“Les universités, voilà l’ennemi !” Ces propos sont extraits d’un discours de J.D. Vance, vice-président des Etats-Unis, prononcé en 2021 lors d’une convention “nationale conservatrice”. Ils entrent en résonance et en parfaite cohérence avec les mesures prises par l’administration Trump depuis son arrivée au pouvoir. Il ne se passe pas un jour depuis lors sans annonce de mesures restrictives contre la science. Ces attaques sont sans précédent aux Etats-Unis, elles affectent gravement les chercheurs et leurs institutions. Elles sont lourdes de conséquences et impactent directement la recherche scientifique mondiale compte tenu de la place prédominante des Etats-Unis. Recherche fondamentale et appliquée sont affectées. Bien sûr, compte tenu des a priori idéologiques de Donald Trump, les recherches environnementales, en santé et en sciences humaines et sociales sont visées. Elles compromettent des projets internationaux, par exemple pour la surveillance météorologique ou microbiologique, et concernent aussi des actions de santé publique.Les disciples politiques de Trump présents dans notre pays comme ailleurs sont à l’écoute et rêvent d’appliquer des mesures semblables. C’est ce qui se passe déjà en Argentine avec le président Milei et aussi en partie aux Pays-Bas, autre pays de tradition scientifique, du fait de la politique menée par la coalition au pouvoir qui associe droite et extrême droite. Nous pourrions, nous aussi, en être victimes dans les années en venir. Surtout, ces mesures remettent en cause une valeur fondamentale : le savoir et l’acquisition des connaissances, fruits de la liberté académique, qui constituent les bases rationnelles sur lesquelles s’appuie la construction de nos sociétés. Trump et ses soutiens y substituent le recours aux “vérités” alternatives : le réchauffement climatique n’existe pas, les vaccins sont nuisibles, etc. Les précédents historiques – pensons au lyssenkisme en URSS – mènent aux catastrophes.Quelles sont les motivations de Trump, Vance, Musk et leurs acolytes ? On peut y voir trois facteurs. D’abord, leur mépris de l’action publique : pour eux les fonctionnaires propagent des idées nuisibles. Ensuite, en laissant penser que le savoir universitaire est toxique, ils affaiblissent toute opposition à une vision irrationnelle du monde. Enfin, leur hostilité à l’égard des minorités et leur volonté de mettre à bas les programmes diversité, équité, inclusion.Il est impossible dans cette chronique de détailler l’ensemble des décisions prises, mais en voici quelques points saillants dans le domaine de la recherche biomédicale et la santé. Le National Institute of Health (NIH), la plus grande agence mondiale de financement de la recherche médicale, disposait d’un budget de 47 milliards de dollars : 1 100 employés, administratifs et chercheurs soit 6 % des effectifs ont été licenciés et il existe de fortes menaces que d’autres chercheurs perdent rapidement leur emploi. Il en résulte une diminution d’un facteur 2 du nombre de contrats de recherche alloués par le NIH. De plus, la contribution aux coûts indirects des recherches (entretien des équipements, animalerie…) versée aux universités où travaillent ces chercheurs, et qui pouvait atteindre 50 % du montant de leurs contrats, est réduite à un maximum de 15 %, soit une perte potentielle de plus de 4 milliards de dollars pour leurs institutions. C’est une menace pour les infrastructures de recherche et un frein au recrutement tant d’étudiants que de chercheurs.Les recherches médicales concernant la santé de la femme, le genre, les populations deviennent de facto impossibles. Les agences chargées de la surveillance sanitaire (épidémies, alimentation, médicaments) comme les Centers for disease control (CDC) ou la Food and drug administration (FDA) font aussi l’objet de réductions brutales de personnel. En santé mondiale, Trump s’est retiré de l’Organisation mondiale de la santé et a bloqué les programmes qui permettent de traiter dans des pays du sud des patients atteints de sida ou de tuberculose. Robert Kennedy Jr., responsable de la santé, est connu pour ses positions antivax ! Cette situation très préoccupante va affecter de façon durable la santé mondiale. Il est indispensable que public prenne conscience de la gravité de ces faits.
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Author : Alain Fischer
Publish date : 2025-03-26 11:15:00
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