A-t-on frôlé le krach boursier, la semaine du 7 au 12 avril ? L’application des colossaux droits de douane promis par Donald Trump, à partir du 3 et 4 avril, a déclenché un dangereux mouvement de montagnes russes sur les marchés boursiers des quatre coins du monde durant les sept derniers jours, effrayant les investisseurs et actionnaires du monde entier. Si la semaine finit sur un léger apaisement, avec la suspension des surtaxes et l’annonce de “l’optimisme” de Donald Trump concernant un éventuel accord commercial avec la Chine, le monde des affaires témoigne d’une nervosité et d’une incertitude plus intenses que jamais. Retour sur les principales hausses et baisses qui se sont succédé, au gré des annonces d’application ou de suspension des droits de douane par le président des États-Unis.Lundi 7 avril, trois jours de chute sur les places boursières mondialesLundi 7 avril, les bourses s’ouvrent sur une nouvelle journée de chute. Deux jours plus tôt, samedi 5, un plancher minimum de 10 % de taxes douanières a finalement été appliqué sur tous les produits entrant aux Etats-Unis, concrétisant pour de bon la menace guerre commerciale déclenchée par Donald Trump au cours des semaines précédentes. Les effets sont immédiats : les bourses ont dévissé tout le week-end, et en Europe, la chute se poursuit lundi. Londres dégringole ainsi de 4,38 %, Francfort de 4,13 % et Milan de 5,18 %.La Bourse de Paris connaît sa pire séance en 3 ans, avec une chute de 4,78 %, inquiète des conséquences de ces droits de douane sur la croissance mondiale. Paris redoute également l’application à venir, deux jours plus tard, des droits de douane spécifiques promis par Donald Trump pour une série de pays concurrents comme alliés. Mercredi 9 avril, devraient ainsi être appliqués des droits de douane de + 54 % au total pour la Chine (visée en plusieurs temps), de + 20 % pour l’Union européenne (UE), de + 46 % pour le Vietnam ou encore de + 24 % pour le Japon.Mardi 8 avril, l’indice d’inquiétude s’envoleAprès la débâcle des derniers jours et une évolution en dents de scie tout au long de la journée, les bourses européennes rebondissent légèrement mardi, soutenues par une lueur d’espoir : l’administration américaine s’est dite ouverte à la négociation concernant ses droits de douane. Les principaux indices de Wall Street terminent légèrement dans le rouge.Mais un autre indice attire l’attention ce jour-là : l’indice VIX, aussi appelé “indice de la peur” – il est utilisé pour mesurer l’inquiétude des investisseurs – s’envole. Créé dans les années 1980, il est calculé en fonction du comportement des investisseurs sur le S&P 500, l’indice de référence aux Etats-Unis, qui regroupe les 500 plus grandes sociétés cotées sur les bourses américaines. Il atteint ce mardi 8 avril la valeur de 52,3, son troisième plus haut niveau depuis les années 1990, après la crise financière de 2008 et celle du Covid-19 en 2020. Témoin de la confusion qui règne et des difficultés pour les investisseurs de décrypter l’avenir et la stabilité des bourses.Mercredi, un rebond aussi historique qu’inquiétantMercredi 9 avril, le monde de l’économie retient son souffle face aux tarifs spéciaux qui doivent s’appliquer le jour même. Au dernier moment, le président américain fait volte-face, et déclare sur les réseaux sociaux la suspension, pendant 90 jours, des taxes sur les pays visés – à l’exception de la Chine, le grand adversaire commercial des Etats-Unis. Un taux plancher de 10 % des taxes douanières sur les importations américaines est toutefois maintenu en vigueur.L’annonce déclenche une frénésie du trading, qui voit près de 30 milliards échangés rien que sur les marchés américains. Les bourses s’offrent un léger rebond, et les investisseurs un court répit dans leur inquiétude. Voire, un brin d’optimiste. En fin de journée, les actions américaines atteignent tous les records. Le Nasdaq, l’indice de la technologie, grimpe à plus de 12 % – sa meilleure performance depuis janvier 2001 lorsque la bulle d’internet explosait. Le S&P 500 gagne 9,5 % – sa meilleure journée depuis octobre 2008. Le Dow Jones progresse de 7,9 % – sa plus forte hausse journalière en pourcentage depuis mars 2020.Mais ces chiffres ne sont pas forcément de bon augure. Certains y voient même une répétition de l’histoire, qui a vu à plusieurs reprises des hausses brutales gagner les marchés en période de fort stress, suivies de chutes encore plus violentes.Après une énième chute, les marchés semblent s’apaiser en fin de semaineLe jeudi 10 avril donne raison aux prudents. Dès le lendemain, les marchés replongent lorsque Donald Trump intensifie ses agressions envers la Chine. Tout indique alors que la guerre commerciale est loin d’être terminée. Toutefois, alors que la journée de vendredi s’ouvre dans le rouge, les baisses se stabilisent peu à peu tandis qu’apparaît l’espoir de négociations entre la Chine et les Etats-Unis. Pékin a pourtant annoncé le jour même porter ses droits de douane supplémentaires sur les produits américains à 125 %, en réaction aux surtaxes monumentales de 145 % imposées par Washington. L’annonce, pourtant historique, ne déclenche pas de réaction brutale sur les places boursières, pour qui l’effet de surprise semble commencer à diminuer. Dans la journée, plusieurs firmes financières parmi les plus grandes du pays, comme Morgan Stanley, JPMorgan Chase et BlackRock, publie de solides résultats sur le premier trimestre, servant finalement de catalyseur.L’une des semaines les plus tumultueuses dans l’histoire des marchés s’achève ainsi sur un apaisement vendredi 11 avril, puisque les trois principaux indices américains finissent sur une progression de plus de 5 %, sans toutefois regagner leur niveau d’avant la vague augmentation douanière de Trump. Le S&P 500 clôture en progression de 1,8 % vendredi, terminant la semaine en hausse de 5,7 %. Le Nasdaq Composite, axé sur la technologie, grimpe de 2,1 %, soit un gain hebdomadaire de 7,3 %. Le Dow Jones gagne 1,6 % vendredi, portant sa hausse hebdomadaire à 5 %. Tous les trois restent néanmoins en baisse sur l’année, soit depuis l’investiture de Donald Trump.Dans le Pacifique, les marchés asiatique et australien retombent quant à eux légèrement. Tandis qu’en Europe, la Bourse de Paris finit la semaine en légère baisse de 0,30 %, tout comme Francfort (- 0,92 %), ou encore Milan (- 0,73 %). Seule Londres termine sur du positif (+ 0,64). Sur la semaine, les pertes européennes sont finalement limitées : l’indice paneuropéen Stoxx Europe 600, qui réunit les 600 plus grosses capitalisations boursières du Vieux Continent, a perdu près de 2 %.Inquiétude face aux ventes massives des bons du Trésor américainÀ l’issue d’une semaine de chaos boursier, le marché de la dette américaine est lui aussi délaissé, provoquant une flambée du rendement des bons du Trésor. Depuis lundi, les ventes de ces titres de créances émis par l’Etat américain sont massives, traduction d’une perte de confiance brutale envers les Etats Unis, et les taux explosent. Le rendement de l’obligation américaine à dix ans atteint ainsi à la surprise générale 4,49 % vendredi soir. Un contraste flagrant avec le début du mois, lorsque le taux à dix ans avait touché un plus bas depuis octobre, à 3,88 %. Un temps propulsé par l’élection à la Maison-Blanche de Donald Trump, le billet vert a quant à lui perdu plus de 8 % depuis l’investiture du président américain. Vendredi, il atteint 1,13 dollar pour 1 euro, son taux le plus bas depuis trois ans. En réaction, la réserve fédérale américaine (Fed) s’est dite vendredi “absolument prête” à agir pour stabiliser les marchés financiers si nécessaire.Face à cette flambée désordonnée des rendements des bons du Trésor américain et la baisse générale sur les marchés mondiaux, de nombreux investisseurs se tournent ces jours-ci vers une valeur historiquement sûre : l’or. Le métal précieux s’est hissé vendredi à un nouveau record, à plus de 3,24 dollars l’once.
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Publish date : 2025-04-12 14:15:00
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Droits de douane de Donald Trump : récit d’une semaine de chaos sur les marchés boursiers
