Vladimir Poutine va-t-il remanier les postes gouvernementaux pour son cinquième mandat consécutif, qui débutera officiellement le 7 mai prochain ? C’est la question qui agite Moscou depuis plusieurs semaines, et ce alors que le vice-ministre de la Défense russe, Timour Ivanov, a été placé en détention provisoire le 23 avril, accusé d’avoir participé à une « association de malfaiteurs avec des tiers » pour recevoir des pots-de-vin « très importants » lors de l’exécution de contrats et de travaux de sous-traitance pour les besoins du ministère de la Défense.Selon quatre sources interrogées par Reuters en mars dernier, Vladimir Poutine chercherait en effet à nommer des personnes plus jeunes à des postes gouvernementaux élevés, mais aussi à la tête de grandes entreprises d’Etat, pour remplacer une élite jugée trop âgée.Outre l’actuel ministre de la Défense Sergueï Choïgou, en poste depuis 2012 – le record de longévité à cette fonction -, le gouvernement actuel comporte de nombreux membres très « expérimentés » : le ministre de l’Energie Nikolai Choulginov, 72 ans ; le ministre des Transports Vitaly Savelyev, 70 ans ; ou encore le vice-Premier ministre Yuri Trutnev, 68 ans. « À l’heure où la Russie mène une guerre contre l’Ukraine et a besoin de continuité, deux des sources ont déclaré qu’elles ne s’attendaient cependant pas à ce que Poutine change de ministre de la Défense et des Affaires étrangères », a indiqué l’agence de presse.Une hypothèse crédibleLe 2 mai, les médias russes ont pourtant longuement commenté la rencontre entre le président russe et le gouverneur de la région de Toula, Alexandre Dioumine. Ce dernier, intime de Poutine pour avoir été son garde du corps, a joué un rôle clef dans l’annexion de la Crimée il y a dix ans, en supervisant les opérations militaires en tant que membre des renseignements de la Russie (GRU). Son nom avait aussi été poussé par tous les nationalistes pour prendre le poste de ministre de la Défense en juin 2023, après la mutinerie ratée de Wagner et l’absence remarquée de Sergueï Choïgou des écrans radars pendant trois jours.Autre nom de la génération d’en dessous souvent évoqué : Vladimir Kirienko, le fils du numéro 2 de l’administration présidentielle, également président de Vkontakte, le « Facebook russe » utilisé par plus de 85 millions d’utilisateurs. Les spéculations tournent aussi autour de Boris Kovalchuk, 46 ans, fils du puissant homme d’affaires et ami de Poutine, Yuri Kovalchuk, après que le quotidien Kommersant a rapporté qu’il aurait prochainement de « plus grandes responsabilités ». Jusqu’en mars 2024, ce dernier dirigeait Inter RAO, une entreprise publique russe chargée de l’import-export de l’électricité dans le pays.L’hypothèse d’un remaniement plus jeune est d’autant plus crédible que certaines promotions ont déjà été remarquées. A l’image du redoutable Apti Alaudinov, général de division et commandant des troupes tchétchènes en Ukraine, nommé mi-avril chef adjoint à la direction du travail militaro-politique au ministère de la Défense. Ce mouvement a été perçu comme une nouvelle étape dans la mise sur orbite du favori du pouvoir à la succession de Ramzan Kadyrov, dirigeant la République tchétchène depuis 2007.Autre exemple au sein du gouvernement : le ministre de l’Agriculture, Dmitri Patrushev, âgé de 46 ans, fils de Nikolai Patrushev, 72 ans, secrétaire du Conseil de sécurité russe. L’administration présidentielle de Poutine a d’ailleurs lancé une série de programmes destinés à identifier et former une nouvelle génération de hauts dirigeants, qui comprennent une « liste de réserve » de 100 candidats, en cas de désistement de membres de « l’ancienne génération ».
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Publish date : 2024-05-04 17:01:53
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Russie : Poutine va-t-il rajeunir les cercles du pouvoir ?
