Tout le monde se souvient de ce qu’il faisait le 20 mars 2020, lorsque des mesures drastiques ont été mises en place pour éviter que la pandémie de Covid-19 ne vire au cauchemar, façon peste noire du XXIe siècle. Achat en urgence de matériel informatique, apprentissage de Teams, Zoom et Google Meet : tout le monde est devenu geek – à l’exception des travailleurs de première ligne, contraints de se rendre physiquement sur leur lieu de travail. Dans ce monde distancié, la visioconférence a été adoptée pour voir et être vu par ses collègues. Puis la crise sanitaire s’est progressivement terminée, les masques sont tombés, oubliés. Pourtant, il reste un “avant” et un “après” : cinq révolutions ont chamboulé notre rapport au travail.La première, c’est “le bouleversement du rapport de force entre candidats et recruteurs”, souligne Noémie Cicurel, directrice formation et développement Europe chez Robert Half. “Certains recevaient cinq à sept propositions par semaine”. La crise du Covid a en effet mis de nombreux postes entre parenthèses et obligé à envisager le chômage, partiel ou total. La reprise économique s’amorce dès 2021, mais sans ceux qui ont démissionné, été licenciés, changé de travail et parfois de région. Plus grand monde n’est à sa place : 25 % environ des salariés ont changé de lieu de résidence pendant la pandémie, un chiffre qui grimpe à 35 % chez les télétravailleurs, selon Empreinte Humaine, cabinet spécialisé dans la promotion de la qualité de vie au travail.La donne change et on découvre avec stupéfaction une demande élevée de recrutements du côté des employeurs. En 2022, à la sortie du confinement, plus de six Français sur dix veulent du changement et disent être en recherche active ou à l’écoute de nouvelles opportunités (Etude Robert Half, février 2025). “Les entreprises ont dû se poser la question de leur attractivité et de la rétention des salariés”, précise Noémie Cicurel. On parle alors de “pénurie de main-d’œuvre” et – non sans quelques réserves – de “grande démission”. Le turn-over atteint des sommets. Mais cette folle parenthèse est terminée : ils ne sont plus que quatre Français sur dix en 2024 à imaginer quitter leur travail, soit une baisse de 19 points en deux ans et de 10 points par rapport à 2023, selon Robert Half, et en 2025, ils sont 38 % à désormais privilégier la sécurité de l’emploi au salaire. Un réflexe de bon aloi puisque seulement 25 % des recruteurs comptent embaucher en CDI cette année, contre 33 % en 2023.Questions existentiellesRetour au travail plan-plan sans risque ? Pas complètement, car la deuxième révolution est celle de tous ceux qui ont goûté au travail à distance : en 2024, 22 % des salariés du privé ont au moins un jour de télétravail par mois contre 4 % en 2019 (Insee, mars 2025). On a pris goût à ce mode d’organisation entré par effraction dans la sphère privée, même si les frontières entre vie privée et professionnelle sont brouillées. Un isolement confortable mais parfois malsain – 41 % des salariés considèrent les pratiques addictives (écrans, tabac, alcool, etc.) comme fréquentes en télétravail, soit +10 points par rapport au travail sur site (Odoxa/GAE Conseil, 2020) -, qui nécessite de retrouver du collectif. Le rééquilibrage se fait avec l’”hybride” mêlant travail en distanciel (souvent deux jours) et en présentiel. Un nouvel équilibre rendu possible grâce à la troisième révolution : la digitalisation forcée et accélérée, créant de nouveaux besoins avec les outils numériques, désormais essentiels à la vie professionnelle quotidienne.Au-delà de l’évolution des conditions de travail, la crise sanitaire a fait émerger des questions existentielles : pour qui, pourquoi et comment travailler ? La quête de sens s’est diffusée auprès de tous, c’est la quatrième révolution. “Les personnes qui ont vu leur travail s’arrêter du jour au lendemain se sont interrogées, analyse Noémie Cicurel. Certains aujourd’hui privilégient une forme de précarité à un CDI”. Difficile, en effet, d’accepter de consacrer ses journées à un bullshit job, selon l’expression de l’anthropologue David Graeber. Alors les entreprises ont modifié leur message et leur image vers un prometteur “vous allez contribuer à…”. En 2022, 15 % des salariés se disaient plus exigeants sur la quête de sens depuis la crise sanitaire, un chiffre qui monte à 44 % en 2024 (Robert Half).Cette quête de sens s’accompagne de la cinquième révolution : l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. C’est même devenu, en 2024, la première raison pour 53 % des salariés de rester dans leur entreprise, devant la rémunération (ibid). Désormais, salaire, flexibilité, sens du travail et équilibre vie pro/vie perso façonnent les choix des salariés. Si les cinq révolutions ont transformé durablement le monde du travail, elles ont aussi renforcé l’individualisation, sans qu’un vrai collectif soit retrouvé, en dépit de la fin du 100 % télétravail et d’un retour progressif au bureau. Un nouveau monde est né.
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Author : Claire Padych
Publish date : 2025-03-11 11:00:00
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