« L’homme dont Poutine ne veut pas dire le nom. » C’est ainsi qu’est nommé l’opposant russe Alexeï Navalny, mort en prison ce vendredi 16 février, dans un article du quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (conservateur). Des manifestations aux têtes-à-têtes avec son épouse, Iulia Navalnayan, en passant par ses derniers instants dans sa cellule, le quotidien retrace dans un diaporama les moments marquants de la vie de l’ennemi numéro 1 du Kremlin.A l’instar de ce quotidien allemand, nombreux sont les médias étrangers qui rendent hommage au prisonnier, tout en soulignant l’hypocrisie du gouvernement russe, qui nie toute responsabilité. Ainsi, le journal néerlandais NRC (libéral) évoque, dans son titre, un « martyr moderne qui a combattu le Kremlin envers et contre tout ».La correspondante en Russie du quotidien ajoute que l’activiste « a fini par payer son opposition de sa vie ». De par ses accusations sans relâche de la répression et la corruption du régime de Poutine, Alexeï Navalny était considéré comme une véritable cible par le maître du Kremlin.En témoigne sa condamnation, en 2021, à 19 ans de prison pour « extrémisme ». Dans le portrait qu’il lui consacre, le journal italien Corriere della Sera (centre-droit) rappelle que « Navalny était entre les mains de ses ennemis jurés, qui avaient tenté de l’éliminer plusieurs fois ». Prisonnier ou libre, l’opposant demeurait une « épine » dans le pied de Poutine, affirme The Times, alors qu’il « suppliait les Russes de ne pas abandonner ou de céder à leurs craintes ».Conditions de détention inhumainesAlexeï Navalny était, « jusqu’à ce que le Kremlin réussisse à le faire taire », le « critique le plus franc et le plus le plus connu de Vladimir Poutine et qui a survécu à plusieurs attaques contre sa vie », précise le quotidien espagnol El País (centre gauche). Le journal fait notamment référence à l’empoisonnement par un agent neurotoxique dont il avait été victime en 2020 en Sibérie – et auquel il avait survécu de justesse. »Le but était d’enterrer le dissident », insiste le journal ibérique. D’autant que, depuis son emprisonnement en 2021 dans la colonie pénitentiaire n°2 de Pokrov, Alexeï Navalny se plaignait des conditions inhumaines de détention. Le quotidien indien et anglophone The Hindustan Times (conservateur) revient notamment sur ces conditions particulièrement dures. « Il a informé le tribunal d’une limite de 10 minutes pour manger dans la prison », révèle notamment le journal.Navalny était en effet « soumis au régime d’isolement le plus dur du système pénitentiaire russe ». « Une ‘niche de chien froide et humide, sans aération’, comme il l’avait lui-même décrite », confirme la correspondante en Russie du journal NRC. Et de s’insurger : « Combien d’attentats, de supplices et d’humiliations une personne peut-elle supporter ? Beaucoup, d’après ce qu’a démontré le politicien et activiste russe Alexeï Navalny. »Longue liste de dissidents assassinésSelon les services pénitentiaires russes (FSIN), ce dernier « s’est senti mal après une promenade et a presque immédiatement perdu connaissance ». Cependant, « il est peu probable que l’enquête officielle fasse la lumière sur sa mort brutale », regrette The Guardian.Le journal britannique rappelle que Navalny est « le dernier d’une longue lignée de critiques et de dissidents dont la vie a pris fin prématurément, au pays ou à l’étranger ». Anna Politkovskaia, la journaliste assassinée en 2006, Evgueni Prigojine, le chef du groupe Wagner mort à la suite de la chute suspecte de son avion en août 2023… La liste est longue, comme le souligne également le quotidien argentin La Nación (conservateur). »En plus de ces opposants, la liste des victimes de Poutine comprend 39 autres personnalités d’origines diverses – oligarques, fonctionnaires, espions, militaires ou hommes d’affaires – qui sont mortes dans des circonstances étranges au cours des deux dernières années après avoir critiqué l’intervention russe en Ukraine », ajoute le journal basé à Buenos Aires.
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Publish date : 2024-02-17 13:34:45
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« Un martyr moderne » : la mort d’Alexeï Navalny vue par la presse étrangère
