Donald Trump n’a jamais vraiment porté la Chine dans son cœur. Et Pékin, la principale cible des droits de douane imposés par le président américain, le lui rend bien. La Chine a annoncé ce vendredi 11 avril porter ses surtaxes sur les produits américains à 125 %. “L’imposition par les Etats-Unis de droits de douane anormalement élevés à la Chine constitue une violation grave des règles du commerce international” et représente une pratique “unilatérale d’intimidation et de coercition”, selon un communiqué publié par le ministère des Finances. “Comme à ce niveau de tarifs, les produits américains exportés vers la Chine n’ont plus aucune possibilité d’être acceptés sur le marché” chinois, si Washington continue d’augmenter ses droits de douane, “la Chine l’ignorera”, a indiqué ce communiqué. Pékin a par ailleurs annoncé lancer une procédure à l’OMC en raison des nouvelles surtaxes américaines, qualifiées de “farce”.Il s’agit d’une nouvelle étape dans la surenchère de tarifs douaniers que se livrent les deux premières puissances mondiales, alors que plus du dixième des importations américaines proviennent de Chine. Le conflit commercial entre les deux géants a commencé lorsque des droits de douane de 10 % à l’encontre de tous les produits chinois sont entrés en vigueur le 10 février, des taxes portées à 20 % le 3 mars. Washington a justifié ces taxes par le rôle joué par des Chinois dans la production de fentanyl, un opioïde à l’origine d’une grave crise sanitaire aux Etats-Unis. “Fortement mécontente”, la Chine a riposté dans la foulée, en annonçant des taxes du même type contre des produits issus de l’agriculture américaine, à compter du 10 mars.Taxes et ripostesAfin de réduire le déficit commercial avec la Chine, Donald Trump a alourdi la charge de 34 % dans le cadre de ce qu’il a appelé “la journée de la libération”, le 2 avril. Pékin a riposté deux jours plus tard en taxant également à 34 % l’ensemble des produits américains. De quoi déclencher la colère du locataire de la Maison-Blanche, qui comptait faire plier les autres pays avec ses taxes. En réponse, le président américain a donc annoncé mardi 8 avril l’application immédiate d’une taxe supplémentaire de 50 % sur les importations chinoises. La Chine a promis ce jour-là de combattre les droits de douane américains “jusqu’au bout”. Pékin refuse “la pression, les menaces et le chantage” américains, a encore indiqué ce jour-là le ministère des Affaires étrangères.Une nouvelle riposte de Pékin est survenue le lendemain, la Chine annonçant taxer les Etats-Unis à 84 %. Quelques heures plus tard, Donald Trump a annoncé que la surtaxe sur les produits chinois serait désormais de 125 % s’agissant des droits de douane réciproques, auxquels s’ajoutent les 20 % liés à la crise du fentanyl, soit 145 %. En parallèle, le mercredi 9 avril, le président américain faisait une volte-face spectaculaire, en suspendant pendant trois mois des surtaxes imposées aux autres pays.Dans ce bras de fer avec Washington, la Chine cherche des alliés. Le président Xi Jinping a ainsi appelé ce vendredi l’Union européenne (UE) à se joindre à Pékin pour “résister” à la “coercition”, selon l’agence de presse Chine nouvelle. “La Chine et l’UE doivent assumer leurs responsabilités internationales, protéger conjointement la mondialisation économique et l’environnement commercial international, et résister ensemble à toute coercition unilatérale”, a indiqué Xi Jinping lors d’une rencontre dans la capitale chinoise avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. Pékin ne ferme toutefois pas la porte à Washington, et se dit prêt à trouver un compromis. “La porte est ouverte pour des négociations, mais ce dialogue doit être mené sur un pied d’égalité et basé sur le respect mutuel”, a indiqué ce vendredi devant la presse le ministère chinois du Commerce.Le dossier TikTokCette guerre commerciale fait des dégâts collatéraux sur un autre dossier : TikTok. Donald Trump a rapporté dimanche 6 avril que la Chine avait fait capoter un projet d’accord avec les Etats-Unis sur la vente de ce réseau social à cause des nouveaux droits de douane imposés par Washington. “Si je leur avais donné une petite baisse de droits de douane, ils auraient approuvé l’accord en 15 minutes”, a-t-il déclaré à des journalistes à bord de l’avion présidentiel Air Force One.Une loi votée en 2024 par le Congrès américain impose au chinois ByteDance de céder le contrôle de TikTok sous peine d’interdiction aux Etats-Unis. Peu après son retour à la Maison-Blanche, fin janvier dernier, Donald Trump avait reporté l’échéance de 75 jours, jusqu’au 5 avril. La veille, il l’a prolongée une nouvelle fois de 75 jours. La cession de la filiale américaine de TikTok nécessite le feu vert de ByteDance mais aussi des autorités chinoises, qui n’ont, ni l’une, ni l’autre, validé jusqu’à présent l’idée même d’une vente.
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Publish date : 2025-04-11 10:31:00
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Droits de douane : entre les Etats-Unis et la Chine, récit d’une escalade qui n’en finit plus
