La brutale guerre commerciale de Donald Trump inquiète jusque dans les hautes sphères économiques qui, jusque là, se rangeaient derrière le milliardaire. Plusieurs grands patrons du monde des affaires ont tiré la sonnette d’alarme lundi 7 avril, au lendemain d’une chute libre des marchés financiers des quatre coins du planisphère, provoquée par l’entrée en application de la hausse des droits de douane imposée par les Etats-Unis (atteignant entre 10 et 34 %), visant en particulier l’Asie et l’Union européenne.L’un des premiers à avoir réagi n’est autre le puissant et très conservateur investisseur américain Bill Ackman, qui avait pourtant soutenu la candidature de Donald Trump à l’élection présidentielle de 2024. Le milliardaire a jugé dès dimanche 6 avril dans un poste sur X qu’appliquer les tarifs douaniers de Donald Trump était équivalent à lancer “une guerre nucléaire économique”, l’implorant de “prendre le temps de corriger un système tarifaire injuste” qui “punit les amis autant que ses ennemis” des Etats-Unis. “L’investissement des entreprises s’arrêtera et les consommateurs fermeront leur portefeuille” prévient Bill Ackman.The country is 100% behind the president on fixing a global system of tariffs that has disadvantaged the country. But, business is a confidence game and confidence depends on trust.
President @realDonaldTrump has elevated the tariff issue to the most important geopolitical…— Bill Ackman (@BillAckman) April 6, 2025″Nous allons gravement endommager notre réputation vis-à-vis du reste du monde, cela prendra des années et potentiellement des décennies pour la réhabiliter”, ajoute-t-il dans le message consulté 10,6 millions de fois. Même au niveau national, “quel PDG et quel conseil d’administration seront à l’aise de prendre de grands engagements économiques à long terme dans notre pays au milieu d’une guerre nucléaire économique ?” questionne-t-il, ajoutant que “le président perd la confiance des chefs d’entreprise du monde entier”.Les grands patrons de banque en réunion de criseLe même jour, Jamie Dimon, directeur de la plus grande banque américaine en termes d’actifs, JPMorgan, et considéré comme l’un des plus puissants dirigeants au monde a estimé dans sa lettre annuelle aux actionnaires que “les récents tarifs douaniers vont probablement augmenter l’inflation”. “Il n’est pas certain à ce stade que les droits de douane provoqueront une récession, mais ils ralentiront la croissance”, a-t-il poursuivi, dressant une liste de mesures de rétorsion que les partenaires commerciaux des Etats-Unis pourraient prendre, et évoquant les conséquences sur les cours du dollar. Dans sa lettre, le patron fini par assurer que la banque entend compter contre “la complaisance, l’arrogance et la bureaucratie”. Jamie Dimon s’était opposé par le passé à Donald Trump, avant d’opérer un rapprochement marqué lors de la campagne de 2024, à l’instar de nombreux grands patrons de la finance ou de la tech.D’après Skynews, le patron de JPMorgan aurait rencontré, plus tôt dans la semaine, plusieurs autres dirigeants bancaires pour discuter des retombées de la politique du président, à l’initiative du Bank Policy Institute, un lobby du secteur. Parmi les participants : Brian Moynihan, PDG de Bank of America, Jane Fraser, PDG de Citigroup, mais aussi les dirigeants de banques britanniques, C. S. Venkatakrishnan, PDG de Barclays, et Georges Elhedery, PDG d’HSBC. Si aucun élément des discussions n’a été rendu public, l’existence même de cette réunion témoigne d’une sérieuse inquiétude de tout le secteur à l’égard de cette nouvelle politique surprotectionniste.”Une grave erreur politique”D’autres grandes voix des affaires et anciens soutiens de Donald Trump ont à leur tour exprimé leurs inquiétudes. Larry Fink, ancien mécène de campagne de Donald Trump et CEO de BlackRock, plus grand gestionnaire d’actifs au monde, a affirmé lors d’une interview que “l’économie s’affaiblit à l’heure où nous parlons”. “La plupart des dirigeants avec lesquels je m’entretiens diraient que nous sommes probablement en récession à l’heure actuelle”, a-t-il prévenu, mettant en garde contre une économie qui pèsera, selon lui, sur les consommateurs dès les prochains mois. Ken Griffin, fondateur du puissant hedge fund Citadel, a été jusqu’à affirmer que l’augmentation des tarifs était “une grave erreur politique”. “Je redoute vraiment que nous abandonnions notre leadership du monde libre. Car c’est la voie que nous sommes en train d’emprunter”, a regretté l’investisseur.Au lendemain de ce que certains appellent déjà le “Trump krach” sur les places boursières, le milliardaire Ken Fisher, fondateur et président exécutif de Fisher Investments, a lui aussi déclaré sur X que “ce que Trump a dévoilé mercredi est stupide, erroné, d’une arrogance extrême, ignorant en matière de commerce, et s’attaque à un faux problème avec des outils inadaptés. Pourtant, d’après ce que je peux en juger, cela va s’estomper et échouer, et la peur est plus grande que le problème, ce qui, vu d’ici, est positif pour les marchés”, a-t-il temporisé.Même Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, soutien financier central de la campagne du milliardaire républicain et acolyte politique durant toute sa campagne, a marqué son opposition aux droits de douane. “J’espère que l’Europe et les États-Unis finiront par convenir d’un partenariat sans aucun droit de douane, créant ainsi une zone de libre-échange entre l’Europe et l’Amérique du Nord”, a-t-il déclaré dimanche 6 avril, à l’occasion du congrès du parti d’extrême droite italien La Ligue.
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Publish date : 2025-04-08 14:34:00
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