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Premier voyage officiel à risque de Giorgia Meloni. Ce jeudi 17 avril, la présidente du Conseil italien rencontrera Donald Trump dans le bureau Ovale pour la première fois depuis sa réélection. Début janvier, elle s’était rendue dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, pour un face-à-face non officiel. Quelques semaines plus tard, son déplacement à la cérémonie d’investiture s’apparentait en revanche davantage à de la figuration.On pourrait s’en étonner, tant Giorgia Meloni insiste sur sa grande proximité avec Donald Trump, affichant même au grand jour son intention de jouer un rôle de pont entre les deux rives de l’Atlantique. Le fossé n’a pourtant cessé de se creuser entre des Etats-Unis protectionnistes et agressifs sur le plan diplomatique à l’égard d’une Europe qu’ils considèrent plus comme une vassale qu’une alliée. Sur le fil de plus en plus tendu des relations transatlantiques, Giorgia Meloni jouait jusqu’à présent les funambules. Le comportement erratique du président américain et la guerre commerciale qu’il vient de déclencher la contraignent désormais à un grand écart périlleux. “Il est dans l’intérêt de tous de surmonter les graves tensions dans les relations transatlantiques”, a-t-elle déclaré récemment dans les colonnes du Financial Times, qualifiant d’”enfantines” et de “superficielles” les injonctions de ceux qui voudraient l’obliger à choisir entre Bruxelles et Washington.Lever les doutesLe ministre français de l’Industrie, Marc Ferracci, s’était ému du voyage de la dirigeante italienne outre-Atlantique alertant sur le “risque” de “jouer solo” en tenant “des discussions bilatérales” avec les Américains. “Aucun risque”, tiennent à rassurer le gouvernement italien et la Commission européenne. Les contacts sont constants entre Giorgia Meloni et Ursula von der Leyen, selon cette dernière. Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, estime quant à lui que “la mission de Giorgia Meloni soutient les positions européennes, parce que nous sommes convaincus que l’Europe doit se présenter unie. L’Italie ne se substitue pas à l’Europe, mais peut apporter sa contribution.”La suspension pendant 90 jours de la hausse des droits de douane par Donald Trump facilite son voyage sans pour autant lever les doutes. Giorgia Meloni n’est pas une envoyée spéciale de l’Europe. Ses agissements seront surveillés de près par ses partenaires, de crainte que sa complicité avec le président américain ne vire à de la complaisance. “L’Italie veut surtout éviter de faire un choix, car sa diplomatie, quel que soit son gouvernement, repose sur deux piliers : son rôle de pays fondateur de l’UE et son alignement atlantique, explique Gabriele Natalizia, professeur de relations internationales à l’université La Sapienza de Rome. Giorgia Meloni va tenter de conjurer le risque de guerre commerciale entre les Etats-Unis et l’Europe en proposant un marché unique occidental. En échange, elle promettra à Donald Trump de porter les dépenses militaires de l’Italie à 2 % de son PIB. Elle pourrait également soutenir des achats plus importants de gaz liquéfié américain et montrer plus de fermeté à l’égard de la Chine.”Tiraillée sur la scène internationale, la présidente du Conseil est également écartelée au sein de sa propre coalition. Alors que son ministre des Affaires étrangères prône un européanisme traditionnel et mesuré, son partenaire de coalition et chef de la Ligue, Matteo Salvini, chante les louanges de Donald Trump et appelle Meloni “à ne pas suivre les ultras de Paris ou Bruxelles et à placer son voyage sous le signe du bon sens”. Celui-ci sera sans aucun doute placé sous l’enseigne du pragmatisme, la véritable ligne de conduite de la dirigeante italienne. “Elle ne peut que prendre acte de sa faiblesse, constate le politologue Mattia Diletti. Sur le plan commercial, elle ne peut rien négocier. Ses propositions de marché unique occidental ou de sommet UE/USA sont illusoires. Et lorsque les tensions sont à leur comble comme en ce moment, les grands pays européens – France, Allemagne, Royaume-Uni – reprennent le dessus, tandis que les puissances secondaires comme l’Italie passent au second plan. Ce voyage sera juste une mascarade médiatique qui permettra à Trump de montrer qu’il peut diviser l’Europe et à Meloni de faire croire à son opinion publique qu’elle joue un rôle, tout en menaçant Bruxelles qu’elle pourrait aussi se trumpiser…”A peine de retour de Washington, Giorgia Meloni rencontrera d’ailleurs J.D Vance, en déplacement à Rome. En février dernier, lors de la conférence de Munich, elle avait soutenu le vice-président américain qui, dans sa virulente diatribe, avait fustigé les entraves à la liberté d’expression sur le Vieux Continent. Pour Giorgia Meloni, le grand écart continue…



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Publish date : 2025-04-17 04:15:00

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