Mais comment font nos voisins européens, qui nous narguent avec leurs finances publiques largement rétablies ? Comment fait l’Allemagne, avec un déficit public sous les 3 % et un endettement (63,6 %) très proche du seuil imposé par Bruxelles ? On nous répondra : c’est l’Allemagne ! Mais alors, que penser du Portugal, hier mauvais élève de l’Europe, qui affiche aujourd’hui une dette sous la barre des 100 % du PIB et un budget en excédent ? Ou bien de la Grèce, qui a vu sa note attribuée par Moody’s révisée à la hausse il y a quelques semaines ? En quatre ans, le pays, en défaut de paiement en 2012, a réduit sa dette faramineuse de 50 points de PIB, pour revenir à 155 %. Une performance permise grâce à un excédent primaire budgétaire (hors charge d’intérêt) récurrent. Quant à l’Italie, congratulazioni ! En un an, le gouvernement de Giorgia Meloni est parvenu à diviser par deux le déficit budgétaire, de 7,2 à 3,4 % du PIB, en taillant dans les subventions généreusement accordées précédemment. Enfin, si l’on s’en tient aux pays surnommés hier “le club Med” pour leur frivolité financière, l’Espagne a réussi l’exploit en 2024 de réduire son trou budgétaire sous les 3 %.Inversons la question, et demandons-nous plutôt comment fait la France, bonnet d’âne européen en matière de finances publiques. Car cette fois-ci, notre pays, placé sous procédure de déficit excessif par Bruxelles, est bel et bien le plus mauvais élève européen. “Non seulement nous faisons face à une situation très dégradée mais nous comparer ne nous permet plus de nous consoler”, résume Anthony Morlet-Lavidalie, économiste chez Rexecode. La France est le pays de la zone euro qui a connu au cours des cinq dernières années la plus forte dégradation du déficit public (de 2,4 à 5,8 % du PIB) , mais aussi enregistré l’augmentation du taux d’endettement public record (+ 15 points, 113 % du PIB). Est-ce suffisant pour inciter nos gouvernants à agir ? On aimerait le croire, à écouter les engagements pris par Bercy et le chef du gouvernement. Mais peuvent-ils au moins y parvenir ? La réponse est non. Tant que l’exécutif ne coupera pas, comme la plupart de nos voisins l’ont fait, dans des dépenses publiques pléthoriques, il n’y a aucune chance de faire revenir le déficit sous la barre des 3 % en 2029, comme l’annonce le gouvernement. Ni les hausses d’impôts ni les suppressions des niches fiscales ne permettront de remettre suffisamment en ordre les coffres trop vides de la France. “Tout le monde va devoir passer à la caisse à un moment, ça paraît inévitable”, admet Anthony Morlet-Lavidalie. La France y est-elle prête ? Politiquement, la purge budgétaire paraît impossible, faute de consensus. “Il y a deux écoles, résume Alain Fabre, économiste chez Ethic. Ceux qui veulent faire des réformes pour éviter la révolution, et ceux qui disent : pas de réforme, ça nous préservera d’une révolution.” Aux plus timorés, peut-on rappeler l’expression de l’économiste Jacques Rueff, qui, comparait les déficits publics à “la gangrène du corps social” ?
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Author : Eric Chol
Publish date : 2025-04-23 11:00:00
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