La course à l’IA ne se jouera pas sans la Chine. Moins d’un mois après l’émoi suscité par le robot conversationnel chinois DeepSeek, l’Empire du Milieu a lancé le 6 mars dernier un nouveau concurrent à ChatGPT. Son nom : Manus.Développé par la start-up Butterfly Effect, cet agent d’intelligence artificielle se veut être aussi ingénieux que l’humain. Mais si Manus est, pour le moment, uniquement disponible sur invitation, son existence suscite déjà de la curiosité. Et surtout… des inquiétudes.Une IA capable d'”acheter une propriété””Ce n’est pas juste un autre chatbot. C’est un agent vraiment autonome”, a présenté son créateur Yichao “Peak” Ji dans une vidéo promotionnelle. “Là où les autres IA se contentent de générer des idées, Manus apporte des résultats. Nous le voyons comme le prochain paradigme de la collaboration entre les hommes et les machines, et potentiellement un aperçu de l’IA générale (aussi intelligente que les humains, NDLR)”, a-t-il ajouté.Sur son site Internet, Butterfly Effect vante les tâches que Manus est censé pouvoir accomplir. Parmi elles : analyser l’action de Tesla en bourse, acheter une propriété à New York, éditer un podcast, ou encore, organiser un voyage au Japon. Mais cet idéal est encore loin d’être atteint. Dans un article publié dimanche, Kyle Wiggers, journaliste à TechCrunch, note que l’agent IA a échoué à lui commander un sandwich et à lui trouver un billet d’avion direction le Pays du Soleil Levant.Au cœur des préoccupations, la confidentialité des donnéesAu-delà de ses imparfaites capacités, le lancement soudain de Manus préoccupe. La Silicon Valley, la première, s’en est inquiétée. En cause : le rattrapage rapide de la Chine dans le secteur de l’IA, malgré les restrictions américaines sur l’exportation de puces de pointe.Chaque jour, le perfectionnement des agents IA fait davantage craindre des dérives liées au manque de régulation de la nouvelle technologie. Manus n’échappe pas à cette règle. “Les modèles commettent de nombreuses erreurs factuelles. Si on leur confie des tâches à fort enjeu, comme l’achat et la vente d’actions, ces imperfections pourraient conduire au chaos”, alerte Mel Morris, directeur de Corpora.ai, un moteur de recherche à l’IA générative. “Sa capacité à accéder à des serveurs à distance soulève les mêmes préoccupations concernant la confidentialité des données”, continue-t-il.Le lancement de Manus inquiète d’autant plus que la polémique suscitée par son prédécesseur chinois DeepSeek reste dans les esprits. Fin janvier, l’Italie avait bloqué l’utilisation du robot conversationnel R1 sur son territoire, invoquant un manque de transparence sur le traitement des données personnelles. Taïwan, l’Australie et la Corée du Sud avaient marché dans ses pas, craignant pour la sécurité nationale ou de potentielles fuites d’informations sensibles.
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Publish date : 2025-03-11 11:53:00
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