L’Union européenne va-t-elle dégainer son “bazooka” pour contrer les attaques commerciales venues des Etats-Unis ? Depuis 2023, les 27 disposent d’une législation qui leur permet de répliquer avec force lorsqu’un pays tiers instrumentalise l’outil commercial pour arracher des concessions. Si les Etats-Unis mettent à exécution leur menace d’imposer des droits de douanes généralisés, ce “règlement anti-coercition” pourrait être utilisé pour la première fois.Donald Trump a en effet promis un “jour de libération” pour le mercredi 2 avril, date à laquelle le président américain devrait lancer une nouvelle grande offensive contre les exportations européennes. Déjà frappés par des taxes de 25 % sur l’acier et l’aluminium, les Européens savent désormais avec certitude que leurs voitures seront touchées à partir du 3 avril. Mais le président américain ira peut-être encore plus loin. En réalité, toutes leurs exportations de biens vers les Etats-Unis – l’équivalent de 503 milliards d’euros en 2023 – pourraient être concernées !”Rien n’est écarté””Ça va tanguer”, s’inquiète un diplomate. Face à cette menace d’envergure, Bruxelles veut calibrer la riposte. Carotte ou bâton ? Pour amadouer l’administration américaine, la Commission européenne prépare une liste de sujets sur lesquels des négociations sont envisageables. Le chef de cabinet d’Ursula von der Leyen et le commissaire européen au Commerce étaient à Washington en début de semaine. Mais en parallèle, hauts fonctionnaires et diplomates débattent aussi d’une réponse plus musclée.Jusqu’à présent, afin d’éviter l’escalade, les Européens ont répondu aux attaques américaines en annonçant des droits de douane d’un montant équivalent. En vertu de cet “œil pour œil, dent pour dent”, la Commission européenne doit dévoiler le 13 avril la liste de produits américains qui seront visés – en contrepartie des taxes sur l’acier et l’aluminium. Pour répliquer à la taxe de 25 % sur les automobiles, Bruxelles pourrait décider d’aller un cran plus loin, en invoquant une législation adoptée en 2021 qui permet de s’en prendre au secteur des services, et donc aux géants américains du numérique, mais aussi de restreindre l’accès des entreprises américaines aux marchés publics. Selon le Financial Times, cela pourrait permettre d’exclure le système Starlink d’Elon Musk des appels d’offres lancés par les gouvernements européens afin de sécuriser leurs connexions Internet via les satellites. “Rien n’est écarté”, a indiqué vendredi un porte-parole du gouvernement allemand.”Arme nucléaire”Reste, en dernier recours, le fameux règlement anti-coercition, que certains appellent carrément “l’arme nucléaire”. Personne ne sait avec certitude ce qu’il dira mercredi prochain lors de son “Liberation Day”, mais le président américain s’en est pris récemment au principe même de la TVA et il dénonce aussi régulièrement les réglementations européennes sur les géants du numérique. Un changement d’échelle. “Avec ces attaques, on sort très directement de droits de douanes imposés pour des motifs économiques pour entrer sur le terrain de la coercition économique”, souligne Elvire Fabry, chercheuse à l’institut Jacques Delors.Dans cette configuration, l’Union européenne pourrait déclencher ce fameux outil anti-coercition. Soit un ensemble de mesures chocs qui peuvent se cumuler : droits de douanes punitifs, restrictions sur les investissements américains, fin de l’accès aux données des Européens dont se nourrissent les entreprises numériques américaines, voire l’introduction de normes sanitaires empêchant les produits agricoles made in USA de pénétrer sur le territoire européen.Dissuasion avant toutA l’origine, cet instrument a été prévu pour tenir tête à la Chine, qui, fin 2021, avait restreint les exportations de la Lituanie en représailles du rapprochement entre le pays balte et Taïwan. Pour être activé, il nécessite une décision de la Commission européenne ainsi que l’accord d’une majorité qualifiée des pays de l’Union. Il faut quatre mois minimum pour que les mesures soient adoptées. Un laps de temps que l’Europe peut mettre à profit pour négocier. “Cet instrument est un gros gourdin, conçu avant tout comme un élément de dissuasion, précise Elvire Fabry. Il est utile face à un président qui ne respecte que la force.”Toutefois, “il faut le manier avec précaution, nuance une source européenne. A Bruxelles, il y a des hésitations, en raison du risque d’escalade”. La Commission consulte intensivement les capitales pour s’assurer d’avoir un soutien suffisant. Alors que tant d’emplois sont en jeu, les Européens réussiront-ils à faire bloc comme au temps du Brexit face aux Britanniques ? Pas sûr… Les Allemands s’inquiètent déjà pour leur industrie automobile et les Français pour leurs vins et champagnes. “Les semaines à venir risquent d’être un moment de vérité pour l’unité des 27”, prédit un diplomate.
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Author : Isabelle Ory
Publish date : 2025-03-29 12:00:00
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