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Après s’en être pris la veille au président ukrainien Volodymyr Zelensky dans le bureau Ovale, J.D. Vance comptait profiter d’un week-end bien mérité à la montagne en famille. Raté. Des centaines de manifestants attendaient le vice-président dans une station de ski du Vermont, agitant des drapeaux ukrainiens et des pancartes comme : “Va skier en Russie !”. Après une période de choc et de paralysie, consécutive à l’avalanche de décrets signés par Donald Trump, l’opposition commence doucement à émerger. Des manifestations sont organisées régulièrement devant les concessionnaires Tesla, la marque d’Elon Musk (nommé pour tailler dans les dépenses publiques). Et des milliers d’Américains ont défilé dans les parcs nationaux de tout le pays pour dénoncer les licenciements massifs de gardes forestiers.Ces mouvements restent d’une ampleur limitée comparés à ceux du premier mandat du président. En 2017, on avait assisté à d’immenses rassemblements, notamment après le décret qui interdisait l’accès au territoire à des ressortissants de pays musulmans. Cette fois, la résistance peine à s’organiser. La faute à la lassitude des militants, au fait que Donald Trump a gagné le vote populaire pour la première fois et que les républicains contrôlent le Congrès.Le parti démocrate, mal remis de sa défaite, semble surtout aux abonnés absents. Il n’a pas de vrai leader, est divisé entre centristes et progressistes, et semble incapable d’articuler un message efficace contre le rouleau compresseur républicain. Au grand dam de sa base, exaspérée par sa frilosité. Hakeem Jeffries, leur leader à la Chambre des représentants, a conseillé à ses membres de cibler leurs attaques sur des sujets impopulaires comme le coût de la vie et les baisses d’impôts pour milliardaires. Pour l’instant, les principaux présidentiables de 2028 font profil bas. Le seul qui réussisse à se faire entendre, c’est Bernie Sanders, le sénateur du Vermont et ex-candidat à la présidentielle. A 83 ans, il s’est lancé dans un tour des Etats conservateurs et fait salle comble, appelant à la mobilisation. “Le trumpisme ne va pas être vaincu par les hommes politiques de Washington, harangue-t-il, mais par vous, les électeurs !”Les élus démocrates, en minorité, ont en effet peu de pouvoir au Congrès. Quant aux républicains, ils sont totalement sous la coupe de la Maison-Blanche. Ils ont confirmé les candidats les plus sulfureux comme Robert Kennedy Jr au ministère de la Santé ou Pete Hegseth à la Défense. Et n’élèvent aucune objection contre le démantèlement des institutions, la fin des alliances internationales, le rapprochement avec Moscou… Rares sont les voix comme celle de Lisa Murkowski, la sénatrice de l’Alaska, qui défendent l’Ukraine : “J’ai mal au cœur car l’administration semble s’éloigner de nos alliés et embrasser Poutine”, a-t-elle déclaré sur X. Le Congrès paraît même prêt à abandonner “les cordons de la bourse”, l’une de ses prérogatives les plus importantes, et à laisser l’exécutif décider de l’usage des fonds votés. Une capitulation sidérante qui s’explique par la campagne d’intimidation menée par le président et ses alliés. Ils attaquent violemment tout opposant potentiel via les réseaux sociaux et les médias de droite, et les menacent de torpiller leur réélection.”Le chaos n’est pas bénéfique pour le pays”La prochaine bataille va se dérouler mi-mars. Les démocrates de la Chambre envisagent d’utiliser l’une de leurs rares armes pour bloquer le vote du budget. Les républicains, qui ne disposent que d’une majorité de trois sièges et sont très divisés sur les réductions budgétaires, risquent d’avoir besoin des voix de l’autre camp pour le faire passer.Jusqu’ici, la branche judiciaire a constitué le seul vrai contre-pouvoir. De multiples groupes ainsi qu’une coalition de procureurs généraux démocrates de divers Etats ont lancé près d’une centaine d’actions en justice contre l’administration. Ils ont souvent eu gain de cause. Les juges ont bloqué temporairement le gel des subventions publiques, le décret sur la suppression du droit du sol… Mais ils ont également perdu dans plusieurs cas. Ce n’est que le début d’une longue bataille judiciaire qui va se terminer devant la Cour suprême. Trump compte sur les juges républicains majoritaires pour statuer en sa faveur.En attendant, les sondages semblent signaler un commencement de désenchantement dans la population. Selon celui du Washington Post-Ipsos, 48 % des Américains désapprouvent l’action du président contre 43 % qui la soutiennent. Et 57 % estiment qu’il a outrepassé son autorité depuis son arrivée. Plusieurs élus républicains comme Richard McCormick en Géorgie, ont dû faire face, lors de réunions électorales, à des foules hargneuses qui leur reprochaient les coupes claires d’Elon Musk. A mesure que les effets des licenciements de fonctionnaires, des suppressions de subventions publiques et autres programmes d’assistance vont se faire sentir, la grogne pourrait s’amplifier. “Les gens se mettent à réaliser que le chaos n’est pas bénéfique pour le pays”, martèle le milliardaire Mark Cuban, hostile au président.



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Publish date : 2025-03-05 04:45:00

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