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Sécurité sociale : le « risque élevé » d’un dérapage des dépenses de « soins de ville »

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Les soins de ville sont en train de déraper par rapport à l’objectif fixé par le budget 2024 de la Sécurité sociale et risquent de creuser de 500 millions d’euros supplémentaires le déficit prévu. C’est la conclusion d’un comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance maladie, dont le dernier avis a été dévoilé par Les Echos ce lundi 29 juillet. « Il existe un risque élevé de dépassement du sous-objectif des soins de ville au vu de la progression de ces dépenses au cours des six premiers mois de l’année 2024 », a averti le groupe d’experts, dont la mission est de suivre tous les six mois l’écart entre les dépenses réelles de l’Assurance maladie et l’objectif fixé par la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS).Cette dernière prévoyait que les soins de ville représentent en 2024 une dépense de 108,4 milliards d’euros. Mais sur les six premiers mois de l’année, « les dépenses brutes effectives » liées aux soins de ville ont progressé de + 5,7 % par rapport à la même période en 2023, soit 1,5 point supplémentaire par rapport à l’objectif fixé de + 4,2 %, analysent-ils. L’écart concerne « la plupart » des postes de soins de ville : biologie médicale, transports de patients, honoraires des médecins spécialistes et des masseurs-kinésithérapeutes, arrêts maladie, médicaments et dispositifs médicaux, indique le comité, observant la « dynamique » du volume des prises en charge.Une réserve insuffisanteAu deuxième semestre, plusieurs variables devraient encore faire évoluer les dépenses selon les experts, citant notamment une augmentation des recettes via le doublement des « franchises » – reste à charge des patients sur les médicaments ou consultations – intervenu au 1er avril et au 15 mai, ou des hausses de dépenses après la revalorisation des tarifs des médecins libéraux, récemment conclue entre syndicats et Assurance maladie. Au final, le comité estime que les dépenses brutes pourraient déraper d’environ 1 milliard d’euros fin 2024.La LFSS inclut toujours une « réserve » en cas de dépassement de l’objectif national de dépenses maladie (Ondam) mais celle-ci est « insuffisante », estiment les experts. Ils rappellent l’important déficit des hôpitaux publics, et notent qu’une rallonge de 170 millions d’euros a été consentie mi-2024 aux établissements de santé privés lucratifs. En utilisant le peu de réserves mobilisables, et en anticipant une baisse des dépenses de biologie médicale récemment négociée avec les représentants des laboratoires d’analyses, le comité estime que l’Ondam pourrait in fine être dépassé de plus de 500 millions d’euros en fin d’année. Ce montant « significatif » est toutefois « inférieur au seuil d’alerte », fixé à 0,5 % du montant prévisionnel des dépenses, soit 1,3 milliard.

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Publish date : 2024-07-29 17:23:31

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EXCLUSIF. L’écrivain Dmitry Glukhovsky imagine les JO 2124 à Paris : sa nouvelle inédite

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A 45 ans, Dmitry Glukhovsky vit exilé en Europe après avoir été condamné à huit ans de prison par contumace par le régime de Poutine en août 2023. Son tort : avoir ouvertement critiqué l’invasion de l’Ukraine. Ecrivain et journaliste, il a connu un immense succès avec sa trilogie dystopique, Métro, publiée en 2005 et écoulée à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires partout dans le monde. Un livre qui a même inspiré la création d’un jeu vidéo.En exclusivité pour L’Express, l’écrivain a imaginé une nouvelle au cœur des Jeux olympiques de Paris 2124, où un athlète français tente de défier l’hégémonie d’une nation qui manipule les gênes de ses athlètes…La Dernière Médaille d’or »Lève-toi ! Bats-toi ! », criaient-ils. Abdel-Michel restait au sol. Un goût saumâtre dans la bouche, le regard brouillé, l’estomac serré. « Lève-toi, enfoiré ! » Il voulut se lever, vraiment, de toutes ses forces ; mais il réussit seulement à se cambrer dans un sens, puis dans l’autre, comme un vermisseau qu’on brûle avec un mégot de cigarette. »Allez, Yannick, achève-le ! » Abdel-Michel aussi était d’avis de se faire tuer. Mourir, c’est ne plus avoir mal. C’est n’en avoir plus rien à faire de s’être fait humilier. Ça lui allait très bien. Il ouvrit les yeux pour voir Yannick prendre de l’élan et lui porter le coup fatal avec le bout coqué en acier de sa botte. Pour que ses frères ne puissent pas dire qu’avant de mourir Abdel-Michel avait baissé les yeux de peur. Yannick le surplombait dans un brouillard rouge, entouré d’une foule mouvante de taches bigarrées. Le coup prenait une éternité à partir. Quelqu’un gloussait bruyamment. Soudain, un filet chaud ruissela sur le visage d’Abdel-Michel, chassant le sang. « Vis, enfoiré. Vis et va te laver ! » Yannick lui envoya un crachat au visage, à la verticale.L’enquêteur voulait savoir pourquoi il s’était fait tabasser. Est-ce qu’il ne se serait pas aventuré hors de son Ve arrondissement du côté du VIe, par hasard ? « T’as quel âge ? – Il a 12 ans, monsieur l’Officier. » Abdel-Michel se contenta de faire non de la tête. Sa mère fondit en larmes, pensant qu’il mentait et qu’il protégeait quelqu’un. Pour Paul, ça avait commencé pareil, et on sait comment ça s’est fini. »T’as quand même pas voulu venger Paul, si ? ! » Paul avait été assassiné la veille de sa majorité. Après la mort du frère, la mère a été sous antidépresseurs pendant deux ans. « Je suis pas con, maman ! » La veille, le Ve avait fait tâter de la batte et de la barre à mine au VIe à Saint-Germain. Il y en a deux qui y étaient restés. La marche funéraire s’était transformée en manifestation, et la manifestation, en tsunami de haine. Abdel-Michel avait juste pris la mauvaise rue en rentrant de l’école, c’est tout. Il n’a juste pas eu le temps de s’enfuir. Il n’a juste pas su se défendre. Une mauviette. La voilà l’explication. »T’es vraiment un sportif en carton », plaisanta Jonathan. « Tu pourrais être mon entraîneur ? » demanda Abdel-Michel. Jonathan avait été le coach de Paul. Et même si on sait comment ça avait fini, Paul avait été un sportif prometteur. Personne ne l’aurait contesté. Même pas les gars du VIe arrondissement.Sa mère dit à Abdel-Michel que s’il lui arrivait quelque chose, elle n’y survivrait pas, et que Fatih-François et Gaël-Gamal seraient orphelins par sa faute. Abdel-Michel préféra ne pas la croire. »Hey, Ab-Mich ! » M. Bondieu l’interpelle depuis le coin du tapis. « Tu passes me voir après. » Abdel-Michel tend la main à Luc, étalé dans la surface centrale, bascule sa carcasse sur lui, l’aide à se relever, et finit par une tape dans le dos, comme pour dire « allez, ça ira mieux demain ! » Il traverse le tapis en souplesse.Autour de lui, des dizaines de tapis semblables, des dizaines de carcasses qui s’affairent et suent du sel, dans une étreinte impitoyable, ils grognent en voulant rompre le cou bovin de leur adversaire, ils mugissent et rugissent. Des tonnes de muscles, de la mauvaise carne humaine, qui déchire de l’intérieur ces peaux luisantes, noires, blanches, brunes. Les nez cassés inspirent bruyamment l’air musqué, lourde émulsion de testostérone. Les yeux sont comme des phares blancs dans une ronde folle. C’est une machine à fabriquer de la douleur, et à fabriquer de la bravoure, aussi.Abdel-Michel passe parmi eux, ennemis et amis, d’un pas chaloupé. Vaincus et vainqueurs, ils s’essuient avec leurs serviettes, assis en rang sur les bancs, hypnotisés par la vue de ceux qui sont toujours à se ceinturer et à s’étrangler dans ces sortes de prés ronds. Il frappe à la porte. »Entre ! » Le bureau de M. Bondieu est tapissé de fanions et de photos de lui, jeune, affûté, agile, l’idole noire de la fédération française. On le voit jeter au tapis des adversaires aux maillots multicolores. Et ses trois médailles : Shanghai 2100, Lima 2096 et Taïpei 2088. Une médaille d’or et deux d’argent. Vingt-quatre ans après sa dernière grande victoire, André Bondieu, bedonnant, affaissé et grisonnant, est toujours une légende vivante. Un quart de siècle que la France n’a pas remporté l’or en lutte libre. Et ce n’est pas près d’arriver.Abdel-Michel se laisse glisser sur un tabouret. « T’es au courant pour Saïd ? Déchirure du ménisque. Pendant les qualifications. Hier.– Les gars ne m’ont rien dit. Le pauvre.– Tu comprends ce que ça veut dire ?– Qu’est-ce que ça veut dire, monsieur Bondieu ?– Arrête de faire le con, Ab-Mich.– Vous pensez qu’il ne pourra pas se remettre à temps ?– Je ne peux pas prendre le risque. »M. Bondieu fixe Abdel-Michel, qui sent son pouls s’emballer à 140 sous le regard de Bondieu, comme s’il venait de vaincre Saïd sur le ring et qu’il levait le poing de la victoire. « Tu vas y arriver ? » Seulement, ce n’est pas une victoire à la loyale. Ce n’est pas Abdel-Michel qui a vaincu Saïd, mais un autre. « Vous me proposez de prendre sa place ? Dans l’équipe ? !– Arrête de gueuler. Oui, Ab-Mich. Je te propose de prendre sa place dans l’équipe olympique.– Mais il reste très peu de temps avant les Jeux…– Ecoute-moi bien, fiston. T’es le meilleur poussin de mon incubateur. C’est une situation de merde. Mais si tu te mets à pleurnicher, alors je vais aller chercher quelqu’un de plus confiant, parce que…– Inutile, monsieur Bondieu !– Ça fait longtemps que tu t’entraînes chez nous ?– Onze ans.– Voilà. Onze ans. Depuis que Jonathan a été tué. Quand il était venu te présenter ici, il m’avait glissé : « Regarde, Henri, c’est un futur champion. » Le vieux croyait en toi. C’est pour ça qu’il t’a sorti de la rue.– Je sais.– A l’heure qu’il est, tu moisirais dans une décharge, dépecé dans des sacs, s’il n’avait pas vu en toi un potentiel. Alors ne le déçois pas.– Entendu, coach. »M. Bondieu hoche la tête, satisfait, bondit de sa chaise, s’avance vers sa médaille d’or, la prend, souffle dessus et se met à la frotter. « Tu comprends ce que ces Jeux représentent pour nous ? Est-ce que tu sais quand les JO se sont déroulés en France pour la dernière fois ?– Il y a une centaine d’années ?– Pas une centaine, mais très exactement un siècle. L’Europe était encore unie à l’époque. Les Etats-Unis dirigeaient le monde. La capitale avait été astiquée à fond, 20 millions de touristes avaient débarqué. La grande classe. La France avait retrouvé sa grandeur pour deux semaines.– C’est combien de temps avant le déclin de l’Europe ?– Une quinzaine d’années avant. Suivant comment on compte. Une trentaine d’années avant l’Empire Céleste Mondial. Bref, c’était une autre époque.– Je vois.– Tu verras quand je t’aurai raconté toute l’histoire. Depuis cinquante ans, le Comité olympique est contrôlé par tu sais qui. Avant, les Occidentaux laissaient parfois l’organisation des JO au tiers-monde, pour donner aux aborigènes l’illusion de les impliquer. »Abdel-Michel a le cœur qui bat tellement fort qu’il n’écoute que d’une oreille. Il a du mal à réaliser que lui, le petit Abdel-Michel, habitant du quartier des Gobelins, va participer aux Jeux olympiques ! « Imaginons que tu aies une arrière-grand-mère. Et qu’elle ait un appart dans le Ier arrondissement, disons avec la vue sur le Louvre. La vieille dame est alitée, paralysée. La puanteur dans l’appartement pique les yeux, des cafards plus gros que mon pouce squattent la cuisine, et pourtant elle résiste à la mort. D’après tous les pronostics, l’appart devrait te revenir, mais tu n’as pas de document qui l’atteste. Tu visualises ?– Ouais.– Tu n’as aucune raison de l’aimer, d’autant que dans sa jeunesse, elle buvait, menait un mode de vie dissolu et n’hésitait pas à en venir aux mains. En vieillissant, elle s’est mise à radoter et faire la morale. Tyrannique dans la jeunesse comme dans la vieillesse, elle mériterait un coup de pouce à mourir, mais tu serais le suspect idéal aux yeux de la police. Alors il faut attendre. Pire, il faut s’occuper d’elle.– Pff.– Et voilà qu’elle fête son satané centenaire, elle respire encore, et exige qu’on lui organise une fête d’anniversaire. Que faire ? Tu dois t’y coller. Tu te fais beau, tu payes un extra à l’aide à domicile pour qu’elle lave la mamie, qu’il soit supportable de s’asseoir à côté d’elle ; un beau gâteau, tu allumes 100 bougies, mais, surtout, tu fais un tour de reconnaissance dans ta future demeure. Tu me suis ?– Euh…– Pour la France, ces Jeux sont comme ce centenaire, où elle tient le rôle de la doyenne. »Abdel-Michel reste pensif. Il se concentre. « Mais nous, on représente la France.– Exact.– Alors il faut la raconter autrement, cette histoire, monsieur Bondieu.– Vas-y, raconte-la à ta manière, Ab-Mich.– Qu’ils viennent parader ici, ces jeunes freluquets qui ne se doutent pas que je suis suivie par un kiné et que je ne suis plus alitée. Je vais les enterrer tous, et je léguerai mon appart à mon aide à domicile. Et puis si j’arrive à rassembler les sous, je ferai de la thérapie génique et mon espérance de vie va s’allonger d’au moins dix ans, et ensuite on verra !– Bravo ! Quelle niaque ! »Le coach administre à Abdel-Michel quelques tapes dans le dos. « A partir de demain, je m’occupe de toi sérieusement. Au fait, en parlant de génétique… Tu ne touches pas à cette merde de biohacking ?– Bien sûr que non…– Parce qu’ils vont nous tester, Ab-Mich. Il ne faudrait pas qu’ils trouvent quelque chose… Tiens, tu vas cracher dans le tube. Je veux être certain que tu es encore un humain naturel. »Abdel-Michel crache à contrecœur dans le flacon. Dans la sélection, le contrôle de pureté de l’ADN est obligatoire, sinon il y aurait trop de petits malins qui s’injecteraient un upgrade.On a le résultat en cinq minutes. « Le génome du patient n’a subi aucune modification », conclut l’appareil de mesure d’une voix mélodieuse. »Tu ne sais pas ce que tu perds, glisse la toubib avec un clin d’œil. Et ce que tu fais perdre à ta copine.– Je ne crois pas, non. Abdel-Michel fait non de la tête.– Un de mes mecs voulait avoir les yeux bleus, il s’est fait injecter un truc frelaté dans une cave et il a perdu la vue.– Pourquoi acheter cette saloperie ? Quand il y a des revendeurs de produits sous licence chinoise. C’est importé illégalement, mais le produit est le même, tout ce qu’il y a de plus authentique. »La toubib remet en place sa poitrine imposante. « Avec une ou deux piqûres, tu pourrais grave augmenter ta masse musculaire, glisse-t-elle, aguicheuse. Tu serais tellement beau gosse !– Je suis sélectionné aux JO, tranche Abdel-Michel. Vous savez bien que le Comité olympique est intraitable sur la question, ils sont sans pitié lors des contrôles.– Waouh ! »La toubib retrouve son sérieux. « Alors oublie tout ce que je t’ai dit. Toute l’équipe serait disqualifiée et moi, je me ferais arracher la tête. Je te félicite, Ab-Mich ! »Dans le métro, Abdel-Michel observe les passagers, il se demande qui parmi eux fait du biohacking. De l’extérieur, ça ne se voit pas toujours, allez savoir qui a modifié quoi. La plupart du temps, les femmes se laissent tenter par le rajeunissement, mais certaines vont jusqu’à modifier leurs données physiques en s’injectant des échantillons de top model. Les hommes s’injectent des gènes animaux : le gorille pour tripler sa musculature ; les gènes mammifères, ça craint toujours moins que se piquer avec des gènes de scorpion par exemple, comme la racaille des catacombes.Bien entendu, cette hérésie est interdite sous la Xe République. Si une modification génétique est découverte, tu perds ta couverture santé : va savoir quels effets secondaires présente ton amélioration cosmétique sur le grain de peau ou la taille de tes attributs génitaux. Le cancer est le plus courant : le corps résiste au changement génétique, le système immunitaire panique et devient autodestructeur. Mais ça n’empêche pas les moches de vouloir devenir beaux et les faibles, de devenir forts. Dieu nous a faits imparfaits, on est obligé de faire le taf à sa place. »Prochain arrêt : Gobelins », annonce une voix de synthèse. Abdel-Michel se fraie un passage jusqu’à la porte et se trouve nez à nez avec son reflet dans la vitre fumée. La ligne épaisse et irrégulière de son arcade sourcilière, le profil cartilagineux de ses oreilles, boudins de pâte à modeler triturées à la va-vite par le chirurgien, son nez épaté. Sa mère lui a interdit de corriger ses gènes, lui assurant que les filles vont l’adorer tel quel. « Tu es tellement fort, lui répète-t-elle, tu es tellement beau. »Désormais, avec sa prime olympique, il pourra lui payer un abonnement pour le Métavers, où elle aime vivre avec toute sa famille dans les environs de Marrakech ; il aura peut-être même assez pour un avatar de son père. Elle sera heureuse désormais.La Xe République n’a pas les moyens de construire de nouveaux stades, elle se contente donc de chasser les clodos et les migrants des infrastructures du siècle passé. La flamme olympique fume salement. »C’est pas bon signe. » M. Bondieu fronce les sourcils à la vue de l’épaisse fumée au-dessus de la petite flamme. « J’invite à la tribune madame la Présidente de la Xe République, Salomé Bettencourt ! », lance au-dessus du stade le baryton du maître de la cérémonie.La présidente Bettencourt arrive au trot. Sur le papier, elle a 80 ans, mais elle ne les fait pas du tout. « Je me la taperais bien », chuchote Loulou. Les médias prétendent que si la présidente fait quarante ans de moins que son âge, c’est grâce à la pratique régulière du sport, mais qu’est-ce qu’ils pourraient dire d’autre, ces sales vendus ? Ils ne vont quand même pas publier les résultats de son test ADN… »La ville de Paris a eu l’honneur d’accueillir les Jeux olympiques pour la dernière fois il y a pile un siècle, commence Madame la Présidente. J’aimerais rappeler que la France a été celle qui a renouvelé les traditions olympiques… »Abdel-Michel se demande si les JO de 2124 ressemblent à ce qu’imaginaient les gens il y a un siècle. Ils pensaient sûrement à des gratte-ciel, des voitures volantes, des vêtements synthétiques moulants, à la téléportation et un monde dirigé par les robots. On peut peut-être trouver ça quelque part, en Chine, mais certainement pas en Europe. Ici, les finances sont à sec. On n’a pas eu de quoi se payer des tours géantes, ni des voitures volantes, ni la conquête de la planète Mars. Plus une thune. Le temps s’est arrêté.Tout juste eu de quoi redonner un vernis de façade aux Champs-Elysées pour les JO. Et pour un hologramme grandeur nature de la tour Eiffel, écroulée depuis longtemps, projeté sur le smog poisseux de Paris. Bref, pour offrir aux hôtes étrangers une pâle copie du Paris d’il y a cent ans. D’ailleurs, le budget a probablement été bouclé en empruntant à la Chine. « Liberté, égalité, fraternité ! », conclut Mme Bettencourt à la tribune. « Vanité, antiquité, absurdité », glisse en grimaçant M. Bondieu.La caméra se détourne enfin de la pimpante présidente et survole les athlètes qui forment une longue cohorte. La caméra passe sur les Britanniques ; voilà les Américains et leurs sourires étincelants – ils sont divisés entre ceux des Etats côtiers et ceux de l’Amérique profonde, baptisée « Heart of America » ; voici les post-Russes qui font un signe de la main, ils forment une dizaine d’équipes, pour tous les Etats issus de la chute de leur immense nation… Mais Abdel-Michel attend de voir une autre nation. Les maîtres du monde. Les Chinois. Il faut absolument qu’il les voie. »Depuis les origines, les Jeux olympiques ont été l’arène où se sont affrontés les meilleurs !, déclame au pupitre le président du CIO. Les Jeux ne portent-ils pas le nom du mont Olympe car les dieux se seraient inclinés devant la perfection des athlètes olympiques ? » La délégation chinoise apparaît enfin dans le champ de la caméra. Des femmes et des hommes majestueux, parfaits comme des statues antiques. Peau nacrée, cheveux de jais, chaque corps parfaitement dessiné pour le sport auquel il est dédié. Visages souriants. Sans une once d’inquiétude, ils apparaissent calmes, assurés, et presque empathiques. »Et je veux rappeler une fois encore depuis cette tribune, que les Jeux olympiques doivent rester l’arène d’une compétition juste. Ne doivent s’y affronter que des athlètes au corps en tout point semblable à ceux des premiers Jeux. Et nous n’accueillons dans la compétition que ceux qui n’ont subi aucune modification génétique. Seulement les gens ordinaires. Et que le meilleur gagne ! »La flamme olympique bondit dans un champignon de feu et de fumée comme la déflagration d’une bombe. L’orchestre symphonique entame un crescendo. Le stade explose dans un torrent d’applaudissements. « On va les éclater ! affirme M. Bondieu en se tournant vers sa petite équipe. Pour notre vieille France ! »Cet Ouzbek au nom à rallonge est incroyablement tenace, difficile d’échapper longtemps à son étreinte ; il est plus grand qu’Abdel-Michel et il le tient à distance avec ses bras qui oscillent comme deux serpents prêts à le saisir par la nuque pour l’étrangler. L’Ouzbek tout entier est devenu maintenant un boa qui se penche sur Ab-Mich, guettant le moment où il baisserait la garde, pour l’étourdir d’un geste et s’enrouler autour de lui.Les gradins sont aux deux tiers vides : pratiquement tous les spectateurs sont français, car les Ouzbeks ne sont pas autorisés à quitter leur émirat. Les sièges premier prix du fond sont occupés par les gars des ghettos des centres-villes. Aux premiers rangs, les places sont réservées aux nobles issus des patriciats corporatistes de la Xe République sur dix générations.Pour les premiers comme pour les seconds, Abdel-Michel, dont ils ignoraient jusqu’à l’existence encore hier, est désormais leur champion, leur alter ego. L’Ouzbek peut compter sur sa force extraordinaire, sur son jeu de mains hypnotisant et sur son palmarès. Abdel-Michel, quant à lui, ne peut compter que sur la France.Dès son premier point, les Français sont tombés amoureux d’Ab-Mich, ils ont cru en lui, et ses muscles se sont remplis de cet amour et de leur foi en lui… Mais cet amour pourrait se transformer en peste, en poison, si l’Ouzbek gagnait ce combat. Un rugissement continu s’élève des tribunes, et Abdel-Michel se nourrit de ce cri. Comme si ses muscles étaient pris d’un spasme, non pas de douleur ni de paralysie, mais un spasme de rage. Acculé au bord de la zone de combat, il exécute une flexion en avant avec une force qu’il ne se connaissait pas, il retourne l’Ouzbek, désorienté, et le plaque au sol. Il n’en fallait pas plus.Une vague brûlante d’extase monte du public et manque de l’emporter à son tour. M. Bondieu sourit à son Ab-Mich et le serre dans ses bras très fort, comme l’aurait fait son père s’il avait pu ressusciter.Abdel-Michel rentre en métro, et des inconnus l’abordent pour lui dire merci. Ils veulent lui serrer la main, se prendre en photo avec lui. Ils lui donnent de l’amour, et en une heure de trajet il récupère toutes ses forces, nourri par le soutien des Parisiens des souterrains. A la maison, on l’accueille avec son gâteau préféré et plein de bisous.Il se pose pour regarder les JO. Tout le monde ne fait que ça, regarder les JO. Et dans toutes les disciplines, la Chine rafle tout. Les cyclistes chinois distancent leurs adversaires de plusieurs longues minutes. Les haltérophiles chinois soulèvent des masses de fonte qui font trois fois leur poids. Les coureurs chinois ne sont rattrapés que par leur propre ombre. Les nageurs chinois fendent la matière comme des torpilles, comme si l’eau renonçait à leur opposer toute forme de résistance. De l’or, de l’or, de l’or. »Ils sont modifiés », chuchote Abdel-Michel. Ce qui n’était qu’un soupçon au départ devient une certitude à mesure que les médailles chinoises s’accumulent. « Félicitations pour votre victoire bien méritée ! », articulent en souriant les champions défaits en récompensant les nouveaux, tout aussi souriants et imperturbables, jamais essoufflés, embrassant les tribunes d’un regard plein d’une supériorité tranquille. C’est ainsi que sourient aux mortels les surhommes. »Ils sont génétiquement modifiés ! » Abdel-Michel se tourne vers sa mère, ses frères. « Ils ont passé tous les tests », tempère sa mère en se détournant à contrecœur de son paradis virtuel. « C’est impossible pour un humain ordinaire ! « Ils en auraient parlé aux infos ! » objectent ses frères. « Quelle perfection ! », s’extasient les commentateurs sportifs. « C’est impossible ! », argumente Abdel-Michel lorsqu’un lutteur chinois, sans même mouiller son tricot rouge, soulève sans effort le pauvre Loulou et le jette au tapis. »Ne discute surtout pas avec l’arbitre », lui souffle M. Bondieu. « Mais on n’a aucune chance !, s’insurge Abdel-Michel. Il y a vraiment que moi qui le vois ?– Ecoute, gamin, l’interrompt le vieux à côté de lui. Ton connecteur fonctionne sur abonnement, mon métasystème est sur abonnement, les mondes virtuels où on passe notre temps, nos robots médicaux, nos véhicules autonomes et l’hélicoptère personnel de cette vieille mégère de Bettencourt, tout fonctionne sur abonnement. Nous vivons sur abonnement parce que nous sommes trop pauvres pour autre chose. Toute notre vie, à part le pain et le fromage, est fabriquée hors de France. Et tu sais où ?– En Chine.– Exact, gamin. Tu crois que la Chine hésiterait à fermer nos abonnements ?– Arrêtez, monsieur Chaales, ils n’ont jamais désabonné personne.– Attends, attends ! Et les Russes il y a vingt ans, quand ils commençaient à trop exagérer ? Comment ça a fini ?– C’était il y a vingt ans ! C’est de l’histoire ancienne…– C’est ça, tu n’étais pas encore de ce monde, mais moi j’y étais, gamin. Je m’en souviens très bien. Et je ne suis pas le seul. Le soft power, comme ils disent. Et encore, c’est sans parler de leur conglomérat spatial… »Dans son duel contre le Grec, Abdel-Michel accomplit des miracles. Il est enragé et sa rage le rend plus fort. Ses mains étranglent le Grec comme si elles étaient possédées ; et même lorsque le Grec s’incline et l’arbitre valide la victoire incontestable d’Abdel-Michel, il ne peut desserrer son étreinte, comme un bull-terrier dont la mâchoire s’est refermée sur sa proie.Il ne peut plus prendre le métro, où il est systématiquement pris dans une masse humaine extatique qui le colle tellement qu’il ne peut même pas faire un pas. Désormais, Abdel-Michel dort au centre sportif.Pendant que les Chinois raflent l’or partout, au sprint, et même dans les cybersports, ils surpassent tous leurs adversaires par leur rapidité. Ils sont les meilleurs en escrime, et même au lancer de marteau. « Mais ils sont génétiquement modifiés ! Regarde-les, Loulou ! », supplie Abdel-Michel. Depuis son combat contre un Chinois, Loulou a les côtes en compote, mais il se contente de hausser les épaules. « T’as pas intérêt à balancer ça aux journalistes !, le prévient M. Bondieu en détachant bien chaque mot. Le Comité olympique te boufferait, et nous avec. Ce sont des accusations très sérieuses ! »Abdel-Michel continue sa progression. Le prochain lutteur dans sa catégorie, poids superlourd : le Tunisien Khaled Dahmani. L’avant-dernière marche de la pyramide. Au-dessus, il ne reste que le sommet, l’or.Cette victoire lui tombe dessus comme un miracle : Khaled a été blessé dans son combat précédent mais s’est tout de même présenté au tapis. Une victoire à la loyale, donc. Abdel-Michel, le gamin des Gobelins, un gars du ghetto, métis et orphelin du Ve arrondissement, devient une star française de la lutte. Un héros national. »Ils n’ont vraiment pas peur des conséquences ?, marmonne Abdel-Michel en regardant les juges passer des médailles en or au cou de Chinois au water-polo, au basketball… Ils seront rongés par le cancer dans moins de dix ans ! » « Ils ne le font pas pour eux mais pour leur pays ! », siffle M. Chaales. « Personne ne leur a rien demandé. »Saut en longueur, boxe, gymnastique rythmique. Chine, Chine, Chine. « Ça leur sert à quoi tout cet or ?– Ils peuvent en avoir autant qu’ils veulent, Ab-Mich !– Personne ne voit qu’ils sont tous génétiquement modifiés ? ! Et les tests de conformité génétique ?– Les Chinois contrôlent le CIO. Ouvre les yeux. »Badminton, plongeon, tir à l’arc. Ils raflent tout. « Le triomphe de la Chine ! », titrent les médias du monde entier. Les éternels Pères de la Nation agitent leurs petites paumes depuis le mausolée de Mao, affichant un sourire satisfait. C’est ainsi que sourient aux mortels les surhommes. »Ne pensez-vous pas que la Chine pratiquerait la modification génétique sur ses sportifs ? », demande un journaliste à Abdel-Michel. Le lendemain, tous les médias français s’exclament : « Un lutteur français accuse la Chine ! » Abdel-Michel est jeté en pâture, on veut le mettre en examen, on prépare son exclusion, mais, en attendant, il va combattre. Les Chinois s’imposent à la lutte libre, ils ont gagné tous leurs combats jusqu’à présent. Poids plume, moyen, lourd… Il ne leur reste plus qu’à vaincre Abdel-Michel.Son dernier combat approche. Son adversaire s’appelle Gao Liu, il a 25 ans, il a plié un post-Russe, un Nigérian, un Vénézuélien et un Daghestanais. La Chine ferme les yeux sur ses accusations. Le CIO publie les résultats des tests de compatibilité humaine de tous les sportifs chinois en compétition, ils sont nickel. »Tu sais pourquoi ils font ça ?, hurle Abdel-Michel en oubliant de vouvoyer son coach. Ils doivent absolument mettre au pas le monde entier ! L’unique raison de ces Jeux, c’est de montrer qui est le plus fort, à tout le monde, par tous les moyens, jusque dans le connecteur de chaque habitant de la planète, jusque dans les toilettes ! Parce que le plus fort gagne. Ils veulent nous humilier ! Nous rabaisser ! Quel rapport avec le sport ?– Ecoute, Ab-Mich. Quel rapport entre les Jeux olympiques et le sport ? Est-ce qu’il en a jamais été autrement ? A Munich ? A Salt Lake City ? A Pékin ? A Sotchi ?– Tu dois nous protéger ! Nous ne luttons pas pour nous. Mais pour la France, putain ! C’est toi qui m’as raconté l’histoire de la vieille et de son appart, et maintenant ?– Qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ? Tu t’es mis dedans, tu ne t’en sortiras pas, gamin. Et tu voudrais m’entraîner dans ta merde ? Il n’y a pas de sport, et il n’y en a jamais eu, il y a que l’argent et la politique. »Il va se faire défoncer. Gao Liu va lui rompre la colonne vertébrale, dans sa flaque de pisse au milieu du tapis. Il sera la risée du monde. Sur toute la planète, il n’aura nulle part où échapper à son humiliation, par un recoin où on croira à son histoire. Il ne peut pas perdre ce combat. Plutôt mourir. Plutôt choper un cancer.Abdel-Michel ne peut pas aller voir la toubib de l’équipe de France : elle serait sûrement la première à le dénoncer à l’agence antidopage du CIO. Il doit donc trouver un labo clandestin par ses propres moyens. De dealers en proxo, il arrive jusqu’à ceux qui font dans les affaires les plus troubles.L’entrée du cabinet médical se fait par un resto de nouilles assez douteux avec un genre de mollusque dessiné sur la devanture. Dans la salle d’attente : des pauvres filles qui rêvent de tromper Dieu lui-même et quelque mec crédule, des chauves bedonnants en quête de leur jeunesse perdue, des cybergothiques qui veulent se faire pousser des ailes. Abdel-Michel garde son masque, capuche baissée sur les yeux. Il ne faut surtout pas qu’on le reconnaisse. On lui fait signe, c’est enfin son tour. Il est accueilli par deux molosses. Ils lui posent plein de questions sur le type d’upgrade qu’il veut, lorsque soudain… « Abdel-Michel ? » Il sursaute. Pourquoi ce visage lui est tellement familier ? « Tu ne me reconnais pas ? Je me souviens bien de toi. » Ab-Mich a le tournis, il a chaud. Comment s’appelle ce gars, déjà ? Brouillard rouge, un coup de botte avec la coque en acier… »Yannick. Je m’appelle Yannick. » Le gars lui arrive à peine à la poitrine, maintenant. Sans aucune modification génétique, Abdel-Michel, c’est 120 kilos de muscles d’acier, il pourrait lui tordre le cou en une seconde. Il n’envisage même pas de nier, il arrache son masque et prend une grande inspiration. Ça fait combien d’années ? En fait, il a attendu ce moment toute sa vie. Ce moment précis. Davantage que son duel avec Gao Liu… « Je suis fan, Abdel-Michel.– Quoi ? !– Ce que tu fais, frère… Ce que tu fais pour nous… Pour la France… Ça paraît con, je sais… Mais je me suis senti fier de mon pays, pour la première fois depuis… Bref… Ces trucs de gosse… Je voulais… Je voulais m’excuser. Si tu peux…Ces excuses valent de l’or. Ab-Mich, frémit comme quand il s’avance sur le tapis, et fait oui de la tête. « De quoi tu as besoin, frère ?– J’ai besoin d’un upgrade. Pour la force. Qui agit vite. »Yannick échange un regard avec son second. « On vient de rentrer un truc. De la contrebande chinoise. Toute leur équipe en prend. Par contre, on ne connaît pas les effets à long terme…– Toute leur équipe en prend ?– Carrément. Crois-en mon expérience. Pourquoi, ça t’étonne ? Tu n’es pourtant pas né d’hier !– Allez, vas-y, envoie ! », tranche Abdel-Michel.Ce qu’il lui faut, c’est avoir les mêmes chances que les Chinois. Tout ce qu’il veut, c’est s’éviter une mise à mort humiliante. Comme ça, le combat sera loyal, même s’il perd. »Votre salive, s’il vous plaît. » Abdel-Michel crache avec un air de mépris dans le flacon. Yannick lui a assuré que les appareils d’analyse du CIO ne savent pas encore déceler ce produit parce que les Chinois auraient interdit les investigations en ce sens. L’appareil émet un petit bruit, le regard du médecin glisse furtivement sur Abdel-Michel. « Tout est OK. Vous êtes admis à la compétition. » Abdel-Michel n’en revient pas, il sort d’un pas incertain devant une foule de journalistes. Aucune autre épreuve, aucune autre finale n’avait jamais attiré autant de médias. »Abdel-Michel ! Vous continuez de penser que l’équipe chinoise a triché en faisant appel au biohacking ? » « Selon vous, Abdel-Michel, ce combat sera-t-il loyal ? » « Regardez la caméra, Abdel-Michel ! Par ici, par ici ! » « Vous êtes devenu le symbole de la lutte contre le biohacking dans le sport, en avez-vous conscience ? » « Il est temps de mettre un terme à la domination chinoise ! », hurle quelqu’un dans le fond. « Justice ! », enchaîne un autre. « Justice ! », reprend en chœur la foule qui se masse autour du tapis de lutte.Est-ce qu’il se considère comme un héros ? Non. Est-ce qu’il se considère comme un tricheur ? Non. Juste un gladiateur qui a refusé de mourir aujourd’hui. Demain est un autre jour.Il s’avance sur le tapis, empli d’une rage sourde, il a du mal à se contenir, il aimerait cracher aux pieds du Chinois. Gao Liu est serein, tout en retenue, cordial. Il envoie à Abdel-Michel un sourire plein de morgue et d’assurance. Le sourire d’un dieu de l’Olympe qui condescend à un duel avec un mortel, certes le plus fort d’entre eux, mais un mortel quand même.Seulement, Abdel-Michel n’est plus un simple mortel, lui non plus. Le sang de Zeus coule dans ses veines. Lui, le métis des Gobelins, traîné dans la boue, issu des moins que rien, le dernier espoir de la France, un tricheur, déterminé à se battre jusqu’à la fin ; il sent ses muscles déchirés de l’intérieur par une force insoupçonnée, le monde autour de lui ralentit à mesure que lui gagne en vitesse.Alors, s’il peut maîtriser le temps, s’il peut ralentir la rotation de la Terre, pourquoi ne pourrait-il pas vaincre ce petit dieu de pacotille ? Une jambe, bascule, clef de tête. Ceinture à rebours, arraché, bascule. Gao Liu est particulièrement agile et d’une force indescriptible, mais Abdel-Michel est son égal, aucun des deux ne surpasse l’autre en force. Le public hurle, les tribunes sont pleines à craquer – un cas rare pour de la lutte libre. Et ce n’est pas seulement cette salle qui les regarde, c’est le monde entier qui a les yeux rivés sur le tapis. Les Jeux touchent à leur fin, presque toutes les médailles d’or ont été distribuées, et elles sont toutes pour la Chine. « Pour la France ! La France ! Justice ! », scande le public. Même M. Bondieu, au bord du tapis, crie comme un dingue ! « Justice !!! Pour la France !!! » Le monde entier demande la justice.Ab-Mich et Gao Liu s’empoignent avec rage, ils s’étreignent comme deux frères, comme deux amants, désespérément, comme deux cerfs aux bois mêlés, deux ennemis dans un duel sans vainqueur, encore debout malgré leurs poignards plantés jusqu’à la garde. Le chrono tourne, 5 points pourraient déterminer la victoire. Gao Liu parvient à se libérer, tire Abdel-Michel par la jambe et l’amène au sol. L’arbitre s’apprête à siffler la fin et donner la victoire au Chinois, pour une 300e médaille, presque trop pour son pays grandiose ; lorsque Abdel-Michel parvient à exécuter un retournement, rugit et le plaque au tapis.Gao Liu se ramollit soudain, comme s’il n’était pas un être vivant mais un androïde qu’on aurait déconnecté. Il n’essaie pas de se libérer, il laisse Abdel-Michel l’enfourcher, comme résigné à sa défaite avant même qu’elle ne soit prononcée. L’arbitre s’empresse de décompter les secondes, comme soucieux lui aussi de la victoire d’Abdel-Michel, puis le tire par le bras dans la lumière, vers la gloire internationale, vers sa médaille, sa revanche, sa rédemption. Abdel-Michel, sonné, la vue troublée, hagard, pantelant, tente d’esquisser un sourire, mais il n’en a plus la force.On applaudit le vainqueur. On applaudit le vaincu, aussi. Abdel-Michel le regarde, incrédule, à travers le brouillard rouge, lui sourire, de son sourire tranquille, doux, conquérant.Personne ne met en doute la victoire de la France, même si Abdel-Michel s’attend à tout moment à recevoir un appel du CIO. Sa victoire est incontestable, l’unique médaille d’or française aux JO, l’unique médaille d’or européenne. Abdel-Michel, béatifié de son vivant parmi les sportifs, à 25 ans à peine, il a déjà sa piaule au Panthéon ; le sauveur de la France, et même de toute l’Europe. Il est celui qui aura donné aux peuples le courage d’exiger la justice, qui aura réussi lui-même à rétablir la justice, soulevant un tsunami de courage dans le monde entier. Un tsunami qui lui aura léché les pieds sur le podium olympique avant de déferler jusqu’aux tréfonds des masses populaires, rassasiées et apaisées.La Chine, qui aurait pu se transformer, à cause d’Abdel-Michel, en une hégémonie honnie, est considérée à nouveau comme une autorité légitime – grâce à lui. Elle se contente de l’or gagné. Tout l’or du monde, moins une médaille française en lutte libre catégorie superlourd. Lors de la remise des médailles par le président du CIO, le Tunisien à la 3e place, Gao Liu la 2e et Abdel-Michel en haut du podium, le Chinois lui tend la main. Abdel-Michel la broie avec la force d’une presse hydraulique, mais le Chinois sourit et ne surenchérit pas. « Merci ! », dit-il.Gao Liu félicite Abdel-Michel dans une accolade. Avec plus de force qu’il n’en a mis dans son combat. « Pourquoi ?, chuchote Abdel-Michel à son oreille cabossée. Pourquoi merci ?– Savoure ta victoire. Parce que c’est fini pour vous. »

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Publish date : 2024-07-29 18:00:00

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L’Express

« C’est historique » : comment les cavaliers français ont conquis la médaille d’argent aux JO de Paris

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Au coeur du majestueux parc du Château de Versailles, le public retient son souffle. Sous le soleil de plomb de ce lundi 29 juillet, Stéphane Landois est le dernier cavalier Français à s’élancer sur la piste de la finale du saut d’obstacles, ultime épreuve du concours complet d’équitation en équipe débuté deux jours plus tôt. Concentré sur sa monture Chaman Dumontceau Ride for Thaïs, le Nantais sait que la médaille d’argent est à portée de main : il survole les premières barrières sans difficulté, bute à mi-parcours en touchant une barre à l’obstacle numéro 9, puis continue sans autre faute… En 80,57 secondes, il arrive au bout des 13 obstacles de la piste, sous les yeux d’un public surexcité et largement acquis à sa cause. Le jeune trentenaire lève le poing en l’air, exulte. Avec 103,60 points au total, il vient de s’offrir, avec ses coéquipiers Nicolas Touzaint et Karim Laghouag, une médaille d’argent. Les imbattables Britanniques ont, de leur côté, décroché l’or avec 91.30 points, et les Japonais ont ramené la première médaille olympique de leur histoire dans la discipline, en gagnant le bronze avec 115,80 points.Pour l’équipe de France en général, et Stéphane Landois en particulier, le symbole est fort : le jeune homme a réalisé l’intégralité des trois épreuves du concours complet sur l’ancienne monture de Thaïs Meheust, cavalière de 22 ans décédée en 2019 après un accident mortel sur un parcours de cross au Haras du Pin, en Normandie. « J’ai pensé à Thaïs tout le week-end, j’étais là pour elle, j’ai fait tout ça pour elle. Avoir cette médaille, c’est pour elle aussi », confie-t-il aux journalistes après sa victoire. Quelques dizaines de minutes plus tôt, l’Angevin Nicolas Touzaint était le premier Français à s’élancer sur la piste, sur sa monture Diabolo Menthe. Acclamé par le public, le quadragénaire, septuple participant aux Jeux olympiques, a touché deux barres. Son coéquipier Karim Laghouag, qui montait le cheval Triton Fontaine, a également touché une barre – tandis que les trois Britanniques n’ont fait tomber, de leur côté, qu’une seule barre sur la totalité de l’épreuve. « Il faut le reconnaître, les Anglais sont indéniablement meilleurs que nous… Mais le spectacle est tellement magique, ce que les Français nous offrent est extraordinaire », confie Karine, spectatrice venue spécialement de Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine.Bonnet en forme de mascotte Phryge sur la tête, gigantesque drapeau français sur le dos, la supportrice se dit « impressionnée » par le spectacle, et a bien conscience du caractère inédit de la compétition. « Une épreuve aussi grandiose dans un cadre comme celui-là, c’est une seule fois dans une vie. C’est à couper le souffle », confie-t-elle. La veille, Karine a déjà eu l’occasion d’admirer les épreuves de cross, où d’improbables coups de théâtre ont maintenu en haleine les spectateurs. Alors que la France occupait jusqu’alors la troisième place du classement par équipe, loin derrière l’Allemagne et l’Angleterre, le cavalier allemand Christophe Wahler a chuté, engendrant une pénalité de 200 points pour son équipe. La championne du monde britannique Rosalind Canter a de son côté écopé de 15 points de pénalité en raison d’une faute de franchissement de fanions, offrant aux Bleus la possibilité d’une médaille d’or. »On y croyait à fond, mais l’argent nous va très bien aussi ! Il y a de belles nations, avec un niveau très élevé. Notre résultat est tout de même fabuleux », commente Hervé, spectateur grenoblois, drapeau à la main et sourire jusqu’aux oreilles. D’autant que cette médaille d’argent récompense largement la régularité de l’équipe de France, déjà médaillée d’or aux Jeux de Rio en 2016 et médaillés de bronze à Tokyo en 2020. « Maintenant, on attend la suite avec impatience ! », commente Hervé en désignant le paysage du menton. À sa droite, les eaux du Grand Canal du Château de Versailles brillent sous le soleil, prêtes à servir de décor aux prochaines épreuves de la journée. »C’est historique »A 15 heures pétantes, la finale du concours complet individuel débute dans les jardins de Versailles. Premier français à passer sous les yeux des 15 000 spectateurs réunis pour l’occasion, Nicolas Touzaint fait son entrée sur Diabolo Menthe. La foule acclame le nouveau vice-champion olympique en équipe, agitant des centaines de drapeaux bleu-blanc-rouge dans les tribunes. Le cavalier s’élance sur les neuf obstacles qui composent la piste, mais touche deux barres – il finira 25e de la compétition en individuel avec 46.40 points. Quelques minutes plus tard, Karim Laghouag se lance à son tour, ovationné par un public qui trépigne dans les tribunes. Le cavalier de 48 ans bute sur une barre, et termine à la 15e place, juste derrière Stéphane Landois, qui faute également et finira 14e de la compétition.Venu spécialement de la Meuse, Jules a conscience de participer à une épreuve « historique ».La médaille d’or du complet en individuel sera décrochée quelques minutes plus tard par l’Allemand Michaël Jung, dernier cavalier à s’élancer sur la piste, qui réalise sans surprise un sans-faute sur sa monture Chipmunk FRH. Le sportif de 41 ans écrit ainsi l’histoire de son sport, en devenant le premier triple médaillé d’or dans la discipline, après être arrivé en tête de la compétition à Londres en 2012 et à Rio en 2016. L’Australien Christopher Burton remporte pour sa part la médaille d’argent avec Shadow Man et un score de 22.40 points, tandis que la Britannique Laura Collett décroche le bronze avec un score de 23.10 points, sur sa monture London 52. »Il y a eu quelques petites fautes pour les Français et pas de médaille en individuel, mais ça valait tellement le coup ! », s’exclame Jules, venu tout particulièrement de la Meuse pour participer à la compétition. Drapeau bleu-blanc-rouge peint sur les joues ce cavalier amateur ne regrette « pas le moins du monde » les plus de 200 euros dépensés pour participer à ces épreuves d’équitation 2024. « Ce que je viens de voir là, c’est historique », souffle-t-il. Durant la remise des médailles, le jeune homme fait inlassablement voler son drapeau dans les airs, acclamant les champions Français de complet en équipe. Acclamés par plusieurs olas et des « Allez les bleus » fièrement scandés dans les gradins, ces derniers ne cachent pas leur bonheur. En cette troisième journée de compétition, ils ont décroché la 9e médaille française des Jeux olympiques 2024.

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Author : Céline Delbecque

Publish date : 2024-07-29 18:31:14

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L’Express

Sabotages de réseaux de fibres optiques : ce que l’on sait

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Trois jours après des lignes TGV de la SNCF, ce sont les réseaux de fibre optique de plusieurs opérateurs français qui ont été visés dans la nuit de dimanche à lundi par des actes de « sabotage nocturne », en plein Jeux olympiques de Paris. L’Express fait le point.Six départements touchésCes actes de malveillance ont touché les installations de Free et SFR notamment dans six départements : les Bouches-du-Rhône, l’Aude, l’Oise, l’Hérault, la Meuse et la Drôme, a appris l’AFP de source policière, confirmant une information du Parisien.La direction de Free a par ailleurs signalé à l’AFP des incidents dans la Marne et le Vaucluse. Paris, cœur des Jeux olympiques (26 juillet – 11 août), n’a pas été touché, a ajouté la source policière.Peu d’impact sur le réseau SFRCes actes de malveillance ont affecté aussi bien des clients fixes que des clients mobiles de SFR, ainsi que les opérateurs étrangers empruntant ses réseaux (Vodafone, British telecom…), selon une autre source policière. L’opérateur a tenu à en minimiser les perturbations, qui n’ont visé que son réseau longue distance. « Côté client final chez SFR, il y a peu d’impact car le réseau longue distance, ce sont des grosses boucles et c’est rerouté quand il est coupé », a expliqué le groupe à l’AFP. « Ce matin […] il n’y a que 10 000 clients fixes (impactés), ce qui est ridicule à l’échelle du réseau ». »C’est du vandalisme. Ce sont des grosses sections de câbles qui ont été coupées. Il faut y aller à la hache ou à la disqueuse », a-t-on ajouté. Ces actes n’ont fait l’objet d’aucune revendication à ce stade, selon une source proche du dossier.⚠#PANNE SFR EN COURS⚠
📡28 signalements de problème #Internet dont 25 sur le réseau #fibre de #SFR depuis 10h46
🌍Villes concernées : Paris (75015), Paris (75016)
⬇️⬇️⬇️https://t.co/ZY9zbEyHZL— Pannes Internet et Mobile (@zoneadsl_panne) July 27, 2024Ils interviennent trois jours après les « sabotages » qui ont visé plusieurs lignes de trains à grande vitesse. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des câbles de fibre optique passant près des voies et garantissant la transmission d’informations de sécurité pour les conducteurs (feux rouges, aiguillages…) ont été coupés et incendiés à divers endroits du réseau TGV. Une opération « bien préparée », organisée par une « même structure », selon une source proche de l’enquête.Des « actes lâches et irresponsables »La secrétaire d’Etat au Numérique démissionnaire, Marina Ferrari, qui a condamné « avec la plus grande fermeté ces actes lâches et irresponsables », a évoqué sur X (ex-Twitter) « des conséquences, localisées, sur l’accès à la fibre, la téléphonie fixe et la téléphonie mobile ».Des dégradations commises dans plusieurs départements cette nuit ont affecté nos opérateurs de télécommunications.

Elles ont des conséquences, localisées, sur l’accès à la fibre, la téléphonie fixe et la téléphonie mobile.

Sous ma supervision, le centre pour les communications…— Marina Ferrari (@Marina_Ferrari) July 29, 2024

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Source link : https://www.lexpress.fr/economie/high-tech/fibres-optiques-sabotage-des-reseaux-de-plusieurs-operateurs-dans-six-departements-NX7EHOEM5JGBTCE5QRXLUDIBBQ/

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Publish date : 2024-07-29 15:39:44

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L’Express

Grippe aviaire : l’OMS veut développer des vaccins à ARN messager

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Face à une évolution récente et inquiétante de la grippe aviaire, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé ce lundi 29 juillet une initiative pour développer, dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, des vaccins contre cette maladie infectieuse à base de la technologie d’ARN messager. Derrière ce projet, figure la société biopharmaceutique Sinergium Biotech, qui a déjà commencé à développer des vaccins candidats contre le virus de la grippe aviaire H5N1, a indiqué l’OMS dans un communiqué.Ce virus, bien qu’apparu en 1996, connaît chez les oiseaux une augmentation exponentielle depuis 2020, parallèlement à l’augmentation du nombre de mammifères infectés, y compris des morses ou des vaches laitières, comme aux Etats-Unis. L’agence des Nations unies pour l’agriculture (FAO) a jugé la semaine dernière que l’évolution de la grippe aviaire dans la zone Asie-Pacifique, avec des transmissions de plus en plus fréquentes à des humains et l’apparition d’un nouveau variant du virus, devenait « alarmante ». Avant les essais cliniques, Sinergium Biotech devra d’abord établir la faisabilité du procédé de ses vaccins candidats, a détaillé l’OMS.Une technologie « particulièrement intéressante »Que recouvre la technologie à ARNm ? Il s’agit d’injecter dans l’organisme des brins d’instructions génétiques conduisant les cellules à reproduire des protéines présentes dans le virus afin d’habituer le système humanitaire à le reconnaître et à le neutraliser. Cette initiative est mise en œuvre dans le cadre du Programme de transfert de la technologie à ARNm, lancé pendant le Covid par l’OMS et le Medicines Patent Pool (MPP), une organisation soutenue par l’ONU visant à faciliter la mise au point de médicaments essentiels et à améliorer leur accès.Si la pandémie de Covid-19 a révélé une capacité d’innovation ultrarapide, elle a aussi mis en évidence des inégalités criantes dans l’accès aux vaccins. Sur la grippe aviaire, l’OMS a appelé à renforcer la surveillance et la notification des cas chez les animaux et les humains, et à partager les échantillons et les séquences génétiques. Martin Friede, qui dirige l’unité de recherche sur les vaccins à l’OMS, a quant à lui jugé particulièrement intéressant de se concentrer sur les vaccins à ARN messager, afin de développer des capacités de production durable. « L’avantage de l’ARNm est que, en théorie, nous pouvons fabriquer un vaccin Covid, nous pouvons fabriquer des vaccins H5N1, mais aussi de nombreux autres vaccins et des outils thérapeutiques », a-t-il expliqué. Si le besoin de vaccins H5N1 se réduisait, « nous espérons que tous les partenaires pourront produire autre chose », a-t-il poursuivi.

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Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/grippe-aviaire-loms-veut-developper-des-vaccins-a-arn-messager-A4R5EYPSDFFUFKNTQ53OW5WJKE/

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Publish date : 2024-07-29 11:34:43

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L’Express

Entre Trump et les milieux d’affaires, les dessous d’une opération séduction réussie

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A Palm Beach, la discrétion reste de mise. Sur cette île de 25 kilomètres de long située au nord de Miami, la vue sur les étendues d’eau bleu azur de l’océan Atlantique est imprenable. C’est ici qu’une soixantaine de milliardaires ont trouvé refuge, à l’abri des regards, dans d’immenses villas ultrasécurisées. L’un d’eux, sans doute le plus connu des résidents de la ville insulaire, pourrait d’ici quelques mois effectuer son retour à la Maison-Blanche. Donald Trump y possède en effet un domaine de 69 000 mètres carrés, qui comprend une demeure composée de… 126 pièces. Malgré le faste du lieu et le statut de son propriétaire, ce n’est pas ici que s’est déroulée, en mars dernier, une rencontre décisive pour la suite de la campagne américaine, mais à une dizaine de kilomètres, chez un autre propriétaire fortuné.Autour d’un petit-déjeuner, Nelson Peltz, investisseur et cofondateur du fonds Trian Fund Management, choisit de convier l’ancien président des Etats-Unis aux côtés – entre autres – du patron de Tesla Elon Musk, de l’entrepreneur et figure de Las Vegas Steve Wynn, et du gestionnaire de fonds spéculatifs John Paulson. Au menu, comme le rapporte le Wall Street Journal, un plan secret pour convaincre les grands patrons de mettre leurs forces et leur argent en commun afin de faire en sorte que Donald Trump retrouve la fonction suprême. C’est en réalité un mouvement plus large qui s’est déclaré ces derniers mois de Wall Street à la Silicon Valley : après l’avoir, pour beaucoup, rejeté en 2020, au terme d’un mandat pour le moins chaotique ponctué par l’invasion du Capitole, les milieux d’affaires changent peu à peu leur fusil d’épaule.Le point de non-retour semblait pourtant avoir été atteint. Après les événements du 6 janvier 2021, Nelson Peltz avait publiquement déclaré, dès le lendemain : « J’ai voté pour lui lors des dernières élections en novembre. Aujourd’hui, je suis désolé d’avoir fait ça. Ce qui s’est passé hier est une honte. En tant qu’Américain, je suis gêné. » Pourtant, trois ans plus tard, l’investisseur a de nouveau déclaré sa flamme au candidat républicain. De même que le milliardaire Bill Ackman, qui avait estimé que Donald Trump devait « démissionner et s’excuser auprès de tous les Américains » ou Steve Schwarzman, le patron de Blackstone, qui s’était détourné de lui en 2022.En janvier dernier, c’est Jamie Dimon, charismatique dirigeant de la banque JP Morgan, qui a approuvé l’action de l’ancien locataire de la Maison-Blanche lors d’une interview en direct à la télévision depuis Davos, forum des puissants de ce monde. « Prenez du recul, soyez honnêtes. Donald Trump avait en quelque sorte raison sur l’Otan et sur l’immigration. Il a plutôt bien développé l’économie. La réforme fiscale a fonctionné. Il avait pour partie raison s’agissant de la Chine. Il n’avait pas tort sur certaines de ces questions cruciales », a lancé le banquier, désormais pressenti pour devenir secrétaire au Trésor.La vision du personnage a changéEn réalité, plusieurs facteurs expliquent ces ralliements en cascade côté Wall Street. Malgré un bilan économique très positif, marqué par des plans d’investissement massifs dans la transition énergétique et les semi-conducteurs notamment, Joe Biden n’a pas réussi à convaincre de nombreux investisseurs. En 2023, la croissance américaine a pourtant atteint 2,5 %, après 1,9 % en 2022. « Les gens ne sont pas dupes. Ils savent que l’économie était sous perfusion à cause du Covid. C’était un hasard du calendrier : quand Biden est arrivé, il a fallu la relancer », rappelle John Plassard, spécialiste en investissement chez Mirabaud & Cie.Son rival, lui, a su jouer les bonnes cartes. « Donald Trump est beaucoup moins perçu comme un clown et plus comme un personnage qui n’a pas forcément pris de mauvaises mesures durant son mandat. Il est moins idéologue qu’on ne le pense et négocie avec tout le monde sur les mêmes bases. C’est quelque chose qui parle très bien aux milieux d’affaires », considère le chef économiste d’un grand groupe bancaire.Surtout, les investisseurs et milliardaires savent que le candidat républicain, s’il est élu, leur renverra l’ascenseur. « Il a clairement indiqué qu’il valorisait avant tout la loyauté et le soutien personnel. Beaucoup de ces personnes pensent qu’au cours des quatre prochaines années, il serait utile, à tout le moins, de ne pas voir le gouvernement s’immiscer de manière négative dans leurs affaires. S’il s’avère qu’ils ont besoin de l’aide du gouvernement, ils pensent que le soutenir les placerait dans une meilleure position pour obtenir ce qu’ils veulent », analyse Benjamin M. Friedman, professeur d’économie politique à Harvard.A contrario, certaines mesures présentées par Joe Biden avant son retrait sont jugées inadaptées pour alimenter la croissance américaine. « Le programme des démocrates est devenu tellement à gauche que cela a eu un effet repoussoir pour les entreprises », constate Raphaël Gallardo, chef économiste chez Carmignac. Parmi ces choix, des hausses d’impôts d’environ 3 000 milliards de dollars, qui concerneraient les entreprises et les hauts revenus, avec par exemple un taux d’impôt sur les sociétés relevé à 28 %, contre 21 % aujourd’hui, quand Donald Trump souhaite l’abaisser à 15 %. « Le Parti républicain s’est souvent adressé aux personnes les plus aisées, notamment sur le sujet de la taxation des impôts. Trump l’a répété à plusieurs reprises, il prévoit des réductions d’impôts assez significatives », note Jeremy Ghez, professeur associé d’économie et d’affaires internationales à HEC.Un programme économique vu d’un bon œilD’un point de vue économique, le programme protectionniste de Donald Trump, marqué par une hausse des droits de douane et l’expulsion de près de 11 millions de migrants, aurait un effet inflationniste. Pas au point d’être rédhibitoire. « Le fait que la Silicon Valley et une partie de Wall Street soutiennent Trump montre bien qu’il y a certains garde-fous économiques. On imagine mal ces chefs d’entreprise se tirer une balle dans le pied », avance Vincent Juvyns, stratégiste chez JP Morgan.Le milliardaire américain entend également engager une dérégulation, qui trancherait avec la politique du président sortant. « Les entreprises voient ça plutôt d’un bon œil », admet Raphaël Gallardo. Ces derniers mois, lors de différentes interventions, Donald Trump a fait les yeux doux au secteur pétrolier, remettant au goût du jour le slogan républicain de 2008 « Drill, baby, drill », que l’on pourrait traduire par « Fore, chéri, fore ! ». Il compterait notamment mettre fin aux restrictions de forage en Alaska et dans l’Arctique, dans le but d’attirer les financements des géants de l’or noir. « La dérégulation massive du secteur de l’énergie serait utilisée pour faire baisser le prix du pétrole et ainsi réduire le niveau global d’inflation. C’est un pari risqué dans la mesure où les rendements dans le pétrole de schiste sont décroissants. Trump veut aussi appliquer de façon stricte les sanctions contre l’Iran, ce qui représente un autre facteur de hausse des cours », juge l’économiste de Carmignac.Moins économique que politique, un autre sujet a influencé l’opinion américaine ces derniers mois : le conflit israélo-palestinien. Si les universités outre-Atlantique ont concentré la plupart des polémiques, le monde du business n’a pas été épargné. « Il y a eu un phénomène d’antisémitisme très important aux Etats-Unis. Sur cette question, le message de Trump a été beaucoup plus clair que celui de Biden. Beaucoup de milliardaires juifs, comme Bill Ackman ou Steve Schwarzman, ont mis cela en avant », précise John Plassard. Le président américain s’est en effet montré plus nuancé vis-à-vis de la stratégie d’Israël, menaçant notamment de ne plus lui livrer d’armes et rencontrant des difficultés à établir une stratégie audible. « Cela a eu un impact auprès des milieux d’affaires », confirme le chef économiste du grand groupe bancaire.Musk et les « guerres culturelles »A 5 000 kilomètres de Palm Beach, la Silicon Valley a aussi commencé à virer de bord. Il n’y a pas si longtemps, Donald Trump n’était pas franchement adepte du temple de la technologie américaine. Et réciproquement. Lors de l’élection de 2020, il y a connu ses pires scores électoraux : seulement 23 % de votes, et très peu de financements. Mais les temps changent.Depuis la récente tentative d’assassinat à son encontre, Trump engrange un certain nombre de soutiens idéologiques et pécuniaires de la « Vallée ». Elon Musk, donc, mais aussi Joe Lonsdale, cofondateur de Palantir, le prince du Big Data, le puissant capital-risqueur David Sacks, les frères Winklevoss, milliardaires en bitcoin, ainsi que le célèbre duo d’investisseurs Marc Andreessen et Ben Horowitz ont récemment déclaré leur soutien au républicain. Le Wall Street Journal avait avancé que Musk apporterait 45 millions de dollars par mois de financement jusqu’au scrutin, chiffre démenti par l’intéressé sur son réseau social X. »Un tabou a sauté, analyse la spécialiste de la politique américaine Amy Greene, enseignante à Science Po. Ce n’est plus comme en 2016 et 2020 où, au sein de cet écosystème plutôt progressiste, il était honteux d’envisager soutenir officiellement ce type de candidat très clivant. » Dans une émission, Ben Horowitz s’est même excusé auprès de sa mère pour son positionnement, conscient qu’il choquerait jusqu’à sa propre famille.Comment ce mouvement a-t-il pris forme ? D’abord, par une lame de fond. Celle des « guerres culturelles qui secouent depuis plusieurs années les Etats-Unis », selon le sociologue Olivier Alexandre, auteur de Quand la Silicon Valley refait le monde (Seuil, 2023). Musk, l’anar de droite anti-woke, a installé son réseau X comme nouveau QG de l’alt-right américaine à tendance complotiste. Et a emporté dans son sillage de nouveaux entrepreneurs où se retrouvent de nombreux votants à casquettes rouges MAGA – pour Make America Great Again, le célèbre slogan de Trump. En coulisses, son ami Peter Thiel, cofondateur de PayPal, mène de longue date le même combat idéologique. L’appui du duo libertarien Musk-Thiel à Trump relève, à ce titre, plus de la clarification que du véritable bouleversement. Thiel avait d’ailleurs été le premier à épauler Trump, en 2016, avant de s’abstenir en 2020.Vance en VRP de luxePlus étonnamment, une autre frange de la Silicon Valley, plus proche des idées démocrates, où se range entre autres le puissant fonds Andreessen-Horowitz, a basculé au cours des derniers mois. « Pour eux, il s’agit de problématiques bien précises. Ils ont investi massivement dans la cryptomonnaie, un secteur vis-à-vis duquel Biden s’est montré plutôt frileux jusqu’ici. Ou dans l’intelligence artificielle, où l’octogénaire conduit une politique de régulation qui, selon certains, pourrait nuire à l’innovation », résume Sylvain Kalache, consultant et entrepreneur français de la tech basé aux Etats-Unis. Business is business. « C’est le problème d’une économie aussi financiarisée et oligarchique dans un régime politique à tendance ploutocratique : l’intérêt des personnes qui financent les campagnes n’est pas l’intérêt général », commente Raphaël Gallardo.Un homme a compris qu’il fallait exploiter ces désaccords : le républicain J. D. Vance, intime de Peter Thiel, avec qui il a cocréé le fonds d’investissement Mithril Capital. Une date, en particulier, est à retenir, celle du 6 juin 2024. A son initiative, Trump est l’invité d’honneur du capital-risqueur David Sacks, dont la villa est plantée sur les hauteurs de Pacific Heights à San Francisco, alignée sur la dénommée « rangée des milliardaires ». L’hôte est également le créateur, avec Chamath Palihapitiya, du podcast « All-In », l’émission business préférée des grands argentiers de la baie de San Francisco. Quelque 80 invités achètent entre 50 000 et 300 000 euros leur ticket d’entrée pour pouvoir y picorer des bouchées au homard et écouter l’ex-président à table.Ce dîner, longuement disséqué dans la presse américaine, se passe très bien. Il permet au résident de Palm Beach de présenter ses nouvelles positions pro crypto – il en était auparavant très critique -, de marteler son opposition à toute forme de régulation dans l’intelligence artificielle (IA), ou bien de balayer toute idée de taxe sur les plus-values latentes, redoutée par les venture capitalists de la région. Bref, d’appuyer sur les plaies ouvertes par Biden dans la Silicon Valley. « La position schématique de Trump, c’est la tradition de l’isolement à l’extérieur et du libre-échange à l’intérieur, qui rassure les investisseurs dans la tech, plus crispés qu’il y a quatre ans, estime Olivier Alexandre. Il faut dire qu’avec la remontée des taux d’intérêt, l’argent coûte plus cher. Les matériaux et l’énergie sont aussi plus onéreux et la guerre est revenue en Europe ainsi qu’au Moyen-Orient, avec des tensions toujours importantes entre la Chine et Taïwan. » La journée du 6 juin a permis au candidat républicain de collecter 12 millions de dollars là où il n’aurait jamais cru convaincre. Et à Vance, peut-être, d’y gagner son ticket de colistier dans la course à la Maison-Blanche.D’après une analyse du Financial Times, la tech demeure largement favorable aux démocrates. Pour un donateur Trump, ses adversaires en ont 2,5 voire 3 à San Francisco et ses alentours. Des chiffres arrêtés avant le retrait du candidat Biden, grand catalyseur des critiques dans la « Vallée », et l’explosion des nouvelles donations en faveur des démocrates. Reid Hoffman, le fondateur du réseau social LinkedIn, s’est par exemple positionné en faveur de Kamala Harris, pressentie pour reprendre le flambeau Biden.Cependant, rien ne dit que cette dernière soit en mesure de stopper la montée en puissance notable du trumpisme dans la Silicon Valley. Pro régulation, sur les Big Tech et sur l’IA, « elle a aussi été procureure générale de l’Etat, où elle a notamment mené et gagné un procès contre une firme comme eBay dans l’e-commerce », rappelle enfin Amy Greene. Pas de quoi, à première vue, ramener vers elle les déçus de Biden. Surtout, « la vision un peu techno-anarchiste que l’on a de cette région s’estompe petit à petit, témoigne Henri Deshays, partenaire du fonds NewFund basé dans la baie de San Francisco. On y croise de plus en plus de casquettes Maga et des entrepreneurs libéraux – au sens sociétal du terme – lui préfèrent désormais Austin, au Texas ou bien New York ». Des signes d’une bascule bien plus profonde.

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Author : Maxime Recoquillé, Thibault Marotte

Publish date : 2024-07-29 08:30:00

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L’Express

Confessions d’un scientologue repenti : « La douleur, c’était normal pour moi »

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Lucas Le Gall est un homme imprévisible. D’une indépendance furieuse, doublée d’une grande franchise. Ce qui peut donner quelques moments déconcertants. Comme en ce jour du mois de juin, où nous devions le photographier. L’intéressé, 58 ans, a tout bonnement annulé, au dernier moment. « Je n’y vois plus l’intérêt », nous a-t-il même glissé, en guise d’excuses, à quelques minutes de l’échéance.Difficile d’en vouloir au personnage. S’affranchir représente bien plus qu’un mot d’ordre chez lui. C’est une question de survie : enfant scientologue, il s’est « évadé » du fief californien de l’organisation à l’âge de 18 ans. Depuis, il n’a jamais cessé de combattre toutes les formes d’entraves. Quitte à prendre quelques libertés avec les rendez-vous qui lui sont donnés, en plus de cultiver une certaine propension à l’irrévérence.De peur que les « immortels », les adeptes, ne le retrouvent, il ne donnera ni adresse, ni vrai nom – il l’a tout de même laissé échapper une fois, sans s’en rendre compte, avant de nous faire promettre de ne rien dire. Au téléphone, il mène les échanges, tire lui-même ses leçons des moments marquants de sa vie, d’une enfance violente et désillusionnante à un internat aliénant au Danemark, siège européen de la scientologie, avant l’Amérique, puis la vie d’après, la vraie.De la difficulté d’adhérerLibre, mais pas désinvolte : il analyse, pèse, soupèse chaque idée avant de la faire sienne. Un des stigmates qu’il garde de ses jeunes années à devoir prendre au pied de la lettre ce que lui disaient les responsables de la scientologie. Il en retire aussi une forte tendance à tout remettre en question. Les grands récits sociétaux, les idéologies, les narratifs d’entreprises, les partis politiques, du PS, qu’il a vite quitté après s’être encarté, au RN, dont la soudaine ferveur qu’il suscite lui inspire une grande méfiance. Jusqu’à Didier Raoult, et ses accents messianiques. Ils lui donnent des sueurs froides – « Des milliers de gens prêts à confier leur vie pour un seul type, ou une seule organisation, vous ne trouvez pas ça étrange, vous ? », nous demande-t-il, comme pour se rassurer.Le sexagénaire n’adhère à rien. Ou plutôt, il n’adhère plus totalement à grand-chose. Comme un bout de scotch usagé, qui ne colle plus vraiment à force de le repositionner. « Pas le premier poisson à mordre à l’hameçon, mais quand même un peu ferrable, on l’est tous, rien ne nous protège contre des croyances irraisonnées », résume-t-il. Avantage : il n’a pas de problème à revenir sur ses positions lorsque celles-ci ont refroidi. Inconvénient : les dix premières années de sa vie libre, il ne tient aucun boulot, et ne supporte aucune directive.Les ordres bêtes lui rappellent son adolescence. Il l’a passée à faire ses classes pour l’Eglise de scientologie, à Copenhague, dans un immeuble du mouvement. Il fait la vaisselle, le ménage, quelques tâches administratives. Un jour, vers ses 15 ans, on l’envoie refaire la laine de verre à la cave, près de la chaufferie. 50°C, de la poussière partout, le dos courbé à hurler de douleur. Pas le droit d’uriner, ni de s’asseoir. Comme ça, parce qu’il a osé rire durant ses menus travaux. « Je descends à 50 kilos, j’ai les cheveux ras, l’œil jaune. » Une des pires périodes. »Quelques centaines » d’adeptes en FranceCe n’est pas la première fois qu’il raconte cette histoire. Il en a fait un livre, Un milliard d’années, publié en 2020 aux éditions du Cherche midi. Un récit riche, qui témoigne de son grand intérêt pour la littérature, une des passions qui lui ont permis de tenir. Longtemps, ses pages à lui sont restées blanches. La peur d’avoir l’air de se plaindre, de faire passer ses misères avant celles des autres. C’est la récente installation de la scientologie aux abords du village olympique, en Seine-Saint-Denis, qui l’a fait changer d’avis.Créée en 1952 aux Etats-Unis, et toujours très populaire là-bas, la scientologie prône « l’élévation spirituelle » par l’ascétisme, moral et social. Elle recommande des « réhabilitations spirituelles », avec des rites, une affection toute particulière du sauna, censé purifier, et le recours à de nombreux entretiens pseudo-psychologiques. Une recette qui, si elle est bien appliquée, permettrait de devenir ce que l’organisation appelle un « tethan », un être immortel, « illimité ». Autant de préceptes qui figurent dans une sorte « bible », La Dianétique, un mélange de psychanalyse et de théories sur l’esprit, rédigé par L. Ron Hubbard, auteur de science-fiction et fondateur du mouvement.Plusieurs procès, dont une condamnation en 2012 pour escroquerie, ont terni l’image de la scientologie en France, où elle n’a plus de représentants célèbres, à l’instar de Tom Cruise aux Etats-Unis. Si, en 2005, l’organisation disait compter 40 000 membres français, une commission d’enquête parlementaire avançait plutôt le chiffre de 2 000. « Cela se résume à quelques centaines désormais », croit savoir Lucas Le Gall, aujourd’hui en rupture de ban totale avec l’organisation. Sur Internet, une liste circule, sans qu’on connaisse exactement sa provenance. Datant de 2015, elle recense tous les Français dont les liens sont avérés. Il y en a moins de 400.Aucune cage ne retient les croyants. Sauf un simple contrat sans valeur juridique qui « engage » les adeptes pour « un milliard d’années ». Et l’ »emprise », l’isolement, le bourrage de crâne, les promesses et la manipulation, érigés en philosophie collective par l’organisation, que racontent tous les ex-adeptes. « Tous les croyants se dénoncent en permanence. Il y a une grande compétition interne pour devenir le meilleur scientologue, et une culture assumée de la délation, ce qui renforce la pression pour appliquer les préceptes », illustre notre repenti. »Directeur marketing » à 16 ans et demiLucas Le Gall a très jeune songé à partir. Mais où ? Chez ses parents, « idiots et fanatiques », où il menait, dès 10 ans, les cours de « communication » de l’organisation, dans lesquels les apprentis adeptes doivent marcher vers un mur en répétant : « Est-ce que les poissons nagent, est-ce que les poissons volent » jusqu’à tout confondre ? Avec les « wog », les damnés non-scientologues, ces ignorants voués à un terrible destin, d’après les penseurs du mouvement ? Il ne connaît alors rien de ce monde. « J’ai appris il y a deux ans l’existence des vignettes panini. »Ado, le jeune Lucas Le Gall trouve déjà les scientologues « bien injustes, et peu malins », là où les rares personnes de l’extérieur qu’il aperçoit lui semblent « si belles, si joyeuses ». Mais en l’absence d’alternative, il se résout à faire ses classes, sans rien dire. Malin, appliqué, il monte vite les échelons, jusqu’à être nommé « directeur marketing ». « Une bouffonnerie, je n’étais pas compétent. » Les fondateurs du mouvement lui demandent de les rejoindre aux Etats-Unis, pour prendre des positions encore plus importantes. Il n’a que 16 ans et demi.C’est une fois arrivé dans les pavillons ultrasécurisés américains, à une centaine de kilomètres à l’est de Los Angeles, là où résident les pontes du mouvement, qu’il décide de partir. « J’étais proche du premier cercle de Hubbard. On voulait me confier les tâches d’intimidation de l’OSA, un genre de service spécial interne, qui peut être violent. C’était hors de question. » Ses parents lui portaient des coups. L’idée de devoir en donner lui donne la nausée.L’évasion, « The Wall » et « Star Wars »Le jeune homme s’en va en pleine nuit, en short et en t-shirt, avec assez d’argent pour prendre un vol pour Paris et dormir à l’hotel. Premier contact avec l’extérieur : The Wall, le film sur les Pink Floyd sorti en 1982. Il le voit trois fois de suite. Il bidonne son CV, se fait embaucher chez Sony. Et rattrape la littérature, qu’il dévore en passager clandestin, à la Fnac, dans les rayons, repartant les mains vides après avoir essoré plusieurs ouvrages.Quand tout le monde se dote d’une identité à l’enfance, lui est obligé d’en bâtir une nouvelle à l’âge adulte. Il reprend petit à petit contact avec son corps. Il avait appris à l’oublier, au sein de la scientologie. « Je n’arrivais pas à relier la notion de faim à la notion de manger, par exemple. Et j’ai récemment découvert que je ne faisais pas du 41 mais du 43. J’ai beaucoup souffert durant mon enfance, alors, à force, c’est comme si je m’étais coupé de mes sensations. Pour moi, la douleur c’était normal. Etre bien, je ne savais pas ce que ça voulait dire », se remémore-t-il.Il dépense « le prix d’une Porsche » pour sauver ses dents, pourries à cause d’une sainte horreur de la médecine cultivée par la scientologie. Au début, les relations amicales lui sont difficiles. Il ne partage pas les codes. « Michael Jackson, Star Wars, je ne connais pas. » Mais à force, il se stabilise, multiplie les rencontres, trouve l’amour, fait des enfants – « J’ai eu pendant longtemps peur d’être violent, moi aussi ». Et finit par garder un travail. L’intitulé ? « Chargé de la fracture relationnelle ». La sienne ne s’est pas totalement refermée. Mais ne lui occasionne désormais plus vraiment de soucis.

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Author : Antoine Beau

Publish date : 2024-07-28 11:45:00

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L’Express

Nicolás Maduro peut-il être battu ? Au Venezuela, une présidentielle sous haute tension

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Quelque 21 des 30 millions de Vénézuéliens déposent leur bulletin dans les urnes depuis 6 heures (heure locale) ce dimanche 28 juillet pour élire leur nouveau président dans un contexte tendu. « Hasta la victoria siempre », promet le pouvoir ; « jusqu’au bout », jure l’opposition. Les deux camps sont persuadés de gagner cette élection opposant le sortant Nicolás Maduro, qui a évoqué un possible « bain de sang », au candidat du « changement » Edmundo Gonzalez Urrutia, qui promet un renouveau démocratique tant attendu par le pays.La lutte s’annonce particulièrement serrée. Si dix candidats sont en lice, le scrutin se résume en réalité à un duel entre Nicolás Maduro, 61 ans et 2 mandants déjà derrière lui, face au discret diplomate Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans. Les sondages donnent l’opposition largement en tête. S’appuyant sur d’autres chiffres, le régime affirme être confiant en sa victoire. La plupart des sondeurs estiment que Nicolás Maduro ne dépassera pas les 30 %, et situent l’opposition entre 50 et 70 %.L’avenir démocratique du pays en jeuPour l’opposant Edmundo Gonzalez Urrutia, l’avenir démocratique du pays se joue dans cette élection, qui « sera sans aucun doute l’expression démocratique du peuple la plus importante de ces dernières années », a-t-il affirmé ce samedi 27 juillet, invitant les « citoyens à se rendre dans leur bureau de vote à la fin de la journée et à constater la netteté des résultats obtenus ». Selon l’ONG Human Rights Watch, « bien qu’il soit peu probable que les élections soient libres ou équitables », elles sont effectivement pour les Vénézuéliens « la meilleure chance depuis plus d’une décennie de choisir leur propre gouvernement ».Beaucoup craignent tout de même que l’actuel président, souvent qualifié de « dictateur » par l’opposition, tente de fausser le jeu ce dimanche. Car Nicolás Maduro ne semble pas prêt à céder sa place : héritier d’Hugo Chavez, ancien président d’inspiration socialiste de 1999 jusqu’à sa mort en 2013, il s’appuie sur l’armée et un harcèlement policier de l’opposition, et promet régulièrement qu’il ne lâchera pas le pouvoir, prédisant le chaos sans lui. « L’avenir du Venezuela pour les 50 prochaines années se décide le 28 juillet, entre un Venezuela de paix ou de violences. Paix ou guerre », a-t-il jugé. Ces propos ont « effrayé » le président brésilien Lula, pour qui « Maduro doit apprendre que quand on gagne, on reste (au pouvoir). Quand on perd, on s’en va ».Une opportunité pour relancer l’économie ?Le pays pétrolier, longtemps un des plus riches d’Amérique latine, est exsangue, empêtré dans une crise économique sans précédent. Le PIB s’est réduit de 80 % en dix ans, avec une hyperinflation qui a obligé les autorités à dollariser partiellement l’économie. Conséquence d’une mauvaise gestion et de la corruption, la production pétrolière s’est effondrée, passant de plus de trois millions de barils/jour à un peu moins d’un million. Sept millions de Vénézuéliens – un quart des habitants – ont fui le pays. La grande partie de ceux qui sont restés vit dans la pauvreté, avec des systèmes de santé et d’éducation dans un état de délabrement complet.En 2018, déjà, les Etats-Unis avaient durci leurs sanctions pour tenter d’évincer Nicolás Maduro après sa réélection contestée, qui avait débouché sur des manifestations sévèrement réprimées. Lors de cette élection, les États-Unis ont tenté de forcer le pouvoir à des élections « démocratiques et compétitives ». Ce qui n’a pas empêché le gouvernement Maduro de déclarer inéligible María Corina Machado, la cheffe de l’opposition aussitôt remplacée par Edmundo Gonzalez Urrutia, et d’interdire l’entrée à des observateurs invités par l’opposition pour surveiller le scrutin.Dans le même temps, la Maison-Blanche, désireuse de relancer la production vénézuélienne dans un contexte de tension sur le brut avec les crises ukrainienne et au Moyen-Orient, a ouvert la porte avec des autorisations d’exploitation pour des compagnies pétrolières étrangères.

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Publish date : 2024-07-28 12:16:54

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L’Express

JO Paris 2024, Yannick Borel en argent : l’hippogriffe de l’épée a fait frémir le Grand Palais

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8 000 personnes font silence. Seul le bruit des fers qui se croisent fend l’air. Oxygène de plus en plus irrespirable. Glissement strident des tennis sur le parquet. Une rumeur. Puis l’éclair, un coup d’épée dans le buste. Lumière verte. Soupir général de désolation. Le Grand Palais se débranche. Yannick Borel n’est qu’en argent. Exploit immense à l’image de la stature de l’épéiste, qui culmine à 1 mètre 96. Mais le Japonais Koki Kano, troisième mondial, sorte de chevalier métronome tout en ripostes et en sérénité, a eu raison de la puissance du Guadeloupéen et de ses grands gestes déliés. Pas rancunier, le public entonne déjà des « Yannick » consolateurs, en cadence.Performance magnifique malgré la revanche ratée : à Tokyo, lors des précédents JO, l’Asiatique, alors à domicile, avait déjà pourfendu Borel pour offrir à son pays l’or olympique par équipe. Longtemps, pendant cette journée, le Français a paru galvanisé par cette salle extatique, serrant le poing après chaque belle touche, entre deux Marseillaises. La coupole du Grand Palais plafonne à 45 mètres de hauteur ; les vivats des deux tribunes, disposées uniquement en hauteur, remplissent merveilleusement l’espace sous la verrière, dans une intensité électrique.L’escrime est un sport passionnant. Notamment parce que toutes les surprises y sont possibles, les matchs se jouent souvent à une touche décisive, pendant la « mort subite ». Du côté de l’équipe de France, on doit maintenir une tradition d’excellence à l’escrime, la discipline est celle qui a donné le plus de médailles olympiques au sport tricolore, avec 124 breloques. Le Français reste la langue officielle de la discipline, si bien qu’entre chaque touche, les arbitres déclament des « en garde, allez » souvent teintés d’un délicieux accent.Yannick Borel, héros imprévuCe dimanche 28 juillet, on attend Romain Cannone, champion olympique en titre, cinquième mondial, il disparaît dès les huitièmes de finale contre un Kazakh méconnu. La beauté et la cruauté des tournois olympiques ; si quelques stars tiennent leur rang, à l’image du nageur Léon Marchand, dont l’annonce de la médaille d’or provoque les ravissements du Grand Palais, certains statuts médiatiques s’évaporent en un instant quand des visages inconnus surgissent, à l’image d’Auriane Mallo-Breton, épéiste médaillée en argent, passée à une touche de l’or, ce samedi.Yannick Borel, dont la grande carcasse semble parfaitement adaptée à la démesure du lieu, se pose en héros imprévu. Cet agent des douanes à la ville a avancé sans bruit. A 35 ans, il est champion olympique par équipe en 2016 mais n’a plus remporté de titre majeur en individuel depuis 2018. En 2023, il a dû couper pendant cinq mois en raison d’une jambe cassée. En juin 2024, nouvelle blessure à la cuisse, forfait lors d’un tournoi pré-olympique, inquiétude. Personne ne le voit médaillé, on compte plutôt sur lui pour l’épreuve par équipe. Mais il revendique un mental d’acier.En quarts de finale, il échappe de justesse à l’élimination en catimini, face au Japonais Masaru Yamada. 12-11 à la mort subite, porté par un public déjà en furie. La demi-finale, contre l’Egyptien Mohamed Elsayed, raconte déjà une histoire de revanche. A Tokyo, en individuel, son adversaire l’a battu à la surprise générale, avant d’imiter la célébration du footballeur Cristiano Ronaldo. Elsayed propose une escrime fantasque, expressive, ses attaques-esquives très théâtrales évoquent le diablotin qui sort de sa boîte ou le personnage de dessin animé tentant de zigzaguer dans un champ de peaux de bananes. Borel lui oppose une placidité à toute épreuve. La scène se répète, trois, quatre, cinq fois : il laisse son concurrent s’avancer, bouger de partout, pour placer au moment opportun une riposte unique qui fait immédiatement mouche. Celui qu’on surnomme « le lion », selon le site de la Fédération internationale d’escrime, a des manières d’hippogriffe. Il toise son adversaire avant de l’écarter d’un coup de patte. A chaque touche française, le public rugit, dans un même esprit félin.L’escrime est un beau sportMême les fantaisies de l’Egyptien, – il change d’épée, plonge à deux mètres de la piste, se plaint du bras, entraînant à chaque fois une longue pause – n’érodent aucunement la supériorité de Yannick Borel, rompu, il faut dire, aux jeux d’acteurs depuis qu’il a entraîné les comédiens des Trois Mousquetaires, dont François Civil, Vincent Cassel et Romain Duris. Lorsqu’il marque sa dernière touche, victoire 15-9, il lâche son masque de fer, puis se tourne, visage rageur et poing serré, vers ces gradins qui ne demandent que la communion dans le vacarme.Koki Kano, qui rend une tête au Français, est un adversaire d’une autre facture, vif, agile et patient. Yannick Borel, qui a commencé l’escrime à dix ans, parce que Zorro l’inspirait et que le karaté n’était pas proposé dans son collège de Guadeloupe, se rue à l’attaque comme pour en découdre. Le match n’a lieu que dans la zone de son adversaire. Erreur, le petit Japonais est un formidable contreur, un batailleur en défense, qui n’aime rien tant que de placer la riposte létale après avoir croisé le fer. 3-2 après la première manche de trois minutes, 9-5 après la deuxième, l’Asiatique domine.La dernière manche n’est qu’une formalité, le Japonais se régale du panache de son duelliste. 14-9, et Yannick Borel, hippogriffe fatigué, se rue une dernière fois à l’abordage. Parade, coup au buste, la riposte n’a duré qu’un instant. On rouvre les yeux, et Koki Kano empoigne un drapeau du Japon, avec son cœur rouge comme la lumière du Français, qu’on n’a pas assez vu s’allumer en finale. Le public, déçu à l’évidence, applaudit poliment le talent. Avant de donner une belle ovation à Yannick Borel, son héros malheureux du jour. L’escrime est un beau sport.

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Author : Etienne Girard

Publish date : 2024-07-28 23:04:31

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L’Express

Valérie Niquet : « Pour la Chine, la guerre en Ukraine n’apporte que des bénéfices »

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Elle est une actrice clé de la réconciliation inattendue, survenue le 23 juillet, entre les mouvements palestiniens du Fatah et du Hamas. C’est aussi elle que le chef de la diplomatie ukrainienne est allé, le même jour, tenter de convaincre de s’impliquer dans les négociations de paix en Ukraine. La Chine tenterait-elle d’apparaître comme la médiatrice de référence des grands conflits internationaux ? »La Chine tente de tirer parti des crises qui existent pour augmenter son image de puissance incontournable et apparaître comme une sorte de puissance idéologique, ou économique, de recours, auprès notamment des pays du ‘Sud global' », décrypte pour L’Express Valérie Niquet, spécialiste de l’Asie à la Fondation pour la recherche stratégique, autrice de La Chine en 100 Questions (éditions Tallandier). La chercheuse en géopolitique revient sur les ressorts de « l’attitude plus visible » de Pékin sur la scène internationale.L’Express : La Chine a récemment été actrice de l’accord d’unité entre le Hamas et le Fatah, tout en conservant des liens avec Israël. Quelle influence le pays a-t-il dans cette région du monde ?Valérie Niquet : Traditionnellement, la Chine a toujours eu une attitude relativement prudente sur le sujet moyen-oriental, y compris sur la question palestinienne. Elle a toutefois un double intérêt dans la région. Elle y a des intérêts économiques extrêmement importants puisqu’une très grande partie de ses approvisionnements énergétiques viennent de là. La Chine a un intérêt à maintenir une certaine stabilité ou à contribuer à ce qu’il y ait une certaine stabilité dans la région. Récemment, les Chinois étaient extrêmement inquiets de la situation des Houthis au Yémen qui pesaient sur le passage des groupes pétroliers [NDLR : les rebelles Houthis mènent depuis fin 2023 des attaques en mer Rouge en coordination avec les Palestiniens de la bande de Gaza].Au niveau idéologique, la Chine – dans un contexte de rivalité avec les Etats-Unis – cherche à trouver des alliés qui lui permettent de renforcer ses positions sur la scène internationale. D’où ses relations avec l’Iran qui ont toujours été extrêmement cordiales, mais également ses efforts pour développer des liens, qui ne sont pas nouveaux, avec l’Arabie saoudite, devenue l’un de ses principaux fournisseurs de pétrole. On voit également une position de soutien idéologique aux Palestiniens – qui s’inscrit dans sa volonté d’apparaître comme un leader du « Sud global » – bien que la Chine ait des liens assez étroits avec Israël, notamment une coopération de longue date dans le domaine militaire.Le chef de la diplomatie ukrainienne a également tendu la main à la Chine pour lui demander de s’impliquer dans les négociations de paix. Comment la Chine se positionne-t-elle sur le conflit ukrainien ?La Chine s’accommode assez bien de cette guerre. Cela lui donne, par rapport à la Russie, une apparence de puissance responsable. Contrairement à Moscou, elle n’a pas encore envahi un territoire étranger avec brutalité. Avec son plan de paix [NDLR : en 2023, l’empire du Milieu a proposé un plan de paix en 12 points] – que personne n’a signé par ailleurs – la Chine s’inscrit en opposition avec les puissances occidentales, en particulier les Etats-Unis, dont elle donne une image de nation belliciste.Pour la Chine, la guerre en Ukraine n’apporte que des bénéficesEnsuite, la relation de la Chine à l’Ukraine est assez particulière. Volodymyr Zelensky a certainement cru que la Chine pouvait peser sur la Russie pour obtenir une sorte de cessez-le-feu ou de retrait. Sur ce point, je pense qu’il se trompait. Avec la guerre en Ukraine, la Chine a face à elle d’un côté une Russie très affaiblie, qui l’approvisionne en énergie à des tarifs défiant toute concurrence et de l’autre, une Union européenne de plus en plus concentrée sur la question ukrainienne et un peu moins tournée vers les ambitions indo-pacifiques de la Chine.La Chine continue-t-elle de soutenir la Russie ?La Chine ne prend pas énormément de risques. Elle aide la Russie sans aller trop loin car elle n’a pas du tout envie de se couper des marchés occidentaux. Pour elle, la guerre en Ukraine n’apporte que des bénéfices. @lexpress 🇨🇳 Emmanuel Macron souhaite inciter Xi Jinping à faire entendre raison au chef du Kremlin pour qu’il arrête la guerre en Ukraine. Illusoire. #chine#xijinping#macron#poutine#russie#apprendresurtiktok#tiktokacademie#Sinformersurtiktok#newsattiktok ♬ son original – L’Express – L’Express Par ailleurs, même si la Chine l’avait voulu, il n’est pas certain qu’elle ait les moyens réels – à moins de couper toute relation économique avec Moscou – d’exercer vraiment des pressions convaincantes à l’égard de Vladimir Poutine. En revanche, on ne peut pas exclure qu’après la guerre ou après un éventuel gel du conflit, la Chine arrive à jouer un rôle auprès de l’Ukraine en matière de reconstruction. Il ne faut pas oublier qu’avant cette attaque russe, l’Ukraine était l’un des premiers partenaires de la Chine en Europe, dans le contexte des routes de la soie [NDLR : un vaste projet d’infrastructures lancé par la Chine en 2013].Quel est l’objectif ou quels sont les objectifs de l’exécutif chinois avec cette stratégie diplomatique de médiation ?Nous nous trouvons dans un contexte très global où la Chine a des ambitions très fortes de redevenir, en Asie, la première puissance et d’être reconnue en tant que telle. En même temps, c’est un pays qui n’a pas envie de prendre des risques majeurs parce que son développement économique n’est pas du tout achevé. Au contraire, le pays fait face à des difficultés importantes. Mais la Chine tente de tirer parti des crises qui existent pour augmenter son image de puissance incontournable et apparaître comme une sorte de puissance idéologique, ou économique, de recours auprès notamment des pays du « Sud global ».Que ce soit pour l’Iran et l’Arabie saoudite [NDLR : la Chine a été médiatrice dans le rétablissement, en 2023, des relations diplomatiques entre les deux pays], ou aujourd’hui dans le cas de l’accord avec les deux branches du mouvement palestinien, la Chine a joué surtout un rôle de facilitateur. En offrant un terrain neutre, elle permet à ces acteurs du Proche-Orient de montrer aux États-Unis qu’ils ont d’autres grands partenariats possibles. Il y a un intérêt conjoint de la Chine et de ces acteurs-là, à démontrer aux États-Unis et au reste du corps occidental, dont ils rejettent l’idéologie, qu’ils ont d’autres opportunités.Comment la Chine se distingue-t-elle d’autres médiateurs de premier plan comme les Etats-Unis (qui ont par exemple été un artisan majeur des accords d’Oslo) dans son approche des conflits ?La nature de ces puissances est très différente. L’une des premières choses que la Chine met en avant, c’est qu’elle ne pose jamais de conditions. C’est-à-dire que contrairement à l’Occident qui aurait toujours des attentes concernant des principes de respect des droits humains – encore qu’on puisse discuter de ce point dans le cadre des relations entre les États-Unis et des pays du Moyen-Orient – la Chine veut toujours apparaître comme neutre.La Chine se dit en faveur d’un monde multipolaire, mais elle est aussi – sans le dire ouvertement – pour un monde unipolaire en Asie, où elle serait la principale puissance.Quand on pense au rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite, pourquoi cette dernière, qui est un allié des Etats-Unis, est-elle rentrée dans ce jeu-là, offrant à Pékin la possibilité d’apparaître comme un acteur majeur sur cette question ? La Chine joue sur la possibilité d’offrir à ces pays – au moins en apparence – l’opportunité de diversifier leurs partenariats et de ne pas être prisonniers d’une alliance exclusive avec les Etats-Unis. Pourtant, en réalité, le partenaire principal reste évidemment les États-Unis.Est-ce un moyen pour la Chine d’imposer un nouvel ordre mondial ?La Chine met toujours en avant le principe de ce que ses dirigeants appellent la « démocratisation de l’ordre international », où finalement l’objectif est de lutter contre l’unipolarité autour de la puissance américaine ou de l’Occident qui aurait imposé ses valeurs et son mode de fonctionnement au reste du monde. La Chine se dit en faveur d’un monde multipolaire, mais elle est aussi – sans le dire ouvertement – pour un monde unipolaire en Asie, où elle serait la principale puissance.Dans ce monde hypothétique, elle envisage des puissances d’équilibre sur lesquelles elles pourraient s’appuyer. Cela peut être l’Union européenne, si elle accepte de travailler avec la Chine. Cela peut être évidemment les pays du « Sud global ». Tout ce qui peut lui permettre de s’opposer aux Etats-Unis est considéré favorablement par le régime chinois.Où en sommes-nous dans ce processus ?On en est encore loin. Pour le moment la Chine n’a pas les moyens d’assurer une sécurité globale et ses capacités de projection sur la scène internationale, y compris en Afrique, sont modestes. On le voit d’ailleurs avec la crise des Houthis, ce n’est pas elle qui va agir dans la région pour tenter d’interrompre les attaques de transporteurs qui nuisent considérablement à ses propres intérêts énergétiques.La Chine a des ambitions. Certains en jouent pour s’autonomiser davantage face aux Etats-Unis tout en conservant la protection de Washington. C’est un vaste jeu, mais on est très loin d’une domination mondiale de la part de la Chine qui – il faut le rappeler – traverse une phase compliquée sur le plan économique, ce qui va limiter à terme sa marge de manœuvre.Entre-t-on dans une nouvelle ère de la diplomatie chinoise ?Ce qui est nouveau, c’est que la Chine adopte une attitude plus visible et qu’elle tire bien plus partie des opportunités qu’il y a une dizaine d’années. C’est à corréler à la personnalité du dirigeant chinois Xi Jinping, qui veut mettre la Chine au premier plan sur la scène internationale, quelles que soient ses capacités réelles d’action. Il y a un jeu d’image, tout le discours autour du projet des routes de la soie avait pour objectif de renforcer cette idée de puissance sur la scène internationale.C’est vrai qu’au Moyen-Orient pendant longtemps, la Chine a été relativement discrète et ne mettait pas en avant le rôle de médiateur qu’elle pouvait jouer sur des sujets importants. Sur le fond, cela ne change pas grand-chose, car ses interventions ne résolvent pas durablement les crises. Ce sont surtout des coups médiatiques.

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Publish date : 2024-07-28 16:00:00

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Israël – Hezbollah : le plateau du Golan, ce territoire au cœur des craintes d’escalade

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La roquette est tombée du ciel en plein match de foot, s’écrasant sur une douzaine de jeunes hommes âgés de 10 à 20 ans, samedi 27 juillet, dans la localité druze de Majdal Shams. Si ces jeunes hommes sont les premières victimes du plateau du Golan depuis octobre 2023 et le début de la guerre en Israël et le Hamas, ce territoire annexé aux deux tiers par l’Etat hébreu depuis plus de 40 ans est familier des affrontements israélo-arabes.En cause : son caractère particulièrement stratégique dans la région. Le territoire est situé à l’est d’Israël et surplombant la mer de Galilée, et sa vue imprenable sur la Syrie et Israël lui confère une importance militaire capitale. A cela s’ajoutent d’importantes ressources en eau – plusieurs cours d’eau prennent ou traversent effectivement le Golan avant de se déverser dans le Jourdain – qui sont convoitées depuis des siècles.Occupé par Hérode dans la Rome Antique, puis par les Francs et les Ottomans, le Golan – du nom biblique de cette région – était finalement devenu un territoire syrien en 1946. Jusqu’à ce que la question de l’eau devienne, au milieu des années 1960, l’une des principales cause du contentieux israélo-syrien. Damas avait alors accusé Israël d’avoir détourné les sources du Jourdain. De violents affrontements avaient éclaté avec l’armée syrienne, qui pilonnait les positions israéliennes en contrebas. Finalement conquis par Israël à l’issue de la guerre des Six jours en 1967, le territoire avait enregistré la perte de dizaines de milliers de Syriens ayant fui la guerre ou expulsés. D’autres avaient fait le choix de rester dans la zone occupée.La zone frontalière entre le Liban et Israël et le plateau du GolanZone tampon du Proche-OrientD’une surface de 1 200 km2, frontalier également du Liban et de la Jordanie, ce plateau a finalement été annexé par Israël le 14 décembre 1981, même si la Syrie réclame depuis sa restitution totale. Aujourd’hui, environ 25 000 Israéliens vivent aux côtés de quelque 23 000 Druzes, une communauté dont la religion est issue de l’islam. Ces derniers se revendiquent pour la plupart Syriens, tout en ayant le statut de résidents en Israël. Une nationalité largement rejetée par les habitants druzes, qui « entretiennent des liens étroits avec la Syrie depuis des décennies », souligne le journal américain New York Times.Malgré des négociations israélo-syriennes ratées autour de ce territoire dans les années 1990, les habitants du plateau de Golan ont connu plusieurs décennies relativement paisibles. Jusqu’à ce que la zone gagne de nouveau en importance quand le Hezbollah et l’Iran – deux grands ennemis d’Israël – se sont rapprochés du régime syrien. « Depuis 2011, les responsables israéliens ont exprimé leur soulagement que le plateau du Golan ait agi comme une sorte de tampon pour le conflit en Syrie, dont le président Bachar al-Assad est soutenu par l’Iran », indiquait ainsi le New York Times en 2019.Très récemment, le plateau du Golan a ainsi été un outil d’influence pour le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Alors que son annexion n’était reconnue par aucun membre de la communauté internationale, l’administration de Donald Trump avait annoncé en 2019 le considérer à présent comme territoire israélien. « Une décision dramatique » qui avait alors « renforcé les espoirs de réélection de Benyamin Netanyahou », analysait alors dans un article annonciateur le quotidien britannique The Guardian.After 52 years it is time for the United States to fully recognize Israel’s Sovereignty over the Golan Heights, which is of critical strategic and security importance to the State of Israel and Regional Stability!— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) March 21, 2019Illustration de l’embrasement régionalAujourd’hui, la zone se retrouve plus que jamais au cœur d’un conflit, régional cette fois. Car depuis la nouvelle flambée de la guerre israélo-palestinienne en octobre 2023, le Hezbollah, allié du Hamas, a tiré à plusieurs reprises vers le Golan, dont la population n’a pas été évacuée par Israël. Des frappes exemptes de victimes, jusqu’au bombardement de ce samedi 27 juillet.Une étape inquiétante, dont le « risque d’escalade et de déstabilisation » inquiète Londres ou Berlin, qui ont appelé le Hezbollah à cesser ses attaques. Tout comme la France, qui a demandé ce dimanche 28 juillet « à ce que tout soit fait pour éviter une nouvelle escalade militaire et continuera d’agir auprès des parties à cette fin ». »Nous soutenons le droit d’Israël à défendre ses citoyens contre les attaques terroristes », a quant à lui affirmé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, quelques heures après la promesse du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de répondre à cette attaque en faisant « payer le prix fort » au Hezbollah libanais. Une menace aussitôt appuyée par l’Iran, qui met en garde contre les « conséquences imprévisibles » en cas de d’une attaque de représailles israélienne contre le Liban.

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Publish date : 2024-07-28 16:55:05

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Israël : le Hezbollah « paiera le prix fort », promet Netanyahou après une attaque sur le Golan annexé

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Une étape de plus de franchie dans le conflit ? Une attaque a fait 12 morts dans le Golan annexé par Israël en Syrie, samedi 27 juillet. Benyamin Netanyahou, soutenu par la Maison Blanche, accuse le Hezbollah, allié libanais du Hamas, qui nie sa responsabilité. Le Premier ministre israélien promet de leur faire « payer le prix fort ». Pendant ce temps à Gaza, une huitième attaque de l’armée israélienne sur une école fait plus de 30 morts, tandis que l’Union européenne appelle désespérément à un cessez-le-feu et que les Etats-Unis réitèrent leur soutien indéfectible à Israël.Les infos à retenir⇒ Les États-Unis accusent le Hezbollah d’être responsable de l’attaque dans le Golan annexé⇒ Benyamin Netanyahou promet de lourdes conséquences pour le Hezbollah libanais⇒ Une nouvelle attaque sur une école à Gaza tue 30 personnesAttaque meurtrière sur la plateau du GolanL’armée israélienne a affirmé qu’une roquette tirée par le Hezbollah depuis le Liban avait tué 12 jeunes sur le plateau du Golan annexé par Israël, situé en territoire syrien. Les victimes, âgées de 10 à 20 ans, ont été tuées lorsqu’une roquette a touché un terrain de football à Majdal Shams, a indiqué l’armée israélienne. D’après son dernier bilan, dix-huit autres jeunes ont été blessés. Le Hezbollah, allié du mouvement islamiste palestinien, a nié être l’auteur de ce tir de roquette.Paris condamne l’attaque sur le GolanLe ministère français des Affaires étrangères a condamné ce dimanche l’attaque qui a fait 12 victimes samedi sur le plateau du Golan syrien, annexé en grande partie par Israël, appelant à « éviter une nouvelle escalade militaire ». « La France condamne avec la plus grande fermeté l’attaque qui a frappé la localité druze de Majdal Shams, dans le Golan syrien occupé, au bilan particulièrement lourd », a déclaré Paris dans un communiqué. « La France appelle à ce que tout soit fait pour éviter une nouvelle escalade militaire et continuera d’agir auprès des parties à cette fin », a ajouté le Quai d’Orsay.Le Hezbollah « paiera le prix fort », promet NetanyahouUne attaque « qui ne restera pas sans réponse », a promis samedi le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Le mouvement islamiste libanais en « paiera le prix fort, un prix qu’il n’a jamais payé auparavant » a-t-il menacé un communiqué de son bureau. Il a par la suite annoncé qu’il participerait à une réunion de son cabinet de sécurité à son retour d’un déplacement aux Etats-Unis.Le ministère israélien des Affaires étrangères a lui affirmé, dans un communiqué, que « le massacre de samedi constitue le franchissement de toutes les lignes rouges par le Hezbollah. Il ne s’agit pas d’une armée qui combat une autre armée, mais d’une organisation terroriste qui tire délibérément sur des civils. »L’Iran met en garde, crainte d’un embrasement régionalLe ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a quant à lui promis ce dimanche de « frapper l’ennemi avec force » faisant craindre un embrasement régional en pleine guerre dans la bande de Gaza. L’Iran a mis en garde Israël contre les « conséquences » d’une attaque de représailles au Liban. « Toute action du régime sioniste peut conduire à l’aggravation » de « la guerre dans la région », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani.La Maison-Blanche réaffirme son soutien à IsraëlLa Maison Blanche a réagi en réaffirmant le « soutien indéfectible » des Etats-Unis à Israël et en assurant « soutenir les efforts visant à mettre fin à ces terribles attaques ». Le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, a condamné « ce bain de sang » et réclamé une « enquête internationale indépendante ».Antony Blinken accuse le HezbollahEn réaction, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a indiqué ce dimanche que « toutes les indications » montrent que la roquette tombée sur le plateau du Golan a été tirée par le Hezbollah libanais. « Rien ne justifie le terrorisme, et toutes les indications montrent que les roquettes provenaient du Hezbollah ou que la roquette provenait du Hezbollah », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Tokyo.L’ONU appelle au calmeL’ONU a exhorté « les parties à faire preuve de la plus grande retenue », dans un communiqué conjoint de la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, et du chef de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), Aroldo Lazaro. Une intensification des échanges de tirs « pourrait déclencher une conflagration plus large qui engloutirait toute la région dans une catastrophe inimaginable », ont-ils ajouté.Nouvelle attaque sur une école à GazaEn parallèle, samedi, dans la bande de Gaza en guerre, une frappe israélienne sur « l’école Khadija, qui abritait une unité médicale de fortune dans la région de Deir al-Balah, a été ciblée (par une frappe qui a) fait 30 morts et plus de 100 blessés », a déclaré le ministère de la Santé du Hamas dans un communiqué. C’est au moins la huitième fois qu’une école est touchée depuis le 6 juillet. Selon la Défense civile de Gaza, la structure abritait environ 4 000 déplacés. L’armée israélienne a indiqué de son côté avoir ciblé des « terroristes » qui opéraient depuis l’école.Ceasefire has to happen now. International Humanitarian Law has to be respected. Humanitarian assistance to civilians needs to be delivered at scale.

Only a political solution will end this madness.

2/2— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) July 27, 2024Josep Borrell a condamné cette frappe et appelé à mettre fin à « cette folie ». Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a réitéré son appel « à un cessez-le-feu immédiat et à la protection des civils ». L’offensive lancée en riposte par Israël a fait au moins 39 324 morts, selon les nouvelles données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, publiées ce dimanche 28 juillet.Le drapeau israélien aux JO : la demande de l’IrakLe chef de la délégation irakienne aux Jeux olympiques de Paris a affirmé avoir demandé au Comité international olympique que le drapeau israélien ne flotte pas aux côtés des couleurs irakiennes pendant les JO, mais s’être heurté à un refus. Le patron du Comité olympique palestinien a quant à lui assuré samedi que la chemise portée la veille par le porte-drapeau de sa délégation lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris avait été « validée » par les organisateurs français.

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Publish date : 2024-07-28 13:02:50

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Comment la vaccination fait progresser l’espérance de vie, par le Pr Alain Fischer

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Quel est l’état de santé de l’humanité ? Plusieurs études publiées récemment éclairent nos connaissances sur ce sujet. Les nouvelles sont plutôt bonnes et méritent d’être connues et ce malgré nombre de menaces. Depuis 1950, l’espérance de vie mondiale a progressé de presque vingt-trois années, soit l’équivalent d’une génération ! Ces progrès concernent aussi bien les pays riches que les plus pauvres bien qu’il persiste un décalage important entre ces extrêmes. La propagation du VIH, les conflits n’ont pas enrayé ce progrès.Fait important, il s’accompagne au moins en France d’une progression de l’espérance de vie en bonne santé, même si cette augmentation conduit automatiquement à l’accroissement du nombre de patients atteints de maladies chroniques, facteurs qui se combinent pour accroître les dépenses de santé. La pandémie de Covid a pesé lourdement puisqu’elle a provoqué à l’échelle mondiale une perte d’au moins 1,6 an d’espérance de vie, et ce de façon très hétérogène en fonction de la richesse des pays et de la qualité des mesures des politiques de santé publique prises. En France, la perte, de l’ordre de six mois, a été depuis compensée, grâce aux mesures de confinement puis à la campagne de vaccination qui ont limité l’impact de la pandémie.154 millions de vies sauvéesComment expliquer cette amélioration de l’espérance de vie ? On peut considérer quatre facteurs essentiels : l’amélioration des installations sanitaires, l’accès à l’eau potable, l’amélioration de la performance des systèmes de santé et les progrès de la médecine dont la vaccination. Le poids de cette dernière a été mesuré dans un très intéressant travail mené par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) récemment publié dans le Lancet. Au cours des cinquante dernières années, l’OMS estime que 154 millions de vies ont été sauvées par la vaccination contre 14 maladies infectieuses.Ce sont les programmes de vaccination des nourrissons qui ont apporté le plus grand bénéfice, prévenant de nombreux décès par rougeole mais aussi coqueluche, tétanos et méningites bactériennes, en particulier dans les pays les plus démunis. Il est estimé que 40 % de la réduction du taux de mortalité des nourrissons au cours de cette période résultent de la vaccination ! On ne peut mieux justifier la poursuite et l’amplification des programmes de vaccination des nourrissons ici et ailleurs.Une désinformation propagée sur InternetCependant, les programmes de vaccination n’ont pas atteint pleinement leur objectif. En France, la vaccination contre les papillomavirus et les cancers qu’ils provoquent ne concerne qu’à peine la moitié des jeunes filles et qu’une poignée de garçons. La vaccination des personnes âgées, dont le système immunitaire est moins performant, contre la grippe saisonnière, les pneumocoques, le zona et le virus respiratoire syncytial désormais est souvent oubliée tant des personnes concernées que par leurs médecins. Au-delà d’un défaut de vigilance, l’hésitation vaccinale alimentée par les réseaux sociaux limite la portée des programmes de vaccination.Ainsi, une enquête récente montre qu’en France, 20 % de la population est d’accord avec l’idée selon laquelle les vaccins à ARN messager utilisés pour prévenir la maladie Covid modifient l’ADN des sujets vaccinés, une affirmation pourtant fausse. Une autre étude montre que d’avantage que les fausses nouvelles, ce sont des informations fallacieuses, c’est-à-dire factuellement exactes mais interprétées de façon tendancieuse, en confondant par exemple concomitance d’événements (une campagne de vaccination et un événement indésirable) avec relation de cause à effet, qui sont les plus nocives.Les professionnels de santé ont un rôle essentiel à jouer pour expliquer sans relâche de façon honnête et intelligible en quoi l’analyse bénéfices-risques des vaccins est très largement positive ! Un relâchement éventuel des campagnes de vaccination contribue aux menaces sur notre santé au même titre que l’extension de l’obésité, de l’usage des drogues dont les opiacés, de l’antibio-résistance ou que les effets de la pollution et du réchauffement climatique. Des risques qui, pour la plupart, affectent en premier lieu les populations plus pauvres.Alain Fischer est président de l’Académie des sciences et cofondateur de l’Institut des maladies génétiques

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Author : Alain Fischer

Publish date : 2024-07-28 10:00:00

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Virus de la polio détecté à Gaza : « La guerre met à mal la lutte contre les épidémies »

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Après avoir constaté une explosion des cas d’hépatite A dans la bande de Gaza, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé mi-juillet avoir détecté le virus de la poliomyélite dans six prélèvements effectués dans le territoire palestinien. Une situation « très préoccupante » selon l’épidémiologiste Antoine Flahault, professeur à l’Institut de santé globale, à Genève. »Préoccupante » pour Gaza d’abord, qui traverse une grave crise sanitaire, privé d’une majorité de ses structures sanitaires, d’eau et de médicaments. « Préoccupante » pour Israël et la lutte mondiale contre les épidémies, ensuite, car les épidémies ne s’arretent jamais aux frontières, aussi surveillées soient-elles. Sans solidarité internationale, les nations ne peuvent rien, ou presque, contre les maladies, rappelle le spécialiste.L’Express : La poliomyélite avait disparu des territoires palestiniens depuis 1999, et semblait sur le point d’être éradiquée à l’échelle de la planète. Risque-t-elle de se propager à nouveau ?Antoine Flahault : Pour l’instant, aucun cas de poliomyélite n’a été détecté à Gaza, il ne s’agit que de traces repérées dans les eaux et les sols sur place. Il n’est donc pas possible de dire que la maladie a fait son retour, dans le sens où elle ne semble pas circuler chez l’homme, du moins de ce que l’on sait. Mais la situation est très préoccupante. Autant d’échantillons positifs font courir un risque élevé de diffusion de la maladie. Or celle-ci touche en particulier les enfants, et peut provoquer des paralysies irréversibles. Ces dernières peuvent s’avérer mortelle dans 5 à 10 % des cas. Une telle résurgence serait donc dramatique.Le territoire palestinien, entièrement pilonné par l’armée israélienne depuis les attentats du 7 octobre perpétrés par le Hamas, a-t-il les moyens de faire face ?Difficilement. Les bombardements israéliens ont détruit la majorité des infrastructures sanitaires, des hôpitaux aux usines de traitement des eaux. La population locale est donc particulièrement exposée aux catastrophes sanitaires. De plus, si la couverture vaccinale de la population palestinienne était suffisante pour tenir la maladie à distance ces dernières années, elle a dû se dégrader fortement depuis le début de la guerre.En Israël, plusieurs médecins réputés se sont inquiétés de voir la maladie ressurgir dans leur propre pays. Est-ce possible ?Il arrive régulièrement que le virus soit détecté en Israël. Ce fut le cas en 2013. 87 échantillons s’étaient avérés positifs, à 26 endroits différents, dans le sud et le centre du pays. C’est d’ailleurs aussi le cas dans d’autres pays développés, comme aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, où le virus a également été détecté en 2022. A chaque fois, une très forte couverture vaccinale a permis d’éviter une reprise épidémique. Mais aucun pays n’est immunisé à vie.Tant qu’une maladie n’est pas totalement éradiquée, la pression demeure. Les autorités israéliennes, dans leur politique très dure de représailles vis-à-vis de la population palestinienne, prennent ainsi le risque d’un retour du boomerang sanitaire sur leur propre population. C’est vrai pour la poliomyélite, dont la menace est, de fait, plus forte depuis les bombardements. C’est aussi vrai pour l’ensemble des maladies qui profitent déjà de la crise sanitaire causée par la guerre à Gaza.La poliomyélite, comme le choléra, se transmet par contact avec les matières fécales et l’eau contaminée. Comment pourrait-elle revenir en Israël, dont les infrastructures hydriques sont très développées ?Les deux maladies partagent ces caractéristiques de transmissions. Mais si le choléra est la maladie de l’insalubrité par excellence, c’est moins vrai pour la poliomyélite, beaucoup plus résistante dans l’environnement.Ainsi, si on a pu se débarrasser du choléra dans les pays développés par l’assainissement de l’eau, c’est bien la vaccination qui fait qu’aujourd’hui, la plupart des pays dans le monde sont débarrassés de la poliomyélite.La poliomyélite est la cible d’un programme d’éradication mondiale de l’OMS, actif depuis les années 1980. Le 11 octobre 2023, Ursula von der Leyen croyait enfin entrer dans la dernière ligne droite, et déclarait : « Nous sommes sur le point de faire disparaître la poliomyélite de la surface de la Terre ». S’est-elle emballée ?Ce qu’a dit la présidente de la Commission européenne est toujours vrai. Nous sommes très proches de l’éradication de la poliomyélite de la planète, malgré quelques poches de résurgences très localisées, et une grande circulation dans deux pays, le Pakistan et l’Afghanistan. Mais en matière de lutte contre les maladies infectieuses, rien n’est jamais acquis. Seule une couverture vaccinale très élevée pourrait permettre d’éradiquer les virus de la poliomyélite de la planète. Elle n’est pour l’heure pas encore suffisante.Il faut tout de même saluer ces efforts, soutenus par les Etats membres de l’OMS, et plusieurs organisations philanthropiques, comme la fondation Bill et Melinda Gates. Ils ont permis d’apporter des vaccins de qualité à quasiment tous les enfants de la planète, sans conditions de ressources. Malheureusement, ces actions se retrouvent trop souvent entravées par des conflits armés, les destructions et les déplacements de populations qu’ils entraînent. Les guerres créent des conditions propices à la résurgence et la propagation de maladies infectieuses, et sapent les efforts mondiaux. La poliomyélite n’en est qu’un exemple.Paradoxalement, si les vaccins sont la solution, ils sont aussi en partie le problème, et ont aussi contribué aux résurgences observées ces dernières années…Vous avez en partie raison. Il existe actuellement deux types de vaccins. Un injectable, et un oral. Le premier prévient de tout risque de paralysie poliomyélitique. Le second, moins cher, plus facile à administrer dans les zones peu dotées en infrastructures sanitaires, immunise, mais a aussi la particularité de réduire le portage de la maladie, et donc le risque qu’elle persiste, dans la population ou dans l’environnement. Cependant, il est fabriqué à partir d’un virus atténué, qui peut continuer à vivre dans le corps des vaccinés.Dans de très rares cas, le pathogène amoindri arrive à muter, ou à se recombiner avec d’autres virus, et redevient virulent. Ce qui peut alors donner lieu à l’émergence de nouvelles souches. Celle qui circule à Gaza [NDLR : PVDVc2] est elle-même dérivée du vaccin. Ce fût aussi le cas en Indonésie, où des contaminations de la sorte ont été détectées. Depuis 2016, l’OMS invite à ne plus utiliser le vaccin oral, pour éviter l’apparition de ces nouveaux virus, mais beaucoup de pays continuent d’administrer ce produit, car il protège tout de même ceux qui en bénéficient.Mais l’urgence n’est pas d’empêcher l’utilisation de ces vaccins imparfaits. Au contraire, il faut plutôt faire en sorte que tout le monde puisse avoir une dose, malgré le regain de tensions et les crises actuelles. L’objectif, bien que particulièrement ambitieux, a déjà été atteint une fois, contre la variole, ce qui a permis son éradication dès 1980. C’est d’ailleurs dans l’euphorie de cette victoire que les Etats membres de l’OMS ont ensuite décidé de s’attaquer à la poliomyélite. Nous y sommes presque. Mais sans une grande solidarité internationale, nous n’y arriverons pas.

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Author : Antoine Beau

Publish date : 2024-07-27 10:00:00

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L’Express

Eté 74 : le choc de la démission de Nixon, l’abaissement de la majorité et la lutte du Larzac

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De la fin de la guerre d’Indochine, à l’affaire du Watergate, jusqu’à la nomination d’Emmanuel Macron à Bercy, redécouvrez à travers nos archives, les temps forts des étés de chaque décennie entre avancées diplomatiques, crises politiques et progrès scientifiques. Cette semaine, l’été 1974.EPISODE 1 – Eté 54 : l’espoir Mendès France, la fin de la guerre d’Indochine, un coup d’Etat au GuatemalaEPISODE 2 – Eté 64 : la fin de la ségrégation raciale aux Etats-Unis, la naissance de l’ORTF, les premières photos de la LuneLa chute de NixonLe 17 juin 1972, en pleine campagne pour l’élection présidentielle américaine, cinq hommes sont arrêtés après s’être introduits par effraction dans l’immeuble qui abrite le QG du Parti démocrate à Washington. Rapidement, Bob Woodward et Carl Bernstein, deux journalistes du Washington Post, révèlent les liens des hommes interpellés avec l’administration Nixon. Ainsi éclate le scandale du Watergate. Deux ans après le début de l’affaire, Richard Nixon empêtré dans ses mensonges et menacé de destitution, annonce sa démission le 8 août et quitte la Maison-Blanche le lendemain. Au pouvoir depuis 1969, il est à ce jour le seul président de l’histoire des Etats-Unis à avoir démissionné.Dans un article intitulé « Le ciment américain », Pierre Salinger, ancien porte-parole de la Maison-Blanche sous Kennedy et grand reporter à L’Express entre 1973 et 1978 analyse comment le président Nixon a rompu son contrat de confiance avec les Américains et précipité sa chute.La démission de Richard Nixon après l’affaire du Watergate en couverture de L’Express du 12 août 1974. »Depuis le début de l’affaire Watergate, j’essaie d’expliquer à mes amis européens ce qu’elle signifie pour les Américains. Sans grand succès. Apparemment, ils ne saisissent pas de quoi il s’agit. Nous ne parlons pas de la même chose. Pour comprendre la chute de Richard Nixon, il faut comprendre les Etats-Unis. Un pays relativement jeune, composé d’hommes et de femmes venus de toutes les parties du monde pour créer une nouvelle patrie fondée sur une certaine idée de la liberté. Ils ont conclu entre eux un contrat, destiné à garantir les droits de l’homme. Ce contrat, c’est la Constitution. Aussi, tout au long de leur histoire, qui a quand même deux cents ans, ils ont considéré un seul crime impardonnable : celui de violer ce contrat, car il constitue le ciment qui les unit.C’est bien ce crime dont Richard Nixon s’est rendu coupable. Il a menti systématiquement au peuple américain. Il a utilisé le gouvernement des Etats-Unis pour pourchasser et abattre ses ‘ennemis’. Il a manifesté son mépris pour le Congrès et pour les tribunaux. Le président des Etats-Unis est un homme puissant, peut-être le plus puissant de la Terre. Le peuple américain l’admire et le respecte. Il est prêt à accepter bien des choses de sa part. Il tolère, par exemple, que son président vive comme un roi. Mais pas qu’il agisse comme tel.L’affaire Watergate a démontré de façon spectaculaire que, pour les Américains, le président des Etats-Unis ne saurait être un homme au-dessus des lois. Il doit leur être soumis, comme n’importe quel autre citoyen. Plus important encore : la démocratie américaine est un système politique fondé sur l’équilibre des pouvoirs. La justice doit être indépendante. Le Parlement doit être fort. La presse doit être vraiment libre, comme le garantit le premier amendement de la Constitution. Le seul responsable de la chute de Richard Nixon, c’est bien Richard Nixon lui-même. Il a commis une série d’actes qui devaient fatalement le mener à sa perte. Sans les institutions démocratiques de l’Amérique, il aurait pu échapper à son sort. Grâce à Dieu, elles ont fonctionné normalement. Enfin, les hommes ont joué leur rôle dans cette affaire : un sénateur courageux, un juge incorruptible et deux jeunes journalistes persévérants. Mais ce n’est pas en tant qu’individus ou en tant que prétendus « ennemis politiques » du Président qu’ils ont réussi à abattre l’homme le plus puissant de la Terre. A travers eux et à travers les institutions qu’ils représentent, c’est le peuple américain qui a eu le dernier mot. Winston Churchill a dit un jour que ’la démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres’. L’affaire Watergate confirme ce jugement. »L’Express du 12 août 1974Majorité à 18 ans : plus de 2 millions de nouveaux électeursMoins de deux mois après son élection à la présidence de la République, Valéry Giscard d’Estaing honore sa promesse de campagne d’abaisser l’âge de la majorité à 18 ans. Cette mesure emblématique répond au désir d’émancipation de la jeunesse mais sa mise en place à la hâte engendre des difficultés de mise en oeuvre comme l’explique Liliane Sichler.Valéry Giscard d’Estaing, nouveau président élu, en couverture de L’Express du 20 mai 1974. »A 18 ans, les jeunes jouiront désormais de tous leurs droits, civils et électoraux. Mais, contrairement au pari de M. Valéry Giscard d’Estaing, ce ne sera pas vraiment une victoire pour lui. Il faut dire que le gouvernement a mal manœuvré. Le 10 juin dernier, au sortir d’un Conseil des ministres exceptionnel, M. Jean Lecanuet, garde des Sceaux, annonce la bonne nouvelle : désormais, les jeunes voteront à 18 ans et ’ils se rappelleront, insiste-t-il qu’ils le doivent à ce gouvernement’. Malheureusement, les épines cernent déjà le projet gouvernemental sous la forme fastidieuse d’une bonne centaine d’articles du Code civil à revoir. Sans parler des multiples aménagements fiscaux et sociaux à mettre en route au plus vite.En faisant adopter dès le troisième Conseil des ministres de son septennat le projet de loi sur l’abaissement de la majorité électorale, M. Giscard d’Estaing marquait un point important. Il tenait ses promesses. Sans délai. Mais, techniquement, rien n’était prêt pour la mise en oeuvre de cette réforme. Voilà qui explique sans doute le revirement de M. Lecanuet devant le Parlement. Pour se justifier, le garde des Sceaux soulignait que ’la barrière des 21 ans est l’un des pivots de tout notre système législatif’. Mais la demi-réforme proposée était une erreur tactique. Il était clair que l’opposition sauterait sur l’occasion pour mettre le gouvernement en difficulté. Pourtant, il eût été facile de s’en tirer en proposant d’abaisser tout de suite l’âge de la majorité civile, tout en se réservant un délai de quelques mois pour publier les décrets d’application, qui demandent, en effet, une étude sérieuse. »L’Express du 1er juillet 1974Le Larzac, terre de contestationEn 1970, l’annonce d’un projet d’extension d’un camp militaire situé sur le plateau du Larzac dans l’Aveyron engendre une mobilisation sans précédent autour des agriculteurs menacés d’expropriation. Après un nouveau rassemblement organisé à l’été 1974, Jean-Paul Aymon et Jacques Molénat décrivent dans L’Express cette convergence des luttes populaires contre le pouvoir autour du Larzac. Après 10 ans de protestation, François Mitterrand enterre le projet d’agrandissement du camp militaire. La lutte du Larzac est devenue un modèle pour d’autres résistances comme la longue mobilisation contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.Des militants pacifistes et des agriculteurs se réunissent, le 18 août 1974 sur le causse du Larzac, dans la région de Millau, pour manifester contre l’extension d’un camp militaire »La messe du Larzac est finie. Les 100 000 jeunes qui avaient envahi, l’autre week-end, ce causse désertique de l’Aveyron où l’herbe à moutons se fraie un chemin parmi les éboulis de rochers, sont repartis. Après trois jours de débats, une moisson symbolique au profit du tiers monde et une chevauchée de 30 tracteurs labourant une terre récemment acquise par l’Armée. Les paysans sont restés. Les’103’poursuivent leur combat contre l’extension du camp militaire et mènent leur guérilla foncière en achetant les propriétés convoitées par l’Armée, qu’ils exploiteront collectivement.Mais étaient-ils venus seulement pour défendre cette cause, les pèlerins de la contestation qui ont participé à la longue marche derrière les moissonneuses et les tracteurs — ces’blindés de la paix’ — soulevant des nuages de poussière brune ? ‘Moi, c’était pour être avec des copains, dans l’herbe, pour parler’, dit Brigitte, une Bretonne de 20 ans qui a quitté sa famille pour’vivre sa vie’. Un dessinateur industriel de Sisteron explique : ‘Comme beaucoup d’anciens militants, je suis déçu par l’action politique, je me sens paumé. Ici, je vais peut-être m’y retrouver.’ Une dizaine de jeunes Alsaciens, qui n’appartiennent à aucun mouvement, recherchaient’la fête’. Le soleil, une guitare, une provision de vin rouge de l’Hérault suffisaient à leur bonheur. La nuque appuyée au sac à dos, ils admiraient le ciel étoilé et sifflaient toutes les filles qui passaient. Paul, militant de Révolution, a quitté le vendredi soir le bureau parisien où ïl travaille. ‘Tout de suite, dans l’autocar, raconte-t-il, c’était un autre monde. Quinze employés de banque ont commencé à chanter. De’La Jeune Garde’à Gilles Servat. On n’a pas cessé de parler pendant quinze heures.De l’armée, des syndicats, de l’auto-gestion, de la gauche réformiste. Pourquoi le Larzac ? Parce que c’est une convergence de luttes populaires contre le pouvoir. La disparité même du rassemblement provoque les débats. Les débats… Ils naissaient spontanément sur le causse. On s’interpellait d’une tente à l’autre ou pendant le pique-nique. Autour de la centaine de stands faits de planches posées sur des bottes de paille, se tenait en permanence une étrange foire de la contestation. Le Comité antimilitariste côtoyait les Occitans, les écologistes, les partisans de l’avortement libre, les Témoins de Jéhovah, les disciples de Lanza del Vasto, les associations de travailleurs immigrés, le comité Chili, les objecteurs de conscience et la mosaïque bigarrée des mouvements gauchistes. Prenant leurs distances par rapport à leurs invités, les paysans du Larzac s’étaient réservé un enclos et expliquaient avec patience le sens de leur lutte. Parler, ‘communiquer’, c’était le dénominateur commun de jeunes qui ne se ressemblaient pas tous, mais avaient en commun la conviction d’une solidarité entre les habitants de la planète et s’identifiaient aux plus défavorisés. Le résultat : une boulimie de’prises de parole’. La Sorbonne de Mai 1968 avait pris la clef des champs dans une ambiance de kermesse. »L’Express du 26 août 1974En Grèce, la fin du régime des colonels »Mieux vaut une guerre qui se termine par la chute d’une dictature que le cas plus fréquent où elle se termine par la chute d’une démocratie » affirme Jean-François Revel dans l’édito qui accompagne le reportage de Jacques Derogy et Roger-Xavier Lantéri à Athènes après la retraite des colonels au pouvoir depuis le putsch de 1967. Les premiers soulèvements étudiants contre le régime sont apparus en 1973 mais après plusieurs mois de répression violente, c’est finalement la crise de Chypre et l’intervention turque qui précipitent la fin du régime.La chute du régime des colonels en Grèce dans L’Express du 29 juillet 1974. »Cela s’appelle l’espoir. Une rumeur, d’abord, qu’on colporte mardi, à l’heure de la sieste, dans les faubourgs d’Athènes. Les dictateurs militaires, depuis le matin, conversent avec les personnages politiques de l’ancien régime, au Palais du Gouvernement. Et soudain, à 19 heures, les radios qui beuglaient dans la rue des marches guerrières prennent l’accent dramatique des actualités d’autrefois : ‘Les militaires ont décidé de remettre le gouvernement aux civils.’ Toutes les poitrines explosent en même temps. […] La foule court, embrasse les militaires, qui se dégagent, tandis qu’alentour jaillit le vieux cri : ‘L’Armée avec nous.’ Un slogan est lancé, repris, répété, et des milliers de bouches scandent en chœur : ‘Le fascisme meurt ce soir.’ Sans ministre, sans ordre, sans armes, les policiers, bras écartés, paumes ouvertes, contiennent doucement les manifestants, dont beaucoup brandissent des portraits de Mgr Makarios. Elle est décontenancée, cette police. Hier encore, elle orchestrait devant l’ambassade de Grande-Bretagne une opération menée par une trentaine de braillards aux cheveux longs et une section de jeunes aux nuques rasées nés, semble-t-il, la même année, comme des soldats du même contingent. […]Pourquoi l’ambassade de Grande-Bretagne ? Parce que Londres poussait Washington à éliminer les putschistes qui s’étaient emparés du pouvoir à Chypre, une semaine plus tôt. Les Américains, après le coup de Nicosie, s’étaient montrés satisfaits. La loi du plus fort est un des fondements de la politique. Ils n’avaient pas prévu que les Turcs, tirant profit de la situation, débarqueraient des troupes sur l’île à l’aube du samedi 20 juillet. Depuis 1967, les Etats-Unis s’étaient accommodés des colonels. Mais, si le pouvoir rend fou, les militaires sont particulièrement prédisposés. A n’avoir en face de leurs chars que des civils aux mains nues, ils perdent la mesure du possible, jusqu’au jour où ils se heurtent à d’autres hommes d’armes. »L’Express du 29 juillet 1974La semaine prochaine, retrouvez l’été 84 en archives.

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Author : Anne Marion

Publish date : 2024-07-27 10:15:00

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L’Express

Sur TikTok, Kamala Harris virale malgré elle : sa stratégie pour concurrencer Trump

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Tout commence par une noix de coco. Depuis quelques semaines, l’émoji sert de symbole à la candidate Kamala Harris et apparaît partout sur les réseaux sociaux. A l’origine, la vice-présidente prononce un discours à la Maison-Blanche pour inaugurer une commission sur l’égalité des chances dans l’éducation. Son rôle est de s’intéresser aux enfants à l’école, mais aussi dans leur « contexte » familial. Ce mot lui rappelle une expression de sa mère, oncologue d’origine indienne, sur les jeunes : « Vous pensez que vous venez de tomber d’un cocotier ? Vous existez dans le contexte de tout ce dans quoi vous vivez et ce qui est venu avant vous », lance une Kamala Harris hilare.La vidéo, qui circule sur les réseaux sociaux depuis, mêle deux attributs de la vice-présidente : ses phrases parfois alambiquées et ses grands éclats de rire. Surtout, ce moment léger tranche avec l’atmosphère morose du duel annoncé entre Joe Biden et Donald Trump. Depuis l’annonce du retrait du président démocrate au profit de Kamala Harris, l’image a été récupérée : des milliers de jeunes démocrates faisant partie de la « coconut army » se disent « dopés à la noix de coco ».Récolter les fruits des « mèmes »Ce cas amusant représente bien la stratégie de Kamala Harris sur les réseaux sociaux. Un enthousiasme viral naît souvent malgré elle autour d’une prise de parole, d’un fou rire ou de quelques pas de danse, comme quand elle confie sa passion pour les diagrammes de Venn ou partage une recette de poulet rôti. Mais elle le retourne à son avantage pour cultiver le moment et nourrir sa dynamique. Afin de récolter les fruits de tous ces « mèmes », ces images humoristiques circulant sur Internet, la candidate démocrate s’est même inscrite, vendredi 26 juillet, sur TikTok, le réseau social chinois que Joe Biden voulait pourtant interdire s’il ne changeait pas de propriétaire. Son public est déjà au rendez-vous : sa page officielle compte 2,5 millions d’abonnés et les quelques vidéos publiées font des millions de vues.Il faut dire que Kamala Harris a du retard à rattraper. Donald Trump, qui a rejoint TikTok en février dernier, écrase la concurrence avec 9,2 millions de followers et des vidéos vues plus de 150 millions de fois. Mais l’ex-président ne semble pas très actif sur le réseau social. Seules cinq vidéos ont été publiées en cinq mois. Celui qui a révolutionné l’usage des réseaux en 2016 en utilisant Twitter de façon compulsive s’y met en scène dans des confrontations musclées… mais peu originales. Par exemple, il pose face à face avec la star du catch Logan Paul. Et dans sa dernière vidéo en date, il reprend à destination de Kamala Harris sa célèbre phrase « You’re fired » (NDLR : vous êtes viré), du temps où il présentait l’émission télévisée The Apprentice. »Kamala is brat »En face, les démocrates jouent la carte de l’humour et de la modernité. Outre sa première pub de campagne sur la chanson « Freedom » de Beyoncé, l’ancienne procureure californienne se montre sur TikTok avec l’équipe de l’émission de drag-queens, Drag Race, ou avec Lance Bass, le chanteur du boys band NSYNC, avec qui elle dit « bye, bye, bye » à Donald Trump, en référence à une chanson du groupe. Sa page de campagne, KamalaHQ (NDLR : pour headquarters, quartier général), qui était encore nommée Biden-HarrisHQ il y a quelques jours, investit encore plus ce terrain en reprenant tous les codes de TikTok : chansons tendances, défis du moment et moqueries – une chanson relaye l’appel aux dons du colistier de Trump, J.D. Vance, mais suggère qu’il a besoin de l’argent pour se payer une thérapie. @kamalahq 😇😇😇 ♬ IN BROOKE WE TRUST – me n ü Toutes ces vidéos, aimées des millions de fois, traduisent une certaine « kamalamania », un engouement qui manquait cruellement aux démocrates depuis quelques années, et notamment ces derniers mois, avec les inquiétudes grandissantes concernant l’âge de Joe Biden. Kamala Harris, qui a vécu la présidence de ce dernier dans l’ombre sans pouvoir vraiment montrer qui elle était, peut désormais utiliser cet enthousiasme sur les réseaux sociaux pour qu’on s’identifie à elle. D’où la phrase devenue elle aussi virale : « Kamala est brat. » C’est ce qu’a tweeté la pop star britannique Charli XCX, reprenant le titre de son album Brat, sorti il y a quelques semaines. Au départ, ce terme désigne un enfant mal élevé et capricieux. Mais chez la chanteuse, il renvoie à une jeune femme vivante, qui aime rire, danser et faire la fête, dit ce qu’elle pense et assume ses défauts. Bref, une image de femme moderne, en phase avec son temps, qui plaît à une grande partie de la jeunesse.Bien sûr, des likes sur les réseaux sociaux ne font pas gagner une élection. Mais susciter une telle énergie, surtout dans une campagne courte et inattendue, est nécessaire pour que les électeurs envoient des dons, militent sur le terrain, frappent aux portes et aillent voter. Or cette mobilisation est une des clés vers la victoire pour Kamala Harris. Il y a quatre ans, la forte participation électorale avait aidé Joe Biden à décrocher la Maison-Blanche.Quant à TikTok, il permet de toucher un public très convoité et relais d’opinions qui ne se déplace pas beaucoup aux urnes : les jeunes. Selon un sondage PewResearch publié en juin dernier, plus d’un tiers des 170 millions d’utilisateurs américains du réseau social y ont recours pour suivre l’actualité politique. De quoi justifier les moyens parfois coûteux pris en charge par les partis politiques pour créer du contenu.

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Publish date : 2024-07-27 16:54:12

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L’Express

Paris 2024 : le rêve inachevé des judokas français sous le képi du maréchal Joffre

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Le carré kazhake exulte, le reste du Grand Palais éphémère pousse un soupir général de déception. Le judoka Luka Mkheidze est passé près de la première médaille d’or française de ces Jeux olympiques. Mais il a cédé sur un mouvement de son adversaire Yeldos Smetov, validé par la vidéo des arbitres. Tombé sur un os. »Allez Shirine, les supporters sont là », et ainsi de suite en cadence. Un peu plus tôt, il est 16 heures et 1 minute, en dix secondes, le Grand Palais éphémère s’est transformé en volcan. Il suffisait d’une judokate française pour faire exploser les 8 900 spectateurs que ni la mascotte Phryge, invitée à se dandiner dans les travées, ni l’excellent danseur contorsionniste Twist Keita, sorte de « première partie » des finales du judo, n’étaient parvenus à sortir de leur retenue. C’est que cet après-midi, les gens sont venus pour le sport. Ce samedi 27 juillet marque le premier jour des épreuves de judo, dans cette salle de la Champ de Mars Arena, un complexe de préfabriqués construits sous les regards tout proches de la majestueuse tour Eiffel et de l’école Militaire. Les installations ont été durement critiquées par les athlètes, un problème de rebond sur les tatamis, mais tout a été réglé, nous assure-t-on.Waza-ari ! Shirine Boukli, la Française engagée en repêchages des moins de 48 kilos – elle a perdu en quarts de finale le matin –, vient de faire tomber son adversaire italienne sur l’épaule. Elle marque un point, selon le règlement de ce sport dont la langue principale reste le japonais, son pays de naissance. Les judokas du pays du soleil levant sont considérablement applaudis, signe d’une cohorte de supporters fournie. En tribune de presse, c’est d’ailleurs un peu l’Assemblée générale de l’ONU, avec des confrères kazakhs, mongols, taïwanais, suédois ou paraguayens. Chacun est venu suivre son champion national, prétendant à une médaille. Le judo est un sport particulièrement internationalisé. Les quatre minutes du combat sont écoulées, Shirine Boukli a gagné le droit de combattre pour une médaille de bronze, elle tombe dans les bras de sa concurrente, fair-play.L’Académicien, les yuko et les waza-ariControverse lors de la demi-finale féminine, Tara Babulfath, la candidate suédoise, a été disqualifiée pour trois avertissements sévères. Les journalistes suédois se lèvent d’un bond et quittent la salle. Dans le public, pas le temps de gloser, les combats s’enchaînent sans le moindre temps mort, façon commande au fast-food. Personne ne s’en plaint. Luka Mkheidze, l’homme que tout le monde attend, est bientôt annoncé sous d’assourdissants vivats. Le Français a remporté la médaille de bronze lors des précédents JO de Tokyo (Japon), en moins de 60 kilos. Il tente cette fois de faire mieux, sa demi-finale l’oppose au coriace Turc Salih Yildiz, sous le képi et la moustache du maréchal Joffre : la statue équestre du glorieux général, sculptée par Maxime Real del Sarte et édifiée en 1939 devant l’Ecole Militaire, a été intégrée à la salle du Grand Palais éphémère, au-dessus de la tribune ouest. Qu’aurait pensé l’Académicien de ces yuko et de ces waza-ari ? Le mélange produit un décalage baroque que Thomas Jolly, le metteur en scène de la cérémonie d’ouverture, n’aurait peut-être pas récusé.Avec son tatami rectangulaire rouge, jaune en son centre, là où combattent les sportifs, la salle ressemble à un cratère en éruption. Les deux judokas se tournent autour comme des guêpes, et quand le Français esquive, tout le monde exulte, c’est la corrida. Les deux combattants présentent des niveaux proches au corps à corps, mais le Turc donne plusieurs l’impression de chercher à sortir du tatami jaune. Il écope de deux shidos, des avertissements. Le troisième équivaut à un point de pénalité. A une minute du terme, une clameur folle s’empare du Grand Palais, comme une bouffée d’euphorie. Luka Mkheidze a besoin de soutien, il fatigue. L’arbitre ne s’en laisse pas conter, un shido pour lui, malgré les huées, on passe au golden score, la mort subite façon judo, le premier qui marque a gagné.Le Français semble plus que jamais sur la défensive, un deuxième shido pour lui, le prochain est synonyme d’élimination. Mais le voilà qui lance un mouvement de jambes, pas le plus délié du combat, et en deux temps, le Turc cède à l’épaule. Bras tendu de l’arbitre sur le côté, waza-ari, et c’est la folie douce dans les tribunes. On va donc voir un combat pour la médaille d’or, peut-être la première victoire française de ces Jeux olympiques. Mkheidze affrontera le redoutable kazakh Yeldos Smetov, facile tombeur de l’Espagnol Francisco Garrigos par ippon – projection au sol sur le dos, le coup suprême du judo.Les danseuses d’un balletShirine Boukli, elle, veut sa médaille de bronze. Elle commence son combat d’arrache-pied contre l’Espagnole Laura Martinez Abelenda, qui écope rapidement d’un shido. Puis de deux. Les deux judokates tournoient l’une sur l’autre comme les danseuses d’un ballet. La Française a l’avantage de l’attaque mais ne trouve aucune ouverture. Lorsque Martinez Abelenda enroule sa jambe autour de celle de son adversaire, la Marseillaise lancée quelques secondes plus tôt s’interrompt. Mais elle tient, Boukli, et c’est la mort subite qui s’enclenche. Quand elle lance une attaque et que l’Espagnole paraît tomber bizarrement, l’arbitre demande l’appel à la vidéo. Et c’est une voix standardisée venue des coulisses qui annonce que Shirine Boukli a bel et bien marqué un waza-ari.Soudain, tout s’arrête. La Française perce l’armure, jubile. L’étreinte avec son entraîneur laisse entrevoir les sacrifices acceptés pour arriver à cette médaille. La première breloque pour la France. Les spectateurs, venus exactement pour ce plaisir, acclament, enchaînant les chants à la gloire de la judokate. La Française a le temps d’entamer un mini-tour triomphal de la salle avant de se faire prier de laisser le programme se poursuivre. La médaille d’or, elle, est remportée quelques instants plus tard par la Japonaise Natsumi Tsunoda, celle-là même qui terrassa Boukli en fin de matinée.Luka Mkheidze et ses mouvements de guêpe se presse bientôt pour la finale des hommes, avec David Guetta en fond sonore. Yeldos Smetov a lui aussi remporté le bronze à Tokyo et il a traversé la journée en patron, enchaînant plusieurs victoires faciles. Il a déjà été champion du monde, à l’inverse du Français. Surprise, c’est le Tricolore qui se montre le plus entreprenant, plusieurs attaques pleines de panache, on n’est pas à l’escrime, mais il y a du Cyrano dans ces lancers de jambes vifs et brutaux. On croit plusieurs fois à l’exploit. Jusqu’à cette riposte pas claire du Kazakh. Le Français a-t-il cédé ? Quelques secondes de rumeur, et la décision, terrible pour le camp français. Il reste une minute mais Luka Mkheidze ne s’en relèvera pas. La médaille d’or lui échappe, son rêve s’achève sans sa conclusion heureuse. Reste l’argent, et le souvenir d’une grande journée. Il en reste quinze dans ces JO de Paris.

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Author : Etienne Girard

Publish date : 2024-07-27 19:10:01

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L’Express

Sabotage du réseau TGV de la SNCF : le point sur l’enquête

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Le trafic des trains SNCF reste perturbé ce samedi 27 juillet, au lendemain d’une attaque « massive » et « coordonnée » contre le réseau TGV. Pour l’heure, cette attaque n’a pas été revendiquée mais l’enquête se poursuit pour retrouver les coupables.L’opération aurait été « bien préparée » et organisée par une « même structure », selon une source proche de l’enquête auprès de l’AFP. Dans la nuit de jeudi 25 à vendredi 26 juillet, des câbles de fibre optique passant près des voies et garantissant la transmission d’informations de sécurité pour les conducteurs, comme les feux rouges et les aiguillages, ont été coupés et incendiés à divers endroits du réseau. »Nous avons récupéré un certain nombre d’éléments qui nous permettent de penser qu’on saura assez rapidement qui est responsable de ce qui n’a manifestement pas saboté les Jeux olympiques, mais qui a saboté une partie des vacances des Français », a déclaré ce samedi sur France 2 le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, atteintes à un système de traitement automatisé de données en bande organisée et association de malfaiteurs.Au total, plus de cinquante enquêteurs de la gendarmerie sont mobilisés par les investigations, selon une autre source proche du dossier. Par ailleurs, des prélèvements effectués sur les différents lieux ont été envoyés aux experts de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) pour être analysés en urgence, a-t-on ajouté de même source.Le trafic s’améliorera dimancheL’attaque, survenue à quelques heures seulement de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Paris, alors que de nombreux voyageurs avaient prévu de rejoindre la capitale, a déclenché une immense pagaille dans les gares au petit matin. Plus de 800 000 voyageurs ont été touchés par ces dégradations sur les lignes à grande vitesse Atlantique, Nord et Est. Un acte de malveillance a aussi été déjoué sur la ligne Sud-Est, à Vergigny, dans l’Yonne, par des cheminots qui menaient des opérations d’entretien pendant la nuit.Ce samedi, la circulation a repris normalement sur la ligne à grande vitesse Est. Mais le trafic sera encore perturbé dimanche « sur l’axe Nord », même s’il « devrait s’améliorer sur l’axe Atlantique pour les retours de week-end ». Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a affirmé que « tout sera rétabli lundi matin » pour assurer le transport des nombreux vacanciers.

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Publish date : 2024-07-27 17:17:27

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L’Express

« Paris émerveille le monde sous le déluge » : la presse étrangère conquise par la cérémonie d’ouverture

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Le monde entier n’avait d’yeux que pour Paris ce vendredi 26 juillet pour le coup d’envoi des Jeux olympiques de 2024. Au moins un milliard de personnes, et 22 millions en France, étaient devant leur écran pour suivre une cérémonie qui, à en croire les journaux étrangers, a tenu ses promesses. « Une chose est sûre : ce spectacle d’ouverture des Jeux olympiques en est un pour l’éternité. Pendant près de quatre heures, Paris (a offert) tout ce qu’il faut pour faire de cette soirée un moment inoubliable », lit-on dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.Avec sa parade sur la Seine et ses nombreux tableaux mêlant théâtre, danse et musique, la cérémonie a célébré la ville de Paris, son histoire et son art de vivre. De quoi convaincre le journal chinois China Daily, pour qui Paris a réussi à ouvrir ces Jeux « de manière singulièrement romantique » et « certainement de la façon la plus parisienne » : en transformant la Seine en théâtre à ciel ouvert. Cette « superproduction le long de la Seine », pour reprendre les mots de la Gazzetta dello Sport italienne, est d’autant plus impressionnante qu’elle a nécessité des mesures de sécurité « extraordinaires », qui inquiétait la même presse étrangère ces derniers jours.L’aspect déjanté, parfois kitsch des séquences qui se sont succédé au bord du fleuve parisien, ont suscité l’admiration de nombreux médias. « C’était humide, certaines parties étaient bizarres, la plupart étaient belles et le tout était vraiment, vraiment mémorable », résume la chaîne de télévision américaine CNN. La BBC, qui devait sûrement avoir en tête l’incroyable show des Jeux olympiques de Londres en 2012, a aussi jugé le spectacle « souvent brillamment frénétique et, à d’autres moments, émouvant ». Elle note tout de même l’enchaînement « bizarre » entre le numéro de cabaret de la chanteuse Lady Gaga sur « Mon truc en plumes » – un hommage à la célèbre meneuse de revue Zizi Jeanmaire – et le passage en bateau de la délégation d’athlètes du Bangladesh. @lexpress Hier soir, la France était heureuse, unie comme elle ne l’avait pas été, probablement, depuis très longtemps, et Paris était à nouveau une gigantesque fête. Nous étions à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024. jo2024 #openingceremony Paris2024 #sinformersurtiktok apprendreavectiktok ♬ son original – L’Express – L’Express La cérémonie la plus arrosée de l’histoireTous les journaux ont noté une chose : la pluie torrentielle qui s’est abattue sur Paris pendant la soirée. « Paris émerveille le monde sous le déluge », s’enthousiasme le quotidien espagnol El País, parlant ni plus ni moins de la « cérémonie la plus audacieuse de mémoire d’homme ». Si les gouttes ont dissuadé certains de regarder le spectacle en bord de Seine, elles « n’ont pas empêché le délire » des spectateurs, note le journal argentin Clarín, qui décrit lui aussi une cérémonie « inoubliable » et « en apothéose ». Au final, ce fut peut-être « la cérémonie d’ouverture la plus arrosée de l’histoire des Jeux olympiques » de l’ère moderne, plaisante CNN, tout en reconnaissant que le mauvais temps n’a fait que « tenter » de voler la vedette aux artistes et aux athlètes.La mise en lumière des plus célèbres monuments de la capitale a captivé les médias étrangers, notamment le « spectacle laser éblouissant qui a illuminé la Tour Eiffel » et a « fait de son mieux pour percer le ciel plombé de Paris », écrit le Telegraph. Pour le Spiegel, l’inclusion de notre patrimoine dans la cérémonie « laissait entrevoir l’ancienne tradition théâtrale de la France, dont la grandeur remonte à la cour de Versailles ». Et d’asséner : « Oui, vraiment : voir grand et montrer sa grandeur, nos voisins savent le faire ». Le journal allemand remarque toutefois que « tout n’était pas en direct » et que « malgré les grands écrans de retransmission dans la ville, il était préférable de s’asseoir devant le téléviseur pour pouvoir s’abandonner complètement aux illusions ».Une cérémonie politiqueContexte politique oblige, certains ont fait le lien entre ce grand spectacle et le résultat des élections législatives en France, qui ont elles aussi été très discutées à travers la planète. « À un moment de confrontation politique aiguë qui a laissé le pays dans l’impasse, la cérémonie était une invitation à réfléchir à nouveau au sens de la nation et à la possibilité de s’entendre », explique le New York Times, citant la participation controversée de la chanteuse Aya Nakamura, la Française la plus streamée dans le monde, accompagnée par les musiciens de la Garde républicaine.Pour le Corriere della Sera, « Paris a mis en scène devant le monde une version adoucie, irénique, idéalisée de son histoire. Plus d’Édith Piaf que de Napoléon, plus de Vénus que de Mars, une Marianne noire chantant la Marseillaise… » Un spectacle qui a dépoussiéré le genre jusqu’à brouiller les frontières. Le quotidien italien s’interroge : était-ce une « performance d’art contemporain » ? Une « Gay Pride », en référence au spectacle de drag queens sur la passerelle Debilly ? Un « défilé de mode » ? La cérémonie d’ouverture a en tout cas montré un visage moderne de la France, attaché à la diversité.Une voix aura suffi à mettre tout le monde d’accord. « Reconnaissable entre mille » depuis le premier étage de la Tour Eiffel, chantant ‘L’Hymne à l’amour’ d’Edith Piaf, « Céline Dion vient mettre un point final, grandiose, à une cérémonie d’ouverture qui l’a été tout autant », conclut le quotidien suisse Le Temps.

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Publish date : 2024-07-27 12:02:47

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Cérémonie d’ouverture des JO 2024 : cette gaffe qui a fait bondir la Corée du Sud

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Un petit couac diplomatique. La Corée du Sud a protesté, ce samedi 27 juillet, après une gaffe lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, au cours de laquelle ses athlètes ont été présentés à tort comme des Nord-Coréens. Au moment où la délégation sud-coréenne est arrivée en bateau sur la Seine en tant que 48e nation participante, les présentateurs l’ont introduite comme étant la « République populaire démocratique de Corée » en français, puis « Democratic People’s Republic of Korea » en anglais, utilisant dans ces deux langues le nom officiel de la Corée du Nord, pays avec lequel Séoul est toujours en guerre.Le ministère sud-coréen des Sports « regrette l’annonce faite lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, au cours de laquelle la délégation sud-coréenne a été présentée comme l’équipe nord-coréenne », a-t-il déclaré dans un communiqué. Jang Mi-ran, vice-ministre des sports et championne olympique d’haltérophilie en 2008, a demandé à rencontrer le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, pour discuter de l’affaire.De son côté, le ministère des Affaires étrangères sud-coréen a indiqué dans un communiqué avoir contacté l’ambassade de France à Séoul, qui a exprimé ses regrets pour ce qu’elle a qualifié d' »erreur incompréhensible ». De plus, le Comité national olympique de Corée du Sud prévoit de rencontrer le Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris et le CIO pour exprimer ses protestations, demander des mesures pour éviter que cela ne se reproduise et envoyer une lettre officielle de protestation au nom du chef de sa délégation, a précisé le ministère des Sports.Les excuses du CIO »Nous nous excusons profondément pour l’erreur qui s’est produite lors de la présentation de l’équipe sud-coréenne pendant la diffusion de la cérémonie d’ouverture », a écrit le CIO sur le réseau social X en coréen. Lors de la cérémonie, la Corée du Nord a, elle, été correctement présentée avec son nom officiel.La Corée du Sud est toujours techniquement en guerre avec le Nord, après un conflit entre 1950 et 1953 qui s’est soldé par un armistice et non par un traité de paix. Les relations entre les deux pays frontaliers sont au plus bas depuis des années, alors que Pyongyang a entrepris de renforcer ses liens militaires avec la Russie et envoie depuis plusieurs mois des milliers de ballons lestés d’ordures vers le Sud.En réponse, l’armée de Séoul diffuse de la K-pop et des messages contre le régime de Kim Jong-un par haut-parleur à travers la frontière et a récemment repris les exercices de tirs à balles réelles sur les îles frontalières et près de la zone démilitarisée qui divise la péninsule coréenne.

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Publish date : 2024-07-27 11:12:51

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« Quitter son pays, c’est un sacrifice » : la détermination de l’équipe des athlètes réfugiés aux JO

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Sur le terrain d’athlétisme du complexe sportif de l’Île-des-Vannes, en Seine-Saint-Denis, des maillots de toutes les couleurs se mélangent. A quelques jours du début des Jeux olympiques, les brassières jaunes pétantes des athlètes jamaïcaines croisent les ensembles bleu ciel des Botswanais, tandis qu’un sprinter à la veste floquée « Armenia » s’échauffe à quelques mètres des joggings colorés des sportifs venus de Vanuatu, en Océanie. Au cœur de la matinée, Dorian Keletela rejoint à son tour le terrain d’entraînement. Mais cet athlète de 25 ans originaire de la République du Congo n’arbore aucun signe distinctif représentant son pays d’origine : il y a près de dix ans, le jeune homme a décidé de fuir le territoire, pour des « raisons politiques et ethniques », avant de rejoindre le Portugal, puis la France. Vêtu d’une simple veste blanche, il participera aux Jeux olympiques sous la bannière de l’équipe des réfugiés, au logo en forme de cœur.Cette délégation, créée en 2015 sur l’initiative du Comité international olympique (CIO) face aux différentes crises migratoires, permet aux athlètes réfugiés du monde entier, souvent privés de compétitions internationales, de participer aux Jeux sans représenter une nation spécifique. A Rio, en 2016, 10 athlètes venus d’Ethiopie, du Soudan du Sud, de Syrie ou de la République démocratique du Congo ont ainsi concouru dans l’équipe des réfugiés. Quatre ans plus tard, ses rangs ont presque triplé, accueillant 29 sportifs lors des Jeux de Tokyo. Pour 2024, 37 athlètes exilés, spécialisés dans 12 disciplines différentes et accueillis par 15 Comités nationaux olympiques (CNO) représenteront les 100 millions de personnes déplacées de force à travers le monde. « Si je gagne une médaille, ce sera sous le drapeau officiel des JO, et avec l’hymne de la compétition. Mais le symbole est plus fort que tout : imaginez le message envoyé aux millions de réfugiés, partout dans le monde. Ça n’a pas de prix, et je n’ai pas vraiment de mot pour qualifier ce que je ressentirais », confie Dorian Keletela.Comme le reste de ses coéquipiers, le jeune homme a été soutenu par un programme de bourse géré par l’Olympic Refuge Fondation et financé par la Solidarité Olympique. Les membres de la délégation ont été directement sélectionnés par la commission exécutive du CIO en fonction de différents critères, comme leur niveau dans leurs sports respectifs, la reconnaissance officielle de leur statut de réfugié par les Nations Unies, ou encore la situation personnelle et le parcours sportif de chaque membre. « S’il n’y avait pas eu l’équipe des réfugiés, je ne pense pas que j’aurais pu concourir si vite aux JO », soulève Dorian Keletela. Alors qu’il était encore mineur, réfugié à Lisbonne, il a été rapidement repéré par le CNO du Portugal, où il a évolué de manière fulgurante dans sa discipline. En 2021, il participe une première fois aux Jeux de Tokyo pour l’équipe des réfugiés, et pulvérise son record personnel sur 100 mètres, en 10’33 secondes.Depuis installé en France, son parcours n’a pas toujours été de tout repos. « Dorian n’a pas pu participer aux derniers championnats du monde parce qu’il n’a pas pu obtenir son titre de séjour français à temps et s’est retrouvé en difficulté administrative pour toucher sa bourse, malgré l’aide et l’implication du CNO français », raconte son entraîneur, Elliot Draper. Malgré cet obstacle de taille, qui l’a privé d’une compétition auprès des plus grands champions internationaux, l’athlète continue d’y croire, et se dit désormais prêt à battre son record à Paris. « Je reçois beaucoup de messages de soutien sur les réseaux sociaux, notamment de personnes réfugiées. Je veux leur montrer que tout est possible, ça me pousse encore plus », martèle-t-il. »Ils ont conscience du symbole qu’ils représentent »A la sortie du déjeuner très officiel de la Session du CIO, le 23 juillet dernier, le judoka d’origine afghane Sibghatullah Arab fait part de la même détermination. Contraint de quitter son pays d’origine à l’arrivée au pouvoir des talibans, en août 2021, ce jeune homme de 22 ans a rejoint l’Allemagne en 2022, au terme d’un long périple. Entraîné par le club allemand de Mönchengladbach, le sportif a décroché la septième place à l’Open européen de Madrid en 2023 – et ne cache pas sa fierté en évoquant son parcours. « Il faut se rendre compte de ce que c’est pour un athlète de devoir tout recommencer à zéro, dans un pays que l’on ne connaît pas, dont on ne maîtrise pas la langue… Et d’en arriver là, à participer aux JO de Paris ! », explique-t-il en souriant. Sibghatullah Arab préfère évoquer le fourmillement du Village olympique, qu’il vient de découvrir, ses rencontres avec des champions du monde de judo sur le terrain, ou ses semaines d’entraînement à Bayeux, en Normandie, avec le reste de l’équipe des réfugiés, plutôt que de s’attarder sur la politique afghane, les problèmes de sécurité rencontrés au pays, ou les difficultés à pratiquer son sport sous le régime des talibans. »Certains athlètes que nous accompagnons ont encore de la famille dans leur pays d’origine, et préfèrent ne pas commenter la politique… Comme tous les activistes, à partir du moment où ils se mettent dans la lumière, ils s’exposent à des réactions plus ou moins négatives ou positives, partout dans le monde », décrypte Olivier Niamkey, directeur associé de la Solidarité olympique et chef de mission adjoint de l’équipe des réfugiés. L’homme rappelle que ses athlètes bénéficient, comme toutes les autres délégations, du système de sécurité mis en place par les autorités françaises et le CIO. « C’est probablement ici qu’ils risquent le moins. Et ils ont tout à fait conscience du symbole qu’ils représentent : cela dépasse la simple participation sportive. Leur présence permet de parler, pour une fois, des réfugiés de manière positive… Et peut-être d’éveiller certaines consciences sur le sujet », souligne-t-il.Ramiro Mora Romero, haltérophile originaire de Cuba, se dit ainsi « très fier de représenter les 100 millions de personnes déplacées » à travers sa participation aux Jeux olympiques. « Quitter son pays, c’est un sacrifice que personne ne peut comprendre tant qu’il ne l’a pas vécu. Je veux faire passer un message d’espoir, montrer qu’il ne faut pas abandonner, quoi qu’il arrive. Et surtout, continuer de travailler dur », explique-t-il. Le jeune homme de 26 ans sait de quoi il parle. Après avoir quitté son île pour des raisons politiques, il rejoint le Royaume-Uni en 2019, et travaille dans un cirque en tant qu’acrobate avant de demander l’asile. Pendant cette période, il songe plusieurs fois à abandonner son sport, avant de rencontrer un entraîneur britannique qui lui redonne le goût de la compétition. En 2022 et 2023, il brille aux concours nationaux, et remporte le record britannique dans les catégories de poids 89 kg et 96 kg. Vendredi 26 juillet, lors de la cérémonie d’ouverture des JO, le jeune Cubain prendra place sur le deuxième bateau du défilé sur la Seine, juste derrière la délégation grecque. Sa coéquipière Cindy Ngamba, boxeuse originaire du Cameroun et triple championne d’Angleterre dans sa discipline, ainsi que Yahya Ghotany, taekwondoïste originaire de Syrie et passé par le camp de réfugiés d’Azraq, en Jordanie, y porteront des drapeaux neutres, à l’effigie des anneaux olympiques.

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Author : Céline Delbecque

Publish date : 2024-07-26 15:47:20

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OpenAI : cette innovation qui pourrait menacer Google

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Est-ce le début de la fin pour Google ? Le nouveau moteur de recherche développé par OpenAI représente en tout cas une menace sérieuse pour le champion de la recherche en ligne. Nommé SearchGPT, il proposera des réponses aux questions des utilisateurs intégrant des éléments du modèle d’intelligence artificielle (IA) générative GPT-4, ainsi que des informations recueillies directement sur Internet.Contrairement à ChatGPT, qui ne produit que des réponses rédigées sans références, SearchGPT proposera des liens vers des sites tiers, qui ont servi de sources. Ces liens seront résumés, triés et classés selon leur pertinence, pour répondre le plus précisément possible aux requêtes. Pour l’heure, SearchGPT n’est qu’un prototype et seules 10 000 personnes y ont accès pour l’essayer. En revanche, ce nombre devrait progressivement augmenter, puisqu’il est possible de s’inscrire à une liste d’attente sur le site d’OpenAI.SearchGPT « est conçu pour aider les utilisateurs à se rapprocher des créateurs de contenu en citant de façon visible et en incluant des liens » vers des sites, indique un billet de blog de la start-up. OpenAI dit d’ailleurs avoir noué des partenariats avec des éditeurs de contenu, qui peuvent ainsi choisir la manière dont ils apparaîtront dans une réponse à une requête. Les contenus de l’agence Associated Press et de l’entreprise News Corp, propriétaire du Wall Street Journal et du Times britannique, pourront par exemple être utilisés pour développer l’interface de SearchGPT, ayant signé un accord avec OpenAI.Mauvaise nouvelle pour GoogleCependant, des sites pourront apparaître dans le moteur de recherche même si leurs créateurs n’ont pas donné leur autorisation. Cette situation divise le monde de la presse depuis le lancement de ChatGPT en 2022. Certains médias, comme le New York Times, ont lancé des poursuites judiciaires contre la start-up, qu’ils accusent d’avoir nourri leurs modèles d’intelligence artificielle avec leurs articles, sans consentement ni crédit ou compensation.A terme, SearchGPT devrait être intégré à ChatGPT. Une stratégie qui pourrait bel et bien voler des parts de marché à Google, qui règne en maître dans ce secteur depuis de nombreuses années et tente tant bien que mal de se positionner sur l’intelligence artificielle. Le géant a notamment présenté AI Overviews, son moteur de recherche intégrant l’IA, en mai dernier. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Des observateurs se sont inquiétés de voir les nouveaux moteurs de recherche n’inclure que quelques liens et sources, au risque de fragiliser tout le reste de l’écosystème. Sans compter les performances trimestrielles insuffisantes d’Alphabet, la maison mère de Google, aggravées par l’annonce d’OpenAI. Le titre d’Alphabet a perdu 2,99 % à la Bourse de New York, jeudi 25 juillet, après avoir déjà lâché plus de 5 % mercredi.Premières réactions mitigéesPar ailleurs, comme avec AI Overviews ou Bing AI, le moteur de recherche de Microsoft, les premiers tests s’avèrent peu concluants. Le journal The Atlantic, qui a pu essayer SearchGPT, fait état d’informations erronées dans les résultats. Dans une présentation vidéo, OpenAI utilise l’exemple suivant : « festivals de musique à Boone en Caroline du Nord en août ». Le moteur de recherche propose ensuite une liste de festivals dans ce lieu et à cette période. Le premier s’appelle « An Appalachian Summer Festival » et organise des événements artistiques du 29 juillet au 16 août. Mais quelques recherches supplémentaires faites par The Atlantic montrent que le festival commence le 29 juin et se termine le 27 juillet. En fait, les dates mentionnées par SearchGPT sont celles de la fermeture de la billetterie. Il reste donc encore du chemin à parcourir pour OpenAI s’il veut proposer un outil de recherche crédible et sérieux. Car pour révolutionner les habitudes de recherche en ligne de millions de consommateurs, encore faut-il pouvoir assurer la fiabilité des informations proposées.L’autre grand défi pour OpenAI sera celui du financement. L’entreprise peut compter sur près de 200 millions d’utilisateurs chaque mois, mais ses coûts d’entraînement et d’inférence – liés à chaque réponse générée par le modèle – explosent. Selon le média The Information, ils auraient atteint 7 milliards de dollars cette année.Si SearchGPT est pour l’instant gratuit et sans publicités, OpenAI devra vite trouver de nouvelles recettes pour compenser ces coûts exorbitants et rester rentable à long terme.

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Publish date : 2024-07-26 16:13:46

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L’Express

JO 2024, nos dix articles à lire avant le coup d’envoi : Aya Nakamura, dopage, histoire secrète…

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« On est tous très impatients », frémissait Tony Estanguet sur les ondes de France Inter ce vendredi 26 juillet, au matin de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. Cela fait sept ans, depuis la désignation officielle à Lima, que le président du comité d’organisation des Jeux et ses équipes se préparent pour ce moment. »Les Jeux olympiques, c’est une fois par siècle qu’on les accueille », mesurait Emmanuel Macron lors de son allocution du 23 juillet, conscient de l’enjeu qui plane sur la réussite de l’événement. D’autant qu’il est organisé dans un contexte politique tendu, après la dissolution de l’Assemblée nationale, et d’une actualité internationale marquée par les conflits à Gaza et en Ukraine. Alors pour bien commencer ces JO made in France, L’Express vous propose dix articles incontournables, comme autant d’épreuves du décathlon, sur les coulisses d’une compétition planétaire.Avant la cérémonie d’ouverture, ces cinq menaces qui pèsent encore sur les JO de ParisLa cérémonie d’ouverture n’est pas le seul objectif de ceux qui veulent perturber les Jeux olympiques. 48 câbles brûlés dans cinq départements, 800 000 voyageurs concernés, le réseau TGV largement perturbé. Les incendies volontaires déclenchés dans la nuit de jeudi à ce vendredi sur le réseau SNCF marquent le début des hostilités contre les Jeux olympiques. Mais d’autres menaces majeures vont perdurer durant toute la compétition. L’Express en a identifié cinq.> Lire notre décryptageCérémonie d’ouverture, les secrets d’une idée folle : « Si vous n’en voulez pas, j’arrête de respirer »C’est le secret le mieux gardé de ces Jeux olympiques : la cérémonie d’ouverture et les détails de ce qui s’annonce être comme le plus grand show du siècle. Sa conception a pris cinq ans, presque jour pour jour. Pour la première fois dans l’histoire de l’olympisme, la grande fête qui marque le début officiel des épreuves va donc se dérouler hors d’un stade, sur un fleuve, la Seine, et au cœur même de la ville hôte. Un spectacle inédit… et sécurisé comme jamais.> Lire les coulissesAya Nakamura chantant Piaf : les exigences secrètes d’Emmanuel Macron pour les JO 2024Aya Nakamura n’est pas Gabriel Attal. Quand la chanteuse du tube Djadja traverse, en tailleur noir discret et en catimini, la cour de l’Elysée le 19 février dernier, imagine-t-elle qu’elle est sur le point de se soumettre à un interrogatoire conduit par le président de la République en personne ? Fasciné par les sportifs et par l’image que les Jeux olympiques pourraient renvoyer de la France et de sa présidence, le chef de l’Etat se fait tantôt directeur artistique, tantôt coach sportif. Quelles sont ses idées, ses envies, ses projets ? L’Express avait été le premier média à révéler la rencontre entre Emmanuel Macron et la chanteuse francophone la plus « streamée » du monde.> Lire notre enquêteJO de Paris 2024 : comment le Club France s’est retrouvé dans le rougeSur 40 000 mètres carrés, dont 15 000 en intérieur, auront lieu chaque jour en période olympique, des animations sportives, des performances artistiques et des retransmissions des épreuves sur écran géant. Le 27 juillet prochain, le Club France – une tradition depuis 1988 et les JO de Séoul – ouvrira ses portes au sein de la Grande Halle de la Villette, dans le 19e arrondissement de la capitale. Mais il pourrait afficher un déficit massif à la fin des épreuves olympiques et paralympiques. De quoi gâcher la fête.> Lire notre décryptageGrippe, dengue, Covid… Les JO de Paris, futur nid à épidémies ?Les grands événements sportifs ont jusqu’ici rarement été liés à des épidémies importantes. Mais les autorités se doivent d’anticiper tous les scénarios. Plus de 10 000 athlètes, 45 000 volontaires, 12 millions de spectateurs et 25 000 journalistes. Les chiffres sont connus, ils donnent le vertige. Avec une telle masse de visiteurs agglutinés le temps de deux petites semaines festives à Paris et en Ile-de-France, la question du risque sanitaire se pose durant les Jeux olympiques.> Lire notre décryptageParis 2024 pour raccommoder la société française ? La vérité sur le pouvoir « magique » des JOLe sport génère des émotions impérissables, parfois une fierté nationale. En février dernier, un conseiller de l’Elysée confiait à L’Express sur Emmanuel Macron et Paris 2024 : « Il veut faire de ces Jeux un moment unificateur, un antidote contre l’archipélisation ». Bigre ! Ambition monumentale et tellement nécessaire, que faire de ces seize jours une opportunité de réparer la société française, ressouder pour de bon ces bouts de pays éparpillés.> Lire notre analyseDavid Lappartient, le Français le plus puissant du sport mondial : ses ambitions, ses secretsSa rocambolesque implication dans l’évacuation de douze athlètes olympiques afghans pendant la chute de Kaboul illustre bien le personnage qu’est David Lappartient. Un homme au croisement de la diplomatie, de la politique et du sport qui n’aime rien tant que le clair-obscur. Le pouvoir sans la lumière. Tirer les ficelles, évidemment, sans jamais être condamné aux strapontins. Le président du Comité national olympique français a de multiples casquettes. Et une grande ambition.> Lire son portraitSebastian Coe : « La cérémonie d’ouverture des JO doit galvaniser et aussi provoquer »Ancien champion du 1 500 mètres – double médaillé olympique en 1980 et 1984 – le Britannique a été le grand artisan du succès des Jeux de Londres de 2012, auxquels ceux de Paris sont souvent comparés. Sebastian Coe, devenu lord sous Tony Blair, en 2000, dirige depuis 2015 la World Athletics, la fédération internationale d’athlétisme, la discipline reine des Jeux olympiques. Il livre ses conseils pour Paris 2024.> Lire notre entretienDopage : les JO de Paris 2024 peuvent-ils éviter le scandale ?Retour en arrière : Jeux olympiques de Londres, 2012. Neuf athlètes sont contrôlés positifs durant la compétition, un nombre relativement faible. Dix ans plus tard, en 2022, la réalité est tout autre : 73 violations aux règles antidopage ont été constatées après de nouvelles analyses sur 2 727 échantillons ; 31 médailles ont été retirées et 46 réattribuées. Certes, ces Jeux ont été frappés de plein fouet par le scandale du dopage étatique de la Russie, mais le constat est amer. Douze ans plus tard, les JO de Paris 2024 parviendront-ils à s’éviter une si mauvaise publicité ? Le Comité d’organisation (Cojop) et la communauté antidopage mondiale peaufinent depuis plusieurs années déjà leur arsenal.> Lire notre enquêteParis 2024, l’histoire secrète des Jeux : notre grande enquêteEmmanuel Macron a placé les Jeux olympiques au cœur de son quinquennat. « Le climax de son mandat », « un événement qui va placer le pays au centre du monde pendant deux mois », « les plus beaux Jeux de l’histoire », « un évènement digne de l’Exposition universelle de 1889 », fanfaronnent ses conseillers. A six mois de la cérémonie d’ouverture, L’Express a enquêté sur la genèse des JO de 2024 et jusqu’aux derniers points noirs de ce rendez-vous aux enjeux économiques et politiques majeurs.> Lire notre dossier

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Publish date : 2024-07-26 16:25:01

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L’Express

Kamala Harris promet de ne pas « rester silencieuse » sur Gaza après son entretien avec Netanyahou

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Benyamin Netanyahou poursuit sa tournée américaine. Il s’est entretenu jeudi 25 juillet avec le président américain Joe Biden, qui l’a appelé à « finaliser » un accord de cessez-le-feu, et avec la vice-présidente, Kamala Harris, probable candidate démocrate à l’élection présidentielle de novembre. Lors de cette rencontre « franche », l’ex-sénatrice se serait montrée plus ferme envers le Premier ministre israélien pour qu’il mette fin à la guerre à Gaza. Alors qu’Emmanuel Macron reçoit ce vendredi 26 juillet à Paris le président de l’Etat hébreu, Isaac Herzog, Benyamin Netanyahou sera reçu dans la journée par l’ancien président américain Donald Trump en Floride.Les infos à retenir⇒ Kamala Harris promet de ne pas « rester silencieuse » sur Gaza⇒ Benyamin Netanyahou rencontre Donald Trump ce vendredi⇒ Londres renonce à contester la demande de mandat d’arrêt contre Netanyahou à la CPILondres renonce à contester la demande de mandat d’arrêt contre Netanyahou à la CPIC’était une initiative de Rishi Sunak, mais Keir Starmer ne la poursuivra pas. Le nouveau gouvernement britannique a annoncé ce vendredi qu’il ne chercherait pas à contester la demande de mandat d’arrêt international contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou devant la Cour pénale internationale. « Il s’agissait d’une proposition du précédent gouvernement qui n’a pas été soumise avant l’élection, que je peux confirmer que le gouvernement ne reprendra pas, en ligne avec notre position de longue date qu’il revient à la justice de décider », a déclaré une porte-parole de Downing Street. Et de souligner l’importance de la séparation des pouvoirs et de l’Etat de droit.Le procureur de la CPI, Karim Khan, avait requis au mois de mai des mandats d’arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien et plusieurs dirigeants du Hamas pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité présumés dans la bande de Gaza et en Israël. Cette décision avait suscité la colère du gouvernement conservateur de l’époque, ainsi que de Joe Biden, qui accusait la CPI de faire une « équivalence entre Israël et le Hamas ».Israël condamne une experte de l’ONU comparant Netanyahou à HitlerIsraël a accusé ce vendredi d' »antisémitisme » Francesca Albanese, une experte indépendante de l’ONU ayant cautionné sur le réseau social X un message d’un ancien responsable onusien comparant Benyamin Netanyahou à Adolf Hitler. Craig Mokhiber, ex-responsable des Nations unies chargé des droits de l’homme, a partagé deux photos : une du dictateur nazi entouré d’une foule et une du dirigeant israélien entouré par des membres du Congrès américain lors de sa visite cette semaine. »L’Histoire nous surveille toujours », a écrit en légende celui qui a démissionné de l’ONU en octobre 2023 en dénonçant l’incapacité de l’organisation à arrêter le « génocide » des Palestiniens. Sur ce post, Francesca Albanase, rapporteure spéciale pour les territoires palestiniens, a publié le commentaire suivant : « C’est précisément ce que je pensais aujourd’hui ». Ces derniers mois, l’experte italienne a souvent été critiquée par les autorités israéliennes, notamment pour son utilisation du terme « génocide » pour qualifier la guerre à Gaza. Bien qu’elle soit seulement mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et qu’elle ne s’exprime pas au nom de l’organisation, plusieurs responsables israéliens ont réclamé son départ.Kamala Harris promet de ne pas « rester silencieuse » sur GazaCela pourrait être une inflexion notable dans la politique étrangère des Etats-Unis. Au terme d’une rencontre « franche », la vice-présidente américaine s’est montrée bien plus ferme que Joe Biden vis-à-vis de la guerre de Benyamin Netanyahou. « Ce qui s’est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur », a-t-elle déclaré, évoquant les « enfants morts » et les « personnes désespérées et affamées fuyant pour se mettre à l’abri ». Avant d’affirmer : « Nous ne pouvons pas détourner le regard de ces tragédies. Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir insensibles à la souffrance et je ne resterai pas silencieuse. »Depuis le 7 octobre 2023, la Maison-Blanche avait tendance à faire pression sur le Premier ministre israélien en privé, et pas aussi ouvertement. Mais Kamala Harris, qui cherche à rassembler un pays et un Parti démocrate très divisés sur la guerre à Gaza, a clairement appelé à un accord de cessez-le-feu. « Comme je viens de le dire au Premier ministre Netanyahou, il est temps de conclure cet accord », a-t-elle déclaré. La candidate démocrate est même allée plus loin en demandant la création d’un Etat palestinien, à laquelle s’oppose le dirigeant israélien.Le président Joe Biden, qui a également discuté avec Benyamin Netanyahou jeudi, s’est contenté de demander à son homologue de « finaliser » l’accord de cessez-le-feu pour permettre de « ramener les otages chez eux » et de « mettre durablement un terme à la guerre », selon un compte rendu de leur rencontre diffusé par la Maison-Blanche. Le Premier ministre de l’Etat hébreu a, quant à lui, salué le soutien de Joe Biden pendant sa longue carrière. « Je tiens à vous remercier pour ces 50 années de travail au service du public et de soutien à l’Etat d’Israël », a déclaré Benyamin Netanyahou. Et d’ajouter : « Je me réjouis de travailler avec vous dans les mois qui viennent. »Benyamin Netanyahou rencontre Donald Trump ce vendrediAprès un discours devant le Congrès et deux entretiens avec le couple exécutif, le Premier ministre israélien doit rencontrer l’ex-président Donald Trump, ce vendredi 26 juillet. Celui-ci l’accueille à son golf de West Palm Beach, en Floride. Les relations entre les deux hommes sont bien plus cordiales qu’avec le président démocrate. Mais Donald Trump a mis en garde Benyamin Netanyahou. Lors d’une interview sur Fox News, jeudi, il a incité Israël à « terminer » rapidement sa guerre à Gaza car son image mondiale était en train de se ternir. « Il faut en finir rapidement. Cela ne peut plus durer. C’est trop long », a-t-il déclaré.Malgré tout, Benyamin Netanyahou trouve chez Donald Trump un soutien encore plus inconditionnel que chez Joe Biden. En 2018, le républicain avait notamment transféré l’ambassade américaine en Israël de Tel Aviv à Jérusalem. « Les pays arabes […] ont compris que Netanyahou ne compte pas mettre fin à la guerre de sitôt. Il la prolongera probablement jusqu’au mois de novembre prochain, c’est-à-dire après les élections aux Etats-Unis, en espérant que le président Trump les remportera et offrira un soutien total à Israël dans toutes ses actions militaires », explique le géopolitologue israélien Yoni Ben Menahem à L’Express.Le monastère de Saint-Hilarion classé patrimoine en péril à GazaC’est un des joyaux de la Terre Sainte. Le monastère de Saint-Hilarion, dans la bande de Gaza, a été inscrit au patrimoine mondial en péril de l’Unesco du fait de la guerre entre Israël et le Hamas, a annoncé vendredi l’organisation onusienne. »Situés sur les dunes côtières de la municipalité de Nousseirat, les vestiges du monastère de Saint-Hilarion/Tell Umm Amer représentent l’un sites monastiques les plus anciens du Moyen-Orient, datant du IVe siècle », écrit l’Unesco sur son site internet. Détruit en l’an 614, ce monastère est dédié à Hilarion de Gaza, pionnier de la vie monastique en Palestine. Lazare Eloundou, directeur du Patrimoine mondial, a expliqué à l’AFP que « la demande est de la Palestine », pour qui « c’est le seul recours pour protéger le site contre une destruction dans le contexte actuel ».Un dirigeant du Hamas en Cisjordanie mort en détention en IsraëlMustafa Muhammad Abu Ara, 63 ans, est mort après avoir été transféré de sa prison du sud d’Israël vers un hôpital, selon le département chargé des prisonniers au sein de l’Autorité palestinienne et le Club des prisonniers, une ONG palestinienne de défense des détenus. Arrêté en octobre alors qu’il souffrait de problèmes de santé, ce responsable du Hamas en Cisjordanie aurait été victime de torture et de famine, selon cette même source. »Nous déplorons la mort du dirigeant et prisonnier Sheikh Mustafa Muhammad Abu Ara et tenons l’occupation pour responsable de son assassinat par le biais d’une négligence médicale délibérée », a écrit le Hamas dans un communiqué. L’armée israélienne n’a pas réagi pour le moment.

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Publish date : 2024-07-26 16:30:50

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L’Express

Sahara occidental : l’avertissement de l’Algérie à la France

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Les 25 et 26 février 2024, Stéphane Séjourné est à Rabat. Le ministre des Affaires étrangères français doit s’entretenir avec son homologue marocain, qui a de grandes attentes. Il espère que la France, à travers la voix de son chef de la diplomatie, effectue un pas en avant vers la reconnaissance du Sahara occidental, cette ancienne colonie espagnole que se disputent depuis plusieurs décennies le Maroc et le Front Polisario, un mouvement indépendantiste sahraoui et soutenu par l’Algérie.Mais la séquence douche les espoirs du royaume chérifien. « Maroc-France : une visite qui a fait pschitt », raille alors le magazine local TelQuel. Pourtant, devant la presse, Stéphane Séjourné promet de veiller « personnellement » à ce que « cette question existentielle pour le Maroc » avance. Des propos jugés timorés par les Marocains mais qui, quelques mois plus tard, n’ont toujours pas été digérés en Algérie. Ce jeudi 24 juillet, le gouvernement s’est en effet fendu d’un communiqué musclé à l’encontre de Paris.Une « décision » encore inconnue »Le Gouvernement algérien a pris connaissance avec un grand regret et une profonde désapprobation de la décision inattendue, inopportune et contre-productive du gouvernement français apportant un soutien sans équivoque et sans nuance au plan d’autonomie sur le Sahara Occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine », indique le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.A travers ce communiqué, le gouvernement algérien laisse entendre qu’Emmanuel Macron pourrait acter lors d’une visite au Maroc, en décembre prochain, l’évolution de la position française sur la question du Sahara occidental. Et peut-être même « d’apporter son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara ». C’est en tout cas ce qu’interprète le journal en ligne Hespress, qui titre : « La France appuie la marocanité du Sahara, Alger fulmine ». Sollicité par nos confrères de l’AFP, le Quai d’Orsay n’a pas répondu.Le véto marocain sur un référendum d’autodéterminationLa question du Sahara occidental est sensible et parasite les relations algéro-marocaines depuis plusieurs décennies. Dans son communiqué publié ce jeudi, Alger étrille notamment les « puissances coloniales, anciennes et nouvelles, (qui) savent se reconnaître, se comprendre et se rendre des mains secourables ». Une façon de s’en prendre à la fois à la France et ou Maroc, qui revendique sa souveraineté sur ce territoire que le royaume désigne comme ses « provinces du sud », devenu indépendant après la décision de la Cour internationale de justice de La Haye en 1975.Rabat contrôle près de 80 % de ce territoire. Le Front Polisario, réfugié dans les camps de Tindouf dans l’Ouest de l’Algérie, milite lui pour la tenue d’un référendum d’autodétermination afin d’aboutir à la création d’une « République arabe sahraouie démocratique » (RASD). En octobre dernier, une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU a acté la prorogation de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).Derrière la dimension symbolique, les intérêts économiquesEt si le Maroc était « dans un premier temps » favorable à l’organisation d’un « référendum d’autodétermination du peuple sahraoui », il en est « aujourd’hui à ne même plus vouloir en entendre parler », résume dans un compte rendu de commission les Nations unies. Au contraire, le royaume de Mohammed VI dispose d’un « plan d’autonomie pour le Sahara occidental », dans l’objectif de conserver une souveraineté sur le territoire indépendant.Parmi les principaux points de ce document, Rabat s’engage à garantir « à tous les Sahraouis, à l’intérieur comme à l’extérieur, leur pleine place et leur rôle, sans discrimination ni exclusion, dans les organes et institutions de la région ». Et promet par une autogestion démocratique des affaires du Sahara occidental, tout en conservant « ses pouvoirs souverains dans les dans les domaines régaliens, notamment la Défense, les relations extérieures et les pouvoirs constitutionnels et religieux ».Outre la dimension hautement symbolique, le Maroc s’accroche à une terre dont les sous-sols sont connus pour leurs richesses en phosphate. Les environs maritimes fournissent également au royaume d’importantes ressources halieutiques. Sans compter les étendues désertiques, qui lui permettent de développer une activité milliaire sur site. En 2021, le royaume avait notamment organisé le exercices conjoints African Lion piloté par les Etats-Unis dans le Sahara occidental.

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Author : Ambre Xerri

Publish date : 2024-07-26 17:19:25

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