Disparu, depuis presque deux décennies, de la vie publique, voici qu’à la faveur d’un printemps géopolitique électrique, Dominique de Villepin, 71 ans, sature plateaux télévisés et colloques savants. France 5, BFMTV, LCI, France Inter, France 2, Marianne, l’Association de la presse présidentielle, le grand amphithéâtre de la Sorbonne, la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, la chaîne d’Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, l’anniversaire de l’Observatoire de la diversité et, le 9 avril, l’apothéose, 48 pages programmatiques publiées par la revue Le Grand Continent. Invité à décrypter le fracas du monde, le septuagénaire se voit donc courtisé de toutes parts, à croire qu’il détiendrait le code secret capable de déchiffrer la planète devenue illisible. Et comme il sait y faire, lyrique en diable, emportant son auditoire dans un tourbillon déchaîné où surgissent Xi Jinping, Poutine, “l’illimitisme trumpien”, “l’attraction mortifère des populismes”, La Fontaine, René Char, le sapeur Camember, Paul Celan, Chrétien de Troyes ou encore son fétiche Parseval, (obligeant le journaliste à feuilleter le dictionnaire pour y découvrir que celui-ci, un de ses “amis invisibles” comme il les nomme, fut un peintre poète ayant accompagné Napoléon dans sa campagne d’Egypte), et le tout sans pause, hormis des gorgées d’eau en bouteille.Partant, l’ancien secrétaire général de l’Elysée sous Jacques Chirac (de 1995 à 2002), ministre des Affaires étrangères, ministre de l’Intérieur et enfin Premier ministre jusqu’en 2007, engrange des scores de popularité le propulsant au premier rang des personnalités politiques, une attraction qui n’a pas échappé aux professionnels des météos sondagières. SMS échangés avec le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, entretien avec Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, soucieuse d’alimenter la doctrine écolo sur l’international, relecture de la dernière tribune de l’estivale candidate NFP à Matignon, Lucie Castets, appel téléphonique de Jean-Luc Mélenchon, échanges avec le souverainiste Arnaud Montebourg. A gauche toute ? Beaucoup, sa vibrionnante résurrection ayant commencé avec Gaza, première marche de son retour médiatique, bien qu’il parle, un peu, à droite aussi, sa matrice d’origine.Premiers jours de juin 2024, Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée, dîne avec lui. “Impressionné par sa vision géostratégique”, il pense alors l’inviter aux journées parlementaires, puis la dissolution chahutant ses velléités, les deux hommes ne se sont plus revus, jusqu’à récemment. Encore un dîner parisien, comme il les collectionne désormais – chez lui, en petit nombre, servi par un majordome embauché pour la soirée, ou chez d’autres, avocats, grands patrons, éditeurs et académiciens. Ce soir-là Olivier Marleix et l’ancien ministre RPR se sont cependant escagassés, divergeant sur le port du voile chez les sportives, avant de se réconcilier autour de la conviction que la droite s’est rétrécie.Les mémoires l’ayant doucement effacé, il arrive que sa présence, et son verbe exalté, surprennent. Comme ce soir de l’hiver dernier, où invité surprise, il arrive en retard dans le salon d’un de ses cousins, y bavardent une journaliste, un médecin et un ancien dirigeant de la – aujourd’hui défunte – société Bygmalion, entreprise condamnée pour surfacturation dans la campagne présidentielle de 2012 de Nicolas Sarkozy, son éternel ennemi. Quand il s’approche de la table basse, costume marine d’excellente facture, la compagnie se fige, un temps muette devant le revenant. Puis, il se montre si charmant et pétulant, que la soirée bientôt pétille. L’ancien Premier ministre, auquel on recommandait autrefois de se montrer plus attentif envers les parlementaires, conseil auquel il répondait par la négative estimant “ne pas savoir se souvenir des cons”, brille ainsi au centre d’un réseau vaporeux, tissé à coup d’ardentes analyses politiques et soutenu par quelques mondanités choisies. Comme s’il redécouvrait Paris et ses nouvelles générations aux manettes, dont il se régale, avec sa politesse d’Ancien Régime.Rêves d’enfant et obsession gaullienneParfois le splendide isolement, malédiction du poète, reprend le dessus. Aussi, quand le député macroniste Hervé Berville lui demande rendez-vous par téléphone, l’homme occupé oublie de le rappeler. Une fois, deux fois, il fallut l’intervention du cousin chiraquien, Frédéric de Saint-Sernin, pour qu’enfin le parlementaire obtienne son entretien. En revanche, Aurélien Pradié, député LR, demeure un fidèle visiteur, le vouvoyant quand ils se rencontrent, toujours chez lui, avenue Foch. Un splendide hôtel particulier, décoration exquise, parquet couleur miel, localisation commode disent, sans sourire, ses amis, car sur la route vers l’aéroport et les vols long-courriers que le boss de “Villepin International”, sa société de conseils, utilise assidûment.Mon engagement dans le combat indispensable pour la République est total, mais je n’en connais pas encore la formeDominique de Villepin et l’improbable come-back. A croire que l’homme qui dit non en 2003 à l’invasion militaire en Irak, voulue par les Etats-Unis, s’est imprimé dans la psyché collective, figure héroïcisée de la résistance à l’impérialisme déchaîné. Profil bronzé d’aigle royal et yeux de chat perçants, l’ancien diplomate, aujourd’hui hommes d’affaires, porte beau, silhouette entretenue par ses joggings dans le bois de Boulogne et son régime diététique conseillé par sa fille chérie, Marie, artiste trentenaire et ex-mannequin, qui habite avec lui. On le retrouve les traits sculptés, les cheveux brillants d’un halo blond nouveau, toujours ses mêmes consonnes labiales pétaradantes et le diagnostic sombre, fiévreux. Il affiche n’avoir cure de sa réapparition politique, rarissime dans les annales, balayant le sujet, pressé de décliner, sans même attendre la question, son exposé qui le déborde. “Le drame du monde c’est une incapacité à agir et à avoir des idées”, “tous les cadres sont fissurés”, “nous avons perdu le souvenir de qui nous sommes”.Et lui dans tout ça ? “Je suis là pour rappeler les principes.” A qui ? Pourquoi ? Comment ? Triviales questions, auquel il répond : “Mon engagement dans le combat indispensable pour la République est total, mais je n’en connais pas encore la forme.” La phrase marque une scansion car, de janvier à mars, il ne parlait que de la scène internationale, tandis que maintenant il s’avance vers le théâtre intérieur, la politique sans les vols long-courriers, celle où l’on se coltine chômage, immigration, hôpitaux en rade et écoles fatiguées, “le national”, comme il dit drôlement. “Aujourd’hui, on travaille sur un socle qui est l’impuissance de l’Etat, tout fout le camp dans les services publics, et comme c’est trop difficile de réparer, on s’écharpe sur les questions identitaires”, analyse-t-il, avant d’expliquer, les mains coupant l’air, ce qu’il faudrait faire pour lutter contre l’immigration, “rétablir l’ordre et la sécurité”. Lui a tout vu, tout compris, tout analysé et surtout, obsession gaullienne, décelé voici des lustres l’hyperpuissance américaine, dont il rappelle avoir prédit le danger “en 2002 lors de mon premier discours aux ambassadeurs”.Le doute n’étreint pas son intelligence, animé qu’il est par la certitude d’être né pour lire le monde, à l’unisson duquel il dit vibrer depuis l’enfance et son père. Xavier de Villepin, sénateur des Français de l’étranger, qu’il décrit “l’oreille accrochée dès l’aube au poste de radio”, écoutant un discours de Castro ou de Kennedy le visage en larmes, tandis qu’autour de lui gît un amas de journaux éparpillés et déjà dépecés. “Moi, je suis tombé dans le monde, biberonné aux grands discours.” Depuis cette jeunesse cosmopolite, naissance au Maroc, scolarité à New York, puis à Caracas, il demeure, confie-t-il, “au contact de ses rêves d’enfant”. Or, ceux-ci étaient grands.Fin des années 1960, vacances d’été, la famille Villepin retrouve la branche maternelle dans la propriété limousine des grands-parents, jouxtant la papeterie-cartonnerie. Chez les cousins français, grandissant en Champagne, on guette avec le soleil l’arrivée des exotiques Vénézuéliens, qui parlent espagnol, sont grands, sont beaux. Les dimanches, la marmaille joue dans la cour de l’usine, cabanes et batailles, et soudain à l’écart, Dominique, juché au sommet d’une gigantesque pile, les bras en croix, clamant qu’il sera président de la France. Les cousins se gaussent, il ne leur répond pas. Bien des années plus tard, l’un d’eux lui rappellera l’épisode christique, il le corrigea, non jamais il n’a pu dire vouloir être président, puisqu’à cet âge, c’est pape qu’il voulait devenir. Un papabile donc, de surcroît le meilleur au tennis, à la course à pied, en mathématiques, en histoire, en littérature, qui ne drague pas, ne boit pas, ne tire pas des bords avec la jeunesse bien née des environs, car lui préfère les livres, forcément épais, et dessine, écrit des poèmes.Enfance heureuse, hantée par deux décès. Celui de son grand-père, tombé sous ses yeux d’adolescent, et celui de son frère Eric, mort à 19 ans en 1971 d’une crise d’épilepsie, aîné chéri dont il découvrit le premier le corps éteint. Quelques années plus tard, mutique sur ses souffrances, les anciens de Sciences Po le décrivent, ne marchant non pas sur les trottoirs de la rue Saint-Guillaume mais campé au milieu de la chaussée, le menton en avant. 1980, sortie de l’ENA, tandis que ses camarades intègrent les grands corps, lui demande la direction des affaires africaines au ministère des Affaires étrangères. Se distinguer et croire que la France a tant à dire. Eté 1984, dans l’avion vers Washington, où le jeune haut fonctionnaire s’apprête à prendre le poste de premier secrétaire de l’ambassade de France, il se lie d’amitié avec son voisin, l’artiste-peintre marocain Mehdi Qotbi. Escale à New York, après-midi à la plage. Dans sa serviette de bain, Villepin a roulé ses poèmes et les donne à lire, nullement gêné, à son ami de la veille.Sarkozy, le grand rivalMai 1995, Jacques Chirac le nomme secrétaire général de l’Elysée, et lui, fou d’admiration, retrouvant chez ce président la fièvre dont tremblait son père, cet appétit qui pousse à dévorer les dépêches diplomatiques, attentif au moindre signal de la plus modeste représentation consulaire des antipodes. Depuis lors, comme lui, il collectionne. L’art indien, les arts premiers, océaniens, africains, peintures éthiopiennes et masques Fang, pièces magnifiques qui ornent son double salon. Une collection construite sans conseil ni guide, assuré de s’y connaître et de savoir acheter seul. Exercice risqué aux dires d’un éminent galeriste parisien, qui décrit une “collection décorative”, suggérant que l’homme politique se serait fourvoyé, croyant savoir distinguer ces œuvres à la valeur complexe car non signées. Cet expert, demandant l’anonymat, certifie lui avoir écrit de prendre garde, de cesser d’acheter en se pensant le plus malin, jamais Villepin ne lui répondit. Il sait, toujours.Novembre 2002, alors qu’une insurrection militaire met la Côte d’Ivoire à feu et à sang, le ministre des Affaires étrangères dîne à Abidjan avec le chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Ambiance tendue, les gardes du corps français sont sur les dents, les services ivoiriens arme au poing. Conversation politique, échanges denses quand soudain le ministre français bondit de son siège, marche vers le mur et prend la table à témoin : ce tableau est un Vlaminck. Gbagbo assure que non, veut poursuivre le dialogue, mais Villepin insiste, il attrape le cadre, le retourne, cherche, et bingo ! c’est un Vlaminck, retour à table et à la crise ivoirienne. 2005, Chirac le nomme à Matignon, et de là date la haine féroce qui l’oppose à son rival, Nicolas Sarkozy. Rage qui, aujourd’hui encore, obnubile en creux ses propos.Sur une idée piquée à Angela Merkel, qui, elle, prit garde à ne pas la mettre en place, il invente le contrat première embauche (CPE), une période d’essai de deux ans pour les jeunes durant laquelle ils pourraient être licenciés sans motif. Son entourage l’en dissuade, Chirac l’invite à revoir “la tuyauterie”, mais lui fonce, sourd. Fronde étudiante, abandon du projet. Ses anciens conseillers jurent que Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, aurait alimenté dans l’ombre la colère. En 2006, la cassure en plein vol : l’affaire Clearstream, tentative de manipulation de la justice destinée à compromettre Nicolas Sarkozy, dans laquelle il est mis en examen. Sa carrière se fracasse, et les deux relaxes obtenues n’y changeront rien.2007, Sarkozy est élu président, et lui quitte la politique. Vingt ans plus tard, il répète n’avoir aucun ressentiment, aucun désir de revanche, racontant que le soir de la seconde relaxe, en 2011, entouré d’amis dont Jorge Semprun, il prit l’assemblée à partie avec ces mots : “J’ai pardonné.” Il n’est que son pire ennemi qui ait, lui, compris la pleine nature de son pardon. Le croisant par hasard, des années plus tard, dans une librairie, Villepin lui fait part de son esprit pacifiste, et Sarkozy de répliquer, souriant : “Ah oui, le pardon, la meilleure des revanches.” A cette époque, Antonin Baudry, qui fut son conseiller au Quai d’Orsay puis à Beauvau, lui rend visite, convaincu que le ministre, auprès duquel il aima tant travailler, aura besoin de réconfort. Il se prépare d’ailleurs à le trouver abattu et déprimé. Stupéfaction de le découvrir pétaradant, en short court et bronzé, triomphant modèle de “bella figura”, l’incarnation d’une aristocratique grandeur, convaincue que rien n’est plus fort que de ne jamais se dévoiler.Chef de clanDominique de Villepin devient alors avocat, puis, en 2015, il raccroche la robe et lance sa société de conseils, usant de son entregent aux quatre coins de la planète, surtout ceux de l’hémisphère Sud, en Indonésie, au Venezuela, au Qatar, et un temps pour le fonds souverain d’Arménie. L’argent ruisselle, les œuvres s’accumulent aux murs, et lui voyage, faisant fructifier les feux de son aura diplomatique. “Je ne travaille pour personne, je donne des conseils, je suis comme un professeur en stratégie internationale, explique-t-il. Et puis il a bien fallu que je me réinvente une vie ailleurs, étant donné la cible et les couteaux qui m’ont été plantés dans le dos.” Son ami l’ambassadeur Maurice Gourdault-Montagne raconte l’entregent exceptionnel, les portes ouvertes chez le président algérien Tebboune, comme chez son ami le président du Brésil, auprès duquel il ne prend même pas la peine de s’annoncer, pareil encore chez Felix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, et tant d’autres chefs d’Etat, tous charmés par ses diagnostics percutants – et son talent de facilitateur en affaires. “Il est un Français du Sud global, il n’avance qu’à contre-courant et ne se laisse jamais enfermer”, observe son vieux copain.Son entregent lui vaut l’amitié du président brésilien Lula, entre autres personnalités.Il est aussi un chef de clan familial, patriarche soucieux de la réussite de ses enfants, pour lesquels il se démène. Quand son fils Arthur décide de se lancer dans le commerce de vins en Chine, il écume à ses côtés une palanquée de villes chinoises moyennes – soit, une dizaine de millions d’habitants chacune – y recevant magistralement les riches locaux qu’enivre la proximité avec “l’homme qui dit non aux Etats-Unis”. Le négoce fait toutefois un flop, et aujourd’hui le fils dirige une galerie d’art à Hongkong, tandis que son père lui prépare la direction d’une future résidence d’artistes. Il a en effet racheté la maison forte – un petit château fortifié – à Gaudigny, dans le Loiret, de Françoise Marquet, la veuve du peintre Zao Wou-Ki, l’immense artiste chinois dont il possède plusieurs toiles, voisinant chez lui avec celle de l’Allemand Anselm Kiefer. Les travaux, prévus pour durer deux ans, y démarrent.Il est comme un chat qui ne supporte pas qu’on ferme une porte, persuadé d’avoir une étoileA Paris, c’est donc l’une de ses deux filles, Marie, qui veille sur lui. Parfois présente lors des déjeuners qu’il donne, elle surveille les réseaux sociaux, choisit ses photos, c’est elle qui imagina le visuel annonçant son entretien sur BFMTV. La trentenaire, de l’avis de tous, lui ressemble furieusement, même intelligence, même goût obsessionnel du secret. Et peut-être les mêmes blessures. Car dans le récit du clan Villepin, il est une constante : leur vie, celle de leur père au premier chef, leur a été injustement dérobée. La faute à Clearstream, sans laquelle, veulent-ils croire, celui qui jamais ne s’est présenté à une élection aurait présidé la France ou à tout le moins conduit en son nom des missions diplomatiques complexes, des ambassades discrètes. Emmanuel Macron n’a jamais fait appel à lui. Récemment, il a rencontré Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, et s’il ne pipe mot de leur entrevue, en revanche il balance sur notre diplomatie. Non pas la faute au Quai d’Orsay, mais plutôt celle, à l’en croire, de la présidence de la République. “L’Elysée n’est plus irrigué par le questionnement du terrain et l’on a surestimé la capacité d’un homme seul à faire.”Ne serait-ce pas le moment justement de corriger l’histoire ? S’il ne dit rien sur ses ambitions présidentielles, ses amis s’en chargent, le décrivant “sérieusement piqué”, “le doigt sur la gâchette” “prêt à craquer l’allumette”, “il voit une fenêtre”, “il accélère”. A l’un d’eux lui recommandant en janvier de se déplacer au Salon de l’agriculture, il répond que pourquoi pas, mais pour dire quoi, et avec qui ? Il a d’ailleurs déjà calculé que, pour récolter les 500 signatures nécessaires au dépôt d’une candidature, celles qui lui firent défaut lors d’une tentative faiblarde en 2012, il devra attendre 2026 et les résultats des municipales. L’argent en revanche ne sera pas un problème, “il pourra facilement mettre 20 millions sur la table, pas 30, mais 20 assurément”, s’aventure un intime. Et puis, il a dessiné mentalement sa campagne. Celle d’un vol d’aigle, qui, après avoir tournoyé longuement, soudain fondrait en piqué ultrarapide. Quelques semaines tout au plus, sans parti ni grand rassemblement, une opération éclair et solitaire. “Encore faut-il que les circonstances s’y prêtent, car aujourd’hui ce serait le moment, mais dans deux ans ?”, s’interroge Frédéric de Saint-Sernin. “Il a en horreur l’immobilisme, l’échec et mat, il est comme un chat qui ne supporte pas qu’on ferme une porte, persuadé d’avoir une étoile”, songe Antonin Baudry. Ses amis racontent que, voici quatre ou cinq ans, il s’endormait à moitié quand les conversations tournaient autour de la politique, tandis qu’aujourd’hui, il les suscite, les anime, l’œil bleu qui frise. Et puis, que faire d’autre quand vous avez, comme il le dit lui-même, la volonté “de rendre la planète moins cruelle” ?En 2010, le même Antonin Baudry, aujourd’hui réalisateur, vient d’achever l’hilarante série de bandes dessinées Quai d’Orsay (Dargaud), dans laquelle il met en scène son expérience de conseiller auprès d’un ministre des Affaires étrangères survolté. Directement inspiré de ses années passées au côté de Dominique de Villepin, il prend rendez-vous pour lui présenter les pages achevées avant leur impression. Le scénariste est inquiet, redoutant sa réaction. Arrivé devant lui, il l’avertit sur-le-champ qu’il ne changera pas une virgule de son récit, mais qu’il est disposé à en retarder la publication, si celle-ci pouvait entraver ses plans. Dominique de Villepin ne moufte pas, il feuillette les pages, sourit, rit franchement, lit encore, puis il maugrée. La page 13 “trop molle”, la 27 pareil, la 35 “trop molle” encore. Il en égrène ainsi une dizaine, s’esclaffant de bon cœur à toutes les autres. Liquéfié, Antonin Baudry tente désespérément de se souvenir de ce qu’il y a dans ces pages désignées. Trop de gros mots ? Trop de moqueries ? Sans en dire plus, l’ancien ministre l’invite à déjeuner, bavarde de tout autre chose, puis les deux hommes se séparent. Le jeune auteur se rue aussitôt sur les pages, il les étale sur la table, les lit avec agitation. La 13, la 27, la 35 et les autres. Toutes celles, et seulement celles, dans lesquelles le ministre ne figure pas.
Source link : https://www.lexpress.fr/politique/dominique-de-villepin-sa-vie-cachee-sa-possible-candidature-les-secrets-dun-revenant-YIZSH2PDSVEWTPXW3JPJVWY7QY/
Author : Emilie Lanez
Publish date : 2025-04-23 16:00:00
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Wednesday, April 23