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EN DIRECT. Le Hezbollah dit avoir visé une base du renseignement militaire israélien près de Tel-Aviv

Des portraits d'Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah tué fin septembre dans un raid israélien dans la banlieue sud de Beyrouth, dans ce quartier déserté, le 5 octobre 2024

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Un an après, des dirigeants, notamment occidentaux, ont redit lundi leur « horreur » au souvenir des attaques « atroces » commises par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023 et leur attachement à la paix. D’Amsterdam à Tokyo, en passant par Washington ou Ankara, de nombreuses déclarations ainsi que des rassemblements avec la communauté juive, mais aussi des manifestations pro-palestiniennes, ont marqué l’anniversaire de cette journée de massacres, la plus meurtrière dans l’histoire de l’Etat hébreu.Le président américain Joe Biden, dont le pays fournit des armes à Israël, s’est dit « totalement engagé » pour la « sécurité d’Israël », tout en concédant que le 7 octobre était aussi « une journée noire pour les Palestiniens ». En Europe, des cérémonies du souvenir associant des proches des victimes des attaques ont eu lieu à Paris, Varsovie, Madrid ou Bucarest. En France, le Premier ministre Michel Barnier a assisté lundi soir à un hommage organisé par la communauté juive. « Nous ne laisserons rien passer » et « nous continuerons à combattre l’antisémitisme par tous les moyens », a-t-il promis. « La douleur demeure aussi vive », avait souligné auparavant Emmanuel Macron.Les infos à retenir⇒ Des nouvelles frappes israéliennes contre la banlieue sud de Beyrouth⇒ Le Hezbollah dit avoir visé une base du renseignement militaire israélien près de Tel-Aviv⇒ Netanyahou promet aux Israéliens de continuer le combat06h30Le Hezbollah dit avoir visé une base du renseignement militaire israélien près de Tel-AvivLe Hezbollah libanais a annoncé lundi avoir tiré une salve de roquettes en direction de la principale base de renseignement militaire israélienne, Glilot, près de Tel-Aviv. Cette base du renseignement militaire abriterait aussi, selon des médias israéliens, le siège du Mossad, le renseignement extérieur israélien. Le mouvement islamiste pro-iranien avait déjà annoncé avoir visé cette base en août et en octobre. Il a notamment dédié cette attaque à son chef Hassan Nasrallah, tué fin septembre dans une frappe israélienne.07h00L’armée israélienne dit avoir intercepté « quelques » projectiles tirés du LibanL’armée israélienne a indiqué lundi soir avoir intercepté « quelques » projectiles sur un total d' »environ cinq tirés » à partir du Liban, les autres étant « tombés sur des zones inhabitées ». Vers 23h15, les sirènes d’alerte ont retenti dans de nombreuses localités du centre d’Israël, jusque dans le nord de la métropole de Tel-Aviv, selon la défense passive israélienne. L’armée a ensuite indiqué avoir identifié « environ cinq projectiles » tirés à partir du Liban et ayant pénétré dans l’espace aérien israélien.06h50Nouvelles frappes israéliennes contre la banlieue sud de BeyrouthL’agence officielle libanaise Ani a fait état de nouvelles frappes israéliennes lundi soir contre la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, pilonnée sans relâche depuis plusieurs jours. La banlieue sud « a été la cible de deux raids », a indiqué Ani, peu après un nouvel ordre d’évacuation lancé par l’armée israélienne aux habitants de certains secteurs de ce fief du Hezbollah, qui est la cible de bombardements depuis le 23 septembre.L’Ani a fait état d’une nouvelle frappe israélienne « violente » contre ce secteur. En début de soirée, l’agence avait rapporté six frappes successives, cette fois sans ordre d’évacuation préalable. Plus tôt lundi, une source de sécurité avait indiqué à l’AFP que l’armée de l’air israélienne avait mené une frappe près de l’aéroport international.06h40Washington réitère son appel envers Israël à épargner l’aéroport de BeyrouthLes Etats-Unis ont mis en garde lundi Israël contre toute atteinte à l’aéroport de Beyrouth ou les routes y menant, alors que l’armée israélienne mène d’intenses frappes contre le Hezbollah dans la banlieue sud de la capitale libanaise. « Nous jugeons important que non seulement l’aéroport reste ouvert mais que les routes y menant le restent aussi » afin notamment de permettre à ceux qui le souhaitent de quitter le Liban, a déclaré à la presse le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller.Les Etats-Unis affrètent depuis une semaine des vols quasi quotidiens pour faciliter le départ de leurs ressortissants et de leurs proches, en pleine escalade du conflit entre Israël et le Hezbollah.06h307-Octobre : Netanyahou promet aux Israéliens de continuer le combatLe Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a promis lundi soir à ses compatriotes de poursuivre le combat jusqu’à la réalisation des buts de guerre fixés par son gouvernement, dans un message télévisé diffusé au premier anniversaire de l’attaque du 7-Octobre. »Nous avons défini les buts de la guerre et nous sommes en train de les réaliser : renverser le Hamas [à Gaza], ramener tous les otages à la maison, les vivants comme les morts. Il s’agit d’une mission sacrée, nous ne nous arrêterons pas tant que nous ne l’aurons pas accomplie », a déclaré Benyamin Netanyahou. Le Premier ministre a cité au titre de cette même « mission sacrée » les deux autres buts de guerre fixés par l’exécutif : « éliminer toute menace future pour Israël en provenance de la bande de Gaza » et « faire revenir les habitants du sud et du nord [du pays] en sécurité dans leur maison ». « Nous continuerons à nous battre », a-t-il répété à plusieurs reprises, en énumérant ces buts. « Je n’abandonnerai pas », a-t-il dit à propos de la libération des otages. « Nous continuerons à nous battre et ensemble nous gagnerons », a-t-il ajouté. « La victoire garantit l’éternité », a-t-il encore déclaré.

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Publish date : 2024-10-08 07:30:44

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Un an après le 7 octobre : l’inversion des rôles dans les partis politiques

Un an après le 7 octobre : l’inversion des rôles dans les partis politiques

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Dans ce deuxième épisode de notre série, Mattias Corrasco, journaliste au service Politique de L’Express, nous raconte la bascule qui s’opère dans nos partis politiques depuis l’attaque du Hamas.RETROUVEZ TOUS LES EPISODES DE LA LOUPEÉcoutez cet épisode et abonnez-vous à La Loupe sur Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Google Podcasts, Podcast Addict et Amazon Music.Inscrivez-vous à notre newsletter.L’équipe : Charlotte Baris (présentation et écriture), Jules Krot (montage et réalisation)Crédits : TF1, BFMTV, France Inter, Blast, France 5, Line PressMusique et habillage : Emmanuel Herschon/Studio TorrentLogo : Jérémy CambourComment écouter un podcast ? Suivez le guide.Charlotte Baris : Nous sommes le dimanche 12 novembre 2023, la pluie vient de cesser et la foule commence à affluer sur l’esplanade des Invalides, à Paris. Depuis l’Assemblée nationale jusqu’au Sénat, une marche s’organise contre la montée de l’antisémitisme en France. Certains manifestants tiennent des drapeaux français à la main, mais aucun drapeau israélien.Bientôt, ils sont 105 000 à défiler dans les rues de la capitale. Les deux organisateurs, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, les présidents des deux chambres, sont là. A leurs côtés, Nicolas Sarkozy et François Hollande, des anciens Premiers ministres et plusieurs élus. Mais il y a un grand absent. Après quelques hésitations, Emmanuel Macron a décidé de ne pas se rendre au rassemblement.Le président de la République considère que sa place est ailleurs : il préfère écrire une lettre aux Français. Et l’extrême droite, elle, prend la lumière. Depuis le 7 octobre, le parti de Marine Le Pen profite des positions tranchées de la France insoumise pour continuer son travail de dédiabolisation. Comment l’attaque du 7 octobre a bouleversé le paysage politique français ? C’est ce qu’on vous raconte dans cet épisode.Pour aller plus loinAntisémitisme : 130 ans après Dreyfus, la France a-t-elle toujours quelque chose à dire au monde ?EXCLUSIF. L’antisémitisme au plus haut en France, un an après le 7 octobreElias d’Imzalène : ce qui a vraiment été dit en arabe le jour où il a dérapé, par Omar Youssef Souleimane

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Publish date : 2024-10-08 06:00:00

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Trois livres pour mieux comprendre comment investir

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Calculer les intérêts capitalisés sur un livret A pendant plusieurs années, mesurer l’impact de l’inflation sur ses placements, maîtriser les notions de risque et de rendement… Des compétences essentielles mais pas à la portée de tous, d’après une enquête internationale réalisée par l’OCDE sur la culture financière des adultes parue en décembre 2023. La France y a obtenu la note de 12,45/20 et se place à la 14e position sur 39 pays ayant participé à l’étude. Quant aux jeunes interrogés, la moitié seulement des 15-17 ans considère que les cryptomonnaies sont des placements risqués.Le moment est venu de se mettre à la page avec trois ouvrages sortis ces dernières semaines. Le Petit manuel d’éducation financière d’Anne-Claire Bennevault (éditions Deboeck Supérieur) revient sur les basiques en matière de finance et d’économie, pour déjouer notamment les arnaques des influenceurs. L’auteure connaît bien le sujet puisqu’elle a fondé la plateforme d’éducation financière Spak.L’ouvrage fourmille d’anecdotes éclairantes – le miracle de Wörgl, le Bonheur intérieur brut…- et de quiz permettant de vérifier ses connaissances. Par exemple, combien de mois de salaire est-il recommandé de consacrer à son épargne de précaution ?*Croquis ludiques ou roman initiatiqueDe son côté, Guillaume Simonin, le créateur de la plateforme Wizify, publie Le Guide visuel d’éducation financière (éditions Maxima). Il y décortique les principaux placements et livre ses conseils en matière de budget, de fiscalité et d’investissement, le tout agrémenté de croquis ludiques. Guillaume Simonin n’en est pas à son galop d’essai puisqu’il est aussi l’auteur des Feuilles volantes, diffusées avec succès sur les réseaux sociaux, qui passent au crible une thématique – l’impôt sur le revenu, la fiscalité immobilière, le fonds en euros… – en quelques schémas très simples.Tout ce qu’on ne t’a pas appris sur l’argent, d’Alix Willemez (éditions Maxima), se présente enfin sous la forme d’un roman initiatique, dans lequel le lecteur suit Mariam, une petite fille qui découvre les secrets de la finance au contact de Mme Beauregard. L’enseignement de ce mentor ne se limite pas à la bonne gestion d’une épargne personnelle. Mariam apprend aussi à générer des revenus passifs – une rente – et à s’émanciper financièrement en devenant entrepreneure.* La bonne réponse est trois à six mois de salaire.

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Publish date : 2024-10-06 11:00:00

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Pourquoi il faut lire l’essai décalé de Loïc Prigent sur les extravagances de la mode

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Prétendre interviewer Loïc Prigent pendant la Fashion Week de Paris est à peu près aussi illusoire que de vouloir arracher les confessions d’un cycliste du Tour de France en pleine ascension de l’Alpe d’Huez. Entre 12 défilés, le Hercule des backstages nous propose un coup de téléphone un samedi matin. Même au bout du rouleau, il garde son humour : « Vous parlez à des ruines… La Fashion Week, c’est parfois Kafka en froufrous. Hier, au défilé Mugler, ils ont mis pendant une heure trente une musique d’attente composée de trois notes – une véritable torture auditive. Juste après, au défilé Schiaparelli, on nous a annoncé un crescendo musical : vingt minutes d’une musique trop forte, saturée, insupportable. Ils avaient invité trop de monde, il faisait hyper chaud, j’avais la place d’une demi-fesse pour asseoir les deux miennes… Il faut une bonne résistance mentale dans ce milieu ! Heureusement, de temps en temps, vous êtes récompensé en voyant de belles choses – ou des choses tellement épouvantables que ça vous conforte dans votre système de valeurs. »Cela fait déjà trois décennies que Prigent, 51 ans, écume ce monde abracadabrant et le raconte sur différents supports – articles, documentaires, réseaux sociaux. Il avait déjà publié deux livres hilarants, « J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste » et « Passe-moi le champagne, j’ai un chat dans la gorge », des recueils des phrases les plus étonnantes entendues chez les fashionistas qui auraient enchanté Proust, Truman Capote ou le Bret Easton Ellis de Glamorama. Avec Mille milliards de rubans (Grasset), Prigent franchit une marche supplémentaire en se faisant historien de la mode, et en joignant le style au propos. Finesse de l’analyse, goût pour les néologismes inventifs, sens du burlesque : il y a plus de littérature dans cet essai décalé que dans 95 % des romans de la rentrée (statistique officielle transmise à L’Express par la Fédération de la Haute Couture et de la Mode).Pourquoi en revenir au livre quand on cartonne via des médias plus modernes ? « Pour pouvoir approfondir. La télévision demande de démontrer par l’image ce qu’on essaie d’expliquer, c’est parfois délicat. Le livre permet de digresser et d’être totalement hors budget, alors que chaque minute est comptée quand on travaille en télé. J’ai mené mon enquête pendant de longs mois, j’ai aimé cette liberté d’aller chercher des choses sans être limité par le temps ou l’argent. »Sand, Zola, Mallarmé…Le premier tome de Mille milliards de rubans couvre la période 1850-1912. La crinoline en est le vêtement phare, comme nous l’explique Prigent : « C’est la robe qui symbolise le plus la mode : tellement belle et tellement peu pratique à la fois. Il y a un écart beauté/inconfort qui confine à l’absurde. C’est une vue de l’esprit. Et je trouve charmant que toutes les strates de la société aient pu penser à un moment que c’était ce qu’il y avait de mieux… La mode est plus bizarre que la fiction. C’est impossible de l’imaginer, on passerait pour des scénaristes fous. » Il le dit différemment dans son livre : « La crinoline a cependant des avantages. Elle impose une oisiveté presque totale à celle qui la porte. Vaguement broder est possible. Vaguement lire George Sand. Ce n’est pas avec ça que le MLF va naître. »Sand revient à un autre moment de l’essai de Prigent, critiquant en ces termes les suiveuses de l’impératrice Eugénie : « Elle se moque d’elles, se dégoûte de ses parures quand elles s’en sont emparées et en invente d’autres que les maris payeront, il le faudra bien ! On dit que cela fait marcher le commerce. Pas du tout, cette marche est trop anormale pour ne pas engendrer la ruine. La mode changeant tous les mois par décret de cour, les produits non écoulés encombrent les fabriques ou tombent tout à coup à bas prix. » Anna Wintour n’aurait rien à ajouter quant à ce système de fuite en avant…Littérature toujours, Prigent évoque plusieurs fois La Curée de Zola, « un incroyable livre de mode qui, en 1871, décrit de manière très précise les excès de ce moment-là, et parle du couturier Worth, personnage central de mon propre livre ». Page 100, Prigent se penche sur le cas de Stéphane Mallarmé qui, en 1874, avait publié quelques numéros de La Dernière Mode, magazine dont il signait tous les articles sous différents pseudonymes (dont celui de « Madame Satin ») : « Personne ne le lit, ne l’a lu, ne le lira, mais la référence figure depuis dans absolument tous les mémoires de mode écrits par les étudiants en mal de justification de leur fascination chiffon. » Hilare à l’autre bout du fil, notre homme en remet une couche : « Ces numéros de La Dernière Mode, je les ai lus et non lus. Je veux dire : j’ai tenté de les lire. Au risque de vexer ou de hérisser les mallarméens, c’est de la poésie pré-surréaliste : une sorte de carapace de mots, compacte et imperméable. Mallarmé avait compris l’importance de Worth, mais quand il dit aimer la mode on ne comprend pas s’il est sincère ou dans la dérision. Une chose est sûre : le citer au premier degré, à mon sens, c’est du foutage de gueule. »Un œil sur TikTok et un autre sur sa bibliothèqueLes pérégrinations amusées de Loïc Prigent dans les arrière-cuisines de la mode ont commencé au milieu des années 1990 quand il était jeune pigiste à Libération. Qui étaient alors ses modèles ? « J’adulais Michel Cressole et lisais les autres plumes du journal : Marie Colmant, Anne Boulay et Gérard Lefort. Ils écrivaient sans complexes, y allaient à fond les ballons, avec culture et esprit. J’ai compris grâce à eux qu’on peut écrire de manière sérieuse tout en déconnant, en riant du capharnaüm qu’il y a autour des collections. » De l’eau a coulé sous les podiums. Devenu une référence dans son domaine, Prigent voit-il une nouvelle garde émerger ? « Tout à fait. Pas mal de gens sont apparus depuis 2020, une génération de trolls dont les regards s’affinent. C’est rigolo de démonter une collection, mais si on n’a pas vu telle référence, telle subtilité, on perd en crédibilité… On gagne des galons quand, après avoir tiré à boulets rouges sur untel ou untel, on prouve qu’on s’y connaît vraiment. Je suis surtout les comptes de Haute Le Mode (sur YouTube et TikTok) et Relax It’s Only Fashion, un styliste pour clientes riches. Quand tout le monde a adoré une collection, il arrive en disant avec flegme que ça n’ira à personne. » Ainsi est Prigent. Il a un œil sur TikTok et un autre sur sa bibliothèque, où trône L’Histoire du costume en Occident de François Boucher : « C’est lisible, pas du copier-coller, et je suis admiratif : l’auteur semble connaître l’évolution de la cravate année par année ! »Outre Worth et l’impératrice Eugénie, Mille milliards de rubans met à l’honneur Pauline de Metternich, it-girl avant l’heure. Prigent aimant faire des parallèles, on lui demande quels seraient leurs héritiers aujourd’hui : « Worth, plus qu’un créateur, était un commerçant de génie. Il a su connecter la mode avec les nouveaux outils de vente et de propagation de son époque et a, en ce sens, inventé l’industrie du luxe. Son équivalent actuel, c’est Bernard Arnault. L’impératrice Eugénie, c’est Kim Kardashian. Quant à Pauline de Metternich, c’est Aya Nakamura : elle a des bons mots, elle est drôle et inattendue, elle crée la polémique, elle fait rager les rageux… » Là-dessus, Prigent s’apprête à raccrocher pour une raison un brin snob : il doit filer au défilé Hermès. On lui souhaite de bien s’amuser. Il rit une dernière fois dans son téléphone : « Oui je sais ça fait chic de dire ça, mais attention, c’est aussi du boulot ! »Mille milliards de rubans, par Loïc Prigent, Grasset, 202 p., 19 €.

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Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld

Publish date : 2024-10-06 15:00:00

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Trump revient sur les lieux du crime, ce film d’horreur qui l’inspire, le pas de côté de Melania

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À moins d’un mois de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre, l’ancien président républicain Donald Trump et sa rivale démocrate Kamala Harris tentent de convaincre les indécis. La semaine a été marquée par le débat entre leurs potentiels vice-présidents : le démocrate Tim Walz et le républicain J.D. Vance, qui se sont affrontés dans un débat cordial autour des principales propositions des deux partis.Kamala Harris, qui est parvenue à s’assurer le soutien d’une partie des Républicains modérés, s’est notamment affichée cette semaine aux côtés de Liz Cheney à Ripon, en terre républicaine, espérant attirer les électeurs de centre droit. De son côté, Donald Trump multiplie encore les propositions populistes chocs : en meeting en Pennsylvanie, il a suggéré qu’une journée de déchaînement de violences pourrait être la solution pour éradiquer la criminalité. L’Express vous récapitule les événements de la semaine outre-atlantique.Le duel de la semaine : Walz contre VanceLe démocrate Tim Walz et le républicain J.D. Vance, colistiers respectifs de Kamala Harris et de Donald Trump, se sont affrontés mardi 1er octobre à New York sur les propositions phares de leur candidat. Contrastant avec les invectives lancées par les candidats à la présidence lors de leur propre duel, le débat s’est déroulé de manière ferme, mais courtoise, avec pour objectif de convaincre les électeurs indécis. L’avortement, l’économie et la crise au Moyen-Orient ont notamment dominé la confrontation.L’une des séquences les plus tendues de cette émission de 90 minutes a été consacrée à l’immigration. Tim Walz a accusé son rival républicain de « déshumaniser » les migrants en relayant la théorie mensongère selon laquelle des migrants haïtiens mangeraient des chats et des chiens, aussi reprise par Donald Trump. Le colistier du milliardaire républicain a quant à lui reproché aux démocrates d’avoir des positions « radicales » sur les interruptions volontaires de grossesse (IVG). Donald Trump ayant refusé d’affronter à nouveau Kamala Harris, ce face-à-face des colistiers pourrait bien être la dernière joute oratoire de la campagne entre les deux camps.L’événement de la semaine : l’ouragan Hélène s’invite dans la campagneL’ouragan Hélène, responsable de la mort de 130 personnes et de la disparition de 600 autres, et qui a touché la Floride, la Géorgie et la Caroline du Nord, s’est invité dans la campagne présidentielle américaine. La Géorgie et la Caroline du Nord font en effet partie des sept Etats pivot qui pourraient faire basculer l’élection présidentielle du 5 novembre.Donald Trump s’est ainsi rendu lundi à Valdosta, une commune sinistrée de Géorgie. Il s’est engagé à « apporter beaucoup de matériel de secours, et à demander à son ami Elon Musk, patron de SpaceX, de déployer son service d’internet par satellite Starlink dans la région. « L’Etat fédéral n’est pas réactif », a en effet fustigé sur place l’ancien président. Le président sortant Joe Biden a balayé les critiques des républicains sur sa gestion de la crise. La vice-présidente a quant à elle annulé des événements de campagne pour tenir, lundi, une réunion sur la catastrophe. Elle a annoncé qu’elle se rendrait sur place prochainement.Le symbole de la semaine : Donald Trump de retour sur les lieux du (presque) crimeSamedi 5 octobre, Donald Trump s’est rendu à Butler (Pennsylvanie), la ville dans laquelle il a échappé de peu, le 13 juillet, à une tentative d’assassinat en plein meeting. Un jeune homme avait en effet tiré sur l’ex-président, le blessant à l’oreille, tuant un sympathisant présent dans les gradins et en blessant deux autres – avant d’être lui-même tué par les services de sécurité. »Je ne cesserai jamais de me battre » a assuré fièrement le candidat à la Maison-Blanche. « Ces huit dernières années, ceux qui veulent nous arrêter m’ont calomnié, ont tenté de me destituer […] et, qui sait, même peut-être tenté de me tuer. Mais je n’ai jamais cessé de me battre pour vous et je ne cesserai jamais », a-t-il assuré à ses supporters. Le rassemblement s’est déroulé sous très haute sécurité.La prise de position de la semaine : Melania Trump défend l’IVGDans ses mémoires à paraître mardi 8 octobre, l’ex-Première dame Melania Trump n’hésite pas à se démarquer de son époux sur cette question clef de l’élection présidentielle américaine. « Il est impératif de garantir aux femmes l’autonomie de décider de leur préférence quant au fait d’avoir des enfants, en fonction de leurs convictions personnelles », écrit-elle dans des passages révélés par le Guardian.Son opinion, telle que rapportée par le quotidien britannique, diverge de celle de Donald Trump, qui considère que chaque État doit être libre de décider lui-même d’éventuelles restrictions concernant l’avortement. « Pourquoi quelqu’un d’autre que la femme elle-même aurait le pouvoir de déterminer ce qu’elle fait de son corps ? », écrit Melania Trump.La mauvaise idée de la semaine : une « journée de violences » pour en finir avec la criminalitéDonald Trump, lui encore, a suscité la polémique en début de semaine après un meeting en Pennsylvanie dans lequel il a suggéré que, pour mettre fin à la criminalité (encouragée par le supposé laxisme des démocrates), les États-Unis devraient autoriser « une journée vraiment violente », pendant laquelle les citoyens pourraient faire leur propre loi, sans risque de poursuite. « Le mot se répandra et [la criminalité] prendra fin immédiatement », a assuré Donald Trump, cité par The Guardian.Ces commentaires ont déclenché une vague de comparaisons avec la fiction cinématographique American Nightmare, un film d’horreur dystopique, sorti en 2013, dépeignant une Amérique à la criminalité incontrôlée, dans laquelle le parti radical nouvellement élu, « New Founding Fathers of America » (en français, « Les nouveaux pères fondateurs de l’Amérique ») donne ponctuellement l’autorisation de commettre des crimes de façon légale. « Nous savons que ses propos ont déjà inspiré des violences, notamment le 6 janvier, mais pas seulement… C’est une vision extraordinairement dangereuse de l’Amérique », a notamment critiqué sur la chaîne MSNBC le présentateur Jon Lemire.Les soutiens de la semaine : Liz Cheney et Bruce Springsteen rejoignent KamalaKamala Harris, la candidate démocrate, est parvenue cette semaine à user du soutien de personnalités non négligeables. Celui de la Républicaine Liz Cheney, d’abord, fille de l’ex-vice président Dick Cheney, qui s’est affichée jeudi 3 octobre à ses côtés à Ripon, lieu de naissance du Parti républicain en 1851. Elle a appelé les Américains à choisir le camp de « la vérité » plutôt que Donald Trump, qui martèle toujours le mensonge selon lequel l’élection de 2020 lui aurait été volée. Kamala Harris, qui mène une campagne centriste à destination des modérés, en a profité pour saluer cette figure de la droite américaine comme une véritable patriote. À 33 jours du scrutin de novembre, la vice-présidente et candidate démocrate espèrent que ce genre de soutiens pris au camp conservateur influence les rares indécis restants.Autre personnalité influente, cette fois-ci dans le milieu artistique, le chanteur de « Born to Run », Bruce Springsteen, a officiellement apporté son soutien à Kamala Harris, via une vidéo publiée jeudi sur Instagram, s’opposant dans le même temps à Donald Trump, le qualifiant de « candidat présidentiel le plus dangereux de [sa] vie ». Il y décrit l’élection à venir comme « l’une des plus importantes de l’histoire de la nation » américaine, et salue l’engagement de Harris et son colistier Tim Walz envers « la vision de l’Amérique sur laquelle [il] écrit régulièrement depuis 55 ans ». Le rocker du New Jersey est notamment un proche de Barack Obama.Le portrait de la semaine : Maya Harris, l’influente soeur de KamalaSœur unique de la candidate démocrate, elle dirige toutes ses campagnes depuis vingt ans. Extrêmement influente, marquée à gauche, exigeante voire autoritaire, Maya joue un rôle central pour comprendre Kamala Harris. Son portrait est à lire sur L’Express.L’analyse de la semaine : pourquoi tant de gens votent encore Trump ?Malgré les scandales et des sorties toujours plus outrancières, le candidat républicain séduit encore de nombreux Américains. Une situation surréaliste aux yeux de ses opposants. Mais pas forcément irrationnelle, à en croire l’analyse d’Alex Hinton, professeur émérite d’anthropologie à l’université Rutgers du New Jersey. Argent, immigration, crise identitaire : L’Express décrypte les raisons de ce phénomène qui perdure.

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Publish date : 2024-10-06 15:49:28

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Comment les Français juifs se protègent face à la montée de l’antisémitisme

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L’événement était prévu depuis des semaines. Le 8 septembre, les prestigieux salons Hoche, situés dans le VIIIe arrondissement de Paris, ont accueilli dans leurs locaux le 87e Salon israélien de l’investissement et de l’immobilier. Le rendez-vous, public et ouvert à tous, a été placé sous haute protection : des portiques de sécurité ont été installés dans le hall, tandis qu’une dizaine de camions de CRS étaient stationnés dans les rues adjacentes, afin d’éviter tout attroupement intempestif. Plus discrets, généralement habillés en civil, « une quinzaine de membres » du Service de protection de la communauté juive (SPCJ) étaient également mobilisés aux abords du lieu, selon un représentant de la communauté présent sur place. En appui des forces de l’ordre, ces bénévoles ont notamment pour mission de sécuriser les abords des bâtiments communautaires juifs, en repérant d’éventuels fauteurs de troubles ou comportements suspects.Depuis le 7 octobre, cette organisation privée qui se définit comme « apolitique et à but non lucratif », est plus mobilisée que jamais dans la communauté juive. « Il y a eu un réel changement d’échelle sur l’intensité de la menace. Nous n’avons pas d’autres choix que d’être acteurs de notre propre sécurité », lâche Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Alors que plus d’un millier d’actes antisémites ont été décomptés par le ministère de l’Intérieur et le SPCJ entre janvier et juillet 2024, le contexte sécuritaire angoisse la communauté juive dans son ensemble – et renforce son désir de s’autoprotéger. La tendance n’est pas nouvelle : le SPCJ a été fondé il y a plus de quarante ans, sous l’impulsion du Crif, du Fonds social juif unifié (FSJU) et des Consistoires, à la suite de l’attentat à la bombe de la rue Copernic en octobre 1980.L’organisation, dont les responsables de la communauté juive répètent qu’elle n’est « ni une milice, ni une police » et qui n’a jamais cessé d’exister, compte aujourd’hui une poignée de salariés et des dizaines de bénévoles partout en France, travaillant en étroite collaboration avec le ministère de l’Intérieur et les préfectures. « Ses membres sont notamment chargés de reconnaître ceux qui font partie de la communauté ou ceux qui seraient là pour des repérages. En cas de problème ou d’agression antisémite, n’importe qui peut également les appeler sur un numéro vert », résume Albert Elharrar, président de la communauté juive de Créteil. « Les membres du service connaissent les procédures, les bons numéros, les accès privilégiés pour joindre la police. Mieux vaut écouter leurs préconisations : s’ils vous disent de mettre un code d’accès devant telle synagogue, vous le faites », confie un autre représentant de la communauté juive, préférant garder l’anonymat.Pour le reste, difficile d’en savoir plus : par nature très discret et par souci de sécurité, le service ne communique ni sur le profil de ses membres, ni sur la formation de ces derniers. Présidé par Alexandre de Rothschild, PDG de la banque d’affaires Rothschild & Co, l’organisme serait intégralement financé par « des investisseurs privés », selon Yonathan Arfi. A commencer par la Fondation pour la mémoire de la Shoah, qui indique sur son site Internet être « le premier partenaire financier » du SPCJ. L’Etat participe bien à la sécurisation matérielle de certains bâtiments – le ministère de l’Intérieur indique à L’Express avoir investi plus de 4 millions d’euros en 2023 pour renforcer la sécurité des lieux de culte juifs -, mais « cela ne couvre pas le coût humain nécessaire à la surveillance de ces lieux », admet le président du Crif. A Créteil, Albert Elharrar se désespère ainsi de devoir « rajouter une ligne « vigiles » dans le budget de chaque conférence ou chaque rassemblement communautaire » organisé depuis le 7 octobre. « Heureusement qu’on peut compter sur les membres du SPCJ et les parents bénévoles qui s’occupent de surveiller les écoles. Beaucoup se sont manifestés depuis le 7 octobre pour apporter leur aide », salue-t-il.Plateforme de signalementAu-delà de l’encadrement très formel du SPCJ, de nombreux Français juifs tentent également d’apporter une réponse individuelle à la montée de l’antisémitisme dans l’Hexagone. Moché Lewin, rabbin de la synagogue du Raincy (Seine-Saint-Denis), a ainsi découvert avec surprise la création de « mezouzot invisibles », spécialement conçues pour se caler discrètement dans le chambranle des portes d’entrée – cet objet de culte juif, traditionnellement apposé à l’entrée des habitations, avait été retiré par « 1 personne sur 5 » depuis le 7 octobre, par peur de représailles ou d’agressions, selon une étude réalisée par l’Ifop et l’American Jewish Committee France en mai 2024. L’homme a également reçu plusieurs demandes de formation au krav-maga de la part de « fidèles ou de parents d’élèves inquiets », et d’innombrables sollicitations de familles désireuses de déplacer leurs enfants dans une école juive, par crainte « d’agressions antisémites » dans le public.D’autres, comme Stéphane Zibi, préfèrent passer par la communication pour tenter de lutter contre les idées antisémites. En novembre dernier, l’homme a monté le collectif « Diaspora défense forces », qui vise à « combattre la désinformation et défendre l’image de la communauté juive » en France, par l’organisation de conférences ou la mise en place d’outils en ligne – sa plateforme permettant le signalement d’actes antisémites à l’école aurait par exemple déjà recueilli une « quarantaine » de signalements. Pour répondre aux craintes spécifiques d’une partie de la communauté juive concernant ses déplacements, Stéphane Zibi évoque également la création – validée par le SPCJ – d’un « réseau d’environ 120 chauffeurs de taxi », accessible via un numéro de téléphone spécifique, comprenant un « entretien en FaceTime » et la « vérification de la carte d’identité des clients ».Dans la même veine, une association sobrement baptisée « Service de protection médicale » a également été créée par des volontaires médecins ou paramédicaux membres de la communauté juive. Présents lors des événements communautaires, ces bénévoles s’occupent de former les participants aux gestes de premiers secours et garantissent une prise en charge médicale rapide en cas d’attaque. Joint par L’Express, l’un des médecins fondateurs de l’association – qui préfère garder l’anonymat – évoque « les menaces d’attentat sur la communauté juive » et les « cibles vivantes » que sont devenus les Français juifs depuis le 7 octobre. A l’approche de l’anniversaire des attaques du Hamas en Israël, l’inquiétude est palpable au sein de la communauté. « Nous avons conscience que c’est un mois à très haut risque », soupire Yonathan Arfi.

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Source link : https://www.lexpress.fr/societe/comment-les-juifs-de-france-se-protegent-face-a-la-montee-de-lantisemitisme-GCF3DBNUP5D4FNNL5IGIUVHEXI/

Author : Céline Delbecque

Publish date : 2024-10-06 17:00:00

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L’Express

« Pour que l’Ukraine survive… » : l’appel de deux diplomates américains à changer de stratégie face à Poutine

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On les a taxés de défaitistes et même d’idiots utiles de Moscou. Richard Haass et Charles Kupchan ont défrayé la chronique l’année dernière quand NBC News a révélé les négociations que ces deux diplomates américains chevronnés menaient dans le plus grand secret avec Moscou… Jusqu’à rencontrer le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov à New York, en avril 2023.A Washington, Richard Haass et Charles Kupchan sont des visages connus de la politique étrangère : le premier a été l’assistant spécial de George Bush père en pleine guerre du Golfe, conseiller du secrétaire d’Etat Colin Powell et « coordinateur pour le futur de l’Afghanistan » auprès de George W. Bush. Le second a murmuré à l’oreille de Barack Obama au sein du Conseil national de sécurité entre 2014 et 2017, après avoir officié dans l’administration de Bill Clinton.Depuis des mois, ils appellent en chœur la Maison-Blanche et ses alliés à changer de stratégie vis-à-vis de l’Ukraine, tout en poursuivant le soutien militaire et financier indispensable à la survie de cet Etat agressé par la Russie. « Certains nous voient comme des vendus à la cause de Poutine. En réalité, nous sommes les vrais amis de l’Ukraine », se défendent ces deux experts, pour qui il est temps d’admettre « l’inconfortable réalité » : l’Ukraine est en train de perdre la bataille. Entretien croisé.L’Express : Comment décririez-vous la situation actuelle de l’Ukraine ?Charles Kupchan : Soyons clairs, elle n’est pas bonne. Le discours que l’on entend aux Etats-Unis et dans de nombreux pays européens est en contradiction avec les réalités du terrain. D’une part, sur le champ de bataille, où la Russie a actuellement l’avantage et continue de gagner du terrain dans le Donbass, en cherchant à atteindre les frontières des oblasts de Louhansk et de Donetsk. D’autre part, sur le plan politique, l’Ukraine est dans une situation précaire, son économie souffre et le président Zelensky vient de procéder à un remaniement gouvernemental massif. La stabilité politique de l’Ukraine ne sera certainement pas éternelle. Enfin, le spectre d’un affaiblissement du soutien occidental à l’Ukraine plane des deux côtés de l’Atlantique. Aux Etats-Unis, républicains et démocrates sont divisés sur ce sujet. En Europe, les récentes élections, notamment en Autriche et en Allemagne, indiquent un soutien croissant à des partis hostiles à l’aide apportée à Kiev.Richard Haass : Rappelons tout de même qu’avant d’arriver dans cette impasse, l’Ukraine a combattu la Russie pendant deux ans et demi. Peu de gens auraient prédit une telle endurance. Mais les tendances qu’évoque Charles sont malheureusement correctes et une grande question demeure quant à l’issue des élections américaines, non seulement la présidentielle, mais aussi le vote pour la Chambre des représentants et le Sénat, qui détermineront le sort du soutien militaire américain à long terme. En dépit de cette mauvaise trajectoire, il n’y a pas vraiment de débat pour formuler une nouvelle stratégie occidentale.C. K. : Je voudrais clarifier une chose : malgré cette situation alarmante, je suis pour un soutien accru à l’Ukraine, afin de lui donner toutes les capacités de se défendre. Simplement, nous devons regarder la réalité en face pour prendre les bonnes décisions.Voulez-vous dire que cette guerre n’est pas gagnable ?R. H. : Les gens parlent à tort et à travers de « victoire », sans en définir les termes. La question de savoir si la guerre est gagnable dépend de cette définition. Si par « victoire », on entend que l’Ukraine reprenne les territoires perdus depuis 1991, effectivement cette guerre n’est pas gagnable.Toutefois, il est possible de concevoir des objectifs plus réalisables pour que l’Ukraine survive en tant que pays indépendant et viable. Elle doit garder la possibilité de récupérer son territoire ultérieurement, par d’autres moyens. Cela nécessite un engagement clair des Etats-Unis et des Européens envers Kiev, une assistance militaire et économique, afin de persuader monsieur Poutine qu’il ne peut pas gagner la guerre selon ses termes, qu’il ne pourra pas anéantir l’Ukraine indépendante.C.K. : En outre, nos dirigeants doivent impérativement avoir une conversation honnête avec leurs citoyens. Si nous continuons à utiliser des termes comme « gagner » sans les définir, la plupart des gens penseront que l’Ukraine peut vaincre la Russie. Cela suscitera de fausses attentes et placera nos dirigeants en situation vulnérable. Parce que nous vivons dans des sociétés démocratiques, nous devons être honnêtes avec nos concitoyens et tendre vers un objectif à la fois souhaitable et réalisable.R. H. : Si nous ne le faisons pas, nous servons sur un plateau un argument aux opposants à l’aide à l’Ukraine, qui s’empresseront de dire : « Pourquoi devrions-nous gaspiller de l’argent au nom d’une politique qui ne peut pas réussir ? Alors supprimons l’aide ! »Le président tchèque Petr Pavel, ancien général de l’OTAN et fervent supporter de l’Ukraine, a déclaré dans une interview au New York Times : « L’Ukraine doit être réaliste quant à ses objectifs. » Un signe que l’opinion occidentale évolue dans cette direction ?R.H. : Ce que le président tchèque a dit en public correspond à ce que beaucoup d’autres disent en privé. Le problème, c’est qu’il est devenu difficile d’être intellectuellement honnête lorsque l’on parle de cette guerre. Charles et moi-même en avons fait les frais. On nous a traités de défaitistes, de vendus à Moscou… Mais en privé, beaucoup de gens, y compris en Ukraine, sont d’accord avec nous. Je le répète, pour lever toute ambiguïté : il est essentiel que l’Ukraine réussisse et que la Russie échoue à mettre son voisin sous sa coupe.Vous avez tous les deux participé à des efforts de diplomatie parallèle pour engager un dialogue avec Moscou. Vous avez même rencontré le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en avril 2023. De quoi avez-vous parlé ? Ce canal demeure-t-il ouvert ?C. K. : La rencontre a eu lieu à New York. Nous avons eu une discussion générale sur la guerre de la Russie contre l’Ukraine, en abordant les aspects militaires et diplomatiques du conflit. Je n’ai pas participé à d’autres conversations avec monsieur Lavrov. En revanche, je continue à participer à divers formats dits « Track 2 » [NDLR : de diplomatie parallèle] dans lesquels des experts russes (et non des fonctionnaires) sont parfois présents.Le nouveau ministre des Affaires étrangères ukrainien, Andrii Sybiha, aurait échangé en privé avec ses homologues occidentaux sur des solutions de compromis potentielles avec Moscou. Qu’en pensez-vous ?C.K. : Un rééquilibrage semble en cours, on entend désormais parler de diplomatie chez les plus hauts responsables ukrainiens. Après le sommet pour la paix en Ukraine cet été, en Suisse, Volodymyr Zelensky a dit que des « représentants russes » devraient être présents au prochain sommet. Avant l’incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk, un dialogue était en cours pour la réouverture de corridors de navigation sur la mer Noire ; une réunion était prévue au Qatar, au cours de laquelle les Ukrainiens et les Russes allaient discuter de l’interdiction des frappes sur les infrastructures civiles. Bref, les Ukrainiens tâtent le terrain diplomatique, mais nous ne sommes qu’aux premiers stades de ce processus.La dure et froide réalité poussera le prochain président des Etats-Unis à chercher une issue diplomatique en Ukraine.Charles KupchanUne chose me paraît évidente : quel que soit le vainqueur des élections américaines, qu’il s’agisse de Kamala Harris ou de Donald Trump, la dure et froide réalité poussera le prochain président américain à chercher une issue diplomatique. Si Trump gagne, l’Ukraine a des raisons de s’inquiéter, car lui et son colistier J.D. Vance ont déclaré qu’ils n’avaient pas l’intention de fournir le type d’aide dont l’Ukraine a besoin. Cela reste toutefois à démontrer. En effet, je ne pense pas que Trump veuille que l’on se souvienne de lui comme du président américain qui a perdu l’Ukraine. Par conséquent, même s’il essayait de négocier une sortie de crise, il serait obligé de continuer à aider l’Ukraine.R.H. : Je crois également qu’en 2025, il y aura de la diplomatie dans l’air. Selon l’issue de la présidentielle américaine, les termes du dialogue différeront : quelles sont les politiques qui doivent être mises en place pour avoir une influence sur le champ de bataille ? Quelles garanties poser en vue d’un accord potentiel ?Vous évoquez la nécessité de définir des objectifs réalisables. Qu’est-ce qu’un objectif réalisable pour les deux parties ?R. H. : D’abord, il faut faire la distinction entre les objectifs à court terme et à long terme, autrement dit entre un cessez-le-feu et la paix. La paix ne sera pas à l’ordre du jour dans un futur proche. Cet objectif est trop ambitieux, car la paix implique un accord final de toutes les parties sur toutes les conditions territoriales et autres. Nous en sommes très loin. La vraie question est plutôt la suivante : les deux parties peuvent-elles accepter un arrangement temporaire, un armistice, un cessez-le-feu… ?Et quelles sont les conditions de cet accord dans lequel ni Kiev ni Moscou ne devront renoncer à leurs objectifs de long terme ? Si l’on parvenait à reporter l’accord sur un statut final pour se concentrer sur des arrangements temporaires, alors oui, je pense qu’il serait possible de définir les contours de ce dialogue. C’est un objectif ambitieux mais pas irréaliste.C.K. : Il me semble que le plus réaliste serait un cessez-le-feu en l’état, de sorte qu’aucune des deux parties n’ait à se retirer ni à céder davantage de territoire. Un gel du conflit. Puis, il faudrait fournir à l’Ukraine l’assistance militaire et économique nécessaire pour se défendre et maintenir sa souveraineté, son indépendance sur le long terme. Cela nécessitera de provisionner une aide pendant une longue période. Evidemment, les Ukrainiens ont toutes les raisons de douter des engagements des Russes. Le meilleur moyen de s’assurer que Poutine ne recommencera pas est de l’en empêcher en fortifiant la ligne de contact et en donnant à Kiev les moyens de se défendre.Cela signifie que l’Ukraine renoncerait à 20 % de son territoire dans l’immédiat… Zelensky a maintes fois rejeté ce scénario. Comment résolvez-vous cette équation ?R.H. : Personne ne devrait demander à l’Ukraine de renoncer à ses revendications à long terme. Tout ce dont nous parlons, c’est d’un arrangement temporaire pour arrêter les combats. Je comprends les arguments contre, ce scénario n’est pas parfait, il vaudrait mieux revenir aux frontières de 1991, avoir une paix équitable. Malheureusement, imaginer une situation idéale ne nous aide pas à avancer, il s’agit plutôt de tendre vers une situation meilleure et réalisable. Poutine comme Zelensky devront « vendre » cet accord à leurs peuples, car aucun des deux n’obtiendra tout ce qu’il veut. Si nous voulons obtenir un cessez-le-feu, arrêter les combats et les tueries, il faut que chaque partie ait quelque chose à offrir à son propre public.C.K. : Il n’empêche qu’en vertu des principes du droit international, toutes les parties devront travailler à la restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine à la table des négociations. Il faut faire preuve de patience. Il ne s’agit pas de reconnaître le Donbass et la Crimée comme faisant partie de la Russie mais plutôt d’accepter d’être en désaccord pour obtenir une cessation des combats.C’est ce qu’a accepté l’Ukraine en 2014 et nous avons vu les résultats…R.H. : A une différence majeure : cette fois, l’Ukraine continuerait à muscler sa propre défense, ce qu’elle n’a pas fait avant et après 2014. Et l’Occident lui offrirait de vraies garanties de sécurité. S’il y a bien une leçon à tirer de 2014 et 2022, c’est qu’il ne faut pas faire confiance aux Russes. L’Ukraine doit rester forte, tout comme ses alliés. Cet accord s’appuierait sur ces douloureuses leçons de l’Histoire.C.K. : Nous devons faire preuve de créativité pour nous assurer que la nouvelle ligne de front sera plus robuste que celle de 2014. Cela implique une mission de surveillance plus sérieuse, le recul de l’infanterie lourde plus loin de la ligne de démarcation. Par ailleurs, la présence de troupes occidentales sur cette ligne ne me paraît pas inconcevable. Les Polonais, les Estoniens ou les Britanniques souhaiteraient peut-être jouer un rôle de maintien de la paix.Y a-t-il des exemples historiques qui pourraient servir de base à un futur accord entre Russes et Ukrainiens ?R.H. : Je pense d’abord à la péninsule coréenne : un armistice y est en vigueur depuis 1953 entre les deux Corées, mais le « statut final » n’est toujours pas résolu. Le cas de Chypre est également intéressant. Depuis le début des années 1970, il n’y a pas de règlement juridique ni de « paix » à proprement parler, mais les armes se sont tues, les gens vivent leurs vies, vaquent à leurs occupations. Là encore, c’est une situation provisoire, injuste aux yeux de beaucoup, mais mieux que l’alternative, à savoir la guerre. Au Moyen-Orient, il y a également eu, par le passé, des arrangements, des éléments d’ordre sans paix. Je pense que c’est une façon imparfaite mais réaliste d’aborder la résolution des conflits.C.K. : Le modèle finlandais me paraît également pertinent. L’Ukraine ne deviendra probablement pas membre de l’Otan demain matin. Le processus sera long, mais ses alliés peuvent lui offrir les garanties de sécurité et les capacités nécessaires pour assurer sa survie [NDLR : la Finlande est membre de l’Organisation transatlantique depuis avril 2023, après quasiment trente ans d’étroite coopération militaire]. La Finlande a perdu une grande partie de son territoire – ce que nous ne voulons pas voir se produire avec l’Ukraine -, mais ce pays se porte plutôt bien aujourd’hui. L’Ukraine peut donc prospérer même si elle n’a pas la Crimée et le Donbass pour l’instant. J’entends parfois dire que l’Ukraine n’est pas un État viable si elle est amputée de telle ou telle partie. Ce serait vrai si elle n’avait pas accès à la mer Noire. Or, l’Ukraine dispose de cette précieuse ouverture.

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Author : Charlotte Lalanne

Publish date : 2024-10-06 18:00:00

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L’Express

Royaume-Uni : pourquoi les conservateurs fulminent après la cession d’un archipel

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Après plus d’un demi-siècle de litige, le Royaume-Uni a annoncé, jeudi 3 octobre, reconnaître la souveraineté de l’île Maurice sur l’archipel des Chagos (détenu par Londres depuis 1814), dans l’océan Indien : un accord « historique » qui permet néanmoins à Londres de conserver sa base militaire commune avec les États-Unis sur l’île principale de Diego Garcia.La décision de Keir Starmer, nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, relance le débat sur la future souveraineté d’autres territoires britanniques d’outre-mer, telles que Les Malouines (ou îles Falklands) dans l’Atlantique Sud, revendiquées historiquement par l’Argentine, ou encore Gibraltar, dans le sud de la Péninsule ibérique, que l’Espagne souhaiterait récupérer.La décision des Travaillistes de mener à bien l’accord avec l’Ile Maurice a suscité l’ire des conservateurs, qui y voient « une menace pour les intérêts fondamentaux de sécurité britanniques, et ceux des principaux alliés, notamment les États-Unis », fustige ainsi le Daily News. « Les îles occupent une position stratégique clef au milieu de l’océan Indien, un lieu de concurrence croissante entre les nations occidentales, l’Inde et la Chine », rappelle Sam Bidwell du Telegraph. « On craint que l’île Maurice ne loue certaines îles des Chagos à la Chine », glisse même The Times.Possible litige avec l’Espagne ?Les conservateurs redoutent désormais qu’une brèche favorable à la cession d’autres territoires ultramarins ne s’ouvre. « Il ne fait aucun doute que les Espagnols se frottent les mains en attendant que Starmer leur propose un généreux don en espèces pour les remercier de nous avoir enlevé Gibraltar », fustige l’éditorialiste du Telegraph. Sous souveraineté britannique depuis plus de 300 ans depuis le Traité d’Utrecht en 1713, par lequel l’Espagne a cédé Gibraltar à la Grande-Bretagne à perpétuité, l’enclave est néanmoins toujours revendiquée par Madrid.La constitution de 2006 du Rocher stipule qu’il ne peut y avoir de transfert de souveraineté à l’Espagne contre la volonté de ses électeurs. Or lors d’un référendum en 2002, les habitants de Gibraltar ont massivement rejeté l’idée d’une souveraineté conjointe entre le Royaume-Uni et l’Espagne. Mais le statut de l’enclave reste toujours flou après le Brexit en 2020, puisque Gibraltar était aussi membre de l’Union européenne. Depuis, des négociations sont en cours entre le Royaume-Uni, Gibraltar, l’Espagne et l’UE pour régler les aspects pratiques, notamment en matière de circulation des personnes et de commerce.Peur d’un isolement géopolitiquePas touche non plus aux Malouines, ce territoire britannique d’outre-mer conquit en 1833, et situé dans l’Atlantique Sud, à environ 500 km des côtes argentines. Le Royaume-Uni et l’Argentine revendiquent toujours la souveraineté sur cet archipel, bien que le président argentin Javier Milei a récemment déclaré que cette question était uniquement « entre les mains des Britanniques ».Les conservateurs n’ont d’ailleurs absolument pas l’intention de se pencher sur la question. « Les îles Falkland sont Britanniques. Il n’y a pas de débat. Point final », a martelé un responsable des Tories lors d’une déclaration au cours de la semaine.La polémique est en réalité le reflet de la crainte du Royaume-Uni de se retrouver isolé, à l’heure de l’augmentation des tensions géopolitiques. « Nous ne vivons plus dans la stabilité relative des années 1990. Nous ne survivrons pas dans les eaux géopolitiques agitées si nous ne sommes pas capables de poursuivre nos propres intérêts, estime The Daily News. La classe politique ferait bien de se rappeler que l’objectif de la politique étrangère est de rendre notre pays plus sûr, plus riche et plus influent – et non d’impressionner les juges, les journalistes et les ONG », cingle le quotidien conservateur The Telegraph.

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Publish date : 2024-10-06 18:08:53

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L’Express

Hyperloop ou entourloupe ? L’Europe s’entête avec son projet de train à 1 000 km/h

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Voyagerons-nous un jour à l’intérieur de capsules filant à 1 000 kilomètres-heure dans des tubes souterrains maintenus sous vide ? Plus de dix ans après le lancement du concept d’hyperloop par Elon Musk, l’Europe n’a pas abandonné l’idée. Dans sa lettre de mission de sept pages, le nouveau commissaire européen en charge des Transports, le Grec Apostolos Tzitzikostas, est prié de mettre au point une stratégie pour développer ce mode de transport futuriste. Certains y verront les effets du rapport Draghi, qui exhorte l’Europe à rattraper son retard sur la Chine et les Etats-Unis en matière d’innovation. Mais élaborer un plan de financement, ainsi qu’un calendrier de déploiement, pour un train ultrarapide réputé impossible à réaliser est-il vraiment raisonnable ? »Effectivement, on peut se demander pourquoi insister, vu le nombre de start-up qui se sont cassé les dents sur le sujet », confirme Julien Joly, spécialiste des transports au cabinet de conseil Wavestone. La société californienne Hyperloop One, qui était sans doute la plus avancée dans la réflexion sur l’hyperloop, a mis la clé sous la porte fin 2023 après avoir englouti 400 millions de dollars et usé la patience de son investisseur star, le milliardaire britannique Richard Branson.Installée pendant quatre ans dans la banlieue de Toulouse, sur une ancienne base militaire, la start-up Hyperloop TT a fini elle aussi par jeter l’éponge sans avoir mis au point la piste d’essai promise. Enfin, au nord de Limoges, la commune de Droux attend toujours son bout de ligne. La société canadienne Transpod devait démarrer les travaux en 2023 mais en raison de difficultés financières – un fonds d’investissement aurait quitté le projet au dernier moment -, seul un centre de recherche a vu le jour.Increvable mais irréalisableQue pèsent ces quelques fiascos face à la promesse d’un transport ultrarapide, décarboné et capable de ringardiser l’avion ? Sans doute pas grand-chose. « Le projet de l’hyperloop a beau être irréalisable, il trouve toujours le moyen d’être financé », déplore Paris Marx, journaliste canadien qui a fait de la démystification de ce mode de transport son cheval de bataille. Après avoir quitté Toulouse sous les sifflets, Hyperloop TT tente désormais l’aventure… en Italie. La société a remporté en 2023 un appel d’offres pour plancher sur un prototype reliant Venise-Mestre à Padoue. Nullement découragés par les déboires de cette technologie en France, les Pays-Bas ont inauguré cette année un centre de recherche qui lui est dédié, comportant un tube de 420 mètres de long. Sascha Lamme, son directeur, imagine déjà un réseau de 10 000 kilomètres reliant les plus grandes villes d’Europe.Le rêve se propage bien au-delà des frontières du Vieux Continent. A grands coups de yuans, la Chine continue d’investir dans la sustentation magnétique, l’une des briques essentielles du train du futur. Elle a récemment établi un nouveau record mondial de vitesse, atteignant 623 kilomètres-heure lors d’un essai mené en extérieur. Mais le pays ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il envisage un tunnel sous vide qui pourrait relier Wuhan à Pékin à la vitesse ahurissante de 2 000 kilomètres-heure. De quoi rendre le train deux fois plus rapide qu’un avion de ligne.L’Inde aussi veut être du voyage. L’Institut technologique de Madras organisera en février 2025 une compétition mondiale d’hyperloop durant laquelle ses équipes comptent bien briller. Même la Turquie de Recep Tayyip Erdogan s’imagine demain à la vitesse du son. Elle a présenté l’été dernier un concept avancé de capsule lors d’un concours organisé en Suisse. »Avec l’hyperloop, ces pays s‘achètent une image d’acteur innovant à la pointe de la technologie », explique Paris Marx. Et tant pis si le résultat final reste hors de portée : les cabinets de conseil n’hésitent pas à encourager la prise de risque en invoquant de juteuses retombées économiques. « Tout pays ou région qui réussira à repousser la frontière technologique en assemblant un système Hyperloop performant ou certains de ses composants clés bénéficiera, au moins pendant un certain temps, d’avantages économiques considérables », peut-on lire dans une étude récente commandée par le Benelux.Avec de tels discours, on comprend que l’hyperloop fasse tourner les têtes. En 2017, le placide Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, n’en revenait pas. « C’est Jules Verne. Avec un tel engin, nous pourrions relier Toulouse à Montpellier en vingt-quatre minutes contre deux heures actuellement avec le TGV », expliquait-il à L’Express. Aujourd’hui, l’agglomération ne souhaite plus évoquer le dossier. L’engouement n’est clairement plus le même… »Avec ses exagérations et sa culture du secret, Hyperloop TT n’a pas fait du bien au secteur », confie l’un de ses concurrents. « Bonne chance aux Italiens qui récupèrent le projet », souffle une source toulousaine encore échaudée par le fiasco dans la Ville rose. « Fondamentalement, les doutes sont les mêmes qu’en 2018 lorsque nous avons publié une note sur le sujet à la demande de Cédric Villani, explique Jean-Claude Raoul, membre de l’Académie des technologies, ancien directeur technique d’Alstom et ex-administrateur du projet Swissmetro, qui avait pour ambition dans les années 1990 de transformer la Suisse en une seule et même ville reliée par un « avion souterrain » – le projet a été abandonné depuis.Un sérieux doute subsiste sur la capacité des différentes start-up à maintenir un tube sous vide sur une longue distance et à gérer les différences de pression à l’aide de sas au niveau des stations. Faute de projets suffisamment avancés, ces points essentiels n’ont pu être démontrés. Par ailleurs, de nombreuses interrogations demeurent sur la sûreté et le confort des passagers. A très grande vitesse, la moindre courbure des voies peut rendre les passagers malades. Il faudrait donc voyager sanglé en permanence et de manière la plus rectiligne possible.Le problème ? Les coûts de construction n’en sont que plus élevés. A la surface, il faudrait sans doute bâtir la voie sur des arches de grande hauteur afin d’éviter les obstacles. Car avec une vitesse de 900 kilomètres-heure les rayons de courbure sont multipliés par neuf ! L’idéal serait d’enfouir la voie rapide sous terre. Cela éviterait aussi les problèmes de dilatation des tubes provoqués par le rayonnement solaire. Mais la facture, ici, serait encore plus salée. Par ailleurs, l’enterrement des lignes rendrait l’évacuation des passagers plus compliquée.Jean-Claude Raoul passe de longues minutes à égrener les questions qui fâchent : « En cas de pépin, comment arrêter et dissiper l’énergie des capsules qui suivent celle qui a eu un problème ? Cela représente l’énergie d’un TGV filant à 300 kilomètres-heure ! Dans un autre registre, comment rétablir la pression très rapidement dans le tube en cas d’évacuation des passagers ? Un jour, peut-être, l’hyperloop reliera Le Caire, Jérusalem, Téhéran et Bagdad. On pourra l’appeler la Colombe. Mais de mon point de vue, il y a peu d’espoir « , souligne l’ingénieur.D’autant que le modèle économique reste lui aussi à trouver. La plupart des corridors les plus intéressants en Europe sont déjà équipés de trains à grande vitesse. Qu’apporterait donc un hyperloop dont le coût au kilomètre est bien plus élevé ? Pour que le modèle soit rentable, il faut de longues distances et un trafic de masse. Or, les constructeurs se concentrent sur des capsules embarquant 30 à 50 passagers. Très loin de la capacité d’un TGV qui peut acheminer un millier de personnes par rame.Les défenseurs de l’hyperloop reconnaissent ces difficultés. « En station, le temps de montée et de descente des passagers doit être rapide pour des questions de rentabilité. Le bon fonctionnement de cette étape n’a pas encore été démontré », convient Michele Mossi, l’un des plus grands connaisseurs du secteur, anciennement chargé des questions d’homologation chez Hyperloop One. Mais surtout, la filière est confrontée à deux difficultés majeures, indique le spécialiste : « Il n’existe aucune réglementation encadrant l’usage d’un train aussi rapide évoluant dans un tube sous vide. Comparer l’hyperloop avec un TGV, c’est mélanger des choux et des carottes. Par ailleurs, personne n’a une idée précise des coûts de maintenance, qui peuvent varier grandement en fonction des solutions retenues ». Alors forcément, les investisseurs ne se bousculent pas au portillon.Des investisseurs impatientsUn expert raconte l’envers du décor. « Avant de mettre la clé sous la porte, Hyperloop One est passé sous pavillon émirati. Il y avait la possibilité de remettre de l’argent au pot, mais le groupe a préféré privilégier les installations portuaires – son cœur de métier – pour avoir un retour sur investissement plus rapide ». Le développement d’Hyperloop One en Inde ne s’est pas non plus passé comme prévu. « La-bas, tout est plus compliqué. On l’a vu avec les ventes de Rafale français. Finalement, les commandes sont moins nombreuses que prévu et une partie de la fabrication se fait sur place ». Les Emirats arabes unis n’ont pas accueilli le projet à bras ouverts. Abu Dhabi n’aurait pas voulu donner son accord alors que Dubaï poussait pour faire avancer le dossier. « Les pays du Moyen-Orient ont clairement dit qu’ils ne souhaitaient pas essuyer les plâtres avec l’hyperloop. En revanche, ils seront prêts à payer dix fois le prix de départ une fois qu’ils auront acquis la certitude que le système fonctionne ».Cet attentisme ne facilite pas la tâche des constructeurs. « L’ensemble des technologies nécessaires pour réaliser l’hyperloop existent. Il faut juste les mettre ensemble et les optimiser, ce qui prend du temps. Le problème ? Les investisseurs n’ont pas la patience nécessaire. Aujourd’hui, il n’y a quasiment plus de gros projets à longue gestation. On voudrait réaliser un hyperloop le temps d’un mandat électoral, ce n’est pas possible », déplore Michele Mossi. « Pourtant, il est illusoire de penser que le TGV va rester LA solution de transport pendant les cinquante à cent prochaines années, explique Sébastien Gendron, le patron de Transpod. Si on ne prend pas de risques, on ne saura jamais si l’hyperloop peut fonctionner. C’est la même chose pour la fusion nucléaire ou les technologies quantiques. L’Europe a déjà raté le virage technologique de l’intelligence artificielle. C’était en 2015 qu’il fallait investir. Maintenant, c’est trop tard ! »La lettre d’intention adressée au nouveau commissaire européen va donc dans le bon sens pour l’entrepreneur. Mais pour l’heure, l’Europe met peu d’argent sur la table. Elle ne consacre que 2,5 millions d’euros pour les transports innovants, une somme répartie sur une vingtaine d’acteurs. « Cela fait 130 000 euros par projet. C’est ce qu’on brûle en un mois », commente Sébastien Gendron. Les aciéristes, à l’image de Tata Steel ou ArcelorMittal, mettent la main au portefeuille car les tubes de plusieurs milliers de km de long dans lesquels pourrait circuler l’hyperloop représentent pour eux un marché potentiel énorme. Sauf que le compte n’y est toujours pas, estiment les constructeurs. »Côté européen, cette frilosité est assez logique, estime Julien Joly. L’hyperloop a bien plus de chance de se développer ailleurs. En Chine, par exemple, l’Etat a les moyens de financer les infrastructures. En Inde, il n’y a pas le réseau ferroviaire que nous connaissons chez nous. Pour ce pays, il peut donc être intéressant de faire directement un grand saut technologique ». Et l’expert de conclure : « étant donné les difficultés liées à sa construction, l’avenir de l’hyperloop en Europe, c’est le TGV, dont on peut encore améliorer la vitesse et le réseau. »Un avis partagé par Paris Marx. Selon lui, Elon Musk lui-même n’y a jamais cru. « L’hyperloop n’a jamais été un projet de transport sérieux. Il s’agissait d’une fantaisie proposée par Musk pour donner des munitions aux opposants d’un projet de train à grande vitesse en Californie. Mais en raison de l’exubérance pour pratiquement tout ce qui émergeait de l’industrie technologique dans les années 2010, d’autres entreprises ont essayé de transformer le rêve en réalité, au lieu d’investir dans l’infrastructure ferroviaire et de l’améliorer. Après une décennie et d’innombrables tentatives infructueuses, il est clair que l’hyperloop n’est pas une véritable proposition de transport et qu’il ne faut pas prendre au sérieux ceux qui proposent de tels projets ».Jean-Claude Raoul, lui, plaide plutôt pour le wait and see. « Rien n’empêche les gouvernements et le secteur ferroviaire de mettre un peu d’argent pour être sûr de ne pas rater un tournant technologique ». Dans la banlieue de Toulouse, en tout cas, la page de l’hyperloop semble définitivement tournée. A Cugnaux, sur l’ancien site dédié à son développement, une autre start-up, plus modeste mais jugée plus sûre, a pris ses quartiers : Aura aero développe une usine d’assemblage pour son avion électrique biplace, avec 150 millions d’euros d’investissements privés. Depuis son arrivée, elle ne cesse de grossir et a déjà embauché plusieurs centaines de personnes. Du concret. Loin des élucubrations d’Elon Musk.

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Source link : https://www.lexpress.fr/environnement/hyperloop-ou-entourloupe-leurope-sentete-avec-son-projet-de-train-a-1-000-kmh-GJFHHW7TUBGJRHRS6MB6VNBYJE/

Author : Sébastien Julian

Publish date : 2024-10-06 18:30:00

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L’Express

Macron à Netanyahou : « Le temps du cessez-le-feu est désormais venu »

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Najib Mikati, le Premier ministre libanais, appelle ce dimanche 6 octobre le monde à « faire pression sur Israël » pour qu’il « s’engage à un cessez-le-feu », après une nuit d’intenses bombardements sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a fait d’importants dégâts. De son côté, le Hezbollah dit avoir repoussé dans la nuit de samedi à dimanche une « tentative » d’infiltration de l’armée israélienne à la frontière libanaise.Les infos à retenir⇒ L’armée israélienne dit déployer des troupes supplémentaires près de Gaza à l’approche du 7 octobre⇒ Macron à Netanyahou : « Le temps du cessez-le-feu est venu »⇒ Le Premier ministre libanais appelle à faire pression sur Israël pour un cessez-le-feu18h51Netanyahou à Macron : Israël attend un soutien et « non des restrictions » »On attend des amis d’Israël qu’ils le soutiennent et ne lui imposent pas de restrictions qui ne feront que renforcer l’axe du mal iranien », a déclaré le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à Emmanuel Macron lors d’une conversation téléphonique. Il a également présenté l’offensive de son pays contre le Hezbollah comme « une opportunité pour changer la réalité au Liban au profit de la stabilité, de la sécurité et de la paix dans toute la région », a rapporté son bureau.18h24Macron à Netanyahou : « Le temps du cessez-le-feu est venu »Le président français Emmanuel Macron a réaffirmé ce dimanche, lors d’un entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, « l’engagement indéfectible » de la France pour la sécurité d’Israël. Mais il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu à Gaza et au Liban, a annoncé l’Elysée. « À la veille du premier anniversaire de l’offensive terroriste du Hamas contre Israël, il a exprimé la solidarité du peuple français avec le peuple israélien », a indiqué la présidence française. Emmanuel Macron a également dit « sa conviction que le temps du cessez-le-feu est désormais venu ».17h37Les Etats-Unis continueront à faire « pression » sur Israël pour un cessez-le-feu, dit Kamala HarrisLes Etats-Unis ne cesseront pas de faire « pression » sur Israël et les pays de la région en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, a déclaré la vice-présidente et candidate démocrate à la Maison Blanche, Kamala Harris, dans une interview à la chaîne CBS ce dimanche. Washington travaille sur « la nécessité d’un accord qui permettrait de libérer les otages et d’instaurer un cessez-le-feu. Et nous ne cesserons pas de faire pression sur Israël et sur la région, y compris sur les dirigeants arabes », a-t-elle affirmé.15h54L’armée israélienne annonce des « tirs » de roquettes depuis la bande de GazaL’armée israélienne a annoncé des « tirs » de roquettes depuis la bande de Gaza vers le sud d’Israël, à la veille du premier anniversaire de l’attaque du Hamas contre Israël qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien. « Suite aux alertes qui ont été déclenchées il y a peu dans les zones à l’ouest de Lakish et autour de Gaza, un certain nombre de tirs ont été détectés en provenance du nord de la bande de Gaza », a indiqué un porte-parole de l’armée. « Un projectile a été intercepté, les autres sont tombés dans des terrains dégagés », a-t-il ajouté.15h50Le Hezbollah dit avoir lancé des drones explosifs sur une base israélienne au sud de HaïfaDans un communiqué ce dimanche, le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah a déclaré que ses combattants avaient lancé « un escadron de drones explosifs sur la base de maintenance et de réhabilitation au sud de Haïfa », plus grande ville du nord d’Israël.14h47Israël : une femme meurt dans l’attaque de BeershevaUne femme est décédée des suites de ses blessures dans une attaque à l’arme à feu et à l’arme blanche qui a fait dix blessés, ce dimanche, dans la ville de Beersheva (sud), selon les services de secours. « Les secouristes ont prononcé la mort d’une femme de 25 ans et évacué dix blessés vers l’hôpital Soroka », a annoncé le Magen David Adom, l’équivalent israélien de la Croix-Rouge dans un communiqué, certains blessés ayant été touchés par balles et d’autres poignardés.14h12Benyamin Netanyahou rend visite à ses troupes à la frontière libanaiseLe Premier ministre israélien a rendu visite ce dimanche à des troupes le long de la frontière avec le Liban, a indiqué un communiqué de son bureau. Benyamin Netanyahou a « visité aujourd’hui la base de la 36e division dans la zone frontalière libanaise », indique le communiqué, presque une semaine après que l’armée israélienne a lancé des opérations terrestres contre le Hezbollah dans le sud du Liban, où elle mène depuis le 23 septembre des bombardements massifs contre le mouvement pro-iranien.14h05Le ministre de la Défense israélien menace l’Iran de frappes similaires à celles menées « à Gaza et Beyrouth » »Les Iraniens n’ont pas atteint les capacités de l’armée de l’air – aucun avion n’a été endommagé, aucun escadron n’a été mis hors service », a dit Yoav Gallant, le ministre de la Défense israélien, dans la base aérienne de Nevatim visée par l’attaque récente de missiles iraniens sur Israël, selon un communiqué de l’armée. « Quiconque pense qu’une simple tentative de nous nuire nous dissuaderait d’agir devrait jeter un coup d’oeil sur nos succès à Gaza et à Beyrouth », a-t-il prévenu, alors que l’attaque de mardi, à laquelle Israël dit préparer sa riposte, nourrit depuis des échanges de menaces de représailles entre les deux pays.13h58Gaza : « Il ne faut pas désarmer Israël », prévient Yaël Braun-Pivet »Il ne faut pas désarmer Israël » dans les circonstances actuelles, a alerté ce dimanche la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, en réaction aux déclarations d’Emmanuel Macron appelant à cesser les livraisons d’armes servant à Gaza. Tout en refusant de « commenter » les propos du président de la République, Yaël Braun-Pivet a estimé sur BFMTV qu’Israël faisait « face à des attaques qui remettent en cause son existence », à la veille de l’anniversaire des attaques du 7 octobre 2023. »Tout le monde fait le maximum d’efforts pour qu’il y ait enfin un cessez-le-feu. Mais force est de constater qu’aujourd’hui le refus du cessez-le-feu, il vient du Hamas […] Et donc malheureusement, il ne faut pas désarmer Israël dans ces circonstances-là », a martelé la présidente de l’Assemblée. « Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas en même temps faire le maximum d’efforts pour épargner les populations civiles », a ajouté la députée Renaissance.12h32L’armée israélienne dit déployer des troupes supplémentaires près de Gaza à l’approche du 7 octobreL’armée israélienne a déclaré ce dimanche déployer des troupes supplémentaires dans les environs de la bande de Gaza à la veille du premier anniversaire de l’attaque du Hamas palestinien ayant déclenché la guerre, le 7 octobre 2023. « La division de Gaza de l’armée israélienne a été renforcée par plusieurs unités, avec des forces stationnées pour défendre à la fois les communautés et la zone frontalière », a précisé l’armée dans un communiqué.11h45Au Liban, la rentrée scolaire reportée au 4 novembreLe ministre libanais de l’Education, Abbas Halabi, a annoncé ce dimanche que les 1,25 million d’enfants de la maternelle au lycée feraient leur rentrée le 4 novembre, en raison de la guerre entre Israël et le Hezbollah. « Le ministère ne veut pas et ne peut pas se permettre de prendre la responsabilité face au danger qui menace » élèves et enseignants, « c’est pour cela que la rentrée aura lieu le 4 novembre » plutôt qu’en octobre, a dit Abbas Halabi lors d’une conférence de presse.11h32L’armée israélienne encercle Jabaliya à GazaL’armée israélienne a dit ce dimanche « encercler » la zone de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, où elle estime que le Hamas palestinien reconstruit ses capacités malgré des mois de combats et de frappes aériennes. « Les troupes des 401e et 460e brigades ont réussi à encercler la zone et poursuivent actuellement leurs opérations dans le secteur », a indiqué Tsahal.L’armée a déclaré disposer de renseignements indiquant « la présence de terroristes » dans la zone de Jabaliya et noté « les efforts du Hamas pour reconstruire ses capacités opérationnelles dans la zone ». « L’armée de l’air israélienne a frappé des dizaines de cibles militaires en soutien aux troupes terrestres », a poursuivi l’armée, ajoutant que les cibles touchées étaient notamment des « installations de stockage d’armes ».Le porte-parole de la Défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, a confirmé à l’AFP que de multiples frappes mortelles avaient secoué Jabaliya tout au long de la nuit. Depuis le début de la guerre, l’armée israélienne a visé plusieurs fois Jabaliya et ses environs, de très nombreux habitants ont ainsi quitté cette zone.09h32Le Premier ministre libanais appelle à « faire pression sur Israël » pour un cessez-le-feuLe Premier ministre libanais Najib Mikati a appelé ce dimanche le monde à « faire pression sur Israël » pour qu’il « s’engage à un cessez-le-feu », après une nuit d’intenses bombardements israéliens sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah. Najib Mikati a en outre salué, dans son communiqué, le président français Emmanuel Macron qui a « une nouvelle fois soutenu le Liban » en évoquant un prochain sommet international, redisant son « soutien à l’appel de la France et des Etats-Unis » pour une trêve. @lexpress L’Iran a lancé 200 missiles contre Israël lors d’une attaque mardi soir. Voici ce que l’on sait. sinformersurtiktok apprendreavectiktok iran israel news newsattiktok ♬ original sound – L’Express – L’Express 08h1221 morts dans une frappe israélienne sur une mosquéeLa Défense civile de Gaza a fait état ce dimanche de 21 morts dans une frappe israélienne sur une mosquée transformée en abri pour les déplacés à Deir al-Balah (centre), l’armée israélienne expliquant pour sa part avoir visé des combattants du mouvement palestinien Hamas. « Le nombre de morts s’élève à 21 et il y a un grand nombre de blessés à la suite du bombardement par l’armée (israélienne) d’une mosquée abritant des personnes déplacées devant l’entrée de l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza », a déclaré le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.07h46Les Libanais continuent de fuir massivement BeyrouthSuite à ces frappes, un correspondant de l’AFP près de Sabra, à proximité de la banlieue sud de Beyrouth, a vu des dizaines de personnes dans les rues, certaines portant des sacs et fuyant à pied ou à motos tandis que des explosions résonnaient en fond. Le trafic aérien à l’unique aéroport du Liban, près de la banlieue de sud de Beyrouth, « continue malgré l’agression de l’ennemi israélien » contre cette zone, a précisé l’ANI. L’agence de presse a ajouté que plusieurs avions de la Middle East Airlines (MEA), seule compagnie qui continue de desservir Beyrouth, venaient d’atterrir.La banlieue sud de Beyrouth est régulièrement pilonnée depuis plusieurs jours, notamment la nuit, par l’armée israélienne qui émet généralement des appels à évacuer au préalable. « Pour votre sécurité et celle des membres de votre famille, vous devez immédiatement évacuer les bâtiments désignés et ceux qui leur sont adjacents et vous en éloigner d’au moins 500 mètres », a écrit samedi le porte-parole de l’armée pour le public arabophone, Avichay Adraee, sur son compte X, en mentionnant plusieurs quartiers de la banlieue sud.07h44″Très violentes » frappes israéliennes au sud de BeyrouthL’agence de presse nationale libanaise ANI a fait état dans la nuit de samedi à dimanche de cinq frappes israéliennes visant la banlieue sud de Beyrouth et ses environs, dont quatre « très violentes », après des appels israéliens à évacuer plusieurs quartiers de ce fief du Hezbollah.Des journalistes de l’AFP ont entendu plusieurs explosions détonantes et vu de la fumée s’élever de la banlieue sud de Beyrouth. Des ambulances se sont précipitées sur place, selon l’ANI, qui avait également rapporté la présence de drones de reconnaissance israéliens volant à basse altitude, avant ces frappes. « C’était la nuit la plus violente qu’on ait vécue. Il y avait tellement de bombardements qu’on aurait cru un tremblement de terre », a indiqué un habitant de la banlieue sud de Beyrouth, qui refuse toujours de quitter sa maison. Dans cette zone, les destructions sont énormes et touchent de nombreux bâtiments.06h36Le Hezbollah dit avoir repoussé une « tentative d’infiltration » israélienneLe Hezbollah a dit avoir repoussé dans la nuit de samedi à dimanche une « tentative » d’infiltration de l’armée israélienne, qui mène depuis plusieurs jours des incursions dans le sud du Liban où elle combat le mouvement pro-iranien.Dans un communiqué, le mouvement islamiste libanais a déclaré que « lorsqu’une force de soldats ennemis israéliens a tenté de s’infiltrer […] à Blida » et que ses combattants l’ont « prise pour cible avec des obus d’artillerie et contrainte à battre en retraite ». De plus, il a affirmé avoir visé un groupe de soldats israéliens « avec une salve de roquettes » lors de « l’évacuation de blessés et de soldats morts » dans la région frontalière de Manara à 0h45 locales, dimanche, et a également revendiqué une attaque de drones contre une base militaire israélienne dans le nord d’Israël.06h00L’Iran promet des représailles « encore plus fortes » en cas d’attaque israélienneLe chef de la diplomatie iranienne a promis, samedi 5 octobre, que Téhéran réagirait « encore plus fort » si Israël répondait à l’attaque iranienne de missiles. « Notre réaction à toute attaque du régime sioniste (Israël) est tout à fait claire », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, dans la capitale syrienne Damas, où il a notamment rencontré le président Bachar al-Assad, allié de Téhéran. »Pour chaque action, il y aura une réaction proportionnelle et similaire de l’Iran, et même plus forte », a-t-il assuré. Auparavant, il avait renouvelé depuis Damas son appel à un cessez-le-feu au Liban et dans la bande de Gaza. « Il y a des initiatives, il y a des consultations, dont nous espérons qu’elles seront couronnées de succès », a-t-il dit, sans plus de précisions. Cette déclaration intervient après qu’un responsable militaire israélien a indiqué samedi que l’armée israélienne « prépare une réponse » aux frappes iraniennes de mardi.

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Publish date : 2024-10-06 18:54:05

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L’Express

Thomas L. Friedman : « Au Moyen-Orient, nous assistons aujourd’hui à un bûcher de la paix »

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En 1989, Thomas L. Friedman publiait le classique De Beyrouth à Jérusalem. Le natif du Minnesota y revenait sur ses dix années de correspondance au Liban et en Israël, entre anecdotes personnelles, rappels historiques et analyses géopolitiques. Aujourd’hui, l’éditorialiste du New York Times et triple lauréat du prix Pulitzer signe une nouvelle préface à son livre, déplorant qu’il soit, hélas, toujours d’actualité. Un an après le 7 octobre, l’un des meilleurs connaisseurs du Moyen-Orient décrypte pour L’Express la situation apparemment désespérée entre Israéliens et Palestiniens, mais évoque aussi les espoirs engendrés par l’évolution de l’Arabie saoudite, tout comme les enjeux cruciaux de l’élection américaine.Le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, qui a culminé dans les années 1990, a-t-il été complètement effacé par l’attaque du 7 octobre ? Vous expliquez que la solution à deux Etats est même plus compliquée aujourd’hui qu’à l’époque de la publication de votre livre, du fait des 360 000 colons juifs présents en Cisjordanie…Thomas L. Friedman Pourquoi cette guerre actuelle est-elle pire que les précédentes ? Chaque conflit entre les Israéliens et les Arabes a eu un nom : guerre des Six-Jours, guerre du Kippour… Mais comment nommer celle-ci ? Selon moi, il faudrait la baptiser la « guerre du pire ». On n’a jamais eu de conflit au Moyen-Orient dans lequel le pire du pire mène le jeu dans chaque camp. Du côté palestinien, c’est l’aile militaire du Hamas. Du côté israélien, des suprémacistes juifs dictent à Benyamin Netanyahou la ligne politique. Au Liban, c’est le Hezbollah, une milice qui a pris en otage tout un pays avec l’aide d’un Etat étranger. Et en Iran, c’est un régime qui se sert de la cause palestinienne pour étendre son influence. Si le diable avait voulu incendier tout le processus de paix, il n’aurait pas fait appel à d’autres protagonistes. Nous assistons aujourd’hui à un bûcher de la paix.Néanmoins, je n’ai jamais bougé d’un iota dans ma conviction que la solution passe par deux Etats pour deux peuples, et que celle-ci est plus urgente que jamais. On me qualifie souvent de naïf et de rêveur. A quoi je réponds : « Allez-vous faire foutre ! » Il n’y a peut-être que 5 % de chances que cela se produise, mais j’y consacre 100 % de mon énergie. Car, sinon, la seule alternative, c’est une guerre perpétuelle qui consumera toutes les sociétés au Proche-Orient.Après le Hamas à Gaza, Israël a lancé une attaque massive contre le Hezbollah, aboutissant à la mort de son leader Hassan Nasrallah et à une escalade avec l’Iran. Israël en a-t-il pour autant fini avec le Hezbollah ?Israël a porté un coup dévastateur au proxy iranien au Liban. Le Hezbollah a depuis des décennies kidnappé le Liban pour le compte de l’Iran, menant une guerre contre Israël que le peuple libanais n’a pas souhaité et où il n’a rien à gagner. En tuant Hassan Nasrallah et toute une partie du leadership de la milice, Israël a fait partir en fumée les milliards de dollars d’investissement iranien dans sa milice au Liban. La raison d‘être du Hezbollah, c’est de dissuader Israël d’attaquer les installations nucléaires de l’Iran. Est-ce que le Hezbollah est totalement détruit ? J’en doute. Mais les dirigeants qui restent savent qu’Israël sait exactement où ils vivent, qu’il peut les éliminer à tout moment et qu’il le fera probablement. Le Hezbollah, en tant qu’organisation, et l’Iran, en tant que pays, sont complètement truffés d’espions israéliens, non pas d’espions venus d’Israël mais des Iraniens, des Libanais, des chiites qui détestent tellement leur régime qu’ils sont prêts à collaborer avec Israël. Néanmoins le principal défi pour Israël est que les guerres sont menées à des fins politiques. Or, après ces guerres, quelle est la structure politique qui sera en place au Sud-Liban ou à Gaza ? Et là Israël a un problème : il est beaucoup plus facile de détruire le Hezbollah que d’obtenir du gouvernement libanais qu’il construise une nouvelle structure au Sud-Liban et encore moins facile d’obtenir d’Israël qu’il se mette d’accord avec les Palestiniens sur ce que devrait être la nouvelle structure à Gaza. Ils ont sans doute détruit le Hamas en tant que force armée mais pas en tant que force dirigeante à Gaza. Un an après la guerre du 7 octobre, nous devons nous poser la question, qui a gagné ? C’est la première guerre au Moyen-Orient où, jusqu’à présent, tout le monde a perdu parce que personne n’a été en mesure de créer la structure politique nécessaire pour consolider ses réalisations militaires. Le Hamas a complètement échoué à cet égard, Nasrallah et l’Iran aussi. Mais Israël a fait de même. C’est donc une guerre que tout le monde a perdue.Les Israéliens l’emportent largement sur le plan militaire, mais au niveau international, les Palestiniens ont gagné la guerre médiatique. Israël peut-il s’en remettre ?Une mauvaise politique ne peut avoir que des conséquences négatives dans les opinions publiques. L’attaque du 7 octobre était ignoble. Le Hamas a tué des enfants devant leurs parents, et des parents devant leurs enfants. Quand Israël explique être aux avant-postes d’une guerre entre liberté et obscurantisme, il n’a pas tort en ce qui concerne le Hamas. Le problème, c’est qu’Israël est aussi aux avant-postes du colonialisme en Cisjordanie. Tant que l’Etat hébreu ne cherchera pas à défaire l’occupation en cours dans ce territoire, il ne bénéficiera jamais d’une bonne image à l’international. L’ancien chef du Mossad, Tamir Pardo, a déclaré que les partis ouvertement racistes que Netanyahou a fait entrer dans son gouvernement étaient pires que le Ku Klux Klan. Comment, à partir de là, avoir l’opinion publique internationale de votre côté ? C’est aujourd’hui tout le problème d’Israël.De mon point de vue, plutôt que d’envahir massivement Gaza, Tsahal aurait dû mener une opération militaire centrée sur les otages, une action très ciblée au lieu de bombarder massivement le territoire. Et parallèlement, Israël aurait dû trouver un accord avec les Etats-Unis et l’Arabie saoudite. Netanyahou a expliqué qu’Israël avait une obligation stratégique et morale de détruire une armée terroriste à ses frontières. Mais pour cela, il faut du temps, des ressources et une légitimité internationale. Et cela ne peut se faire sans un partenaire palestinien. L’Autorité palestinienne aurait donc dû être associée au processus.Vous avez évoqué une dépendance mutuelle entre Netanyahou et le Hamas. A quel point s’alimentent-ils l’un l’autre ?Laissez-moi vous raconter une histoire. Après le 11 septembre 2001, j’ai dans ma chronique du New York Times plusieurs fois accusé l’Arabie saoudite d’avoir alimenté l’idéologie qui motivait les terroristes d’Al-Qaeda. Début 2002, au moment du Forum de Davos, j’ai eu envie d’écrire une lettre appelant les dirigeants du monde arabe à proposer un accord de paix à Israël, une normalisation des échanges en contrepartie d’un total retrait israélien de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. A ce moment-là, Adel al-Joubeir, porte-parole de l’ambassade saoudienne à Washington et futur ministre des Affaires étrangères, me propose de passer plusieurs jours en Arabie saoudite. Je suis invité à dîner par le prince héritier Abdallah, dirigeant de facto du pays. Me retrouvant vers minuit dans son bureau, j’exhorte Abdallah à envisager mon idée d’amener l’ensemble de la Ligue arabe à offrir à Israël une paix durable. « Vous avez forcé mon bureau ? » me répond-il, m’assurant que c’est exactement l’idée qu’il a en tête. Il m’a finalement autorisé à publier sa proposition sous la forme d’une interview.Le 27 mars 2002, la quasi-totalité des dirigeants arabes se sont réunis à Beyrouth pour approuver l’initiative. Mais le jour même, un attentat suicide en Israël a tué près d’une vingtaine de personnes alors que c’était le début de la Pâque juive. Voici comment le Hamas a répondu à la première initiative de paix panarabe appelant au retrait total d’Israël sur les lignes de 1967 et à la création d’un Etat palestinien à côté ce dernier ! Je n’ai jamais oublié ce moment.Pour en revenir à votre question, la codépendance entre Netanyahou et le Hamas remonte en réalité à l’assassinat d’Itzhak Rabin en 1995, qui faisait suite à un discours incendiaire de Netanyahou. Le Hamas a ensuite commis une série d’attaques-suicides, inversant complètement l’atmosphère politique en Israël. En 1996, Netanyahou l’emporte de peu aux législatives. Le Hamas a littéralement fait élire Netanyahou. Depuis, les deux ne cessent de se renforcer. Plus Netanyahou colonise la Cisjordanie et sape l’Autorité palestinienne, plus il fait le jeu du Hamas. Et plus le Hamas fait appel à la violence, plus il renforce Netanyahou.Chose impardonnable, Netanyahou a tout fait pour empêcher un gouvernement palestinien unifié et modéré. Sa priorité a toujours été de diviser les Palestiniens. C’est pourquoi il a obtenu du Qatar le transfert de plus d’un milliard de dollars au Hamas soi-disant pour de l’aide humanitaire, mais qui a évidemment servi à l’armer. En même temps, Netanyahou a tout fait pour miner Mahmoud Abbas en Cisjordanie, alors même qu’il sait parfaitement que l’Autorité palestinienne coopère avec Israël pour garder ce territoire sous contrôle. C’est le summum du cynisme. Quiconque a regardé la série Fauda sait à quel point les services de sécurité palestiniens travaillent avec leurs homologues israéliens, pour le bénéfice de tous. Netanyahou le sait, nous le savons, et pourtant, je vous mets au défi de trouver une seule chose positive que le Premier ministre ait dite à propos du seul gouvernement palestinien qui soutient le processus de paix d’Oslo.Pourquoi est-il si important pour le Hamas comme pour l’Iran d’empêcher une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite, comme c’était déjà le cas au début des années 2000 ?Encore une fois, il faut remonter le temps. Je suis arrivé à Beyrouth en 1979. Comme pour le vin, il y a des millésimes en histoire. Or 1979 est un château-margaux en la matière. Qu’est-il arrivé cette année-là ? La révolution iranienne, l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques, l’élection de Margaret Thatcher, la libéralisation de l’agriculture chinoise par Deng Xiaoping, l’accident nucléaire de Three Mile Island qui interrompt la construction de centrales nucléaires en Amérique pendant quarante ans, ce qui renforce la dépendance au pétrole et gaz du Moyen-Orient… Mais l’événement le plus marquant, c’est la prise de la grande mosquée de La Mecque par des fondamentalistes islamiques. Ce groupe de fanatiques dirigé par le prédicateur Juhayman al-Otaibi a accusé la famille royale saoudienne de n’être que des alcooliques et des coureurs de jupons s’étant éloignés des valeurs de l’islam. Imaginez qu’un groupe de prêtres radicaux prennent le Vatican et pendant treize jours déclarent la même chose au sujet du pape !Cet événement n’a pas été compris en Occident. Mais les conséquences ont été majeures. L’Arabie saoudite a réagi en prenant un virage wahhabite et fondamentaliste. Avant 1979, des femmes pouvaient présenter des journaux télévisés. Il y avait des hôtesses de l’air. Tout a changé après ça. Non seulement l’Arabie saoudite s’est engagée dans cette voie ultrareligieuse et puritaine sur son territoire, mais elle l’a exportée dans les mosquées et les madrasas des pays musulmans. Ce faisant, elle a changé le visage de l’islam, du Maroc à l’Indonésie, car de plus en plus de femmes ont commencé à se couvrir et de plus en plus de religieux ont prêché cette version austère de l’islam sunnite.Mohammed ben Salmane (MBS) a certes commis un acte abject en faisant assassiner Jamal Khashoggi en 2018. Mais il a aussi inversé 1979, en ordonnant la réforme sociale et économique la plus importante jamais entreprise dans le golfe Persique. Il a brisé l’emprise du clergé conservateur et commencé à libérer les femmes pour qu’elles puissent non seulement conduire, mais aussi voyager librement, se débarrasser de maris indésirables et, peut-être plus important encore, participer pleinement au monde du travail. Du fait de l’immense richesse pétrolière du pays et de sa place centrale dans l’islam, il n’y a pas d’évolution plus importante au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite n’a rien d’une démocratie. Mais ce que fait MBS a un impact gigantesque. Il n’a qu’un objectif : la modernisation de son pays et rattraper trois décennies perdues. Et de ce point de vue là, il n’a aucun intérêt à ce que le conflit israélo-palestinien continue à pomper toutes les énergies dans la région.Les Etats-Unis ont mis en place un réseau d’alliances (Japon, Corée du Sud, Australie…) pour contenir la Chine. Mais ils veulent aussi isoler l’Iran. La pierre angulaire de ce projet, c’est un accord entre l’Arabie saoudite, Israël et les Américains. Aujourd’hui, ce processus est bloqué, car Netanyahou se refuse à évoquer des négociations avec les Palestiniens, conditions pour qu’une normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite puisse se faire. Il nuit non seulement aux intérêts de son propre pays, mais aussi aux nôtres. Si Israël normalisait ses relations avec l’Arabie saoudite, cela inverserait une anomalie historique qui dure depuis un siècle : l’hostilité entre les juifs et les musulmans. L’hostilité entre juifs et chrétiens a des racines anciennes et est inscrite dans la Bible. Mais celle entre juifs et musulmans est avant tout le produit du conflit israélo-palestinien. La condition indispensable pour y mettre un terme est donc une paix entre Israël et la Palestine. Mais ce qui rendrait cette paix durable, c’est un accord plus large entre Israël et l’Arabie saoudite.Dans le livre, vous expliquez que le chaos se trouvait au Moyen-Orient, que vous laissiez derrière vous lorsque vous rentriez dans le Minnesota. Mais aujourd’hui, vous comparez la situation des Etats-Unis à celle du Moyen-Orient. Vraiment ?Nous ne sommes pas tombés dans une guerre civile, Dieu merci. Mais le genre de tribalisme politique que je connais si bien au Moyen-Orient est de plus en plus présent ici. Ce qui se passe en Amérique aujourd’hui ressemble à ce qui s’est passé là-bas : tout est devenu politique. Je n’ai jamais eu aux Etats-Unis le sentiment que j’avais quand je vivais au Moyen-Orient, à savoir qu’il fallait « régner ou mourir ». Nous avons toujours eu l’impression ici que le pouvoir était parfois aux républicains, parfois aux démocrates, mais que les deux camps fonctionnaient avec certaines limites. Trump les a fait exploser. Notre démocratie est en péril avec cette élection. Les totalitarismes d’extrême gauche et d’extrême droite ont pris le pays à la gorge. Si vous êtes un modéré du Minnesota comme moi, c’est très inquiétant.A quelques semaines de l’élection, quel est le sentiment général aux Etats-Unis aujourd’hui ?Que nous jouons à pile ou face. Si c’est pile, c’est Trump. Si c’est face, c’est Harris. Nous sommes un pays profondément divisé, et de manière très égale en deux camps distincts. Pour cette raison, il est tout simplement impossible de prédire la victoire.Comment sortir d’un tel niveau de polarisation ?Je vais vous faire une confession : je n’ai jamais regardé Twitter (devenu X), je n’ai jamais regardé Facebook et je n’ai jamais fumé une cigarette. Et j’ai l’intention de ne faire aucune de ces trois choses jusqu’à ma mort. Pourquoi est-ce que je vous dis ça ? Nous ne sommes pas divisés, on nous divise. Et ce à des fins lucratives, par les entreprises de médias et celles de technologies. Les réseaux sociaux ont causé de terribles dommages à notre société. Tout a commencé dans les années 2010 quand Facebook a ajouté le bouton « j’aime », et Twitter le bouton de partage. Le psychologue et professeur d’éthique Jonathan Haidt, qui a beaucoup étudié le sujet, compare cela au fait de donner à chaque Américain un pistolet à fléchettes. Cela cause des dégâts terribles au journalisme parce que tant de journalistes écrivent et regardent par-dessus leur épaule ce qui se dit à leur sujet sur Twitter. Par conséquent, ils n’écrivent pas aussi librement.Depuis Barack Obama, les présidents américains ont privilégié une politique étrangère « America first ». Y aura-t-il une vraie différence dans ce domaine entre Kamala Harris et Donald Trump ?Nous entrons dans ce que j’appelle un nouveau moment prométhéen. Prométhée, le dieu grec, vole le feu du mont Olympe et le donne aux humains pour qu’ils construisent la civilisation. Il y a eu l’imprimerie, la révolution scientifique, la révolution industrielle… Aujourd’hui, nous sommes à nouveau en plein dedans. Notre moment prométhéen s’est cristallisé lorsque nous avons obtenu suffisamment de carbone et de silicium. D’abord, avec les ordinateurs, le silicium nous a permis de développer un cerveau artificiel plus grand que celui avec lequel nous avons évolué. Le carbone nous a permis d’être la première espèce à se transporter d’un climat à un autre. Nous sommes donc devenus comme des dieux dans deux domaines à la fois. Or Donald Trump pourrait être notre prochain président : un homme qui n’utilise pas d’ordinateur et qui ne croit pas au changement climatique. Alors même que nous sommes à un moment de bascule.C’est la combinaison de politiciens sans scrupules comme Trump ou Netanyahou et des réseaux sociaux qui sont de véritables menaces pour ces démocraties. Ils doivent être vaincus mais pas par les armes. Trump doit l’être par la voix de l’Amérique, et « Bibi » par la voix de son peuple. C’est pourquoi cette élection aux Etats-Unis est si importante.De Beyrouth à Jérusalem, par Thomas L. Friedman, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sarah Abbas-Funkenstein. Saint-Simon, 450 p., 24,80 €.

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Author : Thomas Mahler, Hamdam Mostafavi

Publish date : 2024-10-06 19:00:00

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L’Express

Peter Turchin : « Il y a un vrai risque d’effondrement des Etats-Unis »

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Difficile de ne pas penser à Isaac Asimov quand on échange avec Peter Turchin. Dans Fondation, l’auteur de science-fiction mettait en scène une discipline fictive, la psychohistoire, censée prévoir l’Histoire et l’effondrement de civilisations à partir de l’analyse statistique. Professeur à l’université du Connecticut, Peter Turchin est, dans la vraie vie, l’initiateur de la cliodynamique, discipline qui tente de modéliser le passé pour mieux expliquer l’avenir.Né en Union soviétique en 1957, Turchin s’est installé aux Etats-Unis en 1977, quand son père Valentin Tourtchine, brillant physicien et pionnier de l’IA, a pris le chemin de l’exil. Ayant d’abord étudié, en tant que biologiste, la dynamique des populations chez les coléoptères, papillons ou rongeurs, le chercheur s’est, à la fin des années 1990, tourné vers les humains. En 2010, dans un article publié dans Nature, Turchin a annoncé qu’aux alentours de 2020, les Etats-Unis devraient connaître une période d’instabilité politique importante. Coup de chance ou de génie ? Le Chaos qui vient, qui paraît en français le 10 octobre au Cherche-Midi, synthétise en tout cas ses travaux à destination du grand public.Pour L’Express, Peter Turchin explique pourquoi les Etats-Unis se situent, selon lui, dans une phase pré-révolutionnaire qui pourrait bien déboucher sur un effondrement de l’Etat. Pour lui, les sociétés démocratiques occidentales ne sont pas à l’abri d’un « moment Néron », la faute notamment à une surproduction d’élites. Entretien.Quelles sont les tendances cycliques qui, selon votre modèle, se répètent dans l’Histoire ?Peter Turchin : Les sociétés humaines complexes organisées en Etat existent depuis environ 5 000 ans. Pendant un certain temps, ces sociétés peuvent connaître des périodes de paix et d’ordre internes élevés, d’une durée d’environ un siècle. Mais inévitablement (du moins, dans le passé…), elles finissent par entrer dans des périodes de troubles sociaux et de désintégration politique. Ce que j’appelle « la fin des temps ». La France a par exemple connu une phase intégrative durant le haut Moyen Age, qui a commencé sous le règne unificateur de Philippe Auguste (1180-1223), et s’est achevée avec la guerre de Cent Ans. La prochaine phase d’intégration, la Renaissance, a duré un peu plus d’un siècle (1450-1560), suivie d’une phase de désintégration avec les guerres de religion (1562-1598), puis des rébellions de barons, des insurrections huguenotes et des soulèvements paysans, pour culminer avec la Fronde de 1648-1653. Dans le dernier cycle complet français, la phase d’intégration, les Lumières, s’est étendue de 1660 à la Révolution en 1789. La phase de désintégration comprend la période napoléonienne, les révolutions de 1830 et 1848 et la Commune de Paris en 1871.Comment expliquer ces phases ?C’est la grande question. Mon équipe analyse des centaines de crises survenues au cours des derniers millénaires. Pour résumer, notre modèle a mis en avant le fait que lorsqu’un Etat connaît une stagnation ou une baisse des salaires réels, un écart croissant entre riches et pauvres, une surproduction de jeunes hauts diplômés, une baisse de la confiance générale et une explosion de la dette publique, ces indicateurs sociaux a priori disparates sont en réalité liés les uns aux autres de manière dynamique.Aujourd’hui, il n’est pas trop tard pour éviter les pires conséquences d’une nouvelle fin de cycle. Mais pour cela, nous avons besoin d’une véritable science de l’Histoire afin de nous aider à naviguer dans ce chaos qui vient.Pourquoi la surproduction d’élites représente-t-elle un facteur si important dans votre modèle ?Qui sont les élites ? Pour faire simple, il s’agit d’une petite proportion de la population qui concentre le pouvoir social entre ses mains. Par exemple, les fameux « 1 % » aux Etats-Unis, la classe des mandarins dans la Chine impériale ou la noblesse militaire dans la France médiévale. Toutes les sociétés vastes et complexes ont des classes dirigeantes. Qu’importe que la gouvernance d’un Etat soit démocratique ou autocratique, on trouve toujours une petite fraction de la population qui concentre entre ses mains une part disproportionnée du pouvoir social. Mais il existe plusieurs types d’élites : militaires, économiques, politiques et administratives ou idéologiques.La question clé, c’est comment ces élites se reproduisent et comment elles sont recrutées. Il y a toujours plus d’aspirants à l’élite que de postes de pouvoir disponibles. Une certaine concurrence est bénéfique, mais une concurrence excessive est destructrice. La surproduction d’élites survient quand la demande de places de pouvoir dépasse massivement l’offre. Aux Etats-Unis, le nombre de diplômés a, depuis, largement dépassé celui des postes correspondants. Le déséquilibre est majeur dans les sciences sociales et humaines. Mais même dans les diplômes Stem (sciences, technologies, ingénieries et mathématiques), il y a une surproduction.Or, nous avons constaté que la surproduction d’élites est un phénomène récurrent dans les périodes de pré-crise. Trop d’aspirants à l’élite se disputent un nombre fixe de positions de pouvoir. C’est comme un jeu des chaises musicales : le nombre de chaises est constant, alors que le nombre de joueurs augmente. Résultat : le jeu crée des perdants qui sont frustrés et en colère. Mais cela provoque aussi des divisions au sein même de l’élite, une gouvernance dysfonctionnelle et l’émergence de politiciens antisystème, comme Donald Trump. Lorsque la pyramide sociale devient trop lourde au sommet, les conséquences sont désastreuses pour la stabilité des sociétés.Dans l’Histoire, les avocats frustrés sont parmi les plus dangereux pour le régime en place.Pourquoi les personnes diplômées mais précaires constituent-elles la classe la plus dangereuse pour la stabilité sociale, plus encore que les classes populaires ou ouvrières ?Parce que ces personnes sont ambitieuses, nombre d’entre elles sont intelligentes, travaillent dur et ont de bonnes relations. Mais beaucoup d’entre elles sont traitées injustement par un système qui favorise les enfants des élites établies. Ces personnes sont donc motivées et savent s’organiser pour se transformer en contre-élite, ce qui représente une combinaison très dangereuse.Dans l’Histoire, les avocats frustrés sont parmi les plus dangereux pour le régime en place. Des rebelles comme Robespierre, Lénine, Castro, Ghandi ou Lincoln étaient tous avocats. Or, aux Etats-Unis, nous avons deux voies royales pour accéder aux élites : la richesse et le diplôme d’avocat. Nous surproduisons les avocats, avec trois fois plus de diplômés qu’il n’y a de postes disponibles. Et l’arrivée de l’IA pourrait supprimer jusqu’à la moitié du travail des avocats. Ce qui signifierait qu’il y aurait six fois plus d’aspirants que de postes à pourvoir pour cette profession !Nous sommes en tout cas en train de créer une énorme classe d’aspirants à l’élite qui sont mécontents, alors qu’ils sont ambitieux, intelligents et ont des réseaux. Si vous associez cela à l’appauvrissement des classes populaires, cela donne un cocktail particulièrement explosif.Certes, mais l’économie américaine se porte bien mieux que celle d’autres pays. L’ensemble de la société n’a-t-elle pas bénéficié de la croissance ?Lorsque les sociétés connaissent de longues périodes de paix et d’ordre internes, les élites sont tentées de reconfigurer l’économie en leur faveur, afin d’être les seules à en profiter. Aux Etats-Unis, avant les années 1970, les salaires des travailleurs augmentaient en même temps que leur productivité. Mais depuis, la productivité a continué à croître tandis que les salaires ont stagné. Une pompe à richesse perverse s’est ainsi mise en place : la richesse a été pompée des travailleurs vers les élites. Cela a eu pour conséquence un appauvrissement de la population. L’augmentation du nombre de morts dus au désespoir (suicide, alcoolisme et toxicomanie), comme l’ont en premier diagnostiquée les économistes Anne Case et Angus Deaton, en est la preuve la plus évidente. L’espérance de vie américaine a même reculé durant plusieurs années, fait rare au sein des pays développés.A l’inverse, il y a aujourd’hui dix fois plus de décamillionnaires [NDLR : personne dont le patrimoine net est supérieur à 10 millions de dollars] que dans les années 1970. Cette énorme richesse nouvelle n’est pas tombée du ciel : elle est le résultat de la pompe à richesse, qui fonctionne depuis la fin des années 1970 et qui a marqué la fin d’une période d’un demi-siècle durant laquelle les intérêts des travailleurs et des propriétaires ont été maintenus en équilibre aux Etats-Unis.Vous décrivez les Etats-Unis comme étant historiquement une « ploutocratie ». Pourquoi votre pays est-il différent des autres démocraties occidentales ?Toutes les démocraties occidentales sont gouvernées par une combinaison d’élites économiques et administratives ou politiques. Mais l’équilibre entre les deux peut être très différent. Aux Etats-Unis, du fait de l’histoire comme de la géographie, les détenteurs de richesses dominent la classe politique à un degré que l’on ne retrouve pas en Europe. Sur de nombreux indicateurs – espérance de vie, égalité, éducation – l’Amérique fait d’ailleurs figure d’exception dans le monde occidental.A l’inverse, la France, en particulier, est dirigée politiquement par une élite diplômée qui sort des grandes écoles, comme l’a affirmé Pierre Bourdieu dans La Noblesse d’Etat. Même si, plus récemment, les élites économiques ont gagné en pouvoir.Les Etats-Unis se trouvent aujourd’hui dans une situation beaucoup plus périlleuse que la RussieVous appelez « moment Néron » l’effondrement soudain de l’Etat, qui s’est produit en 68 à Rome avec la fin de la dynastie julio-claudienne, mais aussi avec le gouvernement de Batista à Cuba en 1959 ou plus récemment en Afghanistan, avec la chute du régime instauré par les Américains. Un « moment Néron » pourrait-il vraiment se produire aux Etats-Unis ou dans d’autres démocraties occidentales ? Nos vieilles démocraties ne sont-elles pas à l’abri de ce type d’effondrement ?L’effondrement étatique est un phénomène fréquent dans l’Histoire. Croire que les démocraties matures du monde occidental sont parfaitement préservées contre un tel type de scénario est une grave erreur. Les démocraties libérales ne peuvent exister que lorsqu’il y a un consensus de base entre les élites sur les règles du jeu. Aux Etats-Unis, ce consensus est clairement rompu. En substance, les deux partis ont indiqué qu’ils n’accepteraient pas le résultat de la prochaine élection présidentielle s’il leur était défavorable. C’est pourquoi les Etats-Unis seront particulièrement vulnérables à un « moment Néron » en novembre.Mais que doit faire l’élite actuelle pour éviter le chaos ?Elle doit rééquilibrer l’économie politique en arrêtant la pompe à richesse. Mais cela n’aura un effet positif qu’à long terme, dans plusieurs années. Ainsi, nous sommes presque assurés de connaître des turbulences sociales accrues au cours des années 2020, avec un risque non négligeable d’un effondrement, ce qui conduirait à une guerre civile brûlante.Selon vous, la France est bien moins avancée que les Etats-Unis dans la voie du chaos. Pourquoi ?La part des revenus allant au 1 % supérieur atteint dans votre pays un minimum absolu dans les années 1980 (environ 8 %), puis a augmenté jusqu’à dépasser 11 % au début des années 2000. Elle a ensuite de nouveau baissé, se situant en dessous des 10 %. La France ne suit pas la même trajectoire en termes d’inégalités que son voisin allemand. Mais pour répondre réellement à votre question, il me faut faire une analyse aussi approfondie de plusieurs indicateurs, comme pour les États-Unis.Selon vous, nous surestimons grandement le rôle individuel des dirigeants, par rapport aux structures sociales et économiques plus profondes. Mais la décision de Poutine d’envahir l’Ukraine n’est-elle pas un contre-exemple ? De nombreux spécialistes pensent qu’il a pris cette décision seul…Le problème, c’est que la plupart des spécialistes qui s’expriment sur les grands médias occidentaux vivent dans leur propre chambre d’écho, et leurs opinions sont basées sur ce qu’ils disent les uns aux autres plutôt que sur la réalité. Au sujet de la guerre en Ukraine, il suffit de regarder le fossé qui sépare la vision consensuelle de l’élite occidentale des points de vue d’universitaires dissidents, tels que John Mearsheimer ou Jeffrey Sachs. Mais pour moi, il ne fait aucun doute que les Etats-Unis se trouvent aujourd’hui dans une situation beaucoup plus périlleuse que la Russie.Le Chaos qui vient, par Peter Turchin, trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Peggy Sastre. Le Cherche Midi, 444 p., 23 €. Parution le 10 octobre.

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Author : Thomas Mahler

Publish date : 2024-10-06 07:45:00

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L’Express

Bertrand Besancenot : « L’influence de la France au Moyen-Orient est devenue marginale »

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Ancien ambassadeur de France au Qatar (1998-2002) et en Arabie saoudite (2007-2016), Bertrand Besancenot, est l’un des meilleurs spécialistes du Moyen-Orient. Celui qui fut conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron dresse un bilan sans concession de la faible l’influence de la France dans la région, liée notamment à la gestion peu lisible de la crise à Gaza. D’après ce diplomate, Paris et ses partenaires du Vieux Continent devraient malgré tout s’atteler à contenir l’hubris d’Israël qui, incité par ses succès contre le Hamas et le Hezbollah, pourrait être tenté de pousser trop loin son avantage. Quant à la France, elle aura selon lui à l’avenir, « des arguments à faire valoir pour jouer un rôle » dans une sortie de crise. Entretien.L’Express : Malgré ses efforts diplomatiques, qu’est devenue l’influence de la France au Moyen-Orient ?Bertrand Besancenot : Aujourd’hui, il faut bien reconnaître que le rôle de la France au Moyen-Orient (y compris au Liban) est marginal. Notre influence s’est considérablement réduite. La France a certes demandé, le 25 septembre, une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation dans ce pays, et pris l’initiative – avec Washington – de faire une déclaration, appuyée par divers pays de la région, pour demander un cessez-le-feu immédiat au Liban. Mais ce genre d’appels, Benyamin Netanyahou s’en moque.Aux yeux du Premier ministre israélien, les seuls qui comptent et qui peuvent faire pression sur Israël sont les Américains. Or il estime qu’ils ne s’interposeront pas à ses opérations en cours au Liban. Partant du principe, par ailleurs, que les Iraniens veulent éviter un embrasement régional, Netanyahou considère qu’il a une fenêtre d’opportunité unique jusqu’à l’élection présidentielle américaine pour faire ce qu’il veut et affaiblir au maximum le Hamas, le Hezbollah, voire l’Iran.Cela ne veut pas dire que la France, qui a un lien historique avec le Liban, ne doit rien faire. Notre ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s’est rendu à Beyrouth pour apporter une assistance humanitaire. Nous avons aussi dépêché notre envoyé spécial, l’ancien ministre Jean-Yves Le Drian, qui parle à tous les dirigeants politiques libanais.Cette perte d’influence au Moyen-Orient s’explique-t-elle aussi par le manque de clarté de la ligne diplomatique française sur le conflit à Gaza ?Bien sûr ! La crise de Gaza a été mal gérée dès le départ. D’abord, le président Emmanuel Macron n’est pas allé tout de suite en Israël après le 7 octobre. Ensuite, quand il y est allé, il a fait une déclaration sur la nécessité de créer une coalition internationale contre le Hamas, qui a été évidemment mal interprétée dans toutes les capitales arabes. Cela donnait en effet le sentiment que nous appelions la communauté internationale à s’associer aux frappes sur Gaza : une maladresse insigne.Depuis, malgré d’autres déclarations pour essayer de rééquilibrer la position française, en essayant d’attirer l’attention sur la nécessité de corridors humanitaires, de rappeler la perspective de la solution à deux Etats (qui est la position traditionnelle de la France), nous ne sommes plus audibles.Paris essaye encore de jouer un rôle. Mais les Israéliens ne nous écoutent pas beaucoup. Et quant aux Palestiniens, ils sont déçus : la gestion du conflit à Gaza par les autorités françaises n’a pas correspondu à leurs attentes, c’est le moins qu’on puisse dire. Alors que la France avait été traditionnellement, en particulier sous Jacques Chirac, un pays qui avait une position différente, rappelant qu’il fallait rendre justice aux Palestiniens, notre voix ne porte plus dans le conflit au Moyen-Orient. Aujourd’hui, ceux qui ont des cartes majeures dans la région, ce sont les Etats-Unis. Ils sont les seuls à pouvoir faire pression sur Israël.Après l’explosion du port de Beyrouth, en 2020, Emmanuel Macron, en visite sur place, avait promis de « lancer une nouvelle initiative politique ». Le constat d’échec est-il total ?Une chose est certaine, malgré les tentatives françaises : il n’y a toujours pas de président libanais. Mais il n’y a pas que la France qui soit en échec. L’ensemble du quintette qui poursuivait cet objectif (Etats-Unis, France, Egypte, Emirats arabes unis, Qatar) n’y est pas parvenu. La différence, c’est que la France s’est mise en avant avec la visite du président Macron à Beyrouth, en août 2020, et qu’elle a suscité beaucoup d’espoirs, qui n’ont pas été suivis d’effets…Comment expliquez-vous la réaction discrète de Paris à la mort de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah ?Remarquez que les pays du Golfe ne se sont pas beaucoup exprimés non plus. Car en réalité, ces pays qui, dans le fond, ne versent pas de larmes sur la disparition de Nasrallah, veulent jouer un rôle de recours lorsqu’il faudra trouver des solutions au conflit.La France, en particulier, n’a pas voulu choquer une partie de la population libanaise. Quand aux pays arabes, ils ménagent les Palestiniens – qui, étant donné ce qu’ils subissent à Gaza, ne peuvent pas se réjouir de la disparition du chef du Hezbollah, qui a fait pression sur Israël en solidarité avec la population de Gaza – et leurs opinions publiques.La France pourrait-elle réellement jouer un rôle de médiateur à l’avenir ?A un moment ou un autre, puisque nous avons gardé le contact avec le Hezbollah, nous aurons un rôle à jouer. Car il faudra bien un jour trouver une solution pour le Sud-Liban, qui s’apparentera à la mise en œuvre de la résolution 1 701 de l’ONU, violée par les deux parties. Signée en août 2006 pour mettre fin au conflit entre Israël et le Hezbollah, elle prévoyait le recul de la force libanaise au-delà du fleuve Litani et, de facto, une espèce de zone démilitarisée tenue par la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Or le Hezbollah a continué à s’armer et à utiliser toute cette zone pour y entreposer ses missiles et ses roquettes. Quant aux Israéliens, ils n’ont cessé de survoler la région.On ne peut pas nier que la partie militaire du Hezbollah a mené des actions terroristes. Et en même temps, le Hezbollah est un parti qui représente l’essentiel de la communauté chiite, soit plus du tiers des Libanais. Or à un moment donné, si l’on veut trouver une solution, il faudra forcément des arrangements avec cette partie de la population.La France a des arguments à faire valoir pour jouer un rôle. Elle est depuis longtemps un protecteur du Liban ; elle a de bonnes relations avec l’Egypte, la Jordanie, avec les pays du Golfe d’une façon générale, et elle est membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.Elle peut essayer d’être active diplomatiquement en dialoguant à la fois avec les Américains, les Israéliens, les Palestiniens, les Libanais, et les pays du Golfe, pour essayer de faire en sorte que de ces drames puisse sortir un bien. C’est-à-dire que les extrémistes de tout bord, ceux qui ne reconnaissent pas l’existence d’Israël comme ceux qui ne reconnaissent pas l’identité palestinienne, soient marginalisés. Un objectif extrêmement difficile à mettre en œuvre.Que peut faire l’Union européenne ?Il est clair que la France aurait un rôle beaucoup plus important si elle pouvait entraîner les pays européens avec elle. Mais les divisions sont aujourd’hui trop fortes pour pouvoir peser réellement. Les Européens peuvent apporter de l’aide humanitaire et faire des déclarations pour appeler à la retenue ou au calme, éviter un embrasement régional. Mais cela restera de la rhétorique. Ils peuvent toutefois essayer de tempérer une forme d’hubris israélienne, voire américaine, qui les empêcheraient d’envisager tout compromis, notamment sur la question palestinienne.Or si l’on ne règle pas d’une façon plus ou moins équitable la question palestinienne, après ce qui s’est passé à Gaza, où beaucoup de gens ont perdu un père, une mère, un frère, une sœur ou un cousin, des générations d’extrémistes anti-israéliens émergeront. Et d’autres 7 octobre se produiront.Et même si Tsahal parvient à affaiblir largement le Hezbollah, cela n’empêchera pas, si on ne parvient pas à un arrangement, cette milice libanaise de continuer à disposer de certains équipements et de guérilleros capables de commettre des actes de terrorisme.

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Author : Cyrille Pluyette

Publish date : 2024-10-05 07:45:00

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L’Express

Réseau de tunnels du Hamas : après un an de guerre à Gaza, Israël en vient-il à bout ?

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C’est un énième appel à l’évacuation auquel est confrontée la population de Gaza : ce samedi 5 octobre, l’armée israélienne a dit se préparer à agir « avec force » contre le Hamas dans une partie du centre de l’enclave. Une annonce qui intervient alors que Tsahal, bien que poursuivant ses frappes aériennes quotidiennes sur la bande de Gaza, n’avait pas lancé de raid majeur depuis plusieurs semaines, se concentrant sur les affrontements avec le Hezbollah à la frontière libanaise, et sur la sécurisation du corridor de Philadelphie, à la frontière avec l’Egypte.Un an après les attaques terroristes du 7 octobre et le début d’un conflit qui a fait près de 42 000 morts à Gaza (selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas), l’armée israélienne poursuit inlassablement l’un de ses principaux objectifs : la destruction des installations militaires du Hamas, cachées au sein d’un large et complexe réseau souterrain de tunnels. Mais fait-elle des progrès ? Des mois après le début de l’offensive terrestre, et à mesure que l’enquête des services israéliens avance, on en sait un peu plus sur la manière dont le Hamas s’est attelé, pendant des années de clandestinité, à la construction de ses installations souterraines. Et aussi à quel point il sera difficile, pour Tsahal, d’en venir totalement à bout. »Le métro de Gaza », toujours largement opérationnelEn janvier 2024, les responsables de la défense israélienne ont estimé que la longueur du réseau de tunnels du Hamas, aussi appelé « le métro de Gaza », était comprise entre 500 et 700 kilomètres. « Un chiffre stupéfiant étant donné que l’enclave n’a qu’une superficie totale de 360 kilomètres carrés », remarque The Times of Israël. Cet été, le quotidien israélien révélait que l’armée s’inquiétait du fait « qu’après neuf mois de guerre, une grande partie du réseau était toujours en bon état de fonctionnement dans de nombreuses parties de Gaza », et que le groupe avait toujours la capacité d’organiser des raids près de la frontière avec Israël, bien que sans commune mesure avec ceux du 7 octobre. Si la guerre devait se terminer maintenant, le Hamas, qui a par ailleurs reconstruit une partie des tunnels frappés par Israël, aurait toujours la capacité de nuire, selon le journal.Bien sûr, l’organisation qui comptait 35 000 soldats avant la guerre a été fortement diminuée. « Le groupe a perdu son principal dirigeant politique [NDLR : Ismaïl Haniyeh] ainsi que des dizaines de commandants militaires et environ 15 000 combattants, selon les responsables des services de renseignement régionaux », synthétise The Washington Post, dans une longue enquête publiée sur le réseau souterrain de Gaza. « Les stocks d’argent et d’armes s’amenuisent. Un grand nombre des quelque 5 700 tunnels du groupe ont été détruits par les bombes israéliennes », énumère-t-il encore.Mais la traque des combattants de l’organisation islamique s’apparente à une chasse à l’homme sans fin. « Des responsables des Forces de défense d’Israël ont décrit leur désarroi après s’être frayé un chemin dans des bunkers situés à des dizaines de mètres sous les rues de Gaza, pour découvrir des puits menant à des tunnels plus profonds encore », indique le quotidien américain. Bien que Tsahal connaissait depuis longtemps la menace que représentent ces tunnels, utilisés par le Hamas en 2006 pour capturer le soldat Gilad Shalit, et que les forces israéliennes avaient déployé des capteurs le long de la frontière, elles n’avaient pas idée de la taille et la complexité de ces tunnels.Une ville sous la villeRéseaux routiers et de communication, ateliers de fabrication d’armes, stockages de provisions, abris anti-bombes, hôpitaux de campagne, logements (devenus parfois des lieux de détention d’otages) : les tunnels du Hamas sont une ville sous la ville. « Malgré des années de blocus israélien, le groupe est parvenu à acquérir un arsenal de roquettes, d’explosifs, d’armes légères, tout en construisant un réseau financier et défensif, ayant permis aux chefs du Hamas de tenir pendant des mois, malgré le siège de l’une des plus puissantes armées au monde », résume The Washington Post.Le réseau fonctionne d’ailleurs de manière relativement autonome. À la surprise des renseignements américains et israéliens, qui pensaient que la majeure partie des munitions du Hamas étaient fournies par l’Iran, ce ne sont pas des usines d’assemblage qui ont été retrouvées à Gaza, mais bien une multitude de petits ateliers de manufactures d’armes terrés à quelques mètres de profondeur, qui produisent a priori 80 % de l’arsenal du Hamas. Passant entre les mailles du blocus israélien, l’organisation accumulait des composants venus de l’extérieur, aussi rudimentaire que des produits chimiques agricoles, destinés à la fabrication d’explosifs.Une difficulté pour IsraëlSe donnant les moyens de ses ambitions, le Hamas a collecté des dizaines de millions de dollars, auprès de l’Iran et du Qatar, mais aussi grâce aux taxes locales et en détournant certaines aides internationales, afin de financer la construction de ce labyrinthe bétonné, ou encore de payer les combattants du Hamas. Des dépôts de banques ont également été volés dans la bande de Gaza après le début de la guerre.Cette infrastructure complexe, terrée au milieu d’installations civiles, donne du fil à retordre à l’armée régulière israélienne. « Combattre un ennemi capable de se déplacer horizontalement et verticalement, sur un champ de bataille situé dans une zone urbaine très peuplée, constitue un formidable défi militaire », explique ainsi Dana Stroul, secrétaire adjoint à la défense pour le Moyen-Orient pendant les trois premières années de l’administration Biden. Un responsable de la défense a également déclaré au Times of Israel « que le démantèlement des tunnels pourrait prendre des années. Il a précisé que les passages souterrains doivent être cartographiés et vérifiés pour détecter les pièges et les otages avant que les forces israéliennes ne puissent les détruire ».Autre problème de taille pour Israël : un second réseau militaire, celui du Hezbollah cette fois. Cet été, la milice chiite, probablement dans le but d’envoyer un message fort à l’État hébreu, a publié des renseignements indiquant l’étendue de ses souterrains au Liban. Dans les images diffusées, des membres de Hezbollah sont montrés se déplaçant dans un labyrinthe de tunnels éclairés, avec des véhicules transportant des armes. Le leader du groupe, Hassan Nasrallah, décédé depuis, y évoque la possession de missiles de précision, préparant ainsi le terrain à une réponse potentiellement violente en cas d’agression israélienne.A l’époque, l’analyste militaire Hisham Jaber, un général libanais à la retraite, expliquait auprès de l’AFP que l’on savait peu de choses sur les bunkers et tunnels « top secret » du Hezbollah. « Les avions de guerre ne peuvent pas atteindre ces installations […] et les combattants pourraient rester à l’intérieur de tunnels bien approvisionnés pendant des mois ». Israël pourrait en réalité « continuer à détruire le Liban pendant des mois sans jamais atteindre » les bunkers, a-t-il ajouté.

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Publish date : 2024-10-05 18:27:38

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L’Express

Avec Trump, le scrutin du 5 novembre sera-t-il « pacifique » ? Ce qui inquiète Biden

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A un mois de la présidentielle américaine, Joe Biden s’est inquiété, vendredi 4 octobre, du risque que le scrutin ne soit pas « pacifique », en raison du comportement du candidat républicain Donald Trump. « Les choses qu’il a dites la dernière fois lorsqu’il n’aimait pas le résultat de l’élection étaient très dangereuses », a alerté le président américain. « Je suis inquiet de ce qu’ils vont faire » lors du vote, a-t-il affirmé lors d’un échange impromptu avec des journalistes.A l’approche du scrutin du 5 novembre, opposant la vice-présidente démocrate Kamala Harris à Donald Trump, les illustrations d’une société américaine à cran sont omniprésentes. Les centres électoraux des comtés les plus disputés, cibles il y a quatre ans de vives tensions, se sont mués en forteresses, protégées par des clôtures en fer forgé et des détecteurs de métaux. La certification des résultats de la présidentielle au Capitole, théâtre le 6 janvier 2021 d’une attaque de trumpistes déchaînés, sera cette fois encadrée par le plus haut niveau de sécurité possible pour un événement officiel. »Tricher comme des diables »La crainte est qu’une fois encore, le vote soit si serré qu’il faille non pas des heures, mais des jours entiers pour déclarer un vainqueur. Donald Trump, qui n’a jamais reconnu sa défaite en 2020, a déjà posé les premiers jalons d’une nouvelle contestation, accusant vendredi les démocrates de « tricher comme des diables », lors d’une réunion publique avec des électeurs. Le candidat républicain a aussi imputé la seconde tentative d’assassinat dont il a été victime à la « rhétorique » de ses adversaires, quand les démocrates l’accusent au contraire d’être l’instigateur d’un climat politique parfois irrespirable.Le septuagénaire républicain doit d’ailleurs retourner ce samedi sur les lieux de la première tentative d’assassinat, où il a réchappé de peu en juillet aux balles d’un tireur, dans la ville de Butler en Pennsylvanie, pour un nouveau meeting de campagne. Il sera accompagné d’un invité de marque : Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, propriétaire de X, Tesla, ou encore SpaceX.Avant cela, Donald Trump était vendredi en Géorgie, Etat durement frappé par l’ouragan Hélène, qui a fait plus de 200 morts aux Etats-Unis. Lors de ce déplacement, il a reproché à la Maison-Blanche d’avoir « terriblement » géré cette crise. Et accusé, sans preuves, l’administration Biden d’avoir détourné des fonds de l’agence fédérale de réponse aux catastrophes naturelles pour les redistribuer à des migrants.Obama appuie HarrisKamala Harris était quant à elle dans le Michigan, Etat-clé de la région des Grands Lacs et symbole du déclin industriel aux Etats-Unis à partir des années 1980. La candidate démocrate a commencé son déplacement dans la grande ville de Detroit, berceau de l’industrie automobile américaine, où elle veut renforcer son image de candidate pro-syndicats. L’électorat ouvrier était traditionnellement favorable aux démocrates, mais Donald Trump a réussi depuis son entrée sur la scène politique à s’attirer les faveurs de nombre de ses membres.Pour tenter d’estomper cet exode, Kamala Harris pourra bénéficier ces prochaines semaines d’un appui de poids en la personne de Barack Obama. Toujours très populaire, le premier président noir de l’histoire des Etats-Unis va se rendre sur le terrain dans plusieurs Etats-clés jusqu’au scrutin du 5 novembre, a annoncé l’équipe de campagne de la vice-présidente démocrate.

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Publish date : 2024-10-05 08:45:17

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L’Express

Guerre israélienne contre l’Iran : l’idée n’est plus taboue pour les Occidentaux

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« Lorsque l’Iran sera enfin libre, et ce moment arrivera bien plus tôt qu’on ne le pense, tout sera différent », a déclaré, dans une menace à peine voilée, Benyamin Netanyahou, dans une vidéo adressée le 30 septembre aux Iraniens, dans laquelle il fustigeait les « théocrates fanatiques » à la tête du pays. Enhardi par ses succès militaires contre le Hamas (à Gaza) et le Hezbollah (au Liban), le Premier ministre israélien voudra-t-il poursuivre sur sa lancée en attaquant son ennemi le plus puissant, l’Iran, quitte à risquer une guerre régionale ?Après l’élimination du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et l’offensive israélienne au Liban pour affaiblir encore davantage la milice libanaise, une telle opération, qui paraissait encore impensable il y a quelques semaines, fait désormais partie des scénarios possibles. « Pour Netanyahou, le vrai problème, c’est l’Iran. Cela fait des années qu’il alerte sur la menace nucléaire que représente ce pays. Aujourd’hui, il estime qu’il existe une fenêtre d’opportunité pour régler la question du régime de Téhéran et annihiler son programme nucléaire », souligne Amélie Ferey, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri).Pour l’heure, Israël prépare sa riposte, après avoir subi l’envoi par l’Iran de quelque 180 missiles balistiques, le 1er octobre. Et les Etats-Unis se sont clairement affichés à ses côtés. « Cette attaque [de missiles iraniens] aura des conséquences graves et nous travaillerons avec Israël pour que ce soit le cas », a martelé Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité à la Maison-Blanche. « Qu’on ne s’y trompe pas, les États-Unis soutiennent pleinement, pleinement, pleinement Israël », a renchéri Joe Biden.Frappes sur des sites pétroliers iraniens « en discussion »Jusqu’à quel point les Etats-Unis retiendront-ils le bras israélien ? « Washington ne fait même pas l’effort d’empêcher des représailles. Ils essayent de réfléchir avec les Israéliens aux cibles visées et aux implications qu’aurait le fait de frapper des sites nucléaires et des infrastructures économiques », explique Aaron David Miller, ancien diplomate américain au Proche-Orient et analyste au centre de réflexion Carnegie Endowment for International Peace, à Washington. À la question de savoir si les États-Unis soutiendraient une attaque d’Israël contre les installations pétrolières de l’Iran, le président américain a répondu cette semaine que le sujet était « en discussion » – ce qui a fait bondir le prix du baril de pétrole. Mais il a affirmé qu’il ne soutiendrait pas des frappes de Tsahal contre des sites nucléaires iraniens. »A mon avis, les Israéliens viseront principalement, dans un premier temps, les postes de commandement des Gardiens de la révolution iraniens, les sites de lancement de missiles balistiques, les dépôts d’armes et toute une série de cibles conventionnelles, poursuit Aaron David Miller. Et si les Iraniens ripostent fortement, les Israéliens identifieront d’autres cibles, y compris des infrastructures économiques et peut-être des sites nucléaires. Et je ne pense pas que l’administration Biden les en empêchera. » @lexpress L’Iran a lancé 200 missiles contre Israël lors d’une attaque mardi soir. Voici ce que l’on sait. sinformersurtiktok apprendreavectiktok iran israel news newsattiktok ♬ original sound – L’Express – L’Express Moment historiqueLes sites nucléaires seraient toutefois particulièrement difficiles à détruire. « Le problème, c’est que le programme est non seulement disséminé sur tout le territoire, mais également bien protégé et profondément enfoui. Il faudrait de nombreux raids d’avions pour venir à bout du système de défense aérienne iranien, ce qui exposerait les pilotes israéliens », précise Amélie Férey. Et la chercheuse de compléter : « Cela ne veut pas dire qu’ils ne vont pas le faire. Ni qu’il est impossible d’annihiler le programme nucléaire iranien. »L’idée que le moment serait peut-être historique et qu’il pourrait permettre de faire tomber le régime iranien ne serait plus taboue au sein d’une partie de la communauté internationale. « Le degré de renseignements que les Israéliens possèdent sur le Hezbollah pose la question de la qualité de ceux dont ils disposent sur le régime iranien, glisse une source diplomatique. Cela entretient le discours selon lequel tout ce qui semblait impossible ne l’est plus. Cette capacité à nous persuader que l’équation a peut-être changé, que c’est peut-être un moment historique, introduit un doute, qui peut possiblement expliquer des changements de posture sur la question iranienne chez les Américains, mais aussi du côté de la France et de certains Européens ». Et d’ajouter : « Cette fascination est extrêmement dangereuse, parce qu’on finit par ne plus avoir peur du chaos, en se disant que quelque chose de plus favorable à nos intérêts peut en sortir. »La France a condamné le 2 octobre à l’ONU les attaques par missiles balistiques perpétrées par l’Iran contre Israël. Se disant « attachée à la sécurité d’Israël », elle a « mobilisé ses moyens militaires au Moyen-Orient pour parer la menace iranienne ». Concernant le Liban, Paris dénonce par ailleurs « les frappes aériennes israéliennes qui ont provoqué un nombre inacceptable de victimes civiles ainsi que les attaques du Hezbollah contre Israël et sa population », et appelle à un « cessez-le-feu » dans ce pays.Une question cruciale, à présent, est de savoir dans quelles circonstances les États-Unis participeraient directement à une offensive israélienne en Iran. « Nous n’en sommes pas encore là. Mais si l’on entre dans une escalade, il n’est pas difficile de pronostiquer que les États-Unis s’impliqueront », rappelle l’ex-diplomate Aaron David Miller, pour qui le régime iranien n’est, toutefois, pas proche de sa chute.

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Author : Cyrille Pluyette

Publish date : 2024-10-05 10:41:05

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L’Express

Amy Greene : « Aux Etats-Unis, certaines électrices de droite sont prêtes à voter démocrate »

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Dans L’Amérique face à ses fractures (Tallandier), Amy Greene dresse le portrait d’un pays cabossé – et qui se cherche. Les Etats-Unis sont-ils toujours le leader du monde libre et le garant du mode de vie occidental ? Le rêve américain fait-il toujours rêver ? Pourquoi le vainqueur de la Seconde Guerre mondiale se replie-t-il sur lui-même ? La réponse à ces questions est d’autant plus ardue que les « U.S. of A. »sont une mosaïque culturelle et géographique ainsi qu’un pays fédéral « éclaté » en 50 Etats qui abritent autant de réalités différentes.Pour y voir clair, la Franco-Américaine, enseignante à Sciences Po et directrice exécutive du collège sciences, humanités et société de l’université Paris Sciences & Lettres, examine les différentes composantes de l’électorat : les hommes noirs, les femmes blanches des banlieues, les jeunes de la « génération Z », etc. Et l’on comprend mieux pourquoi l’issue du scrutin présidentiel du 5 novembre demeure encore incertaine.L’Amérique face à ses fractures, par Amy Greene. 2024Pourquoi les Etats-Unis sont-ils un pays plus difficile à comprendre qu’on ne l’imagine ?Cela tient à la fausse proximité que nous entretenons avec l’Amérique. Celle-ci est tellement présente dans nos imaginaires à travers la culture populaire (cinéma, musique…) et les actualités, que l’on a l’impression de bien la connaître. Cela conduit à des idées reçues et nous empêche de saisir la complexité des choses. Car oui, les Etats-Unis sont une nation complexe.Il s’agit en outre d’un pays géographiquement immense où vivent des gens que l’on résume un peu rapidement à des catégories : les Latinos, les Noirs, les habitants du Sud, etc. Or aucun de ces groupes n’est monolithique. Au contraire, chacun d’eux abrite une grande diversité d’idées politiques. Et les aspirations des Américains varient considérablement d’un individu à un autre.La violence politique est une autre caractéristique. Les débats publics y semblent aussi brutaux qu’un règlement de comptes au Far West !Ce n’est pas un phénomène nouveau. L’histoire des Etats-Unis est ponctuée de moments de violence qui coïncident souvent avec des phases de transformation, de recomposition sociale. Je pense évidemment au contexte social tendu des années 1960 et la lutte pour les droits civiques, ou aux tentatives d’assassinats contre Gerald Ford (1974-1976) et Ronald Reagan (1981-1988). Avec l’irruption de Donald Trump sur la scène politique, la résurgence de la violence verbale est indéniable. Elle s’est diffusée partout.Tentons malgré tout de raisonner par catégories, en commençant par les Afro-Américains de sexe masculin. Kamala Harris admet avoir des difficultés à les convaincre de voter pour elle…La majorité des Noirs soutiennent Kamala Harris, à 80 voire 90 %. Mais certains hommes noirs sont prêts à voter Trump. Ce segment de l’électorat, qui était historiquement acquis aux démocrates, s’effrite. Or dans un scrutin serré, chaque voix compte. Une partie de l’explication tient à ce que certains hommes noirs ont tendance à minimiser la réussite éclatante des femmes noires les plus puissantes, symbolisée par la candidature de Kamala Harris. Une autre partie de l’explication se trouve dans le fait que les hommes noirs sont comme tout autre électeur – il faut les convaincre, notamment sur le plan économique, sur lequel Trump surfe habilement.Le vote des Noirs pour Donald Trump a quelque chose de contre-intuitif dans la mesure où, au début de sa carrière, le magnat de l’immobilier new-yorkais possédait des immeubles où les locataires afro-américains étaient interdits…Les choses évoluent. Même si le Parti démocrate attire toujours la grande majorité du vote noir, certains Afro-Américains jugent Trump davantage crédible sur l’économie. Ils pensent aussi que Barack Obama ou Joe Biden n’ont pas fait assez pour améliorer les conditions de vie de leur communauté. Et ils ont constaté une réelle amélioration de leurs revenus pendant le mandat de Trump, ainsi qu’une diminution du chômage.Ils tiennent aussi à affirmer qu’être noir ne signifie pas automatiquement voter pour des candidats démocrates. Ils refusent d’être assignés à des critères purement identitaires. Ils ont essayé Trump et constaté que, économiquement, ce n’était pas si mal pour eux. Ils pourraient voter ou revoter pour lui. On observe le même phénomène chez les Hispaniques. Mais, encore une fois, il faut rappeler que ce phénomène reste minoritaire.Et les femmes noires ? Comment appréhendent-elles Kamala Harris ?Les femmes noires constituent la composante électorale la plus fidèle au Parti démocrate. C’est un socle inébranlable. En 2016, elles ont voté massivement pour Hillary Clinton (entre 93 et 98 % d’entre elles) tandis que le vote des femmes blanches a penché pour Donald Trump. Lors des midterms de 2018 et 2022 et à la présidentielle de 2020, les femmes noires ont également voté démocrate de façon écrasante. Elles voient Kamala Harris comme une des leurs car la candidate a toujours assumé son identité de Noire américaine.De fait, elle a été élevée – par sa mère, très militante – dans la tradition de la lutte pour les droits civiques. Certes, ses origines sont indiennes et jamaïcaines, mais elle a grandi dans un environnement multiculturel et a étudié à Howard, une de ces fameuses HBCU ou « universités historiquement noires » [NDLR : fréquentées presque exclusivement par des Afro-Américains]. Tout indique que voir Kamala Harris aux portes du pouvoir remplit les femmes noires de fierté.A l’inverse, le racisme peut-il jouer en défaveur de Kamala Harris ?Aux Etats-Unis, la question raciale reste présente. La preuve, c’est que Donald Trump n’a cessé de l’évoquer et d’en faire un élément de suspicion à l’égard de sa rivale, y compris pendant le débat contre Kamala Harris lorsqu’il a remis en question son « identité noire ». Cela montre qu’une partie de ses électeurs y est sensible. J’ignore à quel point ce sera efficace comme facteur de mobilisation des électeurs contre elle.Comment se positionnent les Latino-Américains ?C’est un autre sujet de préoccupation pour le Parti démocrate, particulièrement dans les Etats pivots. Les Hispaniques votent traditionnellement à gauche, mais ils sont de plus en plus nombreux à être séduits par le Parti républicain pour différentes raisons. Beaucoup de ceux qui vivent dans des Etats frontaliers du Mexique s’inquiètent du nombre de passages clandestins qui a explosé sous la présidence Biden.Il y a un impact direct de cette immigration sur leurs communautés. De plus, ceux qui sont de confession catholique sont souvent conservateurs sur les questions de société, comme l’IVG par exemple, et se reconnaissent davantage dans la politique de la droite. Enfin, comme chez les Afro-Américains, ils estiment que leur situation économique s’est moins améliorée sous Joe Biden que sous Donald Trump. Dernier point : certains Latinos éprouvent le sentiment que le Parti démocrate ne s’intéresse à eux qu’autour des élections, et qu’entre-temps, ses politiques ne résolvent pas forcément leurs problèmes concrets.Le vote des « suburban white women », ou femmes blanches de banlieue, constitue un autre enjeu de cette élection.Attention à la notion de « banlieue » qui n’a pas le même sens qu’en France. Il s’agit ici de banlieues des grandes métropoles, plutôt aisées. Nous parlons des femmes CSP + qui disposent généralement d’un certain niveau d’étude et vivent dans un environnement plutôt favorisé. En 2016 et 2020, elles ont voté majoritairement pour Donald Trump mais cette année, les choses s’annoncent différentes parce que la question de l’IVG change la donne. Voilà deux ans, la Cour suprême a annulé le décret Roe vs Wade de 1973 qui protégeait le droit à l’avortement sur tout le territoire. Et cela, en renvoyant la responsabilité de légiférer sur le sujet aux Etats fédéraux. De nombreux Etats gouvernés par des républicains conservateurs ont donc mis en place des interdictions ou des restrictions afin d’empêcher la pratique de l’IVG.La décision de la Cour suprême, en juin 2022, s’est immédiatement traduite dans les urnes lors des élections de mi-mandat de novembre 2022. Et cela, en défaveur des républicains. Depuis deux ans, les démocrates font de ce thème un argument électoral central, sachant que l’opinion publique soutient majoritairement le maintien du droit acquis en 1973. Cet investissement porte ses fruits. Dans plusieurs Etats républicains, des référendums proposant d’interdire ou restreindre le droit à l’avortement ont été organisés. Les électeurs et les électrices ont rejeté ces propositions, par exemple dans le Kentucky. Le sujet dépasse les appartenances politiques. Certaines électrices de droite, attachées à l’IVG, disent que la ligne des républicains est rédhibitoire et qu’elles sont prêtes à voter démocrate pour la première fois de leur vie. Bref, Donald Trump a un vrai problème avec les femmes.En revanche, il fait un malheur parmi les « cols bleus ». Mais que recouvre au juste ce terme ?Il s’agit de la classe ouvrière et plus généralement, des Blancs non diplômés. Se trouvent parmi eux des personnes qui travaillent en usine ou en manufacture, des chauffeurs de bus ou de camion, pour ne citer que quelques exemples. Ce sont souvent des gens qui habitent dans des zones excentrées ou désindustrialisées, où ils ont vu de leurs yeux des usines fermer, des jeunes partir et des emplois disparaître sans revenir.Depuis plusieurs années, Donald Trump s’efforce de fédérer les différents cols bleus et de leur montrer qu’il détient la solution à leurs problèmes. Il y parvient en jouant sur les peurs culturelles et les arguments économiques. Fidéliser définitivement cet électorat-là est crucial dans certains Etats pivots, comme le Michigan et la Pennsylvanie. Néanmoins, Kamala Harris – et son colistier Tim Walz – grignote sur l’avance de Trump auprès de ces électeurs.A cet égard, le choix du colistier Tim Walz est finement joué de la part de Kamala Harris…Effectivement, convaincre les cols bleus fait partie de sa mission. Et il possède des atouts. D’abord, c’est un fils du Midwest, un élu très connecté à son territoire, notamment le Minnesota dont il est le gouverneur. Lui-même a grandi dans l’Amérique profonde, et c’est là où il a choisi de faire sa vie et sa carrière. Il est ancien prof de lycée, ex-coach de football américain du lycée et « vétéran » de l’armée. Sa trajectoire est typiquement américaine.Il est perçu comme un homme normal dont le train de vie ne lui a pas apporté une fortune. Son pedigree est idéal pour partir à la conquête de l’Américain moyen. Walz est complémentaire d’une Kamala Harris perçue par certains comme une figure plus lointaine du fait qu’elle a grandi en Californie et plus particulièrement à San Francisco, ville « libérale » très connotée à gauche.Les jeunes constituent une autre catégorie d’électeurs très convoitée.Observons d’abord que les jeunes se rendent beaucoup plus aux urnes aujourd’hui qu’autrefois – et cela, qu’ils appartiennent à la génération des millenials, ceux qui ont entre 28 et 43 ans, ou la génération Z, qui ont aujourd’hui 27 ans ou moins. A la présidentielle de 2020 et les élections de mi-mandat en 2022, ils ont largement voté démocrate. L’ensemble de la génération Z penche du côté démocrate, mais si l’on considère uniquement les jeunes hommes – notamment blancs et non diplômés – alors on constate une attirance particulière pour Donald Trump.Sa posture « masculiniste » leur plaît. Ils peuvent se sentir exclus politiquement, culturellement et économiquement. Trump cultive une proximité avec ces jeunes hommes, et le soutien d’Elon Musk à Trump renforce encore cet effort. Dans le camp d’en face, le colistier Tim Walz, qui a passé des années à accompagner des jeunes dans le cadre de leurs études secondaires, a aussi fait d’eux une priorité, mais avec un message très différent.Ajoutons que la génération Z possède certaines spécificités. Sans être unanimement progressistes, les jeunes de cette génération sont davantage libéraux sur les questions sociales. Parmi les sujets qui les préoccupent figurent notamment le contrôle des armes à feu, le changement climatique et, évidemment, le droit à l’avortement. Ils sont bien organisés sur les réseaux sociaux et savent mobiliser leurs troupes dans la rue, notamment pour le climat et le contrôle des armes. Mais les jeunes de la génération Z ne sont pas radicaux. Au contraire, pour faire avancer leurs idées, ils s’appuient plus volontiers sur les institutions et le système judiciaire. C’est là qu’ils mènent des actions contre les Etats américains qui négligent les questions environnementales, par exemple.Dans quel état d’esprit se trouve la classe moyenne ?Elle vit moins bien qu’il y a cinquante ans. La dégradation de son niveau de vie est un phénomène important parce que la classe moyenne représente historiquement le moteur du développement économique et l’incarnation du « rêve américain ». Kamala Harris se positionne avec un programme qui met l’accent sur la classe moyenne, notamment à travers l’économie du « care », c’est-à-dire, par exemple, une meilleure prise en charge par le service public de la petite enfance et des soins aux personnes âgées. Elle propose un crédit d’impôts pour des nouveau-nés et un coût de la garde d’enfants maîtrisé. Nous verrons si cette approche est payante.En proposant ce genre de choses, ne passe-t-elle pas pour une « socialiste » dans un pays où l’intervention de l’Etat est plutôt une notion repoussoir ?Non, pas forcément. Une partie de la population est sensible à ces propositions même si le Parti républicain, à commencer par Trump, caricature Kamala Harris en la qualifiant de « marxiste » et de « communiste ». Quoi qu’il en soit, les Américains sont surtout très préoccupés par la stagnation des salaires et les prix des produits de première nécessité (logement, nourriture, frais médicaux) qui ne cessent d’augmenter.Vu de France, ce genre d’argument fait sourire, tout comme cette histoire de migrants qui, selon Trump, « mangent des chiens et des chats ». La culture politique américaine serait-elle un brin fruste ?Non. D’abord, il n’y a pas une culture mais des cultures politiques, qui sont différentes en Pennsylvanie, au Texas, en Californie, à New York, Boston, Chicago, etc. Les électeurs américains savent cerner leurs intérêts, faire leur choix de façon éclairée en fonction de ce qu’ils perçoivent comme leurs intérêts. La question qui se pose n’est pas celle d’un manque de culture ou d’une culture politique immature mais le surgissement d’un populisme qui instrumentalise la souffrance sociale et économique et qui attise les fractures. Tout au long de l’Histoire, on a vu les Américains faire des choix très raisonnables et bien inspirés. Nous verrons bien la vision pour l’Amérique qu’ils choisiront le mois prochain.

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Author : Axel Gyldén

Publish date : 2024-10-05 16:00:00

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L’Express

AME : la France est-elle vraiment une terre d’exception ?

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A chaque fois que l’aide médicale d’État (AME) revient dans le débat public, un argument est systématiquement mobilisé par ses détracteurs : la France serait une terre d’exception en Europe. Avec ce dispositif, elle offrirait ainsi bien plus de soins aux personnes en situation irrégulière que le reste du Vieux Continent. Une idée notamment défendue par le ministre de l’Intérieur lui-même : « Nous sommes un des pays qui donnent le plus d’avantages. Je ne veux pas que la France soit le pays le plus attractif d’Europe », avait ainsi indiqué Bruno Retailleau au 20 heures de TF1, en septembre, rappelant qu’il était pour sa suppression.Interrogée ce vendredi 4 octobre sur le sujet, la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a exclu toute réforme pour le moment. « Il n’est pas question d’y toucher », a-t-elle balayé. A défaut de fournir des certitudes sur l’avenir du dispositif, de plus en plus attaqué, la passe d’armes a de nouveau attiré l’attention sur la « générosité » supposée de la France.Si l’AME ne contribue que peu à l’immigration illégale – c’est ce que disent les rapports sur la question – elle serait, selon les défenseurs de cet argument, tout de même plus « attirante » qu’ailleurs. Quand est-il vraiment ? Comme le rappelle le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) de 2019 et celui dit « Evin-Stefanini », remis fin 2023, l’Hexagone se situe bien dans le haut du tableau. Mais les données disponibles ne permettent pas d’établir une forme d’exception française. Et ce panorama général est à nuancer, selon les critères pris en compte.Ainsi, si le panier de soins octroyés se révèle très large dans l’Hexagone, ce choix ne s’avère pas spécifique : d’autres nations présentent des prises en charge comparables, gratuites, sans avance de frais, d’actes allant du dépistage aux soins dentaires en passant par les frais chirurgicaux. C’est le cas de l’Espagne, qui a tenté de durcir ses règles en 2012 avant de revenir en arrière 2018, ou encore de l’Italie.Limiter les risques sanitairesCe n’est pas simplement par solidarité que ces pays ont opté pour cette configuration, mais pour limiter les risques sanitaires. « Il vaut mieux traiter les pathologies avant qu’elles ne s’aggravent ou se répandent et deviennent des urgences », résume Nicolas Vignier, médecin à Avicenne, et spécialiste de la question de l’accès au soin. Prévenir coûte aussi, en principe, moins cher que déployer les grands moyens pour sauver une personne ou contrer une épidémie.Sur les autres aspects, la France est en réalité plutôt restrictive. À commencer par les conditions d’accès. « Il faut faire une demande à l’Assurance maladie, et fournir plusieurs papiers officiels, comme une attestation de domicile, ce que n’ont pas la plupart des personnes en situation irrégulière », poursuit Nicolas Vignier. Dans d’autres pays, comme en Italie, ou dans certaines régions allemandes, la prise en charge ne requiert aucun signalement préalable.Autre différence, dans ces deux pays, aucun délai n’est pratiqué. La prise en charge peut se faire dès l’entrée sur le territoire. A l’inverse, la France, tout comme la Belgique, demande aux requérants de justifier une présence sur le territoire d’au moins trois mois. Pas la plus généreuse donc. Et très loin des logiques « tiers-mondiste » ou « sans-frontière » dépeintes dans les médias du groupe Bolloré, très actifs sur le sujet.Quelques pays ont tout de même des propositions plus strictes, du moins en apparence : au-delà des urgences, le Royaume-Uni et le Danemark ont effectivement tendance à faire payer les soins, bien que les hôpitaux aient une marge de manœuvre. La Suède limite un peu plus son panier, et en Suisse, il faut souscrire à une assurance maladie pour être aidé, qu’importe son statut.Situations diversesMais ces éléments doivent être regardés en connaissance des systèmes locaux : la prise en charge publique est-elle importante ? Est-il facile d’être régularisé ? « Certains systèmes sont très décentralisés, et permettent une myriade de variations. Et les philosophies générales en termes d’assurance maladie peuvent passer du tout prise en charge au tout payant. Impossible donc de transposer les dispositifs « , résume Claude Evin, un des auteurs du rapport Evin-Stéfanini.Les situations sont tellement diverses que le spécialiste, ministre de la Santé sous Michel Rocard, a dû commander des notes de synthèse à nos principaux voisins. Sans elles, impossible d’y voir clair. Même lorsque l’on ne prend en exemple qu’un seul pays, l’exercice est périlleux. « La Belgique est par exemple souvent citée par les détracteurs de l’AME car elle dispose d’une aide dite « d’urgence ». Sauf qu’elle n’a pas la même définition de l’urgence et permet en pratique tout un panel de soins préventifs », illustre l’expert.Autre exemple : dans les faits, la loi fédérale allemande n’assure qu’une prise en charge d’urgence. Mais elle permet d’aller plus loin, à la discrétion des régions. Le coût de ce régime dérogatoire a été chiffré par le Parlement allemand : 690 millions d’euros en 2022. Soit environ la moitié du coût total français, rien qu’avec des actes non urgents. Autrement dit, si le dispositif est d’apparence différent, plus restreint, il semble in fine correspondre, en termes d’ampleur, à ce qu’il se pratique dans l’Hexagone.De l’avis des experts, en plus d’être aventureuses, ces comparaisons détournent le débat des questions légitimes : « Ce qu’il faut se demander c’est si l’AME est moins coûteux qu’un service restreint, ce à quoi nous répondons clairement non. Qui plus est, sa suppression, en plus d’être un non-sens sanitaire, n’aura aucun intérêt sur le plan migratoire, car la très grande majorité des migrants ignorent ce droit », souligne Claude Evin. Des éléments connus depuis longtemps, mais volontairement ignorés par l’extrême droite et une partie de la droite républicaine.

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Author : Antoine Beau

Publish date : 2024-10-05 15:16:13

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L’Express

Conflit au Moyen-Orient : Israël dit « préparer une réponse » à l’attaque iranienne

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L’armée israélienne a mené, ce samedi 5 octobre, de nouvelles frappes aériennes au Liban, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth, un fief du mouvement armé du Hezbollah, qui a affirmé être engagé dans des affrontements avec les troupes israéliennes à la frontière libanaise.Les infos à retenir⇒ Un commandant du Hamas tué dans une frappe près de Tripoli⇒ Israël « prépare une réponse » à l’attaque iranienne de mardi⇒ Des tirs de roquettes du Hezbollah sur une base aérienne israélienne13h38L’Iran a donné une « leçon » à Israël, selon Bachar al-AssadLe président syrien Bachar al-Assad a déclaré ce samedi que l’Iran a donné une « leçon » à Israël, en lançant mardi une attaque aux missiles sur ce pays, selon un communiqué de son bureau. Les tirs de quelque 200 missiles sur Israël par Téhéran étaient « une réponse forte et ont donné une leçon à l’entité sioniste », a déclaré Bachar al-Assad lors d’un entretien avec le chef de la diplomatie iranienne Abbas Aragchi, en visite à Damas.13h20Israël « prépare une réponse » à l’attaque iranienne »L’armée israélienne prépare une réponse à l’attaque iranienne illégale et sans précédent contre des civils israéliens et Israël », après les près de 200 missiles lancés mardi par Téhéran vers l’Etat hébreu, a déclaré à l’AFP un responsable militaire israélien sous couvert d’anonymat, sans autre précision.Le quotidien israélien de gauche Haaretz, citant l’armée, a indiqué que la riposte d’Israël serait « significative ». Il souligne également que « l’armée n’exclut pas la possibilité que l’Iran lance à nouveau des missiles sur le territoire israélien après l’attaque israélienne ».10h17Des tirs de roquettes sur une base aérienne israélienne près d’HaïfaLe Hezbollah libanais a annoncé ce samedi avoir tiré des roquettes sur la base aérienne de Ramat David, non loin d’Haïfa, en Israël, située à environ 45 km de la frontière avec le Liban. Dans un communiqué, le mouvement islamiste pro-iranien affirme également avoir touché avec un missile un char Merkava israélien dans le sud du Liban, près de la frontière.09h51Frappes israéliennes contre une mosquée au sud du LibanL’armée de l’air israélienne a affirmé avoir attaqué pendant la nuit des membres du Hezbollah « qui opéraient dans un quartier général établi dans une mosquée près de l’hôpital Salah Ghandour », au Liban-Sud. Mohammed Sleiman, directeur de l’établissement géré par le Comité islamique de la santé affilié au Hezbollah, a déclaré que sept membres du personnel médical avaient été blessés par des tirs sur l’hôpital, ajoutant que l’établissement avait été évacué.09h33A Gaza, un nouveau bilan fait état de près de 42 000 mortsLe ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé ce samedi un nouveau bilan de 41 825 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël, il y a près d’un an. Au moins 23 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 96 910 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023.09h00La force de l’ONU maintient ses positions au Liban contre l’avis d’IsraëlLa Force Intérimaire des Nations unies (Finul) déployée le long de la frontière entre Israël et le Liban a annoncé samedi « maintenir ses positions », malgré une demande de l’armée israélienne le 30 septembre de « retirer les Casques bleus de certaines de leurs positions », l’informant « de son intention de mener des incursions terrestres limitées au Liban ». « Les soldats de la paix maintiennent cependant leur présence sur l’ensemble des sites », a-t-elle ajouté. »Nous exhortons le Liban et Israël à appliquer la résolution du Conseil de sécurité 1701, seule solution viable pour ramener la stabilité dans la région », insiste la Finul. Cette résolution de 2006 stipule que seules les forces de maintien de la paix et l’armée libanaise soient déployées dans le sud du Liban.08h58Un commandant du Hamas tué dans une frappe près de TripoliLe Hamas palestinien a annoncé la mort ce samedi d’un de ses commandants et de sa famille dans une frappe israélienne sur un camp de réfugiés palestiniens près de Tripoli, dans le nord du Liban. Saïd Attallah Ali, sa femme et deux de ses filles, ont été tués dans une frappe dans le camp de Beddawi, selon un communiqué du Hamas. C’est la première frappe israélienne dans cette région depuis le début du conflit entre le mouvement islamiste et Israël il y a près d’un an.07h40Une attaque de drones tue deux soldats israéliensDeux soldats israéliens ont été tués dans une attaque de drones dans la nuit depuis l’Irak sur une base militaire du Golan, occupé et annexé par Israël, selon la radio militaire israélienne.06h30Des affrontements entre le Hezbollah et Tsahal dans le sud du LibanDans le sud du Liban, « les soldats de l’ennemi israélien ont tenté à nouveau d’avancer vers les environs de la municipalité du village d’Adaysseh » et « les affrontements se poursuivent », a déclaré le Hezbollah tôt ce samedi dans un communiqué, après avoir assuré avoir contraint les soldats israéliens à « battre en retraite » dans cette zone. Le puissant mouvement a par ailleurs affirmé avoir visé des troupes dans la région de Yarun également dans le sud, avec une « salve de roquettes » ainsi que des soldats en deux endroits côté israélien.06h15Une série d’explosions sur la banlieue sud de BeyrouthDans le même temps, une série d’explosions a secoué la banlieue sud de Beyrouth, d’où des images montrent des colonnes de fumée s’élever, de la zone proche de l’aéroport. L’armée israélienne y avait émis auparavant des ordres d’évacuation pour certains secteurs.06h00L’ONU condamne la frappe israélienne ayant fait 18 morts en CisjordanieLes Nations unies ont condamné vendredi le raid aérien israélien ayant fait 18 morts la veille dans un camp de réfugiés en Cisjordanie occupée, le qualifiant de « frappe aérienne illégale ». Selon les services de sécurité palestiniens, il s’agissait de la frappe la plus meurtrière en Cisjordanie depuis 2000. »Cette attaque s’inscrit dans un contexte très préoccupant d’usage illégal de la force par les forces de sécurité israéliennes au cours d’opérations de type militaire en Cisjordanie, qui ont causé de nombreux préjudices aux Palestiniens et d’importants dégâts aux bâtiments et aux infrastructures », indique un communiqué du bureau du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme pour le Territoire palestinien occupé.

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Publish date : 2024-10-05 14:13:07

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L’Express

Livres : Alaa El Aswany, le combat au bout de la plume

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Longtemps, Alaa El Aswany a alterné travaux d’écriture et soins dans son cabinet dentaire du Caire. Bien après le succès retentissant de son Immeuble Yacoubian, adapté au cinéma par Marwan Hamed et vendu à plus de 2 millions d’exemplaires dans le monde, dont près de 500 000 en France depuis 2006, l’homme à la carrure impressionnante a manié la fraise et la plume, juste interrompu par une année de poing levé pour cause de révolution, à partir du 20 janvier 2011. Fils d’une famille de la haute bourgeoise intellectuelle – son père était écrivain et avocat, notamment du fameux Automobile Club -, le Dr Alaa El Aswany, diplômé au Caire et à Chicago, n’a eu en effet de cesse de perpétuer les idées humanistes paternelles, bataillant contre Hosni Moubarak, Mohamed Morsi, puis le général Al-Sissi et « ses dérives dictatoriales ». Jusqu’à ce qu’il écrive J’ai couru vers le Nil, publié en 2018. « Dès que j’ai fini le premier chapitre de ce roman consacré au Printemps arabe, j’ai dit à ma femme, il va falloir partir », nous confie-t-il, lors de son séjour parisien à l’occasion de la sortie de son tout nouveau (et enchanteur) roman, Au soir d’Alexandrie.C’est que la censure a fini par tomber dru sur le plus célèbre des écrivains égyptiens : « Dès que M. Sissi est arrivé au pouvoir, j’ai été interdit d’écrire, de publier, de passer à la télévision, de faire des rencontres éditoriales. Tous ceux dont on savait qu’ils avaient joué un rôle dans la révolution ont été ou bien emprisonnés ou bien chassés d’Egypte. Et j’étais sur cette liste noire. » Eu égard à sa trop grande notoriété, le romancier n’a pas été jeté en prison – les prisonniers politiques seraient entre 60 000 et 120 000 actuellement – mais, sa vie lui étant rendue impossible, le voilà aux Etats-Unis avec sa famille, où il enseigne dans diverses universités. Et continue le combat, à sa manière, subtile, captivante, comme l’atteste cet Au soir d’Alexandrie, fruit de quatre années de travail. Nous ne sommes plus au Caire, cadre de ses principaux opus (L’Immeuble Yacoubian, L’Automobile Club d’Egypte…) mais à Alexandrie, ville qui lui est chère, nous dit-il, pour y avoir passé toutes ses vacances dès le plus jeune âge : « Au début des années 1960, Alexandrie était encore une cité cosmopolite exemplaire, tout le monde était accepté, les Grecs, les Egyptiens juifs, les Italiens, les Arméniens, les Français… Mais, un jour, tous mes amis de l’époque qui étaient d’origine européenne ont dû partir. » »Nasser était notre père, et on ne peut accepter que notre père soit humilié »C’est cette transition vers le durcissement de la dictature militaire de Gamal Abdel Nasser, au pouvoir de 1954 à sa mort, en 1970, qu’Alaa El Aswany nous relate à travers une myriade de personnages auxquels on s’attache au fil des chapitres de son roman foisonnant courant sur l’année 1964. Il y a là Lyda, la propriétaire du restaurant Artinos, lieu de retrouvailles nocturnes alcoolisées d’une bande d’intellectuels ; Abbas, l’avocat intègre ; Anas, le peintre, implacable contre Nasser et l’idolâtrie qui l’entoure ; Tony, le brillant chef d’entreprise paternaliste d’origine grecque ; Chantal, la libraire française qui a échappé aux expulsions qui ont suivi « l’agression tripartite de 1956 » (France, Royaume-Uni, Israël) grâce à ses relations ; Carlo, le maître d’hôtel à l’éclatante beauté, tombeur de femmes mariées… Les joutes verbales s’enchaînent, l’amitié prédomine mais le danger rôde, la surveillance de la police politique se fait pressante. « Nasser était honnête, courageux, il aimait son pays, explique Alaa El Aswany, mais, quelle que soit la personnalité du dictateur, la dictature, intrinsèquement xénophobe, engendre des crimes horribles et use de la théorie du complot. Le leader protège alors le peuple, qui l’idolâtre, comme j’ai tenté de l’analyser dans Le Syndrome de la dictature. Ainsi, même après la pire défaite de notre histoire, la guerre des Six-Jours, Nasser est resté au pouvoir. Il était notre père, et on ne peut jamais accepter que notre père soit humilié. »Et aujourd’hui ? « 60 % de la population égyptienne, soit quelque 70 millions de personnes, a moins de 30 ans. Ces jeunes-là ont fait la révolution et vont la continuer, il n’y a pas de fatalité », affirme un Aswany résolument optimiste. A ses yeux, il s’agirait donc d’une question de temps. En revanche, le conflit israélo-palestinien le terrifie. « C’est un moment très triste dans l’histoire du monde. Je suis à 100 % contre l’idéologie du Hamas et l’islam politique, mais ce drame dépasse tout cela. Tuer des civils est un crime de guerre. Personne ne sera capable d’éradiquer l’autre camp, il faut vivre ensemble. Et il n’y aura jamais de paix sans justice. »Au soir d’Alexandrie, par Alaa El Aswany. Trad. de l’arabe (Egypte) par Gilles Gauthier. Actes Sud, 384 p., 23,50 €.

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Author : Marianne Payot

Publish date : 2024-10-05 14:00:00

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L’Express

L’exposition à voir : dans les secrets du mythe « Sakountala » de Camille Claudel

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Au printemps 1888, dans les colonnes de L’Art, Léon Gauchez couvre d’éloges le plâtre signé d’une inconnue qu’il tient pour « l’œuvre la plus extraordinaire » présentée au Salon cette année-là. Le critique vante les « délicatesses de création de Mlle Camille Claudel », louant « l’exquis mouvement d’abandon inconscient de tout l’être de la jeune aimée ». La sculptrice ne le sait pas encore mais Sakountala, qui la fera connaître au public, restera l’unique création récompensée au Salon de sa carrière bientôt entachée de drames. Las, en dépit de la mention honorable décernée par la grand-messe artistique de la capitale, elle n’obtient pas la commande d’Etat qui lui aurait permis de tailler un marbre monumental. En 1895, Camille Claudel fera don du plâtre au musée de Châteauroux, où la bourgeoisie locale lui réservera un accueil glacial : trop érotique.Pour ériger son premier groupe ambitieux, la jeune fille de 21 ans, petite main et amante de Rodin en cette année 1886, s’inspire d’une légende indienne transcrite par le poète hindou Kalidasa entre le IVe et le Ve siècle. Elle y représente les retrouvailles du roi Dushyanta et de son épouse Sakountala qu’une malédiction avait longuement séparés. Rarement revisité par la peinture ou la statuaire, le mythe fait alors l’objet de spectacles orientalistes, dont l’exotisme surchargé tranche avec la sobriété de la sculpture  » dépouillée et hors du temps « , souligne Cécile Bertran, la commissaire de l’exposition que le musée Camille-Claudel de Nogent-sur-Marne (Aube) consacre à Sakountala jusqu’au 12 janvier. De son élaboration à sa réhabilitation posthume, en passant par les polémiques qu’elle a suscitées, c’est tout le processus créatif de l’œuvre et de ses avatars qui est décrypté ici.Par Camille Claudel, 1888, plâtre patiné.Ce n’est qu’en 1905, grâce au mécénat de la comtesse de Maigret, que l’artiste peut traduire Sakountala dans le marbre dans une version réduite. Si Vertumne et Pomone reprend la composition du groupe d’origine, la couronne de pommes, les ceps de vigne et le drapé renvoient à la mythologie romaine. Quelques mois plus tard, un nouvel avatar, au titre ramené à l’essentiel, voit le jour : le bronze L’Abandon édité par Eugène Blot, fidèle soutien de l’artiste. Le chroniqueur Louis Vauxcelles en perd son latin : « Nos pauvres mots ne peuvent dire l’émotion sacrée de ce groupe. La femme vaincue qui cède au lamento d’amour de l’homme, à la prière montant vers elle. » L’année suivante, l’Etat passe enfin commande à Mlle Claudel : ce sera Niobide blessée, une Sakountala désormais seule. Comme les autres dérivés et à l’image de leur créatrice, internée les trente dernières années de sa vie, Niobide tombera dans l’oubli, avant de ressusciter dans les années 1980.Camille Claudel, « Etude pour Sakountala », vers 1886.Parmi les vestiges les plus émouvants exposés à Nogent, de la Sakountala originelle figurent aussi trois petites esquisses en terre cuite évolutives datées de 1886. On y suit la réflexion de la jeune sculptrice qui varie, au fil de ses études, les postures et l’intensité de ses modèles jusqu’à déterminer leur position finale : un homme agenouillé devant une jeune fille debout, fébrilement enlacés, formant un couple pétri de chaste désir. Tout est déjà là dans cet instantané d’argile empreint d’absolu fixé pour l’éternité.

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Source link : https://www.lexpress.fr/culture/art/lexposition-a-voir-dans-les-secrets-du-mythe-sakountala-de-camille-claudel-O5N6COK7MRHZPD7VPB3QEY6VDY/

Author : Letizia Dannery

Publish date : 2024-10-05 13:00:00

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L’Express

Universités : l’appel de Mélenchon à « mettre des drapeaux palestiniens » (et libanais) partout

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Jean-Luc Mélenchon face à Patrick Hetzel. Le leader de La France insoumise a appelé, vendredi, à « mettre des drapeaux palestiniens partout où c’est possible », en réaction à une circulaire du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sur le « maintien de l’ordre » dans les universités à la veille du 7 octobre, date anniversaire de l’attaque du Hamas en Israël.Patrick Hetzel a justifié cette mise en garde par une série de manifestations pro-palestiniennes cette semaine à Paris devant Sciences po et l’Institut des langues orientales. Des actions qui, selon lui, vont « à l’encontre des principes de neutralité et de laïcité ». « C’est un abus de pouvoir », a répliqué Jean-Luc Mélenchon lors d’une réunion politique à Paris. Le ministre « dit que comme l’université est laïque, il ne faut pas parler de Gaza », mais « parler de géopolitique n’est pas attentatoire à la laïcité », a-t-il développé. »Je demande à la jeunesse étudiante de s’insoumettre, de ne pas accepter cet interdit », a poursuivi le patriarche insoumis, objectant qu' »à l’université, on parle d’adultes majeurs citoyens […] donc ils disent ce qu’ils veulent, parce qu’on est dans un pays libre ». Et d’ajouter : « Alors je recommande qu’à partir du 8 (octobre) on mette des drapeaux palestiniens partout où on peut, de manière que cette personne n’ait pas le dernier mot. »Drapeaux libanais aussiQuelques minutes après, Jean-Luc Mélenchon a également suggéré qu' »un drapeau qu’on pourrait mettre avec celui des Palestiniens, c’est celui du Liban », où les bombardements de l’armée israélienne contre le Hezbollah ont fait plus d’un millier de morts depuis dix jours. « L’armée libanaise ne dispose d’aucun moyen de combat et n’a pas la possibilité de protéger ses propres frontières », a-t-il déploré, jugeant que « c’est une hypocrisie totale à partir de là de dire que le Hezbollah pose un problème ». »Le Hezbollah est une composante du peuple libanais et ce n’est pas à nous de décider qui est une bonne composante et qui est une mauvaise », a-t-il insisté, soulignant que « le peuple libanais a le droit à la souveraineté sur son territoire ». Avant d’encourager à nouveau ses troupes : « Mettez des drapeaux libanais, pour que les Libanais sachent qu’on ne les a pas oubliés, qu’on ne les abandonne pas au meurtre (et) à la violence du voisin terrifiant qu’ils ont le malheur d’avoir à leur côté. »

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Source link : https://www.lexpress.fr/politique/universites-melenchon-et-lappel-a-mettre-des-drapeaux-palestiniens-et-libanais-partout-HYC62O5L4FB27HI5WF5EQSHKWI/

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Publish date : 2024-10-05 12:08:27

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L’Express

L’entretien sans fard du patron du guide Michelin : « Notre indépendance peut parfois en irriter certains… »

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Il est à la gastronomie ce que Standard & Poor’s est aux finances publiques. Aussi redouté que l’agence américaine de notation, c’est toutefois dans l’intention de distribuer des bons points que le guide Michelin a fait le déplacement au Texas du 10 au 14 septembre dernier. Son Directeur général, le très élancé quadragénaire Gwendal Poullennec, aux manettes du guide depuis six ans, est venu dévoiler en personne l’intégralité de la première sélection des Clefs Michelin pour le Canada, le Mexique et les États-Unis (le groupe avait déjà révélé une partie des Clefs pour les Etats-Unis en avril dernier). A savoir, l’équivalent des étoiles pour l’hôtellerie. Une déclinaison lancée en France il y a à peine un an, où 136 hôtels ont été récompensés.A Austin, ville choisie par le groupe auvergnat pour dévoiler son palmarès, « tout le monde ne parle que de cela depuis des semaines », jure sur place un journaliste local. A l’annonce des Clefs, lors d’une cérémonie organisée le 12 septembre, les hôteliers distingués se succèdent sur scène pour remercier et faire l’éloge du célèbre guide rouge et de son patron. Les sourires sont de sortie pour une photo de famille qui immortalise l’évènement. Le puissant guide Michelin, objet récurrent de polémiques en France, aurait-il meilleure presse à l’international ? « Les Français n’ont pas forcément conscience de sa notoriété et de son impact à l’étranger », nous confie Gwendal Poullennec. Qui depuis le « Lone Star State », nous a accordé un entretien dans lequel il revient sur les ambitions du groupe dans le domaine de l’hôtellerie, l’influence de l’art de vivre français dans le monde. Et sur les sujets qui fâchent…L’Express : Pourquoi avoir choisi le Texas pour annoncer cette nouvelle sélection des Clefs aux Etats-Unis ?Gwendal Poullennec : Puisqu’on remet cette fois-ci les Clefs pour les hôtels des Etats-Unis, du Canada et du Mexique, on voulait une destination qui soit un peu au carrefour de ces trois Etats. C’est vrai, vu de l’international, que le Texas n’est pas forcément une des destinations les plus attendues lorsqu’on pense aux Etats-Unis. Mais il s’agit de la huitième puissance économique du monde. Et un Etat qui connaît un boom culturel dans les arts de vivre. Cet art de vivre évolue en même temps que sa population, avec une ouverture de plus en plus grande sur l’ensemble des Etats-Unis. Le guide Michelin existe aussi pour révéler ces tendances émergentes.C’est-à-dire ?Le Texas est un Etat connu pour sa puissante industrie, ses ressources souterraines comme le pétrole. Mais depuis quelques années, il attire de plus en plus de grandes entreprises technologiques [NDLR : en juillet, Elon Musk a annoncé son intention de déplacer les sièges de X et de SpaceX au Texas]. L’un des défis pour le Texas, c’est de travailler son attrait pour séduire ces cadres et ingénieurs aujourd’hui établis dans des Etats, comme la Californie, qui cultivent un goût pour les restaurants, les hôtels de caractère, l’œnotourisme, les sorties.Or, la mise en avant des atouts de la destination Texas dans l’art de vivre est un formidable levier pour faire venir ces talents de la tech, et surtout les convaincre de rester en famille. C’est toute l’approche désormais du gouvernement texan : investir et développer cette culture. Ce qui est, au passage, révélateur de ce que le guide Michelin est devenu aux yeux des Etats et des destinations touristiques. C’est-à-dire une référence qui impacte la perception des touristes et qui contribue ainsi à rendre une destination attractive en lui donnant dans le même temps les moyens de s’auto-développer par un effet d’émulation. Cet art de vivre, c’est du soft power mais pas seulement : des destinations comme le Texas en font aussi un outil réel de leur développement économique.La France, a aujourd’hui une offre hôtelière absolument remarquablePour beaucoup de Français, le guide Michelin reste d’abord associé à la promotion de la gastronomie française à l’étranger…Vous avez tout à fait raison. Pourtant, le guide Michelin est présent dans certains pays comme l’Angleterre, la Belgique ou l’Italie depuis plus d’un siècle. Les Français n’ont, il est vrai, pas forcément conscience de la notoriété et de l’impact du guide Michelin à l’étranger, y compris sur des destinations comme les Etats-Unis qui, paradoxalement, n’est pas le pays où notre présence est la plus importante. Mais en Asie par exemple, le fait que tout le monde parle du guide est une évidence. Dans tous les pays où il est actif, le guide Michelin est perçu comme une ouverture sur leur propre culture et la reconnaissance de celle-ci. Ainsi, au Japon, plus de 70 % des restaurants étoilés sont des restaurants japonais.Comment l’idée des Clefs vous est-elle venue ? Pourquoi avoir attendu si longtemps pour investir le marché de l’hôtellerie ?Beaucoup de gens l’ignorent mais dans le premier guide Michelin, version 1900, il y avait à l’époque plus d’adresses d’hôtels que de restaurants. Puis à la fin des années 1920, le guide a opéré un virage vers l’agrément, ce qu’on appelle aujourd’hui l’art de vivre. C’est à ce moment-là que sont apparues les étoiles dans la restauration. Mais nous avons toujours continué en parallèle à faire une sélection d’hôtels. Même si le guide Michelin a un peu disparu par la suite du paysage de l’hôtellerie pour la simple et bonne raison qu’une bonne partie du développement international s’est fait autour de la restauration…Si nous avons pris la décision de réinvestir le marché de l’hôtellerie, c’est que la demande pour une recommandation indépendante dans ce secteur n’a jamais été aussi forte. Les clients en ont assez de l’avalanche de sites algorithmiques qui poussent des soi-disant choix d’hôtels dans un contexte le plus anxiogène possible pour vous inciter à réserver. Le guide Michelin est le seul acteur à effectuer un vrai travail de sélection indépendante en passant qui plus est de la simple référence à un réel service de réservation.Dans la restauration, la France est le pays au monde qui compte le plus d’établissements étoilés. Pour l’hôtellerie, la concurrence est-elle plus importante ? Le service à la française n’a pas toujours bonne réputation…Ne résumons pas ce sujet de l’hôtellerie à la caricature du garçon de café parisien doté d’un certain bagout. En termes de rapport entre la qualité de l’expérience et le prix à la sortie, en comparaison avec les États-Unis ou d’autres pays, je peux vous assurer que la France, a aujourd’hui une offre hôtelière absolument remarquable. Surtout si on la combine avec l’offre gastronomique. Un pays de 60 millions d’habitants – sur une Terre qui en compte 10 milliards – qui continue à représenter un bon quart de l’influence gastronomique de la planète, cela reste exceptionnel.Le Guide Michelin ne travaille pas pour les chefs, mais pour les clients des restaurantsD’ailleurs aujourd’hui, parmi les pays que nous avons révélés, c’est la France qui, à date, compte le plus d’établissements hôteliers distingués par des Clefs. Pourquoi ? Parce qu’il y a aussi de vrais savoir-faire dans l’hôtellerie en France, notamment au regard de nos critères.Quels sont vos critères de sélection ?Nos critères ne se résument pas à cocher les points d’une check-list du type confort, diagonale de l’écran, superficie de la chambre, équipements, etc. Ce n’est donc pas parce que vous êtes un palace que vous allez automatiquement décrocher trois Clefs Michelin. Nous cherchons avant tout à mettre en avant des hôtels qui ont une âme. Il faut qu’ils soient à la fois singuliers et authentiques, mais aussi ancrés dans la vie locale. Ils doivent proposer aux clients une expérience au-dessus du lot. On valorise aussi beaucoup l’architecture à la fois du bâtiment mais également l’aménagement intérieur.En la matière, la France a des lieux uniques. Des hôtels historiques et à côté de cela des établissements plus contemporains qui sont extraordinaires en termes d’architecture mais aussi de qualité de service, d’accueil et de prestations. Il est temps d’en avoir collectivement conscience.Vous semblez penser que les Français ne le mesurent pas vraiment…La France a d’immenses atouts. La gastronomie française continue à rayonner, à innover, à surprendre. La France est une destination qui a participé à l’élévation de ce qu’on appelle aujourd’hui l’art de vivre dans le domaine culturel au sens large, et en particulier dans les métiers de l’hôtellerie et de la restauration. La cuisine française est pratiquée par des chefs de toutes les nationalités du monde. Cela participe de sa capacité d’influence. Sur l’ensemble des restaurants étoilés dans le monde [NDLR : un peu plus de 3200 établissements répartis dans une cinquantaine de pays], un bon quart exerce une influence française très marquée. Soit parce que c’est de la cuisine française ou des produits français, soit parce que les chefs ont été formés en France, soit parce qu’ils ont adopté un rituel de service à la française, avec service à l’assiette, etc. C’est cette universalité qui fait la force de notre impact culturel dans l’art de vivre.Une forme de soft power en fin de compte…Oui. Mais ce n’est pas quelque chose que la France a cherché à imposer. Elle a exporté son savoir-faire, ses produits, ses techniques tout en laissant chacune des cultures la faire sienne. On parle souvent du Japon, mais regardez la Thaïlande. Le guide Michelin y est présent depuis une dizaine d’années. Nous avons réussi à transformer le tourisme en Thaïlande en un tourisme de qualité en valorisant l’offre culinaire. Cela a élevé le niveau de la prestation de cuisine dans la street food comme ailleurs. Avec un impact jusqu’en bout de chaîne sur l’élévation de la qualité des produits agricoles. Aujourd’hui, celui qui tire le plus de bénéfices et de fierté de l’arrivée du guide Michelin en Thaïlande, c’est le paysan qui a les pieds dans ses rizières en poussant son buffalo.Le guide Michelin a une bonne image à l’international, un peu moins en France. Le retrait d’étoiles à certains chefs renommés défraie régulièrement la chronique…Nous avons un immense respect pour les chefs que nous connaissons très bien. Quand il y a des nouvelles un peu plus difficiles à faire passer, je le fais dans la mesure du possible en personne. A la fois par respect et par compréhension. Cependant, il ne faut pas oublier l’essentiel : le guide Michelin ne travaille pas pour les chefs, mais pour les clients des restaurants. Les chefs comme nous au guide Michelin avons conscience de l’impact énorme que cela peut avoir pour leur affaire, pour leur image et pour leur réputation. La qualité dans un restaurant est amenée à fluctuer en fonction du chef, mais aussi des équipes qui le constituent. Il peut y avoir des passages à vide. Des passages particulièrement brillants. Dans les deux cas, nous nous efforçons de le refléter, de le révéler au mieux, d’exercer une vraie bienveillance – d’où nos multiples repas anonymes – au plus près de l’actualité.Dans tous les pays du monde, il y a des icônes nationales dont la qualité de la cuisine a baissé, ce qui nous oblige à revoir nos distinctions. La réaction de ces professionnels est toujours l’acceptation. Ils savent se remettre en cause. D’autant que nos classements sont annuels, ils ne sont jamais définitifs.Les chefs français moins ?Il y a une vraie différence. En France, on aime challenger les décisions, l’institution. Il y a parfois la volonté d’influencer. Mais ce qui fait la force du guide Michelin, c’est son indépendance. Ce qui parfois peut en irriter certains. Chez les chefs, il arrive que les puissants se croient au-dessus des règles. Ils estiment parfois avoir droit à un traitement d’exception sous couvert qu’ils font partie du patrimoine. Mais encore une fois, notre force, c’est que nous ne sommes pas financés par le secteur. Le guide Michelin est une recommandation gratuite qui leur apporte énormément. Malheureusement, il y a une toute petite minorité qui n’éprouve pas toujours une grande gratitude et qui préfère en faire une affaire personnelle.Il m’arrive régulièrement de me rendre dans un établissement et de tomber par surprise sur l’un des inspecteurs de mon équipeOn évoque souvent cette pression que le guide Michelin fait indirectement peser sur les chefs…Lorsque je me déplace en France, il m’arrive encore d’entendre – « Michelin, pression sur les chefs, Bernard Loiseau » [NDLR : une partie de la profession a accusé les guides gastronomiques d’avoir précipité la fin de Bernard Loiseau, qui s’est suicidé en 2003, peu de temps après avoir vu sa note abaissée par le Gault et Millau]. Mais le restaurant de Bernard Loiseau a gardé ses trois étoiles douze ans après son décès.La famille Loiseau, que j’apprécie particulièrement, n’a jamais émis le moindre doute par rapport au rôle de Michelin dans cette triste affaire [NDLR :selon une enquête publiée à l’époque dans L’Express, le Michelin avait menacé de lui retirer sa 3e étoile, ce que le groupe et la famille ont toujours démenti]. En France, il y a toujours un bruit qui n’est pourtant basé sur aucun fait. Une sorte de fantasme mineur amplifié par voie de presse et, parfois, par les chefs eux-mêmes. Mais tout cela reste très marginal. Les chefs sont intelligents et sincères dans leur approche. Ils comprennent très bien cette notion d’indépendance et d’impartialité du guide Michelin.Le dernier palmarès français fait la part belle à une nouvelle génération de chefs. Cela correspond-il à une nouvelle stratégie ?Nous n’avons ni quota ni aucune approche qui consisterait à mettre en avant telle catégorie d’âge ou tel type de cuisine. Le guide Michelin reconnaît la qualité quelle que soit sa forme et quels que soient le parcours ou l’âge des acteurs en cuisine. Après, force est de constater que ces métiers deviennent attractifs auprès de profils plus divers. Il y a beaucoup de jeunes chefs qui se lancent à leur compte, surtout depuis la pandémie. Des profils qui à une autre époque seraient partis dans des brigades. De nos jours, ils font souvent le choix de partir en région pour être au plus proche des produits avec une volonté d’expression personnelle. Avec l’envie aussi de réconcilier travail et plaisir, travail et cadre familial. En cela, le guide Michelin est simplement le révélateur d’un changement d’époque.Venons-en aux modalités d’attribution des étoiles. Au-delà des critères préétablis, quelle est la part de subjectivité de chaque inspecteur ? En fonction de l’inspecteur sur lequel je tombe, aurai-je plus ou moins de chance de décrocher le Graal comme lors d’un examen de conduite ?La grande différence avec le permis de conduire, c’est que le guide Michelin est un examen permanent (rires). Il faut savoir que dans la même année, plusieurs inspecteurs, aux profils différents, de différentes nationalités, vont venir s’attabler. Ils vont donc avoir des points de vue complémentaires parce que souvent, ils auront goûté des plats différents à des moments différents de l’année. J’ajoute qu’un même inspecteur ne revient pas deux fois dans le même restaurant. Et cela, afin d’éviter tout biais personnel. Ça protège aussi de l’aspect physionomique, c’est ce qui permet d’assurer l’anonymat.Ensuite, toutes les décisions que l’on prend se font à livre ouvert. C’est collégial. La plupart du temps, cela se fait en réunion physique. Les équipes d’inspecteurs se prononcent sur le cas d’un ou plusieurs établissements dans lesquels ils sont tous allés. C’est un travail éditorial qui a son prix, et que nous avons la capacité de financer sans compromis. Tous les inspecteurs sont salariés, ils payent leur addition.Le patron du guide Michelin que vous êtes peut-il faire une sortie restaurant en toute tranquillité ?Il m’arrive d’être reconnu même dans des destinations confidentielles. Pour mes choix personnels, je m’applique un peu la même règle que les inspecteurs, c’est-à-dire que j’essaie à chaque fois d’aller dans des restaurants différents. Le plus amusant, c’est qu’il m’arrive régulièrement de me rendre dans un établissement et de tomber par surprise sur l’un des inspecteurs de mon équipe. Il est assis incognito à une table près de moi. Pendant ce temps, c’est moi qui fais l’objet de toutes les attentions…

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Source link : https://www.lexpress.fr/economie/lentretien-sans-fard-du-patron-du-guide-michelin-notre-independance-peut-parfois-en-irriter-certains-WOYAXVD6MJB45PIU3IAMOYO3SA/

Author : Laurent Berbon

Publish date : 2024-10-05 11:45:00

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L’Express

Le private equity s’ouvre au grand public : « Les particuliers sont au rendez-vous »

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La plateforme Altaroc crée des fonds de fonds de private equity pour les particuliers, afin de leur permettre d’investir au capital d’entreprises non cotées. Son dirigeant, Frédéric Stolar, revient sur les défis liés à la démocratisation de ces produits.L’Express : Vous avez monté Altaroc il y a trois ans. Quels obstacles avez-vous rencontrés ?Frédéric Stolar : Lorsque nous avons lancé la plateforme, avec Maurice Tchenio, le marché du private equity pour les particuliers était quasiment inexistant. C’était essentiellement un problème d’offre. Pour accéder à un fonds de qualité, il faut apporter 20 millions d’euros minimum. Or, très peu de conseillers en gestion de patrimoine ou de banques privées peuvent réunir un tel montant auprès de leurs clients.Dans ce contexte, nous avons voulu créer un produit digne des grands investisseurs institutionnels, en agrégeant la demande et en redécoupant l’offre derrière. Cela passe notamment par la technologie : nous avons recruté 23 personnes qui créent les tuyaux nécessaires pour fluidifier les transactions. Nous avons également beaucoup investi sur la formation : nous réalisons 300 webinaires et 100 événements par an. Enfin, nous avons bâti un écosystème de services – centre d’appels, portail digital… – afin d’accompagner les distributeurs et leurs clients.Comment est constituée votre offre ?Le fonds Odyssey en est le cœur. Il s’agit d’un fonds fermé, d’une durée de dix ans, accessible à partir de 100 000 euros. L’édition 2024 est notre 4e millésime. Ce produit est composé de deux poches : pour la principale (80 %), nous prenons des engagements auprès de six fonds, de LBO – leveraged buy-out – et de growth equity – du capital croissance -, qui financent des sociétés en fort développement. Les 20 % restants sont composés d’une dizaine de lignes en direct dans des entreprises, en co-investissement à côté des fonds. Nous ciblons les sociétés de gestion dont les véhicules ont été les meilleurs par le passé et qui, selon nous, continueront de l’être.Quel bilan tirez-vous aujourd’hui ?Les particuliers sont au rendez-vous. Nous avons collecté 1,2 milliard d’euros auprès de 8 000 clients sur nos trois premiers millésimes. Pour faciliter la gestion des appels de fonds, nous avons mis en place un système d’abonnement qui consiste, pour un investissement de 100 000 euros, à verser 10 000 euros par semestre pendant cinq ans. Le profil des investisseurs est très varié : des cadres supérieurs qui veulent préparer leur retraite, des entrepreneurs à succès ayant cédé leur société et aussi quelques joueurs de foot ! Pour 95 % d’entre eux, c’est leur premier investissement en private equity.Quelles sont les prochaines étapes pour Altaroc ?Nous avons un enjeu de taille critique pour intéresser les grands fonds de private equity et amortir nos investissements. Le marché des particuliers est potentiellement immense mais il draine actuellement encore peu de volume. Nous nous développons en Europe : nous avons ouvert un bureau en Suisse et un autre en Belgique. Deux nouveaux pays devraient suivre prochainement.Par ailleurs, nous désirons élargir notre gamme, avec deux innovations : un produit plus démocratique, sous les 100 000 euros, et une offre très haut de gamme, pour les familles fortunées, qui permettra de gérer des stratégies patrimoniales clé en main.La loi industrie verte impose à partir du 24 octobre une part de non coté dans la gestion pilotée en assurance-vie et en épargne retraite. Est-ce une bonne chose ?Oui, à quelques bémols près, car l’assurance-vie est un produit très réglementé, qui impose certaines contraintes de gestion. De plus, les assureurs-vie ne veulent pas gérer les appels de fonds différés, ce qui réduit la performance. En outre, ils garantissent la liquidité du produit, ce qui contraint la collecte. Chez Altaroc, nous ne voulons pas intégrer de cash dans nos produits car cela dénature la classe d’actifs et détériore le rendement. Il faut inventer d’autres solutions : nous réfléchissons ainsi à une nouvelle génération de produits où le risque de liquidité ne sera pas porté par l’assureur.On voit se créer beaucoup de fonds ouverts, avec des portefeuilles déjà constitués, pour répondre à cette exigence. Qu’en pensez-vous ?Ces fonds dits « evergreen » permettent aux clients d’entrer et de sortir quand ils veulent. Mais ils comportent leur lot de problèmes, qui ne nous paraissent pas encore bien identifiés. Tout d’abord, ils doivent détenir des liquidités pour permettre aux sortants de récupérer leur épargne. Par ailleurs, les nouveaux entrants diluent la rentabilité des anciens car l’argent fraîchement investi prend du temps à être déployé. De ce fait, nous craignons qu’il y ait des déconvenues sur des fonds evergreen mal construits.

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Publish date : 2024-10-05 11:00:00

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L’Express

« Nous sommes irréconciliables » : ces Français juifs qui se déchirent depuis le 7 octobre

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La rupture s’est faite brusquement, sans possibilité de retour en arrière. Pour cesser les débats permanents et les désaccords politiques irréconciliables, Sylvie* et son compagnon ont décidé de se quitter en avril dernier, après la « dispute de trop ». Les tensions se cristallisent notamment à partir du 7 octobre 2023, alors que le Hamas vient d’attaquer Israël, tuant 1 200 personnes et enlevant plus de 250 otages – dont plusieurs membres de la famille de Sylvie. « Dès le départ, j’ai compris qu’il ne voulait pas vraiment admettre que c’était un attentat terroriste. Il a attendu de voir des images des kibboutz massacrés à la télévision pour utiliser ce terme », se souvient la quinquagénaire, issue d’une famille juive et elle-même non-pratiquante. Perplexe, elle décide de ne plus évoquer le sujet avec son compagnon, qu’elle ne prévient pas lorsqu’elle participe à des manifestations pour la libération des otages ou contre l’antisémitisme.Mais au fil des mois, un certain nombre de réflexions continuent de heurter Sylvie. « Il ne comprenait pas mon soudain attachement à Israël, m’a demandé si je souhaitais me marier pour changer mon nom juif, était plutôt d’accord avec la phrase de Jean-Luc Mélenchon sur l’antisémitisme ‘résiduel' », illustre-t-elle. Alors même que la mère de famille se définit comme une « anti-Netanyahou », elle comprend que son conjoint l’associe désormais aux décisions politiques israéliennes. « Clairement, ça lui posait un problème », relate-t-elle. Après plusieurs mois de tensions, le lien se rompt définitivement lors d’un dîner, au cours duquel la fille de Sylvie chambre Mathilde Panot, estimant que, pour la députée La France insoumise, « toutes les tensions au Moyen-Orient seraient de la faute d’Israël ». « Mon compagnon a alors répondu que c’était la vérité. Quand je lui ai dit que c’est comme s’il sous-entendait qu’Israël ne devrait plus exister, il n’a pas répondu. C’est là que tout s’est terminé », conclut Sylvie.Au-delà de cette rupture amoureuse, la quinquagénaire fait part de sa lassitude sur le caractère inflammable du débat : en un an, Sylvie a dû faire face à de nombreuses discussions houleuses en famille ou entre amis. « Il y a des disputes que l’on n’avait pas avant. Une partie de mes connaissances soutient Israël coûte que coûte, a déplacé son vote très à droite et n’arrive pas à entendre que je ne soutienne pas tout ce que fait Netanyahou. Je suis prise entre deux feux, alors j’évite le sujet, la plupart du temps », résume-t-elle. Dans la communauté juive française, son témoignage fait largement écho. Alors que le sujet est devenu plus tabou que jamais, nombreux sont ceux à évoquer à L’Express un certain malaise, et des « brouilles devenues inévitables ». »Mémoire traumatique » »Les oppositions se sont aiguisées au contact d’une réalité elle-même très violente, qui met en jeu des vies civiles. Certains acceptent tout au nom de la ‘résistance palestinienne’, tandis que les autres ne peuvent pas voir autre chose que de la ‘légitime défense’ du côté israélien. Ces positions sont irréconciliables », analyse Martine Cohen, sociologue au CNRS et spécialiste du judaïsme. Si des tensions existent depuis longtemps en France sur le sujet, le directeur adjoint de l’Institut français des relations internationales (Ifri), Marc Hecker, associe le 7 octobre à « un retour brutal d’une double mémoire traumatique : les pogroms et la Shoah pour les juifs, la mémoire de la Nakba [NDLR : exode palestinien de 1948] pour les Palestiniens et leurs soutiens ». »On assiste à un choc de la mémoire collective, aggravé par des comparaisons violentes dans l’espace public, la question de la qualification des faits, l’analyse historique des événements depuis la France… Tout cela entraîne des prises de position très tranchées, où chacun est catégorisé et où la tension peut très vite monter », ajoute le spécialiste.Dans un tel contexte, le choix des mots peut vite devenir un piège. Pour Emilie*, le refus de certains de ses amis d’employer le terme « terrorisme » pour qualifier les actions du Hamas a ainsi été un élément « déterminant ». « Pour moi, il n’y avait pas de compromis possible sur le sujet. Ça a été une ligne rouge franchie par LFI, qui a ouvert un débat sans fin », témoigne cette quadragénaire parisienne, issue d’une famille juive. « Plutôt de gauche », elle évoque son malaise au moment des élections législatives. Dans sa circonscription, où se sont opposés un candidat du Nouveau Front populaire issu de LFI et un candidat Les Républicains, Emilie a même fini par voter à droite. « Ça a engendré beaucoup de prises de tête avec mon mari, très à gauche », souligne-t-elle. Avec un certain nombre d’amis, le sujet est également devenu « tabou », pour cause de prises de position « très caricaturales ». Alors qu’il faut soudainement désigner qui est responsable du pire, Emilie regrette de « devoir sans cesse [se] justifier, choisir un camp coûte que coûte, sans aucune nuance ».Même sentiment de flottement sur l’utilisation par certains de ses proches du terme « génocide », pour qualifier la riposte d’Israël à Gaza. « C’est quelque chose qui me hérisse le poil, parce que ce mot implique selon moi qu’on oublie la responsabilité du Hamas dans ce qui est en train de se passer », confie-t-elle. A l’inverse, Lina* n’arrive pas à comprendre le débat autour de l’utilisation de ce terme, source de larges incompréhensions dans sa famille, dont une partie est d’origine juive. « Avec ma sœur, nous sommes irréconciliables sur le sujet : pour moi, Israël est en effet en train de réaliser un génocide à Gaza, ce qui ne passe pas du tout chez elle », raconte cette trentenaire parisienne. La crispation est également palpable sur différentes analyses politiques et géopolitiques. « Je considère qu’Israël devrait être un Etat laïque, dans lequel les deux communautés pourraient vivre ensemble. Pour moi, le 7 octobre n’est pas le début de l’histoire, il faut voir les choses dans leur globalité », fait-elle valoir. Un point de vue intenable pour sa sœur, qui lui fait rapidement comprendre qu’elle ne souhaite pas entendre ses arguments. »Manque de nuance »Le non-dit s’installe doucement dans la famille : lorsque Lina se rend à une manifestation pour la paix à Gaza, elle n’en dit rien à sa sœur le lendemain, lorsqu’elles se retrouvent à une marche contre l’antisémitisme. Même embarras lorsque sa sœur lui confie être prête à voter pour le parti Reconquête d’Eric Zemmour, se sentant « plus protégée par un gouvernement d’extrême droite que d’extrême gauche ». « J’ai tenté d’expliquer que toute la gauche n’était pas antisémite, et ça m’a rendue très en colère d’en arriver là. D’autant que j’ai eu le sentiment de ne pas pouvoir compter sur la gauche pour tenir un discours clair sur le sujet », souffle Lina. Une situation qui ne surprend pas Marc Hecker, qui dénonce le « manque de nuance » des analyses politiques sur le conflit. « Le système politique et médiatique a favorisé les phrases chocs, les invectives, les raccourcis, entraînant la polarisation des points de vue sur un sujet extrêmement complexe », regrette le directeur adjoint de l’Ifri.Sur ce sujet si sensible, pour lequel personne ne se résigne au compromis et tout le monde s’autorise à faire la leçon, difficile pour les différents partis pris de trouver un terrain d’entente. D’autant plus lorsque les invectives s’invitent sur les réseaux sociaux. Sur Instagram, Camille* a ainsi dû faire le tri, harcelée par les messages de l’un de ses ex-compagnons. « Il m’envoyait des informations très orientées pro-Hamas sur le conflit, des fake news, des vidéos vieilles de quinze ans ou issues de comptes complotistes… J’ai fini par le bloquer, et je n’ai plus jamais eu de nouvelles », raconte la jeune femme, issue d’une famille d’origine juive mais non religieuse. La rupture est également consommée avec l’une de ses amies d’enfance, qui lui envoie régulièrement des articles de presse sur la situation à Gaza, lui tient « des propos complotistes », tente de la convaincre d’une position « très LFI » sur le sujet. « J’ai vu la tournure que prenait le parti et ça m’a bloquée. C’était devenu impossible de se comprendre », résume Camille.Membre de l’Union des étudiants juifs de France, Jérémie confie, lui aussi, avoir dû « faire le ménage » sur ses réseaux sociaux. Après le 7 octobre, il reçoit notamment des vidéos d’un ancien camarade d’association, qui lui demande expressément de se justifier sur l’intervention israélienne à Gaza. « Mais je ne suis ni Benyamin Netanyahou, ni l’ambassadeur d’Israël dans la fac ! Ce raccourci est vite devenu très pesant », s’indigne le jeune homme. Au point qu’avec certains de ses amis, l’étudiant indique même avoir mis en place « une clause officieuse » pour éviter de parler du conflit. « Mieux vaut en arriver là qu’abîmer durablement des relations », estime-t-il, dépité.*Les prénoms ont été modifiés.

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Author : Céline Delbecque

Publish date : 2024-10-05 09:00:28

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