À Villiers-Charlemagne, en Pays de la Loire, Christian M. a l’habitude de faire ses courses le samedi. Profitant pleinement de sa retraite, il aime sortir faire ses achats aux heures de forte fréquentation et partager ainsi des moments conviviaux avec le reste de la population d’actifs désabusés. Mais samedi dernier, les choses ne se sont pas déroulées comme à son habitude.
Sur le chemin du retour, alors que son chariot de courses est plein, Christian est pris de panique. “Tout à coup, je me rends compte que j’ai oublié le principal : mon steak. Fallait vraiment que je me grouille avant que la boucherie ferme”, révèle-t-il. Il fait brusquement demi-tour et décide de se diriger vers la boucherie du centre-ville. C’est là que tout bascule.
“Il était très tard, y avait personne. Je n’ai pas l’habitude de voir ça, moi. Ça m’a fait tout bizarre ! Pas de file d’attente jusque sur le trottoir. Mais je ne me démonte pas, j’entre.” Christian est immédiatement accueilli par la bouchère, qui lui lance un sourire amical de derrière son comptoir et lui fait signe d’approcher.
Alors qu’il s’empresse de choisir son morceau de viande, Christian sent qu’il se passe quelque chose dans l’arrière-boutique. “Des bruits de lames de couteaux qui s’entrechoquent, puis d’un coup, plus rien. La porte s’ouvre, j’entends des voix, puis des pas se rapprocher de moi… et là, je croise son regard. Je l’ai tout de suite reconnu.”
Christian se retrouve nez-à-nez avec celui qu’on surnomme le “schizophrène” dans le quartier et qui se trouvait dans l’arrière-boutique. Mains rougies, tablier tâché de sang, ce dernier lui tend sa main dans laquelle bouge une cervelle qu’il venait de découper. C’est le choc.
“J’ai vraiment eu peur qu’il ne vienne pas me voir ! J’aime bien ce jeune. À chaque fois que je passe à la boucherie, il veut me faire goûter une spécialité.” Encore ému, Christian avoue s’être laissé tenter par la cervelle d’agneau tendue par le jeune homme. Il affirme qu’il n’aurait jamais osé y goûter autrement. “Avec un petit beurre noisette et des câpres, ce sera parfait. Vous m’en direz des nouvelles !”, aurait clamé avec entrain l’employé.
Touché et déstabilisé par ce geste, Christian se retrouve avec son steak et cette cervelle offerte. Il est ramené à la réalité par la bouchère qui, comme à son habitude, lui lance un sonore : “Et avec ceci ?”, auquel Christian se voit obligé de répondre : “Ce sera tout merci.”
Le jeune qui vit avec une schizophrénie l’aurait alors suivi jusqu’à la porte pour le saluer chaleureusement. Plusieurs témoins ont confirmé l’identité de ce dernier, bien connu des clients. Il s’agit de Jason B., apprenti charcutier de 26 ans, qui travaille dans la boucherie du centre-ville. “Il aime bien chouchouter nos clients. Ma foi, il y arrive même avec de la cervelle”, déclare la bouchère. Jason B. finit par empoigner la scie à os et les couteaux de dépeçage pour aller les laver avant la fermeture. Des agissements ordinaires pour un apprenti charcutier.
Ce qu’on ne vous montre pas dans les faits divers, c’est la vie ordinaire des personnes vivant avec une schizophrénie. Car, oui, on peut s’en rétablir grâce à un diagnostic et des soins adaptés.
C’est le cas de Jason B., apprenti charcutier et diagnostiqué à 11 ans : “Le diagnostic, ça peut être une délivrance. Moi j’ai toujours pensé : “Je sais que j’ai quelque chose et je veux être soigné”. Faut pas en avoir peur si t’es bien suivi. Souvent, on attend que la personne pète un câble. Il faut diagnostiquer la maladie plus tôt. Il faut aider avant d’hospitaliser. Un schizophrène est beaucoup plus dangereux pour lui-même que pour les autres, et ça personne le sait. Dans les médias, on va jamais dire “un schizophrène a sauvé quelqu’un” ou “un jeune schizophrène a eu son bac avec mention très bien”. Et pourtant ça arrive souvent. Moi je connais des schizophrènes qui ont décroché un travail super bien payé, qui ont fait de super études, mais on n’en parle pas. Faut voir les schizophrènes comme des personnes qui ont quelque chose en plus et peuvent avoir une vie classique.”
Les clichés sont la principale barrière pour accéder tôt à un diagnostic et aux soins, et ainsi avoir la possibilité de vivre une vie ordinaire. Rendez-vous sur les lesfaitsordinaires.com pour mieux vous informer.
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Author : La Rédaction
Publish date : 2025-03-17 07:00:00
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