Territoire annexé par Moscou en 2014, la Crimée est de nouveau au cœur des négociations internationales. Ces derniers jours, les positions des principaux acteurs du conflit russo-ukrainien semblent avoir évolué : à commencer par celle de la Russie qui pourrait, pour la première fois, être prête à faire des concessions sur les régions ukrainiennes qu’elle occupe, en échange de la reconnaissance de sa souveraineté sur la Crimée. En effet, le président Vladimir Poutine aurait proposé aux Etats-Unis de geler la ligne de front actuelle, a révélé mardi 22 avril le Financial Times. Des affirmations que le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a balayées le jour même, dénonçant les “fausses informations publiées en ce moment, y compris dans des publications respectées”.Cesser les hostilités et geler la ligne de front supposerait, pour la Russie, renoncer à sa revendication de prendre le contrôle de la totalité des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia, dont elle occupe déjà de vastes secteurs. Un changement de posture majeure, alors que Moscou martelait encore il y a deux mois que l’annexion de la Crimée ainsi que celle des territoires occupés dans le sud et l’est de l’Ukraine était “non négociable”. Ce repositionnement intervient alors que Donald Trump, 47e président des Etats-Unis, pousse pour une paix sans tarder, après avoir menacé vendredi 18 avril de se retirer des négociations, faute de progrès rapides.Selon le Wall Street Journal, le locataire de la Maison-Blanche aurait formulé la semaine dernière à Paris une “offre finale” de paix à Kiev, incluant la reconnaissance américaine de la Crimée comme russe et la consolidation des autres territoires occupés sous contrôle russe. En échange, l’Ukraine renoncerait à entrer dans l’Otan, mais pourrait intégrer l’Union européenne. Elle bénéficierait aussi de garanties de sécurité et d’un soutien massif à la reconstruction. Une proposition controversée, qui ressemble davantage à une capitulation qu’à une paix équitable, selon ses détracteurs.”L’Ukraine ne reconnaîtra pas légalement l’occupation de la Crimée”A noter que la première administration Trump s’était opposée à la reconnaissance de la Crimée, annexée par la Russie après son invasion de l’Ukraine en 2014, comme relevant de la souveraineté de Moscou. Tous les autres présidents américains avaient fait de même depuis l’annexion.Du côté ukrainien, cette perspective reste inacceptable. Le président Volodymyr Zelensky a réaffirmé son attachement à l’intégrité territoriale du pays, et exclu toute reconnaissance des annexions. En effet, l’idée de céder la Crimée en échange de promesses occidentales est vue comme un précédent dangereux doublé d’un abandon de souveraineté. Ainsi, Kiev continue de plaider pour un retrait total des forces russes.”L’Ukraine ne reconnaîtra pas légalement l’occupation de la Crimée”, a déclaré mardi le président ukrainien lors d’une conférence de presse. “Il n’y a rien à dire ici. C’est contraire à notre Constitution. Il s’agit de notre territoire.” Et Kiev peut compter sur le soutien de l’Union européenne, qui s’est alignée sur sa position et a exprimé son refus de toute reconnaissance de l’annexion de la Crimée. Bruxelles insiste en effet sur le respect du droit international et des frontières de 1991. Plusieurs capitales européennes ont d’ailleurs dénoncé le plan américain comme une tentative de forcer la main à Kiev pour conclure un accord défavorable.Pour la cheffe de la diplomatie européenne, les Etats-Unis feraient une erreur en envisageant de reconnaître la Crimée. “Dans ce cas de figure, la Russie obtiendrait clairement ce qu’elle veut”, a mis en garde Kaja Kallas mardi. Pour elle, l’équation est claire : l’UE ne reconnaîtra jamais la péninsule comme russe. “La Crimée c’est l’Ukraine,” martèle-t-elle. “C’est très important pour ceux qui sont occupés que les autres ne la reconnaissent pas comme russe.” Une chose est sûre : onze ans après son annexion par la Russie, la Crimée demeure l’une des clés du conflit.
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Author : Audrey Parmentier
Publish date : 2025-04-23 09:48:00
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