“Si vous engagez des clowns, attendez-vous à un cirque. Et chers compatriotes, nous avons engagé une équipe de clowns”, fustige dans son éditorial du 9 avril Thomas L. Friedman, chroniqueur du New York Times. Quelques heures après être revenu in extremis sur sa décision d’imposer des surtaxes douanières à des centaines de pays, après avoir pris le risque de provoquer un krach boursier, le président américain Donald Trump est sous le feu des critiques aux États-Unis.La presse américaine en a fait son point de mire : elle reproche le jusqu’au-boutisme du président à la mèche blonde, et une politique commerciale peu sérieuse, qui risque de saper sur le long terme la stabilité économique et la crédibilité de l’Oncle Sam. Après avoir “pris le système financier mondial en otage” (The Atlantic), pour revenir en arrière, sous la panique, c’est par “son inconsistance qu’a brillé la Maison-Blanche”, tacle la chaîne MSNBC, proche des Démocrates. CNN en remet aussi une couche : “Nous connaissons désormais la limite de l’endurance politique de Donald Trump, à savoir une semaine”.”La crise aurait été imputable à un seul homme”Les commentateurs et experts économiques américains ont des raisons d’être furieux : alors que les marchés mondiaux se préparaient à l’entrée en vigueur des nouvelles surtaxes, les actions des entreprises américaines ont chuté, tandis que les rendements des obligations d’État américaines augmentaient, suscitant la crainte d’une dangereuse crise de la dette. “La déroute obligataire a été effrayante : le rendement à 10 ans a atteint 4,47 % mercredi, marquant ainsi la plus forte hausse sur trois jours depuis 2001”, souligne le Wall Street Journal, pour qui “cette pause est un répit partiel, mais loin de mettre un terme au chaos tarifaire”.”En fin de compte, ce sont les marchés qui l’ont poussé à changer de cap”, commente le New York Times, après que le milliardaire a passé la semaine à écrire en lettre capitale sur ses réseaux sociaux “MES POLITIQUES NE CHANGERONT JAMAIS”. Pour CNN, “il était devenu évident que les conséquences économiques de la stratégie du président étaient potentiellement catastrophiques, et pires que ce que ses conseillers avaient prédit”. Bien que les grandes entreprises américaines n’aient pas publié de déclaration sur le chaos en cours, des failles ont commencé à apparaître en coulisses, jusque dans la propre administration Trump.Elon Musk, patron de Tesla et SpaceX plus favorable au libre-échange, n’a pas hésité à insulter Peter Navarro, conseiller commercial de Donald Trump et architecte de la politique des droits de douane. “Des membres influents de l’équipe de Donald Trump craignaient une panique financière susceptible d’échapper à tout contrôle […] Et contrairement aux deux krachs précédents [2008 et 2020, ndlr], la crise aurait été imputable à un seul homme”, poursuit le NYT. Le secrétaire au Trésor Scott Bessent et d’autres membres de l’équipe présidentielle, dont le vice-président J.D. Vance, auraient ainsi plaidé en faveur d’une approche plus contrôlée du conflit commercial, ciblant en priorité la Chine, selon les sources du quotidien new-yorkais.Après son revirement, l’équipe de Donald Trump a néanmoins tenté de sauver la face, en faisant croire à un dérapage contrôlé, et planifié d’avance. “Et si vous croyez cela, j’ai un diplôme de l’Université Trump que j’aimerais vous vendre”, se moque MSNBC. “Le président a cherché à faire un tour de piste après l’une des retraites les plus humiliantes de sa présidence”, poursuit CNN.Confiance envolée”Au fond, qui sait quelles étaient les véritables intentions de Donald Trump ? Il n’est même pas certain qu’il les connaisse”, déplore le Wall Street Journal. Alors que l’administration américaine donne l’impression de naviguer à vue, le New York Times s’interroge sur les objectifs finaux du républicain : “Le président souhaitait-il utiliser les taxes comme tactique de négociation ? Ou avait-il l’intention de les laisser pour augmenter les recettes et forcer le retour de la production aux États-Unis ?”.Ces coups de poker ne sont, en revanche, pas gratuits, souligne MSNBC : “Après le revirement de Trump, on ne peut pas seulement dire ‘tout est bien qui finit bien’. Une Maison-Blanche erratique a semé le chaos pendant des mois, minant la confiance internationale envers les États-Unis”. Et “n’allez pas croire que tout ce qui a été perdu, c’est de l’argent, commente de son côté le NYT. C’est toute une confiance inestimable qui s’est envolée en fumée. Ces dernières semaines, nous avons dit à nos plus proches amis qu’aucun d’entre eux n’était différent de la Chine ou de la Russie”. Pour le Wall Street Journal, c’est simple : Donald Trump “a besoin d’un changement de politique, pas d’une pause” dans les mesures tarifaires.Enfin, The Atlantic s’interroge sur les traces que laissera cet épisode chez les électeurs de Donald Trump : “Les analystes ont comparé les droits de douane à une sanction punitive contre le peuple américain […]. Au-delà de la guerre idéologique, alimentée sur les réseaux sociaux par des mèmes, la radicalisation massive en ligne peut-elle survivre à la dure réalité d’une guerre commerciale ?”. Ces quelques jours de fiasco politique pourraient bien laisser une marque indélébile sur le second mandat du président Trump.
Source link : https://www.lexpress.fr/monde/amerique/une-equipe-de-clowns-donald-trump-tance-par-la-presse-americaine-apres-sa-volte-face-HFJITRHFGVHJHDOEYWOC6VIJYU/
Author :
Publish date : 2025-04-10 11:39:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.
Trending
- iHostage : la prise d’otage historique d’un Apple Store néerlandais adaptée en film Netflix
- Manifestations en Turquie : les étudiants libérés de prison veulent poursuivre la contestation
- En Asie du Sud-Est, Xi Jinping prône la « stabilité des chaînes d’approvisionnement »
- Difficile de se loger à Montpellier, et les prix de l’immobilier pourraient encore monter
- Mariage : ces trentenaires français qui se disent oui à l’américaine
- Des frappes russes font plusieurs morts en Ukraine au lendemain de discussions à Paris
- « Prenez votre vélo et ouvrez les yeux » : un guide pour faire du tourisme « autrement » dans Paris et ses environs
- Ukraine: Deserters returning to the front
Friday, April 18