“Une arnaque”. Voilà comment est considérée, depuis moins de vingt-quatre heures sur l’Internet russe, la proposition de cessez-le-feu en Ukraine présentée par les Etats-Unis. Si les réactions déferlent sur les réseaux sociaux en Russie, elles contrastent avec le silence et la prudence des diplomates de ce pays, qui n’ont pas encore commenté l’idée d’une trêve sur le front ukrainien.Accepté par le président ukrainien Volodymyr Zelensky après plusieurs heures de pourparlers en Arabie saoudite dans la nuit du 11 au 12 mars, l’accord de trêve de trente jours n’attend que le feu vert de Moscou. Le président Donald Trump a déclaré ce mercredi que des représentants américains rencontreraient leurs homologues russes “demain”, tandis que lui-même prévoit de s’entretenir personnellement avec le chef d’Etat russe Vladimir Poutine “cette semaine”. “Nous n’excluons pas des contacts avec des représentants des Etats-Unis dans les prochains jours”, a seulement répondu la porte-parole du ministère des affaires étrangères russe Maria Zakharova.D’après les premières réactions, un accord de cessez-le-feu semble loin d’être satisfaisant pour la classe dirigeante et nombre de nationalistes russes, qui reprochent le rétablissement du soutien de Washington à Kiev. L’un des rares hommes politiques russes à s’être exprimé, le député à la Douma (chambre basse du Parlement russe) Viktor Sobolev, parle d’une proposition “inacceptable et qui ne joue qu’en faveur de l’Ukraine”. Le sénateur Konstantin Kossatchev, vice-président du conseil de la Fédération (le Sénat russe) et membre de la commission des affaires internationales, a pour sa part insisté sur la nécessité d’un compromis conclu “à nos conditions, et non à celles des Américains”.”Geste peu amical de la part de Trump”Certaines voix conservatrices au sein de l’élite russes sont encore plus véhémentes. “Un cessez-le-feu n’est clairement pas ce dont nous avons besoin”, a déclaré l’idéologue d’extrême droite Alexandre Douguine”. Avant de qualifier la reprise de l’aide américaine militaire à Kiev, interrompue depuis dix jours, et du partage du renseignement de “geste peu amical de la part de Trump”.Malgré l’alignement de Washington sur les intérêts russes depuis l’altercation avec le président Zelensky dans le bureau Ovale, le 28 février, les idéologues pro-Kremlin ne considèrent pas pour autant Trump comme un allié de Moscou. La proposition de cessez-le-feu est surtout perçue comme une “opération” menée par “le Royaume-Uni, la France, et l’Ukraine” pour “tromper” le président américain, selon le politologue pro kremlin Sergeï Markov. Un narratif qui a été repris sur les chaînes de télévision d’Etat ce mardi. Le commentateur juge que le seul moyen pour la Russie d’accepter une trêve serait “un embargo sur les armes livrées à l’Ukraine pendant la durée du cessez-le-feu” par la “coalition” de pays occidentaux qui soutiennent Kiev.”Pour l’Occident, c’est l’occasion de gagner des points en se faisant passer pour les artisans de la paix. C’est pourquoi il ne sert à rien de se laisser séduire par les exhortations à la paix : ils l’oublieront à la première occasion”, argumente la chaîne Telegram “Rybar”, réputée proche du ministère de la Défense russe.”Nous nous rendrons compte que nous avons été trompés”Les communautés de blogueurs militaires sur le réseau social Telegram, qui défendant ardemment une vision jusqu’au-boutiste de la guerre depuis 2022, ont sans surprise accueilli la proposition avec violence. “Allez vous faire voir avec vos initiatives de paix !”, cingle le correspondant militaire Alexander Kots.Cette proposition est “illogique”, renchérit le blogueur Barbe Bleue Z. Cela signifie que nous devons accepter d’arrêter notre offensive pour que les Ukrainiens se regroupent, constituent des réserves, que les “Yankees” leur fournissent des armes et des renseignements. Tout ça pour que dans un mois, les combats reprennent […] ?”De nombreuses chaînes Telegram pointent que la proposition de trêve intervient non seulement au moment où l’armée ukrainienne perd du terrain dans le Donbass, mais recule aussi dans les territoires russes de Koursk que les forces de Kiev avaient pris et contrôlés depuis l’été 2024. Le ministère de la Défense russe a affirmé ce 12 mars avoir repris cinq localités situées près de Soudja, principale position ukrainienne dans l’oblast russe. “Trente jours ? C’est assez pour que la racaille de Soudja puisse panser ses plaies”, s’emporte la chaîne Telegram “Voix de Mordor”. Si l’accord est signé, “une fois de plus, nous nous rendrons compte que nous avons été trompés”, résume le compte “Colonelcassad”.
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Publish date : 2025-03-12 18:00:00
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En Russie, les blogueurs pro-Kremlin vent debout contre un cessez-le-feu en Ukraine
