Les marchés financiers évoluent au gré des annonces de la Maison-Blanche et de son locataire Donald Trump. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la Bourse est inquiète après que le président américain a annoncé de nouveaux droits de douane, et que certains Etats ont fait savoir qu’ils riposteraient. Lundi, la chute des places boursières s’est avérée particulièrement brutale en Asie. La Bourse de Hongkong a ainsi clôturé en chute de 13,22 %, sa plus forte dégringolade depuis la crise boursière asiatique de 1997. En Chine continentale, l’indice composite de Shanghai a lâché 7,34 %, signant sa pire séance depuis mars 2020, et l’indice “component” de Shenzhen a dévissé de 9,66 %, sa plus forte baisse depuis 1996. La Bourse de Taïwan a elle clôturé en déroute de 9,7 %, du jamais vu depuis sa création en 1967. La Bourse de Tokyo a elle chuté de 7,82 % lundi. “Le carnage s’étend à l’échelle mondiale”, résume The Economist, qui constate que “les tarifs douaniers drastiques annoncés le 2 avril font des ravages”.La journée de mardi s’annonce heureusement sous de meilleurs auspices. La Bourse de Tokyo a clôturé en rebond de plus de 6 %, rassurée par la perspective de négociations entre le Japon et les Etats-Unis. Les Bourses européennes tentaient également de rebondir à l’ouverture, après trois séances noires sur les marchés. La veille, la Bourse de Francfort a terminé sur une chute de 4,13 %, Londres de 4,38 %, tandis que Milan a dégringolé de 5,18 % et Zurich de 5,16 %. La Bourse de Paris a quant à elle dévissé de 4,78 %. Elle n’avait plus connu une chute aussi forte depuis mars 2022.A l’instar de The Economist, la presse européenne se montre particulièrement critique à l’égard des mesures douanières de Donald Trump, qui reste à ce stade inflexible. Dans un éditorial au vitriol, Le Temps fustige “la crise financière la plus stupide de l’Histoire” provoquée par le président américain, qui “restera dans les annales pour avoir déclenché” cette crise. “La purge financière s’intensifie sur des marchés financiers, exacerbée par le refus de Donald Trump de revenir sur ses droits de douane ubuesques”, déplore le quotidien suisse. “Quoi qu’il fasse dans les jours à venir, le mal est déjà fait.”IncertitudeAprès le “tremblement de terre sur les marchés boursiers”, El Pais déplore “la stratégie du chaos” du président américain. “L’argent est craintif et les marchés ont tendance à être un accélérateur de crises”, rappelle le quotidien espagnol dans un éditorial. “L’incertitude provoque toujours une grimace de dégoût chez les investisseurs”, poursuit El Pais. “La combinaison de confusion et d’incertitude alimentée par le trumpisme est la pire nouvelle économique dans un monde turbulent, avec une guerre en Europe et une autre au Moyen-Orient, et maintenant le spectre de la récession au milieu d’un conflit commercial.” “Les augmentations de tarifs douaniers ont le potentiel de se transformer en une crise financière à grande échelle”, met en garde le média espagnol. “Donald Trump a poussé l’économie internationale dans des eaux turbulentes dont les Etats-Unis ne seront pas épargnés”, prévient-il.La BBC souligne également les conséquences financières néfastes de l’incertitude dans laquelle le président américain a plongé le monde. “Alors que Donald Trump poursuit son avancée vers la falaise tarifaire sans aucun signe de recul, il semble prêt à laisser le monde dans l’incertitude”, estime le média anglais. Illustration de ces flottements : les marchés américains “étaient prêts à bondir à la moindre lueur d’espoir”, note la BBC. Ainsi, lorsqu’une publication sur les réseaux sociaux lundi a indiqué à tort que Donald Trump envisageait un report de 90 jours de l’imposition de nouveaux droits de douane, les indices boursiers américains ont grimpé en flèche, avant de tout autant baisser lorsque la Maison-Blanche a démenti cette affirmation, constate le média britannique.Les risques d’escaladeLes marchés financiers redoutent particulièrement la montée des tensions commerciales à venir, surtout entre les Etats-Unis et la Chine. Les deux premières économies mondiales semblent en effet prêtes à l’escalade. Pékin a promis ce mardi de combattre les droits de douane américains “jusqu’au bout”. La veille, Donald Trump a brandi la menace d’imposer des taxes additionnelles à hauteur de 50 % sur les importations chinoises si Pékin ne renonce pas à appliquer des droits de douane supplémentaires de 34 % sur les produits américains dès jeudi. “La Chine n’acceptera jamais cela”, a répondu ce mardi un porte-parole du ministère chinois du commerce. Pékin refuse “la pression, les menaces et le chantage” américains, a pour sa part souligné un représentant du ministère des Affaires étrangères.”Une telle série de réactions et de représailles de la part de la Chine et des Etats-Unis semble être exactement ce que craignaient les investisseurs la semaine dernière”, souligne la BBC. Le groupe audiovisuel britannique rappelle qu’un “nombre croissant de chefs d’entreprise” se sont exprimés lundi contre le projet de tarifs douaniers de Donald Trump, “y compris des financiers de Wall Street qui avaient été de fervents partisans publics de son administration”.Le Temps constate que “si les fonds spéculatifs poussent aujourd’hui des cris d’orfraie en comptant leurs pertes, ce sont les petits épargnants américains qui vont payer une grande partie de la facture, eux qui voient fondre leurs économies et leur retraite largement tributaires des performances boursières”. “Bon nombre d’entre eux ont contribué à ramener à Washington l’ancien promoteur immobilier assoiffé de droits de douane, ne prenant pas pleinement au sérieux des ambitions protectionnistes ouvertement affichées. Ils s’en mordent aujourd’hui amèrement les doigts”, estime le quotidien suisse. “Les petits actionnaires américains méditeront le mépris que Donald Trump leur porte et auront tout intérêt à s’en souvenir en 2026 lors des élections de mi-mandat”, écrit la journaliste du Temps dans son édito. Un krach politique, après un éventuel krach boursier ?
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Author : Julien Chabrout
Publish date : 2025-04-08 10:25:00
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Droits de douane : Donald Trump et sa “stratégie du chaos” mis en cause après un “lundi noir”
