Tenter coûte que coûte de trouver une solution à la guerre en Ukraine. Avant même son arrivée à la Maison-Blanche en janvier dernier, Donald Trump en était convaincu : il réglerait le conflit entre Kiev et Moscou en à peine “24 heures”. Trois mois après l’investiture du milliardaire, les combats ont toujours lieu sur le champ de bataille et les villes ukrainiennes sont toujours bombardées par l’armée russe. Dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 avril, 12 personnes ont ainsi été tuées dans des frappes lancées sur la capitale ukrainienne. Cette nuit encore, trois personnes, dont un enfant, ont encore été tuées et huit autres blessées lors de l’attaque russe contre la ville de Pavlohrad.Jusque-là très conciliant avec le Kremlin, le président américain a sommé le président russe de mettre fin à ce genre d’opérations meurtrières. “Vladimir, ARRÊTE !”, a-t-il ainsi interpellé son homologue, sur son réseau Truth Social. Une demande qui contraste avec la position des Etats-Unis ces derniers mois. Plus tôt dans la semaine, Donald Trump avait ainsi accusé le président ukrainien Volodymyr Zelensky de bloquer tout accord. Au cœur du débat ? La potentielle reconnaissance par les Etats-Unis de la Crimée, cette région ukrainienne annexée par la Russie depuis 2014, dans le cadre d’un possible texte de cessez-le-feu évoqué par plusieurs médias américains.”L’administration Trump flirte avec la catastrophe”L’imprévisibilité si propre au républicain inquiète d’autant plus lorsqu’elle fait irruption parmi des négociations diplomatiques très tendues au sujet de deux pays en guerre depuis plus de trois ans. Cette semaine, de nombreux titres de presse américains se sont ainsi émus des pistes de Washington pour mettre fin au conflit, et de la méthode si atypique du président américain de poser un rapport de force. “La stratégie de négociation de Donald Trump face à la guerre en Ukraine est incroyablement inhabituelle”, s’étonne ainsi l’éditorialiste Ben Burgis, dans un article sur le site de la chaîne MSNBC. Le spécialiste appelle notamment les Américains à reconsidérer le poids de Volodymyr Zelensky dans les pourparlers pour trouver “un règlement diplomatique” à la situation.Dans cette chronique au ton agacé, le journaliste s’exaspère du sort réservé aujourd’hui à l’Ukraine par l’administration Trump, incarné par la rencontre houleuse entre les présidents américain et ukrainien à la Maison-Blanche le 28 février dernier. Pour schématiser l’absurdité des relations entretenues par Washington avec Kiev, en particulier au sujet de la Crimée, l’expert va même jusqu’à effectuer une analogie avec le conflit israélo-palestinien, en demandant de se figurer si Donald Trump “demandait à Israël de reconnaître diplomatiquement l’État de Palestine et d’immédiatement évacuer toutes les colonies de Cisjordanie”. Avant d’ajouter : “Essayez d’imaginer ce qu’il arriverait en disant à Netanyahou que s’il n’adhérait pas directement à ce programme, les Etats-Unis se retireraient du processus.”Comme lui, beaucoup d’observateurs américains regrettent le manque de profondeur de vue de la Maison-Blanche sur le dossier ukrainien. Forcément, il est “plus facile pour Trump de mettre la pression sur l’Ukraine”, pointe CNN, rappelant la dépendance du pays à l’aide militaire américaine et au partage du renseignement – tous deux un temps interrompus par Washington. Mais la chaîne américaine estime que le président américain se refuse à voir que “la Russie traîne des pieds” pour tenter d’avancer vers une trêve. “L’administration Trump flirte avec la catastrophe” dans ses efforts pour mettre fin à la guerre, soulève pour sa part le Washington Post.Le plan Trump ? “Un instrument de capitulation”L’écrivain Max Boot, éditorialiste dans les colonnes du quotidien de la capitale, pointe le fait que l’Ukraine ne gagne “pas grand-chose” dans le projet américain d’accord de trêve qui a fuité dans Axios et le Telegraph. Selon leurs révélations, les propositions des Etats-Unis avancées ces dernières semaines impliqueraient – en plus de la reconnaissance américaine de la souveraineté russe en Crimée – la garantie apportée à Moscou de ne jamais voir l’Ukraine intégrer l’Otan et l’adoucissement des sanctions financières contre son économie. “Le plan Trump n’est pas autre chose qu’un instrument de capitulation, et les Ukrainiens ne sont pas d’accord pour l’accepter”, expose Tom Nichols, dans The Atlantic, magazine très opposé de manière générale à la politique de l’homme d’affaires. “Trump agit de facto comme un allié de la Russie et formule des exigences à la manière d’un proxy de Moscou.”Certains titres se préoccupent particulièrement de voir la Russie renforcée par l’attitude américaine plus qu’accommodante dans les échanges avec Moscou. “Le Kremlin a peut-être sagement compris qu’il pouvait, au fil des mois, obtenir de minuscules concessions de la Maison-Blanche et construire progressivement un paysage géopolitique plus favorable à ses intérêts”, décrypte le journaliste de CNN Nick Paton Walsh. “Il suffit de se rappeler des 90 premiers jours de la présidence de Trump pour constater à quel point le monde a déjà évolué en faveur de Moscou.” Le constat établi est encore plus douloureux pour The Atlantic, pour qui “les Américains offrent à Poutine un accord de rêve”. Pour le mensuel, le projet de Donald Trump reviendrait même à “vendre l’Ukraine à la Russie”, ce qui constituerait un témoignage de la “lâcheté” des Etats-Unis sur le dossier ukrainien.L'”inusuelle” demande de Donald Trump à Vladimir PoutineAu-delà de ces hypothétiques mesures et de la pression constante posée sur Volodymyr Zelensky, la presse américaine relève aussi le soudain changement de ton de Donald Trump vis-à-vis de Vladimir Poutine après les récentes frappes destructrices sur Kiev. Pour le New York Times, il s’agit là d’un “inusuel appel tranchant” de la part du milliardaire américain. “Le président Trump a également cherché à détourner la responsabilité en cas d’échec des négociations, signe qu’il est peut-être plus pessimiste quant à un accord qu’il ne l’était lorsqu’il a pris ses fonctions en janvier”, analyse le reporter Jonathan Swan. Après sa campagne tonitruante, “il avait regagné la présidence en débordant de confiance quant à son talent de négociateur”, rappelle-t-il.L’interpellation de Vladimir Poutine pourrait-elle préfigurer le début d’un nouveau rapport de force ? “La question maintenant est de savoir à quel point il est prêt à mettre la pression sur Moscou pour lui faire faire des concessions significatives afin d’obtenir un accord”, résume le Wall Street Journal. Le dirigeant américain et son entourage semblent en tout cas de plus en plus pressés à l’idée de conclure ce fameux “deal” tant espéré. “Le problème majeur est que Poutine prend du temps de son côté alors que Trump ne cesse de répéter que l’horloge tourne”, rappelle de son côté CNN. Une situation qui, sans avancées, pourrait conduire le milliardaire à “se retirer” des négociations, comme évoqué par J.D. Vance mercredi.
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Publish date : 2025-04-25 09:40:00
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