L’Express

Accord mondial sur les pandémies : pourquoi les négociations bloquent encore

Le chef de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, à Washington le 18 avril 2024




Ce traité ne peut plus attendre. À quelques jours de la date butoir du 10 mai, le chef de l’organisation mondiale de la Santé (OMS) implore les pays membres de conclure, enfin, l’accord sur la lutte contre les futures pandémies mondiales. « Donnez aux peuples du monde, aux peuples de vos pays, un avenir plus sûr. Je n’ai donc qu’une seule demande à formuler : s’il vous plaît, faites-le, pour eux », a lancé le Docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus aux diplomates réunis au siège de l’OMS à Genève, vendredi 3 mai.Depuis deux ans, les 194 pays de l’OMS planchent sur un projet de texte international contraignant pour empêcher que ne se reproduise une pandémie aussi violente que celle du Covid-19. Ou, au moins, pour être prêt lorsque la prochaine catastrophe sanitaire frappera le monde. Pour cela, le traité doit notamment permettre le transfert de technologie et de savoir-faire, et donner les financements et outils nécessaires aux pays en développement pour que les vaccins, tests et les médicaments puissent être produits sur leurs territoires.Le marathon des dernières négociations a été entamé lundi 29 avril, dans l’espoir de trouver un compromis avant le 10 mai. L’objectif est de parvenir à un texte prêt à adopter par l’assemblée annuelle des Etats membres de l’OMS, qui débute le 27 mai. Mais à mi-chemin dans les négociations, de nombreuses divergences subsistent.Garantir l’équité d’accès aux armes contre les virusLes pays 194 membres avaient déjà échoué une fois fin mars, la date butoir initiale pour trouver un accord. Les principaux différends tournent autour de l’équité dans l’accès aux données sur les nouveaux agents pathogènes, et sur l’accès aux vaccins et autres médicaments développés à partir de ces découvertes, leur distribution équitable et le partage des moyens de les produire.Les pays européens plaident pour que davantage d’argent soit investi dans la prévention et la surveillance des épidémies. Alors que la Chine est accusée par de nombreux spécialistes d’avoir trop tardé à partager, en décembre 2019, les informations sur la montée du Covid-19, les États-Unis réclament de leur côté la garantie d’un partage le plus rapide possible des données sur l’irruption de toute nouvelle maladie inconnue. Les pays africains et en développement réclament, eux, un partage du savoir-faire et la mise en place de processus leur permettant un accès équitable aux tests, aux vaccins et aux traitements.Aux côtés du groupe africain, une coalition pour l’équité tente de garantir que les pays en développement ne se retrouvent pas à nouveau laissés au bord de la route, comme ce fut le cas pendant le Covid. Le Système d’accès aux pathogènes et de partage des bénéfices (Pathogen Access and Benefit-Sharing, PABS), entériné par l’article 12 de l’accord, constitue le principal point de débat, monopolisant deux des cinq jours de négociations pour l’instant. Dès lundi 29 avril, les ministres de la Santé de l’Union africaine se sont engagés à obtenir « une sécurité juridique pour les utilisateurs et les prestataires » du PABS, et ont appelé à un mécanisme de financement international avec des nouveaux fonds, durables et substantiels.🧫Yesterday they discussed PABS (art. 12) all day. Sentiment was that it was “return to square 1.”

🗺Countries (eg. not Bureau) will come up with a consensus on text and bring it back to Plenary.

📝They did this on Workforce (art. 7) – 80 member states collaborated on text.— Nina Schwalbe (@nschwalbe) May 2, 2024L’article 12.3 contient l’offre la plus concrète de l’accord : 20 % des produits de santé liés à la pandémie seraient alloués à l’OMS pour être distribués – 10 % sous forme de don et 10 % au prix coûtant, rapporte « Health Policy Watch », l’association internationale indépendante de surveillance médicale. Cette mesure permettrait à l’OMS de redistribuer équitablement les ressources, sans biais électoral ou politique de la part des dirigeants de pays riches. Mais une question cruciale reste à trancher : les 20 % seront-ils le plafond ou le plancher ?Se concentrer sur les points d’accordLors de la dernière session, les négociateurs avaient été incapables de trouver un consensus face à un texte illisible, à force d’amendements. Afin d’être certain de produire rapidement un traité contraignant sur les points principaux, ils ont choisi, cette fois, de travailler sur un nouveau projet de texte édulcoré, en laissant les points les plus délicats qui seront débattus au cours des deux prochaines années. Les 37 articles du projet d’accord sont donc examinés à tour de rôle, les négociateurs des pays se répartissant en groupes de travail pour tenter de trouver un consensus.Les pays commencent à trouver des positions communes, a déclaré la coprésidente des pourparlers, Precious Matsoso, lors d’une conférence de presse vendredi 3 mai. Si les discussions sur certains articles du projet de texte « ont progressé de manière significative » il n’en reste pas moins que « la fenêtre de tir se referme », a-t-elle mis en garde. « Je sais que le processus a été difficile et parfois douloureux, et qu’il n’est pas terminé. Je sais que vous avez été tous amenés à faire des compromis que vous ne vouliez pas faire », a reconnu auprès des diplomates réunis le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.Les négociateurs pourraient être aiguillés par les nouvelles sur le front de l’épizootie de grippe aviaire qui refait des ravages depuis 2020. Le virus H5N1 a récemment infecté des troupeaux de vaches aux Etats-Unis. Une première. Si, pour l’heure, aucun cas de transmission d’humain à humain n’a été enregistré, la circulation intense du H5N1 et sa capacité à sauter d’une espèce à l’autre inquiètent fortement.



Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sante/accord-mondial-sur-les-pandemies-pourquoi-les-negociations-bloquent-encore-K7IB64ISCJFKZJHGFU7XSVW4VE/

Author :

Publish date : 2024-05-05 14:42:58

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .