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Laurence Nardon : « Les Etats-Unis souffrent du syndrome de la fatigue de l’Empire »

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Si les années 1990 ont marqué, avec l’éclatement de l’Union soviétique, le triomphe – peu modeste – des Etats-Unis et de l’ordre libéral occidental, la première puissance mondiale a été continuellement défiée depuis le début du millénaire. Par les attentats islamistes de 2001, la montée en puissance de la Chine, et désormais par l’agressivité de la Russie. Malgré les avancées chinoises et ses faiblesses internes, l’Amérique a cependant les moyens de conserver son leadership sur les plans économique, militaire, économique et technologique, estime Laurence Nardon, auteur de Géopolitique de la puissance américaine (ed. Presses universitaires de France). A condition toutefois qu’elle le veuille. « Le gros problème de l’Amérique, c’est qu’une partie d’elle-même partage les doutes du « Sud Global » sur sa légitimité à agir à l’international, tandis qu’une autre partie n’a tout simplement plus envie d’être le gendarme du monde », estime la chercheuse à l’Institut français des relations internationales.L’avenir du pays dépendra en grande partie du choix que feront les Américains lors de l’élection présidentielle du 5 novembre. Si les candidats ont annoncé les grandes lignes de leur programme en politique étrangère, l’incertitude demeure. Selon Laurence Nardon, que Donald Trump ou Kamala Harris accède à la Maison-Blanche, la tendance du pays semble être au repli sur lui-même. Pas de quoi rassurer les Ukrainiens…L’Express : A quelques semaines d’une élection déterminante, quelles directions peut prendre la politique étrangère américaine ?Laurence Nardon : Sur le papier, Donald Trump et Kamala Harris sont clairs sur ce qu’ils veulent faire en politique étrangère, notamment vis-à-vis de l’Europe. Mais en réalité, une bonne dose d’incertitude demeure. Si l’on se fie à son discours, Trump veut se retirer de l’Europe : prendre ses distances avec l’Otan et mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures (et donc à l’aide pour ce pays) en imposant une négociation entre les deux belligérants. C’est l’un des rares sujets sur lesquels il n’a jamais changé d’avis. Mais globalement, quand on regarde de plus près, on s’aperçoit que Trump n’entre absolument pas dans les détails de ses projets en matière de politique étrangère – il reste dans l’invective et la colère.De son côté, Kamala Harris a affirmé en août dernier, lors de la convention démocrate, qu’elle continuerait à soutenir l’Ukraine. En tant que femme, noire, et candidate depuis quelques semaines, elle était obligée de se montrer assez « virile », d’incarner une commandante en chef très dure – elle a également indiqué qu’elle ne laisserait pas la Chine gagner la bataille du XXIe siècle.Vous ne croyez pas à ces discours ?Il faut aussi prendre en compte les positions des conseillers et des appareils politiques, qui ne sont pas forcément sur la même ligne que les candidats. Ainsi, Phil Gordon, le conseiller pour les affaires de politique internationales de Kamala Harris, est un pragmatique prudent, très réticent aux interventions américaines à l’étranger, ce qui tranche avec le discours de la candidate démocrate.La réalité, c’est que les démocrates évoluent dans la même direction que les républicains, concernant l’Ukraine. Kamala Harris a promis un soutien sans faille, mais il n’est pas sûr qu’il soit aussi intensif que ce que demandent les Ukrainiens. Surtout, l’idée fait son chemin que les Ukrainiens, qui ne peuvent pas se passer de l’aide occidentale, ne pourront pas l’emporter sur les Russes. Si Phil Gordon est nommé à un poste important dans une administration Harris, il y aura sans doute à un moment une ouverture vers des négociations.Quant à Trump, il compte dans le camp républicain un certain nombre d’élus qui ont des points de vue différents du sien, comme notamment Lindsey Graham, le sénateur de Caroline du Sud, un républicain traditionnel, un peu « faucon », qui incarne ce courant très méfiant envers la Russie, en souvenir de l’ère communiste, mais aussi parce qu’il n’aime pas l’autoritarisme et les dérives de Poutine. Quoi qu’il en soit, si Trump est réélu, les Etats-Unis redeviendront sans doute l’acteur imprévisible et déstabilisant qu’ils ont été entre 2016 et 2020, tournant le dos à toute responsabilité internationale.Et sur les autres dossiers, prévoyez-vous des ruptures avec la politique étrangère de Joe Biden, si Kamala Harris est élue ?On ne sait pas très bien comment elle agirait. Prenons le conflit au Moyen-Orient. Par rapport à Joe Biden, elle a davantage mentionné les souffrances des Palestiniens, en Cisjordanie et à Gaza, car elle doit rassurer l’aile gauche de son parti sur son engagement à y mettre un terme. Mais quelle décision prendra-t-elle sur les livraisons d’armes à Israël ? Il est peu probable qu’elle renonce à en fournir à l’allié de toujours de l’Amérique. Sans doute poserait-elle plus de conditions de type humanitaire ?Concernant la Chine, elle ne connaît pas ce pays, où elle n’est jamais allée, tandis que son colistier, Tim Walz, y a été 30 fois. Mais qu’il s’agisse de Trump ou de Harris, aucun des deux ne cache son opposition à la Chine : ils semblent bien décidés à contrer la menace qu’elle représente sur les plans économique, technologique et géopolitique. A mon avis, Harris va rester dans l’ambiguïté stratégique par rapport à une intervention américaine en cas d’attaque sur Taïwan, ce qui est la position de Washington depuis 79, et celle de Trump – même si Joe Biden a affirmé plusieurs fois que les Etats-Unis interviendraient, avant que ses conseillers ne rétropédalent.Elle devrait néanmoins s’inscrire dans cette nouvelle période de la politique étrangère américaine, où la tendance est au repli sur soi. Le courant non interventionniste a le vent en poupe : beaucoup ne se sont pas remis des opérations en Irak et en Afghanistan. Contrairement à Biden, Harris n’est pas une enfant de la guerre froide. On peut penser qu’elle incarnera une Amérique qui veut certes être présente dans le monde, mais qui est quand même plus prudente et plus réticente à intervenir que l’administration Biden. En ce sens, elle s’inscrirait dans la continuité de Barack Obama et de Donald Trump.Va-t-elle reprendre le discours de l’administration Biden, qui a mis en scène la lutte des démocraties contre les autocraties ?C’est une vision du monde très manichéenne. Je pense que Harris sera plus prudente sur ce sujet et qu’elle n’en fera pas une ligne de force de sa politique étrangère. J’en veux pour preuve que, déjà, sa campagne a cessé d’utiliser cet argument en politique intérieure, alors que Biden agitait la menace du risque que la démocratie américaine n’explose si Trump est réélu. Il n’avait pas forcément tort, mais ce discours ne prenait pas. Kamala Harris en parle donc beaucoup moins. Au lieu de jouer sur les angoisses en cas de victoire de Trump, elle préfère crée un discours positif autour de sa propre victoire.Quelle influence peut avoir son colistier Tim Walz en matière de politique chinoise ? Le fait qu’il connaisse bien le régime chinois et son bilan en matière de droits de l’Homme.Nombre de ses visites étaient des voyages d’affaires : il allait vendre les productions du Minnesota en Chine. Donc il pouvait difficilement être critique sur les droits de l’Homme. Mais il connaît bien le régime et ce sera nécessairement une bonne chose. Cela peut permettre de mettre de l’huile dans les rouages, alors que les tensions entre les deux pays ont atteint des sommets ces dernières années, notamment après l’histoire des ballons chinois « espions ». D’ailleurs, depuis un an au moins, il y a des tentatives des deux côtés pour renouer le contact.Avec la montée en puissance de la Chine, l’agressivité de la Russie, et l’impuissance des Etats-Unis à mettre fin au conflit au Moyen-Orient, la superpuissance américaine est-elle menacée, à la veille de l’élection présidentielle ?Les Etats-Unis restent sans aucun doute LA superpuissance mondiale. Sur le plan militaire, ils sont toujours les premiers, loin devant Pékin, tant en matière budgétaire (842 milliards de dollars pour 2024, contre 292 milliards en 2022 pour la Chine) que technologique. Leurs troupes sont déployées dans de nombreuses bases sur la planète, et très bien entraînées, contrairement à la Chine qui n’a pour l’heure installé qu’une seule base à l’étranger, et n’a aucune expérience récente de la guerre (la dernière remontant à 1979, avec le Vietnam). Seul bémol, l’armée américaine connaît quelques problèmes de recrutement.Sur le plan économique aussi, les Etats-Unis mènent la course. Leur PIB reste le plus important du globe et, alors que nombre d’observateurs évoquaient ces dernières années le moment où la Chine leur passerait devant, cette perspective semble s’éloigner, du fait des difficultés économiques du géant asiatique.L’écart technologique reste aussi conséquent. Certes, si on regarde le nombre de brevets déposés par an, la Chine est leader, mais l’avance technologique ne se limite pas au nombre de brevets. Il faut aussi prendre en compte tout l’écosystème financier qui permet à une start-up de se créer et de prospérer.Et en matière de soft power, les Etats-Unis font-ils toujours autant rêver ?Je suis très frappée de voir à quel point nos enfants et nos adolescents vivent dans un univers mental anglo-saxon. Via les plateformes de streaming, YouTube ou les réseaux sociaux, ils sont en permanence soumis à des contenus de cette origine. L’influence culturelle américaine est toujours absolument massive. Elle se manifeste par le cinéma, la musique, mais aussi par sa capacité à orienter les débats de société dans le reste du monde – sur les questions de genre et de race, par exemple.Le soft power comporte toutefois une autre dimension : le prestige moral. Or cette autorité morale a été très abîmée par l’intervention en Irak en 2003 ou l’invasion du capitole en janvier a 2021, qui a écorné l’image de la démocratie américaine. Indéniablement, les dernières décennies ont vu une perte de crédibilité de la puissance américaine dans le « Sud Global ». C’est la face plus sombre du soft power américain.Vous mentionnez aussi dans votre livre la puissance juridique des Etats-Unis…C’est un atout majeur. La prééminence du dollar leur permet de sanctionner des entreprises dans le monde entier selon leurs critères, y compris en Europe. De fait, un juge américain peut condamner des acteurs qui ne sont pas américains à partir du moment où ils utilisent le dollar. Cette capacité à décider des sanctions ou à interdire les exportations de technologies stratégiques, notamment vers la Chine, est un instrument de puissance majeur aujourd’hui.En résumé, les Etats-Unis ont tous les instruments d’une superpuissance : économiques, technologiques, militaires, juridico financiers, et culturels. Même si c’est un peu plus nuancé s’agissant du soft power.Pourtant, la question du déclin de l’empire américain revient régulièrement dans le débat…Les Etats-Unis sont une grande puissance, mais en même temps, c’est un pays qui connaît des difficultés sociales extrêmement lourdes (le problème de la drogue, et notamment du Fentanyl ; l’endettement des étudiants en raison du coût des universités, la violence et les tueries de masse…). Depuis 2016, tous les présidents ont essayé de résoudre cette contradiction, en mettant au centre du débat le fait que la croissance devait bénéficier aux classes moyennes. L’idée s’est imposée que la mondialisation a fait beaucoup de mal à cette catégorie et qu’il faut en sortir. C’est une tendance qui va continuer après les élections de cette année, quel que soit le ou la vainqueur(e).Au-delà des faits, l’avenir de la position des Etats-Unis dans le monde relève presque de la psychologie. Le gros problème de l’Amérique, c’est qu’une partie d’elle-même partage les doutes du « Sud Global » sur sa légitimité à agir à l’international, tandis qu’une autre partie n’a tout simplement plus envie d’être le gendarme du monde. Les Etats-Unis ont les moyens de rester une superpuissance, toute la question est de savoir s’ils le veulent encore.Les Etats-Unis ont-ils les moyens de contrer la montée en puissance de la Chine ?Oui. Et pas seulement du fait de leur domination économique, technologique ou militaire. Le moyen le plus efficace déployé par Washington aujourd’hui, c’est le contrôle de ses exportations de produits stratégiques vers Pékin. Trump les avait renforcés. Biden est allé encore plus loin dans ce domaine, y compris en entravant les investissements entre les deux pays dans les secteurs stratégiques. Les Etats-Unis ont une attitude très coercitive. Tout cela risque de compliquer le développement économique et technologique de la Chine.Plus globalement, on ne dira jamais assez à quel point Biden, malgré ses signes de vieillissement, aura été un président transformationnel, beaucoup plus qu’Obama, beaucoup trop prudent et velléitaire. Biden a vraiment changé la face de l’Amérique, en actant notamment la fin du néolibéralisme reaganien. Biden a tiré les conséquences de la victoire de Trump en 2016. Il a compris qu’il fallait réduire les inégalités pour calmer la colère de la population. Il a remis en route une politique volontariste dans le pays, en réactivant le rôle de l’Etat fédéral et en incorporant un volet protectionniste antichinois.Les Etats-Unis ont-ils réagi trop tard à la montée en puissance chinoise ? Certains parlent d’une décennie perdue…La prise de conscience du fait que la Chine devient menaçante, qu’elle ne respecte pas les règles de l’OMC – alors qu’elle bénéficie d’exemptions – et qu’elle fait du tort aux classes moyennes des pays développés, est venue assez rapidement après la crise de 2008. C’est de cette époque que date le « pivot vers l’Asie » annoncé sous Obama, une politique qui visait à endiguer la puissance chinoise. Mais elle n’a pas été vraiment mise en place parce que très rapidement, il y a eu les printemps arabes et l’annexion de la Crimée, puis plus récemment la guerre en Ukraine et le conflit au Moyen-Orient.Jusqu’à présent, les États-Unis n’ont donc pas réussi à se redéployer complètement dans ce qu’ils appellent maintenant la région Indopacifique. Obama n’avait pas été assez efficace. Mais ensuite, Trump est arrivé avec une rhétorique très antichinoise. Biden a accentué cette tendance, au point que la Chine est désormais qualifiée dans les textes officiels de « défi structurant ». Avec lui, on est entré dans une troisième phase, avec cette politique de contrôle des exportations. Et en même temps, on voit bien que les Etats-Unis se sont fait peur, avec cette hostilité croissante. D’où ces tentatives de réconciliation souterraines ces dernières années. Est-ce que cela veut dire arrêter d’être hostiles, non. Mais l’objectif est de réussir à gérer cette hostilité officielle, pour éviter que les choses dérapent.Vous semble-t-il inéluctable que la Chine parvienne un jour à bouter les Etats-Unis hors de leur région ?La Chine essaye de renforcer sa présence en mer de Chine du Sud. Mais elle est confrontée à plusieurs obstacles : d’une part, son ralentissement économique. Et d’autre part, mis à part la Corée du Nord, elle manque d’alliés officiels pour établir un pôle de pouvoir régional, contrairement aux Etats-Unis. Quant à la puissance militaire chinoise, il faut aussi la relativiser. Certes, ils mettent beaucoup de nouveaux navires à l’eau chaque année, mais ils partent de loin, avec de nombreux modèles qui datent de l’époque soviétique. Surtout, ils n’ont pas eu d’expérience de la guerre depuis 1979.C’est la faiblesse chinoise. La faiblesse américaine, c’est la question de savoir s’ils vont vouloir continuer à se déployer dans la région. Les Etats-Unis souffrent du syndrome de la « fatigue de l’Empire ». Beaucoup va dépendre de l’attitude et des choix américains. S’ils se retirent, le monde pourrait être partagé en plusieurs zones d’influence. Mais ils peuvent aussi décider de rester une puissance active en Asie Pacifique. Peut-être en faisant plus participer financièrement leurs nombreux alliés dans la région.Face à la Chine, les Américains n’ont-ils pas d’autre choix que d’accroître leurs dépenses militaires, comme le demande l’influent analyste républicain Elbridge Colby ?C’est en effet une petite musique que l’on entend beaucoup. Mais il est aussi probable, que les Etats-Unis et la Chine finissent par discuter ensemble d’accords de limitation des armements. Pour l’instant, ils n’y arrivent pas. Par le passé, les diplomates américains avaient une énorme expérience des débats et des discussions avec les Soviétiques. Ils se connaissaient. Mais les Chinois sont totalement novices sur ces sujets. Et les diplomates américains ne savent pas comment se mettre autour d’une table avec eux pour se mettre d’accord sur un nombre maximum d’avions ou de missiles. D’autant que les Chinois ne reconnaissent pas officiellement, par exemple, leur développement d’armes nucléaires, pourtant bien connu des services secrets occidentaux.

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Author : Cyrille Pluyette

Publish date : 2024-09-22 08:30:00

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Nouveau gouvernement : « L’Outre-mer est écrabouillé entre Bercy et le Conseil d’Etat »

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Loin des yeux, loin du cœur ? Dans la nuit du 18 au 19 septembre, deux personnes sont mortes en Nouvelle-Calédonie, dans des affrontements avec les forces de l’ordre. De l’autre côté de l’Atlantique, un couvre-feu a été instauré après des émeutes contre la vie chère en Martinique. Mayotte continue de s’enfoncer dans la crise. Du Pacifique aux Antilles, en passant par l’océan Indien, les territoires ultramarins français enchaînent les difficultés, dans l’impuissance de la classe politique française. Les yeux rivés sur Matignon, rares sont ceux qui, à Paris, alertent sur une situation de plus en plus difficile.Le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, a bien envoyé une lettre au sénateur calédonien Georges Naturel ce 18 septembre, assurant qu’il « mesurait la gravité de la situation actuelle et des enjeux ». Sept unités de forces mobiles supplémentaires devraient s’ajouter aux 34 déjà présentes d’ici au 24 septembre, d’après une information de L’Opinion. Face à des forces politiques locales divisées, la sortie de crise peine à se dessiner. En Martinique, difficile de ne pas voir dans les protestations actuelles contre la vie chère les mêmes germes que ceux ayant provoqué les mobilisations de 2009 sur le territoire et en Guadeloupe. Comme si, depuis plus de quinze ans, rien n’avait changé. Entretien avec le haut fonctionnaire Jean-Jacques Brot, ancien préfet de Mayotte, de Guadeloupe, et haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie.Une crise à Mayotte, une autre en Nouvelle-Calédonie, désormais des mobilisations en Martinique… Comment expliquez-vous cette multiplication des « points chauds » dans les Outre-mer ?Cela fait plusieurs années que nos compatriotes ultramarins et ceux qui comprennent l’importance de l’Outre-mer perçoivent différentes causes à cette situation. D’abord, il y a la fragilité intrinsèque des économies et des sociétés dans leur extrême diversité – nous parlons après tout de 12 départements et collectivités d’Outre-mer. Une fragilité incontestable en dépit de la départementalisation de cinq de ses territoires, y compris, plus récemment, de Mayotte.Deuxièmement, il y a une tension presque idéologique entre les dirigeants politiques ou technocratiques qui, à Bruxelles ou à Paris, considèrent que les Outre-mer sont dépassés et sont uniquement des lignes budgétaires déficitaires. Ce poids d’une vision utilitariste et financière pèse de plus en plus dans l’esprit des décideurs publics français. D’autant plus que ceux-ci connaissent de moins en moins l’histoire de France – et donc des Outre-mer dans leur diversité.Comment expliquez-vous cette méconnaissance au sein des élites ?La suspension du service militaire par Jacques Chirac a accru cette situation. Toutes les classes d’âge, depuis lors, n’ont pas bénéficié du brassage relatif, qui avait beaucoup d’imperfections mais qui, au moins, permettait aux Ultramarins, métropolitains et aux Français de l’étranger de se connaître un peu.Ajoutons à cela le renouvellement des générations politiques, aussi bien dans les médias, à l’université, dans la fonction publique, à l’Hémicycle… Dans ces différents groupes, des gens méconnaissent les réalités françaises dans leur diversité. Ils ne comprennent pas qu’on ne peut pas d’un côté évoquer la grandeur de la France, l’exception culturelle, la splendeur des résultats aux Jeux olympiques, si, d’un autre côté, on n’envisage pas la France dans toute sa somme. Y compris des portions qui sont françaises depuis Louis XIV – ou plus récemment.Ces raisons font qu’il y a une désaffection objective et un ressenti d’abandon de la part de nos compatriotes ultramarins, qui s’est accru ces dernières années. En deux ans, il y a eu quatre titulaires du poste des Outre-mer ! Le portefeuille apparaît comme quelque chose de résiduel, qui n’entre pas dans la continuité d’une vision politique stratégique globale pour l’ensemble des Français, qu’ils soient à l’étranger, en Outre-mer ou dans la partie européenne du territoire.N’avons-nous donc plus de fonctionnaires et de politiques encore intéressés par les Outre-mer ?Il existe des fonctionnaires civils et militaires – en nombre beaucoup plus limité que ces dernières années, mais il en reste – qui, loin de vouloir décider eux-mêmes, sont capables d’analyser, dans la durée, la gravité des situations. Il y a un gisement dans le cas de la rue Oudinot, aux Outre-mer – donc à Beauvau -, au ministère des Armées, au moins chez quelques diplomates. Notre actuel ambassadeur au Vanuatu, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, est un excellent connaisseur de l’Indo-Pacifique, mais aussi des réalités locales. Nous ne sommes certes plus au temps de la France d’outre-mer, ou du gaullisme, et du chiraquisme, où il y avait beaucoup de fonctionnaires et de politiques qui connaissaient personnellement, charnellement ces territoires. Mais il reste des capacités d’expertise, de conseil et de passion pour le sujet. Soulignons qu’il y a tout de même 2,7 millions de nos compatriotes qui vivent en outre-mer. Ce n’est tout de même pas une chose à traiter à la sauvette ! Or il semble à beaucoup d’observateurs que, depuis quelques années, ce sont des réalités graves qui sont sous-estimées et donc traitées par à-coups, lors de crise, sans vision à long et moyen termes.Prenons l’exemple d’une personnalité comme Jean Montpezat, qui fut longtemps un des directeurs des Outre-mer, directeur des affaires politiques. Par sa connaissance personnelle, ancrée dans son histoire professionnelle de quarante ans, il est encore capable de rappeler les conditions de tel voyage du général de Gaulle en Nouvelle-Calédonie, de telle décision concernant les Comores ou les Antilles. Il est à la retraite mais est tout à fait accessible. Il habite à Paris, on peut le voir quand on veut, et c’est une mémoire vivante. Il y a encore en activité dans le monde, dans la fonction publique, le monde universitaire, une génération capable de fournir des arguments impartiaux et documentés. Mais il faut pour cela que le politique prenne son temps et ne considère pas l’Outre-mer comme une sorte de gadget accessoire.La méconnaissance ou le désintérêt sont-ils les seules explications de cette multiplication des crises ?Le poids des contraintes budgétaires européennes et l’omnipotence de Bercy au sein des décisions interministérielles françaises ont eu un impact considérable. Selon moi, ces évolutions font que les intérêts nationaux historiques de la France et de nos compatriotes ultramarins ne sont pas défendus avec assez de vigueur. Il y a aussi un poids idéologique de la construction européenne qui n’est pas favorable – en dépit des programmes financés et budgétés, et dont la sous-utilisation est dramatique. L’autre problème, c’est la capacité ou non de l’Etat en France, actuellement, à mettre en œuvre des politiques publiques. Voilà d’ailleurs un autre élément d’explication de la situation : le démantèlement de l’Etat et des services publics. Cela est évidemment sensible en métropole, mais est encore plus dramatique – je pèse mes mots – en Outre-mer.L’Etat y tentait traditionnellement de jouer le rôle d’impartialité, de contrôle, de soutien social, économique, humain. Or, là aussi, avec les vagues de construction européenne qui ont transféré à Bruxelles une grande partie de l’autonomie budgétaire et financière française, la situation s’est dégradée. A cela, il faut également considérer le poids de la décentralisation depuis Mitterrand, auquel s’ajoute l’attitude du président Sarkozy concernant les questions locales, qui a manifesté une hostilité militante à l’égard de l’Etat traditionnel organisé sur un plan départemental. Cela s’est fait au détriment de services publics de proximité, en faveur de tentatives de substitution qui n’ont absolument pas abouti et cela s’est ressenti partout – encore plus en Outre-mer.En Martinique, la crise de la vie chère actuelle évoque les mobilisations de 2009 sur le sujet. Faisons-nous du surplace ?Cette crise démontre un manque total de continuité du côté de l’Etat, de volontarisme, d’idées. Surtout, il faut bien le dire, une priorité toujours plus folle est donnée aux réponses juridiques et institutionnelles, que ce soit en Martinique, en Guyane ou en Nouvelle-Calédonie aujourd’hui. C’est tellement plus simple de faire des congrès, des colloques, des spéculations sur l’organisation institutionnelle du département ou de la région ou du territoire ! C’est une manie qui méconnaît la réalité pragmatique qui touche nos concitoyens. Tout cela se cumule. Je reviens sur cette question de la politique « par à-coups ». C’est absolument désastreux et navrant. A chaque fois qu’il y a un nouveau cabinet ou un nouveau ministre, on recommence tout pour expliquer une nouvelle fois le b.a.-ba. Comment voulez-vous que l’on s’en sorte ? Comment voulez-vous que nos compatriotes qui vivent au quotidien à la limite de la survie – au point de vue de la santé, de la sécurité, de l’économie, du social – puissent ne pas être exaspérés et démoralisés ?Vous ne pensez donc pas que le statut institutionnel des Outre-mer est une des raisons de leur crise ?Ce genre d’approches me navre. Tenons compte des réalités institutionnelles actuelles, et que l’Etat fasse son travail de solidarité nationale. Après, nous verrons. Céder à la permanente revendication de certains élus locaux – où qu’ils soient – qui ont les yeux rivés sur les prochaines élections locales – y compris provinciales en Nouvelle-Calédonie. C’est, à chaque fois, revenir à un débat électoral et politicien alors qu’on a besoin d’une vision stratégique, adaptée à chaque territoire, cohérente en interministériel. C’est pourquoi j’en reviens à la question de la place de la rue Oudinot dans l’édifice ministériel. C’est bien d’être un ministère délégué, ce serait mieux d’être un ministère de plein exercice, car toute la question est : quel est le poids que votre représentant a dans les réunions interministérielles à Matignon ? Si, comme c’était le cas jusqu’à maintenant, c’est un sympathique membre de cabinet qui doit tout et devra tout au ministre de l’Intérieur, et dont le patron ou patronne n’a qu’une faible existence politique, comment voulez-vous que les arbitrages soient rendus avec cohérence, envisagée dans la durée ? A chaque fois, le représentant de l’Outre-mer est écrabouillé entre Bercy et le Conseil d’Etat.Mayotte, où vous avez été préfet, s’enfonce également dans la crise, cette fois pour des raisons démographiques et migratoires.Mayotte est l’exemple le plus extravagant d’une divergence constante depuis 1976 entre la politique étrangère de la France et les intérêts de ce qui est désormais le département de Mayotte. Nous n’arrivons pas, ne serait-ce que sur le point dramatique de la submersion démographique par les immigrants clandestins comoriens, à avoir une politique française cohérente. Les efforts de M. Darmanin ont été ce qu’ils ont été, mais n’ont été ni précédés ni accompagnés d’une politique diplomatique d’envergure avec la République des Comores.On ne peut pas faire comme si les trois autres îles n’existaient pas. Les Comoriens, qui ont souhaité l’indépendance, veulent à la fois profiter du département de Mayotte et de la nationalité française ! On ne peut pas avoir le goût de l’indépendance et la sécurité sociale française. J’ai été préfet de Mayotte pendant deux ans et demi et même si je n’y suis plus en poste, sa problématique n’a pas bougé d’un iota avec la départementalisation sous Nicolas Sarkozy. Au contraire, cela s’est aggravé. L’Etat n’a jamais mis les moyens pour accompagner la départementalisation, comme un rapport de la Cour des comptes de 2016 l’a remarquablement établi.François-Noël Buffet, sénateur (LR) du Rhône, vient d’être nommé au poste de ministre délégué chargé des Outre-mer dans le gouvernement Barnier. Qu’en pensez-vous ?C’est une très bonne nouvelle pour les Ultramarins et ceux qui se sentent impliqués par le sujet. M. Buffet est un très bon analyste, connaisseur et professionnel. Il a une implantation politique dans le Rhône particulièrement appuyée. Il est président de la commission des Lois au Sénat, ce qui est considérable. Le fait que ce soit un sénateur est un point extrêmement important : Gérard Larcher, le président du Sénat, est le meilleur connaisseur français de tout l’Outre-mer. Depuis sa première élection au Sénat en 1986, c’est la seule personne que je connaisse qui a une telle connaissance intime et une vision des Outre-mer.

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Source link : https://www.lexpress.fr/societe/nouveau-gouvernement-loutre-mer-est-ecrabouille-entre-bercy-et-le-conseil-detat-RWBXLGOFU5G6VDETG2V37SWWAU/

Author : Alexandra Saviana

Publish date : 2024-09-22 08:45:00

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Education : ces recettes miracles du Portugal dont la France ferait bien de s’inspirer

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Un véritable choc ! Lorsque les résultats de la première édition Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) tombent, en 2000, le Portugal découvre avec stupeur qu’il se trouve tout en bas du tableau aussi bien en lecture, qu’en sciences et en mathématiques. Cette grande enquête internationale, dont la vocation est de mesurer tous les trois ans les performances des élèves de 15 ans dans plus de 80 pays, va engendrer une véritable prise de conscience. Un vaste plan d’action est mis en place. Quinze ans plus tard, les élèves portugais réussiront à atteindre la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en mathématiques et même à la dépasser significativement en lecture et en sciences. Le taux de décrocheurs, ces élèves qui abandonnent l’école, était de 39,3 % en 2012, il tombe alors à 13,6 %. Le pays, focalisé sur la lutte contre les inégalités, a surtout relevé le défi de faire progresser tout le monde, aussi bien les élèves en difficulté que les plus performants. « Le Portugal est la plus grande success story de l’Europe concernant Pisa », résumait Andreas Schleicher, directeur de l’éducation et des compétences de l’OCDE en 2017.Même si, depuis 2018, ses résultats tendent à stagner, le Portugal reste souvent cité en exemple. En France, notamment, bon nombre de spécialistes de l’éducation et d’économistes scrutent les méthodes mises en place chez nos voisins ibériques : refonte des programmes scolaires, instauration d’évaluations nationales ambitieuses, réforme de la formation des enseignants, autonomie des établissements… Autant de bonnes recettes qui semblent avoir fait leurs preuves. « On sait désormais qu’il n’y a pas de fatalité en éducation et que remonter la pente est tout à fait possible », salue Eric Charbonnier, analyste à l’OCDE. La grande force du Portugal ? Avoir réussi à se fixer des objectifs clairs et à bâtir un plan sur le long terme. « Durant cette période, pas moins de sept ministres de l’Education, issus de trois partis politiques différents, se sont succédé. Même si les débats ont été parfois houleux, nous avons réussi à avancer dans la même direction sans perdre de vue le cap qui avait été fixé », confie Nuno Crato, professeur de mathématiques et ministre de l’Education entre 2011 et 2015.Le Portugal partait de loin puisque au début des années 1970, 18 % de la population portugaise était illettrée et moins de 5 % des jeunes allaient au bout de leurs études secondaires. Petit à petit, le pays va remonter la pente en portant notamment la durée d’instruction de huit à douze années, mais cette massification scolaire n’est pas allée de pair avec une amélioration des performances. Jusqu’au tournant de l’année 2000 où l’accent a été mis sur les programmes : leurs contenus ont été repensés et sont devenus à la fois plus ambitieux, plus progressifs et plus précis sur les buts à atteindre. « Les enseignants savaient qu’ils devaient mettre l’accent sur la fluence [NDLR : fluidité dans le jargon éducatif] en lecture. Mais les objectifs de vitesse variaient d’un professeur à un autre. Nous y avons remédié en donnant des consignes claires », précise Nuno Crato. L’attention s’est surtout portée sur les enseignements fondamentaux comme les mathématiques et le portugais. « Si le nombre d’heures consacrées à ces matières a augmenté, ce n’est pas forcément ce facteur-là qui a fait la différence mais bien l’amélioration de la qualité de l’enseignement », précise Eric Charbonnier. »Culture de l’évaluation »En France, la commission des Finances du Sénat, dans le cadre d’un rapport sur les conditions de travail des enseignants en Europe remis en juin 2022, vantait également un « dispositif intéressant » mis en place par le Portugal : la création de « cités scolaires » regroupant des établissements de niveaux différents, allant de la maternelle au secondaire, sous une direction centralisée. De quoi favoriser la transition entre les différentes classes, la collaboration des professeurs ou encore la poursuite d’options tout au long de la scolarité. Cette réforme s’est accompagnée d’une réorganisation territoriale. « L’Etat a fermé des écoles isolées dont l’état du bâti ou les taux de réussite étaient inférieurs aux moyennes nationales. Les élèves concernés ont été transférés dans des écoles plus grandes, souvent nouvellement construites », détaille le rapporteur Gérard Longuet, ex-sénateur LR. Ce qui a également permis de limiter les coûts de structure en mutualisant certaines ressources humaines et matérielles. Preuve que les résultats ne sont pas toujours corrélés au budget consacré à l’éducation : en 2002, les dépenses représentaient 5,1 % du PIB contre 3,9 % en 2012, en pleine crise économique.La clé du succès réside surtout dans la mise en place de tests, aussi nombreux qu’exigeants, à différents niveaux de la scolarité des élèves. Un vrai chamboulement pour le Portugal, qui paradoxalement s’est longtemps montré hermétique aux comparaisons internationales. En 1995, soit quelques années avant le choc de la première édition de Pisa, le pays obtient déjà des résultats très médiocres dans l’enquête Timss qui sonde les compétences des élèves de 4e et de 8e années (équivalent du CM1 et de la quatrième pour la France). Même si officiellement, les décideurs politiques portugais remettent en cause la méthodologie de l’enquête, une prise de conscience commence alors à émerger. Au fil des années, une véritable « culture de l’évaluation » finit par s’instaurer. « La crainte de certains était que ces réformes engendrent une augmentation du nombre de redoublements. Ce qui n’a pas été le cas, bien au contraire puisque cette statistique-là est en baisse », se félicite Nuno Crato. Et le scientifique d’insister sur l’importance de s’attacher à la « progression » des élèves plutôt que de se focaliser uniquement sur leur niveau.Améliorer les résultats des plus faibles tout en faisant encore progresser les meilleurs : le Portugal aura réussi, durant cette décennie, à lutter contre les inégalités scolaires et sociales grâce à une batterie de mesures. Comme la mise en place de groupes de soutien après les cours, d’une aide financière aux élèves issus de familles à faibles revenus, la facilitation de l’accès à Internet et aux ordinateurs, l’introduction de modules de formation pour aider les enseignants à mieux repérer les difficultés rencontrées par certains enfants… A noter que, contrairement à la France, le Portugal valorise l’engagement des enseignants en matière de formation continue sur le plan salarial. Le taux de rémunération des professeurs fait d’ailleurs partie des plus élevés d’Europe. Et, à l’inverse de la France, ceux qui exercent dans les petites classes gagnent davantage que leurs homologues de l’enseignement supérieur. « Ce qui ne veut pas dire qu’ils s’en satisfont. Et comme dans de nombreux pays, beaucoup estiment que leur métier devient de plus en plus difficile à exercer », relativise Eric Charbonnier.Une plus grande autonomie des établissementsAu-delà des élèves, les établissements scolaires portugais sont aussi régulièrement évalués. En 2019, la France est l’un des derniers pays européens à s’être doté à son tour d’un Conseil d’évaluation de l’école calqué sur le même modèle. Elle regarde également de près l’un des autres principaux facteurs de réussite du système portugais : une plus grande autonomie des établissements. Là-bas, les chefs d’établissement, chargés de bâtir un projet pédagogique spécifique, ne sont pas nommés mais élus par une assemblée générale constituée de représentants d’enseignants, de parents, d’élèves et d’acteurs locaux. Un mode d’organisation qui va dans le bon sens selon Philippe Aghion, professeur au Collège de France, à l’Insead et à la London School of Economics. « En France, on se heurte toujours à une certaine réticence, sans doute parce que l’on a trop tendance à associer autonomie des établissements et privatisation », explique l’économiste. « Il est vrai qu’il est important de veiller à ne pas instaurer une mauvaise concurrence entre établissements, à ne pas favoriser les familles les plus informées par rapport aux autres au risque d’accroître les inégalités », précise-t-il.La relative stagnation, voire la baisse des performances des élèves portugais aussi bien en lecture, qu’en mathématiques et en sciences au classement Pisa depuis 2018 vient toutefois assombrir un peu le tableau. « Après 2016, on a lâché sur certains grands principes en diminuant le nombre de tests d’évaluation, en baissant le niveau d’exigence et en lâchant du lest sur le contrôle des résultats obtenus par les établissements », regrette Nuno Crato, pour qui il aurait fallu au contraire maintenir le cap fixé. L’ancien ministre vient de rejoindre le Conseil scientifique de l’éducation nationale française. Une spécificité bien française cette fois, dont les autres pays pourraient bien s’inspirer selon Nuno Crato qui insiste : « L’éducation ne peut s’améliorer qu’en abandonnant le dogmatisme, l’idéologie et en respectant les données probantes, l’expérience et la science moderne. »

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Author : Amandine Hirou

Publish date : 2024-09-22 17:00:00

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L’Express

Didier Migaud garde des Sceaux, la « fausse prise » de gauche : « Comment imagine-t-il influer… »

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Est-ce le prix de l’audace ? L’ordre protocolaire des membres du gouvernement est avant tout un choix discrétionnaire du président de la République et du Premier ministre. Et une donnée symbolique non négligeable. Il n’y a donc rien d’anodin à ce que le nom de Didier Migaud, nouveau garde des Sceaux, émane en deuxième position, le premier des 39 ministres annoncés par Alexis Kohler samedi soir à l’Elysée. Son prédécesseur à la Chancellerie, Eric Dupond-Moretti, pointait, lui, à la huitième place. « C’est un message entre les lignes », sourit un conseiller ministériel.La Justice sera donc le ministère régalien le plus important de l’architecture gouvernementale ? Le symbole sonne désormais comme une reconnaissance, pour l’unique personnalité issue de la gauche ayant accepté de rejoindre l’équipe droitière de Michel Barnier. Comme un totem, il revêt également des allures de paravent, alors que l’exécutif bicéphale planchait sur l’avènement d’un gouvernement d’union nationale.Au gré de laborieuses tractations, Michel Barnier a finalement échoué à élargir à gauche. Sans surprise, les quatre formations du Nouveau Front populaire avaient opposé une fin de non-recevoir à une éventuelle participation au gouvernement. Matignon s’était finalement tourné, notamment, vers d’anciennes gloires socialistes, sans succès à nouveau. Certains avaient clairement fait valoir leur refus, à l’instar du maire rose du Mans, Stéphane Le Foll, ou de l’ancien ministre de l’Economie sous François Hollande, Arnaud Montebourg. D’autres, comme Karima Delli, ancienne eurodéputée EELV et ex-présidente de la commission des transports et du tourisme au Parlement européen, également sondée par la rue de Varennes, a fait le choix du silence. Ces derniers jours, l’ancien président de la Cour des Comptes et de la HATVP était, lui aussi, resté discret, sans rien cacher de ses ambitions à ses amis de gauche, alors que son nom commençait à circuler pour la Chancellerie. A une députée rose et amie, inquiète de la rumeur, il textote, laconique : « A un moment, il faut aussi que certains se décident à aller servir dans l’intérêt général. » View this post on Instagram A post shared by L’Express (@lexpressfr)Poussé à Matignon par Yaël Braun-PivetEn août dernier, en tête à tête avec le président de la République, Yaël Braun-Pivet plaide la cause de Didier Migaud… pour Matignon. L’Elysée donne finalement peu de crédit à ce profil, jugé trop « technique » et ayant quitté la scène politique depuis plus d’une décennie, tout en conservant son nom dans un coin de la tête. La présidente de l’Assemblée nationale, elle, assure que l’homme est un « vrai politique ». Il l’a été. Député socialiste de la quatrième circonscription de l’Isère pendant plus de vingt ans – il croise Michel Barnier à l’Assemblée -, Didier Migaud a eu comme mentor Louis Mermaz, alors président du conseil général de l’Isère, sur les recommandations d’un certain François Mitterrand, un ami de la famille. »Solférinologue » professionnel, compagnon de route de Laurent Fabius, et identifié comme un financier – il est à l’initiative de la fameuse loi organique relative aux finances publiques (« Loi Lolf ») -, l’homme a gravi l’intégralité des échelons des mandats électoraux : maire de Seyssins, président de Grenoble-Alpes Métropole, rapporteur général du budget de l’Assemblée puis président de la puissante commission des Finances. Sans jamais accéder au moindre maroquin ministériel. Ironie d’une trajectoire, l’homme est canonisé par Nicolas Sarkozy qui, en 2010, le nomme à la tête de la Cour des comptes.Durant sa décennie au Palais Cambon, moment où il rend sa carte du Parti socialiste, le premier magistrat est respecté. Il est surtout soucieux de ne pas faire montre de partialité… au point, dit-on, de vouloir faire oublier sa vie d’avant. « Dans ses discours, il avait un côté “tout ce qui est politique est sale” et appelait à se méfier des responsables politiques », ironise un ancien magistrat. Ne parlez surtout pas aux anciens ministres de François Hollande de Didier Migaud ! Poussée d’urticaire garantie… « Migaud, il a trahi car nommé par Sarkozy, et n’a eu de cesse de nous gêner », fulmine un ancien ministre. L’intéressé avait pointé « l’insincérité » manifeste des textes financiers, la faute la plus grave en droit financier. Alors qu’il est pressenti à la tête de la Haute autorité à la transparence de la vie publique, nommé en 2020, l’un de ses amis l’interpelle : « Tu vas te faire détester par tous les copains ! »Nouvelle ironie de l’histoire : en 2020, la HATVP avait demandé à Eric Dupond-Moretti des « précisions » sur de « possibles conflits d’intérêts », à la suite de sa nomination Place Vendôme. Quelques mois plus tard, l’ex-garde des Sceaux avait qualifié l’autorité administrative de « truc populiste ». Le 11 septembre dernier, comme le racontaient L’Express et Le Canard Enchaîné, l’ancien avocat débarque à la rentrée du Conseil d’Etat : « Il est là Migaud ? […] Il paraît que vous avez refusé d’être ministre parce que vous aviez peur que la France connaisse l’étendue de votre fortune. » »Qu’il soit à l’aise dans un gouvernement de droite, c’est son problème… »A gauche, on s’emploie à minimiser l’idée selon laquelle Didier Migaud serait une « prise de guerre ». S’il est encore bien vu de l’ancienne génération socialiste, on souligne tout de même son éloignement des sphères du PS lors de ces dix dernières années. « Il n’a plus vraiment rencontré de socialistes depuis son passage à la Cour des comptes, il est totalement sorti du circuit », assure Marie-Noëlle Battistel, parlementaire socialiste de la quatrième circonscription de l’Isère, celle de Didier Migaud, et ancienne suppléante de l’intéressé. « Il a quitté le parti et n’a de compte à rendre à personne, c’était aussi sa force, analyse le patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner. Après, qu’il soit à l’aise dans un gouvernement de droite, autour de gens contre la PMA ou le mariage homosexuel, c’est son problème… »Dans l’exécutif, le ministre « divers gauche », à qui l’on connaît peu de prises de paroles publiques au sujet de la justice du commun des mortels, devra ferrailler avec l’un des profils les plus droitiers : Bruno Retailleau, le nouveau locataire de Beauvau. Ce dernier, éternel pourfendeur du « laxisme judiciaire », désireux d’interdire la syndicalisation dans la magistrature, avait appelé en 2021 à une « révolution pénale ». Au gouvernement, certains macronistes, peu à l’aise avec le profil du Vendéen, se rassurent en interprétant la présence de Didier Migaud comme un contrepoids aux excès du premier. « J’espère qu’il y aura quand même une forme de binôme », souhaite le député Les Républicains Antoine Vermorel-Marques, proche de Michel Barnier. Mais son amie, Marie-Noëlle Battistel, s’inquiète : « L’écart est considérable avec Retailleau… Comment imagine-t-il influer sur quoi que ce soit ? »

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Author : Mattias Corrasco

Publish date : 2024-09-22 17:45:00

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L’Express

Présidentielle américaine : le coup des hackers iraniens, le carnet d’adresses d’Oprah, le refus de Trump

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La campagne pour l’élection présidentielle de 2024 aux Etats-Unis est entrée dans une nouvelle phase cette semaine. Vendredi 20 septembre, les premiers bureaux de vote anticipé ont ouvert dans trois Etats du pays (Virginie, Minnesota et Dakota du Sud).Un signe de plus que l’élection du 5 novembre se rapproche à grand pas. L’ex-président républicain Donald Trump et la vice-présidente démocrate sortante Kamala Harris restent au coude-à-coude dans les sondages, et le moindre événement peut faire pencher la balance. L’Express vous résume les principales informations de la semaine.Le moment de la semaine : nouvelle tentative d’assassinat contre TrumpDimanche 15 septembre, Donald Trump joue au golf dans son club de West Palm Beach, en Floride, lorsqu’un agent du Secret Service chargé de sa protection repère un suspect armé et ouvre le feu. Ryan Wesley Routh, un Américain de 58 ans, réussi d’abord à fuir avant d’être finalement arrêté trois quarts d’heure plus tard sur une autoroute.Cette deuxième tentative d’assassinat contre Donald Trump bouscule à nouveau la campagne et fait les affaires du candidat républicain. Malgré les opinions politiques changeantes du suspect, Donald Trump a accusé le président sortant Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris d’en être responsable, affirmant que « leur rhétorique fait que l’on me tire dessus », dans une déclaration lundi sur la chaîne de télévision conservatrice Fox News.La vidéo de la semaine : Trump est-il en train de perdre ?Depuis l’annonce du retrait du président sortant Joe Biden de la course à la présidentielle de 2024, les sondages sont de plus en plus favorables au camp démocrate. Alors que Kamala Harris consolide son avance, avec 50 % d’intentions de vote, contre 46 % pour son adversaire républicain, selon The Economist ce dimanche, la question se pose : Donald Trump est-il en train de perdre pied ?Pour y répondre, le service vidéo de L’Express s’est penché sur plusieurs critères qui pourraient faire pencher la balance d’ici au 5 novembre : que ce soit l’enthousiasme des sympathisants par rapport au scrutin précédent, le soutien d’élus républicains pour Harris, ou le difficile calcul des grands électeurs.La promo de la semaine : un passage chez Oprah Winfrey aux airs de meetingKamala Harris a des soutiens de poids, et sait les utiliser. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la candidate démocrate était reçue par la papesse de la télévision américaine, Oprah Winfrey. Cette figure fédératrice du petit écran, déjà acquise à la cause démocrate, a démontré jeudi toute sa capacité à mobiliser les stars de son carnet d’adresses en visioconférence : de la chanteuse Jennifer Lopez aux actrices Meryl Streep et Julia Roberts, en passant par l’humoriste Chris Rock et les acteurs Bryan Cranston et Ben Stiller.Cette grande soirée de soutien, organisée dans un Etat du Michigan où la victoire démocrate est incertaine, a permis à Kamala Harris de répéter ses thèmes de campagne devant des dizaines de millions de téléspectateurs. Elle a notamment attaqué Donald Trump de manière frontale en le qualifiant « d’architecte » du recul du droit à l’avortement et des drames qui y sont liés.Le refus de la semaine : Trump ne veut plus débattreKamala Harris n’hésite pas à monter au créneau, après son débat télévisé jugé réussi face à Donald Trump, le 10 septembre. Le succès de sa stratégie, consistant à attirer son rival sur les sujets les plus susceptibles de blesser son ego, a poussé samedi la candidate démocrate à lui proposer un nouveau débat, le 23 octobre sur CNN.Réponse de l’intéressé : « Il est trop tard pour organiser un nouveau débat, le vote a déjà commencé », a estimé samedi l’ex-président américain lors d’un meeting de campagne en Caroline du Nord. Une référence au début du vote par anticipation dans trois Etats du pays depuis vendredi. Les rares électeurs américains encore indécis devront donc se contenter d’un unique débat entre Trump et Harris pour décider du bulletin à mettre dans l’urne le 5 novembre prochain.Le revers de la semaine : le deuxième syndicat du pays préfère rester neutreAutre rebondissement de la campagne : la rupture entre le parti démocrate et le deuxième plus gros syndicat américain. Mercredi 18 septembre, la Fraternité internationale des conducteurs (ou International Brotherhood of Teamsters) a en effet annoncé renoncer à apporter son soutien officiel à l’un des candidats à la Maison-Blanche. Une première depuis 1996… Et un revers de poids pour le Parti démocrate, puisqu’il pouvait compter depuis l’an 2000 sur le fidèle soutien de cette organisation syndicale fédérant 1,3 million de membres. Deux sondages rendus publics mercredi par les Teamsters permettent toutefois d’expliquer ce choix : sa base est désormais favorable à un soutien à Donald Trump.Le focus de la semaine : trois swing states qui pourraient faire gagner HarrisSi les électeurs américains ne sont pas à l’abri d’une nouvelle surprise d’ici la fin de cette campagne électorale aux nombreux rebondissements, un seul point semble certain : les clés de la Maison-Blanche se trouvent dans une poignée d’Etats américains. Tous les regards des analystes américains sont en effet tournés vers sept « swing states » qui peuvent à la fois être gagnés par les démocrates ou les républicains.L’Express s’est penché sur trois d’entre eux. D’abord l’Arizona et son comté de Maricopa, où les jeunes Californiens et immigrés Latinos transforment ce bastion républicain en havre démocrate. Ensuite la Pennsylvanie, historiquement démocrate jusqu’à être gagnée par Donald Trump en 2016. Enfin la Géorgie, où les électeurs afro-américains d’Atlanta pourraient à nouveau changer la donne dans cet Etat conservateur.L’ingérence de la semaine : les e-mails de Trump envoyés à BidenLes risques d’ingérence d’Etats étrangers dans l’élection présidentielle américaine sont bien réels, et ce n’est pas Donald Trump qui dira le contraire. Mercredi, les autorités américaines ont révélé que des pirates informatiques iraniens ont envoyé à l’équipe de campagne de Joe Biden des documents « volés » à celle de son adversaire républicain. Un piratage déjà révélé en août, sans plus de détails, et que nie la République iranienne.Selon ces trois agences, ces e-mails contenaient « des extraits de documents volés et non publics de la campagne de l’ancien président Donald Trump », précisant qu’aucun de ces courriels n’a obtenu de réponse de l’équipe de campagne du candidat démocrate. Le même jour, l’équipe de Donald Trump a profité de cette annonce pour affirmer que c’était la « preuve que les Iraniens interfèrent activement dans l’élection pour aider Kamala Harris et Joe Biden car ils savent que le président Trump restaurera ses dures sanctions [contre l’Iran] et se dressera contre leur règne de terreur ».Le podcast de la semaine : ce perdant des élections de 1964 qui a inspiré TrumpEn 2016, la campagne électorale populiste de Donald Trump avait pris de court les sondeurs et son adversaire démocrate. Une stratégie inédite ? Pas totalement, raconte le podcast de L’Express.Dans une série en cinq épisodes nommée « Losers », La Loupe revient sur cinq candidats malheureux de la course à la Maison-Blanche. Le deuxième épisode se penche sur le cas de Barry Goldwater, figure du camp républicain pour l’élection de 1964… et du populisme à l’américaine. Un homme aux positions jugées si bellicistes qu’elles ont pu pousser des sympathisants républicains à voter démocrate.

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Publish date : 2024-09-22 17:59:21

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L’Express

Pierre Charbonnier : « L’épreuve climatique peut redistribuer les cartes géopolitiques »

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Le pétrole c’est la paix, l’écologie c’est la guerre. La thèse, dans un monde chamboulé par l’urgence de la crise climatique, peut sembler provocatrice. Dans son essai Vers l’écologie de guerre : une histoire environnementale de la paix (Ed. La Découverte, 2024), Pierre Charbonnier, chargé de recherche CNRS à Sciences Po, remonte aux origines du discours pacifiste post-Seconde Guerre mondiale, construit sur l’exploitation à très grande échelle des énergies fossiles – « utilisées comme une arme antifasciste », écrit le philosophe – et dont découle l’impasse climatique actuelle. Il explique comment la décarbonation de nos sociétés finit par poser des questions de sécurité aux Etats. Et comment cette problématique pourrait réorganiser l’ordre mondial.L’Express : La transition écologique mondiale est-elle compatible avec la paix ?Pierre Charbonnier : Les nations, pour ne pas se livrer à des agressions les unes contre les autres, doivent avoir suffisamment d’intérêts communs. Généralement, ce sont des liens commerciaux, et en particulier les échanges de ressources qui jouent ce rôle. Ainsi, le pétrole a servi jusqu’ici de pilier principal aux politiques mondiales : il détermine la paix, la stabilité, mais aussi la guerre. Une conscience collective existe sur le fait que l’ordre international et l’énergie sont très profondément liés, mais à présent que le pétrole est un facteur de destruction autant que de production, ce lien change totalement. L’épreuve climatique oblige à une réorganisation des rapports internationaux qui peut difficilement être pacifique. Cela ne veut pas dire que des guerres seront nécessairement provoquées par la crise climatique, mais que l’ordre actuel des hiérarchies de puissance va bouger. Car lorsqu’on essaie de se défaire des énergies fossiles, des pays gagnants deviennent perdants, des alliances qui existaient peuvent se défaire.Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, vous dites que la « paix de carbone » a maintenu les relations entre les pays. C’est-à-dire que la sécurité planétaire a été assurée par les combustibles fossiles (pétrole, charbon). Mais cet usage massif menace désormais la paix. Y a-t-il une porte de sortie ?C’est une des idées centrales du livre. On n’a pas nécessairement bien compris ce rôle géopolitique précis des énergies fossiles, qui consistait à créer des liens entre les nations. C’était la grande idée de Robert Schuman en 1950 : si on mutualise la production et la consommation de charbon entre l’Allemagne et la France, elles ne se feront plus jamais la guerre. Le problème est qu’il faut pour cela utiliser beaucoup de charbon. On repousse l’idée que cette ressource manquera peut-être un jour. Et on rejette surtout à plus tard l’idée qu’elle peut avoir des impacts négatifs sur la stabilité de la planète.Cette « paix de carbone », cette « paix fossile », qui repose sur des infrastructures, des éléments très matériels, a assez bien marché, du moins en Europe. Mais elle n’est pas durable, et elle s’accompagne d’inégalités qui menacent la sécurité de tous. Il faut trouver autre chose. Quand on dit que l’épreuve climatique est une source de menaces, qu’elle demande de changer totalement le système énergétique sur lequel on vit, cela veut dire qu’il faut essayer de réfléchir à la manière dont les nouvelles infrastructures énergétiques, idéalement liées aux énergies renouvelables, peuvent redistribuer les cartes géopolitiques et générer de la stabilité. Ce n’est pas gagné.Aujourd’hui, les États-Unis et la Chine se livrent à une rivalité commerciale intense pour capter les profits des nouvelles industries dites vertes, qu’il s’agisse de batteries électriques, ou de panneaux solaires. Il est donc tout à fait possible que ce qui, parfois, prend la forme d’une émulation positive, puisse aussi se convertir en une rivalité dangereuse. Ces questions façonnent aussi l’axe Nord-Sud. Les grandes puissances – la Chine, les États-Unis, et dans une moindre mesure l’Europe – proposent aux grands pays producteurs de ressources naturelles – l’Indonésie, le Congo, le Brésil, etc – des accords commerciaux. Ces derniers ne sont pas toujours d’accord. Ainsi l’Indonésie essaie de relocaliser sur son territoire toute la chaîne de production liée au nickel, de la mine à l’usine, pour capter les bénéfices du minerai mais aussi de tous ses dérivés technologiques et électroniques. Ces tensions géopolitiques ne prennent pas la forme de conflits ouverts et armés, mais elles sont aussi importantes que celles engendrées par les énergies fossiles dans le passé.Les énergies fossiles n’ont donc pas toujours un effet stabilisateur…C’est effectivement une des équivoques de l’expression « paix de carbone ». Cet effet stabilisateur est en réalité distribué de manière inégale. Il est extrêmement prononcé pour l’Europe, mais il ne va pas sans conflit. On a vu les lignes de faille géopolitiques se creuser entre pays producteurs et pays consommateurs, par exemple avec la création de l’Opep, puis au moment des crises pétrolières des années 1970. C’est d’ailleurs à cette époque que la France se lance dans le projet nucléaire, pour compenser les difficultés croissantes d’accès au pétrole. Enfin, il y a les grandes guerres du pétrole au Proche et Moyen-Orient dans les années 1980-1990. La légitimité postulée de ces guerres était la suivante : elles sont justes parce qu’elles permettent de garantir l’approvisionnement en énergies fossiles, et donc la croissance, l’emploi, la stabilité. La « paix de carbone » ne veut pas dire que les armes sont silencieuses partout dans le monde. Cela veut dire, qu’idéalement, c’est seulement au nom de l’approvisionnement fossile qu’il est légitime de faire la guerre. C’est la doctrine de sécurité américaine depuis les années 1970. Elle détermine où et quand se déroulent les conflits, qui sont les gagnants et les perdants.La guerre en Ukraine a-t-elle représenté un tournant ? D’un point de vue climatique, quel bilan tirer de deux ans et demi de conflit ?En 2022, on a entendu partout cette idée que l’Europe allait accélérer la décarbonation de son économie au nom du climat, de la science, etc, mais aussi au nom de la solidarité avec l’Ukraine. Pour la première fois, on a entendu de manière nette qu’il avait une convergence entre les politiques de sécurité et énergétiques. Cela a rendu plus acceptables certaines politiques climatiques, notamment aux pays d’Europe de l’Est. Il y a aussi eu un effet, celui-ci temporaire, sur la sobriété dans le discours public : baisser le chauffage, faire du vélo… Cependant, le développement des filières de production et d’emplois bas-carbone, en France par exemple, est encore très insuffisant. Il y a bien eu certains choix politiques, comme le soutien à la rénovation des bâtiments ou le leasing social pour les voitures électriques, mais de manière locale ou sous-dimensionnée. Cette opportunité historique n’est donc pas encore pleinement saisie.De plus, ces dispositifs ont fait l’objet d’un retour de bâton, d’un front du refus extrêmement puissant, bien organisé. Le plus spectaculaire s’est produit dans le domaine de l’agriculture, mais pas seulement. Pour une raison compréhensible : le démantèlement accéléré de la dépendance aux énergies fossiles est vécu comme une punition, un coût, par de très larges segments de la population et des partis politiques, qui s’organisent pour freiner cette transformation.Les puissances du futur seront-elles forcément des puissances climatiques ?Il n’y a pas du tout de fatalité à ce que demain ou après-demain, les grandes puissances soient aussi les plus vertes. Rien n’est écrit. Mais pour l’heure, les grandes puissances sont aussi les plus émettrices de gaz à effet de serre (GES), donc les plus néfastes au climat. On ne pourra pas sortir de cette impasse sans leur intervention.Pour l’instant, ces pays savent très bien accélérer l’émergence des secteurs industriels bas-carbone. Ce qu’ils ne savent pas encore faire, c’est accélérer le déclin des secteurs carbonés. Pour une raison simple : la première partie de l’équation, l’accélération, est assez compatible avec l’économie politique standard. Mais le capitalisme ne peut pas créer des actifs échoués artificiellement.Toutefois, il est possible que les alliances, les lignes de clivage géopolitiques se réorganisent en fonction de l’intérêt à la décarbonation. L’une des variables clefs sera l’investissement vers les grands pays émergents : l’Indonésie, l’Inde, le Brésil, ainsi que certains pays d’Afrique et d’Amérique latine. A l’image du Brésil, ces nations sont déjà très impactées par le choc climatique. Alors il est possible que, sous cette pression, ces pays acceptent de faire fonctionner leurs économies selon des règles différentes de celles qui prévalent jusqu’aujourd’hui. De dire : on va conditionner nos partenariats avec vous – les pays les plus riches – à une accélération sur les politiques climatiques. C’est-à-dire utiliser ce qu’il y a de plus sombre dans la politique humaine, la volonté de puissance, pour ce qu’il y a de plus nécessaire, la décarbonation.La décarbonation peut-elle alors être un nouvel atout géopolitique pour les pays ?Ce n’est pas qu’elle peut l’être, elle doit l’être. C’est simple : tant que l’on présentera l’impératif climatique comme quelque chose d’abstrait – « il faut absolument laisser le pétrole dans le sous-sol pour le bien de l’humanité, parce que les scientifiques le disent » – tant que ce discours prévaudra, alors jamais rien ne changera. Il faut absolument utiliser la carte de la puissance. Faisons-le car cela fournit avant tout de la sécurité. Un État qui, aujourd’hui, entretient la dépendance aux énergies fossiles, ne protège pas sa population. Il n’y a de décarbonation possible que si elle est liée à cette justification fondamentale de l’État moderne : sécurité, stabilité et donc soutenabilité.Les mouvements écolos doivent-ils investir le terrain du « réalisme politique » pour convaincre ?La structuration historique de l’écologie politique n’est pas tout à fait alignée avec ce type de discours. Elle est plutôt liée à un pacifisme universaliste, un petit peu utopiste, qui voudrait essayer de se défaire des logiques de puissance. Les écolos traditionnels avaient d’ailleurs bien compris qu’il existe un lien fondamental entre la puissance et l’énergie, et donc que si on voulait utiliser moins d’énergie pour sauver la planète, peut-être fallait-il aussi se débarrasser de la puissance. Il y avait une certaine cohérence.Sauf qu’à partir du moment où cela n’est plus efficace, il faut changer son fusil d’épaule. Ce qui est curieux, c’est que les partis écologistes, au moment de la guerre en Ukraine, ont adopté la position correcte, disant qu’il y a une convergence entre la sécurité de l’Union européenne et la décarbonation. C’était un moment réaliste. Mais il ne me semble pas que cela ait contribué à réorienter de manière structurée et durable leur discours politique sur les enjeux de sécurité et de géopolitique.Certains pays ont-ils déjà, selon vous, intégré cette notion de « réalisme » ?C’est assez difficile à dire. A l’échelle européenne, la contre-offensive contre les politiques climatiques a eu lieu quasiment partout. Il est d’ailleurs est assez profondément lié aux succès électoraux de l’extrême droite. Donc je ne vois pas d’exception, à part l’Espagne, qui pratique le plus ce que j’appelle une écologie de guerre. Mais il existe des organisations qui militent sur cette ligne. L’une d’elles, anglaise, promeut par exemple un traité de non-prolifération des combustibles fossiles. Elle réfléchit par analogie avec les traités de non-prolifération nucléaire du temps de la guerre froide, en disant : le pétrole était une force de production mais c’est aujourd’hui une force de destruction. Il faut alors le traiter d’un point de vue international comme une arme, non une ressource, et donc créer des accords internationaux de baisse progressive de l’armement fossile.Le processus onusien a-t-il jusqu’à présent échoué sur la crise climatique ?On peut mettre à son actif le fait d’avoir rassemblé la totalité des États souverains de la planète et de leur avoir fait reconnaître la nécessité de fixer des normes relatives au niveau d’émissions de gaz à effet de serre. Les Nations Unies ont toujours servi à cela : fixer des normes. Cela ne veut pas dire qu’elles ont été capables de les faire respecter.Le problème, c’est qu’avec le climat, on ne peut pas s’en contenter. Il faut changer les structures productives, et les COP n’ont pas ce pouvoir transformateur. Ce dispositif est beaucoup trop lié à l’universalisme libéral : on va écouter la science, on va créer du consensus, on va faire des marchés. C’est une espèce de solution, mais elle est extrêmement inefficace. Une bonne partie des gens qui font partie des milieux de la diplomatie climatique en réalise aujourd’hui les limites. Des solutions existent sous forme de politiques industrielles de transition ou de nouvelles formes d’intervention de l’État dans l’économie. Mais elles n’ont pas encore atteint la masse critique pour être plus fortes, plus convaincantes et plus sécurisantes que l’ordre fossile dont on essaie de se défaire.

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Source link : https://www.lexpress.fr/environnement/pierre-charbonnier-lepreuve-climatique-peut-redistribuer-les-cartes-geopolitiques-7FJYIVYLYNBWJMX4BR2JMLU6ZE/

Author : Baptiste Langlois

Publish date : 2024-09-22 18:00:00

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L’Express

Le Hezbollah, touché mais pas coulé ? « Le coup d’épée d’Israël lui a transpercé les entrailles »

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Le son des ambulances n’a cessé de résonner à Beyrouth la semaine dernière, semant la panique et le chaos dans la capitale libanaise. Le bilan des attaques inédites qui ont fait exploser simultanément des milliers de bipeurs piégés, puis le lendemain des talkies-walkies utilisés par le Hezbollah, est de 39 morts, dont deux enfants, et plus de 2 900 blessés. Le choc est brutal pour la milice chiite libanaise, armée par l’Iran, et considérée comme l’une des plus puissantes organisations para-étatiques au monde. Israël a fait preuve en quelques jours de sa supériorité technologique et militaire, et de ses percées en matière de renseignement, sans épargner les civils.A peine remis du premier choc, le Hezbollah était dans la foulée, le vendredi 20 septembre, l’objet d’une nouvelle opération – aérienne cette fois – destinée à éliminer l’un de ses hauts commandants. Elle s’est traduite par la destruction d’un immeuble entier de la banlieue sud de Beyrouth, densément peuplée, faisant au moins 45 morts, dont 21 civils (une vingtaine de personnes sont encore portées disparues) selon un dernier bilan. Deux commandants, Ibrahim Akil et Ahmad Wehbé, ainsi que 14 combattants ont été tués. Ibrahim Akil succédait à la tête de l’unité d’élite al-Radwan à Fouad Chokr, assassiné par une attaque ciblée à la fin du mois de juillet. Il figurait sur la liste des terroristes recherchés par les Etats-Unis pour sa participation à des attentats meurtriers au Liban en 1983, quarante ans plus tôt, jour pour jour. »Un coup d’épée qui lui a transpercé les entrailles »L’opération constitue la troisième attaque israélienne à Beyrouth depuis le début de l’année – le 2 janvier Tsahal avait éliminé un dirigeant du Hamas, Salah al-Arouri. Elle signale une nouvelle phase du conflit depuis que le Hezbollah a lancé un front de soutien à Gaza, le lendemain du massacre perpétré le 7 octobre par le Hamas en Israël. Juste après avoir annoncé le déplacement « vers le nord » de l’offensive militaire en cours depuis près d’un an à Gaza – qui a tué plus de 40 000 personnes à Gaza selon le Hamas -, l’Etat hébreu joint donc les actes à la parole.Les coups infligés au Hezbollah sont d’une sévérité « sans précédent » a admis son secrétaire général lors d’une intervention télévisée au lendemain de la double attaque sur les appareils de télécommunication. Mais Hassan Nasrallah, qui a promis un « terrible châtiment » à Israël, refuse de jeter l’éponge. Il a mis au défi le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de réaliser son objectif de « ramener les habitants israéliens évacués du nord » tant qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu à Gaza, la condition du Hezbollah pour arrêter ses tirs transfrontaliers.L’organisation islamiste a été profondément secouée par cette séquence. Elle a subi « un coup d’épée qui lui a transpercé les entrailles », explique Mohanad Hage Ali, chercheur au centre Carnegie pour le Moyen-Orient. Et de préciser : « L’impact est transversal sur un groupe très large de membres travaillant dans les différentes branches civiles ou militaires de l’organisation. Cela affectera certainement son fonctionnement et il lui faudra du temps pour récupérer. »La portée exacte de la déstabilisation est cependant difficile à évaluer. Pour Kassem Kassir, un analyste proche du Hezbollah, sa capacité opérationnelle reste solide. Si les armes se sont tues à la frontière le jour de l’attaque des bipeurs, ce n’est pas, selon lui, parce que le réseau de communication a été perturbé. « La priorité était de comprendre ce qui se passait. Et notamment de vérifier si une opération militaire israélienne à grande échelle était imminente pour s’y préparer », avance ce spécialiste. @lexpress 🇱🇧 Des milliers de bipeurs appartenant à des membres du Hezbollah ont explosé au Liban. On vous explique les premiers secrets d’une opération d’ampleur. #liban #israel #apprendresurtiktok #tiktokacademie #Sinformersurtiktok #newsattiktok ♬ son original – L’Express – L’Express « Failles sécuritaires manifestes »Dès les heures qui ont suivi l’explosion de milliers de bipeurs, le Hezbollah a démultiplié les tirs sur des cibles militaires dans le nord d’Israël « pour montrer que, sur le terrain, les hommes, la volonté, et le système » sont intacts, analyse Nicholas Blanford, chercheur rattaché à l’Atlantic Council. Pour lui, les pertes infligées à sa chaîne de commandement sont importantes, mais surmontables. « C’est une grande organisation, qui peut compter sur beaucoup de personnes ayant des années d’expérience, et en mesure de monter en grade. » Le vrai problème, selon cet expert, ce sont « les failles sécuritaires manifestes qu’elle n’arrive pas à colmater. »Après l’opération des bipeurs, le Hezbollah a cherché à éviter que des informations médicales critiques ne soient interceptées par Israël. Les caméras, habituellement promptes à se rendre aux chevets des victimes sur leurs lits d’hôpitaux, ont été forcées à la discrétion. De nombreux blessés ont été transférés en Iran, probablement pour préserver leur anonymat. Mais l’afflux simultané de milliers de victimes dans les hôpitaux n’a pas toujours permis de préserver le secret. A en croire plusieurs médias, Ibrahim Akil aurait été repéré à sa sortie d’hôpital après l’explosion de son bipeur, ce qui aurait facilité son élimination ensuite.Au-delà des morts et des blessés, l’impact est moral et psychologique. « Les actions d’Israël entament la confiance de la communauté qui entoure le Hezbollah, bâtie sur la protection apportée par un appareil militaire et sécuritaire hautement professionnel », écrit Randa Slim du Middle East Institute. D’où les appels au sang-froid émanant de plusieurs figures proches du parti qui enjoignent à leurs soutiens de panser leurs plaies. A l’instar du journaliste Hassan Ileik, pour qui il est plus que jamais nécessaire « de faire échec aux tentatives de l’ennemi de nous faire douter de la résistance ». L’affluence aux obsèques des victimes organisées ces derniers jours témoigne d’une mobilisation intacte de la base directe du Hezbollah, dont la dimension sociale dépasse largement celle d’une milice.L’inquiétude de la communauté chiite, de même que celle des Libanais, est en revanche plus perceptible tant la tension est à son paroxysme, en l’absence d’horizon diplomatique. Malgré les appels à la retenue émanant de Washington, les conditions d’un retour au calme sont loin d’être réunies. « Tactiquement les Israéliens montrent clairement qu’ils ont l’avantage depuis qu’ils sont entrés dans une nouvelle période, beaucoup plus agressive. Ils parient sur le fait que le Hezbollah retiendra encore ses coups pour éviter une guerre généralisée dont l’Iran ne veut pas non plus », estime Nicholas Blanford.Mais stratégiquement l’équilibre est le même, poursuit cet expert. Et de préciser. « Le Hezbollah utilise encore essentiellement des armes comme les roquettes de type Katioucha dont la technologie remonte à la Seconde Guerre mondiale, et quelques missiles non guidés à portée limitée. Il garde en réserve les missiles guidés de longue portée de la série Fateh-110 dont la précision est de 10 à 20 mètres et la charge explosive de 500 kilos. » Les Israéliens le savent.

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Publish date : 2024-09-22 17:30:00

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L’Express

« Le gouvernement le plus fragile de la Ve République » : Barnier et ses ministres vu de l’étranger

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Le gouvernement « le plus à droite de la Ve République ». C’est ce qu’a estimé, ce dimanche sur France 3, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Michel Barnier va tenter de répondre aux critiques ce dimanche soir sur France 2 alors que son gouvernement, à peine marqué, est déjà marqué par des tensions avec les députés du bloc central et sous la menace d’une censure de la gauche et du Rassemblement national (RN)Sans reprendre les mêmes mots qu’Olivier Faure, le quotidien espagnol El Mundo estime que le nouveau gouvernement est « marqué à droite », « plus que le précédent » conduit par Gabriel Attal. La nouvelle équipe autour de Michel Barnier a « marqué un fort virage à droite », indique pour sa part The New York Times. « Emmanuel Macron souhaitait une coalition aussi large que possible pour garantir la stabilité, mais Michel Barnier a eu du mal à attirer les socialistes modérés dans le gouvernement », rappelle le quotidien américain. »Satisfaire beaucoup d’appétits »Pour sa part, le quotidien suisse Blick indique qu’un « gouvernement restreint, frugal, d’une vingtaine de ministres, avec pour priorité de faire fonctionner l’État en période annoncée d’austérité, aurait été vu comme la preuve d’une prise de conscience des difficultés à venir ». « Mais non ! Michel Barnier a dû satisfaire beaucoup d’appétits », analyse ce média. Blick rappelle que ce gouvernement « ne représente pas les suffrages sortis des urnes lors des législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet », où la gauche était arrivée en tête. »Il a été difficile de constituer ce gouvernement, le premier gouvernement de coalition que la France ait eu », dévoilé « quelques heures » après une manifestation de plusieurs milliers de sympathisants de gauche samedi contre le tandem Macron-Barnier, constate El Mundo. Michel Barnier a officialisé son équipe « dans la douleur », abonde Le Temps. Il aura fallu « deux semaines de négociations avec les différents blocs pour nommer 39 ministres », dont 17 de plein exercice, rappelle de son côté The Washington Post. »Cet exécutif risque de ne pas durer longtemps »Ce qui marque surtout El Mundo au sujet du gouvernement Barnier, « dont on ne sait pas combien de temps » il tiendra compte tenu de « l’inhabituelle » instabilité politique que connaît le pays, c’est qu’il s’agit du « gouvernement le plus fragile depuis des décennies », et même « le plus fragile de la Ve République ». Les « perspectives de stabilité à long terme sont loin d’être claires », abonde The New York Times. « Cet exécutif risque de ne pas durer longtemps et, en réalité, cela dépendra de si Marine Le Pen veut ou non le faire tomber, en soutenant la motion de censure annoncée par la gauche », constate El Mundo.Les menaces du RN « ont mis en évidence la vulnérabilité » de l’équipe de Michel Barnier, analyse de son côté The Washington Post. Le quotidien américain rappelle que depuis les élections législatives anticipées, la France a vécu « des mois d’incertitude politique, voire d’acrimonie ». « Cette incertitude prolongée a laissé le pays sans gouvernail. Il n’a pas été en mesure de faire avancer le Budget 2025 ni de remédier à un déficit budgétaire croissant. L’interrègne a également permis aux animosités de s’envenimer », constate The Washington Post. Pour Financial Times, par ailleurs, le « camp d’Emmanuel Macron cherche à protéger son héritage pro-business », en tenant à l’écart les appels à des hausses d’impôts.

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Publish date : 2024-09-22 16:11:05

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L’Express

Vies brisées et décès précoces : comment la solitude est devenue une urgence sanitaire

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Demandez à Patrick Bernard, 64 ans, sa recette pour vaincre la solitude, et il vous répondra : « Il faut faire de l’ingénierie sociale ». La vérité, c’est qu’au début, la feuille de route de cet ancien journaliste devenu une icône du combat contre l’isolement, ressemblait plutôt au plan de travail d’un artiste plasticien qu’à un manuel industriel : « Je n’avais aucun plan, j’ai appris en faisant », avoue-t-il innocemment.Un soir, attristé par la rudesse des rapports de voisinage à Paris, il réunit des compagnons de palier et les convainc de l’importance de resserrer les liens dans son quartier. Le petit groupe monte une association qu’ils nomment « La République des Hypervoisins ». Puis ils fomentent un banquet, en pleine rue. Un franc succès : « Il a suffi d’une impulsion aussi bête qu’un repas partagé, pour que tout le monde se parle à nouveau », se réjouit-il.Des dizaines de projets collectifs, de l’apéro au bricolage en passant par le tri des déchets, sont nés de l’évènement, organisé en 2017 et annualisée depuis. Mille convives viennent à chaque édition. Les journaux français ont parlé de lui, même le New York Times lui a rendu visite. L’initiative a été copiée aux Etats-Unis, en Italie, en Espagne. Intrigués, la mairie de Paris, l’OCDE, et même l’Elysée ont fini par le convoquer, pour connaître son secret.La grande prise de conscienceRendue particulièrement prégnante par la crise sanitaire, la question de la solitude intéresse désormais de plus en plus les décideurs. Longtemps oubliée, reléguée à un problème individuel, à des états d’âme ou aux marges de la société, la problématique s’est brusquement imposée à tout un chacun durant cette période, où chaque rencontre fût soupesée, négociée, contrôlée, pour ne pas propager le virus.Depuis, de nombreux pays ont décidé de se doter d’un plan national de lutte contre la solitude. L’Angleterre, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande, les Etats-Unis et le Japon ont déjà franchi le pas, signe d’une progressive prise de conscience du besoin d’agir. Fin 2023, la Commission européenne a fait du sujet une de ses priorités, et a entamé des discussions pour coordonner les réponses politiques à apporter. Au même moment, l’OMS se dotait d’une commission sur les « connexions sociales ».Pour le moment, la France n’a pas suivi. Elle n’est pourtant pas épargnée, bien au contraire : d’après les rapports de la Fondation de France, plus de 11 millions de personnes se sentent régulièrement seules dans l’Hexagone. Et ce, en dehors de toute mesure de distanciation sociale, alors même qu’il n’a jamais été aussi facile de prendre des nouvelles de ses proches grâce aux nouvelles technologies. »Si on ne fait rien, les gens explosent »Sans personne à qui parler, une partie d’entre elles finissent par appeler le 09 72 39 40 50, la ligne téléphonique de SOS Amitié. En 2023, le service d’écoute, gratuit et anonyme, a reçu plus de 3,5 millions d’appels, un record. « On ne peut plus faire comme si le sujet n’existait pas », fustige Bernard Sins, responsable de la section Isère, en poste quatre heures par semaine. Dès qu’il décroche, les confidences fusent : « C’est comme si, à l’autre bout du fil, les gens étaient pris en étau. Si on ne fait rien, ils explosent. »Bon nombre d’aidants voudraient que la France se dote d’un « ministère de la Solitude » comme au Japon, ou au Royaume-Uni fut un temps. L’idée ne figure dans le programme d’aucun parti, pour le moment. Mais, portée par une sénatrice PS, Audrey Bélim, elle s’est tout de même frayé un chemin jusqu’aux très officielles questions au gouvernement, début 2024. « La France ne semble pas avoir pris la mesure de ce fléau contemporain », dénonce ainsi l’élue.Certes, la France dispose d’un « comité stratégique » sur la solitude, mais celui-ci, créé en 2021, ne se concentre que sur les personnes âgées. Or, comme le souligne Audrey Bélim, tout le monde peut un jour souffrir d’un manque de relations sociales. Dans les sondages, les jeunes adultes sont les plus représentés, accompagnés des personnes issues des minorités ou de l’immigration. Et, autre paradoxe, comme ce sentiment ne dépend pas que de l’isolement géographique, aucune différence n’est perceptible entre ruraux et urbains.Aussi nocif que la cigaretteA l’étranger, un élément a joué le rôle d’accélérateur : depuis quelques années, la solitude n’est plus perçue par les scientifiques comme un simple problème individuel, mais comme un véritable enjeu de santé publique. Une petite révolution notamment portée par les travaux de Julianne Holt-Lunstad. La psychologue américaine est l’une des premières à avoir démontré qu’en plus de saper le moral jusqu’à pousser au suicide, la solitude est aussi associée au développement de pathologies physiques, comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires.Difficile de trouver un plan national qui ne s’appuie pas sur son étude phare, une méta-analyse publiée en 2015 dans Perspectives on Psychological Science. La solitude a un effet « comparable au fait de fumer, jusqu’à 15 cigarettes par jour », est-il écrit. Depuis sa parution, les travaux en ce sens n’ont fait que s’accumuler : « La solitude chronique augmente de 29 % le risque de développer des maladies cardiaques, de 32 % celui de subir un AVC », listait fin 2023, la revue eClinicalMedecine. Le sentiment expose ainsi à une « surmortalité » moyenne de 32 %, conclut une étude publiée la même année dans Nature Human Behaviour.Pour pouvoir interpréter ces données et émettre des recommandations, l’OMS a lancé la production d’un rapport de synthèse. Un « index mondial de la solitude » est également dans les tuyaux, sur le modèle de l’indice de développement humain. Mais le Dr Christopher Mikton, à qui la rédaction a été confiée, l’avoue bien volontiers : ces six derniers mois il a passé ses journées à faire et défaire le document. Car, et c’est le lot de toute discipline balbutiante, les résultats sont souvent contradictoires. « On ne sait en réalité que peu de choses sur la solitude, si ce n’est qu’elle est très nocive », résume le scientifique. »Une usure prématurée de l’organisme »Un exemple. Pour expliquer l’effet de la solitude sur la santé physique, de nombreux chercheurs ont pointé du doigt les mécanismes physiologiques qui se passent dans le corps lorsqu’on se sent seul. « Le stress généré augmente les niveaux d’inflammation, dérégule les sécrétions hormonales et le système immunitaire. Ce qui semble à même d’user prématurément l’organisme », déroule Christopher Mikton. Des études ont aussi montré que la solitude pouvait par exemple avoir un impact sur les facultés cognitives. Comme si, à force d’être laissé à l’abandon, le cerveau s’engourdissait.L’idée d’un corps flétri, asséché par le manque de relations sociales a marqué les décideurs. Le Surgeon general, l’équivalent américain du directeur général de la santé, en a d’ailleurs fait son argument numéro 1 pour défendre un plan d’action présenté en 2023. Pourtant, certains experts se demandent si les dégâts sur la santé ne pourraient pas, avant tout, être causés par des facteurs connexes, plutôt que par la solitude elle-même : les personnes seules s’alcoolisent ou mangent pour compenser, et oublient plus souvent leurs médicaments, par exemple. Plusieurs études défendent cette thèse, dont la dernière en date a été publiée dans Nature Human Behaviour, le 16 septembre.Loin de remettre en question l’importance de s’attaquer à la solitude, la controverse illustre la difficulté d’y répondre. « Dans ce cas, faut-il cibler directement la solitude ou continuer à s’attaquer à l’alcoolisme et à la malbouffe ? Faut-il’intégrer’la thématique aux réflexions générales de santé publique, ou est-ce plutôt une compétence locale, liée à la vie de quartier, de l’ordre de la municipalité ? », égrène Nina Goldman, chercheuse à l’Imperial College de Londres, et autrice de plusieurs revues de littérature sur les différentes politiques publiques en vigueur.De nombreux mystèresAutre difficulté, la solitude n’est que rarement comptabilisée dans les registres sanitaires. Les chiffres disponibles sont souvent issus de sondages. Soucieuse de son image, Meta, la maison mère de Facebook en est d’ailleurs le principal pourvoyeur. Reste que ses données ne sont que peu exploitables scientifiquement : « On ne peut pas juste demander aux gens s’ils se sentent seuls. La réponse est très influençable, en fonction du stade de vie, des expériences récentes et du milieu culturel des répondants », analyse Hans Rocha IJzerman, chercheur à Oxford, et fondateur du Annecy Behavioral Science Lab.De fait, les statistiques ne remontent jamais plus loin que sur quelques dizaines d’années. Impossible donc de dire si le « mode de vie moderne », « l’individualisme » qui pousserait à divorcer et à vivre seul, ou encore la disparition des corps intermédiaires, ont pu accentuer le sentiment de solitude dans les pays occidentaux, une thèse courante sur le sujet. Quant aux réseaux sociaux, ils entretiennent un rôle ambigu. S’ils se substituent à un verre entre amis, ils isolent. Mais ils peuvent aussi éviter de sombrer.SOS Amitié l’a bien compris : l’association dispose de son tchat virtuel depuis 2005. Une fois sur deux, les internautes demandent : « Vous êtes un robot ? ». La question offusque Catherine Krebs, porte-parole et bénévole elle aussi : « Pas question de laisser l’échange aux mains d’une machine ». Mais d’autres n’ont pas cette prudence : de plus en plus d’entreprises proposent des « intelligences artificielles relationnelles », capables de copier les interactions humaines. Character AI, le leader du marché, a été valorisé à 1 milliard de dollars en 2023. Demain, tous amis avec des IA ? « Cela peut être une solution d’urgence, mais nourrir des relations de qualité, fortes, est primordial pour la santé », estime le Dr Hamish Foster, chercheur à l’université de Glasgow.Rééducation relationnelleAvec la prise de conscience internationale, de nouveaux fonds ont été alloués aux projets visant à trouver des moyens efficaces de faciliter les relations sociales. C’est l’ambition de Recetas, un consortium international dirigé par Jill Litt, directrice de recherche à l’Institut de santé globale de Barcelone. Ces scientifiques ont reçu 5 millions d’euros de l’Union européenne juste après les confinements. Depuis, ils organisent des activités dans la nature, du jardinage ou des balades dans les calanques pour comprendre comment les liens se forment entre les participants et développer de quoi aider ceux qui n’arrivent pas à sortir de la solitude.L’équation paraît simple : les personnes qui souffrent de la solitude doivent nouer des liens, au risque de péricliter. Mais il ne suffit pas de s’y mettre pour y arriver. « C’est comme dire à une personne obèse de se remettre au sport. Ces dernières manquent d’activité physique mais ne peuvent pas en faire précisément à cause de leur masse. Les personnes restées trop longtemps seules plongent à terme dans un état qui les rend incapable de tisser des relations », souligne Daniel Maitland, chercheur en psychologie clinique à l’université du Missouri.Dans son laboratoire à Kansas City, le spécialiste reproduit des situations de socialisation, puis enregistre la réponse cérébrale de ses patients. « Lorsqu’il faut dépasser les simples formalités d’usage et entrer véritablement dans l’intimité, un stress intense se déclenche chez les personnes seules, comme si elles étaient au travail, et que l’alarme incendie venait de se déclencher », illustre le chercheur, citant les travaux de John Cacioppo, un des premiers neuroscientifiques à avoir montré que le phénomène affectait profondément le cerveau.Briser le cercle vicieuxC’est là le piège de la solitude : elle s’auto-entretient. Plus une personne est seule, plus elle va ressentir du stress lors de ses interactions, ce qui augmente les chances qu’elles se passent mal et qu’elle soit à nouveau perturbée. A terme, ces scientifiques espèrent toutefois développer des « prescriptions sociales », des sortes de protocoles de « rééducation » à la sociabilisation, pour savoir ce qu’il faut privilégier et éviter, un peu comme lorsqu’on se remet au sport, ou lorsqu’on essaye de se débarrasser d’une dépression.Un élément clef semble émerger : « Du personnel bien formé peut, dans le cadre d’une activité collective, générer l’impulsion nécessaire à ce que les gens se rencontrent vraiment », souligne Stéphanie Gentile, professeur de Santé publique à Aix-Marseille. Au Royaume-Uni, un nouveau métier est né en marge des réformes sur la solitude : link workers, littéralement « travailleurs du lien ». Des assistants sociaux qui vont au-delà du simple aiguillage administratif et accompagnent les personnes dans le choix et l’organisation de leurs activités sociales.En attendant que la science formalise ses réponses, Patrick Bernard, le trublion parisien, a soumis une idée à la mairie de Paris : embaucher des gens comme lui – un cheptel d’au moins 150 « super-amis » pour animer les quartiers de la capitale, faciliter les échanges, proposer des activités, veiller à ce qu’il y ait suffisamment de bancs, de parcs, pour pouvoir se rencontrer. Tous seraient formés dans une école créée pour l’occasion. L’ex-journaliste a chiffré le coût : 25 millions d’euros par an. Il promet que ce sera rentable : « On va économiser sur les dépenses de santé ».Aux journalistes, il raconte souvent le cas de Christine, 90 ans, « raide comme la justice ». Elle critiquait tout ce qu’il faisait ; il l’a traînée de projets en projets. Un matin, elle retrouve le sourire. Un autre, elle écrit au groupe WhatsApp du voisinage : « Il est 8 heures du matin, un petit vent me caresse. A mon âge, il n’y a plus que ça qui me caresse ». Tout le quartier a rigolé. Patrick Bernard, en bon « ingénieur social », y voit une leçon : « Si elle s’est resociabilisée, c’est bien la preuve qu’il y a des choses à faire, non ? »

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Author : Antoine Beau

Publish date : 2024-09-22 09:00:00

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L’Express

Amazon enterre le télétravail : « On peut s’attendre à voir partir les employés les plus performants »

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Le télétravail, c’est bientôt fini. Du moins chez Amazon. Après avoir déjà exigé en février 2023 une présence de trois jours par semaine, le PDG Andy Jassy a annoncé ce 16 septembre aux employés du géant de la technologie qu’ils ne seraient plus autorisés à travailler à distance. Ce retour à temps plein au bureau, prévu pour le 2 janvier 2025, vise, selon la firme, à ce que les employés soient « mieux préparés à inventer, à collaborer et à être suffisamment connectés les uns aux autres ». La mesure, qui ne concerne que les services administratifs d’Amazon et ses quelque 300 000 employés, a été largement commentée aux Etats-Unis. Mais également de ce côté-ci de l’Atlantique, où certaines entreprises sont, elles aussi, tentées de revenir, au moins en partie, sur le télétravail. Si vous faites partie de ceux qui s’inquiètent d’un retour au bureau généralisé dans les années à venir, soyez rassurés, Prithwiraj Choudhury, professeur à la Harvard Business School et spécialiste du travail à distance et de ses effets sur la productivité, en est convaincu : le télétravail est parti pour durer : « Le monde n’est pas prêt à revenir en 2019. » Entretien.L’Express : Avez-vous été surpris par l’annonce d’Andy Jassy ?Prithwiraj Choudhury : Je n’ai pas été surpris parce que je suis un universitaire et non un journaliste (rires). J’aborde toujours ce genre d’information comme une donnée parmi d’autres. Car à côté de la décision d’Amazon de revenir sur le télétravail, on voit aussi des grandes entreprises comme Dropbox ou Glassdoor doubler la mise en matière de travail à distance et fermer leurs derniers bureaux aux Etats-Unis. Ou encore, dernièrement, le nouveau PDG de Starbucks Brian Niccol qui a obtenu le droit de travailler depuis la Californie, où il vit, alors que le siège de l’entreprise se trouve à Seattle. Ainsi, lorsqu’on lit la presse, on voit des choses qui vont dans les deux sens en matière de télétravail. Face à cela, ma démarche consiste à rester prudent et à tenter de comprendre pourquoi la tendance évolue dans une direction donnée. En l’espèce, cela fait dix ans que j’étudie de près la question du télétravail. Et laissez-moi vous dire une chose : le monde ne reviendra pas en arrière.Dans un article paru dans le Wall Street Journal, vous avez qualifié l’annonce d’Andy Jassy de « leadership régressif ». Pourquoi ?Pour la simple et bonne raison que le monde a évolué. Depuis la pandémie, nous avons tous découvert le travail hybride. Les normes et les pratiques de travail ont changé. Cela fait cinq ans que nous pratiquons le travail hybride de manière stable. Et il est devenu très populaire. Je ne pense donc pas que la logique soit de revenir en 2019. Nous devrions au contraire aller de l’avant et tenter d’améliorer encore le travail hybride qui, pour les entreprises, est aussi un moyen d’attirer les talents. Ainsi, dans l’ancien monde, si une entreprise était installée à Paris, elle avait besoin que tous ses employés vivent dans la région parisienne. Avec le travail hybride, vous pouvez recruter des employés basés à Lyon, Nice ou dans d’autres régions de France et même peut-être à Londres, et ne réunir les équipes en présentiel qu’une fois par mois si vous le décidez. En outre, du point de vue de la diversité, en raison de la flexibilité qu’il permet, le travail hybride est un avantage pour les mères de famille.La définition même du bureau est en train de changerSelon le professeur d’économie Nicholas Bloom, une telle décision entraînera nécessairement un bond des démissions chez Amazon…Je suis d’accord. Certains de leurs meilleurs employés finiront par partir. Ils seront débauchés par d’autres concurrents prêts à leur offrir des pratiques de travail plus flexibles. Après cette annonce, on peut s’attendre à deux autres choses. D’une part, la mise en œuvre de cette décision sur le terrain s’annonce chaotique. Amazon a laissé la porte ouverte en disant qu’il y aurait des exceptions. Et il n’est pas impossible que les exceptions deviennent la règle. La deuxième chose, c’est le respect des règles. Lorsque vous dites à vos employés qu’ils doivent venir au bureau cinq jours, comment contrôlez-vous cela ? Et quelle est la conséquence si je viens seulement trois jours ? Allez-vous me licencier ? Ce n’est pas clair.Pourquoi certaines entreprises du monde de la tech notamment, font-elles, selon vous, marche arrière sur le télétravail ? Amazon a justifié sa décision en expliquant que lorsque les salariés sont sur place, « les équipes ont tendance à être mieux connectées les unes aux autres ».Amazon est certes une grande entreprise, mais ce n’est qu’une entreprise parmi d’autres. Nous vivons dans un monde dans lequel le travail hybride est fermement et durablement ancré. J’ai regardé de près plusieurs sources de données issues notamment du Bureau des statistiques du travail ou encore de l’équipe de recherche de Stanford qui elle-même a collecté de la data à l’échelle mondiale de Flex Index (une base de données sur les politiques de travail flexible, NDLR). Que nous apprennent-elles ? Au cours des 20 derniers mois, le pourcentage de jours travaillés à distance est d’environ 30 %. C’est un chiffre très stable. Cela me fait dire que les entreprises vont continuer à utiliser le travail hybride. Parce que les employés veulent de la flexibilité et que les managers ont déjà intégré ce besoin. La principale question qui se pose désormais, c’est de savoir comment le rendre plus efficace.Comment s’y prendre ?Il y a des bonnes et des moins bonnes versions du travail hybride. Par exemple, partons de l’hypothèse que vous et moi faisons partie de la même équipe et que l’entreprise impose de travailler en présentiel deux jours. Or, vous et moi choisissons deux jours différents pour venir au bureau. Vous venez le lundi et le mardi et pour ma part je viens le jeudi et le vendredi. Cela signifie que nous ne nous verrons jamais. L’objectif de ces deux jours au bureau fixé par la direction est ainsi réduit à néant. Donc, si vous vous rendez au bureau mais qu’aucun de vos collaborateurs directs n’est là, ce n’est absolument pas utile. La solution à ce problème, et que je défends depuis longtemps, c’est de laisser les équipes décider. Pas l’entreprise. C’est à chaque équipe de se mettre d’accord pour savoir quand et où se réunir. Et les traditionnels bureaux de centre-ville ne sont qu’un endroit parmi d’autres où les équipes peuvent se retrouver. Car la définition même du bureau est en train de changer.Comment ça ?Imaginons qu’une équipe se rende à une conférence ensemble. Elle peut très bien rester un ou deux jours de plus sur place et y organiser des réunions. Vous pouvez aussi, si cela convient à vos collègues, vous retrouver en banlieue plutôt que de vous rendre à tout prix en ville et faire la navette pendant une heure. La meilleure solution en matière de travail hybride, c’est que l’entreprise fasse des recommandations, et de laisser l’équipe décider ensuite du lieu et de la bonne fréquence. Devons-nous nous réunir toutes les semaines, tous les quinze jours, tous les mois ou tous les trimestres ? Comme je vous le disais, le plus crucial pour tisser des liens professionnels forts, c’est que ces jours-là, toute l’équipe soit présente.D’après la recherche, y a-t-il un modèle parfait de travail hybride ?Mes recherches ont montré que 25 % du temps devrait être en présentiel. Mais ces 25 % peuvent se traduire différemment selon les équipes. Pour certaines, cela pourrait signifier un jour par semaine. Cela peut aussi vouloir dire deux jours. Et il n’est pas nécessaire que ces 25 % aient lieu chaque semaine. Il peut s’agir de deux jours tous les quinze jours ou encore une semaine entière par mois. 25 %, c’est simplement la solution optimale. Je ne pense pas, par ailleurs, que le travail à distance à 100 % soit bon.Constatez-vous une différence de tendances entre les Etats-Unis et l’Europe ?Dans le monde entier, les salariés considèrent la flexibilité comme le deuxième critère d’attractivité pour un emploi, après le salaire. Ils sont même prêts à renoncer à 5 à 7 % de leur rémunération pour avoir la possibilité de travailler à distance ou de manière hybride. Il s’agit d’un phénomène mondial. Je ne pense pas qu’il y ait d’exception.

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Author : Laurent Berbon

Publish date : 2024-09-22 09:30:00

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L’Express

Zweig, Hemingway et Pavese : ces démons qui ont hanté leurs derniers jours

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Le 23 février 1942, à Petrópolis, au Brésil, deux jours après avoir envoyé à ses éditeurs le manuscrit du Joueur d’échecs, Stefan Zweig s’empoisonne avec un barbiturique auprès de Lotte, sa seconde épouse. Le 2 juillet 1961, de bon matin, dans son chalet de l’Idaho, Ernest Hemingway se tire une balle dans la tête avec son fusil de chasse à double canon. Entre ces deux drames, le 27 août 1950, dans un hôtel de Turin, Cesare Pavese se donne la mort en avalant une dose létale de somnifères. Il laisse un mot disant : « Je pardonne à tous et à tous je demande pardon. Ça va ? Pas trop de bavardages. »Quelques décennies après ces brefs adieux, trois écrivains français se chargent de raconter la fin de ces légendes de la littérature du XXe siècle. Ecrire n’est pas une fête. Animé par « le besoin d’aller réveiller de vieux fossiles », Pierre Adrian s’était fait connaître avec La Piste Pasolini, où il partait sur les traces du maître à penser de sa vingtaine. Désormais trentenaire, il enquête sur Pavese. Hotel Roma est un éloge jamais hagiographique au « Piémontais ténébreux, dur, laconique, sentencieux », en qui il a trouvé un « compagnon lucide ». « L’amour des femmes aura été la grande tragédie de Pavese », note Adrian, qui y voit l’une des clefs de sa noirceur. On le disait impuissant, il n’aura en tout cas jamais réussi à construire une relation apaisée avec quelqu’un. Ses carnets, son journal intime et ses recueils servaient à éponger la mélancolie de ce grand taiseux qui écrivait comme pour se consoler : « Mon rôle public, je l’ai accompli – j’ai fait ce que je pouvais. J’ai travaillé, j’ai donné de la poésie aux hommes, j’ai partagé les peines de beaucoup. »De la même façon qu’Adrian sillonne Turin dans Hotel Roma, se mettant en scène en train d’avancer sur son livre, Sébastien Lapaque arpente le Brésil dans Echec et mat au paradis. Un fait historique le tracasse : qu’ont pu se raconter Georges Bernanos et Stefan Zweig quand le premier a reçu le second en janvier 1942 dans sa ferme de la Croix-des-Ames, à Barbacena ? On sait juste que leur conversation s’est déroulée en français – tout le reste, il fallait l’inventer. Entre les différents actes de ce dialogue imaginaire aux airs de pièce de théâtre, Lapaque digresse (avec une érudition époustouflante) sur la situation politique du Brésil des années 1940 ainsi que sur la vie et l’œuvre de ses deux duellistes. Si Lapaque apprécie l’alcool (en témoigne son récent On aura tout bu), c’est surtout le vin de messe qui coule dans ses veines : ses livres sont toujours irrigués par une dimension mystique. Echec et mat au paradis est une sorte de sermon au Corcovado, où le père Sébastien se ferait le porte-voix du Christ Rédempteur en opposant le « juif humaniste, sceptique » plombé par le désespoir et le « catholique errant » chantre de l’espérance (ce « désespoir surmonté »). Page 123, l’auteur nous laisse cette phrase à méditer : « En écrivant ce livre, j’ai compris que le suicide était une défaite intime dont ne devaient pas être exclues les causes extérieures : l’échec public, la trahison, l’éloignement de sa patrie, le vide social. »Un goût pour les colosses aux pieds d’argileComment expliquer que le robuste Hemingway ait lui aussi mis fin à ses jours ? C’est le sujet d’Il ne rêvait plus que de paysages et de lions au bord de la mer, où Gérard de Cortanze reconstitue mois après mois la dernière année de l’auteur de Pour qui sonne le glas. A l’été 1960, le (pas si) vieil homme est amer. A priori, cet ogre qui buvait plus que Lapaque n’avait rien à voir avec un fantôme kafkaïen comme Pavese. Voilà que lui aussi est miné par l’impuissance. Il a du mal à écrire et tourne en rond à Cuba, surveillé par le FBI. Il part s’aérer en Espagne, mais doit aussitôt rentrer se soigner aux Etats-Unis, plus précisément à la clinique Mayo, dans le Minnesota, où il est soumis à des électrochocs qui aggravent sa paranoïa aiguë. L’année 1961 est pour lui une descente aux enfers, jusqu’à son geste fatal, qui l’inscrit dans un funeste héritage (son père s’était déjà suicidé, avec un revolver). Trois ans après Le Roi qui voulait voir la mer, son beau livre sur Louis XVI, Cortanze confirme son goût pour les colosses aux pieds d’argile. Le Hemingway qu’il décrit est fragile et humain. Comme pour Lapaque avec Zweig et Bernanos, on sent un long compagnonnage entre Cortanze et Hemingway. A l’heure où le développement personnel cartonne en librairie, mieux vaut se tourner vers ces âmes tourmentées pour tenter de comprendre quelque chose au délicat métier de vivre.Hotel Roma, par Pierre Adrian. Gallimard, 192 p., 19,50 €.Echec et mat au paradis, par Sébastien Lapaque. Actes Sud, 336 p., 22,50 €.Il ne rêvait plus que de paysages et de lions au bord de la mer, par Gérard de Cortanze. Albin Michel, 320 p., 22,90 €.

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Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld

Publish date : 2024-09-22 10:00:00

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L’Express

Gouvernement Barnier : une équipe plus large, plus vieille et plus à droite que celle d’Attal

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Fumée blanche à Matignon. Samedi 21 septembre, Emmanuel Macron a officiellement nommé les 39 membres du gouvernement du Premier ministre Michel Barnier. Une composition marquée à droite, fruit d’une fragile coalition entre le bloc central et Les Républicains, afin de tenter de clore la plus grave crise politique de la Ve République.Bien que le camp présidentiel reste majoritaire dans la liste des membres de ce gouvernement, leur nombre, leur âge, leur sexe ou leur passé politique marquent une différence notable avec l’équipe sortante.Le plus gros gouvernement depuis dix ansPremier fait notable : ce gouvernement est plus large que celui de Gabriel Attal. On dénombre 39 ministres et secrétaires d’Etat, contre 35 pour l’équipe précédente. C’est même le plus large depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Comme le note la revue géopolitique Le Grand Continent, « il faut aller jusqu’au deuxième gouvernement Ayrault (2012-2014) pour trouver un exécutif avec plus de membres ».Plus précisément, l’équipe de Michel Barnier compte 19 ministres de plein exercice, en comptant les ministères du Budget et des Outre-mer rattachés au Premier ministre, contre 14 pour le gouvernement Attal. Cette nouvelle équipe se démarque donc par le nombre de portefeuilles qui ne sont pas placés sous l’autorité d’un autre ministre. Pour le reste, les nombres de ministres délégués (15) et de secrétaires d’Etat (5) sont presque identiques au gouvernement précédent (16 et 5 membres, respectivement). View this post on Instagram A post shared by L’Express (@lexpressfr)Une majorité de ministres « débutants »Le nouveau gouvernement compte 17 représentants du camp présidentiel, 10 du parti de droite Les Républicains, 2 du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot) et un seul ministre issu de la gauche.Dans le détail, le bloc central est représenté par 12 membres du parti Renaissance, 3 membres du MoDem et 2 du parti Horizons. Malgré tout, aucun poids lourd de l’ex-majorité présidentielle ne demeure après les sorties de Gérald Darmanin (Intérieur) et de Bruno Le Maire (Economie). Les macronistes sont pour la plupart peu connus, à l’exception peut-être de Sébastien Lecornu ou d’Agnès Pannier-Runacher, tous deux déjà présents dans les deux derniers gouvernements. En final, seuls 6 membres du gouvernement ont déjà été ministres depuis l’élection d’Emmanuel Macron.De leur côté, Les Républicains, apparaissent particulièrement bien représentés en nombre de portefeuilles (10) au vu de leur représentation à l’Assemblée (47 sièges sur 577). Plus généralement, l’équipe de Michel Barnier est surtout composée de personnalités faisant leurs débuts dans un gouvernement : en comptant le Premier ministre, seuls 9 ministres avaient déjà occupé des fonctions ministérielles avant d’être nommés ce samedi.Un gouvernement paritaire et plus vieuxEnfin, d’autres critères marquent des changements notables entre ce gouvernement et l’ancien. La place des femmes, d’abord. À première vue, les équipes de Gabriel Attal et de Michel Barnier sont toutes deux strictement paritaire : alors que l’équipe Attal comptait 18 femmes et 17 hommes, le gouvernement Barnier est constitué de 20 femmes et 19 hommes. En revanche, les hommes restent plus nombreux à la tête des ministères de plein exercice : on dénombre ainsi 11 hommes contre seulement 8 femmes. Ce ratio est toutefois en hausse par rapport au gouvernement Attal, qui se composait de 9 hommes et 5 femmes ministres de plein exercice.Autre élément marquant : l’âge moyen des membres du gouvernement augmente entre les équipes Attal et Barnier. Il passe de 48 à 52 ans. Et ce, alors que Michel Barnier avait déjà succédé au plus jeune Premier ministre de la Ve République (34 ans) en battant un autre record d’âge (73 ans). Le chef du gouvernement est d’ailleurs le doyen de son équipe, alors que ce titre revenait auparavant à l’ex-ministre de l’Education nationale, Nicole Belloubet (68 ans).L’âge des benjamins du gouvernement reste cependant le même : 33 ans. Le ministre de l’Economie, Antoine Armand, et la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, sont désormais les membres les plus jeunes du groupe Barnier, après l’ex-ministre chargée des Relations avec le Parlement, Marie Lebec.

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Publish date : 2024-09-22 13:01:43

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L’Express

Frappes entre Israël et le Hezbollah : le Moyen-Orient au bord de la « catastrophe », selon l’ONU

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Des dizaines d’avions de combat israéliens ont mené des bombardements intenses samedi contre le sud du Liban, fief du Hezbollah, au lendemain d’une frappe d’Israël qui a décapité l’unité d’élite du mouvement libanais et fait au total 45 morts. Cette escalade, qui fait craindre une guerre à grande échelle, a poussé le Premier ministre libanais Najib Mikati à annuler son déplacement à l’ONU, à New York, en appelant « à la fin des terribles massacres israéliens ».Le Hezbollah, puissant acteur politique et militaire au Liban, a ouvert un front avec le voisin israélien en « soutien » au Hamas, son allié, au lendemain du début de la guerre à Gaza déclenchée par une attaque d’une ampleur inédite du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023.Les infos à retenir⇒ La frappe israélienne près de Beyrouth a fait 45 morts, selon un nouveau bilan officiel⇒ Le Hezbollah affirme avoir ciblé des complexes industriels militaires israéliens⇒ Les Etats-Unis appellent leurs citoyens à évacuer le Liban tant qu’il y a des vols commerciauxIsraël a infligé au Hezbollah « une série de coups qu’il n’aurait jamais imaginés », déclare NetanyahouLe Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a déclaré ce dimanche que l’armée avait infligé au Hezbollah libanais « une série de coups qu’il n’aurait jamais imaginés », après une nuit d’intenses échanges de tirs transfrontaliers et une frappe sur Beyrouth vendredi. « Si le Hezbollah n’a pas compris le message, je vous le promets, il le comprendra », a-t-il ajouté dans un communiqué de son bureau. « Nous sommes déterminés à faire en sorte que les habitants du nord puissent revenir chez eux en toute sécurité. Aucun pays ne peut tolérer qu’on tire sur ses habitants, sur ses villes, et nous, l’Etat d’Israël, ne le tolérerons pas non plus », a-t-il encore dit.Le Moyen-Orient au bord de la « catastrophe », la solution n’est pas militaire, selon une responsable de l’ONULa représentante de l’ONU au Liban a mis en garde ce dimanche contre une « catastrophe imminente » au Moyen-Orient, en pleine escalade militaire entre Israël et le Hezbollah libanais, estimant que la solution n’était pas d’ordre militaire. « Alors que la région est au bord d’une catastrophe imminente, nous ne pouvons pas le dire assez : il n’y a PAS de solution militaire pour rendre l’un ou l’autre côté plus sûr », a déclaré sur X la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert.La frappe israélienne près de Beyrouth a fait 45 morts, selon un nouveau bilan officielLe bilan de la frappe israélienne qui a visé vendredi l’unité d’élite du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth s’est alourdi à 45 morts, a annoncé ce dimanche le ministère libanais de la Santé. « Le nombre de morts s’élève à 45 », a déclaré le ministère dans un communiqué, contre 37 précédemment. Les opérations « continuent pour déblayer les décombres pour la troisième journée consécutive » et des prélèvements d’ADN sont en cours pour déterminer l’identité d’une partie des victimes, a-t-il ajouté.Le Hezbollah affirme avoir ciblé des complexes industriels militaires israéliensLe Hezbollah a affirmé ce dimanche avoir ciblé des installations de production militaire israéliennes en réponse aux explosions meurtrières ayant touché cette semaine ses appareils de transmission. « Dans une première réponse » aux explosions mardi et mercredi au Liban de bipeurs et de talkies-walkies appartenant à des membres du Hezbollah et imputées à Israël, le mouvement islamiste libanais a affirmé dans un communiqué avoir « bombardé les complexes de l’industrie militaire Rafael », dans le nord d’Israël, avec des « dizaines » de roquettes.Le mouvement chiite a également affirmé avoir pris pour cible la « base et l’aéroport de Ramat David », situés à environ 45 kilomètres de la frontière, à deux reprises au cours de la nuit, en utilisant des « dizaines » de roquettes Fadi-1 et Fadi-2, en réponse aux « attaques israéliennes répétées qui ont visé différentes régions libanaises et causé la mort de nombreux civils ». Le site de Ramat David est l’un des plus éloignés de la frontière libanaise que le Hezbollah ait déclaré avoir ciblé en près d’un an d’échanges de tirs transfrontaliers. @lexpress Des talkies-walkies qui explosent au Liban, le Hezbollah a été frappé par une deuxième attaque technologique en deux jours. On vous explique. sinformersurtiktok apprendreavectiktok ♬ original sound – L’Express – L’Express L’armée israélienne dit frapper des cibles du Hezbollah au LibanL’armée israélienne a indiqué qu’elle menait des frappes sur des cibles du Hezbollah au Liban ce dimanche matin, après que le mouvement islamiste a tiré des dizaines de roquettes sur des zones habitées dans le nord d’Israël. « L’armée israélienne frappe actuellement des cibles de l’organisation terroriste du Hezbollah au Liban », a précisé l’armée dans un communiqué, ajoutant que le mouvement armé libanais avait tiré environ 115 projectiles au cours des dernières heures « en direction de zones civiles dans le nord d’Israël ».Israël : des centaines de milliers de personnes dans des abris antiaériensL’armée israélienne a annoncé que 115 projectiles ont été tirés depuis le Liban tôt ce dimanche matin, obligeant des centaines de milliers d’habitants à se réfugier dans des abris antiaériens et les autorités à ordonner la fermeture des écoles dans le nord du pays. »Environ 85 projectiles ont été identifiés comme traversant le territoire israélien depuis le Liban » peu après 6 heures, et « environ 20 » lors d’une précédente salve peu avant 5 heures, a expliqué l’armée dans un communiqué. « Des centaines de milliers de personnes ont dû se réfugier dans des abris antiaériens dans le nord d’Israël », a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, porte-parole de l’armée.L’armée a indiqué que la salve de roquettes tirée par le Hezbollah avait déclenché des incendies. Les services de secours israéliens ont fait état d’au moins quatre personnes blessées par des éclats d’obus, trois d’entre elles près d’Haïfa, grande ville du nord d’Israël.Les Etats-Unis appellent leurs citoyens à évacuer le Liban tant qu’il y a des vols commerciauxWashington a exhorté samedi les Américains présents au Liban à quitter le pays tant que des options commerciales restent disponibles, en pleine intensification du conflit entre Israël et le Hezbollah. « En raison de la nature imprévisible du conflit en cours entre le Hezbollah et Israël et des récentes explosions à travers le Liban, y compris à Beyrouth, l’ambassade américaine exhorte les citoyens américains à quitter le Liban tant que des options commerciales restent disponibles », a annoncé le Département d’État.Une manifestation à Tel-Aviv pour réclamer la libération des otages à GazaDes milliers d’Israéliens sont à nouveau descendus dans les rues de Tel-Aviv samedi soir pour critiquer l’absence d’un accord de trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, qui permettrait d’aboutir à la libération des otages capturés lors de l’attaque du 7 octobre. Les manifestations hebdomadaires sont devenues plus critiques à l’égard du gouvernement depuis que des responsables israéliens ont annoncé au début du mois que les cadavres de six otages avaient été retrouvés dans le sud de la bande de Gaza.Israël ordonne la fermeture pendant 45 jours du bureau d’Al Jazeera à RamallahLa chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera a annoncé que les forces israéliennes avaient effectué ce dimanche une descente dans ses bureaux de Ramallah, en Cisjordanie occupée, et émis un ordre de fermeture de 45 jours.Un soldat israélien a déclaré au chef du bureau Walid al-Omar : « Il y a une décision de justice pour fermer Al-Jazeera pendant 45 jours », a rapporté la chaîne, citant la conversation qui a été retransmise en direct. « Je vous demande de prendre toutes vos caméras et de quitter le bureau tout de suite », a poursuivi le soldat. Selon des images de la chaîne, les militaires sont entrés masqués et lourdement armés. Al-Jazeera affirme qu’ils n’ont pas donné la raison de cet ordre de fermeture. Walid al-Omari a cependant précisé qu’Al Jazeera est accusé dans l’ordre de fermeture d' »inciter et de soutenir le terrorisme », selon ses propos rapportés par la chaîne.

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Publish date : 2024-09-22 12:39:31

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L’Express

Adam Kirsch : « Dans l’esprit des anticolonialistes, imaginer la suppression d’Israël est plausible »

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Il y a presque un an, le Hamas menait une attaque terroriste sans précédent contre Israël, faisant environ 1200 morts. Comme beaucoup, Adam Kirsch, rédacteur en chef de la Weekend Review du Wall Street journal, a été frappé par la propension d’individus célébrant les actions meurtrières du groupe terroriste – certains y voyant un acte de « résistance » face au « colon » israélien. Pourquoi ? C’est la question que s’est posée l’auteur de On Settler Colonialism : Ideology, Violence, and Justice, un ouvrage qui vient de paraître (W.W. Norton, non traduit). « La réponse est assez simple : bien avant le 7 octobre, la cause palestinienne était déjà perçue dans les milieux universitaires occidentaux comme un combat contre le ‘colonialisme de peuplement’ (…) – un terme désignant la découverte par les colons européens d’une terre considérée comme ‘terra nullius’ (qui n’appartient légalement à personne), une volonté d’expansion et, pour ce faire, la destruction des peuples et des cultures autochtones », détaille-t-il auprès de L’Express, non sans réserves concernant l’application de ce concept à l’Etat hébreu.Le journaliste et critique culturel explique ainsi pourquoi, bien qu’il existe des similitudes, « concevoir la formation de l’Etat d’Israël comme un cas patent de ‘colonialisme de peuplement’ n’est pas honnête ». Notamment car l’Etat hébreu n’est pas issu de l’impérialisme européen. Alors pourquoi une telle obsession pour celui-ci et non pas d’autres Etats ? « Israël offre aux théoriciens et aux militants anticolonialistes une chose essentielle qu’ils ne trouveront pas dans l’étude des Etats-Unis ou du Canada : une cible crédible. (…) Imaginer sa suppression effective, donc un véritable départ des Israéliens au profit des Palestiniens qui revendiquent cette terre est plausible. » Entretien.L’Express : Après les attaques du 7 octobre, des mobilisations propalestiniennes ont émergé dans de nombreuses écoles prestigieuses – avec, pour certaines, des glorifications des actes du Hamas. Vous y voyez le signe d’une progression du concept académique de « colonialisme de peuplement » dans le débat public…Adam Kirsch : Absolument. Dans les premiers jours qui ont suivi les attaques, j’ai été frappé, comme beaucoup, par la propension d’individus qui célébraient les actions du Hamas. Je me suis donc demandé pourquoi. La réponse est assez simple : bien avant le 7 octobre, la cause palestinienne était déjà perçue dans les milieux universitaires occidentaux comme un combat contre le « colonialisme de peuplement » – un concept académique théorisé dans les années 1990 par des intellectuels en Australie, au Canada et aux Etats-Unis, qui a acquis une certaine importance ces dernières années dans le domaine des sciences humaines. En principe, ce terme désigne la découverte par les colons européens d’une terre considérée comme « terra nullius » (qui n’appartient légalement à personne), une volonté d’expansion et, pour ce faire, la destruction des peuples et des cultures autochtones. Selon cette logique, les sociétés contemporaines issues de la colonisation européenne seraient donc intrinsèquement frappées d’illégitimité, car leur passé colonisateur ferait partie intégrante de leur identité. C’est ainsi que certains en arrivent à considérer les attaques du 7 octobre comme le bras armé d’une lutte légitime pour la libération du peuple palestinien face au « colon » israélien. Mais c’est bien là le problème : Israël ne remplit pas les critères qu’implique ce concept de « colonialisme de peuplement ».Comment cela ?Comprenez-moi bien : il existe bien sûr des similitudes. L’Etat hébreu s’est en effet créé contre la volonté d’un peuple. De fait, lorsque les sionistes ont commencé à migrer en Palestine à la fin du XIXe siècle, puis après la Première Guerre mondiale, les Arabes palestiniens n’en voulaient pas – ce qui a conduit à une lutte armée à partir des années 30, suivie d’une guerre civile entre Juifs et Arabes jusqu’en 1949 qui a abouti à l’établissement d’Israël. Ainsi, au sens où l’on parle d’un Etat créé par des individus venus d’Europe contre la volonté de ceux qui s’y trouvaient jusqu’ici, il s’agit bien d’une situation coloniale. Sans oublier le fait qu’en 1967, Israël a commencé à administrer et occuper militairement la bande de Gaza et la Cisjordanie. Aujourd’hui c’est une réalité : plusieurs millions d’Arabes sont sous autorité israélienne en Cisjordanie sans être pour autant citoyens israéliens.Cela étant posé, concevoir la formation de l’Etat d’Israël comme un cas patent de « colonialisme de peuplement » n’est pas honnête : Israël n’est pas issu de l’impérialisme européen. Son existence n’est pas le produit de l’envoi de troupes en vue d’étendre un territoire et de l’exploiter par la force, comme ce fut le cas lors de la colonisation européenne de l’Amérique du Nord à la fin du XVIe siècle, ou de l’Afrique à la fin du XIXe siècle. Quand les juifs sont arrivés en Palestine dans les années 1880, ils ne sont pas arrivés en tant que colons mais comme victimes de persécutions religieuses et politiques (qui plus est, en petit nombre, dans un premier temps). Ensuite, la création de l’Etat hébreu n’a pas entraîné la destruction des peuples indigènes (même si beaucoup de personnes ont été déplacées). Or l’idée de « colonialisme de peuplement » induit bien souvent l’existence d’un génocide du peuple autochtone. Je comprends qu’à l’heure où des dizaines de milliers de personnes meurent à Gaza, cette nuance soit délicate à exprimer. Reste que la réalité historique n’est pas celle d’une volonté génocidaire. Là où la population amérindienne de la Nouvelle-Angleterre a été divisée par dix au minimum en raison de la colonisation, la population arabe de Palestine a quintuplé après 1948, passant de 1,4 million à environ 7,4 millions aujourd’hui.Dans son livre La guerre de Cent Ans contre la Palestine, l’historien Rashid Khalidi écrivait que l’objectif du sionisme était de créer une « colonie de colons européens blancs ». Dans votre ouvrage, vous postulez au contraire que « si les études sur le colonialisme de peuplement n’étaient pas déterminées, pour des raisons idéologiques, à rejeter tout lien entre les juifs et la terre d’Israël, elles pourraient trouver dans le sionisme un archétype du type de décolonisation qu’elles espèrent pour l’Amérique ». Expliquez-nous…Oui. Comme je l’ai dit, le concept de colonialisme de peuplement repose sur la distinction colon/indigène (ou autochtone), et l’idée que les colons devraient rendre tout ou partie de la terre qui leur a été enlevée aux autochtones. Or dans la doctrine du sionisme, les juifs sont aussi perçus comme un peuple indigène qui réclame la terre qu’il a perdue depuis longtemps. Ça ne signifie pas que les Palestiniens ne peuvent pas revendiquer cette terre eux aussi. Je dis simplement que le sionisme en tant que tel n’est pas une idée colonisatrice. Le croire, ce serait se méprendre fondamentalement sur les motivations des sionistes.On pourrait vous répondre que de nombreux sionistes radicaux revendiquent l’occupation de la Cisjordanie en prônant l’idée d’un « Grand Israël ».Bien sûr, la situation en Cisjordanie est un gros problème. Mais les procès en « colonialisme » visant Israël ne reposent pas sur cela. Là est l’enjeu. Il est important de noter que les attaques du Hamas du 7 octobre se sont déroulées derrière la ligne verte (les frontières d’Israël internationalement reconnues) et non pas en territoire occupé. Pourtant, ceux qui ont célébré les attaques du Hamas y ont vu une démarche de « libération » face au « colon israélien ». Autrement dit, qu’importe ce que fait Israël : aux yeux des partisans de ce concept, Israël est un Etat intrinsèquement colon, non pas pour son occupation de la Cisjordanie ou d’un autre territoire, mais pour ce qu’il est.Quel serait, selon vous, le cas le plus emblématique de « colonialisme de peuplement » du XXI siècle ?La Chine. Que ce soit au Tibet ou au Xinjiang, les campagnes menées sur place comportent des caractéristiques évidentes du colonialisme de peuplement – à commencer par le fait de remplacer un peuple et une culture par une autre importée par une puissance impériale par le biais de moyens génocidaire. En 2023, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a rapporté que le gouvernement chinois aurait forcé un million d’enfants tibétains à partir en pensionnat pour « assimiler » ce peuple et le siniser. De fait, cette volonté d’effacement implique également l’installation de Chinois Han dans la région du Tibet. Et le constat est le même dans la province du Xinjiang, où l’on observe des stérilisations forcées pour limiter les naissances et où plus d’un million de musulmans ouighours ont été arrêtés pour être placés dans des camps de rééducation ou de détention… Et pourtant, le Tibet comme le Xinjiang sont très peu évoqués lorsqu’il s’agit de parler du colonialisme de peuplement, contrairement à Israël.Comment expliquez-vous ce déséquilibre ?Il y a bien sûr des raisons pratiques (la barrière de la langue rend parfois nécessaire pour les chercheurs de se concentrer sur des pays où les ressources sont en anglais et non censurées), mais surtout, Israël offre aux théoriciens et aux militants anticolonialistes une chose essentielle qu’ils ne trouveront pas dans l’étude des Etats-Unis ou du Canada : une cible crédible. Pourriez-vous imaginer que les deux pays que je viens de citer soient concrètement décolonisés, au sens où les descendants des colons originels reviendraient dans leurs pays historiques pour rendre la terre qu’ils occupaient aux autochtones ? La réponse est évidemment « non ». Désormais, les descendants de colons y sont majoritaires, les peuples autochtones trop peu nombreux et les territoires sont immenses. Pour ces pays, comme pour la Chine, que j’évoquais, la critique de la colonisation porte donc davantage sur la culture, les institutions politiques. En clair, cela se passe sur un plan moral.Dans le cas d’Israël, la situation est très différente. C’est un pays jeune, moins puissant (malgré ce que l’on en dit), et la volonté de le détruire est ancienne. Imaginer sa suppression effective, donc un véritable départ des Israéliens au profit des Palestiniens qui revendiquent cette terre, est plausible. Vous savez, dans les années 60, il était possible d’imaginer que l’Algérie se décolonise car le rapport de force était favorable aux colonisés (environ 9 millions d’arabes et de berbères contre 1 million de colons), et c’est ce qui s’est produit. Aujourd’hui, il n’y a qu’en Israël qu’il est possible d’imaginer que la lutte contre le colonialisme devienne une réalité. C’est donc un cas d’étude et un objet de militantisme idéal pour qui voudrait voir se concrétiser ce qui ne pourra de toute évidence pas se produire dans les pays historiquement colonisés les plus emblématiques.Vous avez étudié le lien entre accusations de colonialisme de peuplement visant Israël et antisémitisme. Qu’en est-il ressorti ?Ce lien peut exister, mais il n’est pas systématique. L’anticolonialisme, en un sens, se rapproche parfois des formes traditionnelles d’antisémitisme en ce qu’il considère Israël comme le mal universel. Pour certains, beaucoup des problèmes de notre monde sont ainsi illustrés par Israël – par exemple la destruction de l’environnement, le racisme, les conflits militaires… Si bien qu’il arrive qu’une analogie fallacieuse soit faite entre la judéité et ces problématiques. Je pense que cela tient notamment aux restes de doctrines anciennes chrétiennes présentant les juifs comme matérialistes et sans cœur, qui ont longtemps imprégné les sociétés européennes.Dans votre livre, vous vous inquiétez des conséquences de cette accusation de « colonialisme de peuplement » à l’endroit d’Israël. Pour l’État hébreu, mais aussi pour les Palestiniens…Absolument. Si l’on se place dans la logique des théoriciens du colonialisme de peuplement qui appliquent ce concept à Israël, cela implique donc de considérer que les juifs n’ont rien à faire là-bas, quelle que soit la politique qu’ils mènent. Il faudrait donc les expulser. Mais où iraient-ils ? Quel serait leur pays « d’origine » ? Il n’y en a pas ! L’utilisation systématique du concept de colonialisme de peuplement va totalement à l’encontre de l’objectif d’une solution à deux Etats, qui est, à mon avis, la seule solution moralement juste (même si sa réalisation semble peu probable à l’heure actuelle) et surtout à deux peuples vivant pacifiquement côte à côte, puisqu’elle implique fondamentalement de vaincre l’autre partie. En ce sens, elle est à l’image des nationalistes israéliens extrémistes qui rêvent d’un « Grand Israël ». Ni plus, ni moins.

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Author : Alix L’Hospital

Publish date : 2024-09-22 12:00:00

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L’Express

Comment profiter de la folle hausse du cours de l’or

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Elle pèse 28,35 grammes et n’a jamais valu aussi cher que cette année : l’once d’or se négocie 2 500 dollars, un niveau proche de son record historique de 2 531 dollars atteint en août 2024. Soit 1 000 dollars de plus qu’il y a cinq ans ! La principale explication de cette récente envolée est à chercher du côté de la demande d’or physique. « Les banques centrales émergentes, notamment chinoise, procèdent à des achats massifs depuis trois ans, ce qui contribue à faire grimper les cours. Pékin cherche en effet à réduire sa dépendance au dollar, alors que ses réserves sont aujourd’hui largement investies en bons du Trésor américain », indique Arnaud du Plessis, gérant du fonds CPR Invest Global Gold Mines chez CPR Asset Management.Les clignotants restent au vert pour les prochains mois, cette fois dans un contexte de baisse des taux directeurs aux Etats-Unis. En effet, l’or ne procurant pas de rendement (contrairement aux actions et aux obligations), il est traditionnellement moins recherché quand les taux d’intérêt sont élevés, et, inversement, il enregistre un regain d’intérêt lorsque ceux-ci diminuent. Or, la Réserve fédérale américaine devrait commencer à baisser ses taux d’ici à la fin de l’année si l’inflation entame son reflux. « L’once pourrait se diriger vers un nouveau record à 2 800, voire 3 000 dollars, d’ici à douze mois », anticipe Alexandre Baradez, analyste marchés chez IG.Le métal jaune conserve également son statut de valeur refuge vers laquelle les investisseurs se tournent lorsque tout va mal. La guerre en Ukraine, la situation au Proche-Orient et les tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et la Chine influent régulièrement sur les cours. D’un point de vue plus structurel, l’or constitue aussi une bonne source de diversification. « Détenir entre 2 % et 5 % de son patrimoine sous forme d’or a du sens, car cela permet de le protéger contre l’inflation », préconise Benoist Lombard, le président de Maison Laplace.Plusieurs solutions s’offrent aux investisseurs intéressés. La plus classique consiste à acheter des pièces comme le Napoléon 20 francs, des lingots de 1 kilo ou des lingotins de 100, 250 ou 500 grammes auprès d’une officine spécialisée. Là encore, les cours sont proches des sommets : le lingot de 1 kilo a inscrit un record à 73 470 euros fin août, et vaut à présent un peu plus de 71 000 euros, soit 18 % de plus que fin décembre 2023Autour de 3 % de fraisLes épargnants achetant des pièces et des lingots doivent régler autour de 3 % de frais. Compte tenu des sommes en jeu, il faut bien entendu les mettre à l’abri dans un coffre, chez soi, dans une agence bancaire ou encore via les solutions de stockage proposées par certains comptoirs. Par ailleurs, il est impératif de conserver l’ensemble des documents remis par l’intermédiaire lors de l’achat afin de pouvoir revendre, le jour venu, dans de bonnes conditions, notamment fiscales. « Les pièces sont vendues dans des sachets scellés qui garantissent leur traçabilité, ils ne doivent pas être ouverts », précise Laurent Schwartz, DG du Comptoir national de l’or. Les lingots sont quant à eux vendus avec un certificat d’authenticité garantissant leur titrage, c’est-à-dire la quantité d’or pur contenue. Il peut arriver que le prix d’une pièce ou d’un lingot soit supérieur à celui de son poids en or. On parle alors de prime. Celle-ci reflète l’offre et la demande : lorsque les acheteurs sont nombreux, la prime augmente, et inversement. L’idéal consiste à acheter lorsque la prime est faible, et à revendre lorsqu’elle est plus importante. « La prime s’élève à 4 % actuellement sur le Napoléon, un niveau raisonnable par rapport à une moyenne historique de l’ordre de 6 % à 8 % », illustre Laurent Schwartz.Il est aussi possible d’investir sur l’or via des placements financiers comme des ETC (exchange traded commodities), des titres cotés en Bourse sur Euronext dont le cours réplique l’évolution du cours de l’once d’or. Ces ETC proposés par Invesco, iShares, Xtrackers, Wisdom Tree ou encore Amundi sont investis en or physique. « Des lingots sont achetés – ou vendus – chaque jour en fonction de l’évolution de l’encours de notre produit, puis placés dans les coffres de la JPMorgan Chase à Londres », relate Thibaud de Cherisey, responsable de la distribution ETF EMEA chez Invesco. Ces produits comportent toutefois une part de risque supplémentaire associée à leurs émetteurs, puisqu’il s’agit d’un placement financier. Mais les avantages sont nombreux : inutile de se soucier, comme pour l’achat de pièces ou lingots, du stockage. De plus, « on peut fractionner son investissement, puisque notre ETC cote autour de 225 dollars, alors qu’un lingot vaut 70 000 euros », ajoute Thibaud de Cherisey. Enfin, les fonds répliquant le cours de l’or se négocient en Bourse à frais de courtage très réduits (de 0,1 à 0,50 %).Autre solution, les fonds investis en actions de sociétés minières bénéficient eux aussi de l’envolée des cours de l’or : ils ont gagné 18,91 % depuis le 1er janvier (au 23 août), d’après Morningstar. Les mines d’or bénéficient directement de la hausse des cours de l’or. « Les coûts de production augmentent fortement depuis 2019 en raison de la hausse des prix de l’énergie et des salaires, mais la remontée du cours permet aujourd’hui aux entreprises de reconstituer leurs marges », explique Charles-Edouard Bilbault, gérant de R-co Thematic Gold Mining chez Rothschild & Co. Asset Management, dont le fonds est diversifié sur des valeurs exploitant d’autres métaux, comme l’argent, le cuivre ou le nickel.Quelques rares fonds sont exposés au cours de l’or, et non aux valeurs minières. C’est le cas d’OFI Invest Precious Metals, d’OFI Invest, dont l’objectif est d’offrir une exposition à l’évolution d’un panier de quatre métaux précieux (or, argent, platine et palladium), via des produits dérivés. Il progresse de 8,68 % sur un an. « Une exposition à un panier de métaux plutôt qu’à l’or uniquement assure une diversification suffisante pour répondre à la réglementation européenne UCITS, ce qui permet au fonds d’être éligible à l’assurance-vie », précise son gérant Benjamin Louvet. Quant au fonds Or physique, de la Financière de la Cité, il s’agit d’un fonds professionnel (minimum d’investissement de 100 000 euros) investi en or physique conservé dans des coffres de la banque HSBC en Grande-Bretagne. Il est éligible aux contrats d’assurance-vie luxembourgeois, mais non aux contrats français.A chacun son régime fiscalEn matière d’impôts, il existe plusieurs règles selon le support pour lequel vous avez opté. Les pièces et lingots d’or sont soumis à la taxe sur les métaux précieux de 11,50 % lors de la revente. Celle-ci est calculée non sur la plus-value réalisée, mais sur le montant de la cession. Elle s’applique donc même en cas de moins-value.Il est cependant possible d’opter pour un autre régime fiscal, plus avantageux, à condition de pouvoir justifier de la date et du prix d’achat de ses pièces et lingots par une facture. Dans ce cas, c’est la taxe sur les plus-values de 36,2 % qui s’applique, après un abattement de 5 % par an à partir de la deuxième année, ce qui correspond donc à une exonération totale après vingt-deux années de détention. Dans la pratique, il faut vérifier quel régime est le plus avantageux en fonction de la date d’achat et de la plus-value.La fiscalité de l’or papier est très différente : les gains réalisés sur les fonds investis en mines d’or et sur les ETC exposés à l’or sont soumis au prélèvement forfaitaire unique de 30 %, comme pour l’ensemble des valeurs mobilières détenues sur un compte-titres. Les investissements réalisés dans le cadre de l’assurance-vie bénéficient quant à eux de la fiscalité favorable de cette enveloppe.Un article du dossier spécial « Les meilleurs placements de la rentrée », publié dans L’Express du 19 septembre.

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L’Express

Union européenne : et Ursula von der Leyen inventa la Commission version « Tonton flingueurs »

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« Fragmentation » : c’est le dernier mot à la mode en Europe depuis la publication du rapport de Mario Draghi sur l’avenir de l’Union européenne, dont le constat sans concession tranche avec le style feutré de la bulle bruxelloise. Fragmentés, le marché des capitaux et la base industrielle de défense pourtant nécessaire à notre sécurité. Fragmentée, la politique industrielle où chaque Etat veut ses usines de batteries, ses champions, ses financements pour ses innovations technologiques plutôt que traiter le sujet à la seule échelle qui vaille pour faire pièce aux mastodontes chinois et américain : celle du continent. Fragmentées, la stratégie de décarbonation et la politique commerciale qui ont donné à la Chine la clé de l’industrie automobile européenne. Ce qui est en jeu ? « La lente agonie » de l’économie européenne, pour reprendre les mots de Draghi, et, avec elle, de notre liberté de choisir notre destin.Mario le sage a parlé. Et maintenant ? Comment les responsables politiques européens, à Bruxelles et dans les Etats membres, vont-ils se saisir de cette « âpre vérité » et proposer les nécessaires réformes ? La gouvernance européenne impose à trois entités – les Etats membres, le Parlement européen et la Commission, garante des traités, donc de l’intérêt commun européen – de s’entendre sur les décisions à prendre. Qu’attendre de chacun ? Par définition, les Etats membres incarnent la fragmentation européenne : ils défendent leurs intérêts nationaux. Dans le passé, certains leaders ont su articuler priorités nationales et européennes. Mario Draghi fait partie des dirigeants de cette trempe. Sauf que, en repoussant la publication de son rapport après les élections européennes, Bruxelles et certains Etats membres ont voulu neutraliser le poids politique de l’ancien président de la Banque centrale européenne : ce qui aurait pu être la feuille de route d’un grand dirigeant européen est devenu le rapport d’un vénérable augure qu’on écoute… avant de s’en retourner vaquer à ses petits jeux politiciens. Quant au Parlement européen, jamais il n’a été aussi fragmenté.Une Commission version Tonton flingueursReste la Commission. Il y aurait beaucoup à dire sur le casting proposé au Parlement par sa présidente, Ursula von der Leyen, mais tenons-nous en pour l’heure à deux certitudes. La première est que cette dernière renforce sa position. Les chevauchements multiples de compétences entre les portefeuilles – par exemple entre Teresa Ribera, chargé de la transition énergétique et de la concurrence et Stéphane Séjourné, chargé de la réindustrialisation – sont présentés comme une réponse à l’inefficacité des politiques en silo dénoncée dans le rapport Draghi : chacun devra travailler avec les autres. En réalité, ils sont l’assurance de rapports de force multiples, favorables à Ursula von der Leyen. Après le quasi-limogeage de Thierry Breton, la présidente allemande invente la Commission version Tonton flingueurs avec ces portefeuilles éparpillés façon puzzle.Deuxième certitude : il se confirme que la séquence catastrophique ouverte par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin aura achevé de réduire l’influence française à Bruxelles. Se laisser imposer la nomination de deux socialistes antinucléaires, l’Espagnole Teresa Ribera et le Danois Dan Jorgensen, commissaire à l’énergie, pour chapeauter les deux services qui ont la haute main sur les investissements énergétiques et leurs règles de financement public – par le truchement de la direction de l’énergie et surtout de la toute-puissante direction de la concurrence -, relève de l’exploit à l’heure du retour en force du nucléaire partout en Europe. Verra-t-on, en réaction, une nouvelle coalition stable d’Etats pronucléaires ? Pas forcément : attention à l’émergence de majorités ad hoc surprenantes à l’heure où les pays d’Europe centrale et baltique sont obnubilés par les questions de sécurité – on le serait à moins… -, donc prêts à des compromis sur tous les autres sujets pour promouvoir leur agenda de défense. « Notre Europe est mortelle », se plaît à répéter le président français. L’industrie nucléaire française et européenne aussi.Cécile Maisonneuve est fondatrice de Decysive et conseillère auprès du centre Energie et Climat de l’Ifri

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Author : Cécile Maisonneuve

Publish date : 2024-09-22 10:30:00

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L’Express

Audrey Azoulay : « En Afghanistan, une génération de femmes est en train d’être sacrifiée »

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L’Express : Vous êtes intervenue en ouverture des Rencontres géopolitiques de Trouville, dont le thème cette année est « les femmes et le pouvoir », un pouvoir qui leur est souvent dénié, dans beaucoup de lieux de la planète. Comment favoriser l’accès des femmes aux différentes formes de pouvoirs ?Audrey Azoulay – Le nombre de femmes cheffes d’Etat ou de gouvernement a presque doublé en dix ans. Elles ne sont toutefois qu’une trentaine aujourd’hui à l’échelle du monde ! Cette situation vaut pour toutes les formes de pouvoir : des fonctions dirigeantes dans les entreprises à celles dans les administrations, en passant par la place accordée aux femmes dans les médias. A l’UNESCO, nous le voyons aussi dans le domaine des sciences : aujourd’hui, seul un quart des postes scientifiques de haut niveau en Europe sont occupés par des femmes.Pour y remédier, des dispositifs concrets sont nécessaires, telles que les mesures de parité politiques mises en place dans plus de quatre-vingt-dix pays du monde pour assurer un nombre égal de femmes candidates ou élues. Mais ces dispositifs ne suffisent pas pour changer les mentalités, ce que Gisèle Halimi décrivait comme la « grande bataille » dans un entretien à l’UNESCO en 1975. L’éducation, l’un des piliers du mandat de notre Organisation, est en mesure de le faire.Quels sont les points d’attention dans le domaine de l’éducation ?Depuis 2013, la proportion de filles scolarisées en fin de lycée est désormais la même que celle des garçons dans le monde. Les filles étudient aussi de plus en plus longtemps. Elles sont aujourd’hui 90 % à achever le primaire contre 86 % dix ans plus tôt, 79 % à achever le collège et 61 % le lycée. Mais de nombreuses disparités persistent encore aujourd’hui. Deux-tiers des 754 millions d’adultes analphabètes dans le monde sont des femmes. En Afrique, 4 femmes sur 10 ne savent ni lire ni écrire.Et si elles sont de plus en plus nombreuses à fréquenter l’école, les filles ne bénéficient toujours pas des mêmes chances que les garçons. Beaucoup restent freinées par des préjugés, des normes et des attentes sociales. Alors qu’elles obtiennent des résultats équivalents à ceux des garçons en mathématiques, les femmes ne représentent que 35 % des diplômés d’université dans les filières scientifiques selon les données de l’UNESCO – un chiffre qui n’a pas évolué ces dix dernières années. Et, de ce fait, elles sont aussi nettement sous-représentées dans les métiers qui en découlent.C’est particulièrement préoccupant alors que les plateformes numériques sont devenues un nouvel espace de pouvoir. Les femmes représentent seulement 13 % des auteurs d’articles scientifiques sur l’IA et sont trois fois moins nombreuses que les hommes dans les entreprises d’intelligence artificielle. Si on ne rééquilibre pas les choses, nous allons continuer de reproduire en ligne les mêmes biais que ceux qui existent déjà dans la vie réelle, et même les amplifier.La situation des jeunes femmes en Afghanistan vous interpelle-t-elle particulièrement ?C’est une situation qui doit tous nous interpeller et pour moi c’est un combat essentiel. Depuis trois ans, l’Afghanistan fait face à une brutale régression qui cherche à effacer les filles et les femmes de l’espace public. Il est aujourd’hui le seul pays du monde à leur interdire l’accès à l’éducation au-delà de l’âge de douze ans. Toute une génération est en train d’être sacrifiée, alors que nous avions obtenu des progrès considérables ces vingt dernières années. C’est inacceptable et l’UNESCO appelle la communauté internationale à ne transiger en rien sur ce droit fondamental.L’UNESCO se mobilise pour soutenir des modes d’apprentissage alternatifs. Nous travaillons en direct avec les communautés locales pour prodiguer des cours d’alphabétisation. Nous soutenons aussi les médias afghans pour qu’ils diffusent des programmes éducatifs. C’est le cas de la Begum Organization for Women qui a fondé une radio en mars 2021, puis une chaine câblée en mars 2024.Ces contenus diffusés par les médias afghans partenaires de l’UNESCO ont déjà touché près de 17 millions d’Afghans, dont une large majorité de filles et de femmes.Mais rien ne peut remplacer les enseignements prodigués dans une salle de classe. C’est pourquoi, dans mes fonctions de Directrice générale de l’UNESCO, je ne cesse d’appeler la communauté internationale à maintenir sa mobilisation pour un rétablissement plein et inconditionnel du droit des Afghanes à l’éducation.Les femmes et le pouvoir », du 19 au 22 septembre 2024, salon des gouverneurs du Casino Barrière. Retrouvez les débats en ligne.

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Publish date : 2024-09-22 09:47:03

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L’Express

Gouvernement Barnier : le patronat lui demande de « se mettre au travail »

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A peine né pour tenter de clore une longue crise politique, le gouvernement de Michel Barnier, attelage fragile entre les macronistes et la droite, est déjà sous le feu des critiques de la gauche et du Rassemblement national, qui tiennent sa survie entre leurs mains. Les premiers pas officiels des 39 nouveaux ministres n’auront lieu que lundi, avec les passations de pouvoir dans la matinée et un Conseil des ministres à 15 heures à l’Elysée autour d’Emmanuel Macron.Les infos à retenir⇒ Le patronat demande au gouvernement de « se mettre au travail »⇒ Dans le nouveau gouvernement, le camp présidentiel en force et les Républicains bien lotis⇒ Un premier Conseil des ministres aura lieu lundi à 15 heures à l’ElyséeLe patronat demande au gouvernement de « se mettre au travail »Les organisations patronales se sont félicitées, samedi, de la nomination d’un nouveau gouvernement après une longue attente, l’appelant à se « mettre au travail » et souhaitant sa « réussite en matière économique ». Sur le réseau social X, le président du Medef, Patrick Martin, a jugé qu’avec « un gouvernement constitué, une déclaration de politique générale du Premier ministre Michel Barnier à venir, toutes les conditions (étaient) désormais réunies pour redémarrer ». « La France en a besoin », a insisté le dirigeant de la première organisation patronale.Son homologue François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), s’est réjoui que « l’exécutif enfin constitué » puisse « se mettre au travail ». « Les enjeux sont considérables pour notre pays et la tâche immense dans un contexte politique loin d’être simple », a ajouté, dans un message envoyé à l’AFP, le chef de la deuxième organisation patronale de France. « Nous souhaitons la réussite du gouvernement en sachant que cette réussite en matière économique ne peut se faire sans celle du secteur marchand composé à 90 % de PME », a conclu François Asselin. View this post on Instagram A post shared by L’Express (@lexpressfr)Greenpeace dénonce un gouvernement « de l’ancien monde »Le gouvernement de Michel Barnier « semble déjà enfermé dans les logiques dépassées de l’ancien monde » face à l’urgence climatique, déplore l’ONG environnementale Greenpeace. « Nous avons besoin d’actions radicales et ambitieuses pour faire face aux crises climatiques et sociales », urge son directeur général, Jean-François Julliard, cité dans un communiqué. « Ce n’est pas avec des demi-mesures qu’on fera baisser les émissions de gaz à effet de serre ni qu’on protégera les plus vulnérables », ajoute-t-il.Selon Greenpeace, « le choix d’Annie Genevard au ministère de l’Agriculture laisse présager le pire au regard de sa faible expérience sur ces thématiques, et de ses quelques prises de position sur le sujet en tant que députée Les Républicains ». « Avec Agnès Pannier-Runacher comme ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques, c’est l’obsession nucléaire en guise de boussole écologique qui nous est promise », déplore aussi l’ONG. La directrice générale du WWF France Véronique Andrieux s’est pour sa part dite « dans l’expectative quant à (la) vision (d’Agnès Pannier-Runacher) pour l’environnement et la biodiversité ».Pour Antoine Armand, exclure « d’office » certaines hausses d’impôts ne serait « pas responsable »Le nouveau ministre de l’Economie et des Finances, Antoine Armand, a estimé samedi dans une interview au JDD qu’exclure « d’office certains prélèvements exceptionnels et ciblés ne serait pas responsable » vu l’état des finances publiques françaises. Promettant que les classes moyennes seraient « soutenues », il a aussi refusé de faire de la hausse des impôts une « doctrine », tout en appelant dans le même temps à « baisser la dépense publique et la rendre plus efficace » pour dégager les milliards d’euros d’économies nécessaires au rétablissement des comptes publics.Le camp présidentiel en force, les Républicains bien lotisLe parti d’Emmanuel Macron se taille la part du lion parmi les ministères de plein exercice : Catherine Vautrin (Territoires), Anne Genetet (Education nationale), Sébastien Lecornu (Armées), Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail), Guillaume Kasbarian (Fonction publique) et Antoine Armand (Economie). Aucun poids lourd de l’ex-majorité présidentielle ne demeure après les sorties de Gérald Darmanin (Intérieur) et de Bruno Le Maire (Economie). Les macronistes peuvent également s’appuyer sur Rachida Dati à la Culture et Gil Avérous aux Sports, tous deux issus des LR, mais comptabilisés comme des divers droite.Les centristes de François Bayrou (MoDem) et le parti Horizons de l’ex-Premier ministre Edouard Philippe (Horizons) obtiennent respectivement trois et deux ministères. Si le MoDem perd un poste par rapport au précédent gouvernement, il décroche notamment les Affaires étrangères (Jean-Noël Barrot) et la Santé (Geneviève Darrieussecq). Horizons obtient les Solidarités, l’Autonomie et l’Egalité entre les femmes et les hommes (Paul Christophe), ainsi que l’Economie sociale et solidaire (Marie-Agnès Poussier-Winsback)Les Républicains, qui comptent également Michel Barnier à Matignon, apparaissent particulièrement bien représentés en nombre de portefeuilles (10) au vu de leur représentation à l’Assemblée (47 sièges sur 577). Ils décrochent notamment l’Intérieur, confié au très conservateur Bruno Retailleau, un des rares poids lourds du gouvernement. Mais c’est là leur seul ministère régalien. LR se voit cependant confier l’Agriculture (Annie Genevard) ou encore les Outre-mer (François-Noël Buffet).Le Nouveau Front populaire refusant clairement de participer à ce gouvernement, Michel Barnier n’a pu rallier qu’un responsable issu de la gauche, l’ancien député socialiste Didier Migaud, nommé ministre de la Justice. Il a quitté le PS en 2010.

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Publish date : 2024-09-22 08:51:06

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L’Express

« La continuation du macronisme… en pire » : les principales réactions au gouvernement Barnier

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Le gouvernement de Michel Barnier a été dévoilé ce samedi 21 septembre au soir par Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée. Bruno Retailleau à l’Intérieur, Didier Migaud à la Justice, Agnès Pannier-Runacher à la Transition écologique, Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères, Antoine Armand à Bercy… A peine connue, la nouvelle composition gouvernementale a fait réagir de tous les côtés de l’échiquier politique. »Ce nouveau gouvernement signe le retour du macronisme par une porte dérobée. Ce que les Français ont démocratiquement sanctionné, à deux reprises, ne peut revenir par de lamentables jeux d’appareils et calculs politiciens. C’est donc un gouvernement qui n’a aucun avenir », a estimé sur X le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, dont le parti détient à l’Assemblée le pouvoir de censurer cette équipe, alors qu’un peu plus de la moitié des membres du gouvernement sont issus du camp présidentiel. »La grande alternance que nous appelons de nos vœux, nous allons continuer de la préparer pour permettre à la France de se relever », a ajouté la cheffe des députés RN, Marine Le Pen. Elle a fustigé « un gouvernement remanié, éloigné du désir de changement et d’alternance exprimé en juin dernier ». »Cette combinaison n’a ni légitimité ni futur »Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a, lui, dénoncé la création d’un « gouvernement des perdants des élections législatives », qui « est dans la main de l’inquiétant ministre de l’Intérieur » Bruno Retailleau, « président du groupe dominant du Sénat où se décidera donc désormais le contenu des textes supportés par LR ». « Cette combinaison n’a ni légitimité ni futur. Il faudra s’en débarrasser aussitôt que possible », a-t-il ajouté.La gauche a déjà annoncé qu’elle voterait une motion de censure de ce gouvernement à l’Assemblée. Elle aura pour la faire passer besoin des voix de l’extrême droite. « Pas un nouveau gouvernement, un remaniement. Pas une révolution, une restauration. La continuation du macronisme… en pire. Les socialistes censureront cette trahison du vote des Français », a ainsi écrit le patron des députés socialistes Boris Vallaud. »On nous promettait un gouvernement de concorde, on a un gouvernement de droite dure. C’est la démocratie qui est humiliée ce soir avec la fin de ce suspense de papier », a réagi Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire pour Matignon. « Le gouvernement Barnier, c’est la victoire du macronisme qui absorbe de nouveaux ralliés issus des Républicains et de la gauche pour poursuivre la même politique mère de la même faillite nationale », a quant à lui estimé Éric Ciotti, qui a fait alliance avec le RN.

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Publish date : 2024-09-21 21:23:52

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L’Express

Agnès Pannier-Runacher à la Transition écologique : ses trois dossiers brûlants sur l’énergie

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Retour à l’envoyeur. Les dossiers énergétiques, passés sous le giron de Bercy lors du dernier remaniement, en janvier, reviennent au ministère de la Transition écologique, au sein d’un portefeuille qui comprend également le Climat et la Prévention des risques. Et une figure connue – et appréciée – du secteur va les reprendre en main : Agnès Pannier-Runacher, déjà chargée de la Transition énergétique entre 2022 et le début d’année 2024, succède à Christophe Béchu à l’hôtel de Roquelaure.Pour démêler les sujets épineux qui l’attendent, elle sera accompagnée d’Olga Givernet, ingénieure et députée Renaissance de l’Ain, nouvelle secrétaire d’Etat chargée de l’Energie. Toutes deux auront pour mission de s’assurer que les prix de l’énergie ne plombent ni les factures des ménages, ni la compétitivité des entreprises. Elles devront aussi regarder à plus long terme et faire en sorte que la politique énergétique de la France réponde aux besoins d’un pays en pleine électrification. L’Express passe en revue trois dossiers prioritaires, auxquels le duo devra très vite s’atteler.La « taxe EDF »En partant, le gouvernement sortant s’est permis de laisser sur la table un gros dossier, potentiellement explosif. La proposition de Bruno Le Maire, faite devant la Commission des finances lors de son ultime audition le 9 septembre, prévoit la mise en place d’une nouvelle taxe sur la « puissance électrique installée ». Autrement dit : un impôt sur la rente des énergéticiens, dans un contexte de restrictions budgétaires. Concrètement, le projet ambitionne de mettre à contribution toutes les centrales de production dépassant les 260 mégawatts. Ce seuil exclut donc les parcs éoliens et photovoltaïques, et concernerait avant tout les réacteurs nucléaires et les centrales hydroélectriques d’EDF – ainsi qu’une poignée d’actifs d’Engie et de TotalEnergies. Ce nouvel impôt, que beaucoup surnomment déjà « taxe EDF », serait une manière de revenir sur l’échec de « la contribution sur la rente inframarginale ». Un mécanisme qui devait permettre de capter les superprofits des électriciens, mais qui n’a rapporté que 300 millions d’euros l’an dernier sur les 3 milliards escomptés.Bruno le Maire pouvait-il avoir pire timing ? Trois jours avant sa prise de parole, un rapport sévère de la Cour des comptes appelait les autorités à revoir en profondeur la politique fiscale sur l’énergie, jugée mal répartie et peu optimisée. Sans surprise, les énergéticiens ont peu goûté le bouquet final du ministre. « C’est un sujet brûlant, commente Phuc-Vinh Nguyen, chercheur et spécialiste des politiques énergétiques à l’Institut Jacques Delors. On n’a pas réfléchi aux conséquences de ces économies sur le moyen et le long terme. Cela risque de grever la capacité d’investissement d’EDF et envoie un message contre-productif sur l’électrification des usages ». Avec cette mesure, l’administration espère récupérer 2 milliards d’euros dès cette année, selon Les Echos. Mais l’électricien, encore occupé à éponger ses résultats catastrophiques de l’année 2022, doit aussi doubler ses investissements pour répondre aux défis du nouveau nucléaire. « C’est effectivement une mauvaise idée de priver EDF de moyens financiers. Lors du premier quinquennat du président actuel, il était question de réduire les impôts de production, et voilà qu’on veut les augmenter », déplore Jean-Jacques Nieuviaert, président de la Société d’études et de prospective énergétique. « L »Etat a une attitude un peu schizophrène avec EDF : il veut en même temps protéger et taxer », constate Boris Solier, maître de conférences en économie à l’Université de Montpellier. « On a rarement vu une proposition faire autant l’unanimité contre elle », confirme Phuc-Vinh Nguyen. Il sera d’autant plus difficile de faire accepter cette nouvelle taxe qu’elle risque d’augmenter la facture d’électricité des ménages, qui absorberont le surcoût. Le dernier épisode du même genre n’est pas un bon souvenir pour le gouvernement. C’était sur le carburant, et « il y a eu les gilets jaunes ensuite », rappelle Boris Solier.L’électricité post-ArenhC’est un autre des dossiers chauds de la rentrée. L’Etat va-t-il revenir sur l’accord entre EDF et les industriels fortement consommateurs d’électricité ? Actuellement, ces derniers bénéficient d’un tarif préférentiel d’accès à l’électricité nucléaire (Arenh). Mais ce dispositif doit prendre fin en 2025. Pour répondre à l’inquiétude des industriels « électro intensifs » et leur assurer de la visibilité sur leurs coûts futurs, l’Etat a donc passé un accord avec EDF en novembre dernier afin de leur garantir un prix moyen de 70 euros le MWh pour la production d’électricité d’origine nucléaire sur une période de 15 ans. Il s’appuie sur deux principes : des contrats de long terme et un mécanisme qui prévoit la captation des revenus d’EDF si le marché s’envole. Or ce cadre, obtenu au terme d’intenses négociations, est de plus en plus attaqué par les industriels, qui estiment le prix trop élevé et craignent pour leur compétitivité. Bruno Le Maire lui-même s’est emparé du sujet et des négociations ont été rouvertes.Voilà pratiquement un an que les discussions traînent. En juillet, une commission d’enquête du Sénat sur l’avenir du coût de l’électricité est venue fragiliser encore un peu plus l’accord. Après six mois de travail et plus de 140 auditions, le sénateur (centriste) de l’Essonne, Vincent Delahaye, a appelé à privilégier un autre outil de régulation, non retenu par l’Etat : le contrat sur la différence. Un mécanisme à travers lequel « EDF va vendre son électricité à prix fixe, avec un principe : si ses revenus sont inférieurs à ceux escomptés, l’Etat rembourse la différence ; et si ses revenus sont plus élevés, l’Etat peut bénéficier de la hausse du prix avant de la redistribuer », expliquait à L’Express Nicolas Meilhan, l’un des experts auditionnés.Fin août, Luc Benoit-Cattin, le coprésident de la commission énergie du Medef, a alerté sur l’urgence à « stabiliser les contours du nouveau cadre de régulation » et a demandé à l’Etat de se saisir de la question pour trouver des solutions. Le pourra-t-il ? « A partir du moment où la durée de vie du gouvernement est faible, je ne sais pas quel temps utile il est en mesure de consacrer à ces négociations », doute Phuc-Vinh Nguyen. « Alors qu’on aurait pu régler cette question avant même le Covid-19 et la crise énergétique », déplore Boris Solier.Les plans stratégiquesC’était une question de jours. Le gouvernement aurait dû ouvrir, mi-juillet, les consultations publiques portant sur deux textes essentiels – et très attendus – de la stratégie française sur le climat : la PPE, la feuille de route énergétique du pays, et la SNBC, son plan pour réduire les émissions de carbone. Mais la dissolution est venue percuter une machine déjà à la traîne. « On a pourtant besoin d’un cap clair », alerte Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat (RAC). Ces dossiers occuperont logiquement une place importante sur le bureau du nouveau ministre. « Tout est prêt, il n’y a plus qu’à appuyer sur le bouton. On ne comprendrait pas qu’il y ait un délai entre sa nomination et le lancement de la consultation », poursuit l’experte.Alors que la Commission européenne vient de rappeler à l’ordre la France pour qu’elle respecte son engagement d’atteindre 42,5 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici à 2030, la PPE doit fixer les priorités de l’Etat pour chaque filière. « Sur l’éolien en mer, c’est extrêmement urgent. Les objectifs sont ambitieux et l’incertitude les met en péril. Si on veut les tenir, il faut lancer les investissements, ouvrir des usines… », presse Anne Bringault. « Les stop-and-go sont préjudiciables à nos industries du temps long », prévenaient, au milieu de l’été, plusieurs fédérations et associations professionnelles du secteur. Celles-ci doivent également faire face à la concurrence d’autres pays européens, qui se sont fixé des objectifs et des horizons similaires.Sur le nucléaire aussi, l’avenir est flou. « A part la parole présidentielle, il n’y a pas d’engagement gravé dans le marbre. Même si le sujet avance, officiellement, EDF n’a pas de commande publique pour des réacteurs. Et donc de mécanisme de financement identifié », rappelle Boris Solier. Embêtant, alors qu’un nouveau débat public vient de commencer à Gravelines (Nord) pour deux EPR de plus. La Commission nationale du débat public (CNDP), qui en organise le bon déroulé, a d’ailleurs rappelé l’Etat à ses obligations sur la publication de ces feuilles de route. Dans un avis publié début septembre, après une première concertation pour de nouveaux réacteurs à Penly (Seine-Maritime), l’institution – créée en 1995 par un certain… Michel Barnier – a constaté que les « questions sur l’avenir énergétique de la France n’ont pas reçu de réponses ». « Sans vision globale, on est aveugle. Difficile, donc, de donner un avis sur de tels projets », estime Anne Bringault.Seul point positif : le précédent gouvernement avait – enfin – expédié son Plan national intégré énergie-climat (Pniec) à la Commission européenne le 10 juillet, soit trois petits jours après le second tour des élections législatives. Pour le reste, la stratégie française compte de sérieux trous dans la raquette.

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Author : Valentin Ehkirch, Baptiste Langlois

Publish date : 2024-09-21 20:56:54

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L’Express

Retailleau-Wauquiez, les secrets du duel pour Beauvau : la requête de Macron, l’appel à Kohler…

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En politique, c’est important le sens du sacrifice. Laurent Wauquiez l’a bien saisi, lui qui, mercredi 18 septembre, dans un ultime coup de poker, appelle Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée : « Il faut qu’il y ait un équilibre, on ne peut pas avoir tous les grands ministères : vous me prenez à l’Intérieur et on vous laisse Bercy. » En politique, c’est important le sens de la hiérarchie. Michel Barnier est Premier ministre, chargé de composer un gouvernement, Laurent Wauquiez l’aurait-il oublié ?Si les hésitations tenaillaient encore le nouveau locataire de Matignon, voilà de quoi faciliter son choix : à Beauvau, il faut un homme de confiance, et celui qui appelle dans son dos l’Elysée ne paraît pas correspondre au portrait-robot. François Fillon comme Valérie Pécresse, avec lesquels Barnier a échangé par téléphone, n’ont-ils pas insisté sur « la fiabilité » de Bruno Retailleau ? Depuis les premières heures de cette singulière cohabitation, le patron des sénateurs LR a montré un calme et une solidité qui rassurent. « Si Laurent veut Beauvau, je m’efface », a-t-il aussi répété au chef du gouvernement. Oui, en politique c’est important le sens du sacrifice : voici Bruno Retailleau ministre de l’Intérieur.Un SMS sans réponse et une photoTant pis pour les conseils de Nicolas Sarkozy. Selon lui, le véritable pouvoir politique se situe à la Justice. Place Vendôme, on se confronte aux vrais sujets, aux blocages… L’ancien président l’a dit à Bruno Retailleau lors d’une conversation téléphonique une dizaine de jours avant sa nomination, quand son nom circulait pour le poste de Garde des Sceaux. Il l’a redit à l’un de ses visiteurs plus récemment et en des termes plus… sarkoziens. « L’Education nationale, par exemple, c’est chiant : quand tu fais une connerie, t’as 100 000 profs dans la rue. À Vendôme, t’as 8 000 juges, tout le monde s’en fout ! » Mais à l’Intérieur plane l’ombre de Clemenceau, et pour Retailleau qui avait en 2017 adressé un courrier à Emmanuel Macron pour que soit organisé « un événement officiel commémorant l’action de cette grande figure de la liberté et l’unité française », cela n’a pas de prix.Pour qu’une place soit libre, encore faut-il qu’elle soit vide. On ne réveille pas un flic qui dort. Comment alors fait-on comprendre à un ministre de l’Intérieur qu’il va devoir plier bagage ? Gérald Darmanin a envoyé un SMS de félicitations à Michel Barnier après sa nomination. Pas de réponse. Puis il a voulu partager avec lui quelques dossiers sensibles et urgents. Pas de réponse. Emmanuel Macron aime poser des questions dont il connaît les réponses. Le vendredi 13, il déjeune avec le nouveau chef de gouvernement, en place depuis huit jours. A-t-il vu le ministre de l’Intérieur ? Non. Le président s’en étonne. Dans les heures qui suivent, Gérald Darmanin a enfin des nouvelles de Matignon : il est invité à venir le lendemain. « On va prendre une photo » : Michel Barnier l’accueille, dans la foulée il le félicitera par tweet pour son action pendant les JO. Puis les deux hommes s’assoient. Gérald Darmanin a un dossier avec quelques notes sensibles. Voilà qu’il est interrogé sur ce qu’est un bon ministre de l’Intérieur. « Le ministre des policiers plus que celui de la police, le ministre des gendarmes plus que celui de la gendarmerie », répond le sortant, pas mécontent de devenir, après Roger Frey et Raymond Marcellin, le plus long des ministres de l’Intérieur. Après le contrôle des frontières, il a envie d’ailleurs, il en a parlé à Emmanuel Macron, il en parle maintenant à Michel Barnier. Qui fait la sourde oreille : « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » Manifestement, rien, mais le président peut-être ?La tentative du présidentLe domaine réservé recouvre deux prestigieux ministères : le Quai d’Orsay et la Défense. Le second est occupé par l’un des meilleurs amis de Darmanin, Sébastien Lecornu. Jeudi 19 septembre, le président tente de plaider la cause du turbulent ministre démissionnaire de l’Intérieur en suggérant son installation aux Affaires étrangères. « Il fera le boulot, dit en substance Emmanuel Macron à Michel Barnier. Et l’avoir à l’extérieur, ce n’est pas forcément une bonne solution pour vous. » Immédiate et ferme est la protestation de l’hôte de Matignon qui ne digère pas les déclarations de Darmanin sur de supposées hausses d’impôts : « On ne peut pas révéler des échanges privés en les déformant. » Ces deux-là ne travailleront pas ensemble. Se croiseront-ils le 29 septembre à Tourcoing ? Gérald Darmanin profite de sa discussion du samedi pour inviter le Premier ministre, mais il sait bien que les gens du Nord préfèrent les corps ronds. Pas exactement le profil de Michel Barnier.Qui désigne le ministre de l’Intérieur ? Il existe une jurisprudence Pasqua. En 1986, pour constituer le premier gouvernement de cohabitation de l’histoire de la Ve République, Jacques Chirac réussit à imposer quelque chose à François Mitterrand – ce ne sera pas si fréquent. Autant le chef de gouvernement admet que le président ait son mot à dire pour la désignation du titulaire des Affaires étrangères et la Défense, autant il considère que l’Intérieur doit relever de sa seule autorité. Il a promis le portefeuille à Charles Pasqua, ce qui suscite quelques réticences chez Mitterrand. Chirac défend son choix, insiste sur son « républicanisme ». Le président, pince-sans-rire : « Avec Pasqua à l‘Intérieur, les ministres n’oseront plus se téléphoner. » Jean-Louis Bianco, secrétaire général de l’Elysée, racontera : « Voyant que Chirac tenait à Pasqua, le président ne suggère aucun autre nom pour l’Intérieur. »Exigence contre brutalitéPresque quarante ans plus tard, Gérard Larcher peut conforter Michel Barnier dans ses certitudes : l’Intérieur, c’est le choix du Premier ministre, « ce qui n’exclut pas de discuter avec le président ». Et le chef de gouvernement a dès le premier jour les idées claires : il veut un homme de droite à Beauvau. Laurent Nuñez, qui fut secrétaire d’Etat de Christophe Castaner, ce serait une victoire trop évidente pour l’Elysée. Non, la droite se croit, la droite se veut chez elle à Beauvau. Elle n’a pas oublié la manière dont Nicolas Sarkozy avait transformé un traquenard en tremplin – nommé par Jacques Chirac en 2002 pour qu’il se coltine au problème de l’insécurité, il en avait profité pour se construire une stature avant la présidentielle de 2007.Laurent Wauquiez le sait. Et puis succéder à son meilleur ennemi, Gérald Darmanin, serait une volupté de fin gourmet. Oui, il veut l’Intérieur, et saurait même accepter un titre de ministre d’Etat… Mais entre le Savoyard et le Ponot, il y a de la friture sur la ligne. Le premier estime un peu qu’il a perdu la primaire de LR en 2021 à cause du second ; le second considère que le premier est à Matignon uniquement parce qu’il l’a bien voulu. Il y a dix jours, un échange entre les deux tourne mal. « Ça a été brutal, j’ai été brutal », reconnaîtra Michel Barnier après coup.Le lendemain, le chef d’un gouvernement qui n’existe pas encore met les points sur les i : « Il n’y aura pas de ministre d’Etat dans mon équipe. » A la fin de la réunion en visioconférence, Laurent Wauquiez lance un osé : « Et pour moi ? » Le Premier ministre ne répond pas. Mais l’un de ses amis parle pour lui, qui confie alors : « En termes de faisabilité, c’est compliqué. LR à Beauvau est repoussoir pour Renaissance, alors Wauquiez à Beauvau l’est dix fois plus. » »Emmanuel Macron n’incarne pas, il interprète »En 1986, François Mitterrand avait glissé à Jacques Chirac : « Si vous avez des difficultés pour refuser des portefeuilles à vos amis, vous n’avez qu’à les mettre sur mon dos. » Emmanuel Macron n’aura pas eu à repousser Laurent Wauquiez tant son nom peinait déjà à franchir la Seine. Attendu au tournant par Renaissance, par les centristes, et par l’Assemblée tout entière. « Je te préviens, je suis encore plus rude que ma femme ! », lui glisse, cet été, le président du groupe PS Boris Vallaud, mari de Najat Vallaud-Belkacem, ex-conseillère régionale d’opposition en Auvergne-Rhône-Alpes.De toute manière, pour le choix de l’Intérieur, Emmanuel Macron n’est pas loin d’être le pire des managers. Il a envoyé au casse-pipe Gérard Collomb, qui ne rêvait que d’un portefeuille de la Ville et de l’Aménagement du territoire ; il a renoncé à nommer Jean Castex devant la levée de boucliers de certains de ses amis ; il a savonné la planche de Christophe Castaner, en mettant quinze jours à confirmer une décision qui avait déjà fuité ; il s’apprêtait à propulser Jean-Michel Blanquer quand Gérald Darmanin a déboulé.Le poste est évidemment sensible, unique dans son genre au sein d’un gouvernement. « Le ministre de l’Intérieur sait tout des déplacements des uns et des autres », rappelle un ancien titulaire. Traditionnellement, c’est un proche du président. La situation aujourd’hui est tout sauf traditionnelle. A Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron a dit récemment n’avoir aucune opposition de principe contre Bruno Retailleau. Il est un vrai opposant au président, aucun doute là-dessus. « Sa force au départ, c’est de capter l’imaginaire de droite : il a compris l’importance de la victoire symbolique, observait le Vendéen quelques années plus tôt. La droite a besoin de cette incarnation : il comprend tout ça. Ça signifie qu’il a une intelligence et qu’il sait trouver son miel et son chemin. Mais il se heurte à une limite : il n’incarne pas, il interprète. » Il verra le comédien de près, chaque semaine en conseil des ministres.Bruno Retailleau à Beauvau, enfin, les difficultés commencent. Gabriel Attal a déjà prévenu le Premier ministre : hors de question pour les députés Renaissance de voter une nouvelle loi immigration. Mais à LR on insiste déjà : seule « une surinterprétation de l’article 45 par le conseil constitutionnel, et à une voix près, a valu censure » de plusieurs articles du dernier projet de loi, il s’agit de les reprendre sans trop tarder. Et quid de la loi de programmation d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur ? Est-ce donc la droite qui va devoir en accepter son report pour cause budgétaire, en tentant de se justifier au nom du retour aux équilibres budgétaires, qui figure aussi dans son pacte législatif ? Gérald Darmanin avait l’habitude de dire à Beauvau : « Ce qu’on demande à un ministre, c’est de rapporter des noisettes… »

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Author : Laureline Dupont, Eric Mandonnet

Publish date : 2024-09-21 20:09:38

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L’Express

Google dans le collimateur de la justice : ces menaces qui pèsent sur le géant du Web

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Depuis plus de vingt ans, la grande majorité des internautes ne cherche pas une information sur le Web, elle la « googlise ». Un détournement lexical entré dans le Petit Larousse en 2014, symbolique du poids dont dispose le géant du numérique sur cette activité. Plus tôt, en 2009, l’American Dialect Society l’avait désigné, dans sa version anglo-saxonne, « mot de la décennie ». Il existe pourtant d’autres moteurs de recherche que Google : Bing, DuckDuckGo ou encore le français Qwant. Certains sont d’ailleurs nés avant lui, comme Yahoo ou Lycos. Mais quand ils n’ont pas disparu, ils se partagent, à eux tous, entre 5 et 10 % de parts de marché, tandis que Google contrôle le reste, s’arrogeant au passage des dizaines de milliards de dollars de bénéfices.Pour le juge fédéral Amit Mehta, aux Etats-Unis, nous ne devrions pas « googliser » autant. « Google est un groupe monopoliste, et il a agi comme tel pour maintenir son monopole », a-t-il tranché, mi-août, à la suite d’un retentissant procès qui a opposé pendant plusieurs mois le gouvernement et l’entreprise. Les « remèdes » de Google afin d’atténuer sa position dominante sont attendus au printemps 2025. La séparation des activités, autrement dit le démantèlement, est une option. Mais de multiples appels et recours laissent à penser que l’affaire va encore durer des années.Un caillou de plus dans la chaussure du géant. Au rang des défaites, en décembre dernier, l’entreprise californienne a perdu face à Epic Games, l’éditeur du jeu à succès Fortnite, qui contestait les pratiques du Google Play Store présent sur les appareils Android – une procédure presque similaire avait été intentée contre Apple et son AppStore. En Europe, la société a été condamnée, la semaine dernière, à payer plus de 2,4 milliards d’euros de pénalités dans le dossier dit « Google shopping ». A peine le temps de digérer que les avocats de la firme de Mountain View décollaient pour la Virginie, aux Etats-Unis, où un nouveau procès vient de s’ouvrir, concernant cette fois son monopole sur les technologies publicitaires. Les autorités antitrust britanniques et européennes planchent également sur ce thème, avec l’ouverture d’une enquête à Londres, l’envoi de griefs par Bruxelles. »Il ne faut pas tout mélanger », tempère Olivier Bomsel, spécialiste des institutions et des médias, et coauteur de l’ouvrage Le Nouveau Western – Qui peut réfréner les géants du Web (Le Cherche-Midi, 2022). Ainsi, l’amende concernant le « Google shopping » infligée par l’Union européenne est la confirmation d’un jugement remontant à… 2017. Les premières investigations, elles, sont encore plus anciennes : elles ont débuté autour de 2010. De quoi relativiser l’impact des coups portés à Google et ses 73 milliards de dollars de bénéfices en 2023.Tous les autres procès en cours, dans la publicité ou le magasin d’applications, sont loin d’être clos. Celui concernant la dominance dans la recherche Internet (le search) pourrait même remonter jusqu’à la Cour suprême américaine. Ce ne sont là que de premières estocades, dans des domaines à chaque fois différents. Parfois, le géant américain gagne : l’UE vient d’annuler, cette semaine, une amende de 1,5 milliard d’euros à son égard. Mais indéniablement, les ennuis s’empilent. « Le costume de Google est en train de craquer », confie un connaisseur de l’économie numérique à L’Express.Retournement politiqueTrois phénomènes sont à l’œuvre. Le premier est d’ordre politique. En Europe, depuis une dizaine d’années, les législateurs musclent leur réponse face aux géants du numérique – la quasi-totalité d’entre eux étant américains ou chinois. Des législations comme le RGPD, le Règlement général sur la protection des données, puis le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA), sont nées de cette volonté. Le DMA, adopté mi-2023, comporte d’ailleurs des clauses spécifiques sur le respect de la concurrence, avec de possibles sanctions pécuniaires, voire des restructurations forcées en cas d’infractions multiples. La pugnacité de l’ancienne commissaire européenne dédiée à la question, Margrethe Vestager, est à l’origine de ce changement de braquet, adopté par les autorités américaines. « Je pense que la coopération avec les Etats-Unis n’a jamais été aussi bonne », souligne-t-elle dans une récente interview donnée à la newsletter What’s Up EU.Dans le berceau des Gafam – Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft -, le tournant est en cours. Sous l’impulsion d’une femme là aussi, Lina Khan. La patronne de la Federal Trade Commission (FTC), nommée par le président sortant Joe Biden, a secoué la vieille machine américaine de l’antitrust. « Contrairement à ce qui avait été acté pendant la période Reagan, la FTC ne considère plus qu’un monopole rendant service au consommateur doit être exempté de toutes poursuites », résume Olivier Bomsel. Ce virage conceptuel a permis d’adapter l’arsenal juridique, resté célèbre pour avoir désossé l’empire Standard Oil de Rockefeller, à l’ère des ogres numériques, qui ont la particularité de bénéficier de puissants effets de réseaux. Concrètement, plus leurs produits sont utilisés, plus ils sont utiles, deviennent pertinents et accroissent leur avance sur leurs concurrents. Un moteur de recherche gratuit, comme celui de Google, a affiné ses résultats grâce au nombre exponentiel de requêtes et ainsi profité à une myriade d’utilisateurs. Aujourd’hui, cet argument pèse moins dans la balance. Le juge Mehta a lui-même reconnu, dans sa décision contre la firme fondée par Larry Page et Sergey Brin, qu’elle dispose du « meilleur service de l’industrie ». Mais en raison « d’accords de distribution exclusifs anticoncurrentiels », à l’instar de celui passé avec Apple. Moyennant 20 milliards de dollars par an, Google s’est assuré de figurer comme le moteur de recherche par défaut du navigateur Safari, propriété de la marque à la pomme. Un contrat léonin, a finalement tranché le magistrat.En Europe et aux Etats-Unis, la riposte est aussi technique. Certains marchés numériques, comme celui de la publicité, se révèlent incroyablement complexes, noyés sous une masse d’algorithmes et de données difficiles à saisir. Le système d’enchères publicitaires actuel est aujourd’hui comparé à celui du trading haute fréquence, charriant 150 000 ventes de réclames à la seconde affichées sur le Web. « Tout ceci est désormais mieux compris par les autorités de régulation », indique Laurent Nicolas, pionnier de la mesure d’audience sur Internet, à la tête de l’entreprise Implcit, spécialisée dans la publicité numérique contextuelle. Il est maintenant acquis que les services antitrust américain et européen ont fait une erreur en validant le rachat de DoubleClick, qui détenait un serveur publicitaire de premier ordre et une plateforme d’enchères, par Google en mars 2008. « Les régulateurs ont pensé à l’époque que DoubleClick n’opérait pas sur le même marché que Google », rappelle Laurent Benzoni, professeur de sciences économiques à l’Université Panthéon-Assas et expert de la concurrence. Alors que la firme de Mountain View vendait déjà des espaces publicitaires sur YouTube et sur son moteur de recherche. Et qu’elle analysait les campagnes des annonceurs via son outil Analytics. Sa toile était bien tissée. »L’incertitude profite à Google »Plusieurs compagnies s’estimant lésées se sont, enfin, mobilisées. Epic Games, ou le collectif FairSearch, composé notamment de Microsoft, Nokia et Oracle, ont tous formulé des plaintes contre Google. Menant parfois, comme dans le cas d’Epic, à des victoires. La multiplication des fronts a fissuré l’empire et conduit à la mise au jour de ses « mauvaises pratiques ». En particulier, ses « accords secrets » pour maintenir sa domination. Le deal avec Apple a été l’un des points clés du procès sur le search. Celui dans la publicité en ligne, avec Meta, pourrait avoir le même poids dans le dernier en cours. Brian Boland, à la tête de la publicité au sein du célèbre réseau social de 2009 à 2019, a livré lors d’une audience des détails sur ce pacte, surnommé Jedi Blue, et qui donnait « un traitement préférentiel à Facebook » sur la plateforme d’échanges de Google, rapporte Bloomberg.Et maintenant, que risque Google au-delà d’amendes salées ? Sur la pub’, des dommages et intérêts le touchant plus profondément au portefeuille : le cabinet Bernstein a évalué l’ardoise à plus de 100 milliards de dollars. Sur l’aspect search, « le plus douloureux pour la firme serait de l’obliger à se séparer d’Android », considère Olivier Bomsel. Le système d’exploitation mobile le plus utilisé au monde, présent sur une majorité d’appareils, en particulier Samsung, embarque tout l’écosystème Google et lui permet d’accumuler une masse de données considérable. Dans tous les dossiers, « il n’est pas évident que le fait de démanteler Google puisse donner naissance à un concurrent », pointe Guillaume Fabre, avocat expert en droit de la concurrence au cabinet Racine. Le groupe devrait être forcé d’ouvrir son coffre au trésor, plaide quant à elle la journaliste d’investigation Julia Angwin, spécialiste de l’étude des algorithmes, dans le New York Times. « Si Google était obligé de partager ses données, nous pourrions vivre sur une planète où de nombreux concurrents nous offriraient différentes façons d’accéder aux connaissances du monde. Nous pourrions avoir un moteur de recherche axé sur la vie privée, un sur les achats ou même un consacré à la circulation de contenus d’information de haute qualité. »Tout cela, évidemment, à condition que Google perde… définitivement. La firme déploie des bataillons d’avocats pour faire valoir ses arguments. Elle martèle ainsi, pour le search, que la concurrence se trouve à deux clics : « Si vous préférez un service de recherche alternatif, le changer par défaut est facile. » Ou bien, dans la publicité, qu’elle est plus vive que jamais. « Après sa récente acquisition de Xandr, Microsoft offre également à ses clients une suite de produits technologiques publicitaires intégrés verticalement. Amazon et Meta ont des offres similaires. C’est une industrie férocement compétitive – et les nouvelles technologies la rendent plus dynamique chaque jour », se défend le géant dans un billet de blog.Du fait de la longueur des procédures, la plupart des experts interrogés demeurent prudents, si ce n’est sceptiques à l’idée que le Web change de visage à court terme. « Sur Google shopping, il y a eu une amende, certes, mais entre-temps, tous les comparateurs ont disparu, le secteur est lessivé », note Alban Peltier, à la tête de la start-up AntVoice, spécialisée dans la publicité programmatique. « L’attente et l’incertitude leur profitent », abonde Alain Levy, directeur de Weborama, pionnier français de la publicité en ligne. « On le voit actuellement au sujet des cookies tiers, un système de collecte d’informations sur les internautes que Google a promis d’abandonner il y a quatre ans, avant de rétropédaler dernièrement, laissant le secteur livré à lui-même. Il y a peu d’IPO [NDLR : entrées en Bourse], pas d’investissements. L’ad tech s’appauvrit », déplore-t-il.Effets indirectsLes géants du numérique « conservent une avance sur les régulateurs », estime Joëlle Toledano, économiste associée à la chaire Gouvernance et régulation de l’Université Paris Dauphine-PSL et membre du Conseil national du numérique. La publicité en ligne et le search ayant une vingtaine d’années d’existence, les autorités remportent selon elle les guerres d’hier. Leur attention devrait se porter sur l’intelligence artificielle, technologie plus sensible encore que les précédentes au regard de son impact social et économique. « Dans l’IA, la grande tendance est au dépouillement des entreprises », alerte Laurent Benzoni. Au printemps, Microsoft a embauché tous les collaborateurs de la start-up Inflection AI, fondateur compris, sans pour autant acquérir la structure. En Angleterre, d’où elle est originaire, l’autorité de la concurrence n’a, pour l’heure, rien trouvé à redire.La pression permanente, politique et juridique, peut cependant avoir des effets indirects. Des acquisitions ne se font pas, par crainte de s’attirer des ennuis supplémentaires. Google a récemment renoncé à mettre la main sur la start-up Wix, dans la cybersécurité, ou sur HubSpot, un éditeur de plateforme spécialisé dans la relation client. En début d’année, l’entreprise a même accepté de supprimer des milliards de données d’utilisateurs de son navigateur Chrome. Sans chercher à se battre dans les prétoires. « Les procès peuvent engloutir toute l’énergie des dirigeants, soutient Joëlle Toledano. C’est ce qui avait conduit AT & T, dans les télécoms, à proposer son propre démantèlement. »La montée en puissance de Microsoft dans l’IA, à travers son alliance avec OpenAI, constitue enfin une menace commerciale sérieuse pour Google. Et comme le rapportent de premières études, l’essor des images et des textes générés par l’intelligence artificielle pourrait dégrader la pertinence de son moteur de recherche. Les deux rivaux se connaissent bien. Egalement défait lors d’un procès à la fin des années 1990 et condamné à subir un démantèlement, Microsoft avait réussi à adoucir sa peine sous l’administration de George W. Bush. Mais d’après Bill Gates, son cofondateur, ces ennuis ont détourné l’attention de l’entreprise, lui faisant rater un virage majeur, celui du smartphone, au tournant de la décennie 2010. Ce retard a fait tomber son célèbre navigateur Internet Explorer en désuétude et ouvert un boulevard à un challenger… nommé Google. Un chassé-croisé qui n’en finit plus.

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Author : Maxime Recoquillé

Publish date : 2024-09-21 08:30:00

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L’Express

Controverses, théories fondatrices, bilan scientifique : la psychanalyse mise sur le divan

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Peut-être avez-vous déjà songé à consulter « quelqu’un” ? Alors que la santé mentale est devenue un enjeu de santé publique majeur depuis la pandémie de Covid, l’efficacité de la “thérapie par la parole”, la psychanalyse, est aujourd’hui remise en question. Discipline incomprise ou pratique désuète ? C’est ce qu’on cherche à déterminer dans cette série de quatre épisodes.EPISODE 1 : La psychanalyse, une passion françaiseAlors que la pratique est devenue marginale dans la plupart des pays, la psychanalyse reste bien implantée en France. D’où vient cette exception française ? La réponse dans ce premier épisode avec Victor Garcia, journaliste au service Sciences et Santé, et Etienne Girard, rédacteur en chef du service Société.EPISODE 2 : Les erreurs des pères fondateursFreud, Lacan, Dolto… Dans ce deuxième épisode, on explore les failles des théories des pères fondateurs avec Jacques Van Rillaer, ancien psychanalyste devenu critique de la discipline.EPISODE 3 : Une pratique controverséeLa psychanalyse compte des milliers de praticiens en France. Pourtant, les formations sont quasiment inexistantes et la régulation insuffisante. Dans ce troisième épisode, on passe en revue les dérives de la discipline avec Stéphanie Benz, rédactrice en chef adjointe Sciences et Santé, et le journaliste Alexis Da Silva qui collabore régulièrement avec L’Express.EPISODE 4 : Ce qu’en dit la scienceLes études scientifiques ne laissent pas de place au doute. Dans ce dernier épisode, Victor Garcia, journaliste au service Sciences et Santé, nous explique que la discipline s’avère inadaptée à la prise en charge des troubles du neurodéveloppement.RETROUVEZ TOUS LES EPISODES DE LA LOUPEAbonnez-vous à La Loupe sur Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Google Podcasts, Podcast Addict et Amazon Music.Inscrivez-vous à notre newsletter.Comment écouter un podcast ? Suivez le guide.

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Publish date : 2024-09-21 09:00:00

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L’Express

Féminisme et #MeToo : faut-il brûler le marquis de Sade ?

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C’était en l’an 2000 : sortait sur les écrans le Sade de Benoît Jacquot, avec Isild Le Besco (encore mineure) dans le rôle de la jeune fille à initier, et Daniel Auteuil dans celui du divin marquis. L’écrivain vit alors l’apogée de sa réhabilitation, comme nous le confirme Michel Delon, qui fut chargé de l’édition de Sade en Pléiade (trois tomes publiés en 1990, 1995 et 1998) dans la foulée de Sade vivant, la monumentale trilogie biographique de Jean-Jacques Pauvert parue à la fin des années 1980 : « En 1990, nous restions dans une euphorie post-soixante-huitarde. L’interdiction de certains textes de Sade à l’affichage était tombée en désuétude, et la publication des volumes de la Pléiade semblait une reconnaissance irréversible. C’était ne pas tenir compte des mouvements de balancier de l’Histoire… »La récente affaire Jacquot, pendant laquelle furent révélés les sévices qu’il infligeait à ses différentes compagnes, en a amené certains à se poser cette question : les admirateurs de Sade (comme de Casanova) cachent-ils forcément des pervers polymorphes bien heureux de pouvoir masquer leurs travers sous des paravents esthétiques ? Depuis peu, le nom de Sade n’est plus en odeur de sainteté, ainsi que nous le raconte encore Michel Delon : « Quand on visite l’exposition Surréalisme au Centre Pompidou, on constate que des deux figures tutélaires du mouvement, Lautréamont et Sade, la première reste mise à l’honneur et la seconde disparaît, réduite à quelques éditions, à un objet désagréable de Giacometti et à quelque autre allusion dans la rubrique ‘Les Larmes d’Éros’. Annie Le Brun, tout juste disparue cet été, aurait trouvé les mots pour stigmatiser cet escamotage… »Mort à 74 ans en 1814, Sade aura passé une grosse vingtaine d’années de sa vie en prison puis à l’asile. Faut-il le condamner à nouveau ? La parole est à la défense. Dans une lettre envoyée à sa femme en 1781, Sade plaidait en ces mots sa propre cause : « Oui, je suis un libertin, je l’avoue ; j’ai conçu tout ce qu’on peut concevoir dans ce genre-là, mais je n’ai sûrement pas fait tout ce que j’ai conçu, et ne le ferai sûrement jamais. Je suis un libertin, mais je ne suis pas un criminel ni un meurtrier. » Un livre très complet sur le fond et magnifiquement illustré qui vient de paraître chez Perrin permet de peser le pour et le contre. L’auteur, Christian Lacombe, y rappelle quel est le péché originel de Sade, à l’origine de sa légende noire : l’affaire de Marseille. Le 27 juin 1772, accompagné de son laquais, Sade convie quatre prostituées à une partie fine. Problème : il fait manger aux participantes des bonbons contenant de la poudre de cantharide. Cet aphrodisiaque rend affreusement malades les quatre femmes. On accuse Sade de les avoir empoisonnées, et le voilà enfermé à la forteresse de Miolans, dont il s’évade tel Casanova de la prison des Plombs… A partir de là, longtemps soutenu par son épouse mais poursuivi par sa féroce belle-mère, qui a des relations et le préfère incarcéré, Sade passera le plus clair de son temps au trou.Sade, un ami des femmes ?Est-ce un mal pour un bien ? Très certainement. Bouclé ici ou là, cet aventurier flambeur se passionne pour la lecture et trouve le temps et la concentration nécessaires pour devenir un écrivain prolifique – « Tout le bonheur des hommes est dans l’imagination », disait-il. « Athée jusqu’au fanatisme », comme il se définit lui-même, en avance sur son temps quand il dénonce la peine de mort, esprit bien plus sensible qu’on le pense (il vénère Mme de Sévigné et Mme de Lafayette), c’est aussi un homme charitable. En 1793, alors libre et bien placé à la section des Piques, il apprend que ses beaux-parents risquent d’être envoyés à la guillotine. Il intervient pour les sauver : « Les Montreuil sont mes plus grands ennemis. Ce sont de plus des gueux, des scélérats reconnus et que je pourrais perdre d’un mot si je le voulais. Mais j’ai pitié d’eux, je leur rends mépris et indifférence pour tout le mal qu’ils m’ont fait. » Le Consulat puis l’Empire seront moins miséricordieux à son égard. En 1803, le préfet Dubois envoie à l’asile d’aliénés de Charenton « cet homme étant dans un état de perpétuelle démence libertine ». Il n’en sortira plus jusqu’à sa mort onze ans plus tard. Que lui reproche-t-on ? Ses romans. Napoléon, qui n’est pourtant pas un enfant de chœur, voit dans Justine ou les Malheurs de la vertu « le livre le plus abominable qu’ait enfanté l’imagination la plus dépravée ». Quant au fourbe Fouché, inoxydable ministre de la Police, il déteste ses « exécrables ouvrages ».Au fil de ses séjours en prison, Sade aura croisé Mirabeau ou Choderlos de Laclos, de qui on peut le rapprocher. On n’a rien dit de ce diable d’homme tant qu’on n’a pas abordé la question épineuse de son rapport aux femmes. Apollinaire écrivait : « Le marquis de Sade, cet esprit le plus libre qui ait encore existé, avait sur la femme des idées particulières et la voulait aussi libre que l’homme. » A rebours de certains clichés, peut-on voir en Sade un ami des femmes ? Absolument, selon l’universitaire Stéphanie Genand : « Sade se trouve à une passionnante croisée des chemins. Notre époque et le dessillement qu’a provoqué #MeToo mettent en lumière la formidable complexité de ce que son œuvre nous dit de la violence sexuelle et des rapports de genre. Le moment est donc idéal pour sortir Sade du purgatoire, ou des idées reçues qui n’ont déjà que trop régné le concernant : qu’il serait un apologiste de la violence, un libertin cruel, un misogyne. Sade questionne au contraire notre étonnante faculté à ne pas questionner l’injustice ni la domination ; à considérer la violence faite aux femmes ou les rapports de force ou de prédation économique, par exemple, comme évidents et naturels. Son œuvre se veut émancipatrice, pour les femmes et pour l’humanité en général. La grande abrasion à laquelle elle se livre vise à nous défaire des préjugés et des fausses autorités qui nous aveuglent et nous empêchent d’être libres. C’est évidemment encore plus vrai pour les trajectoires féminines : de l’idéal de la virginité à la nécessité du mariage ou au stéréotype de la pudeur, Sade dévoile les aliénations spécifiques qui pèsent sur les femmes et les empêchent d’acquérir la maîtrise de leur corps, de leur désir et de leur existence. » Sade serait donc un moderne pouvant encore inspirer nos contemporains ? Christian Lacombe en est convaincu : « Pour la première fois dans l’histoire littéraire, Sade observe, approfondit, note, déchiffre le désir et la jouissance. Dans son œuvre, il montre comment le désir sexuel, s’il n’est pas pensé, produit du désordre, et quel désordre ! De nos jours, une romancière comme Emma Becker poursuit, de manière différente, cette interrogation sur le désir en tant que fauteur de trouble… »Au fond, ce que l’on reprochera toujours au marquis libertin, c’est son élitisme aristocratique – telle était déjà la thèse de Simone de Beauvoir dans son essai Faut-il brûler Sade ? Si son nom est très célèbre, connu de tous, son œuvre demeure occultée. Quand on demande à Michel Delon, Stéphanie Genand et Christian Lacombe par quel titre un novice devrait commencer pour découvrir Sade, ils nous conseillent respectivement Les Crimes de l’amour et La Philosophie dans le boudoir, Aline et Valcour et la correspondance, et L’Histoire de Juliette ou les Prospérités du vice. Une chose est sûre : quoi qu’on pense de Sade, mieux vaut se plonger dans ses livres révolutionnaires que dans la sinistre filmographie de Benoît Jacquot.Le marquis de Sade. Le Libertin enchaîné, par Christian Lacombe. Perrin, 251 p., 25 €.

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Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld

Publish date : 2024-09-21 10:30:00

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L’Express

Explosions de bipeurs au Liban : le spectre de la puissante unité 8200, la « NSA israélienne »

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Silence radio. Officiellement, Israël n’a pas commenté l’opération qui a provoqué, cette semaine, l’explosion quasi simultanée de milliers de bipeurs et autres appareils de communication utilisés par des agents du Hezbollah au Liban. Officieusement, une mystérieuse et secrète unité israélienne est suspectée d’être liée à cette attaque faisant au moins 37 morts et près de 3 000 blessés : l’unité 8200.Dans l’opération destinée à neutraliser le parti chiite pro-iranien, cette unité avait les « compétences pour monter toute la partie déclenchement des explosions », juge auprès du Parisien Gérôme Billois, expert en cybersécurité au cabinet Wavestone. D’abord, dans la « conception du logiciel piégé », qui aurait été placé dans chacun des appareils de transmission. Puis au moment de « l’émission du message pour déclencher les explosions ». « C’est la marque de cette unité », assure auprès du même quotidien David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Iris.L’équivalent de la NSACette unité spécialisée dans la cyberguerre et le renseignement des Forces de défense israéliennes fait partie de la Direction du renseignement militaire israélien. L’unité 8200 (prononcer 8-200, shmoné matayim en hébreu), issue des premières unités de décryptage et de renseignement formées à la naissance de l’État d’Israël en 1948, est notamment chargée de décoder et d’analyser les informations obtenues par le service de renseignement. C’est la plus grande unité militaire des forces de défense israéliennes. La Croix indique que ce service, né en 1952, compte plusieurs milliers de membres – le chiffre précis est confidentiel – et deux tiers des effectifs de l’Aman, le renseignement militaire israélien.L’unité 8200 est l’équivalent de l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA). « L’unité 8200 est probablement la meilleure agence de renseignement technique au monde et se situe au même niveau que la NSA à tout point de vue, sauf l’échelle », rapportait Peter Roberts, directeur des sciences militaires du Royal United Services Institute, le groupe de réflexion des forces armées du Royaume-Uni, auprès du Financial Times en 2015. « Ils sont très concentrés sur ce qu’ils observent et ils mènent leurs opérations avec un degré de ténacité et de passion que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. »Cette unité est « chargée de collecter les informations, de l’écoute et d’espionnage », a pour sa part décrit, le 25 août dernier, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, en visant ce jour-là la base de Glilot, située à 110 km de la frontière libanaise et à 1,5 km de Tel-Aviv, là où se trouve l’unité 8200. @lexpress 🇱🇧 Des milliers de bipeurs appartenant à des membres du Hezbollah ont explosé au Liban. On vous explique les premiers secrets d’une opération d’ampleur. #liban #israel #apprendresurtiktok #tiktokacademie #Sinformersurtiktok #newsattiktok ♬ son original – L’Express – L’Express Une réputation entachéeEn 2023, rappelle Reuters, Israël a indiqué que cette unité a utilisé l’intelligence artificielle pour aider à sélectionner les cibles du Hamas. En plus d’espionner les Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Gaza, l’unité 8200 opère dans toutes les zones, y compris de combat. Et en temps de guerre, elle est étroitement intégrée au quartier général du commandement de combat.Quelques jours avant les explosions de bipeurs au Liban, le 12 septembre 2024, le général de brigade Yossi Sariel, commandant de cette unité d’élite du renseignement militaire israélien, avait annoncé sa démission, dans le sillage de l’échec de son service à empêcher l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Accusé de cet échec, le service de renseignement de l’armée israélienne a connu une crise sans précédent et son commandant, le général Aaron Haliva, a quant à lui été le premier officier supérieur de l’armée israélienne à démissionner, en avril 2024.En juin dernier, la télévision publique Kan a révélé l’existence d’un rapport de l’unité 8200 datant du 19 septembre 2023. Celui-ci détaillait des entraînements d’unités d’élite du Hamas en vue de raids contre des positions militaires et des kibboutz dans le sud d’Israël, soit moins de trois semaines avant que le mouvement islamiste ne lance son attaque sanglante. Comme le rappelle France Inter, Yossi Sariel, obsédé par le potentiel de l’intelligence artificielle, n’a pas tenu compte de cet avertissement. En effet, le système d’alertes rouges mis en place pour des informations de ce genre avait été aboli par le général de brigade, ce dernier ayant imposé un système central géré par des super-algorithmes. Celui-ci, extrêmement perfectionné en théorie, n’a rien compris dans la pratique au rapport qui lui a été envoyé et l’a… bloqué.Yossi Sariel a également été au cœur de révélations de The Guardian, en avril 2024, dont il se serait bien passé. Il a en effet laissé son identité exposée en ligne. Cette faille de sécurité embarrassante est liée à la publication d’un livre anonyme sur Amazon, The Human Machine Team, où il a laissé une trace numérique vers un compte Google privé créé à son nom. Dans ce livre, Yossi Sariel propose une vision radicale de la manière dont l’intelligence artificielle peut transformer la relation entre le personnel militaire et les machines.Des recrutements dès le lycéeAvant sa démission, l’expérimenté Yossi Sariel a travaillé au sein de l’unité 8200 avec un personnel sélectionné parmi des jeunes personnes d’une vingtaine d’années. Certains ont été identifiés à partir de programmes de lycée très compétitifs, chargés de dénicher les meilleurs éléments en mathématiques et en informatique.Beaucoup d’entre eux ont ensuite poursuivi leur carrière dans le secteur de la haute technologie et de la cybersécurité en Israël. L’entreprise de GPS Waze, vendue en 2013 à Google, a été fondée à la fin des années 2000 par trois vétérans de l’unité 8200. Les fondateurs des deux plus grands noms de la high-tech israélienne, Check Point et CyberArk, cotés au Nasdaq à New York, ont eux aussi fait leurs armes dans cette unité. »Quand vous rentrez à moins de 18 ans dans cette entité, vous n’avez rien démontré mais vous êtes sélectionné, trié sur le volet, en fonction de votre potentiel », expliquait dans nos colonnes, en 2019, Inbal Arieli, une ancienne lieutenante de l’unité 8200. « Non seulement vous devez être autonome et savoir travailler en équipe, mais il faut également prendre des initiatives et oser contredire des gradés, quitte à se quereller avec eux. Autant de points communs avec le fonctionnement d’une start-up », indiquait-elle, avant de préciser que « les capacités » de ces personnes travaillant pour l’unité 8200 « peuvent aussi bien servir dans la finance, la santé ou ailleurs ».Un livre et une sérieCes dernières années, des tragiques événements sont venus écorner l’image de cette unité. Le groupe NSO, qui vendait le logiciel Pegasus – capable d’espionner toutes les informations présentes dans un smartphone fonctionnant avec Android – a été créé par des anciens du service de renseignements, et plus d’un quart de ses employés sont issus de la prestigieuse unité. Des vétérans de cette section de renseignement ont conçu et vendu de puissantes technologies de surveillance d’ordinaire utilisées dans la lutte antiterroriste à des pays désireux de contrôler leur population ou leurs opposants. Jamal Khashoggi, journaliste dissident saoudien exilé aux Etats-Unis, assassiné et démembré au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul (Turquie), a été l’une des victimes.Par ailleurs, parmi les opérations dans lesquelles cette unité aurait été impliquée, figure l’attaque du virus Stuxnet de 2005 à 2010 qui a désactivé les centrifugeuses nucléaires iraniennes. En 2010, Le Monde diplomatique indiquait que l’unité 8200 a mis en place à Urim, dans la région désertique du Néguev, l’une des plus importantes bases d’écoute au monde capables d’intercepter des appels téléphoniques, des courriels et d’autres types de communications, à travers le Moyen-Orient, l’Europe, l’Asie et l’Afrique, ainsi que de localiser des navires.Cette unité, mystérieuse, inspire la littérature et le cinéma. Le journaliste franco-israélien Dov Alfon a publié en 2016 un polar, Unité 8200 (Liana Levi), décrivant un jeu de piste haletant entre la police française, le service de renseignement israélien et des criminels chinois. Le directeur de la publication et de la rédaction de Libération a été officier des renseignements israéliens à l’unité 8200 lors de son service militaire et de ses mois de réserve. Une mini-série du même nom de six épisodes, réalisée par Dan Sachar et librement adaptée du livre écrit par Dov Alfon, avec pour acteur Patrick Bruel, est en outre attendue en France cette année 2024.

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Author : Julien Chabrout

Publish date : 2024-09-21 16:53:42

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