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Depuis le début de l’année 2025, notre conception du monde a volé en éclats. La réélection de Donald Trump n’a pas simplement réinstallé un président américain, elle a réinstallé des doutes. Des doutes profonds, structurants, qui ébranlent les fondements mêmes de notre modèle politique occidental.En l’espace de trois mois sur le plan géopolitique, l’Europe a découvert qu’elle ne pouvait plus compter sur un allié américain qui suit désormais sa propre logique, aussi brutale qu’imprévisible. Le renversement d’alliance orchestré par Trump constitue un choc pour toute une génération élevée dans la certitude que la relation transatlantique était indéfectible. Une génération qui voit soudainement l’Ukraine humiliée, les Européens abandonnés sans préavis et le Kremlin courtisé sans scrupule. Sur le plan économique, le “Liberation Day” a acté la rupture avec le libre-échange. Le 2 avril, en quelques heures, les Etats-Unis ont imposé une série de droits de douane massifs : 20 % sur les importations européennes, 145 % sur plusieurs catégories de produits chinois. Mais au-delà de la rupture géopolitique et du basculement économique, c’est un pilier encore plus fondamental qui vacille : la parole politique. Dans les démocraties occidentales, elle repose sur la raison, le débat et la responsabilité. Pourtant, depuis quelques semaines, ce socle ne tient plus. Les revirements de Trump sur l’Ukraine comme sur les tarifs douaniers en sont la démonstration : chaque déclaration tonitruante en chasse une autre. Et peu importe si la prise de parole vient contredire les propos tenus quelques heures auparavant. Dans ce triste contexte, je voudrais évoquer trois raisons d’espérer.La première tient à l’Union européenne. Sur le plan commercial, sans agressivité inutile, elle montre les dents : taxation sur les services numériques, exclusion d’entreprises américaines des marchés publics, répliques douanières. Face à la baisse du dollar et des monnaies asiatiques, l’euro a lui aussi joué son rôle de monnaie qui protège. Enfin, la question du renforcement de la défense européenne longtemps repoussée à l’horizon des intentions s’installe peu à peu dans la réalité.Le populisme révèle ses faillesLa deuxième raison, c’est que le populisme, loin de triompher, révèle ses failles. En voulant renverser la table sur la question ukrainienne, Trump a fini par tomber de sa chaise. Il a perdu des alliés mais aussi sa crédibilité sur la scène internationale en apparaissant comme le pantin d’un Poutine qui n’a jamais eu l’intention de négocier. Alors qu’il promettait de résoudre le conflit en une journée, la guerre fait toujours rage à l’Est. Et ce n’est pas mieux sur le front intérieur. Le locataire de la Maison-Blanche promettait un redressement économique mais il a provoqué une violente correction boursière. Le S&P 500 s’est effondré de plus de 12 %, le Nasdaq de plus de 15 %. Les marchés ont sanctionné la brutalité de sa politique, mais aussi les classes moyennes américaines, en grande partie électrices de Trump. Les répercussions sur l’économie réelle sont immédiates : emploi, pouvoir d’achat, retraites. Partout dans le pays, les premières manifestations ont éclaté contre une administration Trump incapable de composer avec le réel.Enfin, la troisième raison d’espérer nous vient du Canada, où les élections fédérales prévues le 28 avril pourraient confirmer ce reflux populiste. A près d’une semaine du scrutin, les sondages placent les libéraux en tête pour la première fois depuis plus de deux ans. A croire que la dérive du voisin américain rejaillit sur le populisme assumé de Pierre Poilievre.Les opinions publiques occidentales ont maintenant tous les moyens de voir à quoi ressemble le populisme au pouvoir. Puisse ce spectacle lamentable, redonner vie au clivage droite-gauche traditionnel entre partis de gouvernement responsables et soucieux de ne pas chercher en permanence le bouc émissaire chargé de nourrir la radicalisation et la haine. Si les résultats électoraux canadiens venaient confirmer cette tendance, alors il y aurait de bonnes raisons d’espérer que la vague populiste reflue enfin.Jean-François Copé, ancien ministre, est maire (LR) de Meaux



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Publish date : 2025-04-23 10:00:00

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