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Répondre vite, mais de manière “forte et proportionnée” à l’attaque commerciale de Donald Trump. Ce mercredi 12 mars, à minuit passé d’une minute, les droits de douane voulus par le président américain sur l’acier et l’aluminium pour les produits venus de l’Union européenne sont officiellement entrés en vigueur. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait préparé sa réplique. À peine quelques heures après l’application de l’offensive initiée par les Etats-Unis, Bruxelles a annoncé une riposte à hauteur de 26 milliards d’euros sur les produits américains.Bruxelles a qualifié d’”injustifié” la salve de droits de douane mis en place sur volonté du milliardaire américain. “Les droits de douane sont mauvais pour les affaires et encore pires pour les consommateurs”, a pointé Ursula von der Leyen, tout en expliquant “profondément regretter” cette situation. Le total des représailles prévues par Bruxelles correspond peu ou prou à celui du montant des taxes douanières à présent imposées par les Etats-Unis aux 27. Même si la dirigeante assure que les Européens “restent prêts à la négociation” avec l’administration Trump, la Commission européenne a décidé de faire preuve de fermeté pour mettre Washington sous pression.Harley-Davidson, jeans et beurre de cacahuèteDans le détail, quels produits américains pourraient être concernés par ce programme de rétorsion ? Pour le comprendre, il faut s’intéresser aux deux phases du plan de contre-mesures développé par Ursula von der Leyen ce mercredi. L’Allemande a d’abord souligné qu’une première série de taxes, d’un montant de 8 milliards d’euros, allaient rentrer en vigueur au 1ᵉʳ avril prochain. Cette possibilité visera certains biens très précis déjà ciblés durant le premier mandat de Donald Trump. À l’époque, le républicain avait fixé d’importants droits de douane contre l’acier et l’aluminium européens, conduisant l’UE à annoncer des taxes sur les Harley-Davidson, le beurre de cacahuètes ou encore les jeans.L’objectif ? S’en prendre à des produits emblématiques de l’économie américaine. L’ensemble de ces sanctions, initialement échelonnées de 2018 à 2021, ne se sont pas toutes matérialisées. Seules une partie d’entre elles ont été réellement appliquées : l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche avait permis un accord pour suspendre ces représailles européennes. Mais la fin de cette période de pause s’interrompt… le 31 mars prochain. L’intégralité de ces sanctions sera cette fois effective à cette date et touchera les produits déjà visés à l’époque.De quoi inquiéter certains secteurs, comme celui des spiritueux. Ce plan en suspens prévoyait en effet de taxer le bourbon, ce whisky américain très prisé. L’annonce de mesures européennes de réciprocité “arrive à un moment particulièrement difficile pour le secteur des spiritueux, dans un contexte de tensions géopolitiques et de ralentissement sur de nombreux de marchés clés”, a fustigé l’organisation des représentants des intérêts de la filière, Spirits Europe, dans un communiqué publié ce mercredi. Selon ce lobby, les conséquences de la guerre commerciale entre les deux puissances pourraient être dévastatrices dans ce domaine d’activité, déjà touché par les conséquences de la précédente présidence de Donald Trump.99 pages d’une liste de possibles produits à taxerAu-delà de cette première partie des taxes directement activées au 1ᵉʳ avril, Ursula von der Leyen a aussi évoqué une autre série de sanctions à venir, à hauteur de 18 milliards d’euros. D’après la dirigeante, elles pourraient être mises en place d’ici à la mi-avril. Tout un pan de l’économie américaine pourrait alors être touché. “Nous essayons d’être intelligents et de frapper là où ça fait mal”, a souligné le commissaire européen à l’Industrie, Stéphane Séjourné, en réaction aux représailles de l’UE. L’ex-ministre français des Affaires étrangères endosse le fait de diriger cette riposte en priorité vers des produits issus d’Etats républicains, pro-Trump, mais aussi vers les agriculteurs américains, qui soutiennent massivement le milliardaire.Concrètement, quels seront les biens américains qui risquent de pâtir de ces sanctions ? Impossible de le savoir avec précision pour le moment. Sur son site web, la Commission européenne a publié ce mercredi une interminable liste de produits “susceptibles de connaître des mesures” de rétorsion. Des centaines d’occurrences, extrêmement variées, sont répertoriées parmi les 99 pages du document. On y retrouve des denrées alimentaires (dinde, lait, yaourt, céréales, vins, alcool…), du textile (anoraks, t-shirts…), des métaux (dont de l’acier et de l’aluminium), de la nourriture pour animaux, des outils de bricolage, des meubles, des lentilles de contact…Tant de possibilités de produits à taxer qui doivent encore être discutées avec les différents Etats. La Commission va donc organiser une “consultation de deux semaines avec les parties prenantes de l’UE” pour déterminer quels sont “les bons produits” à cibler parmi cet inventaire. L’enjeu de ces échanges ? “Assurer une réponse efficace, […] réduisant au minimum les perturbations pour les entreprises et consommateurs européens”, précise Bruxelles. Il faut dire que ces décisions impliquent aussi des effets directs sur les commandes de certaines entreprises européennes, qui importent des produits venus des Etats-Unis nécessaires à leur activité.L’automobile, le pétrole et le gaz épargnésLa liste des produits américains véritablement touchés par ces sanctions n’est donc pas encore établie avec certitude. En revanche, certains types de biens ne sont pas inscrits dans le tableau communiqué par la Commission européenne. Les trois secteurs de l’économie américaine qui exportent le plus vers l’Europe – les médicaments et le matériel pharmaceutique, le pétrole et le gaz naturel – n’y sont pas directement mentionnés, à l’exception d’une possible taxe sur… les pastilles pour la gorge. Même constat pour l’industrie automobile. Ils devraient donc être relativement épargnés par des contre-mesures commerciales décidées par Bruxelles, même s’ils subiront malgré tout les conséquences d’un prix plus important de certains produits.Avec cette stratégie, l’Union européenne conserve encore des atouts à dégainer pour riposter en cas de nouveaux droits de douane prononcés par Donald Trump. Une démarche prudente, car le milliardaire américain ne semble pas avoir apprécié la réponse d’Ursula von der Leyen. Ce mercredi après-midi, il a promis à Washington de “répliquer” aux contre-mesures européennes. “S’en prendre aux entreprises américaines, ce n’est pas juste”, a-t-il estimé. Avant de répéter, une nouvelle fois, que les Etats-Unis “ne se laisseront plus maltraiter”.



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Publish date : 2025-03-12 18:00:00

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