Avec Donald Trump à la Maison-Blanche, les Vénézuéliens en exil ont l’impression de voir une sorte de “remake” de “Hugo Chavez à Miraflores” (le palais présidentiel, à Caracas). Entre ces deux populistes, l’un de droite, l’autre de gauche, il y a au fond peu de différences. Frères siamois, ils gouvernent de la même manière. Le verbe haut, ils saturent l’espace médiatique, multiplient les menaces, étrillent les élites, éreintent les institutions. Il faut revisiter l’ère Chavez pour comprendre Trump.Arrivé au pouvoir en 1999 sans expérience politique, l’histrionique “colonel des tanks” y restera jusqu’à sa mort en 2013. Au passage, il met au pas la presse, le parlement, la justice, l’armée. Nul doute que Donald Trump rêve d’en faire autant : il flirte déjà avec l’idée d’un troisième mandat en 2028 – et tant pis si c’est inconstitutionnel ! “Chavez était très retrechero, comme on dit chez nous des fripouilles ingérables qui créent des problèmes avec tout le monde, pointe la politologue en exil Maria Sol Pérez Schael. A chaque fois que j’entends Trump, je vois Chavez.”A l’origine, ce dernier n’est qu’un officier. En marge de la vie de régiment, il organise des concours de Miss. Sur des scènes de province, c’est lui qui annonce au micro le nom de la gagnante. Plus ou moins à la même époque, le futur président américain devient PDG de trois concours de beauté : Miss Univers, Miss USA et, pour les adolescentes, Miss Teen USA. Le parallèle ne s’arrête pas là. Donald Trump, marié trois fois, a l’habitude de s’entourer de “femmes trophées”. Lorsqu’il met en avant sa “beautiful wife” (Melania), c’est pour mieux se valoriser lui-même. Hugo Chavez, lui aussi, affichait sa virilité. Un jour, lors d’une émission en direct, le fanfaron s’adresse soudain à sa femme : “Marisabel, prépare-toi ! Ce soir, je vais te donner ce que tu réclames !”Deux “enfants de la télé”Gonflé d’hubris, le Vénézuélien commence son mandat en rebaptisant son pays “République bolivarienne”. L’Américain, lui, a renommé “golfe d’Amérique” ce qui était le golfe du Mexique, dès son arrivée au pouvoir. Maladivement narcissiques, les deux s’imaginent que l’histoire de leur pays démarre avec eux…Autre trait commun : ce sont des “enfants de la télé”, sans elle, ils n’auraient pas fait carrière. Après son coup d’Etat manqué (mais sanglant) en 1992, Hugo Chavez crève l’écran lorsque, en direct, il demande à ses conjurés de rendre les armes. Le voici entré par la petite lucarne dans tous les foyers. “Il a compris que, pour se faire connaître, une minute à la télévision valait mieux que des chars et des mitraillettes”, remarque le biographe Alberto Barrera Tyska. Une fois devenu président, il accapare le paysage télévisuel, obligeant plusieurs chaînes à interrompre simultanément leurs programmes dès qu’il apparaît. C’est quasi quotidien. Le dimanche, il fait le show sur son programme “Allô Président” : en live pendant des heures, il commente l’actualité, gronde ses ministres, parle de lui, chante, danse, rigole. Du vrai stand-up.Le président vénézuélien Hugo Chavez s’exprime lors de son émission hebdomadaire « Alo Presidente » à Lara, le 6 juin 2010. REUTERS/Miraflores Palace/HandoutDonald Trump, lui, a façonné son image grâce à The Apprentice. Aujourd’hui, il gouverne par “épisodes”, façon téléréalité, jouant sur les émotions et les rebondissements. Ce qui compte, c’est de surprendre et de tenir en haleine ; le fond importe peu. Hugo Chavez faisait pareil : lui jouait avec les peurs, brandissant la (fausse) menace “imminente” d’une l’invasion américaine au Venezuela. “En s’affranchissant du réel, Trump et Chavez ont détruit le langage commun qui permet au débat politique d’exister”, reprend la Vénézuélienne Pérez Schael.C’est si bon d’humilier les gens…Le Latino antiaméricain avait l’insulte facile : George W. Bush était un “crétin alcoolique” ; l’Espagnol José María Aznar, un “fasciste” ; l’opposant Henrique Capriles Radonski, un “cochon” ; un certain cardinal vénézuélien, un “troglodyte”. Pour Donald Trump, Kamala Harris – un exemple parmi mille – était une “vice-présidente de merde”, “folle”, “paresseuse” et “débile”. Au début des années 2000, Hugo Chavez, mû par sa haine des élites, licencie les principaux dirigeants de la compagnie pétrolière étatique PDVSA, véritable trésor qui constitue le cœur du pouvoir économique dans un pays où l’or noir est tout.Lors d’une émission “Allô Président”, il énumère leurs noms, souffle dans un sifflet et s’écrie “Fuera !” (dehors !). Une variante du célèbre “You’re fired !” (tu es viré) de The Apprentice. C’est si bon d’humilier les gens… Puis, 20 000 autres cadres, techniciens et experts de PDVSA, très compétents mais électeurs de l’opposition, sont renvoyés. C’est le point de départ de l’affaiblissement, puis la ruine, du pays. Donald Trump, lui, démantèle l’Usaid (l’agence de coopération qui promeut la démocratie dans le monde) et le ministère de l’Education, s’attaque au monde scientifique et aux universités. Et, d’un trait de plume, se débarrasse de 10 généraux et amiraux, comme Hugo Chavez le fit en son temps. Le film Trump 2, le retour ne fait que commencer. Mais déjà, il y a bien – selon l’expression consacrée – “des ressemblances avec des personnages ayant existé”.
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Author : Axel Gyldén
Publish date : 2025-04-27 06:30:00
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