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L’Express

Elias d’Imzalène : ce qui a vraiment été dit en arabe le jour où il a dérapé, par Omar Youssef Souleimane

Manifestation à Paris "contre le coup de force de Macron" après la nomination de Michel Barnier à Matignon, le 7 septembre 2024




Depuis la manifestation du 8 septembre, organisée par plusieurs associations pro-palestiniennes, une polémique circule à propos de l’appel d’Elias d’Imzalène, placé en garde à vue mardi 24 septembre pour provocation à la haine et incitation à des crimes en raison de son appel à « mener l’intifada ». L’activiste néo-salafiste sera jugé devant le tribunal correctionnel de Paris le 23 octobre. D’autres déclarations, plus graves encore, ont été lancées lors de cette manifestation.Ce jour-là, entouré par Rima Hassan et Thomas Portes, deux parlementaires de LFI, Elias d’Imzalène arrive à la manifestation, place de la République à Paris. A la tribune, les déclarations s’enchaînent. Omar Alsoumi, figure du collectif Urgence Palestine et d’une association affiliée au FPLP (Front populaire de libération de la Palestine), une organisation classée terroriste par l’Union européenne, distribue la parole. Après plusieurs discours, des slogans en français, tels que « Israël assassin, Macron complice », et en arabe, comme « du fleuve à la mer, la Palestine est arabe », – et non « sera libre » – sont scandés. Cela ne signifie pas seulement la destruction d’Israël, mais aussi l’exclusion des autres ethnies non arabes de cette région.Vient le tour de parole de Ramy Shaath, militant palestino-égyptien et membre du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Entre 2019 et 2022, il a été emprisonné en Egypte, accusé de financer des actes terroristes et de mener des « troubles contre l’Etat ». Il s’est ensuite réfugié en France. Il déclare en arabe : « Depuis 1967, le mouvement sioniste essaie de judaïser la Cisjordanie. Ils ont profité de la solution à deux Etats pour augmenter le nombre de colons à 700 000. Mais malgré cela, en novembre 2021, les sionistes se sont rendu compte que le nombre de Palestiniens arabes est égal à celui des juifs. » Omar Alsoumi traduit le discours de Shaath en français pour le public, remplaçant le mot « juifs » par « Israéliens ». Shaath poursuit : « Ces dernières semaines, ils ont intensifié ce génocide en Cisjordanie en attaquant les camps de réfugiés survivants de la Nakba de 1948 pour y appliquer le même génocide qu’à Gaza. Les sionistes ont oublié que nous ne quitterons pas notre terre une deuxième fois ; nous resterons accrochés à nos armes face aux colons. Je leur dis d’ici : vous n’aurez aucun otage, la guerre ne s’arrêtera jamais au nord d’Israël, et la mer Rouge ne s’ouvrira pas tant que le génocide à Gaza ne prendra pas fin. » Des propos se plaçant du côté du Hamas.Une militante monte sur la tribune et confirme que « le génocide continue contre tous les Palestiniens. » Elle demande ensuite le retour des Palestiniens « du fleuve à la mer. » Il n’est pas facile de distinguer le visage de cette femme parmi les centaines de manifestants et les drapeaux palestiniens levés. On peut apercevoir des banderoles appelant à la libération de Georges Abdallah. Ce terroriste libanais a été reconnu coupable du meurtre de deux diplomates, l’un américain et l’autre israélien, à Paris en 1982. Il a été arrêté par les autorités françaises et condamné à la réclusion à perpétuité. L’une de ces banderoles est tenue par le député de LFI, Manuel Bompard, où il est écrit en arabe : « Liberté pour Georges Abdallah. »Renverser des MerkavasLa manifestation se clôt avec le discours d’Elias d’Imzalène. Il commence par appeler à résister « de Paris à Gaza. » « Est-ce que nous aussi, nous sommes la résistance ? Les hommes de Gaza qui se battent pour que leurs femmes et leurs enfants vivent ? C’est un génocide, et avec les génocidaires, il y a des complices ; ils s’appellent Biden ; ils s’appellent Macron. Le voleur des élections, on connaît les voleurs qui habitent à l’Elysée. Est-ce qu’on est prêt à les virer, eux aussi ? Est-ce qu’on est prêt à amener l’Intifada à Paris ? Dans la banlieue, dans nos quartiers. Pour leur montrer que la voix de libération vient de nous. »Je suis face à la tribune. Autour de moi, des gens de différents âges et de classes sociales, y compris des étudiants, des militants et des membres de BBG (Blouses blanches pour Gaza) un collectif de soignants solidaires avec la population palestinienne. Ils applaudissent chaque mot prononcé par d’Imzalène. Si son appel à l’Intifada, qui signifie « soulèvement » en français, avait été prononcé dans un autre contexte, il aurait pu être considéré comme une résistance pacifique.Cependant, dans le discours de ce militant se présentant comme un néo-salafiste, il est essentiel de poursuivre sa déclaration pour mieux comprendre le sens de ce mot dans son propos : « La guerre va continuer, mais la résistance va aussi se poursuivre, car ils ont cru qu’avec le temps, ils allaient faire taire la résistance. Mais vous la voyez comme moi sur tous les réseaux sociaux, des gens capables de renverser des Merkavas. » Le Merkava, chariot de guerre dans la Bible hébraïque, est très populaire au Proche-Orient comme symbole de l’armée israélienne. Depuis le 7 octobre, la fierté du Hamas est de détruire ces chariots avec leurs obus les plus connus, « Al-Yassine », nommés au nom du fondateur du Hamas en 1987 : le « cheikh » Ahmed Yassine, tué en 2004 par le Mossad. »Al-Quds » plutôt que JérusalemD’Imzalène ne laisse aucun doute sur son appel à faire une « résistance » islamique armée en établissant le lien entre l’Intifada et Al-Yassine. Il termine son discours par : « Alors, nous disons au ministre de l’Intérieur que nous allons continuer, qu’ils le veulent ou pas. Et bientôt, Jérusalem sera libérée et nous pourrons prier au Masjid Al-Aqsa, et Jérusalem deviendra la capitale de tous les révolutionnaires. »Omar Alsoumi répète la dernière phrase d’Imzalène en remplaçant « Jérusalem » par « Al-Quds » afin que son discours soit cohérent avec celui des islamistes au Proche-Orient. Pour eux, cette ville, Al-Quds, qui signifie « sacré » en français, ne doit pas être appelée par un autre nom. En 2020, le Hamas a publié un appel à l’occasion du 27e anniversaire de l’accord d’Oslo, titré « Al-Quds est la capitale éternelle de la Palestine ». Cette ville n’est pas seulement la boussole du Hamas, mais de tous les mouvements terroristes : Hezbollah, al-Qaïda, Daech. Sa libération des Juifs, surtout la mosquée Al-Aqsa, est la mission la plus importante eux. C’est pourquoi le massacre du 7 octobre a été nommé par le Hamas : « Le déluge d’Al-Aqsa ».Pour comprendre le danger de cette manifestation, on ne peut pas séparer la déclaration de Shaath de celle d’Imzalène, ni des propos d’Alsoumi. C’est un seul discours, pour un seul objectif : mettre en place une ambiance séparatiste, identitaire et haineuse, pour créer le chaos, tout en manipulant les jeunes avec une « résistance » fantasmée.* Ecrivain et poète né à Damas, Omar Youssef Souleimane a participé aux manifestations contre le régime de Bachar el-Assad, mais, traqué par les services secrets, a dû fuir la Syrie en 2012. Réfugié en France, il a publié chez Flammarion Le Petit Terroriste, Le Dernier Syrien, Une chambre en exil, et récemment Etre Français.



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Publish date : 2024-09-28 12:00:00

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