Il ne faut pas confondre le verbe et l’action, la méthode et la vision. Communiquer, recevoir, consulter, coconstruire. Et trancher. Au crédit d’Eric Lombard, ministre de l’Economie estampillé à gauche, il y a évidemment le vote du budget 2025. Son fait d’armes : avoir obtenu la non-censure du gouvernement par ses amis socialistes. Son pedigree a ensuite rassuré les marchés financiers et les agences de notation, même si Pierre Moscovici, le président de la Cour des comptes, ne cesse d’étriller la stratégie budgétaire de la France.Dans l’ombre des grands prédateurs du gouvernement – Bruno Retailleau et Gérald Darmanin –, Eric Lombard s’est construit une image de bosseur. Oui, mais pour faire quoi ? Parler, quand le sol se dérobe sous ses pieds. Quelques jours après l’offensive sur les droits de douane lancée par Donald Trump, le ministre a reçu en grande pompe les représentants de toutes les organisations patronales pour célébrer la création d’un “conseil des entreprises” qui se réunira toutes les six semaines. “Une énième discussion de salon ? Non !”, se justifie le patron de Bercy sur son fil LinkedIn, où il fait sa com.Le dialogue avant toutC’est évidemment sur le sujet des finances publiques que le numéro d’équilibriste d’Eric Lombard est le plus compliqué à exécuter. Alors que le gouvernement vient de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025 (0,7 % au lieu de 0,9 %), le ministre défend un effort budgétaire de 40 milliards d’euros. Obligatoire selon lui pour ramener le déficit de 5,4 % en 2025 à 4,6 % cette année. Problème, lors de son grand oral de pédagogie budgétaire, le Premier ministre n’a pas mentionné ce chiffre. Simple oubli ?Si la cible semble figée, les flèches pour l’atteindre se font pour le moment discrètes. Cette impression qu’il donne de naviguer à vue, Eric Lombard l’assume totalement et défend une nouvelle méthode fondée sur le dialogue. Avec les collectivités – lesquelles pourraient faire l’objet d’une contractualisation -, les partenaires sociaux au sein du conclave auquel il croit toujours, et même les ministères qui seront aussi mis à contribution. “Il faudra un certain nombre de mesures courageuses”, prévient-il auprès de L’Express. Plutôt que d’évoquer des milliards d’économies, Eric Lombard préfère “la stabilité des dépenses”. En clair, il est impératif que, “d’une année sur l’autre, nous ne dépensions pas plus pour le budget de la nation – Etat, Sécurité sociale et collectivités locales. C’est extrêmement ambitieux pour un pays qui voit ses dépenses augmenter de 3 % en moyenne depuis des années”, assure-t-il.Que lui reste-t-il ?Reste à savoir quelles seront les mesures concrètes. Pour l’heure, c’est le flou. Une ligne rouge a néanmoins été tracée : il n’y aura pas de hausse d’impôts. Un totem dont doutent de nombreux économistes et que sa collègue Amélie de Montchalin cherche déjà à contourner. Ces derniers jours, la ministre des Comptes publics a remis sur la table un projet vieux comme le monde : supprimer les niches fiscales “inutiles”. Or, tailler dans ces avantages a tous les attributs d’une hausse d’impôt, sans en avoir le nom. Là encore, le locataire de Bercy s’en remet au “dialogue politique et social” afin de voir si un “consensus” se dégage.Quant à la contribution sur les hauts revenus, l’ancien directeur général de la Caisse des dépôts envisage de la pérenniser sous une autre forme, qui reste à définir. Une hypothèse qui se heurte déjà à des dissensions dans le camp macroniste. Et ce n’est que le début. “Eric Lombard va très vite se retrouver confronté à l’hypocrisie et au manque de courage de la classe politique”, souligne un fin connaisseur de Bercy. Car à mesure que la rentrée se rapprochera, il faudra bien, un jour ou l’autre, prendre des décisions claires pour réduire drastiquement le déficit. Des choix que les oppositions risquent fort de contester.Alors, que lui reste-t-il ? Sur quoi peut-il encore agir ? Concernant les droits de douane, le sujet du moment, sa marge de manœuvre est limitée. Si les doléances des entreprises remontent bien jusqu’à Bercy, c’est à Bruxelles que se concocte la réponse européenne. Il assure néanmoins peser de tout son poids avec ses homologues pour porter un agenda commun “d’accroissement de notre compétitivité”. “Nous sommes à un moment de bascule de l’Histoire qui peut être tout à fait fécond pour l’Europe”, estime-t-il.La simplification ? Mi-février, Eric Lombard avait clairement exprimé sa volonté d’en faire sa priorité. Mais le projet de loi actuellement débattu à l’Assemblée est l’œuvre de… son prédécesseur, Bruno Le Maire. Seuls des amendements pourront permettre de polir le texte. Pas sûr que le Parlement soit actuellement son meilleur allié.
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Author : Béatrice Mathieu, Thibault Marotte
Publish date : 2025-04-23 05:00:00
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