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L’Express

Michel Barnier à Matignon : comment LR prépare un retour aux affaires

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L’hôte n’est pas seul. Ce vendredi 6 septembre, Michel Barnier reçoit à l’hôtel de Matignon l’état-major des Républicains. Le patron du Sénat Gérard Larcher et les présidents de groupe parlementaire Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau ont la surprise de découvrir un invité surprise. Le nouveau Premier ministre est accompagné de l’ancien eurodéputé LR Arnaud Danjean, un proche. Ce spécialiste reconnu des sujets de défense, ancien collaborateur du Savoyard au ministère des Affaires étrangères, soutenait en 2021 sa candidature à l’élection présidentielle.La nomination d’un Premier ministre de droite par Emmanuel Macron offre aux Républicains une drôle de victoire, source d’interrogations infinies. Faut-il participer à un gouvernement sous menace permanente de censure ? Sous le regard paternaliste d’un chef de l’Etat omniprésent ? Avec 47 députés, la droite aura bien du mal à mettre en musique sa pureté doctrinale. »Rien n’est décidé »Entre amis, on se parle franchement. Le trio demande des garanties au nouveau Premier ministre. Michel Barnier leur assure qu’il entend être aux manettes de la politique gouvernementale, comme lui promet l’article 20 de la Constitution. Le patron, ce sera lui ! Y compris pour les nominations au gouvernement, prérogative qu’il entend bien exercer. Bon point. Tout juste Bruno Retailleau lui suggère de ne pas trop tarder à constituer son équipe, tant le président a procrastiné.On en vient au fond. La droite a bâti en juillet un pacte législatif, série de propositions. De ce document, l’état-major de LR dégage trois priorités devant Michel Barnier : redressement des finances publiques, valorisation du travail et tour de vis sur les sujets régaliens. Pas d’opposition, le Premier ministre évoque lui-même la décentralisation. Entre membres d’un même parti, la négociation est toujours plus facile ! Les ténors LR évoquent enfin l’architecture du futur gouvernement. Elle devrait traduire les priorités de la droite. Un macroniste de gauche au ministère de l’Intérieur, non merci.Alors, c’est bon ? Du calme. A l’issue de l’entretien, Wauquiez et Retailleau s’empressent de calmer le jeu. « Rien n’est décidé et c’est en fonction de ce programme que les décisions seront prises », lance Laurent Wauquiez à la presse. On assumera nos responsabilités mais […] que sur un programme qui donne la garantie de répondre aux préoccupations des Français. » Dans l’entourage de l’ancien ministre, on allume le climatiseur. Michel Barnier doit composer avec une base parlementaire hétéroclite, dans laquelle la droite est minoritaire. Pas question de faire du « en même temps », comme le craignent quelques députés LR. De droite ou rien.Pas de débauchages individuelsPas de fumée blanche, mais une forme s’esquisse. Le jeudi 5 septembre, le patron du groupe Droite Républicaine (DR) a rassemblé ses troupes. Là encore, le retour aux affaires flotte dans l’air. Certes, Laurent Wauquiez insiste sur le pacte législatif. Une boucle WhatsApp d’information des députés DR est ouverte aux commentaires, pour que chaque élu puisse mentionner ses priorités programmatiques. Quand un député sonde son chef sur une participation au gouvernement, ce dernier esquive. Mais décline sa doctrine. Finis les débauchages individuels. Les nominations devront se faire en bonne intelligence avec les instances dirigeantes de LR.Voilà la droite aux portes du pouvoir. Qu’il semble loin ce 7 juillet, lorsque Laurent Wauquiez refusait d’un ton sec toute « coalition » ou « compromission » avec le macronisme dans son discours de victoire aux législatives. L’homme a fait du chemin, dans un mélange d’habileté et de contrainte. La crainte d’une gauche aux manettes et d’une paralysie parlementaire l’ont fait sortir de sa zone de confort. Tout comme ces députés DR, certains des étoiles plein les yeux à l’idée d’un retour au pouvoir. Qu’importent les faibles marges de manoeuvre de l’exécutif. La droite, gouvernant de droit divin de la Ve République, ne saurait restée si longtemps dans l’ombre ! Et puis, le choix de Michel Barnier oblige LR. Comment laisser son représentant se débrouiller seul ? « On nous a reproché d’être un parti de gouvernement qui ne gouvernait plus, c’est une chance même si on n’a pas de majorité claire au Parlement », juge un dirigeant.En début de semaine, Laurent Wauquiez échange avec un fidèle. Nul n’imagine alors la droite s’installer à Matignon. L’ancien patron de région est alors réservé sur l’opportunité de revenir aux affaires. On évoque une récente interview de Nicolas Sarkozy. « Je ne comprends pas la position qui consiste à proposer au président de la République un programme minimum tout en affirmant vouloir rester en dehors de l’équipe gouvernementale qui serait en charge de l’appliquer », s’agace l’ex-président dans Le Figaro. L’argument claque comme une évidence. « L’analyse est forte car simple et compréhensible », lâche l’ami de Laurent Wauquiez. L’intéressé a acquiescé.

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Author : Paul Chaulet

Publish date : 2024-09-06 19:01:07

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