadiennes. Avec des résultats mitigés : le Canada est aujourd’hui le pire pays du G7 en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.Même si ce n’est pas perceptible dans les sondages électoraux, ni dans les programmes des candidats aux législatives, les habitants de cette vaste nation sont néanmoins bien conscients des enjeux. Leur territoire est désormais dévasté chaque été par d’immenses feux de forêts, accélérés par le dérèglement climatique. D’après le “baromètre sur l’action climatique” publié de l’université Laval, à Québec, 67 % des Canadiens se disaient en 2024 encore “très préoccupés” par le climat. Un chiffre élevé, mais tout de même en baisse de six points par rapport à l’année précédente.
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Publish date : 2025-04-27 14:30:00
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