Des ministres en désaccord sur la question du Nutri-Score. Une nouvelle mouture de cet étiquetage nutritionnel, instauré en France 2017, a été proposée au gouvernement. Plusieurs ministères doivent donner leur accord pour valider cette version inédite du dispositif, enrichi de critères de notation plus détaillés. Mais, problème : l’ensemble des responsables en poste dans l’équipe du Premier ministre François Bayrou ne partagent pas la même vision du Nutri-Score.Comme annoncé par RMC ce mercredi 12 mars, puis confirmé par l’AFP, Catherine Vautrin, à la tête du Travail, de la Santé, des Solidarités et de la Famille, ainsi que Yannick Neuder, plus spécifiquement chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, ont tous deux signé l’arrêté permettant l’introduction de la nouvelle formule du Nutri-Score sur les emballages des produits français. “Les deux ministres s’engagent très clairement en faveur d’une application très rapide de l’arrêté”, a affirmé le cabinet de l’ex-présidente de la métropole du Grand Reims à l’agence de presse.Annie Genevard réticente à l’application du Nutri-ScoreEn revanche, deux autres ministres doivent également signer ce texte pour permettre l’application du Nutri-Score. Eric Lombard, ministre de l’Economie, n’a ainsi pas encore fait de commentaire sur le sujet. Mais sa collègue Annie Genevard, chargée de l’Agriculture, a déjà fait part de son opposition. Son argument principal ? Le système desservirait certains producteurs locaux français. “Le problème, pour le roquefort […] comme pour le comté chez moi, ou pour les magnifiques salaisons françaises, c’est que le classement de ces produits remarquables était très mauvais, jugés trop gras ou trop sucrés pour certains”, avait déclaré l’ex-députée du Doubs, région où est produit le célèbre fromage à pâte dure, au Sénat la semaine dernière.Devant les parlementaires, Annie Genevard avait donc assumé de bloquer l’avancée de la mise en œuvre du nouveau Nutri-Score. “L’arrêté est à ma signature. Je n’ai pas encore signé. Je ne sais pas quelles sont mes marges de manœuvre pour en corriger les effets négatifs, mais croyez bien que je m’y intéresse de très près”, avait-elle poursuivi lors de la séance des questions au gouvernement. Sollicité par l’AFP ce mercredi, le ministère de l’Agriculture n’a pas souhaité faire davantage de commentaires sur sa position à propos du Nutri-Score, dont l’inscription sur les produits est aujourd’hui toujours facultative pour les industriels.L’ONG Foodwatch, spécialisée dans la défense du droit des consommateurs, avait récemment lancé une pétition pour contester la lenteur de l’application des nouvelles règles de l’étiquetage. “Depuis un an, rien ne se passe. Pourtant, le texte est prêt et la Commission européenne a donné son feu vert à la France”, y déplorait-elle. Vendredi 7 mars, Foodwatch a de nouveau taclé le gouvernement, en réaction aux propos de la ministre de l’Agriculture. Annie Genevard “reprend à son compte les arguments des lobbies et des produits laitiers et de la charcuterie, sans complexe et sans considération pour la santé publique et pour la science”, écrit l’organisation dans un communiqué.Un dispositif à l’efficacité reconnueEn plus de la France, six autres pays européens ont mis en place le Nutri-Score. Dans le détail, l’application de la mise à jour du dispositif aurait notamment un effet plus sévère sur la note des produits transformés. L’objectif ? Tenir compte des derniers travaux scientifiques sur le sujet. La précédente actualisation du mode de calcul de la notation du Nutri-Score était intervenue début 2024, sans que le gouvernement alors en place ne s’y oppose. La Commission européenne avait un temps envisagé de rendre obligatoire l’étiquetage nutritionnel à l’échelle européenne, avant de faire machine arrière, sous la pression de lobbies et de certains Etats comme l’Italie, comme révélé ces dernières semaines par une enquête de Radio France.Pourtant, l’utilité de cette mesure est reconnue comme utile par les pouvoirs publics. D’après une étude de la Drees, datant de juillet 2024, l’étiquetage nutritionnel, l’interdiction des publicités pour des produits gras, sucrés et salés, ainsi que la taxation des boissons sucrées sont “les politiques publiques les plus efficaces contre le surpoids et l’obésité”. “Le Nutri-Score ne dit pas qu’il ne faut pas consommer les produits, il rappelle que certains produits qui sont très gras, très sucrés, très salés, doivent être consommés en petites quantités, pas trop fréquemment”, soulignait la semaine dernière à l’AFP Serge Hecberg, le concepteur du Nutri-Score.Le spécialiste de la nutrition, ainsi que sa consœur Mathilde Touvier qui a repris les rênes du projet Nutri-Score en 2019, ont été distingués lundi 10 mars du prix de la Prévention lors de la remise des prix Sciences et Santé de L’Express pour 2025. “Avec nos travaux, nous avons donné du pouvoir aux consommateurs et obligé les industriels à faire évoluer leur offre”, s’est réjouie à cette occasion la scientifique, déjà plusieurs fois primée ces dernières années.
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Publish date : 2025-03-12 14:02:00
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