“Ils ont plaisanté, se sont tenu la main, mais n’étaient pas d’accord sur la question de l’Ukraine”, résume depuis Washington le site Politico, au sujet de la rencontre entre Donald Trump et Emmanuel Macron à la Maison-Blanche, lundi 24 février. Le chef d’État français se rendait aux États-Unis pour la première fois depuis la réélection du milliardaire américain à la tête du pays, afin d’évoquer le dossier brûlant du cessez-le-feu en Ukraine, sur lequel s’écharpent Européens et Américains, et dans lequel l’Europe peine à exister, relève la presse internationale.”Malgré toutes les accolades et les poignées de main, ils n’ont pas pu masquer le fossé grandissant entre les États-Unis et l’Europe au sujet de la guerre en Ukraine”, remarque le New York Times. Depuis la réélection de Donald Trump, les États-Unis poussent en effet pour la conclusion rapide d’un accord entre la Russie et l’Ukraine, au détriment de l’intégrité territoriale de cette dernière, dont un cinquième du territoire se trouve occupé par Moscou. Les Européens, et Kiev elle-même, tentent d’exister dans des négociations dont ils ont, jusqu’ici, été marginalisés.Une Europe affaibliePour Le Soir, malgré les “bons offices français”, difficile donc de masquer l’impuissance de l’Europe “face au rouleau compresseur diplomatique de l’administration Trump.” “L’Europe n’arrive pas à afficher un front uni. Elle est livrée à elle-même, avec un allié américain qui n’en est plus un, contrainte à un brusque et douloureux réveil pour muscler sa défense et assurer sa propre sécurité”, note de son côté le quotidien suisse Le Temps, dans un éditorial.Symptôme de l’érosion de cette coopération transatlantique, alors qu’Emmanuel Macron rencontrait son homologue à Washington pour évoquer le processus de paix, les États-Unis s’opposaient, au siège de l’ONU à New York, à une résolution condamnant l’agression russe. “Alors que l’Europe et la majeure partie du monde se rangent du côté de l’Ukraine, l’administration Trump s’est placée du côté de la Russie, de la Corée du Nord et de la Biélorussie – soit dans un camp où les États-Unis se sont rarement, voire jamais trouvés”, commente le New York Times. Pour le Washington Post, cela signale ni plus ni moins la “division la plus profonde entre les alliés occidentaux au sein de l’organisation internationale depuis la guerre en Irak en 2003”.Emmanuel Macron “a usé de son charme””Macron s’est efforcé de sauver les liens transatlantiques dans un contexte qui semble être un réalignement historique entre Washington et Moscou”, poursuit le journal conservateur. Louant “le changement de donne” impulsé par Donald Trump, Emmanuel Macron s’est montré favorable à un accord pour résoudre le conflit. Mais il a appelé à ne pas exclure Kiev des discussions : “Nous voulons un deal rapide mais pas un accord qui soit fragile”, a-t-il déclaré.Face à son homologue, qu’il a appelé “cher Donald”, le président français “a usé de son charme”, note CNN, qui relève qu’Emmanuel Macron a “utilisé son vaste répertoire de compliments, son langage corporel tactile et ses poignées de main ne semblant jamais se terminer”. “Pendant la majeure partie de la rencontre, il s’est efforcé de donner un cours magistral sur la manière de gérer un ami belliqueux”, observe pour sa part The Guardian, pour qui le locataire de l’Elysée a mêlé “flatterie et fermeté”. S’il a utilisé à plusieurs reprises des mots comme “amitié” et “programme commun”, Emmanuel Macron n’a ainsi pas hésité à saluer, par exemple, le courage de l’Ukraine face à l’invasion russe, là où Donald Trump a récemment qualifié Volodymyr Zelensky, président ukrainien élu démocratiquement, de “dictateur”. Et ce, sans jamais remettre en cause le caractère autocratique du régime de Vladimir Poutine, à la tête de la Russie depuis 25 ans.Malgré les désaccords, le président français se dit optimiste quant à la possibilité de s’entendre sur ce sujet : selon lui, “les deux dirigeants ont fait des progrès, esquissant une voie vers un accord de paix négocié avec la Russie, qui impliquerait de solides garanties de sécurité sous la forme de troupes européennes déployées en Ukraine, tandis que les forces armées américaines agiraient comme filet de sécurité”, rapporte Politico.Discours divergents”Une mesure qui s’inscrirait dans un effort plus large visant à transférer le poids du soutien à l’Ukraine sur les épaules de l’Europe”, complète le Washington Post. Les États-Unis accusent en effet régulièrement l’Europe de ne pas suffisamment investir dans l’alliance atlantique. Mais par-delà ces déclarations, le Kremlin a redit s’opposer à la présence de troupes de l’Otan sur le sol ukrainien, bien que Donald Trump affirme que Vladimir Poutine lui avait assuré qu’il “les accepterait”.De son côté, le président américain est resté flou sur les mesures de sécurité que pourraient garantir les États-Unis : “On ne sait pas exactement ce que les États-Unis vont faire et comment ils vont s’impliquer […] Trump semblait beaucoup moins engagé, évoquant vaguement un ‘soutien d’une certaine sorte'”, remarque Politico. Preuve que la visite d’Emmanuel Macron n’a pas tout à fait permis aux deux dirigeants d’accorder leurs violons.
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Publish date : 2025-02-25 12:50:00
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