La gauche est touchée par une drôle de maladie, un syndrome lié à son ADN, un mal en sourdine qui sape toute possibilité de rester au pouvoir sans se planter lamentablement ou décevoir royalement – souvent, les deux – et après d’y revenir. Mais il y a un domaine où elle excelle : celui de brader ses grands principes pour ne pas vexer ses franges radicales. Le Parti socialiste vient d’offrir un nouvel exemple de son absence totale de colonne vertébrale humaniste. Pour les héritiers politiques de ceux qui ont soutenu les Soviétiques, Mao Zedong, les Khmers rouges, Action directe, Septembre noir à Munich, les Brigades rouges et ont pleuré la mort de Staline, ce n’est pas si surprenant, me rétorqueras-tu, cher lecteur. Mais on aurait pu espérer que de l’eau avait coulé sous le pont des lendemains qui chantent – depuis Victor Serge et le retour d’André Gide d’URSS. On aurait pu espérer que quelque chose aurait remué au fond des entrailles de la gauche qui l’empêche aujourd’hui de s’essuyer les pieds sur la liberté, l’imaginaire, un écrivain. Mais non. Comme ça, sans sentir le frisson de la honte, la gauche socialiste s’est abstenue de réclamer la libération de Boualem Sansal.Comme les écologistes – mais eux, je ne sais même plus à quoi ils servent à part ânonner du Mélenchon et porter des vestes vertes en purgeant à la stalinette. Et comme LFI, aussi (les communistes ayant filé par la porte du fond avant le vote). Les socialistes ont dû se dire qu’il fallait payer l’obole de leur refus de censure le gouvernement. C’est une drôle de maladie de la gauche qui se bouche le nez devant un écrivain français de 80 ans atteint d’un cancer qui pourrit dans la solitude de sa cellule à Alger. C’est une drôle de maladie de la gauche qui ne peut critiquer – je ne parle même pas de dénoncer – le régime militaro-islamiste d’Alger qui maintient sa population dans l’ignorance et la misère derrière le confortable paravent de la colonisation, achevée il y a plus de soixante ans, mais qui offre un refuge à la répression et la corruption. La drôle de maladie de la gauche, c’est l’esprit colonial. Elle ne peut pas s’en empêcher, c’est dans son ADN, quand elle regarde un métèque, elle voit un métèque, jamais un semblable. Parce que le métèque est autre, il ne peut pas bénéficier des mêmes droits, il ne peut être jugé responsable, il ne peut pas sortir de la prison de sa victimisation – réservoir à voix, machine à indignation, grandeur d’âme de pacotille.Le néoféminisme sous domination islamisteLe néoféminisme étant de gauche, il est logique qu’il soit atteint de la même maladie. Là où cela devient croustillant, c’est de constater que ce néoféminisme est sous domination islamiste. Une idéologie qui veut réduire les femmes à leur infériorité juridique, économique, culturelle, sexuelle, une idéologie qui veut les mettre sous tutelle, en leur faisant croire que leur malheur ne vient pas d’eux mais de l’Occident et de son patriarcat moribond, que le Hamas lutte pour leurs droits et que la liberté est sous le voile qui recouvre leur honte d’être femme. Elles ont défilé, les néoféministes de gauche, elles ont défilé en violet et en pancartes percutantes (ceci est ironique), drapeaux palestiniens en majesté. Veillées de près par des hommes cagoulés qui ont bien pris soin de ne pas intégrer les mécréantes, les juives, les Iraniennes, toutes ces femmes qui ne veulent pas de la surveillance oppressive et morale des hommes islamisés et qui se réjouissent de vivre en Occident et non en Afghanistan ou en mollahrchie.Elles avaient une bonne excuse, les néoféministes, une bonne excuse soufflée par la gauche : la présence de féministes nationalistes, de féministes d’extrême droite, qui mériteraient d’être “dissoutes dans l’acide”. Et hop ! les voilà en rang d’oignon, les néoféministes contre le fascisme, confondant consciemment les unes avec les autres, considérant que reconnaître les viols et les tortures subies par les Israéliennes, la volonté farouche de brûler le voile des Iraniennes, c’était d’extrême droite. Schopenhauer, aussi misogyne que misanthrope, écrivait : “Toute femme placée en situation de complète indépendance, ce qui n’est pas naturel pour elle, s’attache aussitôt à n’importe quel homme par qui elle se laisse diriger et dominer, parce qu’elle a besoin d’un maître : si elle est jeune, elle prend un amant. Si elle est vieille, un père confesseur.” Et si elle est néoféministe, un islamiste.Abnousse Shalmani, engagée contre l’obsession identitaire, est écrivain et journaliste
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Author : Abnousse Shalmani
Publish date : 2025-03-16 16:00:00
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