Quand les choses se gâtent au royaume d’Elon Musk, le milliardaire peut compter sur son amie Giorgia Meloni. Ses voitures électriques sont vandalisées ? Le ministère de l’Intérieur italien demande à la police d’accroître la protection des concessions Tesla. Les Européens se distancient de Starlink ? L’Italie, elle, continue de jouer avec l’idée d’un contrat avec SpaceX.La famille Musk gratifie régulièrement la Botte de ses apparitions. En janvier, le frère cadet Kimbal s’est envolé pour Rome afin de rencontrer le ministre de la Culture. Début avril, Elon Musk en visio enflammait le meeting politique de la Ligue de Matteo Salvini, un des partis de la coalition de Giorgia Meloni, en agitant l’idée d’un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’UE. La présidente du Conseil italien est tout aussi encline à visiter l’Oncle Sam et se réjouit d’avoir été invitée à échanger avec Donald Trump ce 17 avril.La population italienne regarde d’un œil plus circonspect cette grande amitié. Le 20 mars, un sondage de la revue géopolitique Le Grand Continent révélait que 52 % des citoyens du pays étaient favorables à un boycott de Starlink. Et que 70 % des sondés portaient un jugement négatif sur Elon Musk. Une méfiance que l’on retrouve envers Donald Trump. “Les droits de douane ont modifié l’image que la population italienne a de l’administration américaine. Malgré le ton conciliant du gouvernement italien, les droits de douane sont largement perçus dans le pays comme un acte d’agression”, explique Cinzia Alcidi, chercheuse associée au Center for European Policy Studies (CEPS).”Donald Trump n’a pas épargné ses amis”Malgré la tradition atlantiste du pays, 52 % des Italiens interrogés par Le Grand Continent catégorisaient Donald Trump comme un “ennemi de l’Europe” et 37 % comme un “ennemi de l’Italie”. Les dirigeants d’autres pays de l’UE se méfient également des liens de Giorgia Meloni avec Elon Musk et plus largement, avec la Maison-Blanche.Le président du régulateur des télécoms américain (FCC) a beau exhorter l’UE à privilégier Starlink aux technologies chinoises ce 15 avril dans les colonnes du Financial Times, les Européens n’ont pas oublié le chantage voilé des Américains sur cette constellation dont dépend fortement l’armée de Kiev. Et beaucoup se sont alarmés de voir Elon Musk s’immiscer dans les élections du Vieux Continent, offrant notamment des tribunes sur son réseau X au parti d’extrême droite allemand AfD.”Les 90 jours de sursis sur les droits de douane réciproques ne font pas oublier aux 27 que les tarifs plancher de 10 %, eux, sont toujours en vigueur. C’est cinq fois plus qu’avant”, fait observer Valerio de Molli, PDG de The European House Ambrosetti, la société de conseil qui organise chaque année le “Cernobbio Forum”, l’équivalent italien du sommet de Davos.Selon Arturo Varvelli, directeur du bureau Rome du Conseil Européen en relations internationales (ECFR), il est “très probable que Giorgia Meloni n’obtienne pas grand-chose de Donald Trump le 17 avril, car il n’a pas épargné de droits de douane ses meilleurs amis.”Face à l’occupant de la Maison-Blanche, la présidente du conseil italien devra marcher sur une ligne de crête. Le commerce est une des rares compétences exclusives de l’UE. De quelque Etat membre qu’ils proviennent, les produits européens sont soumis au même régime à l’export. Le cadre bruxellois n’autorise pas Giorgia Meloni à faire cavalier seul. Ce n’est qu’unie que l’Europe a de toute façon des chances d’infléchir une puissance de la taille des Etats-Unis.L’ombrelle de l’UE a atténué le chocLe vaste marché intérieur de l’UE et les atouts de ses divers Etats membres lui donnent de nombreuses options de rétorsion envers les Américains – restreindre leur accès aux marchés publics, taxer leur secteur tech, renforcer les droits de douane, etc. Un panier dans lequel Bruxelles ne manquera pas d’ajouter quelques douceurs – achats accrus de GNL, de produits américains voire d’armes – afin de montrer au président que leurs échanges ne sont pas un jeu à somme nulle mais un partenariat “gagnant-gagnant”.A elle seule, “l’Italie n’a pas les moyens nécessaires pour se lancer dans de grandes dépenses aux Etats-Unis”, fait observer Jacob Funk Kirkegaard, chercheur associé au centre de réflexion Bruegel. Ni les leviers pour blesser les intérêts américains. Sans l’ombrelle de l’UE, Rome aurait même sans doute été durement éprouvée par le “Liberation Day”. Si on applique individuellement au pays l’étrange formule de Washington, le droit de douane réciproque serait en effet plus proche des 30 % que des 20 %. L’union fait la force, l’adage ne se dément pas.
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Author : Anne Cagan
Publish date : 2025-04-16 11:00:00
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