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Transition électrique : pourquoi le secteur des VTC et des taxis doit être régulé, par Uber France

L'Etat a décidé de mettre fin à l'édition 2024 du "leasing social", dispositif permettant aux moins aisés d'accéder à une voiture électrique pour 100 euros par mois




La proposition de loi du député Damien Adam visant à accélérer le verdissement des flottes automobiles d’entreprises et par ricochet, celui des ménages, sera débattue mardi 30 avril à l’Assemblée nationale. A l’heure où le bashing anti-voiture électrique se déchaîne et que certains intérêts privés cherchent à dynamiter cette proposition de loi ambitieuse, il est fondamental que le régulateur fixe des seuils pour accélérer la transition vers l’électrique des entreprises. Uber est prêt à s’y soumettre mais est-ce le cas des autres plateformes de VTC et taxis ?Réconcilier fin du mois et fin du monde pour les ménagesNous assistons à un ralentissement inquiétant de l’équipement en véhicules électriques sur le nombre total des véhicules neufs en Europe : 11 % en janvier 2024 alors qu’ils représentaient 18,5 % en décembre 2023. Pire encore, en janvier 2024, on constate une inversion de tendance avec les ventes de voitures diesel qui sont repassées devant celles des électriques. Cela s’explique par des prix des véhicules électriques encore trop élevés pour les consommateurs mais aussi par les changements de cap brutaux comme l’illustrent les aides publiques qui diminuent comme peau de chagrin, en France et ailleurs en Europe.Or, lorsque des programmes rendent les prix de l’électrique plus accessibles, l’engouement des consommateurs est réel, comme en atteste le succès du plan de leasing social porté par le gouvernement. Alors, en attendant que les véhicules électriques deviennent plus abordables, le développement du marché de l’occasion est déterminant.Seulement 1,5 % des véhicules sont électriques sur le marché de l’occasion aujourd’hui [1]. Ce n’est qu’avec les entreprises que ce marché peut se développer, et ainsi accélérer le verdissement de l’ensemble du parc automobile français [2]. Les entreprises sont en effet à l’origine de la majorité des immatriculations de véhicules neufs chaque année [3] et consomment généralement un volume kilométrique supérieur à celui des particuliers : par exemple, les 100 000 VTC et Taxis qui circulent sur le territoire roulent en moyenne 250 kilomètres par jour, contre 50 kilomètres pour un particulier. Surtout, les entreprises renouvellent en moyenne tous les trois à quatre ans leur flotte automobile.Ces véhicules arrivent ensuite rapidement sur le marché de l’occasion pour les particuliers, devenant alors accessibles aux classes moyennes. L’opportunité de réconcilier enfin, fin du mois et fin du monde.La régulation, au service d’un choc de conversionPourtant, les rares politiques publiques existantes en faveur de l’électrification des flottes d’entreprises subissent en ce moment des reculades et des coups de boutoir, comme l’illustrent la fin brutale du bonus écologique pour les entreprises ou les récentes inflexions sur les Zones à faible émission.Le secteur du transport est responsable de 29 % des émissions de gaz à effet de serre [4] et le trafic routier à l’origine de nombreux polluants atmosphériques, notamment de plus de la moitié des émissions d’oxydes d’azote (NOx) [5]. Le rôle des flottes professionnelles est, dans ce cadre, primordial.Nous le voyons chez Uber, la mise en place d’un plan dédié, comprenant un investissement de 75 millions d’euros et la volonté d’atteindre 100 % de véhicules électriques en 2030, a permis d’accélérer la transition vers l’électrique. En les accompagnant avec les bons dispositifs, les chauffeurs indépendants utilisant Uber passent à l’électrique 7 fois plus vite que le grand public. Et lorsqu’un chauffeur commence à utiliser un véhicule électrique, il réalise jusqu’à quatre fois plus d’économies en termes d’émissions que les automobilistes ordinaires. Par ailleurs, 90 % des chauffeurs passés à l’électrique se disent satisfaits de leur choix, preuve que ce véhicule est tout à fait adapté aux professionnels [6].La proposition de loi Adam prévoit une trajectoire ambitieuse mais réaliste d’électrification pour les flottes professionnelles – 20 % en 2025 pour atteindre 90 % en 2032 – et des sanctions financières. Le secteur du transport particulier de personnes (T3P), dont relève Uber ainsi que les autres plateformes de VTC et les taxis, a besoin de ce choc de conversion. Aucun autre acteur VTC ou taxi en dehors d’Uber ne s’est concrètement donné les moyens de sortir du thermique, et la transition électrique est au point mort.Pourtant, cette proposition de loi a connu un coup d’arrêt sérieux. A la surprise générale, les centrales de réservation taxi et VTC ont été retirées de son champ d’application lors du débat en Commission développement durable le 9 avril. Le sujet n’a pas été abordé et l’amendement tout bonnement retiré du texte après la séance, semble-t-il à la demande d’autres acteurs VTC et taxi, révélant là le gouffre entre leurs discours et la réalité de leurs pratiques en matière d’électrification.Nous appelons de nos vœux l’ensemble des acteurs impliqués à se mobiliser pour soutenir la proposition de loi et réintroduire les centrales de taxis/VTC lors de son examen en séance publique le 30 avril. Et nous réitérons avec force un message simple : les entreprises engagées dans la transition électrique, et qui sont déterminées à agir, ont besoin du régulateur pour accélérer le verdissement de l’ensemble du parc automobile professionnel.Laureline Serieys est General Manager pour Uber en France.[1] Modélisation T & E sur l’impact de la PPL Adam sur le marché de l’électrique[2] Idem[3] Ibidem[4] D’après le Citepa, Les données d’émission de polluants et de GES[5] D’après Airparif, Les différents polluants et leur évolution[6] Etude interne Uber auprès de 500 chauffeurs en janvier 2024



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Publish date : 2024-04-29 18:10:00

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