Fin mars, le sidérurgiste British Steel, filiale du chinois Jingye, a annoncé vouloir fermer début juin ses hauts fourneaux dans l’est de l’Angleterre, sur fond de tensions avec le gouvernement sur une aide publique pour aider l’entreprise à passer aux fours à arc électrique. La fermeture entraînerait des milliers de licenciements, dans un secteur plombé notamment par les nouveaux droits de douane américains.Mais fait rarissime, le Parlement britannique s’est réuni en urgence samedi 12 avril pour donner au gouvernement le contrôle des deux derniers hauts fourneaux du pays. La loi adoptée par les deux chambres permet au gouvernement de maintenir l’activité sur le site de Scunthorpe (nord de l’Angleterre) en forçant British Steel à la poursuite de l’activité sous peine de sanctions, amende voire peine d’emprisonnement, rapporte le Financial Times.L'”option probable” d’une nationalisationAprès son approbation, le Premier ministre Keir Starmer a déclaré que son administration “tournait la page d’une décennie de déclin” et “agissait pour protéger les emplois de milliers de travailleurs”. Selon lui, “toutes les options sont sur la table pour assurer l’avenir de l’industrie”, après que le ministre du Commerce Jonathan Reynolds a indiqué que la nationalisation représentait une “option probable”, bien que la recherche d’un partenaire du secteur privé reste l’option privilégiée par le gouvernement. Toutefois, rapporte le journal The Independant, la ministre de l’industrie, Sarah Jones, a admis qu’aucune offre n’avait pour le moment été reçue ni étudiée.Selon le quotidien britannique The Guardian, Keir Starmer et la ministre des Finances Rachel Reeves devraient se mettre d’accord “ce mois-ci” sur une proposition de nationalisation. En 2021, le Royaume-Uni avait déjà nationalisé l’aciérie Sheffield Forgemasters. Si British Steel était nationalisée, il s’agirait, relate l’agence de presse Reuters, du plus grand sauvetage de l’État depuis la prise en charge de plusieurs banques en 2008.Jusqu’à 2 700 emplois menacésL’entreprise British Steel emploie 3 500 personnes en Angleterre et a déclaré lancer une “consultation avec les salariés et les syndicats sur les licenciements”. Ces suppressions de postes concerneront 2 000 à 2 700 emplois, a précisé à l’AFP une source proche du dossier.L’entreprise dit avoir investi depuis 2020 plus de 1,2 milliard de livres sterling sur ses sites, mais assure qu’ils ne sont plus rentables “en raison des conditions de marché très difficiles, de l’imposition de droits de douane et des coûts environnementaux plus élevés”. Elle affirme perdre 700 000 livres (814 000 euros) par jour.Des nouveaux droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium ont été imposés par l’administration du président américain Donald Trump, entrés en application à la mi-mars. Contrairement à l’Union européenne, le Royaume-Uni n’a pas riposté, misant sur la signature d’un accord économique avec les Etats-Unis, en cours de négociation, qui lui permettrait notamment d’obtenir une exception en la matière.L’échec de négociations d’aide publique en toile de fondL’annonce de British Steel est l’aboutissement de négociations tendues depuis plusieurs mois avec le gouvernement britannique concernant une aide publique pour aider l’entreprise à passer aux fours à arc électrique, moins polluants que les hauts fourneaux gourmands en charbon, et qui nécessitent moins de main-d’œuvre. Le groupe avait indiqué fin 2023 qu’il comptait remplacer ses hauts fourneaux par des équivalents électriques.Selon le ministre Jonathan Reynolds, les négociations entamées n’ont pas débouché. “Bien que notre offre à Jingye ait été substantielle, ils voulaient beaucoup plus”, a-t-il déclaré samedi, ajoutant que le gouvernement avait notamment proposé “d’acheter des matières premières (…) pour maintenir les hauts fourneaux pendant un certain temps”. De son côté, Jingye réclamait “des centaines de millions de livres”. “Au cours des derniers jours, il est devenu clair que l’intention de Jingye était de refuser d’acheter suffisamment de matières premières pour maintenir les hauts fourneaux en fonctionnement”. Or, explique le quotidien britannique The Guardian, sans ces matières premières (notamment granulés de fer et charbon à coke), le risque est de voir les fours refroidir “à un point tel qu’il ne serait ni facile ni rentable de les remettre en service”.British Steel, sauvé de la faillite par le chinois Jingye en 2020, a rejeté une proposition de subvention s’élevant, selon une source proche du dossier, à 500 millions de livres, sur un budget total qui pourrait dépasser 2 milliards de livres. La dirigeante conservatrice Kemi Badenoch a accusé les ministres d’avoir “bousillé” un accord qu’elle aurait négocié avec Jingye pour moderniser les activités de British Steel, ce qui a été dénié par Jonathan Reynolds.Selon Reuters, la fermeture des fours ferait de la Grande-Bretagne le seul pays du G7 incapable de produire de l’acier vierge à partir de minerai de fer et de coke de charbon.
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Publish date : 2025-04-13 10:15:00
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