Depuis sa libération des geôles libanaises du Hezbollah, en 1988, l’ex-journaliste de L’Evénement du jeudi, habité par l’esprit des lieux, n’a cessé d’arpenter les contrées les plus étonnantes et négligées du monde. C’est ainsi que cet épicurien aux allures de clergyman nous a laissé L’Arche des Kerguelen (1993), La Chambre noire de Longwood (Sainte-Hélène, 1997), La Maison du retour (Hautes Landes, 2007), Courlande (région septentrionale de Lettonie, 209), Remonter la Marne (2013), etc., autant de paliers dans le réapprentissage, la réparation. Aujourd’hui, ce sont d’autres contrées lointaines, celles de l’enfance, que Jean-Paul Kauffmann, 80 ans, a décidé de parcourir. Celles-là mêmes, “radieuses”, qui lui permirent, lors de ses trois années de captivité de s’échapper, la nuit, loin de ses ravisseurs.Ce livre, L’Accident (Editions des Equateurs), il l’a donc envisagé, écrit-il, “par gratitude à l’égard de cette parenthèse bénie. Une dette à acquitter envers cet été éternel, ces années d’éveil, où mon esprit était à cent pour cent en repos.” Une enfance qui s’est terminée juste après ses onze ans lors de son entrée au pensionnat. On chemine ainsi avec ce pur produit de la province française (mot qu’il revendique, détestant celui de territoire), dans la France catholique et rurale des années 1950, du fournil de son père, Marcel, boulanger à Corps-Nuds, à l’imposante église du bourg breton dotée d’un invraisemblable clocher en forme de bulbe et tenue d’une main de fer par le rigoriste abbé Brionne. Un autre ecclésiastique, Georges Rousseau, cousin germain de son père, prend une place certaine tout au long de cette relecture du passé pour l’avoir encouragé à poursuivre des études. C’est par touches qu’il dessine le portrait de cet être mystérieux, apportant ici ou là un détail supplémentaire ; ainsi procède-t-il pour tous ses personnages et sensations.Un accident qui endeuilla le bourgFaussement flâneur, Jean-Paul Kauffmann ne cesse en fait d’enquêter : sur son père, Marcel, “qui avait la pâte joyeuse, tout à son bonheur du travail de qualité”, sur sa mère, l’insaisissable Odette, sur ce film allemand tourné ici, sous l’Occupation, mais dont on n’a jamais retrouvé trace, sur l’architecte de la fameuse église, sur le “scandale” qui mit fin aux fonctions de Brionne et, surtout, sur l’accident qui endeuilla le bourg le dimanche 2 janvier 1949 : dix-huit footballeurs de Corps-Nuds périrent dans le camion Dodge conduit en état d’ivresse par le fils du maire qui rata un virage en épingle à cheveux. C’est cet accident, qui constitue, nous dit-il, son premier souvenir d’enfance, à partir duquel il tisse sa lumineuse toile.
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Author : Marianne Payot
Publish date : 2025-03-02 08:35:00
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