L’Express

JO 2024 : les généreux salaires du Comité d’organisation révélés dans un document confidentiel

Une médaille d'or distribuée lors des JO de Paris l'été prochain.




C’est une petite musique qui commence à monter et qui pourrait bien finir par ternir un peu la fête. L’Express l’a déjà révélé dans ses colonnes : le vrai coût des JO sera sans doute très supérieur à ce qui était initialement estimé dans le projet de candidature. Mais voilà qu’une nouvelle polémique financière enfle. Celle des rémunérations très confortables des responsables du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop).En janvier, le Parquet national financier a ouvert une enquête sur les conditions de rémunération du président du Cojop, Tony Estanguet. En tant que président d’une association, l’ex-champion ne pouvait pas avoir de statut de salarié. Il est donc payé sous forme de factures. Rien que sur l’année 2022, il aurait perçu près de 239 328 euros net, auxquels s’ajoute une part variable de 47 387 euros, soit un total de 286 715 euros net.Mais le problème des salaires dépasse largement celui du seul président du Cojop. Et ce sujet a régulièrement été épinglé par les limiers de la Cour des comptes, chargés de passer au peigne fin toutes les dépenses des organisateurs. Dans un prérapport daté du 2 mars 2021 que nous avons pu consulter mais qui n’a jamais été rendu public, nous pouvons ainsi lire : « En pratique, le salaire fixe minimum versé aux directeurs est de 120 000 euros brut annuels, et la moyenne des rémunérations versées aux membres de l’équipe de direction est de 162 823 euros. Parmi ceux-ci, huit proviennent du GIP, le groupement d’intérêt public chargé de piloter le dossier de candidature – et ont bénéficié d’une augmentation de salaire de 40 % en moyenne. Outre les directeurs, huit seniors managers ont des rémunérations supérieures à 100 000 euros. Les niveaux de rémunérations retenus par le Cojop sont très sensiblement supérieurs à ceux constatés en moyenne dans le secteur privé. »Une prime difficile à justifierDans ce même document, les auditeurs de la Rue Cambon s’étonnent également des largesses des éléments de rémunération variables ainsi que de l’existence d’une prime de « rétention », sorte de prime de précarité. Un bonus justifié selon les organisateurs de Paris 2024 par la nécessité de motiver le personnel à rester jusqu’à l’issue des Jeux. Argument auquel les experts de la Cour rétorquent : « Le principe d’une telle prime, qui augmente sensiblement pour les directeurs, directeurs exécutifs […] paraît justifié pour assurer la stabilité du personnel du Cojop. La Cour observe que son application au président et au directeur général dont il semble difficilement concevable qu’ils abandonnent leurs fonctions avant la fin des Jeux interroge davantage. » En attendant, le cumul de la part variable et de la fameuse prime de rétention augmente la rémunération brute annuelle des heureux bénéficiaires de près de 30 %…Une addition de cadeaux qui finit par être salée. Dans le budget du Cojop, la ligne affectée aux ressources humaines a sérieusement dérapé au fil des années : un bond de 31,3 % entre l’estimation de 2018 et les derniers chiffres, d’après un autre rapport de la Cour datant de juin 2023. Difficile dans ces conditions de faire « avaler » aux Français le récit selon lequel les JO de Paris 2024 seraient les plus économes de l’histoire…



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/politique-economique/jo-2024-les-genereux-salaires-du-comite-dorganisation-reveles-dans-un-document-confidentiel-TNQRBNI55NFDHOK4VAW4Y7HNIE/

Author : Béatrice Mathieu

Publish date : 2024-03-29 18:00:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express

385 648 323 663 502105   496290   507470   480361   545403