Lucie Castets et le NFP écartés pour Matignon, Emmanuel Macron et son camp doivent désormais s’atteler à résoudre l’équation bien complexe qu’ils appellent de leur vœu : comment réussir à trouver une majorité allant d’une partie de la gauche jusqu’aux députés de droite ?Pour tenter de convaincre certains députés socialistes, un sujet est remis sur le devant de la scène par une partie du camp présidentiel : la réforme des retraites. Après son adoption très tendue à l’Assemblée nationale l’année dernière, certains cadres plaident pour un compromis et une réflexion sur ce point, comme amorce de discussion avec les autres groupes parlementaires. A commencer par celui qui n’avait jamais caché ses réserves quant à la manière dont la réforme avait été votée : François Bayrou. « La question des retraites a été mal posée. Les Français auraient dû être plus associés. Elle est améliorable avec les partenaires sociaux car, plus largement, la démocratie sociale, ceux qui représentent la société, devraient avoir plus de place dans notre débat démocratique », a insisté le patron du MoDem sur le plateau de Franceinfo ce mardi 27 août.Auprès des Echos, deux membres de l’aile gauche du parti présidentiel abondent en ce sens. « Il faudra se poser et faire une évaluation, il y a peut-être des améliorations à apporter », concède l’un. « On peut regarder des choses comme les carrières longues », confie un autre.L’abrogation, ligne rouge du camp présidentielUne chose est néanmoins certaine : l’abrogation pure et dure de la réforme est sans surprise une ligne rouge infranchissable pour le camp présidentiel. Comme le racontait L’Express, Emmanuel Macron semble fermement opposé à offrir cette victoire à la gauche ou au RN. « Si je la nomme [Lucie Castets], elle ou un représentant du NFP, ils abrogeront la réforme des retraites, ils augmenteront le Smic à 1 600 euros, les marchés financiers paniqueront et la France plongera », énonçait-il auprès d’un proche.Le camp présidentiel pourrait-il alors convaincre les voix de socialistes plus éloignés du Nouveau Front populaire, soucieux de trouver un compromis entre la retraite à 60 ans voulue par La France insoumise et la réforme actuelle ? Le chemin s’annonce étroit. Même la présidente socialiste de la région Occitanie Carole Delga, fervente opposante à Jean-Luc Mélenchon et qui s’est déclarée ouverte à revenir sur une partie du programme du NFP, a été claire, assurant vouloir « revenir à la retraite à 62 ans ».Un non-sujet, aux yeux de l’ex-président du groupe Renaissance à l’Assemblée, Sylvain Maillard. « On peut penser à des améliorations, j’attends les propositions des groupes parlementaires, mais elles devront se faire à coût zéro. Revenir à 62 ans, cela n’existe pas », a-t-il déclaré aux Echos.Les réalités de la nouvelle AssembléeUne autre voix pourrait compter dans cette potentielle nouvelle passe d’armes sur les retraites : celle du nouveau rapporteur général du Budget, Charles de Courson. Dans une lettre aux députés Ensemble pour la République (ex-Renaissance) révélée par Le Monde, celui qui avait porté la motion de censure qui avait échoué à neuf voix pour renverser le gouvernement Borne a réitéré son opposition à cette réforme. « Je pense qu’il faut des mesures incitatives, d’ailleurs proposées par le groupe Liot à la Première ministre de l’époque, pour encourager nos concitoyens à travailler plus longtemps. Par contre, j’ai combattu l’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite qui constitue une mesure socialement injuste ». Le député Liot s’est ainsi opposé à une irrecevabilité par défaut d’une éventuelle proposition de loi abrogeant la réforme des retraites, laissant ce jugement… au Bureau de l’Assemblée nationale, désormais passé en majorité à gauche.De quoi soulever le problème principal. Emmanuel Macron et son camp sont-ils encore en capacité d’imposer leur volonté dans cette Assemblée où leur majorité, même relative, n’est désormais plus qu’un très lointain souvenir ? Le constat arythmique est sans appel : ensemble, les voix des députés du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national sont amplement suffisantes pour voter une abrogation de la réforme des retraites. S’en suivrait ensuite sans doute une passe d’armes avec le Sénat, voire le prochain gouvernement, laissant planer une incertitude comme la France risque d’en connaître de nombreux dans les prochains mois.
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Publish date : 2024-08-30 15:24:21
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