“Ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution” : les paroles de la ministre des Comptes publics sont un signal fort envoyé aux seniors. Lors d’une interview accordée au Parisien, samedi 19 avril, Amélie de Montchalin a évoqué la possibilité de supprimer l’abattement fiscal dont bénéficient les retraités, indiquant que “dans le cadre du conclave” sur les retraites, les “partenaires sociaux regardent l’ensemble des sujets”. Y compris donc “les avantages pour les retraités”. L’Express fait le point sur ce sujet particulièrement sensible.Qu’est-ce que cet abattement ?L’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite est un avantage accordé aux retraités en France depuis 1978. Décidé par le gouvernement de Raymond Barre, il permet de réduire le montant imposable de leurs pensions, allégeant ainsi leur charge fiscale. Le plafond pour 2025 est de 4 321 euros par foyer fiscal, avec un minimum de 442 euros par pensionné. A noter que l’abattement est automatiquement déduit par l’administration fiscale lors du calcul de l’impôt sur le revenu. Par exemple, un retraité percevant 40 000 euros de pension bénéficiera d’un abattement de 400 euros, réduisant ainsi son revenu imposable à 36 000 euros, explique le site UFC Que Choisir.L’objectif est d’adoucir la pression fiscale sur une population qui, en grande majorité, vit avec des revenus fixes. Au moment de sa création, ce coup de pouce fiscal visait aussi à compenser certaines charges spécifiques aux retraités, comme les dépenses de santé plus lourdes. En effet, les actifs ne doivent payer qu’une partie de leur complémentaire santé, alors que les retraités doivent prendre en charge la totalité. La suppression de l’abattement entraînerait de ce point de vue “une aggravation de l’inégalité entre actifs et retraités”, indique l’UNSA-Retraités.Pourquoi le gouvernement veut-il le supprimer ?Le gouvernement souhaite faire des économies et cherche à supprimer des niches fiscales dans le cadre du budget 2026 pour tenter de réduire le déficit public, qui s’est creusé à 5,8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024. Or l’abattement fiscal des retraités représente environ 5 milliards d’euros de manque à gagner pour l’Etat chaque année. Plus précisément, la Cour des comptes estimait à 4,494 milliards d’euros le coût de cette mesure pour l’État en 2023. Par conséquent, il s’agit de la deuxième niche fiscale destinée aux particuliers la plus coûteuse, derrière le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile (5,9 milliards).De son côté, le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, s’est dit en janvier favorable à la suppression de cet abattement fiscal, rejoint ensuite par le président du Medef Patrick Martin, qui le juge “aberrant”. Le patron des patrons estime qu’il est incohérent que des retraités bénéficient d’une exonération fiscale destinée à couvrir des frais professionnels qu’ils n’ont plus.Pourquoi l’éventuelle suppression de cet abattement fait-elle polémique ?Pour les syndicats de retraités et une partie de la population, toucher à cet abattement, c’est franchir une ligne rouge symbolique et sociale. Pour l’UNSA-Retraités, “l’abattement de 10 % appliqué à la fiscalité des retraités n’a rien à voir avec la déduction fiscale pour frais professionnels” des actifs, écrivait-elle dans un communiqué en mars. Sa suppression “augmenterait la contribution fiscale de 8,4 millions de retraités, soit la moitié de l’ensemble des retraités, et dans cette moitié, tous ne sont pas riches”, avait ajouté l’UNSA-Retraités.Supprimer l’abattement sur les revenus des retraités entraînerait, pour certains, l’augmentation de leur impôt sur le revenu et ferait que d’autres, qui sont non-imposables aujourd’hui, le deviendraient. Sur le site de l’UNSA-Retraités, on chiffre à 500 000 le nombre de retraités exonérés qui devraient payer des impôts : “Un retraité qui bénéficie aujourd’hui d’une pension de 1 542 euros ne paie pas d’impôt. Avec la suppression de l’abattement, il paiera 272 euros d’impôt.” Par ailleurs, ce projet amené par la ministre des Comptes publics arrive après la désindexation de certaines pensions ou la hausse de la CSG (Contribution Social Généralisée) votée fin 2017.
Source link : https://www.lexpress.fr/economie/budget-2026-labattement-fiscal-des-retraites-bientot-supprime-EEVP3XFFQNBXBMRB24NKXIHIOI/
Author : Audrey Parmentier
Publish date : 2025-04-22 11:15:00
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