Régulièrement, l’assurance-vie affronte des vents contraires. La collecte fléchit, les parlementaires s’attaquent à ses avantages fiscaux, la réglementation se durcit, les assureurs imposent des contraintes d’accès au fonds en euros… Malgré tout, bon an mal an, les épargnants restent fidèles à cette enveloppe qui a accumulé au fil des ans plus de 2 000 milliards d’euros d’épargne. L’équivalent des deux tiers de la dette publique du pays ! La preuve ? Après un passage à vide en 2022 et 2023, elle a renoué avec le succès en accueillant l’an dernier une collecte nette tutoyant les 30 milliards d’euros, un niveau qui n’avait pas été vu depuis 2010.Plusieurs phénomènes peuvent expliquer cet engouement, à commencer par une épargne abondante, qu’elle ait été accumulée au moment de la crise du Covid ou, plus récemment, alimentée par les craintes liées à la situation géopolitique. Quoi qu’il en soit, les Français se comportent comme des fourmis et ils ont mis de côté l’an dernier des sommes considérables grâce à un taux d’épargne très élevé, autour de 18 % du revenu disponible brut.Les assureurs puisent dans leurs réservesUn autre facteur essentiel a joué : la baisse des rendements de certains des principaux concurrents de l’assurance-vie, comme les livrets et les comptes à terme. Ces produits d’épargne bancaires, extrêmement bien rémunérés en 2023, ont progressivement vu leur taux baisser.Enfin, les assureurs ont sorti l’artillerie lourde pour attirer et retenir leurs clients. Depuis deux ans, la rémunération du fonds en euros est en nette hausse. Alors qu’elle ne s’élevait qu’à 1,30 % en 2020 et 2021, elle s’est établie à 2,60 % en 2023 et 2024. Pour alimenter cette distribution, les compagnies ont puisé dans les réserves accumulées par le passé. “Nous avons prélevé 10 millions d’euros dans la provision pour participation aux excédents [NDLR : terme technique donné aux réserves], qui appartient aux assurés, afin d’améliorer de 0,20 % en moyenne le rendement servi sur le fonds en euros”, relate ainsi Olivier Sentis, directeur général de la Mutuelle d’Ivry-la Fraternelle (MIF).Après un passage à vide en 2022 et 2023, l’assurance-vie a renoué avec le succès en accueillant l’an
dernier une collecte nette tutoyant les 30 milliards d’euros.Elles ont aussi lancé des campagnes commerciales pour inciter les épargnants à réaliser des versements complémentaires sur l’actif garanti. Ces incitations ont pu prendre la forme de frais sur versement réduits ou de bonus de rémunération payés sur les sommes nouvelles. “Le fonds en euros reste le socle essentiel d’une gestion patrimoniale et les clients ont tout intérêt actuellement à profiter des offres bonus qui devraient encore perdurer quelque temps”, estime Jean-Olivier Ousset, conseiller en gestion de patrimoine à Toulouse.Résultat : la part des unités de compte – les supports financiers non garantis proposés au sein de l’assurance-vie – s’est légèrement réduite l’an dernier. Mais le cap de la diversification n’est cependant pas remis en cause. “Nous restons un assureur-vie diversifié même si nous avons beaucoup collecté sur le fonds en euros, indique François-Régis Bernicot, président du directoire de Suravenir. Nous avons en parallèle beaucoup amélioré le référencement des unités de compte et mis en place des mandats de gestion qui permettent de déléguer le pilotage de son contrat.” D’ailleurs, chez l’immense majorité des acteurs, le rendement du fonds en euros est amélioré pour les assurés ayant fait le choix de diversifier une partie de leurs encours par rapport à ceux qui ont investi 100 % sur le fonds en euros.Bourse et private equityL’an dernier, les clients ont pu compter sur un environnement boursier porteur. Si les actions internationales dans leur ensemble ont été très performantes, d’autres catégories de placements, moins risqués, se sont transformées en paris gagnants, à l’instar des obligations. Les épargnants se sont aussi rués sur les produits structurés, des supports composés d’une protection totale ou partielle du capital au terme d’une durée fixe (cinq à douze ans) et d’une rémunération basée sur la réalisation d’un scénario de marché. Un risque et un gain encadrés qui séduisent beaucoup les Français. Ces produits ont pris le relais de l’immobilier, largement plébiscité les dix dernières années précédentes grâce à un profil rendement-risque attractif, mais dont les promesses de sécurité et de rentabilité ont été mises à mal par la hausse des taux d’intérêt. “Les produits structurés constituent des supports intéressants, mais ils ne doivent pas être commercialisés comme un remplaçant du fonds en euros, alerte Jean-Olivier Ousset. Il faut plutôt les envisager comme une alternative à un investissement en actions ou en obligations avec une protection supplémentaire.”L’année 2024 aura aussi été marquée par l’arrivée massive du non-coté dans l’assurance-vie : capital investissement (private equity) ou dette privée. L’effervescence est palpable chez les gérants d’actifs spécialisés, qui travaillent d’arrache-pied à construire des fonds adaptés au grand public et à l’enveloppe. Car l’intégration du private equity n’est pas sans soulever des difficultés. En effet, l’assurance-vie présente comme caractéristique la liquidité : il est possible de récupérer son épargne à tout moment. Un concept opposé aux caractéristiques fondamentales du non-coté, qui implique un horizon d’investissement de long terme permettant aux entreprises de se développer. Les fonds n’étant pas évalués en Bourse, il n’existe pas de marché permettant de revendre ses parts facilement. C’est donc à la société de gestion et, en dernier ressort, à la compagnie d’assurances de garantir cette souplesse.Accès aux ETFSi l’année 2025 a démarré sur les chapeaux de roues, avec une collecte toujours aussi abondante, plusieurs défis attendent les épargnants pour les prochaines années. Tout d’abord, il va vous falloir composer avec des taux d’intérêt progressivement moins élevés. Une tendance qui devrait mécaniquement se répercuter sur le fonds en euros. Les rendements agressifs et les bonus généreux vont petit à petit se normaliser. Si cela ne remet pas en cause la pertinence du fonds en euros dans le contrat, sa place doit demeurer celle d’un actif sans risque alors que d’autres supports, dont les unités de compte actions, apportent un surplus de performance sur le long terme.Vous devrez également opter pour les bons contrats. Ces derniers ont beaucoup évolué ces dernières années et ce mouvement de transformation n’est pas encore finalisé. Les meilleurs réunissent plusieurs avantages. Ils affichent des coûts mesurés (0,50 à 0,70 % de frais de gestion annuels). Ils donnent accès à un large panel de supports en tout genre incluant des exchange traded funds (ETF), ces fonds indiciels cotés permettant de capter la performance d’un marché boursier à un prix défiant toute concurrence. Ils innovent régulièrement en intégrant par exemple des unités de compte avant-gardistes, des fonds responsables ou encore des gestions pilotées par des gérants réputés. Enfin, ils se numérisent en multipliant les services en ligne afin de vous permettre de piloter votre contrat à distance et de prendre les bonnes décisions d’investissement.Le dernier défi qu’il vous faudra relever n’est pas le moindre. Il est plus que jamais nécessaire de continuer à vous informer pour comprendre ce dans quoi vous investissez. Et prendre des décisions patrimoniales éclairées.Un article de notre dossier “spécial Placements”, publié le 24 avril.
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Publish date : 2025-04-19 13:00:00
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