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Serait-ce un calcul bien réfléchi ? Des indices boursiers qui décrochent, puis qui rebondissent, avant ensuite d’exploser : ces derniers jours, les marchés financiers du monde entier ont connu une rare nervosité. L’entrée en vigueur de droits de douane réciproques, mercredi 9 avril, a d’abord fait souffler pendant plusieurs jours un vent de panique sur les principales places boursières de la planète. Mais, quelques heures après leur effectivité, la plupart des mesures tarifaires imposées par l’administration de Donald Trump ont finalement été suspendues pour 90 jours. Une annonce réalisée par le président américain lui-même, qui a dans le même temps accentué la pression mise sur la Chine, pas concernée par ce revirement et dont les produits sont désormais surtaxés à hauteur de 125 % par les Etats-Unis.Forcément, la nouvelle a fait monter en flèche les cours des indices boursiers. Euphorique après cette décision inespérée, Wall Street a clôturé en hausse mercredi à des niveaux historiques : + 7,87 % pour le Dow Jones, + 9,5 % pour le S & P500 et même + 12 % pour le Nasdaq. Dans la nuit, les bourses asiatiques se sont aussi envolées dans de larges proportions (+ 4,92 % à la clôture à Bangkok, + 6,6 % à Séoul, + 9,12 % pour le Nikkei à Tokyo…), tout comme les bourses européennes un peu plus tard (+ 5,05 % pour le CAC40 à Paris ce jeudi en début d’après-midi). Tandis qu’un krach boursier était redouté en début de semaine, voilà à présent les marchés en pleine embellie. Et si Donald Trump avait justement souhaité provoquer cette grande instabilité boursière… à son propre bénéfice ?Un message controversé sur Truth SocialC’est en tout cas ce dont l’accusent de nombreux élus démocrates, sidérés par cette énième volte-face du milliardaire républicain. Pour plusieurs d’entre eux, le revirement soudain du camp trumpiste sur les droits de douane pourrait en réalité cacher un délit d’initié. Autrement dit : ils soupçonnent le président américain d’une potentielle manipulation des marchés pour faire fructifier plusieurs positionnements boursiers. Ils reprochent en particulier la publication d’un message de Donald Trump sur son propre réseau Truth Social, mercredi, en début de journée. “C’EST LE BON MOMENT POUR ACHETER”, a-t-il ainsi écrit dans un message rédigé plusieurs heures avant l’annonce officielle de la suspension de la plupart des droits de douane – tout de même maintenus à 10 % pour tous les produits importés sur le sol américain.”Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d’initiés ? Le Congrès doit savoir”, s’est ainsi étonné sur X le sénateur démocrate de Californie, Adam Schiff, l’une des figures de proue de l’opposition au locataire de la Maison-Blanche. Son collègue à la Chambre haute Chris Murphy, élu démocrate du Connecticut, a surenchéri sur le même réseau social. “Quels proches de Donald Trump savaient qu’il allait suspendre les droits de douane ? Qui parmi ses amis de Mar-a-Lago ou ses conseillers milliardaires étaient capables de capitaliser sur cette information confidentielle ?”, a-t-il demandé.Pour le camp démocrate, l’affaire est l’occasion d’à nouveau pointer les contradictions d’une administration Trump de plus en plus contestée outre-Atlantique. La mobilisation contre le milliardaire américain, marquée par des dizaines de manifestations ces dernières semaines, a toutefois pour le moment bien du mal à être exploitée par le parti, encore échaudé par la défaite de Kamala Harris à la dernière présidentielle et en déficit d’incarnation au niveau national. Plusieurs membres du Parlement tentent donc malgré tout d’exposer leurs divergences en confrontant directement les proches de Donald Trump.Suspicions et embarrasL’un des conseillers au commerce du président, Jamieson Greer, a ainsi été au cœur d’une passe d’armes avec le représentant démocrate du Nevada Steven Hofsford durant une audition. Comme rapporté par le magazine Time, ce dernier a reproché à son interlocuteur le “pur amateurisme” du gouvernement en place pour avoir encore une fois changé son fusil d’épaule sur la question des droits de douane. Interrogé sur la question de savoir si cette décision était une façon d’avoir manipulé les marchés financiers, Jamieson Greer a botté en touche. “Ce n’est pas un jeu, c’est la vraie vie”, a-t-il répondu. Deux jours plus tôt, le même homme assurait pourtant tout de go que “le président a été clair sur le fait qu’il n’y aurait pas d’exceptions et d’exemptions à court terme” de surtaxes.Si l’hypothèse d’un délit d’initié est loin d’être vérifiée, le doute suscite l’embarras des rangs trumpistes. Le secrétaire national au Trésor, Scott Bessent, s’est contenté d’expliquer que les Etats-Unis négociaient “de bonne foi” avec les pays concernés par la suspension des droits de douane. La Maison-Blanche a elle aussi préféré temporiser. “Il est de la responsabilité du président des Etats-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l’alarmisme permanent des médias”, a écrit l’un de ses porte-paroles, Kush Desai, dans un communiqué transmis à la presse américaine.Néanmoins, selon certains juristes, le déroulement de la journée de mercredi et le rôle de Donald Trump dans ce rebond des marchés financiers mériteraient au moins des investigations. Ses actions “pourraient habituellement susciter une enquête de la part de la Securities and Exchange Commission (SEC)”, a indiqué au New York Times Kathleen Clark, professeure de droit et spécialiste de l’éthique gouvernementale à la Washington University School of Law de Saint-Louis (Missouri). La SEC est un organe fédéral notamment chargé de la sécurité des marchés financiers outre-Atlantique.La représentante de New York Alexandria Ocasio-Cortez, figure de l’aile gauche du parti démocrate, a pour sa part invité les membres du Congrès à aller encore plus loin en divulguant les noms des élus ayant “acheté des actions dans les 48 dernières heures”. “J’ai entendu des discussions intéressantes à la Chambre [sur ce sujet]”, a-t-elle ironiquement sous-entendu sur son compte X.Ces suspicions sont renforcées par les bons résultats boursiers de certaines valeurs liées de près ou loin au président américain après la suspension des tarifs douaniers. Le retour de la vitalité des actions de Tesla, groupe du milliardaire Elon Musk, a permis au patron de regagner 20 milliards de dollars de fortune en une journée après plusieurs séances de pertes en bourse. Quant au cours de la valeur du Trump Media & Technology Group, la société de Donald Trump, il a atteint une hausse de 21,67 % à la clôture de Wall Street. Le dirigeant détient environ 53 % des parts de ce groupe, aujourd’hui contrôlé via un trust par son fils Donald Trump Jr.



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Publish date : 2025-04-10 14:30:00

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