Je ne parle pas le Trump. Et personne ne le parle. Trump est un symptôme de la crise de la démocratie, de l’inculture érigée en fierté, du parler vrai grossier comme signe d’authenticité, de la logorrhée anesthésiante, de la table rase en guise de doctrine politique. Si, à son retour à la Maison-Blanche, nous avons pu croire à l’arrivée du libertarianisme à la tête de la première puissance mondiale sous l’influence d’Elon Musk et surtout de Peter Thiel – soutien de poids du vice-président J. D Vance –, la réalité des premiers jours trumpiens nous entraîne davantage vers le XIXe protectionniste, à la limite d’un étatisme totalitaire qui entend restreindre liberté économique, universitaire, entrepreneuriale, intellectuelle, littéraire, scientifique et donne l’impression que tout et rien peut arriver.Il suffit de se pencher sur la politique étrangère trumpienne pour avoir le tournis. Il ne s’agit plus de logique géopolitique ni de tradition diplomatique, à peine d’une hiérarchie des amitiés. Il suffit de se pencher sur la relation pour le moins contrariée entre Trump et Netanyahou. Le Premier ministre israélien s’était bruyamment réjoui du retour de Trump. Certainement que ce retour l’a débridé davantage encore, se sentant les mains libres pour occuper un peu plus la Cisjordanie ou reprendre la guerre contre le Hamas sans but et sans prendre en compte le mal fait à la démocratie israélienne ni le danger mortel qui menace les otages. Netanyahou est assez sûr de lui pour saluer les taxes douanières délirantes et irrationnelles décidées par le président américain – qui a appliqué un taux de 17 % aux produits israéliens – et pour choisir, bravache, de ne pas taxer du tout les produits américains.En visite pour la deuxième fois en deux mois à la Maison-Blanche, Trump l’a à peine remercié et surtout il a maintenu les 17 % et pour cause : “N’oubliez pas, on aide beaucoup Israël. Vous savez, on donne 4 milliards de dollars par an à Israël. C’est beaucoup.” Le Premier ministre israélien ne pouvait que sourire poliment, crispé devant les caméras qui ne quittent plus le bureau Ovale… Et si Trump ne semble pas remettre en question la méthode du chef du gouvernement israélien, en répétant que Gaza était un “bien immobilier important”, en estimant que ce serait une bonne chose si les Etats-Unis “contrôlaient et possédaient” l’enclave palestinienne, en prenant un malin plaisir à dire en boucle qu’il ne comprend pas pourquoi Israël a quitté la bande de Gaza en 2005 – “Les Israéliens ont pris des propriétés de front de mer et ils les ont donnés à des gens en échange de la paix. Et ça a donné quoi ? Rien de bon” –, Trump réduit une guerre qui fait rage depuis plus d’un an, une guerre qui fait suite aux traumatisants pogroms du 7 octobre 2023, à une question d’hôtellerie américaine.L’ère de l’incertitude et du chambardementC’est une insulte non seulement aux victimes des pogroms mais une humiliation pour Netanyahou. Sur la question syrienne, Trump n’est pas davantage un allié d’Israël. Depuis la chute du régime de Bachar el-Assad, Israël a intensifié ses frappes aériennes en Syrie, détruisant une grande partie de ses capacités militaires et empêchant le transfert d’armes au Hezbollah. Mais alors que Netanyahou fait part de sa crainte de voir la Turquie aider à la reconstitution d’une armée syrienne, qu’Erdogan a défendue face à Trump, ce dernier préfère soutenir son ami turc et le féliciter d’être “parvenu à faire ce que personne n’avait réussi en deux mille ans : prendre le contrôle de la Syrie”. Puis d’ajouter à l’intention du Premier ministre israélien, livide : “Quel que soit votre problème avec la Turquie, je pense que je peux le résoudre. Je veux dire, à condition que vous soyez raisonnable, il faut être raisonnable.”Trump ayant repris les discussions “directes” avec la mollahrchie autour de la question du nucléaire, et malgré ses menaces tant répétées qu’elles finissent par être inaudibles, il est probable que les mollahs resteront en place, maintenant la population iranienne dans l’agonie et le Moyen-Orient dans le chaos. L’ère Trump n’est pas seulement celle de l’incertitude et du chambardement, elle est aussi celle du “sur un malentendu” – pour le meilleur (Netanyahou isolé voire lâché), comme pour le pire (les mollahs, Poutine ou Erdogan réhabilités).Abnousse Shalmani, engagée contre l’obsession identitaire, est écrivain et journaliste
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Author : Abnousse Shalmani
Publish date : 2025-04-11 10:00:00
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