L’entourage du président américain en ordre dispersé. Les proches de Donald Trump débattent ces derniers jours d’une mesure loin de faire consensus au sein du Parti républicain : une potentielle hausse d’impôt sur les revenus des millionnaires. L’idée, relayée dans la presse américaine, est défendue par ses sympathisants dans un double objectif. Selon eux, cette augmentation permettrait à la fois de trouver des recettes face à un déficit américain toujours abyssal, mais également de répondre aux accusations d’une politique pro-riches de plus en plus formulées outre-Atlantique.Donald Trump a lui-même réagi à la proposition, mercredi 23 avril, à la Maison-Blanche. Pour lui, augmenter les impôts des plus riches “serait très perturbateur, parce que beaucoup de millionnaires quitteraient le pays”. “Vous perdriez beaucoup d’argent”, a poursuivi le dirigeant, devant des journalistes. “Et les autres pays qui l’ont fait ont perdu beaucoup de gens. Ils perdent leurs gens riches. Cela serait mauvais, car ils paient des impôts.” La position du milliardaire diffère de celle affichée en privé par son vice-président, J.D. Vance, plutôt ouvert à une évolution de la fiscalité des ultra-riches.Héritage de la réforme fiscale de 2017 de Donald TrumpComme rapporté par le Washington Post et le Wall Street Journal, plusieurs autres responsables plaident pour une participation plus importante des ultra-riches. C’est notamment le cas de Russell Vought, qui dirige le bureau de gestion et du budget des États-Unis. Dans le détail, le changement discuté consisterait à faire revenir le taux marginal de l’impôt à hauteur de 39,6 % pour les personnes gagnant plus d’un million de dollars par an. Un taux qui avait été abaissé en 2017 à 37 % par Donald Trump lui-même, lors de son premier passage à la Maison-Blanche. À l’époque, cette réforme, la “Tax Cuts and Jobs Act”, avait été présentée comme un “cadeau” fait à tous les Américains pour économiser de l’argent. Au total, la loi devait alléger la charge fiscale des foyers de 1 450 milliards de dollars sur dix ans.Mais, dans les faits, les baisses d’impôts avaient principalement favorisé les plus riches, et, dans une moindre mesure, les classes moyennes. Mais les 22,5 % des Américains les plus modestes n’avaient obtenu que 2,2 milliards de baisses d’impôts à se partager, soit une infime part du montant intégral des réductions. Pour autant, fidèle à l’idéologie du Parti républicain sur ce plan, Donald Trump tient aujourd’hui à protéger l’héritage de cette réforme. Et même, à la pérenniser. Début avril, le Congrès a donc adopté une résolution budgétaire ouvrant la voie à ces crédits d’impôts, après un vote remporté à une très courte majorité par les républicains à la Chambre des représentants.Le président n’est pas le seul à souhaiter voir perdurer le cadre actuel. Dans son camp, l’influent président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a déjà exprimé sa désapprobation au sujet d’une augmentation d’impôts pour les millionnaires. “Je ne suis pas un grand fan de faire ça. Nous sommes le Parti républicain et nous sommes en faveur d’une réduction des impôts pour tous – c’est un principe général que nous essayons toujours de respecter”, a-t-il argumenté. D’autres élus républicains, comme l’ex-candidat à la primaire de 2016 et sénateur du Texas Ted Cruz, se sont élevés contre ce principe.Un signal envoyé aux classes populaires ?Tout un pan du Grand Old Party, attaché à l’idéologie traditionnelle des républicains sur les questions fiscales, est donc fermement opposé à la mesure. Preuve de la reconfiguration politique américaine, d’autres figures du camp conservateur sont en revanche prêtes aujourd’hui à remettre en cause ces préceptes historiques. L’ex-stratège de Donald Trump Steve Bannon, toujours plus ou moins dans le circuit républicain, estime même qu’une hausse d’impôts est nécessaire pour envoyer un signal fort à la base électorale du milliardaire, qui a accédé en grande partie à la Maison-Blanche à la faveur d’un fort soutien des classes populaires.L’ancien conseiller a donc publiquement apporté son soutien à l’idée, assurant qu’une telle augmentation d’impôts “détruirait les démocrates”. “Politiquement, c’est jeu, set et match – c’est une évidence”, a-t-il prédit. Si le camp démocrate manque toujours d’incarnation puissante pour s’opposer à Donald Trump, les initiatives de quelques élus sont de nature à préoccuper quelque peu le parti au pouvoir. La représentante démocrate de New York Alexandria Ocasio-Cortez, figure de l’aile gauche du parti, mène ainsi depuis plusieurs semaines une tournée de réunions publiques “contre l’oligarchie” représentée selon elle par le camp Trump. Accompagnée sur scène par le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders, également identifié comme très à gauche aux États-Unis, l’élue parvient à remplir des salles enthousiastes.Pas question, donc, pour une partie des conseillers de Donald Trump, de laisser donner l’impression que seuls les démocrates s’adressent désormais aux classes populaires. Certains évoquent donc même la possibilité de monter le taux marginal de l’impôt sur le revenu jusqu’à 40 % pour les millionnaires. D’après le Washington Post, le secrétaire d’État au Trésor, Scott Bessent, se serait pour sa part montré favorable à une solution intermédiaire. Le prestigieux quotidien rapporte que celui-ci aurait mis sur la table la possibilité d’une augmentation des impôts, mais uniquement pour les personnes touchant plus de 5 millions de dollars par an. Une information que le responsable n’a pas commentée officiellement.Des recettes qui font défautAutre paramètre invoqué par les partisans d’une hausse d’impôts pour les ultra-riches : la nécessité de trouver de nouvelles recettes. Les caisses de l’État fédéral, toujours dans le rouge, ont besoin d’argent. Or, dans le même temps, la probable prolongation des crédits d’impôts chers à Donald Trump va devoir être compensée, tandis que des fonds vont devoir financer ses nouvelles politiques, notamment en matière d’immigration. Le tout dans un contexte budgétaire plus que tendu : avant l’investiture du président américain, le déficit budgétaire américain était estimé à 711 milliards de dollars au quatrième trimestre de 2024. Dans le même temps, la dette fédérale, atteignait, elle, des niveaux records à la fin de l’année dernière, à hauteur de 36 000 milliards de dollars…Ces différents arguments ne semblent donc pas avoir trouvé d’écho chez le président américain, effrayé par une possible fuite des hauts revenus vers l’étranger en cas de nouvelle hausse d’impôts. Une règle est toutefois à rappeler en la matière : tant qu’ils ne décident pas de renoncer à leur citoyenneté, les Américains vivant à l’étranger ne sont pas exemptés d’office d’impôts. Si certaines dispositions existent pour éviter une double imposition entre leur pays d’origine et celui où ils résident, ils sont en tout cas tenus de déclarer l’ensemble de leurs revenus à l’administration américaine et restent parfois éligibles au paiement de certaines taxes.
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Publish date : 2025-04-24 13:00:00
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