Il y a les tensions internationales, et les “troubles” internes. En Chine, l’ordre du jour semble autant dirigé vers la réponse à la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump qu’à la bonne tenue du régime autocratique de Xi Jinping. Et dans ce sens, le dirigeant chinois ne semble pas ralentir sur sa politique anticorruption et sur ses purges.Ainsi, après le limogeage de deux ministres de la Défense ces deux dernières années – Wei Fenghe et Li Shangfu -, c’est cette fois-ci le numéro 2 de l’armée chinoise, l’Armée populaire de libération, qui aurait été démis de ses fonctions ces dernières semaines, dans ce qui ressemble très clairement à une purge décidée au plus haut sommet de l’Etat. Et à l’image de ce qui se passe fréquemment chez le voisin russe, c’est à son absence remarquée de plusieurs événements d’importance ces dernières semaines que ce limogeage s’est confirmé.He Weidong, également l’un des deux vice-présidents de la Commission militaire centrale chinoise (CMC), n’était ainsi pas présent à la traditionnelle cérémonie annuelle de plantation d’arbres de Xi Jinping, au début du mois d’avril. Une absence qui dénote ; comme le rappelle le quotidien singapourien Lianhe Zaobao, “les dirigeants de la Commission militaire ont tous participé collectivement à cette cérémonie de plantation d’arbres depuis quarante-trois ans sans interruption”.Une semaine plus tard, He Weidong, également membre du bureau politique du Parti communiste chinois, manquait encore une fois à l’appel, cette fois-ci pour une réunion d’importance du Parti Communiste Chinois (PCC) qui réunissait l’ensemble des hauts gradés du système politique et militaire du pays. Le désormais ex-général chinois n’aurait pas été vu en public depuis début mars : de quoi laisser peu de doutes quant à la pérennité de son poste en tant que numéro 2 de l’armée.Le plus haut gradé purgé depuis 60 ansSi des doutes existaient encore, le Financial Times (FT) s’est chargé de les lever, en affirmant que le général He Weidong avait bel et bien été purgé, selon pas moins de cinq sources différentes proches du dossier. Une d’entre elles affirme également que celui-ci était interrogé par les autorités chinoises pour des faits présumés de corruption. “Le fait que Xi Jinping puisse se débarrasser d’un vice-président de la CMC montre à quel point il est déterminé à éradiquer la corruption dans l’armée”, affirme auprès du FT Neil Thomas, chercheur à l’Asia Society Policy Institute – un think tank américain – et expert de l’élite politique chinoise. He Weidong serait en effet le plus haut gradé à être purgé depuis… 1967, soit près de 60 ans. “Xi veut faire de l’Armée populaire de libération une force de combat efficace au-delà des frontières de la Chine, mais aussi un serviteur à part entière de son programme intérieur”, poursuit le chercheur.La politique anticorruption est également inhérente à l’exercice du pouvoir de Xi Jinping afin de maintenir le contrôle sur le pays, et notamment sur ses élites politiques et militaires. “Tant que le terrain et les conditions propices à la corruption existent, la lutte anticorruption ne peut s’arrêter un seul instant. Nous devons toujours donner l’exemple”, avait assuré le dirigeant chinois lors du 20e congrès du PCC, en 2022.Les chiffres n’ont fait qu’exploser depuis : selon le South China Morning Post (SCMP), quotidien réputé proche du pouvoir, le nombre de membres du parti ayant fait l’objet de mesures disciplinaires est monté en flèche en 2024 pour atteindre 889 000. Soit quatre fois plus qu’en 2013 (182 000), selon un rapport annuel du Comité central pour l’inspection disciplinaire (CCID), l’organe de surveillance du parti chargé de la lutte contre la corruption. “Rien que l’année dernière, 92 fonctionnaires de niveau vice-ministériel ou supérieur ont fait l’objet d’une enquête, 25 000 fonctionnaires se sont rendus et 91 000 ont avoué leurs crimes”, poursuit le journal.Une lutte anticorruption très politiséeSi la corruption est un réel phénomène en Chine, dans un pays où les frontières entre les activités des entreprises d’Etat et les élites politiques peuvent souvent être poreuses, la lutte anticorruption, elle, est sans surprise également très politique. “L’imbrication” de la politique et des affaires est un facteur clef de la corruption, explique ainsi auprès du SCMP Jingyuan Qian, politologue à l’université de Chicago, qui affirme que le CCID “doit également rendre des comptes à des autorités ou des dirigeants supérieurs. En d’autres termes, il s’agit simplement d’un outil permettant d’exécuter la volonté de ceux qui occupent des postes plus élevés”. La preuve la plus évidente de cela est à trouver du côté de celui qui dirige l’organe anticorruption chinois : un certain Li Xi, lui-même très proche de… Xi Jinping lui-même.Pour autant, décorréler le contexte international des événements internes dans l’élite chinoise paraît peu avisé. Alors que des inquiétudes planent chez les ménages et les entreprises chinoises concernant les conséquences des droits de douane astronomiques imposés par la Maison-Blanche, la réponse par l’ordre et le repli nationaliste pourrait être une des pistes de Xi Jinping afin de maintenir la bonne tenue du pays. Selon le chercheur Neil Thomas, l’Armée populaire de libération serait en ce sens “le garant fondamental du pouvoir du parti à l’intérieur de la Chine, et particulièrement importante en période de grande incertitude intérieure, comme les chocs économiques liés à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine”.
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Publish date : 2025-04-23 14:39:00
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