Il a réussi à être sobre pour se hisser à la hauteur du moment, ce qui ne relève pas du réflexe premier chez lui. Mais même s’il aspire à être président d’une “nouvelle ère”, Emmanuel Macron reste Emmanuel Macron. Mercredi soir, dans son adresse solennelle aux Français, de nouveau en première ligne, il fixe le cadre, définit la stratégie, pose les termes du débat. En cela il est complètement dans son rôle, chef de l’Etat, chef des armées. C’est ailleurs là que le bât blesse. Il doit aussi “veiller au respect de la Constitution”, selon l’article 5. Or une fois de plus, il s’assoit sur la loi fondamentale, une habitude voire une manie chez lui – demandez au Premier ministre d’alors, Gabriel Attal, aux présidents des Assemblée nationale et du Sénat, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher – s’ils ont eu l’impression d’être “consultés” avant l’annonce de la dissolution en 2024.Cette fois, c’est sur un autre point qu’Emmanuel Macron prend des libertés avec ce qui devrait pourtant l’obliger. “Sans que les impôts ne soient augmentés” : au nom de quel article de la Constitution le président de la République décide-t-il de la politique fiscale ? Il peut certes mettre en exergue le fameux article 40, inchangé depuis 1958, et qui précise : “Les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique.”Mais c’est tout. L’équation budgétaire ne lui appartient plus, elle appartient pleinement, et seulement, au gouvernement – à François Bayrou de trouver au Parlement une majorité qui lui permette d’aller au bout de ses projets. Ce jeudi matin, le Béarnais a précisé : “Nous ne laisserons aucun des problèmes du pays de côté. J’aurais l’occasion de m’exprimer dans les jours qui viennent sur les choix que le gouvernement a l’intention de porter.”Parler en dehors des clous, ou parler trop tôt”Lorsque le Parlement vote une loi, je deviens un notaire”, disait en son temps François Mitterrand, qui n’était pourtant pas du genre à abandonner la moindre parcelle de son pouvoir. Si Emmanuel Macron a bien une responsabilité, c’est celle de ne pas cannibaliser le vrai débat sur l’effort budgétaire qui s’impose désormais au pays.Parler en dehors des clous, ou parler trop tôt : qu’il est difficile pour Emmanuel Macron d’échapper à Emmanuel Macron. En début de semaine, Londres est obligé de démentir Paris : le dimanche, le président français annonce au Figaro proposer un mois de trêve en Ukraine “dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques”, en concertation avec Keir Starmer. Obsession incontrôlable de tirer la couverture à lui, goût illimité pour la mise en scène ? Il évoque publiquement ce point… avant même d’avoir échangé avec le chef du gouvernement britannique. Le lendemain, le secrétaire d’Etat britannique aux Forces armées affirme que les deux pays ne se sont pas mis d’accord sur une proposition de trêve d’un mois en Ukraine : “Il n’y a pas d’accord sur ce à quoi ressemblerait une trêve.”Ainsi est ce président. “Il faut donner de la puissance à celui qui parle au nom des Français, même s’il rend toujours les choses compliquées”, constate en privé le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Heureusement, Emmanuel Macron ne se fixe plus comme objectif, comme il le faisait en 2020 lors de la crise du Covid, de “se réinventer, moi le premier”.
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Author : Eric Mandonnet
Publish date : 2025-03-06 15:38:00
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