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Sur le papier, l’idée est séduisante. Recourir à la gestion pilotée, dite aussi déléguée ou sous mandat, consiste à confier les rênes de votre assurance-vie à un professionnel. “Nos clients n’ont ni la disponibilité ni la passion de suivre leur assurance-vie en direct, justifie Olivier Sentis, directeur général de la mutuelle d’épargne MIF. Pour disposer d’un contrat bien géré, il est préférable de passer par un expert qui puisse le faire évoluer selon les conditions de marché tout en respectant le profil de l’assuré.”En pratique, des profils types avec des noms variables d’une enveloppe à l’autre – sérénité, modéré, défensif, prudent, équilibré, audacieux, dynamique, offensif… – sont proposés. La marche à suivre est simple, puisque tout se passe au sein du contrat. L’assureur y a sélectionné des gérants partenaires – un, deux, parfois davantage – et après quelques questions d’usage, vous pourrez leur confier votre épargne. Le service est généralement très accessible, à partir de quelques centaines d’euros seulement.Cette formule est devenue la nouvelle marotte des assureurs (elle représente de un à trois quarts de leur collecte en moyenne), avant d’être celle des épargnants. Les premiers ont en effet tout à y gagner, avec davantage de frais prélevés et moins de fonds propres à fournir que sur les fonds en euros. Et les seconds ? “Les épargnants furent d’abord en quête de la bonne action dans les années 1990, analyse Gilles Belloir, directeur général de Placement-direct.fr. Puis ils se sont mis à chercher le bon fonds et les gérants vedettes. Aujourd’hui, la tendance est de trouver la bonne allocation pour son épargne, ce à quoi répond la gestion pilotée. Pas besoin de connaître l’entreprise ou le gérant ; l’assureur vous propose une solution clé en mains. L’important est que le profil de risque choisi par l’épargnant reste adapté dans le temps.”Déterminer son profilPour commencer, il faut en priorité vous connaître. Quel est votre tempérament ? Quelles sont vos connaissances financières ? Quid de vos objectifs patrimoniaux et de leur échéance ? De votre situation familiale ? De l’ampleur de votre patrimoine ? Autant de questions à creuser patiemment pour définir votre fameux profil, et le faire avec soin. Ce terme est en effet souvent galvaudé, évalué en cinq minutes sur un coin de table ou au gré d’un questionnaire numérique bien creux.Ensuite, il faut choisir la bonne formule “en analysant l’historique de performance sur les dernières années, afin de juger la qualité de la gestion et en tenant compte des frais”, conseille Gilles Belloir. Problème : un immense marché de l’assurance-vie s’ouvre à vous. Avec quelque 300 contrats commercialisés contenant tous (ou presque) de 3 à 10 formules de gestion pilotée, procéder à une telle évaluation est une gageure. Et ce d’autant que la communication des établissements sur la composition et les performances de leurs profils est notoirement insuffisante.Problème supplémentaire : il n’existe à ce jour aucune normalisation du vocabulaire entre les notions de gestion “profilée”, “pilotée”, “déléguée” ou “sous mandat”, qui peuvent refléter des réalités diverses. Encore plus confus, le niveau de risque (donc les pondérations actions/obligations/fonds en euros) n’est pas homogène entre les contrats, y compris pour un même profil ! Les performances qui en découlent ne seront donc pas comparables. La réglementation, toujours plus épaisse, ne s’est pas vraiment penchée sur le problème, malgré quelques améliorations. Ainsi, depuis l’arrêté du 24 octobre 2024, les assureurs doivent mieux préciser les supports “à faible risque” (fonds en euros, monétaire, etc.) inclus dans leur gestion pilotée.Les formules prudentes peu performantesPartant de là, l’analyse des performances vire au casse-tête. Les données du cabinet Good Value for Money, qui a analysé plus de 300 offres du marché mêlant des gestions profilées et pilotées, apportent toutefois un éclairage salutaire. Sur cinq ans (2020-2024), les formules prudentes affichent une performance annuelle nette (de frais de gestion) moyenne de 0,20 %. Un résultat pas fameux, bien loin du taux moyen du fonds en euros sur cette période (+ 1,86 % par an). Les profilés modérés ou équilibrés font un peu mieux, avec 1,73 %, mais cela reste insuffisant pour convaincre. “Très décevantes au vu des performances, les formules prudentes et équilibrées sont à éviter, d’autant que la structure de frais y est élevée, avertit Cyril Chartier-Kastler, fondateur du cabinet. Ne serait-il pas temps de les retirer des gammes d’unités de compte ?” Nombre de professionnels reconnaissent à demi-mot cet échec. Et les exemples prélevés ici ou là tendent à le confirmer. Ainsi BoursoBank, grand promoteur de la gestion pilotée, affiche un petit 3,57 % nets de gain cumulé pour son profil défensif sur les cinq dernières années, quand son fonds en euros a donné 11,60 % (fonds Euro exclusif, contrat BoursoVie).A contrario, les gestions plus offensives ont porté leurs fruits. Selon l’étude précitée, leur performance moyenne ressort à 4,27 % par an sur les cinq dernières années. Toujours chez BoursoBank, le profil dynamique a enregistré 19,83 % de performance cumulée sur la même durée. Sur un temps plus long (dix ans), les conclusions sont assez similaires.Le véritable intérêt de la gestion pilotée consiste donc à aller sur des mandats assez purs, orientés actions, dans lesquels le gérant pourra suivre ses convictions. Sous réserve bien sûr que l’épargnant ait conscience des risques pris… et du coût de ce travail. Avec 0,20 % de frais de gestion en plus en moyenne (certains poussent à 0,50 % !), les assureurs ont la main lourde, d’autant qu’il faut y ajouter les frais des fonds inclus dans les profils.Une autre option consiste à mixer soi-même le fonds en euros avec un ou deux produits diversifiés, ou des supports indiciels (ETF) pour limiter les frais, et probablement obtenir un résultat tout aussi satisfaisant (sinon plus) sur la durée. Vous pouvez aussi vous intéresser à des formules de gestion pilotée moins onéreuses car reposant exclusivement sur ces fonds indiciels, comme chez Nalo, Ramify et Yomoni. Leurs performances font mouche, notamment sur les profils les plus offensifs. Celui de Yomoni ressort ainsi à + 9 % annualisés sur les cinq dernières années. Mais avec un fort risque à la clé…Le retour de la gestion à horizon“C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.” Les assureurs ont dû garder cet adage en tête. En effet, la gestion pilotée n’est pas une idée neuve, puisqu’elle avait déjà été déployée au tournant des années 2000, mais davantage sous une forme dite “à horizon”, consistant à bâtir une allocation d’actifs en fonction de la durée d’investissement de l’épargnant (et non de son profil).Faute de succès commercial, cette formule fut mise au placard. Elle revient aujourd’hui par l’intermédiaire du plan d’épargne retraite (PER) individuel. La loi oblige les PER à contenir des formules de gestion pilotée à horizon, modulées selon deux critères : le profil de l’épargnant, du “prudent” au “dynamique”, et le temps le séparant de son âge de départ en retraite.Pour sortir ces offres, les assureurs ont dû bâtir des chaînes informatiques spécifiques, qu’ils réinjectent aujourd’hui dans leurs assurances-vie. Un bon plan ? Pour l’assureur, oui, car ces gestions sont automatisées, avec des paliers de sécurisation du capital. Pour l’épargnant, la réponse est plus nuancée, en raison du grand nombre de formules proposées. La jeunesse du PER (cinq ans pour les plus anciens) ne permet pas encore de tirer d’enseignements pertinents quant aux performances dégagées.Un article de notre dossier “spécial Placements”, publié le 24 avril.



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Author : Frédéric Giquel

Publish date : 2025-04-23 08:00:00

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