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De la fin de la guerre d’Indochine, à l’affaire du Watergate, jusqu’à la nomination d’Emmanuel Macron à Bercy, redécouvrez à travers nos archives, les temps forts des étés de chaque décennie entre avancées diplomatiques, crises politiques et progrès scientifiques. Cette semaine, l’été 64.EPISODE 1 – Eté 54 : l’espoir Mendès France, la fin de la guerre d’Indochine, un coup d’Etat au GuatemalaLa fin de l’apartheid américainL’Express du 25 juin 1964Le 11 juin 1963, le président Kennedy prononce un discours historique posant les bases du Civil Rights Act. Après l’attentat de Dallas, Lyndon Johnson, successeur de JFK à la Maison-Blanche, entreprend de faire voter au Congrès cette promesse de campagne phare du président défunt. Dix ans après le lancement du combat pour les droits civiques mené par Martin Luther King, toute discrimination dans les lieux publics, à l’école, au travail, dans les administrations, l’armée et les transports est désormais prohibée.Le 30 juillet 1964, un mois après le vote historique du « Civil Rights Act », L’Express publie une grande enquête sur le ghetto de Harlem et souligne « Ce qui constitue la vraie démocratie, ce n’est pas de reconnaitre des égaux, mais d’en faire. » »Le président Johnson compte signer la loi sur les droits civiques le 4 juillet prochain, jour anniversaire de l’indépendance des Etats-Unis. Cette loi a été ratifiée au Sénat par 73 voix contre 27, le 19 juin, au terme d’un débat de quatre-vingt-trois jours, grâce à la coopération de démocrates et de républicains.Le débat sur les droits civiques était au premier plan de l’actualité depuis que le président Kennedy avait, en février 1963, présenté un premier projet de loi au Congrès. Mais les dispositions de ce projet étaient très en retrait sur ce que les partisans de l’intégration avaient espéré après les déclarations du sénateur Kennedy pendant sa campagne présidentielle.Cependant, avant même qu’il soit discuté, de violents incidents éclataient à Birmingham. Le président Kennedy comprit alors que le seul moyen de limiter la violence était de doter le pays d’un texte législatif assez précis pour ne plus laisser aucun doute dans l’esprit des ségrégationnistes. Le 19 juin 1963, il soumit au Congrès un projet beaucoup plus révolutionnaire. C’est celui-ci qui, après son assassinat, fut repris par le président Johnson et approuvé à la Chambre des représentants par 290 voix contre 130 en février dernier.Les choses n’avanceront pas sans incidents peut-être graves, mais le pas est franchi : le vote de cette loi est la mesure la plus importante prise en faveur des Noirs depuis leur émancipation, après la guerre de Sécession. »Installation de l’ORTF : l’information sous tutelleL’Express du 30 juillet 1964Quinze ans après l’avènement de la Radiodiffusion-Télévision Française (RTF), l’Office de Radiodiffusion-Télévision Française (ORTF), un organisme centralisé plus puissant et sous un contrôle accru de l’Etat, prend la relève le 27 juin 1964. Vivement critiqué durant les événements de mai 68, l’ORTF, fragilisé par de nombreuses accusations sur son manque d’autonomie et de neutralité, tire sa révérence en 1974.Pour l’historien des médias Christian Delporte, l’ombre de l’ORTF continue de planer aujourd’hui sur le paysage de l’audiovisuel public comme en témoigne le projet de réforme proposé par la ministre de la Culture Rachida Dati : « Il y a un problème en France, c’est que l’on n’arrive pas à couper le cordon ombilical qui relie le pouvoir à la radio et à la télévision de service public. »Journaliste, écrivain et historien, Arthur Conte, mort jeudi à Paris à l’âge de 93 ans, a été Président-Directeur général de l’Office de Radio et Télévision français (ORTF) en 1972-73. »Il va de soi que nous attendrons pour juger l’O.R.T.F. à l’œuvre. Mais des paroles ont été prononcées et nous devons, dès maintenant, peser leur sens.On nous promet un organisme revivifié où régnera l’autorité, mais où seront sauvegardés tous les droits du personnel. L’autorité, nous ne sommes pas contre (en fait, la Vᵉ souffre d’un manque de véritable autorité dans bien des domaines, la lutte contre la routine et le népotisme, par exemple) ; mais, par droits du personnel, entend-on l’exil d’un journaliste de talent au profit d’un nouveau venu gaulliste ?On nous annonce un régime financier plus souple : mais les finances de la télé en seront-elles normalisées pour autant ? […] Quel budget sera dévolu aux essais, à la recherche, voire au droit à l’erreur ? […] Quelle chance donnera-t-on aux nouveaux réalisateurs, au lieu d’engloutir des millions dans des décors inutiles ? Remplacera-t-on le privilège à l’ancienneté par la prime à l’originalité ? […]Usant d’un vocabulaire d’avant la télé (‘cette magicienne’, nous dit-il, comme un échotier de 1950), il nous promet une télévision familiale. Qu’est-ce à dire ? Que toute audace y sera suspecte […] ? Et d’ailleurs, de quelle famille s’agit-il ? D’un groupe traité en adulte ? Ou d’une famille Anderson confite dans l’infantilisme ? […] Franchise, ou simple vernis social ? ‘On n’étalera pas de scandales’, ajoute M. d’Ormesson. Quels scandales ? Une fille nue à Saint-Tropez, ou le manque de locaux scolaires ? Autre promesse : la télévision, affirme M. d’Ormesson, sera objective et rendra justice à tous les courants de pensée. C’est ce dont nous jugerons au jour le jour selon la part donnée à l’opposition politique qui, dans tout pays démocratique, ne peut être inférieure à 50 %.Mais posons une question préliminaire à notre ex-ambassadeur au Vatican. […] Les athées trouvent parfaitement normal que les croyants aient leur part. Mais la leur ? Exposera-t-on aussi leur courant de pensée, leur philosophie, leurs textes, leurs auteurs ? La réponse dira si nous vivons sous une religion d’État inavouée ou en pleine liberté, comme on le prétend. Répondez donc, monsieur d’Ormesson. Car tout homme privé peut souhaiter que sa foi l’emporte et soit même seule prônée, mais quiconque accepte un poste public est au service de tout le monde.En bref, il devrait s’agir moins de donner des directives de détail — avec des mots, on l’a vu, assez équivoques — que d’imprimer à la télévision un caractère d’honnêteté et de valeur. La télé est faite pour divertir et éduquer. Seuls les sots marquent une différence entre ces deux impératifs. »La com’ de GiscardPorter un chandail pour faire jeune, prendre le métro pour faire simple, piloter un avion pour faire moderne… Pour Valéry Giscard d’Estaing, jeune ministre des Finances bien né, polytechnicien et énarque, tous les moyens sont bons pour plaire aux Français. L’enjeu selon Georges Suffert : devenir l’unique homme fort de la droite.Portrait du ministre des Finances Valéry Giscard d’Estaing dans L’Express du 2 juillet 1964″Lorsque Valéry Giscard d’Estaing, 38 ans, le plus jeune ministre des Finances que la France ait connu, descendit il y a quelques jours de la tribune du Parlement, il était un peu pâle. Mais pour la première fois ce jeune homme long, à la diction un peu précieuse, avait fait un assez bon numéro. Pour la première fois, il avait parlé sans notes et s’était laissé interrompre. Il avait assommé les députés sous un déluge de chiffres, contré sévèrement l’opposition, soulevé les applaudissements de la majorité. Pour la première fois, il semblait avoir ‘tenu sa salle’ au lieu de susciter un ennui poli. Ce n’est pas – pour lui – une victoire négligeable, encore qu’elle soit limitée. Car le problème de Valéry Giscard d’Estaing est que son nom, connu de tous, ne recouvre aucune physionomie. Il est apparu deux fois, depuis le début du plan de stabilisation, sur les écrans de la télévision, mais son passage n’a guère fait date. Il a essayé de venir en pull-over devant les étranges lucarnes, pour se créer un style – la droite décontractée – de se faire photographier dans le métro pour ‘faire simple’, dans une épreuve de ski et pilotant son avion lui-même, pour ‘faire moderne’. Le résultat n’a pas été nul : la preuve est que l’on s’en souvient. Mais son visage politique reste flou.Or, il est lancé dans une bataille capitale pour sa carrière. Et quoi de plus important qu’une carrière pour un homme qui en a décidé, dès l’enfance, toutes les étapes ? Si le plan de stabilisation échoue, Valéry Giscard d’Estaing redeviendra l’un des dirigeants de la droite parmi d’autres. S’il réussit, il a de bonnes chances d’en devenir le chef. Il a 38 ans et Antoine Pinay en aura 73 en décembre. Son seul rival sera alors Georges Pompidou. On assistera à une belle partie de poker entre deux Auvergnats. »Conquête de la Lune : les premières imagesL’Express du 6 août 1964Après six échecs, la sonde américaine Ranger VII capture, le 31 juillet 1964, les tout premiers clichés de la surface de la Lune. Les 4 316 photos reçues par la NASA vont permettre aux ingénieurs du programme Apollo de dresser un état des lieux topographique de la surface du sol lunaire et ainsi de mieux cibler les engins qui pourront atterrir sur la Lune.Soixante ans plus tard, la mission Artémis 3, décalée à septembre 2026, est chargée de renvoyer des astronautes sur la Lune pour la première fois depuis la fin du programme Apollo en 1972.L’exploration de la Lune dans L’Express du 6 août 1964. »En s’écrasant, quelque part sur la Mer des Nuées, Ranger VII vient de faire gagner des siècles aux astronomes. Les images qu’il a recueillies à plusieurs centaines de kilomètres de la Lune sont déjà d’une qualité comparable à celles de nos meilleures lunettes. Or, certaines des 4 316 photos retransmises ont été prises à 10 km et à 1 km seulement du sol lunaire, révélant des détails cent fois et jusqu’à mille fois plus fins que tout ce que l’on pouvait découvrir avec le télescope du mont Palomar. Les amateurs de fantastique risquent d’être déçus par ces photos. On savait que la surface de notre satellite est criblée de vastes cratères. Ranger VII nous apprend qu’à l’intérieur de ces cratères, il en existe d’autres, plus petits, et, à l’intérieur de ces derniers, d’autres encore, qui ont quelques dizaines de mètres de diamètre parfois quelques mètres. Un champ de tir, telle est en définitive l’image qu’il nous invite à nous faire de ce morceau de matière inerte, livré sans la moindre protection – ni eau, ni air, ni atmosphère – aux bombardements de l’espace, aux rayonnements solaires, à l’impact des météorites de toutes tailles. Un champ de tir perpétuellement labouré et retourné où, en l’absence de toute vie, les cicatrices du pilonnage spatial se conservent et s’additionnent indéfiniment. […]Ce sont les ingénieurs de la NASA, chargés de mettre au point les détails de l’expédition [NDLR : le programme Apollo], qui se félicitent le plus des résultats obtenus par Ranger VII. Ils savent désormais que, tout au moins sur la Mer des Nuées, le sol est solide, constitué par une sorte de roc spongieux comparable à la pierre ponce, et dépourvu de cette, poussière redoutée qui les avait conduits à imaginer d’étranges véhicules pour permettre à l’homme de circuler à là surface de notre satellite. Dès l’an prochain, deux nouveaux engins, identiques à Ranger VII, photographieront d’autres secteurs du sol lunaire. Ensuite, des stations seront mises en orbite autour de la Lune afin de pouvoir l’observer sous tous les angles et établir un véritable cadastre. Les clichés de Ranger VII ont déjà coûté aux Etats-Unis un milliard trois cents millions de francs. N’est-ce pas trop cher payé pour approcher un monde mort, un astre sur lequel il paraît impossible que l’homme puisse jamais s’installer durablement ? « Non », a tenu à répondre publiquement le Président Johnson en examinant ces photos. Mais ce n’est pas à la science qu’il a demandé des arguments. C’est là vraiment une bataille pour la première place dans le monde, a-t-il déclaré. Les Anglais ont dominé le monde en leur temps parce qu’ils avaient la maîtrise des mers. Ceux qui iront les premiers dans l’espace doivent fatalement être les premiers dans le monde de demain. »La semaine prochaine, retrouvez l’été 74 en archives.
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Publish date : 2024-07-20 13:00:00
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