La détresse, la folie, la tristesse, la solitude, la faiblesse, parfois le pur hasard… Quelles sont les raisons qui poussent des hommes et des femmes à intégrer des sectes ? Le prix à payer est souvent lourd : faire une croix sur sa vie passée en s’isolant de ses proches ; vider son compte en banque pour remplir les poches d’un gourou à qui l’on se donne corps et âme ; perdre tous ses repères à la fois physiques et mentaux. Cette mécanique de l’emprise, les réalisateurs espagnols Javier Ambrossi et Javier Calvo la décortiquent dans la série La Mesias, disponible sur plateforme d’Arte.Dans les montagnes catalanes, un frère et une sœur âgés d’une quarantaine d’années sont chacun rattrapés par leur passé lorsqu’ils tombent sur le clip viral de Stella Maris, un groupe musical de jeunes filles catholiques. Dans leur enfance, ils ont vécu au rythme des excès de leur mère, Montserrat – du nom d’un massif près de Barcelone connu pour sa vierge noire. Son quotidien tourne autour de l’alcool et des drogues pour oublier l’instant présent, et de la prostitution pour survivre, avant qu’elle ne sombre dans le fanatisme religieux. L’extravagance de la jeune femme laisse alors place au délire sectaire. Les épisodes se succèdent en alternant les flash-back sur plusieurs décennies, rythmés par une bande-son pop et rock des années 1980 très réussie. L’ambiance tranche intelligemment avec le sentiment d’abandon vécu par les enfants, dont les vies seront brisées.Attrait pour le complotCes dernières années, plusieurs plateformes de streaming se sont essayées à raconter l’histoire de mouvements sectaires emblématiques fondés au siècle dernier. Avec parfois beaucoup de succès, à l’image de Raël : le prophète des extraterrestres, mini-série de quatre épisodes disponible sur Netflix, retraçant le parcours de Claude Vorilhon. Ce gourou français a convaincu des dizaines de milliers d’adeptes qu’il avait été enlevé par des extraterrestres. “Ces œuvres suscitent à la fois la fascination et la peur dans l’imaginaire collectif parce que nous avons une passion, presque littéraire, pour les choses étranges, qui sortent de l’ordinaire”, analyse Martin Geoffroy, chercheur en sociologie au Cégep Edouard-Montpetit à Montréal.Ce spécialiste, qui étudie les dérives sectaires depuis plus de trente ans, y voit aussi un certain attrait pour le complot. “Bien que nous ne soyons évidemment pas tous complotistes, ce ressort attire : quelqu’un y orchestre toujours un plan malveillant. C’est presque un facteur anthropologique.” Dans Wild Wild Country, toujours sur Netflix, les documentaristes Maclain Way et Chapman Way reviennent sur l’itinéraire d’un gourou indien parvenu à construire de toutes pièces, avec ses disciples, une ville dans l’Oregon, aux Etats-Unis. La frontière entre la critique et la complaisance s’avère parfois fine. “Certaines séries sont factuellement correctes, d’autres exagèrent dans un but sensationnaliste. Le ton employé peut être trop bienveillant, notamment pour faciliter l’accès aux gourous, qui acceptent plus volontiers d’être filmés s’ils perçoivent un certain traitement favorable”, souligne Martin Geoffroy. Au risque, de créer, sans le vouloir, de nouveau partisans.
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Author : Thibault Marotte
Publish date : 2025-02-18 10:30:00
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