Le président Donald Trump et son secrétaire à la Santé et aux Services sociaux Robert F. Kennedy Jr. poursuivent leur politique de mise au pas de la recherche scientifique et de la santé. En voici un bilan, sachant qu’il ne se passe pas un jour sans de nouvelles annonces. Le National Institute of Health (NIH), l’équivalent de l’Inserm en France, a arrêté près de 800 projets de recherche pour un montant global de 2,3 milliards de dollars, concernant le Covid 19, le VIH, l’hésitation vaccinale et les vaccins, ou encore les minorités. Une projection sur les perspectives des prochains mois laisse craindre une réduction de près de 16 milliards de dollars de crédits de recherche sur un total de 47 ! La National Science Foundation (NSF) a, comme le NIH, divisé par deux le nombre de crédits attribués au cours de ces deux derniers mois. En parallèle, le NIH a suspendu l’attribution de financements à plusieurs grandes universités comme Harvard, Columbia ou Cornell pour des montants allant de 700 millions à 1 milliard de dollars par université, sous prétexte d’une lutte insuffisante contre l’antisémitisme. Enfin, la quasi-totalité des programmes de l’Agence du développement (Usaid) a été supprimée.Ces restrictions budgétaires s’accompagnent d’une réduction drastique de l’emploi. Au total, 20 000 des 80 000 employés du secteur public fédéral chargé de la santé ont été licenciés, 1 300 au NIH, 3 500 à la Food and Drug Administration (FDA, agence fédérale chargée des médicaments), 2 400 au CDC (centres pour le contrôle et la prévention des maladies), 10 000 à Usaid. Le directeur du centre d’évaluation des produits biologiques de la FDA, chargée de la supervision des vaccins et qui a joué un rôle prépondérant dans le développement des injections anti-Covid, a été forcé de démissionner par Robert F. Kennedy Jr. Cinq des directeurs des départements du NIH, dont celui concernant les maladies infectieuses et celui concernant la recherche sur les maladies des enfants, ont dû partir. C’est aussi le cas de chercheurs prestigieux, notamment en neurosciences, comme Richard Youle, fameux pour ses recherches sur la maladie de Parkinson, réintégré le lendemain après protestation… Il s’agissait d’une erreur, a déclaré Robert F. Kennedy Jr. ! On peut encore citer le cas de Christine Grady responsable de la bioéthique au NIH et qui se trouve être l’épouse d’Anthony Fauci, l’épouvantail des antivax qui a, elle aussi, été licenciée. Tout cela s’apparente à une chasse aux sorcières aux accents de maccarthysme des années 1950.Toute la recherche sur le Covid suspendueQuelles sont les conséquences d’une telle politique ? A l’évidence, une atteinte grave à la mission de surveillance épidémique et de préparation à la prochaine pandémie. L’arrêt des programmes de l’Usaid interrompt la détection de virus animaux chez les volailles et rongeurs à l’échelle mondiale ; les tests diagnostics d’infection au VIH et à la tuberculose dans des pays menacés ne seront plus effectués. Toute communication des autorités et experts américains avec l’Organisation mondiale de la santé est interrompue. Toute recherche sur le Covid (29 projets !) est suspendue au prétexte “que la pandémie est terminée”. Outre que cette assertion est inexacte, cela condamne des programmes sur le Covid long qui affecte quelques pourcents des personnes infectées, ou sur la recherche de nouveaux médicaments ciblant six familles différentes de virus, dont Ebola, la dengue ou le chikungunya (à hauteur de 527 millions de dollars), ou encore sur la mise au point de vaccins dirigés contre l‘ensemble des coronavirus, la famille à laquelle appartient Sars-CoV-2.En parallèle, les programmes de surveillance des CDC sont aussi considérablement réduits. On peut redouter que la poursuite de cette politique mène d’une part à l’accroissement de mortalité infectieuse dans les pays du sud, jusque-là aidés par l’Usaid, et à un retard dans les mesures indispensables de préparation aux pandémies à venir. Les programmes des autres pays ne pourront compenser ce déficit. Il faut savoir que, jusqu’ici, les Etats Unis finançaient près d’un tiers des programmes de santé mondiale.La direction prise par la nouvelle administration américaine est mortifère et mène à une forme de chaos jusque-là impensable, mais qu’il faut dénoncer sans relâche. Il n’est pas imaginable qu’une politique de santé publique soit fondée à ce point sur la désinformation.Alain Fischer est professeur émérite au Collège de France et cofondateur de l’Institut des maladies génétiques
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Author : Alain Fischer
Publish date : 2025-04-24 06:00:00
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